TESI MAGISTRALE DI DOPPIA LAUREA IN ARCHITETTURA | MASTER'S THESIS OF DOUBLE DEGREE IN ARCHITECTURE

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A ceux que j’aime, toujours proches les uns des autres au-delà de toute distance. A ceux qui sur ce chemin qu’ils m’ont transmis la connaissance et la passion pour l’architecture.



Politecnico di Torino & Ensa | Marseille

Notice de Projet de fin d’études en Architecture

Une Mer de citrons Un Mare di limoni

Étudiant : Eileen Pace Professeur : Christophe Migozzi 2020



Indice 7

Abstract

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Introduction Motivations personnelles

15 40

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Architecture, grammaire de la vie

Chap.I : Saveurs, couleurs, hommes Locus Mediterraneus

Chap.II : Locus societatis

La rue La place Les phénomènes de résilience pour la renaissance urbaine Une nouvelle prise de conscience Chap.III : Bari, Rabat, Marseille

La méthodologie analytique

Bari Le paysage naturel Topographie Les constellations métropolitaines Le paysage urbain Analyse historique Analyse actuelle L’îlot urbain Les phénomènes sociaux Rabat Le paysage naturel Topographie Les constellations métropolitaines


Le paysage urbain Analyse historique Analyse actuelle L’îlot urbain Les phénomènes sociaux_CAS Marseille Le paysage naturel Topographie Les constellations métropolitaines Le paysage urbain Analyse historique Analyse actuelle L’îlot urbain Les phénomènes sociaux Le phénomène de l’urban greening La ville créative Une comparaison dialogique La classification des phénomènes sociaux

171

Chap. IV : La ville créative comme instrument de renaissance FarmCulturalPark

185

Chap. V : L’ autre Panier Manifeste de la Méditerranée Site critiques Stratégies L’analyse du contexte MuCem La Vieille Charité Refonctionnalisation Nouveaux espaces de rencontre

205

Chap. VI : Le programme L’île de la jeunesse L’île des sirènes L’île des artistes L’île des plaisirs Chap. VI : Conclusion

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Remerciements Je tiens à remercier l'architecte et professeur Christophe Migozzi, qui m'a toujours encouragé à continuer, ainsi que mon assistant Simon Forget, qui m'a suivi pendant mon dernier cours, même à distance.

* Les photographies sans source sont prises par l’auteur.



Abstract

Le travail de thèse qui suit s’inscrit dans le cadre de la question de la Méditerranée. L’objectif est de démontrer la relation entre les différents territoires de la zone méditerranéenne et d’identifier les problèmes actuels, en proposant une ligne directrice pour leur résolution future. À cette fin, la méthodologie comparative est adoptée pour trois centres historiques : le quartier de San Nicola di Bari en Italie, la médina1 de Rabat au Maroc et le quartier Le Panier de Marseille en France. Tout en reconnaissant l’appartenance aux différents Etats et Religions des populations considérées, on nie leur extranéité ; au contraire, on affirme avec force leur interdépendance. Réduits à la même mer, ils embrassent et adoptent les mêmes anciennes valeurs sociales, qui émergent de la forma urbis. Pour chaque site considéré, on passe de l’observation du paysage naturel à l’analyse urbaine. Cette dernière se subdivise en une première partie d’interprétation des traces urbaines historiques et une seconde partie de lecture actuelle des lieux pris en analyse. L’étude des traces urbaines de ces zones révèle, en fait, des histoires de stratifications et d’échanges culturels. Les réalités de ces lieux semblent collimater plus qu’on ne peut le penser aujourd’hui. L’intérêt se porte sur ces signes inchangés de l’architecture qui témoignent d’un modus vivendi plus large et reflètent l’identité2 multiethnique méditerranéenne. Le “concept méditerranéen” s’exprime dans la relation dialectique entre les inclusions, les similitudes, les différences, les contrastes et les conflits des populations de la “mer des citrons”. Le support photographique est essentiel à la maturation de la théorie 1  D’après le terme arabe “ville” de madina, le terme désigne la partie ancienne d’une ville islamique. Source : http://www.treccani.it/enciclopedia/medina/ 2  Déf. L’identité architecturale : “Loin d’être un objet statique, l’identité de soi ou de l’autre est un processus historique, social, intellectuel et politique sur lequel intervient profondément et qu’au sein de chaque société se déroule une confrontation impliquant des individus et des institutions”. Livio Sacchi, IX Annexe dans “Encyclopedia Italiana Treccani”, 2015. Source : http://www.treccani.it/enciclopedia/identity-architectural_(Encyclopedia-Italian)/

