Bienvenue dans la carte postale marseillaise, l’un de ces quartiers qui appartiennent à la légende de la ville : le Vallon des Auffes, son petit port et ses barquettes qui dessinent une guirlande de couleurs sur la mer, ses quais en béton que les gamins transforment en plage tout l’été... C’est la Méditerranée heureuse, qui sent la crème solaire et les retours de pêche, à 500 mètres à vol d’oiseau du Vieux-Port. Une poignée de chanceux y habitent, souvent dans d’anciens cabanons de pêcheurs -parfois même des garages à bateaux- réaménagés en villas au fil du temps et des générations. C’est là que Mélanie Rossi et son mari Paul-Antoine Del Negro ont posé leurs rêves. La jeune femme y possédait un petit appartement familial, bien situé mais sombre, avec deux chambres aveugles et un salon ouvert sur un jardin long et étroit. « Coup de chance dans ce quartier très protégé, le terrain était constructible » raconte Mélanie. Ca tombe bien : elle est architecte, son mari est promoteur immobilier, l’appartement est devenu trop petit pour une famille avec deux jeunes enfants. « Cette maison, c’est aussi l’histoire d’une équipe. Mélanie l’a dessiné, j’ai assuré l’ingénierie » explique Paul-Antoine. En quatre mois, le duo réussit à transformer l’ancien appartement aveugle en une maison lumineuse et épurée, déjouant les nombreuses difficultés auxquelles se heurte leur projet : plan d’urbanisme contraignant, budget serré, terrain encaissé et nombreux vis-à-vis. « Nous ne pouvions pas construire en hauteur alors nous l’avons fait en profondeur ! ». Pour gagner de précieux mètres carrés, Mélanie imagine une maison sur deux niveaux, avec un rez-de-chaussée creusé quatre mètres sous terre. Pour faire entrer la lumière, elle entrecoupe les espaces à vivre de terrasses et de patios baignés de soleil. Les façades sont vitrées, le toit et certains planchers percés de verrières, apportant la lumière aux pièces en sous-sol. Résultat : Mélanie réussit à jouer la transparence d’un bout à l’autre de la villa, soit 140 mètres de long ! Pour résoudre le problème du vis-à-vis, elle perce les murs de longues failles aux angles aigus, « comme coupés au couteau », soigneusement pensés pour préserver l’intimité tout en ouvrant des perspectives sur le ciel et les cocotiers des jardins voisins. La géométrie au service de la poésie… Le regard porte d’un bout à l’autre de la maison : « Nous n’avons choisi que des meubles bas pour accentuer l’effet de transparence ». Un choix pratique aussi, pour des jeunes parents qui peuvent ainsi garder un œil sur leurs enfants, où qu’ils soient dans la villa. Même l’entrée en contre-bas du salon peut-être surveillée, grâce à un puits de lumière creusé dans le plancher en béton ! Le couple aime les lieux épurés : pour unifier l’espace, le duo a choisi des sols en béton clair et des murs d’une blancheur immaculée, le tout adouci grâce à des textiles pastel et des imprimés graphiques. Séduisante aussi, l’idée de noyer la maison dans la verdure. « Nous sommes passionnés de jardinage et de voyages aux Etats-Unis. On a ramené des palmiers rares de Miami et des plantes du Grand Ouest américain pour planter une petite jungle à l’entrée de la maison, qui nous isole de la rue ». Il y a aussi des parterres de fleurs, des orangers, des citronniers et même un pamplemoussier. Et pour parfaire l’idée de paradis isolé, Paul-Antoine a installé un pont-levis à vérins au-dessus de la piscine, qui doit être franchi pour pénétrer la villa, ou relevé pour l’isoler, selon les envies ! Dans ce quartier, la tradition veut qu’on baptise sa maison. La leur s’appelle « Eden ». Promesse tenue.