Génération Jedi. Baptiste Schweitzer et Matthieu Mondoloni

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13 décembre 2015

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Bienheureux les enfants de la saga " Star Wars " VINCENT ROMAIN Ne soyez pas surpris, mercredi prochain, si vous croisez des Dark Vador dans la rue, découvrez des messages évoquant la puissance de la Force sur votre page Facebook et voyez d'immenses files d'attente se former devant les cinémas. C'est ce jour-là que " Le Réveil de la Force ", le septième épisode de " Star Wars ", sort au cinéma, un carton déjà garanti. La saga s'apprête ainsi à conquérir une troisième génération de fans quasiment quarante ans après l'irruption de la première trilogie et une décennie après la fin de la deuxième. Et devrait confirmer, une nouvelle fois, qu'elle a largement dépassé le simple cadre cinématographique pour devenir un phénomène de société. Les quatre exemples suivants l'attestent. 1 La popularisation de la culture geek Le geek, un no-life (" pas de vie ") à la passion trop envahissante ? Vous avez presque quarante ans de retard. Fini les regards dédaigneux envers ceux qui collectionnent des produits dérivés ou revêtent les costumes de leurs personnages préférés. " Star Wars " a été un succès colossal, autant auprès des fans de science-fiction que du grand public, et a " permis d'ouvrir la culture geek à plein de gens ", notent Mathieu Mondoloni et Baptiste Schweitzer, journalistes à France Info, deux spécialistes de " La Guerre des étoiles " (lire par ailleurs). La contre-culture est donc devenue

une culture de masse. " Mes étudiants savent que j'ai une armure de Stormtrooper [un soldat impérial, NDLR]. Ils se disent peut-être que c'est stupide mais surtout que c'est cool ", témoigne Jean-Luc Sala, professeur de graphisme, scénariste de bandes dessinées et considéré comme une référence sur " Star Wars " dans la région bordelaise. Pour lui, " la contre-culture des minables, ceux qui étaient isolés à l'école parce qu'ils lisaient au lieu de jouer au foot, a pris sa revanche. Tout le monde connaît "Star Wars" et a eu les clés pour rentrer dans cet univers parce qu'il est très accessible. " La saga constitue aussi la référence de presque tous les participants des différentes conventions (rassemblements de fans) aux quatre coins du monde. Le Bordeaux Geek Festival, en mai dernier, avec un énorme stand de la franchise, a attiré 20 000 visiteurs. Quant aux " comic shops ", où l'on achète des figurines, des bandes dessinées et des déguisements, elles se sont multipliées avec, à chaque fois, une large place accordée aux produits " Star Wars ". 2 La passion des collectionneurs

Christian et Jean-Sébastien, deux des plus importants collectionneurs d'objets " Star Wars " à Bordeaux. PHOTO VR

L'appartement de Jean-Sébastien est tout ce qu'il y a de plus classique. À ceci près qu'une petite pièce est entièrement consacrée à sa collection d'objets " Star Wars ". Vitrines, étagères, table basse et luminaires sont là pour mettre en valeur la grosse trentaine de pièces qu'il possède. Des bustes, des grandes figurines en résine, des vaisseaux. Valeur totale : " au moins 20 000 euros ", dont 4 000 pour le seul buste de Dark Vador. Ce trentenaire bordelais a mis le doigt dans l'engrenage en imitant un ami qui achetait des petites figurines. " C'est un prolongement de notre passion. Quand tu disposes de tout ça, c'est comme si tu avais le film à la maison. "Star Wars" est un univers sans égal. " Avec une vingtaine de collectionneurs, ils se réunissent une fois par mois pour présenter des nouvelles pièces et discuter de leur hobby. Cela se passe souvent chez Christian Mallet, qui a donné Anakin et Leia comme deuxièmes prénoms à ses enfants. Jean-Sébastien, lui, admet que sa passion lui " prend du temps ", pour rechercher et entretenir ses pièces notamment. Il reconnaît aussi que ses proches " étaient un peu circonspects au départ, mais ils ont fini par s'habituer ". Bordeaux est d'ailleurs réputée comme une ville au réseau de collectionneurs parmi

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les plus denses. 3 Un support éducatif Dans cette classe de troisième du collège de Sens, dans l'Yonne, la trentaine d'élèves connaît " Star Wars " sur le bout des doigts. Et pour cause : la saga constitue un support éducatif dans presque toutes les matières. L'accession au pouvoir de Hitler est mise en parallèle avec celle de Palpatine, l'Étoile noire fait l'objet de problèmes mathématiques (masse, périmètre. ), la construction d'un sabre laser est le projet de l'année en physique, les dialogues du film sont étudiés en anglais et les différentes créatures figurent comme une classification originale des espèces en SVT. " Cela permet d'intéresser les élèves

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décrocheurs qui n'adhèrent pas aux cours classiques. Ils retrouvent le goût au travail, se sentent valorisés et sont vraiment très investis ", assure Julien Malherbe, le professeur principal. À l'heure de la récré, les ados sont " fiers de dire qu'ils sont dans cette classe ", et les parents, dont " certains étaient dubitatifs au départ, nous suivent complètement dans ce projet ", explique le jeune enseignant. Lui-même fan de " Star Wars ", il a su convaincre toute une équipe d'enseignants d'adhérer à son idée, née il y a un an et demi. Grâce à cette méthode d'enseignement, " les élèves établissent des passerelles et se rendent compte que ce qu'ils

apprennent en cours peut être utilisé dans d'autres domaines ". Dans le jargon de l'Éducation nationale, on appelle ça le " réinvestissement ". L'idée commence à faire son chemin en dehors de l'établissement, puisqu'un autre collège, dans le Nord, lancera sa propre classe " Star Wars " à la rentrée 2016. CINÉMA La saga culte, dont l'épisode Vsort mercredi, s'est imposée comme un phénomène de société à part entière, bien au-delà des salles obscures ■

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