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UNE MER DE CITRONS

de la Méditerranée, énoncée dans un Manifeste. De l’analyse émergent des réflexions à caractère social qui permettent d’identifier des phénomènes communs aux trois études de cas. La relation constante entre l’anthropologie et l’urbanisme est le Leitmotiv de la recherche. L’objectif est de comprendre les racines profondes des problèmes de ces lieux et de proposer un modèle de ville future, en s’appuyant sur leur capacité intemporelle à se préserver. La recherche théorique permet de classer six paramètres de l’analyse sociale: la présence d’une forte identité collective, la préservation du Genius loci, la collaboration participative entre la municipalité et les habitants, l’interaction entre les différents citoyens, la capacité d’adaptation et la résilience des communautés considérées. Selon les données résultant de la comparaison entre les trois villes selon les critères mentionnés ci-dessus, la zone du projet est limitée au centre historique de Marseille, Le Panier. L’élaboration finale est proposée comme une utopie3 consciente. La conscience de ne pas pouvoir guérir les déficits de la société moderne n’intimide pas la volonté de les remettre en question, ouvrant les portes à de nouveaux scénarios.

3  Déf. : “Formulation d’un ordre politique, social, religieux qui ne se reflète pas dans la réalité mais est proposé comme idéal et modèle ; le terme est parfois assumé avec une valeur fortement limitante (un modèle irréaliste et abstrait), à d’autres moments sa force critique envers les situations existantes et sa capacité positive à orienter les formes de renouvellement social (dans ce sentiment d’utopie était opposé à l’idéologie)”. Source : http://www.treccani.it/vocabolario/utopia/

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Introduction

Motivations personnelles C’est encore l’été quand j’arrive à Marseille. Les rues surélevées qui mènent à la ville laissent émerger les blocs de béton prédominants dans le style de l’Unitè1. Une fois au centre, le paysage a déjà changé : des rues longues et étroites, encadrées par de vieux bâtiments alignés, suivent les dénivellations naturelles du lieu. La rue Canebière, où l’on dit que la Marseillaise est née, mène directement notre regard sur le Vieux Port. Avant que le bleu du ciel ne se réconcilie avec la mer, différentes couleurs s’interposent : les vêtements orientaux de certains passants se détachent au soleil, ainsi que les nuances des épices de la “Saladin Epices du Monde”. Les odeurs et les sons dialectales aident à fixer cette image dans mon esprit, même si le vrai protagoniste est la multitude de personnes. Contrairement au stéréotype parisien, ici la foule française n’est pas pressée, elle semble au contraire ferme, partie intégrante du paysage urbain. Qui est assis pour déguster un savoureux thé marocain, qui se dispute avec animation devant un bureau de tabac, qui fait la queue pour une glace italienne. Même ceux qui traversent la route ne semblent pas pressés, ce qui irrite les conducteurs. L’atmosphère me rappelle sans aucun doute ma ville, Bari. Je retrouve les mêmes couleurs chaudes et le mistral frais. La confusion humaine est pour moi la règle du lieu où je me sens “chez moi”. Le bâtiment environnant est cependant très différent de ce à quoi je suis habitué. Le regard de mes parents, qui m’ont accompagné depuis chez moi ici, confirme mes sentiments. Entre la facilité de ceux qui se reconnaissent dans leurs attitudes et l’émerveillement pour la nouveauté, nous entrons dans le marché arabe de “Noialles”. L’environnement exotique me transporte au “Suq”2 (‫ )قوس‬marocain, visité l’année précédente lors d’un voyage en voiture suggestif, une traversée d’un mois du Nord au Sud du Maroc, en 1  Le terme fait référence à l’Unité d’Habitation (1947-52), le complexe résidentiel conçu par l’architecte suisse Le Corbusier, pionnier du mouvement moderne en architecture. 2

Terme arabe indiquant l’activité et le lieu du marché, généralement la rue pleine de bazars et de boutiques.

