Pays : France Périodicité : Mensuel OJD : 17800
Date : JANV 17 Page de l'article : p.47 Journaliste : Nicolas Tellop
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ou un discret din d'oeil donnent vie à André Breton ou à Marcel Carné. Plutôt qu'une biographie traditionnelle, les deux auteurs proposent un récit elliptique d'une grande fluidité : ils ne font pas qu'évoquer la fantaisie du protagoniste, ils la mettent en scène et l'intègrent à la narration. Un album suit le poète sur plus de Le scénariste a confié la voix narrative à Prévert lui-même. Ainsi, l'écrivain raconte sa vie vingt-cinq ans, en parvenant à concilier comme il l'a vécue : dans un tourbillon de précision et légèreté. Par-delà le seul Prévert, joies et de galères, àpleine vitesse, au rythme cette biographie redouble d'inventivité de son esprit tranchant comme leclair. La scénographie de Christian Cailleaux est à la pour évoquer une période tour à tour mesure de ce récit tourbillonnant : pas de exaltante et accablante. Par Nicolas Tettop mise en pages ckssique fondée sur des cases, mais un entrelacement virtuose d'images et de mots. Plutôt tenant d'une ligne claire comparable à celle de Loustal, oris Vian et Jacques le dessinateur n'hésite pas à vaPrévert étaient voisins rier son style : tantôt dépouillé de terrasse (celle du quand l'action se fait plus Moulin-Rouge), ils le dense, tantôt réaliste lorsque sont aussi sur les les gros plans prennent le desplanches de BD. Hervé Bourhis et sus. Parfois, le dessin s'approChristian Cailleaux ont en effet enprie les esthétiques des pétamé leur collaboration avec Piscine riodes évoquées, comme pour Molitor (2009), une biographie de mieux nous y immerger, partil'auteur de L'Écume des jours. Le duo cipant ainsi de l'ivresse poés'est reformé pour retracer l'existique de Lensemble. tence de Prévert, de k fin de son serL'ouvrage dessine une vaste vice militaire, en 1921, jusqu'à 1947. fresque picaresque de la moLeur travail devait paraître en dernité, en trois temps : les antrois tomes (le premier a été publié nées 1920 et la bohème suren 2014) : les éditions Dupuis se réaliste; les années 1930 et sont finalement ravisées et sortent l'aventure du théâtre populaire aujourd'hui l'intégralité de cette puis celle du cinéma ; et enfin biographie, en un seul volume. les années 1940 et la guerre, Chaque étape est marquée auPrécision et légèreté tant par une soif de liberté et Ici au scénario, Hervé Bourhis est de jouissances que par des également dessinateur (notamdésenchantements liés aux ment d'une série caustique intituréalités sociale et politique du lée Le Teckel), et auteur de livres intemps. S'il ne peut empêcher la À une mise en pages organisée en cases, les auteurs formés, notamment sur l'histoire chute des utopies communistes du rock ou des Beatles. Cek n'est ont préféré un entrelacement d'images et de mots. et socialistes rn enrayer k monsans doute pas étranger à la dispotée des fascismes, le destin de sition remarquable qu'il montre ici pour la Le sujet lui est parfaitement connu, mais il Prévert propose une façon de reconquérir k synthèse documentaire, qui ne fait jamais préfère esquisser l'intimité du poète et sug- vie : créer jusqu'à sortir du cadre. • d'ombre à ses talents de conteur. En presque gérer les références à son œuvre plutôt que 240 pages, il incarne la personnalité de s'inscrire dans une démarche classiquement JACQUES PRÉVERT N'EST PAS UN POÈTE, Prévert sans jamais surcharger le récit didactique. Il en va de même pour tous les Hervé Bourhis et Christian Cailleaux, d'informations ou de récitatifs trop pesants. artistes croisés ici : un détail à peine appuyé éd Dupuis, « Aire libre », 232 p , 29 €.
Hervé Bourhis et Christian Cailleaux
À travers Prévert
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