PAYS :France
RUBRIQUE :Paimpol ville
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SURFACE :38 %
JOURNALISTE :Propos Recueillis P…
PERIODICITE :Quotidien
17 août 2017
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Erik Orsenna revisite Jean de La Fontaine Pour parler de son dernier ouvrage, La Fontaine, une école buissonnière, l'écrivain Erik Orsenna sera ce jeudi à 18 h à la librairie du Renard. Un savoureux moment d'échanges en perspective. Propos recueillis par Philippe PÉRON. Entretien avec Erik Orsenna écrivain et Académicien Vous serez ce jeudi à la librairie du Renard à Paimpol. Qu'attendez-vous de cette rencontre avec les lecteurs ? L'écriture est un travail solitaire. Pendant de long mois, on travaille seul. On ne sait pas à qui le livre qu'on écrit va s'adresser. Rencontrer des lecteurs, c'est un peu de chaleur après beaucoup de solitude. On découvre aussi des gens qui sont souvent aussi passionnés que vous par un auteur ou par les livres. C'est très précieux. En même temps, je me sens l'allié des libraires car sans eux, je ne suis plus rien. Ici, les lecteurs n'ont pas encore lu le livre mais ils connaissent Jean de La Fontaine aussi bien que moi. On va discuter de ce qu'est La Fontaine pour eux et je vais leur dire deux ou trois petites choses que j'ai pu apprendre. C'est toujours un échange. Les conférences, c'est bien, mais ce qui m'intéresse après, c'est notamment de voir des sourires dans les yeux des gens. Que dire de votre dernier ouvrage, « La Fontaine : une école buissonnière » ? D'abord, tout le monde connaît La Fontaine par ses fables. En
revanche, on sait moins qui il était, le personnage est beaucoup moins connu. Son oeuvre est beaucoup plus large et extrêmement riche. Il a écrit 243 fables mais aussi 60 contes, des tas de poèmes et des quantités de textes politiques et religieux. Dans cet ouvrage, la nature humaine, dans sa totalité, est au coeur des choses. Ce n'est pas seulement la morale des fables mais aussi la coquinerie des contes. Notre camarade La Fontaine était très coquin. Il parle par exemple d'une none « gentille de corsage ». J'adore ses expressions. Ce jeudi, j'en ferai des lectures pour adultes. L'oeuvre de La Fontaine s'affirme aussi une grande modernité. On peut faire sans arrêt le lien entre son oeuvre et notre époque. Il y a autant de courtisans maintenant qu'il y en avait à la cour de Louis XIV. Les êtres humains ne changent pas, ils demeurent les mêmes, ils sont à la fois ridicules et touchants. C'est ce qui est formidable avec La Fontaine. Il n'est pas dupe. Il s'amuse. C'est un remarquable portraitiste de la nature humaine. Se serait-il régalé de notre époque ? Oui, bien sûr. Dans ce livre, je fais sans arrêt des allers-retours entre notre époque et celle de Louis XIV. C'est ça qui est amusant. Il y a aussi l'esprit français qui constitue le
génie de la langue française. C'est de l'extrême précision, de l'extrême économie en disant le maximum en un minimum de mots, et La Fontaine est exactement comme son petit-cousin, Racine. On est là au coeur de ce génie et moi, en tant qu'Académicien, c'est ma mission de rendre hommage à ce trésor de la langue. Vous êtes un gros travailleur. Sur la radio France Inter, vous mettez aussi La Fontaine à l'honneur. Que préparez-vous par ailleurs ? J'ai toujours beaucoup travaillé. Ma mère me disait, quand j'étais petit : « Travaille d'abord, tu joueras ensuite. » Très vite, elle m'a dit : « Tu devrais jouer encore un peu. » Je lui répondais : « Le travail m'amuse plus que le jeu. » En ce moment, je travaille donc sur un gros roman d'amour. En même temps, je continue à raconter la mondialisation. Je m'intéresse au développement des villes et notamment des villes gigantesques. Je voyage énormément et je travaille à la fois sur les villes et sur les fleuves. Vous fréquentez l'île de Bréhat en toutes saisons. Comment la trouvez-vous au mois d'août ? Désormais, je suis installé en face de Bréhat, et je m'apprête justement à prendre mon bateau pour faire le
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tour de l'île à la voile. Je suis un peu retiré. D'abord, je veux être au calme. J'ai choisi un endroit plus tranquille. Ensuite, en Bretagne, je n'aime pas que les rivages. J'aime aussi les forêts. Le coeur de la Bretagne. C'est pour ça que dimanche prochain je serai à Huelgoat, à l'école des filles. Moi, c'est l'entièreté de la Bretagne et pas seulement la mer que j'apprécie. J'aime aussi bien l'Argoat que l'Armor.
Ce jeudi, à 18 h, Erik Orsenna parlera de son dernier livre, La Fontaine, une école buissonnière (éditions Stock), à la librairie du Renard, 8, rue de l'Église, à Paimpol. ■
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