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UNE MER DE CITRONS

compagnie de quatre amis de différentes nationalités. Le seul mélange d’images éveille immédiatement ma curiosité. Je décide de suivre à l’Université de Marseille (grâce à un programme Erasmus de Double Diplôme avec le Polytechnique de Turin) un cours “Sur la Méditerranée”, qui me ramènera sur mes pas au Maroc, cette fois à Rabat-Salè. A partir de là, mes suggestions se transformeront en une recherche de principes méditerranéens dans les traces urbaines entre Bari, Marseille et Rabat-Salè. Je les trouverai dans leurs centres historiques. Architecture, grammaire de l’habitat La pensée d’une communauté détermine la construction de son environnement, qui à son tour influence le mode de vie de sa société (il est difficile de savoir ce qui naît de quoi). L’environnement peut se référer à une zone circonscrite ou à un territoire plus vaste. Plus elle est définie, plus le processus d’identification de la “communauté constitutive”, archétype des civilisations qui en sont issues, est complexe3. Les valeurs d’une société s’installent et dessinent son évolution dans le temps, elles persistent entre les époques et entre les personnes, donnant forme à l’image collective. Dans quelle mesure peut-on parler d’une identité unique ? Elle ignore les frontières géopolitiques qui définissent les différents États et répond surtout aux règles environnementales et aux faits historiques. En supposant a priori l’identité de la Patrie, il s’agit ici d’identifier l’identité liée au Territoire. Et où chercher cette identité originale si ce n’est dans le patrimoine historique des villes ? De plus, en admettant la spécularité entre environnement et civilisation, quelles sont les implications spatiales en ce qui concerne les questions sociales (et vice versa)? La thèse suivante omet les aspects purement typologiques et se concentre sur la lecture anthropologique des espaces collectifs des villes, en gardant la même méthodologie comparative. Les anciens noyaux des agglomérations urbaines de Rabat-Salè au Maroc, Bari en Italie et Marseille en France, respectivement la médina, San Nicola et Le Panier, sont analysés. Il s’agit plus précisément d’identifier, à travers les empreintes de la “grammaire urbaine” des centres historiques, les phénomènes sociaux qui inscrivent différentes villes dans un même espace. Nous chercherons les réponses aux questions dans les centres historiques, car, dans les trois études de cas, ils ont suffisamment préservé le dualisme artefact-communauté. Le choix de se concentrer sur les centres historiques découle donc de l’observation de la fidélité de l’environnement bâti aux critères généraux de la société ou, pour citer Aldo Rossi, aux “caractères de permanence”4. L’analyse des tracés urbains révèle les stratifications et les imbrications culturelles. Le bâtiment révèle la dichotomie entre l’individu et la collectivité, entre la propriété privée et l’espace public. Dans la dernière partie, le cadre 3  La recherche philosophique offre à cet égard de précieuses pistes de réflexion. G. Rose, L. McDowell, Paasi, R. Sack, G. H. Henrik, D. H. Kaplan et bien d’autres ont analysé la relation mutuelle entre l’identité et le lieu d’un point de vue géographique, phénoménologique et psychologique. Les investigations varient de la sphère intime individuelle à la dimension collective, par l’observation à différentes échelles locales, régionales, nationales et supranationales, selon les perspectives de l’environnement, de la fonction, du sexe, de la race, de la classe et de l’âge. 4

Voir A.Rossi, L’architettura della città, Quodlibet, Macerata, 2011.

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Introduction

de l’étude est limité au centre historique de Marseille, objet de l’élaboration du projet. La préférence de ce site par rapport aux autres est dictée par la concaténation de deux facteurs : d’une part, la présence sur le site entraîne une préférence pour celui-ci, d’autre part, les événements récents en matière d’actualité criminelle5 mettent en évidence la forte nécessité d’une intervention opportune et suscitent des réflexions morales. En ce sens, la théorie de la Méditerranée n’est pas une fin en soi, mais vise à souligner la proximité entre les peuples de la Mare nostrum et à définir les responsabilités morales de chaque citoyen envers son voisin, terre et mer. L’objectif est de redonner à la société moderne un artefact plus en phase avec la vie quotidienne et d’utiliser l’outil du design pour canaliser les valeurs humanistes et revenir à une dimension plus durable. Il est nécessaire d’échapper à un imaginaire collectif ancré à des paradigmes futiles et faux et de travailler ensemble au progrès de la société mondiale. On pense que le rôle de l’architecte est de construire un environnement prêt à accueillir une société pacifique. Seule la connaissance de l’histoire permet d’éprouver de l’empathie pour une communauté en constante transformation et de répondre à ses besoins. L’architecture peut participer à l’union, comme à la désintégration. La contribution personnelle est d’imaginer, dans ce travail, des solutions pour les villes et les personnes de demain, à partir d’aujourd’hui, dans le “Pays où fleurissent les citrons”6.

5  Il s’agit de l’effondrement, le 5 novembre 2018, de deux bâtiments du quartier arabe de Noialles, plus précisément de la via Rue d’Aubagne ; l’accident a causé la mort de huit habitants, dont une jeune Italienne. 6

