PAYS :France
RUBRIQUE :Locale
PAGE(S) :31
DIFFUSION :163897
SURFACE :53 %
JOURNALISTE :Sophie Vigroux
PERIODICITE :Quotidien
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30 mai 2021 - Edition Toulouse
Lætitia Bernard : la passion du sport, aveuglément Sophie Vigroux Le Jumping international de Bordeaux. Ils ont été les premiers à ouvrir des épreuves handisport. C’est là aussi que j’ai rencontré de grands cavaliers. Elisabeth Gamba. C’était ma professeur de français au collège Malraux. Elle m’a donné le goût de la lecture. Ses cours de latin et grec étaient passionnants. Elle nous emmenait en Grèce, en Italie… Elle savait nous parler. Le brownie. J’adore ce gâteau au chocolat, je suis hypergourmande. Une copine m’a d’ailleurs fait remarquer que dans mon livre, je parlais beaucoup de nourriture. Je suis une morfale.
Succès. C’est mon cheval actuel. C’est lui qui est en couverture du livre. On se voit une fois par semaine. Il est intelligent et généreux. Il anticipe beaucoup sur les jours où il peut faire des blagues, tout donner. Il est très fiable. C’est le cheval ami. 9 avril 1983 Lætitia Bernard naît à Gien (45), aveugle. eté 1985
Premier titre de championne de France en saut d’obstacles handisports. juin 2001 Obtention du bac L, mention bien. 2010
Installation en région toulousaine. automne 1995 Rencontre avec Muriel Neau, au poney Club de Vigoulet-Auzil et découverte du saut d’obstacles. 1997
Elle est embauchée à Radio France. A38 ans, Laetitia Bernard a relevé un des plus gros défis de sa vie, à savoir : trouver un emploi, puisqu’elle est aujourd’hui
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30 mai 2021 - Edition Toulouse
journaliste à Radio France, à la rédaction des sports. Journaliste et aveugle, une singularité qu’il convient de préciser puisque son handicap ne s’entend pas à l’antenne. Lætitia Bernard intervient le week-end sur France Inter à 8h15 et sur France Info à 7h35, 9h35 et 11h35. Entre les deux radios, elle doit jongler avec les étages et user de sa canne blanche. Privée de ses yeux à la naissance, Laetitia Bernard souffre d’ « une cécité congénitale complète, irréversible », explique – t-elle dans son livre « Ma vie est un sport d’équipe »(ed. Radiofrance/ Stock). Un handicap dont elle a pris conscience vers l’âge de 6 ans, « quand je courais dans la cour de récré, j’étais la seule à me cogner dans les poteaux », dit-elle. Née à Gien, dans le Loiret, le 9 avril 1983, Laetitia Bernard rejoint la région toulousaine avec ses parents – tous deux profs de sports – durant l’été 1985, afin de bénéficier de la proximité d’instituts spécialisés dans la scolarité des enfants handicapés.
Inscrite au Cival (Centre interdépartemental de la Vision, de l’Audition et du Langage) de Lestrade à Ramonville-Saint-Agne, la future journaliste alterne, en primaire, un enseignement en
institut spécialisé le matin et rejoint l’école mixte l’après-midi. Curieuse et sociable, joviale et sportive, la jeune Laetitia fait aussi une rencontre décisive, au début de la 5e, au Poney Club de Vigoulet-Auzil, avec Muriel Neau. « Elle va m’apprendre à monter à cheval tout en prenant en compte mon handicap mais en me considérant comme une cavalière à part entière ». C’est elle qui va lui proposer de faire du saut d’obstacles et par là même lui ouvrir les portes de la compétition puisqu’à la fin de sa 4e, Laetitia Bernard participe déjà au championnat de France de saut d’obstacles handisport et monte sur la plus haute marche du podium. Côtoyer des sportifs de haut niveau au cours de ces compétitions, va lui permettre de prendre de l’assurance, de s’épanouir, « et d’avoir des perspectives. Ado, c’est hyper chouette d’avoir ces modèles en face ». Lætitia Bernard effectue donc toute sa scolarité à Toulouse, au collège Malraux de Ramonville puis au lycée Bellevue. Elle obtient son bac L, mention bien, en 2001. « J’étais déçue, j’aurais voulu avoir Très bien », dit-elle. Prise en hypokhâgne à Saint-Sernin, elle préférera Sciences – Po Strasbourg. L’installation en Alsace sera difficile. « Juste avant que je parte, avec mes copines, on cueillait des figues, sur le bord du Canal, j’ai eu un sacré choc climatique ». Désemparée par cet éloignement, l’étudiante bénéficie rapidement du soutien de ses parents qui demandent une mutation. « Sans leur présence à mes côtés, j’aurais lâché », reconnaît-elle aujourd’hui.
des journalistes au cours de sa scolarité et lors ses exploits sportifs, Laetitia Bernard a toujours été curieuse de ce métier. Après un stage d’été, à 20 ans, au Mouv’à Toulouse, elle décide de tenter le concours du CFJ (Centre de formation de Journalistes) à Paris et sera prise. Puis elle intègre Radio France, d’abord en stage, puis en CDD, « et je signe mon CDI en 2010 ». Pour assurer ses chroniques et ses reportages sportifs, la journaliste utilise un bloc-notes en braille et un ordinateur équipé d’une synthèse vocale avec lequel elle lit ses mails, les dépêches, surfe sur le web… Mais, avant tout, elle s’appuie sur sa mémoire d’éléphant. Aujourd’hui parisienne, Laetitia Bernard a gardé à Toulouse « de nombreuses amies. En revanche, je ne reconnais plus la ville, elle a beaucoup changé. Il n’y a plus les mêmes cafés, les mêmes restaurants. Mais, j’ai passé des années géniales ici. J’y reviens régulièrement », conclut-elle, de sa voix claire et chaleureuse. l’essentiel t « Quand je courais dans la cour de récré, j’étais la seule à me cogner aux poteaux. » ■
stage au Mouv’à Toulouse Interviewée à maintes reprises par
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