Et tu le raconteras... Commentaires sur la Haggadah de Pessah
Une publication du Centre National des Eclaireuses Eclaireurs IsraĂŠlites de France
e r i a e m r i m ma
SoSom 4
D’où vient la Haggadah?
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Les étapes du Seder
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C’est la libre antenne avec Ha lah’ma anya
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H’arosset (Mmmmiam)
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Le chiffre 4 dans la Haggadah
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Pessah’, Matsa et Maror, that’s it !
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Ouvre la porte pour le prophète Elie, ouvre ton esprit !
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HSP, rétrospective en images
E.E.I.F.
Redaction 27 avenue de Ségur Benjamin “Cabri” Bitane 75007 Paris Maquette et p.a.o. tél: 01 47 83 60 33 Jonathan “Gibbon” Sternberg centre.national@eeif.org www.eeif.org Novembre 2009 EEIF - Avril 2011.
« Dieu m’a fait libre et je le trahis si je me laisse contraindre » Martin Buber Le seder de Pessah’ est un moment extraordinaire du calendrier juif et de la vie juive, il réunit les familles autour d’un texte merveilleux, duquel il y a tant de choses à dire, à réfléchir, à méditer, à comprendre. L’idée de ce livret est de t’aider, toi, jeune EI, à mieux comprendre le sens de ces deux soirées (qui peuvent te paraitre interminables), d’y être plus actif en proposant à ta famille, commentaires, explications et jeux. Nous n’avons pas la prétention à travers ce livret de commenter et expliquer l’ensemble de la soirée du seder, de ses actes, etc. Nous espérons que ce livret sera pour toi une source de discussions les soirs de Pessah’, jusqu’au matin, comme Rabbi Eliezer et ses comparses. 3
D’où vient la Haggadah?
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Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe parmi les 613 commandements (tant que ça !) le commandement de raconter la sortie d’Egypte. Cette injonction est tirée de l’Exode chapitre XIII, verset 8 :
, ּבַ עֲבּור זֶה: ּבַ ּיוֹם הַ הּוא לֵאמֹר,וְ ִהּגַ ְדּתָ לְ בִ נְָך . ִמ ִּמ ְצ ָריִם,אתי ִ ֵ ּבְ צ,עָ ָׂשה יְהוָה לִ י
Véhigadta lébineh’a bayom ahou lémor baavour zé assa adonaï li bétséti mimitsraïm. « Tu le raconteras à ton fils ce jour-ci en disant : par cela, Dieu m’a fait sortir d’Égypte ». C’est à partir de ce verset qui se trouve en plein récit de la sortie d’Egypte que de génération en génération, depuis le premier Pessah’ en Egypte, le peuple juif « se raconte » chaque année l’événement fondateur de sa création.
Avant la sortie d’Egypte, les Hébreux n’étaient qu’une famille : la famille de Jacob. Par les affres de la sortie d’Egypte, qui est souvent comparée à un accouchement avec ses douleurs (les plaies, etc.) et sa joie la naissance d’un être (le peuple juif), les hébreux passent du statut de famille à celui du peuple juif. Cependant, pendant des siècles, il n’y avait pas de texte «officiel» de la Haggadah, chaque famille racontait la sortie d’Egypte à partir de versets de la Thora (essentiellement du livre de l’Exode) et commentait ces versets. C’est aux alentours du début de l’ère chrétienne, sous l’impulsion des Tanaïm, les maitres de la Michna, que la majorité de la Haggadah et du seder plus généralement, tel que nous le connaissons aujourd’hui, a été réalisée et organisée. D’ailleurs, la plupart des rabbins qui ont collaboré à la rédaction de la Haggadah dans sa version actuelle, sont cités dans la Haggadah. Il s’agit de Rabbi Akiva, Rabbi Eliezer, etc.
Sais-tu reconnaitre une racine hébraïque ? En hébreu, pour comprendre le sens d’un mot, savoir à quelle famille de mots il appartient, il faut trouver dans le mot, sa racine, c’est-à-dire les trois lettres sur lesquelles tous les mots de la même famille se basent. Pour cela, il suffit en général de prendre les trois lettres au centre du mot. Faisons un essai : quelle est la racine du mot ָ? וְ ִהּגַ ְדּת Tu as trouvé ?