J. W. Goethe, Connaissez-vous le pays où fleurissent les citrons ?

Connaissez-vous la ville où fleurissent les citrons ? Les oranges dorées brillent parmi les feuilles sombres. Une douce brise du ciel bleu souffle, Le myrte est toujours, le laurier est haut ! Le connaissez-vous ? Là-bas ! Là-bas ! O ma bien-aimée, avec toi j’aimerais partir ! Connaissez-vous la maison ? Sur les colonnes, le toit repose, la grande salle brille, les pièces étincellent, Alte me regarde les effigies de marbre : Que t’ont-ils fait, mon pauvre enfant ? La connaissez-vous ? Là-bas ! Là-bas ! Ô mon protecteur, je voudrais t’accompagner. Connaissez-vous la montagne et le sentier impraticable ? La mule dans la brume cherche son chemin, Dans les grottes se cache l’ancienne lignée des dragons, la roche tombe et au-dessus d’elle la vague : Le connaissez-vous ? Là-bas ! Là-bas, Montre-nous le chemin, allez, mon père ! Source : https://www.arteinworld.com/conosci-tu-il-paese-dove-fioriscono-i-limoni-i-versi-di-goethe-per-la-giornata-mondiale-della-poesia/

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UNE MER DE CITRONS

LE PANIER

E RU

B NE CA

E IER

NOIALLES VIEUX PORT

300

100 0m

200

500

400

I. Marseille, plan de la ville. Les quartiers centraux sont soulignés par des boîtes noires : le centre historique Le Panier à gauche, le Vieux Port, le quartier arabe de Noialles et la rue principale Rue Canebière.

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Introduction

II. Marseille, zoomez sur les quartiers historiques mis en évidence dans la figure précédente avec la boîte noire. Voir le paragraphe “Motivations personnelles” dans l’introduction. 300

100 0m

200

500 400

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UNE MER DE CITRONS

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CHAP. I Saveurs, couleurs, hommes

‫البحر األبيض املتوسط‬ Che il Mediterraneo sia Quella nave che va da sola Tutta musica e tutta a vele Su quell’onda dove si vola Tra la storia e la leggenda Del flamenco e della taranta E tra l’algebra e la magia Nella scia di quei marinai È quell’onda che non smette mai Che il Mediterraneo sia Andare, andare, simme tutt’eguale Affacciati alle sponde dello stesso mare E nisciuno è pirata e nisciuno è emigrante Simme tutte naviganti Allez, allez, il n’y a pas de barrières Nous sommes tous enfants de la même mer Il n’y a pas de pirates, il n’y a pas d’émigrant Nous sommes tous des navigants Che il Mediterraneo sia ‘Na fortezza ca nun tene porte Addo’ ognuno po’ campare D’a ricchezza ca ognuno porta Ogni uomo con la sua stella Nella notte del Dio che balla E ogni popolo col suo Dio Che accompagna tutti i marinai Quell’onda che non smette mai 15

Que la Méditerranée soit Ce navire va seul Toute la musique et toutes les voiles Sur cette vague où vous volez Entre histoire et légende Flamenco et taranta Et entre l'algèbre et la magie... Dans le sillage de ces marins C'est cette vague qui ne s'arrête jamais Que la Méditerranée soit Allez, allez, tout de même simme Face aux rivages de la même mer Et nisciuno est un pirate et nisciuno est un émigrant Simme tous les marins

Que la Méditerranée soit Une forteresse sans portes Il a fait vivre tout le monde... D'a richesse ca tout le monde apporte Chaque homme avec son étoile Dans la nuit du Dieu qui danse Et chaque peuple avec son Dieu Accompagnement de tous les marins Cette vague qui ne s'arrête jamais


UNE MER DE CITRONS Que la Méditerranée soit Che il Mediterraneo sia Allez, allez à la même fête Andare, andare alla stessa festa D'une musique faite de personnes différentes Di una musica fatta di gente diversa De Naples, qui invente la mélodie Da Napuli, che inventa melodia Aux tambours de l’Algérie Allez, allez à la même fête D’une musique qui va et ne jamais s’arrête De Naples, qui invente sa mélodie Aux tambours de l’Algérie Que la Méditerranée soit Che il Mediterraneo sia Ce navire qui a toujours été Quella nave che va da sempre Naviguer entre le nord et le sud Navigando tra nord e sud Entre l'Est et l'Ouest Tra l’Oriente e l’Occidente Et dans la mer des inventions E nel mare delle invenzioni Cette boussole pour naviguer Quella bussola per navigare Nina, Pinta et Santa Maria Nina, Pinta e Santa Maria C'est le courage de ces marins È il coraggio di quei marinai C'est ce voyage qui ne s'arrête jamais È quel viaggio che non smette mai Que la Méditerranée soit Che il Mediterraneo sia ‫البحر األبيض املتوسط‬ ‫البحر األبيض املتوسط‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ ‫ ال اله إال الله‬،‫ال اله إال الله‬ ‫ال حدود بني أحباب وال قسمة لألبحار‬ Que la Méditerranée soit Che il Mediterraneo sia Ce navire va seul Quella nave che va da sola Entre l’avenir et la poésie Tra il futuro e la poesia Du sillage de ces marins Dalla scia di quei marinai C’est cette vague qui ne s’arrête jamais È quell’onda che non smette mai Que la Méditerranée soit Che il Mediterraneo sia Che il Mediterraneo sia, Eugenio Bennato, 20021 1

Source: www.musixmatch.com/.../EUGENIO-BENNATO-1/Che-il-Mediterraneo-sia

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Saveurs, couleurs, hommes

1. Bari

2. Rabat

3. Marseille

Les photographies présentées ici en séquence ont pour but de documenter les similitudes des villes considérées en termes de forme urbaine, d’utilisation de l’espace et d’habitants. Elles sont fonctionnelles à la recherche d’une identité méditerranéenne commune.

