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JOURNALISTE :Macha Séry
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28 avril 2017 - Livres
C’estd’actualité Lepoète estmort il y a40 ans.De bellesparutions célèbrent l’homme et son œuvre
JacquesPrévert, l’incurable jeunesse VIE macha
LITTÉRAIRE
séry
es poètes, JacquesPrévert (19001977) les jugeait peu fréquentables. A tort retirés de la vie, en marge de la foule, qui sait, égoïstes ? Peut-être trop snobs, a pu estimer celui qui arrêta l’école à 14 ans, après l’avoir pratiquée de façon buissonnière dans ces rues de Paris qu’il fera plus tard découvrir à ses amis photographes Brassaï et Doisneau. Lorsqu’il se rendit à Saint-Paul-deVencepour lapremière fois (il serait bientôt un familier de cevillage provençal, au même titre qu’Yves Montand, qui le chanta si bien), Prévert aperçut un homme endormi à l’ombre d’un arbre. Qui est-ce?,demanda le promeneur. «Un type d’ici, un poète », lui répondit-on. « Les poètes, moi, je m’assois dessus», s’écria Prévert. Et, pour le prouver, il posa ses fesses sur le dormeur. Selon la petite histoire, l’écrivain local en question, André Verdet, ne se formalisa guère de cette pesante entrée en matière. Mieux, il s’en amusa et fit bientôt du Parisien – qui n’eût aimé ce chaleureux intransigeant ?– l’un de sesplus chers amis. C’estl’une des mille anecdotes rapportées par Hervé Hamon dans Prévert l’irréductible (TohuBohu, 144p., 15€), précieux hommage rendu à Prévert à la faveur des quarante ans de sa disparition, parmi d’autres parutions dont quelques-unes sont signées par une spécialiste de cette œuvre, Carole Aurouet (Prévert et le cinéma , Jean-Michel Place, 128p., 10 € ; Prévert & Paris. Promenades buissonnières,Parigramme, 128p., 14,90 €).
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Par la suite, Verdet animera un réseau de la Résistance et Prévert lui prêtera main-forte en qualité de messager. Pas question, toutefois, d’accepter de porter un revolver en mission. L’« anar » n’aimait pas plus l’armée que le clergé («Notre Pèrequi êtes aux cieux, restez-y»), les militaires que les patrons. Mobilisé à la veille de la guerre, il fut réformé, au motif qu’il était «goitreux, atteint par surcroît de sénilité précoce ». Sénilité ou jeunesse incurable ?Toute savie, Prévert garda l’esprit facétieux de son enfance, qu’il raconta dans une série d’entretiens diffusés sur les ondes (Enfance, de Jacques Prévert, INA/Radio France, « Les grandes heures », 2 CD). A cause de son goût des canulars, le jeune Prévert perdit – sans regret – un emploi au Bon Marché puis au Courrier de la presse,ou comme rédacteur publicitaire. Oui, Prévert goûtait peu le terme « poète », au point de refuser de seconsidérer comme tel, y compris après l’immense succès populaire de Paroles, paru en 1946. Un véritable miracle éditorial, ce premier recueil. Car, sans la ténacité de René Bertelé, les vers de Prévert, l’amoureux des oiseaux et des cancres, se seraient éparpillés à tous vents. Pour les colliger, l’éditeur a couru tout Paris. Fouillé les tiroirs de la librairie d’Adrienne Monnier, où se produisit ce fantasque aux yeux de chien battu. Consigné des textes transmis par le boucheà-oreille dans son cercle d’amis. Epluché les revues confidentielles auxquelles Prévert collaborait depuis les années 1930 (Editer Prévert. Lettres et archives, 19461976,Gallimard, « Les cahiers de la NRF», 528p., 25€, en librairie le 25 mai). «Grâce
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à toi, cespoèmes de moi n’auront pas été déchirés…», confiera plus tard l’écrivain, reconnaissant, àRené Bertelé. Scénariste de plus de cinquante films, parmi lesquels LesEnfants du paradis, Le Quai des Brumes, Le Crime de monsieur Lange, Prévert collabora avec les plus grands cinéastes de son temps. Du Jour se lève (1939) aux Visiteurs du soir (1942) et aux Portes de la nuit (1945),les spectateurs pouvaient aisément passer une belle journée en sacompagnie. «Le mot dialoguiste isolé du mot scénariste, c’est comme si en peinture on distinguait le type qui peint la campagne et celui qui peint lesarbres, “ l’arbriste ” », remarquait Prévert. Le conteur adorait les acteurs. Il leur taillait des rôles sur mesure et considérait le cinéma comme un art forain. En témoigne le projet de film inabouti, Jour de sortie ou La Lanterne magique, l’un des trois scénarios, inédits jusque-là, publiés dans Cinéma (Folio, 400 p., 9,30 €) : l’histoire d’un projectionniste itinérant séparé de son amoureuse par des villageois, qui parvient à pénétrer l’univers féerique de la toile. « Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple », disait Prévert. p
Il goûtait peu le terme « poète », au point de refuser de se considérer comme tel, y compris après l’immense succès populaire de « Paroles »
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Prévert est aussi fêté en BD : extrait
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de « Jacques Prévert n’est pas un poète », de Christian
Cailleaux
et Hervé Bourhis (Aire libre, 232 p., 32 €). DUPUIS
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