PAYS : France
RUBRIQUE : Sport
SURFACE : 50 %
DIFFUSION : 89810
PERIODICITE : Quotidien
5 juin 2016 - Edition Epernay
« Je ne veux pas qu'on galvaude le football » Jacques Vendroux : 50 ans de radio cette année! Dès le début de votre livre*, vous n'hésitez pas à dire que vous avez été pistonné. Racontez-nous. L'histoire est très simple. J'ai 15-16ans, je ne fais rien à l'école et ne pense qu'à jouer au football. Mes parents sont effondrés. Je veux devenir Gordon Banks (gardien mythique de l'équipe d'Angleterre et champion du monde en1966, ndlr). C'est une idée fixe. Puis nous venons habiter où mon père devient chef de cabinet du ministre des Sports, Maurice Herzog. Mon grand-père était député-maire de Calais, la sur de mon grand-père était Yvonne Vendroux, plus connue sous le nom d'Yvonne de Gaulle, et mon grand-oncle était président de la République. Mon père m'a fait engager à l'ORTF où j'ai signé le 2juin 1966 mon premier contrat. Il y a tellement de gens qui sont rentrées par piston et qui n'osent pas le dire... Moi, j'assume tout ce que j'ai fait, même mes plus grosses conneries. Si vous n'aviez pas été le petit-neveu du général de Gaulle, vous n'auriez pas réussi. Honnêtement, non. Mon seul regret, c'est que je n'ai pas eu l'occasion de lui dire merci. Je sais que j'ai eu la chance incroyable de ma vie! Tous les matins quand je me lève, depuis cinquante ans, je dis merci. Je suis payé pour vivre ma passion, pour exercer mes fantasmes sportifs. C'est juste le rêve de millions de Français d'exercer notre métier. Il y a, certes, eu la famille,
mais il y a eu l'époque aussi. C'était le bon moment? Bien sûr! L'époque était moins compliquée, plus cool. La société a évolué, le football avec. J'ai toujours eu une chance insolente. J'ajoute que j'ai eu trois accidents où j'aurais dû normalement mourir. Je suis vraiment un enfant gâté. La seule chose que je ne peux accepter, dans toute cette carrière, c'est Furiani (grièvement blessé lors de l'effondrement de la tribune, il a passé un an à l'hôpital, ndlr). Furiani, c'est mon drame. Tous les morts proviennent de l'endroit où j'étais dans la tribune. Je n'ai jamais compris pourquoi moi j'étais passé à travers... Vous exprimez une culpabilité? Complètement! C'est pour cela que je ne parle jamais de Furiani. Je ne suis jamais retourné au stade de Bastia et je n'y retournerai jamais. Je me sens merdeux. Dès que je vois une ambulance, je pense à Furiani. Je vois un handicapé, je pense à Furiani. Avec toujours la culpabilité de m'en être sorti. Pourquoi moi? Pour autant, je suis contre l'idée de ne pas jouer de match le 5mai. Ce serait ajouter de la peine à de la peine. La proximité des joueurs, l'accès au vestiaire sans rendez-vous, cela n'existe plus. Cela a changé le métier et votre vision du milieu? Je lutte tous les jours contre ce métier de merde qu'est agent de joueur! C'est un métier qui fait perdre la valeur du maillot, la fidélité à un club. Le principal bénéficiaire du transfert, c'est l'agent. Un agent
devrait gérer et construire la carrière de son joueur. Comme l'on fait ceux d'Aznavour ou Mireille Darc, de Platini ou de Zidane. Et puis vous avez Benzema et 80personnes qui s'en occupent, pour finalement se retrouver dans des embrouilles incroyables! Je trouve tout à fait normal qu'il ne soit pas au championnat d'Europe. Il a un devoir d'exemplarité important pour les gamins et il se prend pour Al Capone ou Francis le Belge! Je ne sais comment il a été élevé, mais il y a un problème d'instruction et de respect. Vous êtes un affectif. Ainsi, vous n'avez jamais hésité à prendre parti pour vos équipes préférées -Saint-Étienne-, ou pour des joueurs. Vous avez soutenu Michel Platini comme personne ces derniers temps. Pas évident, professionnellement? J'ai besoin qu'on m'aime pour aimer encore plus. Pour Michel Platini, cela a été très simple. Il ne donnait pas d'interviews mais avait des messages à faire passer. Ici, à Radio France, on a su faire la part des choses. Il y avait les collègues qui couvraient l'affaire, et moi, on m'a interrogé en tant que témoin, en tant qu'ami de Platini. On me demandait ce qu'il pensait, et je le disais. Nous avons été clairs professionnellement. Le concernant, je reste persuadé qu'il a été négligent, enfant gâté. Mais Michel n'est ni un voleur ni un menteur. De Gaulle, la République et l'amitié constituent vos valeurs. Contrat rompu par l'équipe de France2010 dont vous dites qu'on ne les a pas assez « traité de voyous »...
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5 juin 2016 - Edition Epernay
Il n'y a rien de plus important que la République. En2010, ils ont eu un comportement de voyous! Ils représentent la France et ils décident de ne pas jouer... Ces types-là auraient dû être radiés à vie de l'équipe de France. Ils ont manqué de respect au pays. Je suis un vieux conservateur de 68ans, et je l'assume. Et quand vous flinguez, vous ne faites pas semblant. Vous dites de Ribéry qu'il s'est pris pour Platini ou pour Zidane. Quel mépris! C'est l'un des détonateurs du bordel de2010, avec Evra. Qu'Evra soit toujours en équipe de France, je trouve cela inadmissible. Ribéry a côtoyé Zidane et il a cru ensuite qu'il était le taulier de l'équipe de France. C'est certes un très beau joueur, mais il n'avait pas le cerveau pour cela. Comme Benzema! Je ne connais qu'un idiot complet qui était aussi footballeur génial, c'est
Maradona. Ribery, lui, c'est Monsieur Pignon! La France peut-elle gagner l'Euro? Elle peut gagner parce que vous avez à la tête un tueur, qui n'a fait que gagner, et qui transmet cela. On doit au moins terminer dans les quatre premiers. Il y a une équipe et un patron. Deschamps est respecté, c'est M. Deschamps. Les joueurs le vouvoient. 80% vouvoyaient Blanc et la moitié tutoyaient Domenech. Je rêve d'un France-Belgique en finale. Propos recueillis par Philippe Minard, ALP *Amoureux foot (Calmann-Lévy), 248pages 17, 50euros. ■
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PAYS : France PAGE(S) : 38 SURFACE : 20 % PERIODICITE : Mensuel
1 juin 2016 - N°89
« Amoureux
foot
»
par Jacques Vendroux
Jacques
Vendroux
démarré
sa
de journaliste
a
carrière sportif
l'ORTF (aujourd'hui
à
Radio
France) en 1966 grâce à son père, ce qui lui fait dire avec une pointe de malice qu'il est un « pistonné de la Ve République c'est
son
le foot d'être homme
». Mais
amour
pour
qui lui a permis ce qu'il est
: un
doté de valeurs
fortes comme la camaraderie, la générosité.
la nécessité de se dépasser,
Dans ce livre nostalgique
et joyeux, il explore
pour nous les coulisses du sport avec ce franc-parler caractérise : tantôt
léger comme une caresse, tantôt
qui le rude
comme untacle ! Éditions Calmann-Lévy
• Prix : 17,50 euros
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