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UNE MER DE CITRONS

4. Ruelle, Bari Vecchia

5. Ruelle, Rabat, Qasba al-Wudayya

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6. Ruelle, Marseille, Le Panier


Saveurs, couleurs, hommes

7. Pierre, Bari Vecchia

8. Pierre, Rabat, Chellah

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9. Pierre, Marseille, Le Panier


UNE MER DE CITRONS

10. Proue, Bari, N’ dèrr’a la lanze

11. Proue, Rabat, Bou Regreg

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12. Proue, Marseille, Vieux Port


Saveurs, couleurs, hommes

13. Couleurs, Bari Vecchia

14. Couleurs, Rabat, Medina

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15. Couleurs, Marseille, Le Panier


UNE MER DE CITRONS

16. Saveurs, Bari, N’ dèrr’a la lanze

17. Saveurs, Rabat, Medina

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18. Saveurs, Marseille, Saladin Épices du Monde


Saveurs , couleurs, hommes

19. Animaux, Bari Vecchia

20. Animaux, Medina de Rabat

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21. Animaux, Le Panier Marseille


UNE MER DE CITRONS

22. Femmes, Bari Vecchia

23. Femmes, Salè, Medina

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24. Femmes, Marseille, Vieux Port


Saveurs , couleurs, hommes

25. Hommes, Bari, N’ dèrr’a la lanze

26. Hommes, Rabat-Salè.

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27. Hommes, Marseille, Le Panier


UNE MER DE CITRONS

28. Mani, Bari Vecchia

29. Mani, Rabat, Chellah

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30. Mani, Marseille, Le Panier


Saveurs , couleurs, hommes

31. Focaccia, Bari Vecchia

32. Harcha, Medina de Rabat

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33. Panisse, Le Panier Marseille


Locus Mediterraneus Dans toutes les langues, la mer Méditerranée a le sens de “mer entre les terres”, du latin Mediterraneus à l’arabe al-Bar al-Abya al-Mutawassi, ‫“( البحر األبيض‬mer blanche moyenne”), ou du berbère ilel Agrakal, au nom hébreu Hayam Hatikhon ; pour indiquer sa conformation géographique particulière, qui conduit à son tour à l’identifier non pas comme une barrière entre des territoires éloignés, mais comme un carrefour d’échanges maritimes et culturels, de conflits et d’unions, qui se sont succédé de manière cyclique depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Histoire des histoires essentielles à la formation des civilisations de l’Occident, du Moyen-Orient et du Proche-Orient. L’idée de la Méditerranée comme “berceau de la connaissance” à l’essence presque mystique a été racontée par des artistes, des écrivains, des voyageurs venus d’Orient et des touristes de toutes les époques et de toutes les origines ; de l’héritage classique d’Homère, puis de Virgile, de Delocroix et même de la littérature nord-européenne. On pourrait citer Goethe, Schinkel, Braudel et bien d’autres, mais il suffit de réfléchir à l’étymologie du Mittelmeer allemand (“mer moyenne”), qui évoque une fois de plus l’image d’un pont socioculturel. Le thème du voyage en Méditerranée continue de fasciner les utilisateurs de tous les temps, perdus dans l’admiration du lien symbiotique entre la nature, l’architecture vernaculaire et le modus vivendi caractéristique des populations côtières. Le livre “Luoghi e Architetture del Mediterraneo, Viaggiatori alla scoperta del Genius loci”, d’A. Scarano1, offre un vaste répertoire des “errances” faites dans l’histoire “d’un océan à l’autre2” par de nombreuses personnalités et définit de manière exhaustive la notion de paysage. Dans les travaux suivants, nous partirons également de l’observation de lieux naturels, sur lesquels se sont formés les établissements d’intérêt. La définition du paysage dans le “Grand Dizionario della lingua italiana” (Grand Dictionnaire de la langue italienne) est la suivante : “Chaque zone du territoire et de son environnement, caractérisée (d’une manière historiquement dynamique, même si c’est surtout dans un temps long ou même très long) par une certaine forme et un certain aspect dus aux forces naturelles (physiques ou biologiques) et, dans les zones où vivent les établissements humains, à l’interaction entre ces forces et les activités historico-culturelles (agricoles, de construction, économico-industrielles, etc.) de l’homme visant à modifier le même territoire et son environnement afin de les adapter à ses propres besoins”3. Cette déclaration montre clairement l’équilibre commun entre l’entité environnementale et l’entité humaine. La “thalassa” grecque aduna compte 450 millions d’habitants sur une étendue d’environ 46 000 kilomètres de côte, et dans son bassin elle comprend de nombreuses mers : la Marmara, l’Alboran, les Baléares, la Ligurie, la mer Tyrrhénienne, la mer de Sardaigne, la Sicile, l’Adriatique, la mer Ionienne, la mer Égée, la mer de Libye et la mer de l’Est4. Il est l’archétype d’autres territoires : la 1  A. Scarano, Lieux et architecture de la Méditerranée. Voyageurs découvrant le genius loci, édition illustrée, Gangemi, Rome, 2006. 2  C. Brandi, Da mare a mare, dans “Pellegrino di puglia”, images de R.Gattuso, Roma-Bari,Editori Laterza, 1979, p.58. 3

