PAYS :France
DIFFUSION :594049
PAGE(S) :62-63
JOURNALISTE :Virginie Félix
SURFACE :116 % PERIODICITE :Hebdomadaire
14 avril 2021 - N°412
UN GOURMET AUX PETITS OIGNONS
C’estjustement dans sa cuisine qu’on le rencontreà l’heure ducafé, dans ce décor devenu familier de ses deux cent quatre mille abonnés Instagram, et où il régale sa communauté de gâteau à l’orange ou de carottes râpéesvinaigrette «à la Alain Passard». Se poser, un exercice rare pour cet
À latélé, à la radio, surlesréseauxsociaux... François-Régis Gaudry necesse de transformer nosmetsde tous lesjours en objets culturelsessentiels.
? Très très bon Dimanch 11.25 ParisPremière Top
chefdes
grands duels Mercredi 23.20 M6
C’est l’ami despetits
On vadéguster l’Italie (près de cent dix
déjeuners des lèvetard et des cuistots du dimanche midi.
mille exemplaires vendus et sept réimpressions en quatre mois), cette fine gueule à la barbe bien taillée n’en finit plus d’agrandir sapart du gâteau médiatique. Devenu figure de proue du bien-manger, le quadra multicasquette en jean-basketsa étendu sa présenceau-delà de sesdeux messes dominicales, assurantdésormais aussi les deuxièmes partiesde soirée de Top chef, sur M6, tout en trouvanten-
À l’heure où l’on finit de poêler les pancakes, la voix de
beurre fondu de François-Régis Gaudry nappeles ondesde France Inter dans On va déguster, avant de glisser sur l’antenne de Paris Première pour son magazine culinaire Très très bon. Depuis dix ans,du transistorau petit
écran,jusqu’aux présentoirs des librairies où plastronneson best-seller
core le temps d’alimenter les réseaux
sociaux de vidéos de recettesfilmées derrière sesfourneaux.
homme-orchestredont le planning semble turbiner plus vite qu’un blen-
cuisine, ce n'est pas seulement en mettre plein la vue dans un restaurant oùon va une fois par an. » «La
der - même s’il confesse s’être mis au yoga et essayer de lever unpeu le pied pour ménagersa famille et sa santé. « C’est quelqu’un qui ne glandepasbeaucoup», euphémisesa complice Elvira Masson, qui partage toutesses aventures professionnellesdepuis vingt ans. L’intéresséévoque sa«culpabilité à ne rienfaire» : «Enfant, lorsquej’étais dans un canapéen train de rêvasser, mon père me disait “occupe-toi!” Il fallait tout le tempsque je sois utile, que je
fassequelque chose pour montrer que j’existais unpeu. » Celui dont la visibilité n’a cessé de croître depuis dix ansreconnaît aussi «avoir du mal à dire non». «Jesuis endenature etje réagissouvent thousiaste positivement quandon me propose un projet qui fait sensavecce quej’essaiede véhiculer.» Ainsi explique-t-il sa présence à la tête de Top chef: les grands duels.«On nem’attendait pasforcément surM6,ettrèsfranchement,j’ysuisalléà reculons, en me disant: “non, c’est pas pourmoi”, avoue l’animateur labellisé “service public”. J’ai acceptéparce que, s’il y a unechaîne crédibleen matière de cuisine, c’est M6. Elle a offert à la profession uneimportante fenêtre de valorisation. Et que les producteurspuissent avoir de la visibilité dans une émission trèsgrandpublic, c’est déjà çadegagné!» Éduqué à la botanique par une mèreprof d’histoire-géo qui transformait chaquebalade en leçon de choses naturaliste,ce Lyonnais aux racines corses en a gardé une curiosité dévorante pour tout ce qui pousse. «Sion lui parle d’un producteur de maïs dans le Tarn qui a ressuscitédes variétés anil a des étoiles dans les yeux», ciennes, s’amuse Elvira Masson. «Marier saveurs et savoirs, etréussir à transformer un objet de consommation en objet culturel, c’est lefil conducteur detoutes sesémissions»,analyse SéverinDelpon, qui coproduit aveclui Trèstrès bon. Un fil conducteur qu’il tricote d’un média à l’autre, entouréd’une bandede fidèles - Elvira Masson,Alessandra Pierini ou encorele rédacteur en chef de
TÉLÉRAMA
POUR
RABANIER
YANN
Tous droits de reproduction réservés
PAYS :France
DIFFUSION :594049
PAGE(S) :62-63
JOURNALISTE :Virginie Félix
SURFACE :116 % PERIODICITE :Hebdomadaire
14 avril 2021 - N°412
Très trèsbon, Charles Patin O’Coohoon, qui le suit depuis sesannéesà L’Express. « “François-Régis Gaudry et sesamis", c’estune réalité, etpasseulement un label
sur ses bouquins, observe Séverin Delpon. Il a cette capacitéà rassembler autour desesenvieset desesambitions. » Reconnaissant«la force defrappe» de ce collectif devenu un écosystèmeoù un projet en nourrit un autre, FRG assume ce côté«clanique», forgé par des étés en Corse avec une smalade cousins : «Onfaisait desspectaclesou deslectures, on jouait Cyrano de Bergerac. J’étais unpeucelui qui distribuait lesrôles, qui décidait descostumes.J’aitoujours eu ce côté unpeu entraînant.» L’esprit de famille estresté vivace : son cousin StéphaneSolier, agrégéde lettres et expert en cuisine romaine, met songrain de seldanssesouvrages et sesémissions; sasœur Marielle fait les photos de sesbouquins. Au printemps dernier, c’est elle qui a dégainé son iPhone dans la cuisine de la maison de Normandie où ils étaient confinés pour tourner de courtesvidéos de ses recettes maison. Des séquences que le succès et la fermeture des restas a pérennisées,mêmesi le journaliste ne veut pas «seprendre pour un chef», revendiquant «une popotefamiliale, unecuisinesimple, celleque je fais pour mafamille ou mes copains». Une simplicité qu’il dit avoir aujourd’hui à cœur de défendre, après desannéesde food frénésieet de «cuiabordéesous le seul sine-perfomance prisme des étoilés. La cuisine, c’est aussi se nourrir au quotidien, et pas seulement en mettreplein la vue dansun restaurant où on va unefois paran ». C’est le messagequ’il a d’ailleurs tentéde faire passer à l’émissaire d’Emmanuel Macron venu lui proposerde participer au comité de pilotage d’une grande fiesta de la gastronomie pour la réouverture desrestos - proposition qu’il a déclinée «par principe, parce que je veux rester à ma place d’observateur». Ce qui l’anime aujourd’hui, ce sont des projets documentairesmenés à la tête de la sociétéde production qu’il a montée avecsa femme. «Une émission chassel’autre, onestdansunrythmefrénétique, avec le sentimentque c’est un peu du vent. J’aspire maintenant à faire deschoses sur la durée, le temps long», souffle-t-il. Avant de reprendre le cours deson marathon.
-
-
-
Virginie
Tous droits de reproduction réservés