PAYS :France
RUBRIQUE :Nancy
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JOURNALISTE :Propos Recueillis P…
PERIODICITE :Quotidien
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17 avril 2022 - Edition Nancy Agglo
Philippe Pétain, « ce passé qui ne passe toujours pas » Producteur sur France Inter, le journaliste Philippe Collin sera à Nancy ce mercredi 20 avril pour présenter son ouvrage « Le fantôme de Philippe Pétain », dans lequel 12 historiens reviennent sur la vie de Pétain. Un livre-enquête nécessaire, qui trouve un écho fondamental avec l’actualité présidentielle. Propos recueillis par Mickaël DEMEAUX Dans votre livre, publié chez Flammarion avec France Inter, vous dites que Pétain est un passé « qui ne passe toujours pas ». Est-ce anormal ? Il y a une chose troublante. Philippe Pétain est mort il y a soixante-dix ans, c’est un homme profondément du XIXe siècle, et les gens qui ont moins de 40 ans aujourd’hui ne savent pas vraiment qui il est. Et pourtant, il revient dans l’actualité de temps en temps. Pétain, c’est une guerre civile typiquement française qu’on aime rejouer régulièrement. Cela hante clairement la France depuis 1945. Vous interrogez douze historiens sur la vie de Pétain. L’Histoire a-t-elle un rôle primordial pour comprendre le présent ? C’est une bonne question. L’historien Pascal Ory dit que, malheureusement, on ne retient jamais rien de l’Histoire. Que pour beaucoup il n’y a que leur présent qui compte. Mais il ne faut pas renoncer face à ce constat, même si c’est difficile, on le voit d’ailleurs aujourd’hui. Il faut expliquer, expliquer, expliquer… Il faut
rappeler constamment ce qui s’est passé. Pétain, c’est la France qui a pactisé avec l’Allemagne nazie ! Depuis la mort du personnage, pensez-vous que la société française a assez parlé de cette période honteuse pour avancer ? Le livre ne dit pas comment je me serai comporté en 1940. Je n’en sais rien. Le livre permet au lecteur de se demander comment il se positionne en tant que citoyen aujourd’hui par rapport au régime de Vichy. Alors, en a-t-on assez parlé collectivement ? Le travail a été fait. Mais au-delà de Philippe Pétain, on voit effectivement toujours un recours à la figure providentielle, au messie… Dans les figures providentielles, vous mettez Marine Le Pen et Eric Zemmour ? C’est cela, ce passé « qui ne passe pas » ? J’ai passé dix mois à travailler sur ce livre. Et à chaque fois que j’avançais dans le travail, je trouvais de graves similitudes entre le passé et le présent. Nous assistons sous nos yeux à une perte des valeurs partagées. On ne sait pas où on va. Durant la campagne, on a tout de même entendu Zemmour dire :
« Vive la République et surtout vive la France ». La République ne compte plus pour ces gens-là… Le camp des modérés dans lequel je suis n’est pas serein aujourd’hui. Rencontre avec les lecteurs mercredi 20 avril au Hall du Livre (38, rue Saint-Dizier) à partir de 18 h. Gratuit.
Philippe Collin : « Le camp des modérés dans lequel je suis n’est pas serein aujourd’hui. » Photo DR/Flammarion
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