גּדּהּ
Que remarques-tu en regardant ces lettres et en les comparant au mot Haggadah écrit en hébreu sur la couverture de ton livre du seder ? Tu as certainement remarqué que le mot « véhigadta », ָ( וְ ִהּגַ ְדּתTu le raconteras) est de la même racine que le mot Haggada (récit). Attention : garde bien en tête la technique pour retrouver une racine, je risque de te reposer une colle.
Les étapes du Seder
קדש ורחץ כרפס יחץ מגיד רחצה מוציא מצה מרור כורך שולחן עורך צפון ברך הלל נירצה
Kadesh : on récite la bénédiction du Kiddoush sur la première coupe de vin. Our’hatz : on se lave les mains sans bénédiction, avant de manger le Karpass (cèleri) trempé dans l’eau, car on fait nétilat sans bénédiction avant de manger des aliments trempés dans des liquides. Karpass : les convives mangent du Karpass trempé dans de l’eau salée. Ya’hatz : on casse en deux la seconde matza dont on garde la plus large moitié en tant qu’Afikoman (dessert) pour la fin du repas. Maggid : récit de l’histoire de l’Exode. Le plus jeune convive montre son intérêt en posant quatre questions traditionnelles, deuxième coupe de vin. Ro’htzah : tous les convives se lavent les mains, netilat yadayim avec bénédiction. Motzi : On récite la bénédiction המוציא לחם מן הארץsur les trois matzot (la moitié entre les deux entières). Matza : puis on lâche la matsa inférieure et on récite la bénédiction על אכילת מצה. Maror : on mange des herbes amères trempées légèrement dans le h’arosset (« mortier »: pâte fabriquée à partir de fruits secs) Kore’h : on déguste la matza et les herbes amères ensemble, selon la coutume de Hillel l’Ancien. Choul’han Ore’h : la table servie, les convives mangent le repas. Tzafoun : on mange l’Afikoman pour marquer la fin du repas. Bare’h : Birkat Hamazone (comme après les repas aux EEIF !): bénédictions qui suivent le repas et troisième coupe de vin. Hallel : lecture du Hallel, texte lu traditionnellement lors des fêtes juives, et quatrième coupe de vin. Nirtza : conclusion du Seder autour de chants symboliques.
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C’est la libre antenne avec Ha lah’ma anya 6
Après le kiddoush, le lavage des mains, la « dégustation » du Karpass et après avoir rompu la Matsa ; le récit de la Haggadah, débute. C’est la partie de la Haggadah qu’on appelle Maguid (toujours cette même racine de raconter) Nous commençons donc la lecture de la Haggadah par un passage nommé Ha lah’ma anya.
idée que celle du passage « Ha lah’ma Anya » qui était lu en araméen pour que tout le monde puisse comprendre ! Un autre commentateur, le Maharal de Prague[2] explique dans son livre Nétsah’ Israël, s’appuyant sur un texte du Talmud traité Brah’ot, que le Kaddish (prière en araméen) ne passe pas via les postiers des cieux : les anges, mais arrive directement par « mail » chez Dieu. Ne sens tu pas, en lisant ce passage, que les mots Pourquoi cette prière a-t-elle cette particularité ? pourtant rédigés en écriture hébraïque, sont bizarres ? L’araméen contrairement à l’hébreu n’est pas une langue riche, littéraire, c’est un langage essentiellement parlé, C’est que ce passage est en araméen (petite astuce pour populaire, qui ne recherche pas une esthétique de forme distinguer l’hébreu de l’araméen la voyelle « a » kamatz stylistique. Cette particularité de l’araméen utilisé dans en fin de mot, est toujours suivi d’un aleph et non d’un le premier passage de la Haggadah, vient nous dire que hé comme en hébreu), alors que la toute la soirée du majorité