ORSENNA Erik La Fontaine une école buissonnière

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PAYS :France

RUBRIQUE :Loisirs

PAGE(S) :30

DIFFUSION :32971

SURFACE :17 % PERIODICITE :Quotidien

16 septembre 2017 - Edition Pays De Cognac

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À l’école buissonnière de La Fontaine Tout l’été, Erik Orsenna a évoqué Jean de La Fontaine, dans une émission quotidienne de France Inter. L’auditoire en fut fort aise. Voici aujourd’hui l’entreprise imprimée. La plume a remplacé la voix. Mais la promenade est la même. Elle a pour but d’instruire et plaire dans « Une école buissonnière ». « Vous allez voir comme La Fontaine ressemble à la vie, dit notre académicien : mi-fable mi-conte. Gravement coquine. Et le voilà sautillant de chapitre en chapitre chevauchant les lieux et les époques, depuis la naissance du fabuliste à Château-Thierry en 1621, jusqu’à après sa mort en avril 1695. « Maître des Eaux et des Forêts » , adepte d’une « vie libre » , Jean de La Fontaine se révèle « joyeux païen, jouisseur du présent » , dépensier à volonté et coureur à sa guise. « Douces d’humeur, gentilles de corsage » , disait-il, des demoiselles qui inspireront ses contes érotiques. Mais il sera contraint d’abjurer publiquement ses écrits lorsque, chapitré par ce diable d’abbé Pouget, il se croira voué à l’enfer. À Paris, il deviendra l’ami de Boileau, Molière, Racine. Mais, après la disgrâce brutale du surintendant Fouquet dont il louait d’abondance la magnificence, le poète devra gagner les faveurs du Roi-Soleil. Et

tant pis si en lui, l’homme libre et le courtisan durent mener bataille. De même, ce faux paresseux se tuait à la tâche pour ciseler ses Fables, joyaux de style et de concision, et n’en laissait rien paraître. À sa mort, avant sa mise au tombeau, on découvrit que ce libertin converti au jansénisme, portait un cilice, « cette chemise de fer qui entaillait la chair pour le punir de ses abandons passés ». C’est pitié ! D’une écriture aussi vive et concise que celle de l’écrivain classique, Erik Orsenna dépoussière la statue et invite tous les amoureux de la langue française à lire ou relire les fables. Même si Luchini et bien d’autres l’ont fait avant lui, on ne s’en lasse pas. Marie-Aimée BONNEFOY « La Fontaine, une école buissonnière » d’Erik Orsenna. Éditions Stock. France Inter. 200 pages. livre ■

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