S. Battaglia, Grande Dizionario della lingua italiana, Paesaggio, in Vol. XII, Utet, Turin, 1984, p. 347.

4  Toutes les informations géographiques de ce paragraphe sont tirées de : https://it.wikipedia.org/wiki/Mar_ Mediterraneo, consulté le 3.09.19. Données historiques et littéraires extraites de : http://www.treccani.it/export/sites/ default/scuola/lezioni/storia/MEDITER- RANEO_BASSO_MEDIOEVO_Lection.pdf

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Saveurs , couleurs, hommes Méditerranée australasienne, l’océan Arctique, la Méditerranée américaine et la région de l’Europe centrale, qui peut être définie comme une sorte de Méditerranée terrestre5. Les frontières de la “Mare Internum” ne se limitent pas au détroit de Gibraltar (dont la légende est liée au mythe des Piliers d’Hercule, selon Sergio Frau6), à l’Europe du Sud, à l’Afrique du Nord et à l’Asie occidentale ; elles dépassent la dimension purement physique et s’étendent à l’imaginaire collectif qui a façonné l’identité de multiples populations, même éloignées, qui se distinguent, entre autres facteurs, par leur langue et leur religion. C’est dans cette acropole sans frontières que les trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, se sont “touchées”, laissant leur empreinte dans la trace historique urbaine, comme nous le verrons plus tard. Le cœur bleu battant en permanence dévoile l’identité de la “coopérative du bonheur”7 qui, se déplaçant de façon désordonnée dans les rues visibles et intangibles, définit un espace politique, intellectuel et spirituel. “La Méditerranée est un ensemble de routes maritimes et terrestres reliées entre elles, et donc de villes qui, des plus modestes aux moyennes, se tiennent toutes la main. Des routes et encore des routes, c’est-à-dire tout un système de circulation. C’est grâce à ce système que nous pouvons comprendre pleinement la Méditerranée que nous pouvons définir, dans toute sa plénitude, un espace-mouvement”8.

1. Mediterraneo,Franco Fontana, 1988

5

G. La Delfa, Abitare il Mediterraneo, Turin, 2015.

6  S. Frau, journaliste italienne à La Repubblica depuis 1976, identifie le lieu mythique avec le détroit de Gibraltar, dans l’essai Les Piliers d’Hercule - Une enquête. La première géographie. Une histoire différente, Nur Neon.o, 2002. L’écrivain cite son maître H.I. Marrou pour définir l’union des différentes populations de la Méditerranée. 7

