PAYS :France
RUBRIQUE :Littéraire l'événement
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DIFFUSION :317225
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JOURNALISTE :Alice Develey
PERIODICITE :Quotidien
24 mai 2018 - N°22948 - Litteraire
L'ÉVÉNEMENT
littéraire
L’Odyssée de Sylvain Tesson UN ÉTÉ AVECHOMÈRE DeSylvainTesson, ÉquateursFranceInter, 280 p.,15€.
Page 88
Il n’aurafallu que cinquante ans « pour qu’une meute d’idéologues en charge de réformer l’école saigneles études antiques », s’insurge Sylvain Tesson. Les langues mortes seraient devenues élitistes. Et par ricochet, source d’injustice dansle sacro-saint temple égalitariste de l’école. Dommage.Car ainsique le rappelle l’aventurier-philosophe en préface de son livre Unété avec Homère, adaptation de la série d’émissions diffusées pendant l’été 2017 sur France Inter,« les Grecs nous renseignent sur ce que nous ne sommes pas encore devenus ». « Homère est nouveau, ce matin, et rien n’est peut-être aussi vieux que lejournal d’aujourd’hui», écrivait CharlesPéguy. Sylvain Tessonlui emboîte lepas :« Ouvrir L’Iliade et L’Odysséerevient à lire un quotidien.» L’homme aux souliers de vent qui a sillonné lesterres et l’ire des mers, comme Ulysse en son temps, constate. En bas, dans les villes,l’humanité est en proie aux chants des Sirènes,les big data des Gafa(Google,Apple,
Facebook,Amazon). Enhaut, celle qui a saccagé son potager chercheun nouvel éden. Pour construire lapaix qu’elledétruit avec la guerre sur Terre.« Nousfaisons preuve d’hubris », nous alerte l’écrivain avant d’ajouter « et nousallons être punis comme Achille». Inquiétante,la voix de Sylvain Tessonl’est assurément. Mais ne cédons pas à lapeur et aux regrets, au risque de tomber danslesmielleux discours du « c’était mieux avant » ! Car celuique l’ondit misanthrope ne nous fait pas là,avec son exégèse oséeet originaledes mythes, lalecture d’une dystopie. L’homme peut vivre, mais doit apprendre à lefaire. Sylvain Tessonnous tend ici, avec son livre, un miroir,comme le faisait Victor Hugo de ses Contemplations. Guerre,politique, philosophie, technologie, écologie… l’auteur questionne tout. Et s‘il critique plus qu’ilne nous donnede réponses, c’est parce qu’illaisseson lecteur libre de réfléchir et d’agir.Pour le pire comme lemeilleur des mondes possibles. ALICEDEVELEY
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