de la Haggada est en hébreu. seder doit être la soirée du seder doit être une soirée Si tu veux en savoir plus sur l’araméen, une soirée placée placée sous le signe du parler vrai regarde les commentaires du sidour sous le signe du sur le Kaddish, qui donnent quelques parler vrai, doit explications sur l’origine de cette langue et son utilisation permettre de délier les langues et être une soirée où l’on dans la culture juive. ose poser les questions qu’on a toujours eu honte de poser, La question va peut-être te paraitre capilotracté (tiré par de peur de paraître bête ou ignorant. les cheveux), mais pourquoi commencer par un passage Le mot « anya » de Ha lah’ma Anya qui veux dire «pauvre», en araméen, alors que la majorité de la Haggadah est vient de la même racine que « onine/parler » c’est-à-dire écrite en hébreu ? le pain pauvre sur lequel on doit parler comme l’explique Certes, une première explication serait, tout simplement le Talmud Pessah’im 115b. d’ordre historique. Comme nous l’avons dit plus haut, la Haggadah, telle que nous la connaissons aujourd’hui, a Kol dih’fine yété véyéh’ol été finalisée en grande partie à la fin de l’époque des Aux EEIF, depuis 1984, nous organisons l’opération H’ag Tanaïm (maîtres de la Michna) au début du IIIe siècle de Saméah’ Lépéssah’ (HSP- Bonne fête de Pessah’). Cette notre ère. Or à cette époque, la langue la plus utilisée par opération caritative et qui revêt un caractère social les juifs n’est pas l’hébreu mais l’araméen. La Haggadah important, vient nous rappeler que des membres de la étant un texte censé être compris par tout le monde, communauté juive vivent dans le besoin, des personnes l’usage de la langue comprise par le plus grand nombre de tous âges vivent dans un grand isolement. Cette action n’est pas fortuit. raisonne également comme un acte scout. En effet, Baden D’ailleurs, un célèbre rabbin du Moyen –Age, le Powell disait que c’était du « devoir d’un éclaireur d’être [1] Rashbetz rapporte de ce fait qu’il est important de lire utile aux autres et de leur venir en aide. » non seulement en hébreu et en araméen, mais aussi dans Enfin, comme il est dit dans la Haggadah, il y a un devoir la langue comprise par tous. particulier à aider les plus nécessiteux pour qu’ils aient la Alors, n’hésite pas à lire traduction de la Haggadah seul, ou possibilité de célébrer Pessah. à voix haute, afin de mieux comprendre le sens de ce que tu vas lire durant les sédarim. Ainsi, tu suivras la même
H’AR SSET Il existe plusieurs coutumes pour cette préparation, en voici quelques unes: Ingrédients : • • • • • •
250 grammes de dattes 250 grammes de figues sèches 3 ou 4 cuillerées de vin rouge Cannelle Noix muscade Sucre
Préparation : Coupez très fin, avec un petit couteau les figues sèches et les dattes bien mûres. Liez-les avec un peu de vin rouge et parfumezles, suivant votre goût, avec de la cannelle et de la noix muscade finement râpée. Ajoutez un peu de sucre en poudre et formez de petites boules de la grosseur d’une petite noix. Constantine : dattes, noix, vin rouge, grenade écrasée Pologne : ajouter une pomme écrasée Egypte : dattes, raisins de Malaga, sucre, vin, pommes râpées, noix, noisettes, pistaches concassées Europe de l’Est : noix, pommes, une pincée de poudre de gingembre, vin rouge Turquie : dattes, pommes râpées, noix, une pelure d’orange râpée, sucre, clous de girofle moulus, cannelle, jus d’un citron
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בתאבון Mmmmiam!
