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tête d’affiche
from Egolarevue ANNECY #7
by Egolarevue
100000 volts
PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY FURER, VINCENT FEUILLET ET AUDE POLLET THIOLLIER PHOTOGRAPHIES DMKF, DIDIER MICHALET & KAREN FIRDMANN, PIERRE VALLET
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La mode, la beauté ou l’art urbain sont des univers différents, mais qui font appel à un ressort commun : créer à des fins de partage. De cette posture qui ne connaît pas de limite, nos trois têtes d’affiche tirent une indéfectible énergie. Rencontre avec trois inventifs talentueux.
LAUREEN SCHEIN
Fondatrice de La belle boucle
Du haut de ses 26 ans, Laureen Schein peut dire merci à ses cheveux bouclés. En décidant de les assumer et d’arrêter les lissages, la jeune Lyonnaise a trouvé sa voie. Partie d’un site web de conseils aux têtes frisées, elle s’apprête, dans quelques semaines, à ouvrir un salon-boutique et à lancer sa marque de produits.
Comment expliquez-vous votre parcours ébouriffant?
À 18 ans, j’ai dit stop aux diktats de la mode plébiscitant les cheveux raides. J’ai rangé mon lisseur et décidé d’assumer ma vraie nature capillaire. Ma rébellion m’a amenée à chercher des produits et des conseils auprès de professionnels et sur internet. Au fil du temps, l’idée de partager mes bons plans a germé et a conduit à la création d’un blog et d’un compte Instagram. Près de 100 000 femmes suivent aujourd’hui mes tutos, contentes de trouver des conseils appropriés. Ce succès m’a poussée à ouvrir ma boutique en ligne spécialisée, en juillet 2010. Résultat, en un an, j’ai enregistré 40 000 commandes pour un panier moyen de 40 à 55 euros.
Quelle est la prochaine étape ?
Un concept de salon-boutique ouvrira dans les prochaines semaines du côté de l’Hôtel de Ville de Lyon, et dans lequel on découvrira les produits de la marque La Belle Boucle. Je travaille avec un laboratoire lyonnais pour élaborer leur formulation et souhaite les produire dans la région. J’ai hâte, mes projets ont pris du retard avec la crise.
Que faites-vous pour vous défouler?
Régulièrement, j’ai besoin de me détacher des écrans et de me reconnecter à la nature. Des balades dans les Monts d’or, les Dombes ou le parc de la Tête d’Or me vident la tête. Je profite des paysages, de la végétation, du calme... Mes promenades me font du bien autant physiquement qu’intellectuellement.
Vous savez ce que vous allez faire une fois les restrictions levées ?
Sans hésiter, direction le restaurant Cinq mains, dans le 5e arrondissement. La cuisine simple et conviviale préparée par Grégory Cuilleron et son équipe me manque.
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LA BELLE BOUCLE labelleboucle.fr
ALAIN-PIERRE MARCHAND
Maître-tailleur
Ego vous emmène dans l’atelier d’Alain-Pierre Marchand, lové au cœur d’Annecy, au fond d’une cour pavée. L’amour du maître-tailleur pour la mode, sa soif d’apprendre et de gravir vite les échelons, sans oublier ses talents aiguilles, lui ont ouvert les portes des maisons de couture parisiennes les plus renommées, telles que Lanvin ou Dior. Rencontre avec un homme passionné, passionnant, ambassadeur de l’élégance.
Ouvrier-tailleur, coupeur, patronnier, modéliste... ce virtuose de la couture a acquis ses galons et façonné son savoir-faire au fil du temps. Son œil averti l’invite à exporter la hautecouture française à travers le monde. Il découvre Annecy lors d’une collaboration avec Fusalp, qui l’y amène régulièrement. Un rythme trépidant pas toujours compatible avec une vie de famille. Alors un jour, il décide de s’installer dans la Venise des Alpes et d’y créer son atelier.
De sa patte, il griffe la première collection pour les filatures Arpin. Les établissements prestigieux tels que Marc Veyrat, Les Airelles, ou La Bastide de Gordes s’inclinent devant l’étoffe de l’artiste et lui confient la création des tenues de leur personnel : chasseurs, concierges, sommeliers...
Aujourd’hui, Tailleur Studio est né. Fort de son expérience, cet « homme heureux », comme il se définit, reçoit ses clients, amateurs, experts et esthètes pour qui il dessine et réalise des vêtements sur mesure dans des tissus d’exception. Dessin, toile, prototype, choix des étoffes... Alain-Pierre Marchand ne laisse rien au hasard, prenant le temps avec chacun de bien cerner ses attentes et sa personnalité.
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TAILLEUR STUDIO Alain-Pierre Marchand 14 rue Royale, Annecy Tél. 06 86 97 56 55
ORBIANE WOLFF
Directrice générale de Superposition
Orbiane Wolff met l’art dans la rue et veut colorer la ville. Son association soutient les artistes qui choisissent de créer des œuvres et des performances artistiques dans l’espace public. Objectifs : valoriser le territoire et permettre aux habitants de se le réapproprier différemment.
Pourquoi souhaitez-vous démocratiser le street-art?
Nous avons créé Superposition avec l’envie de faire de Lyon, une ville incontournable du mouvement street-art. Avec l’association, nous découvrons en permanence des artistes passionnés et passionnants, tous spécialisés dans l’art urbain. L’idée est de mettre en avant la richesse de leur technique et de leur univers, qui est en perpétuelle évolution. Nous les accompagnons via la mise en place d’expositions, la gestion de lieux éphémères... Superposition essaye de faire bouger les lignes auprès des collectivités qui préfèrent soutenir la culture institutionnelle plutôt que les cultures émergentes.
Qu’est-ce que le street-art apporte à une ville ?
L’art urbain et l’urbanisme sont très liés. C’est une belle manière de mettre de la couleur dans la ville tout en respectant le patrimoine. En complément des musées et des galeries, la rue reste le terrain de jeu préféré des illustrateurs, des graffeurs, des peintres et des muralistes. Elle offre un véritable musée à ciel ouvert aux habitants. Beaucoup de Lyonnais redécouvrent des bâtiments et des endroits jusqu’alors inconnus ou jamais mis en valeur, comme l’escalier Mermet réinventé par le street artiste Wenc dans les pentes de la CroixRousse.
Est-ce que le street-art est un exutoire pour les artistes ?
Le street-art a toujours revendiqué la liberté d’expression. Le mouvement est né de la contestation. L’artiste crée pour exprimer un message, un cri auprès de la population sur des sujets comme le réchauffement climatique ou l’exclusion. Son travail est le même qu’un peintre, un cinéaste, un écrivain. Sauf que le street artiste est en lien direct avec son environnement. L’artiste se comporte en citoyen urbain et encourage une démocratie de rue.
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SUPERPOSITION superposition-lyon.com