G. Duby, Les idéaux de la Méditerranée, Mésogea, Messine, 2000, p. 12.

8

F. Braudel, Il Mediterraneo, lo spazio e la storia-gli uomini e la tradizione, Bompiani, Milan, 1987, p. 51.

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UNE MER DE CITRONS

Bennato chante le Mare Nostrum comme “ce navire qui va seul, [...] Entre l’histoire et la légende [...] Et entre l’algèbre et la magie, dans le sillage de ces marins, il y a cette vague qui ne s’arrête jamais”9. L’esprit du lieu ressort clairement des paroles de l’auteurcompositeur-interprète napolitain, ainsi que de ses qualités de puissance éternelle générant la connaissance et unifiant les hommes. Il peut également être défini avec le Genius loci romain, “l’esprit gardien qui donne la vie aux peuples et aux lieux, les accompagne de la naissance à la mort et détermine leur caractère ou leur essence”10. L’identification d’un peuple provient du sentiment d’appartenance à un certain territoire, par conséquent l’habitation n’est pas la manifestation, mais le présupposé nécessaire de l’existence. La valeur du lieu s’éloigne du sens littéral de la localisation géographique et désigne plus précisément le bagage de biens immatériels, c’est-à-dire une certaine aptitude à vivre et à expérimenter l’espace environnant, animée par des traditions populaires. Ces facteurs sont traduits en principes permanents, car ils peuvent être extrapolés à partir d’une situation locale donnée et peuvent être replacés dans un contexte plus général. “Mais notre vie comprend aussi des phénomènes plus intangibles comme les émotions. C’est la donnée, le contenu de notre existence”11. Les émotions, dont parle Schulz, permettent l’identification de l’individu dans d’autres sites ayant des caractéristiques similaires ; c’est ce sentiment de familiarité exprimé précédemment comme “sentiment d’appartenance”. L’architecte que nous venons de mentionner souligne le dualisme entre lieu et fonction, en analysant l’expression “avoir lieu”, couramment utilisée pour spécifier une activité, dotée d’un but. On peut dire que l’existence est intrinsèquement liée à l’espace, au lieu, à l’architecture. Heidegger, en revanche, avait déjà mis en évidence la corrélation étymologique du germanique “construire” (“ich baue”, je construis) et “être” (“ich bin”, je suis), inspirant ensuite la pensée de la psychologie environnementale du XXe siècle12. D’innombrables personnalités13 se sont ensuite interrogées sur la relation identitaire entre le paysage naturel et la création urbaine et semblent généralement d’accord avec la conception schultienne du Genius loci, compris comme le reflet des éléments naturels dans l’environnement artificiel. A cet égard, il convient de mentionner les travaux récents de D. Seamon14 du Département d’architecture de l’Université d’Etat du Kansas, qui classe six modes de relation de l’homme avec le lieu (interaction, identité, intensification, réalisation et libération) à partir de l’observation des trois dimensions du lieu : géographique et construit ensemble, la composante humaine, constituée par la pensée et l’action de l’individu et du groupe, et enfin le Genius loci. La tentative consiste à clarifier de manière systématique la complexité liée à l’expérience de vivre un lieu circonscrit. De même, à l’épilogue de la présente analyse, six indicateurs phénoménologiques seront 9

Source: www.musixmatch.com/.../EUGENIO-BENNATO-1/Che-il-Mediterraneo-sia

10

C. Norberg-Schulz , Genius loci, Electa, Milano, 1992, p. 18.

11

là, p. 6.

12

Voir note de bas de page 3, p. 4.

13  Nous nous référons au philosophe britannique Bennet, à la théorie de Bachelard, aux études phénoménologiques (1997-2008) de Casey, Malpas, Mugerauer, Stefanovic. 14  D. Seamon, Place, Place Identity, and Phenomenology: A Triadic Interpretation Based on J.G. Bennett’s Systematics, in “The Role of Place Identity in the Perception, Understanding, and Design of Built Environments”, Bentham Science, 2012.

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Saveurs , couleurs, hommes identifiés, qui permettront de conférer arbitrairement des valeurs quantitatif aux résultats qualitatifs obtenus, fonctionnel à une vue d’ensemble. L’intérêt est donc dirigé vers la dimension anthropologique de la vie quotidienne, dans des contextes, ceux des centres historiques pris en compte dans l’analyse, où le triple lien homo-urbanité-nature est encore présent. On pense que le rôle de l’architecture est de protéger les Genius loci de l’environnement naturel à travers l’environnement bâti, intense non seulement en termes matériels. Le Corbusier déclare également que l’objectif de l’architecture est en premier lieu de susciter une émotion chez l’utilisateur, une intention possible, selon lui, lorsque l’œuvre architecturale est en harmonie avec les lois naturelles15. En partant du principe que la vie est le fondement de l’existence, il est indiqué dans l’ouvrage suivant que chaque lieu, bien que présentant des modes de vie différents, peut être rattaché à des principes généraux qui se reflètent dans l’environnement naturel de référence. Le théoricien norvégien classe, dans le volume “Genius loci”, les prototypes de paysage naturel et artificiel : dans le Paysage cosmique, dont le désert du Maroc est le modèle exemplaire, les éléments naturels de la terre, du ciel et du soleil contribuent à créer chez l’individu une expérience absolue, qui se traduit par un contexte architectural avec ordre et abstraction, réalisé à travers un espace géométrique et labyrinthique. “Le caractère de l’architecture comique est essentiellement abstrait : elle échappe à la présence du plastique et tend à dématérialiser les volumes et les surfaces, grâce à des décorations de tapis (mosaïque, carreaux vitrifiés, etc.) et à l’introduction de motifs géométriques complexes. [...] L’approche cosmique atteint son expression maximale dans l’architecture islamique. La ville arabe est constituée d’une combinaison d’espace géométrique et d’espace labyrinthique ; alors que les principaux bâtiments publics sont basés sur la grille orthogonale (mosquée, madrasa), les quartiers résidentiels sont labyrinthiques. Cela confirme les origines désertiques de la culture islamique et de la structure sociale de la colonie arabe, qui sont après tout deux aspects d’une même totalité. La présence abstraite de l’horizontal et du vertical (le minaret), concrétise l’ordre général et fournit une première suggestion du caractère cosmique. Dans les espaces intérieurs, ce personnage devient un modèle idéal : un paradis de blanc, de vert et de bleu ; les couleurs de la lumière pure, de la végétation et de l’eau qui représentent la destination du voyage dans le désert”16. Le même concept passe sous le nom d’”Architecture illusionniste” dans l’œuvre d’Oleg Grabar17, qui exalte la relation entre décoration et forme architecturale dans le monde islamique, qui a commencé, selon John Hoag, sous la dynastie califale omeyyade et s’est développée avec les Abbassides (du 5e au 13e siècle), puis s’est répandue sur tout le territoire arabe18. 15