Le chiffre 4 dans la Haggadah bien comprendre l’expression, utilisons un langage familier: cette expression veut dire « jusqu’à ce qu’il l’ouvre » (sous entendu, sa bouche). On voit bien que le but, c’est de faire sortir ce type de personne de cet état. Mais le racha, quel intérêt ? Il n’a aucune affinité quelconque avec Pessah’, avec le peuple juif, et pourtant la Haggadah lui parle. Car la Haggadah parle à tout le monde. Cette idée peut paraitre d’une simplicité infantile, et pourtant, nous assistons parfois dans la communauté juive contemporaine à un dénigrement des questions venant de juifs se sentant en dehors de la communauté. Les EEIF en faisant le pari du pluralisme parmi ses membres, tous unis autour d’un projet éducatif commun, et une vie juive commune, symbolisée par le minimum commun, est un lieu, où, justement, des juifs se sentant éloignés de la communauté juive, pour des raisons diverses et variées, peuvent trouver un lieu accueillant, sans préjugés, et qui va leur permettre de construire leur identité juive. C’est la raison pour laquelle, il nous semble important de dire que le judaïsme tient à avoir un dialogue avec tous, même avec le racha ! Attention, il est clair que tenir un dialogue ne veut pas dire
Jeux Quizz : Q1 : Quel est le chiffre par excellence que l’on retrouve tout au long du seder de Pessah’ ? Q2 : Peux-tu citer quatre exemples justement de référence à ce chiffre quatre ? Q3 : Sais-tu pourquoi ce chiffre en particulier revient sans cesse dans la Haggadah ? R3 : La réponse classique (tirée du Midrash Bereshit Rabba LXXXV) dit qu’il s’agit d’une référence aux quatre verbes utilisés pour parler de la sortie d’Egypte. Comme il est dit dans l’Exode chapitre VI, verset 6 et 7 « Et je les ai faits sortir… et je les ai sauvés….. et je les ai délivrés… et je les ai pris ». Ces quatre verbes ne désignent pas quatre synonymes, mais quatre niveaux de délivrance, ainsi, le chiffre quatre revient régulièrement durant le seder. R1 : Le chiffre 4 R2 : - les quatre coupes de vin ou jus de raison bues durant le seder - Les quatre morceaux de matsa mangées durant le seder - Les quatre couplets de Ma Nishtana - Les quatre enfants typiques dont on parle dans la Haggadah - Il en existe certainement d’autres
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Le texte de la Haggada parle de quatre types d’enfant : • Le sage • Le « mécréant » • Le simple • Celui qui ne sait pas poser de question Nous allons nous arrêter sur un type d’enfant en particulier: le racha, la personne qui est considérée comme «mécréant» du fait qu’il se désolidarise du reste du peuple juif. Pourquoi est-ce que la Haggadah cherche à parler spécifiquement au racha (« mécréant ») , comme il est dit en introduction de ce passage « Avec/contre quatre enfants la Thora parle ? Quel est son intérêt ? On comprend bien l’intérêt de parler au sage, afin d’améliorer sa sagacité, sa connaissance, sa sagesse. Au simple, afin de lui enseigner les rudiments du sens de Pessah’. A celui qui ne sait pas poser de questions, la Haggadah nous inviter à comprendre que s’il est une chose insupportable pour la pensée juive, c’est justement l’expectative, le fait de n’avoir même pas de questions, de rester complètement passif intellectuellement. C’est la raison pour laquelle, le texte emploie un impératif en disant : Ad pétah’ lo. Pour
aller dans le sens du poil, et avoir des paroles complaisantes. D’ailleurs, on voit bien cela, à travers la réponse que donne la Haggadah, en disant que s’il avait été en Égypte à cette époque, il ne serait pas sorti. Rav Shimshon Raphael Hirsch [4] explique, dans une perspective pédagogique, que les questions et les réponses apportées à ces quatre types d’enfant sont symptomatiques, d’un des principes fondamentaux de l’éducation juive. Le livre des proverbes du roi Salomon (XXII, 6) dit :
ּפִי דַ ְרּכֹו- עַל,חֲנְֹך ַלּנַעַר « Eduque l’enfant selon son chemin ». L’un des traits particuliers de la pédagogie juive est de faire preuve d’adaptabilité à l’égard de l’enfant, en fonction de son niveau, de sa sensibilité, de son caractère, son approche. Et les quatre enfants et surtout les quatre réponses qui sont apportées, sont symptomatiques de ce principe. De la même manière, aux EEIF, au sein de ton équipe, chaque éclai est unique, a ses propres aspirations, centre d’intérêts. Et chacun a sa place, quel que soit son caractère.
