PAYS :France
RUBRIQUE :Spectacles
PAGE(S) :29
JOURNALISTE :Iappy
SURFACE :32 % PERIODICITE :Quotidien
31 décembre 2017 - Edition Grand Vaucluse
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L'HUMEUR DE JÉRÔME GARCIN
Les voeux de François Morel Il est le compagnon idéal pour entrer en 2018 IAPPY Cet homme est drôle, tendre, généreux, cultivé, mélancolique, ironique, voire satirique. Et en plus, il sait tout faire : écrire, chanter, jongler avec les mots, jouer la comédie, mettre en scène, parler dans le poste (tous les vendredis, sur France Inter, à 8h55). Bref, François Morel est le compagnon idéal avec qui entrer, tête haute et main sur le coeur, dans la nouvelle année. Les raisons ne manquent pas d'en appeler à lui, puisque paraissent simultanément un recueil de ses chroniques matutinales, un collector de son dernier CD et un coffret réunissant cinq de ses pièces. Trois preuves, s'il en fallait, de son talent de Fregoli et, dans le paysage français, de son absolue singularité. A ceux qui l'auraient oublié, je rappelle que François Morel, natif de Flers, dans l'Orne, et fils d'un employé cégétiste de la SNCF, doit le début de sa notoriété aux Deschiens (série diffusée sur Canal+ au début des années 90), où il tenait une fromagerie avec Yolande Moreau. On l'a vu ensuite, au cinéma, dans des films de Chatiliez, Mocky, Blier, Ribes, Pascal Thomas ou Kad Merad. Au théâtre, qui fut sa première vocation, il a été de presque tous les spectacles de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff, et a joué aussi bien dans Les Diablogues de Roland Dubillard que dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière, monté par
Catherine Hiegel. Doubleur du chien Rantanplan, chat chez Joann Sfar, conteur de Pierre et le loup , il est également le fabuliste de Meuh , un livre dans lequel ce Normand rend hommage aux vaches et en particulier à Blanchette, qui fume la pipe et boit du thé en lisant du Rilke.
Cet homme est drôle, tendre, généreux, cultivé, mélancolique, ironique.
Mais François Morel n'est jamais plus ressemblant que dans ses spectacles : Les habits du dimanche , La Fin du monde est pour dimanche ou encore Hyacinthe et Rose, où, seul en scène, délicat comme un dessin de Sempé, il donne la mesure de sa fausse candeur, de sa vraie poésie et de son amour sincère des gens simples.
Cet art de l'émerveillement, auquel un penchant pour la nostalgie de la campagne ajoute de jolies teintes dorées, on le retrouve dans ses chansons, où il réconcilie Trenet, Bourvil, Vincent Delerm et Juliette, où il se demande si " c'est encore long, l'enfance ? ", tend la main aux personnes âgées, engueule le petit Jésus et entonne un hymne magnifique à la vie. Et puis, il y a, bien sûr, l'humoriste satirique de la radio, dont on savoure, une seconde fois, après les avoir écoutées sur France Inter, les chroniques 2015-2017. Il s'en prend vertement aux "Daechiens ", plaint haut et fort le cardiologue d'Alain Finkielkraut, s'improvise ambassadeur du livarot, du camembert et du pont-l'évêque, organise au paradis une insolite rencontre entre Michel Delpech et Pierre Boulez, réussit à marier Hervé Morin et David Bowie, jure enfin qu'il n'est pour rien dans la séparation entre Angelina Jolie et Brad Pitt... Et l'on se prend soudain à rêver du grand spectacle dans lequel François Morel, homme-orchestre, rassemblerait tous ses dons, où il glisserait des billets caustiques entre deux chansons attendries, serait à la fois Georges Charensol et Jean-Louis Bory au Masque et la plume (il en a tiré un spectacle, pour moi inoubliable, avec Olivier Saladin et Olivier Broche : Instants critiques ), porterait en même temps
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la blouse des Deschiens et les habits du Bourgeois gentilhomme. Où il nous ferait rire et, peut-être, écraser une larme. C'est ainsi que François Morel est grand. "Jamais la même chose. Chroniques 2015-2017", de François Morel, Denoël, 290 p., 19, 50 euros. "La Vie (titre provisoire)", CD Collector de François Morel, E/P/A, 72 p., 24 euros. "François Morel en pièces", coffret de 5 pièces, La Compagnie des Indes, 40 euros. ■
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