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Pessah’, Matsa et Maror, that’s it ! 10
Comment ce texte de Rabban Gamliel peut-il être vrai? Comment l’accomplissement de la mitsva de Pessah’ peut-elle ne dépendre que de trois mots ? Un commentaire du Maharal de Prague explique que dire ces trois termes, c’est reconnaître la spécificité du monothéisme juif. Pessah correspond au sacrifice de l’agneau que l’on devait consommer au temple le soir du seder avec la matsa et le maror (les herbes amères). 1. Le Maharal reprenant des éléments du traité Pessah’im sur la façon dont on devait consommer cet agneau, reprend quatre points : Tout d’abord, la consommation devait se faire dans un lieu unique, L’ensemble des convives devait, pour pouvoir le consommer, être présent au moment où on l’apportait au temple, L’agneau devait avoir moins d’un an. Car, à cet âge, lorsqu’on porte un coup à un endroit particulier de l’animal, c’est l’ensemble du corps qui ressent la douleur, de même lorsque, dans ton équipe, ton sous camp, un des éclais n’est pas bien, c’est l’ensemble de l’équipe ou du sous camp qui par solidarité va lui apporter une attention particulière. L’agneau devait être grillé et non bouilli. Car le fait de bouillir désagrège la viande, alors que le feu permet de saisir la viande. Tout ceci, nous dit le Maharal, montre que le korban Pessah’ désigne l’unité. Unité qui renvoie à l’unité de Dieu. 2. La matsa est le pain minimal, c’est-à-dire sans levain, avec une cuisson minimale. C’est en soi le pain du pauvre. Or une personne pauvre se définit seulement par elle-même. Elle n’est rattachée à rien, à aucun groupe, aucune responsabilité. Elle n’est pas contrainte par des normes sociales, etc.. Donc la matsa désigne ce refus de l’enfermement, elle désigne la liberté. 3. Le maror, au contraire symbolise la servitude, par son goût amer. Remarquons que la racine de maror (mém/rech/ rech) est la même que marér asservir. Donc le maror, c’est l’asservissement. A Pessah’, nous mangeons ces trois aliments ensemble. Or la
matsa et le maror symbolisent des concepts antinomiques, d’un côté, la liberté et de l’autre, la servitude. C’est justement le mélange des trois aliments qui désigne la spécificité du monothéisme juif. L’agneau désigne le monothéisme classique, l’idée de l’unité de Dieu. Mais le judaïsme propose un autre aspect : l’unicité, c’est-à-dire le fait que « les différentes facettes » que Dieu donne à voir à l’homme ne sont pas distinctes en trois entités comme dans le christianisme, mais sont unies en un seul et même « être ». Ainsi le Dieu de la liberté est le même Dieu que celui de l’asservissement. Ou encore comme nous le disons dans la phrase Chéma Israel: l’aspect de Dieu « bonté » (le tétragramme) et celui de justice (Elokhim) forment un tout. Dans le cas de Pessah’, la consommation de l’agneau, de la matsa, et du maror est une forme de reconnaissance de l’unité de Dieu. D’où cette sentence de Rabban Gamliel de proclamer ces trois termes.
Ouvre la porte pour le prophète Elie, ouvre ton esprit ! On raconte que lors d’un Pessah’, Rabbi Menahem Mendel de Kotzk, au cours d’un seder, avaient ses élèves réunis autour de lui. Il demanda à l’un d’eux d’aller ouvrir la porte pour le prophète, comme le veut la tradition. Le hassid exécuta la demande du maître avec empressement et joie. Une fois le texte récité, il referma la porte, et fut déçu de ne pas voir le prophète. Le rabbi lui dit : « Imbécile ! Eliahou ne vient pas par la porte, mais par l’esprit .... ». Quel est le sens de cette réponse qui peut paraitre sévère à l’égard de l’élève ? L’idée du Rabbi était de faire comprendre à son élève que la pratique, l’action ne suffisent pas, il faut aussi comprendre l’intérêt, le sens de l’action. Prenons un exemple : T’es tu déjà posé la question : Pourquoi, aux activités, aux camps la plupart du temps, ton entité de base est l’équipe ? Est-ce simplement pour des raisons pratiques pour les animateurs, ou y’a-t-il un intérêt pédagogique au système en équipe ? Tu pourrais te poser ce type de questions, pour la plupart des choses que nous faisons aux EEIF. Faire, c’est bien, mais comprendre pourquoi, quels principes sous-tendent ces actions, c’est encore mieux.
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Depuis 1984, les EEIF se mobilisent chaque année pour distribuer des centaines de colis afin d’aider les familles nécessiteuses à passer les fêtes de Pessah. Retour en images sur l’opération HSP
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Notes :
[1] Rashbetz : Rabbi Chimon Ben Tsémah Duran (1361-1444). Rabin, Talmudiste, Juge rabbinique. Il exerça essentiellement à Alger. C’est un auteur extrêmement prolixe, il a écrit entre autre deux ouvrages sur Pessah’ : le Maamar Hamet’z sur les lois de Pessah’ et le Pérouch afikomen, commentaire de la Haggadah. Avec le Ribach, le Rachbach (son fils) et Rabbi Yéhouda Ayache, il fait partie de l’âge d’or du judaïsme algérien. [2] Rabbi Yeouda Loew ben Bezalel, dit « Notre enseignant, le Rav Loew » (Morenou HaRav Loew), abrégé en MaHaRaL (dénomination par laquelle il est le mieux connu) est l’un des plus grands Aharonim. Il vécut au seizième siècle (1526 - 1609) à Prague, où l’on peut encore voir sa tombe de nos jours. Il était versé aussi bien dans les grands textes du judaïsme que dans les sciences profanes, en particulier les mathématiques. Il entretenait des liens étroits avec l’astronome Tycho Brahe, dont son élève, David Ganz, fut l’assistant. Suite aux découvertes de celui-ci, il exprima la fameuse formule, qu’en aucun cas la Torah et la science ne peuvent être en conflit, puisque leur domaine n’est pas le même. Il fut également un grand défenseur de la littérature rabbinique allégorique, le Midrash, les Hagadot du Talmud (les récits allégoriques). Son nom a été associé à la légende du Golem, célèbre dans la culture juive d’Europe de l’Est, créature humanoïde d’argile qui se meut si l’on lui appose le nom ineffable de Dieu. Selon les uns, le Maharal a révolutionné les méthodes d’enseignement et d’étude dans les yeshivot (instituts talmudiques) en insistant sur l’ordre de l’apprentissage des textes : Torah d’abord, Mishna ensuite, et après seulement Guemara, chacun servant à comprendre le précédent, ainsi que l’état d’esprit nécessaire à l’étude qui se doit d’être désintéressée. Que ce soit d’un point de vue pratique ou méthodique, il se caractérise par sa clarté et son intégrité. Il entreprend un immense travail de défense de la Torah orale, notamment dans Beer Hagola, pour rendre aux anciens, leurs mérites. C’est un auteur prolixe, qui a écrit entre autres un commentaire sur la Haggadah. Autre élément important, le Maharal fait partie, avec le Ramh’al, des précurseurs de la démocratisation de la kabbale. [3] Le rabbin Samson Raphael Hirsch (20 juin 1808 - 31 décembre 1888) fut une personnalité dominante du judaïsme orthodoxe du XIXe siècle. Assistant au succès grandissant de la réforme du judaïsme, il fut au premier rang de la lutte contre celle-ci. Bâtisseur de la communauté orthodoxe de Francfort-sur-le-Main, il eut une influence décisive sur le judaïsme du XXe siècle en construisant, avec Azriel Hildesheimer, les bases du judaïsme orthodoxe moderne. Fondateur de la première école juive moderne, et premier auteur écrivant en langue allemande moderne en faveur du judaïsme orthodoxe, il défendit, dans ses nombreux écrits, sa conception sur l’intégration d’éléments de la culture moderne dans la structure du judaïsme, une école appelée Torah im Derekh Eretz (hébreu - « תורה עם דרך ארץla Torah ainsi que les voies du pays [de résidence] »), ou parfois néo-orthodoxie.
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E.E.I.F. FĂŠvrier 2010