Le Corbusier, Vers une Architecture, Cres, Parigi, 1923.

16

C. Norberg-Schulz , Genius loci, Elemond Editori Associati-Electa, 1992, p. 36.

17

O. Grabar, The formation of Islamic Art, in “New Haven and London”, Yale University Press, 1973.

18

J. Hoag, Architettura islamica, Electa, 1978, p. 19.

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UNE MER DE CITRONS

Le paysage cosmique naturel

1. Roadtrip, Désert marocain. Exemple de paysage cosmique : le désert du Maroc, où les éléments naturels de la terre, du ciel et du soleil contribuent à créer une expérience absolue chez l’individu, ce qui se traduit par l’architecture labyrinthique typique de ces territoires. La photo a été prise près d’une oasis, autour de laquelle se trouve un village encore habité aujourd’hui selon une tradition millénaire ; de la photo, on peut observer les hommes qui rentrent chez eux au coucher du soleil.

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Saveurs , couleurs, hommes

Le paysage cosmique artificiel

2. Roadtrip, Ait-Ben-Haddou, Site du patrimoine mondial de l’UNESCO, désert du Sahara. Exemple d’une colonie labyrinthique. L’architecture des villages islamiques est caractérisée par la conformation labyrinthique, qui fait référence au paysage cosmique du désert. Il contraste avec les espaces intérieurs des maisons, comme les cours, décorées de mosaïques et de couleurs vives, blanc, vert et bleu ciel, pour rappeler les éléments naturels de la lumière, de l’eau et de la végétation.

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UNE MER DE CITRONS

L’architecture illusionniste

3. Roadtrip, Corte Ryad, Marrakech. Exemple de cour intérieure, d’où émerge clairement la présence de décorations en mosaïque avec un motif géométrique et des couleurs vives (blanc, vert et bleu). Il met également en évidence la présence de la végétation et de l’eau, éléments symboliques de l’architecture islamique, qui renvoient à la dimension divine. Si les extérieurs représentent le voyage dans le désert, les intérieurs représentent la destination, le rayonnement de l’oasis.

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Saveurs , couleurs, hommes

L’architecture illusionniste

4. Roadtrip, Interno Ryad, Fez. Dans de nombreux cas, comme dans l’exemple montré, les cours sont couvertes et transformées en intérieurs. Cependant, les éléments symboliques persistent, comme la végétation et la fontaine, typiques de la culture marocaine.

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UNE MER DE CITRONS

L’architecture labyrinthique

Concept du labyrinthe. Représentation conceptuelle de l’architecture des médinas islamiques, qui rappellent le paysage comiste. Cette architecture est caractérisée par des formes géométriques complexes et des parcours labyrinthiques ; de la représentation émerge la grille de base orthogonale, adoptée à différents degrés également dans la composition des nouveaux quartiers urbains des villes considérées (pensons au quartier de Murano à Bari ou à la “ville nouvelle” de Rabat, comme décrit dans le paragraphe suivant). On peut dire que la médina est un modèle en ce sens. Le seul élément de distinction est donné par le minaret, présent de manière très répandue dans la ville historique afin de rappeler chaque croyant à la prière. L’analyse urbaine de la médina de Rabat (fig.7) montre la présence de multiples minarets, répartis dans le cas précis selon une logique de réverbération du son sur l’ensemble du noyau historique.

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Saveurs , couleurs, hommes Des stratégies architecturales similaires, telles que l’utilisation de la grille géométrique, ont été adoptées des siècles plus tard dans la composition de nouveaux quartiers urbains, pensez au quartier de Murano à Bari ou à la ville coloniale de Rabat. “À Bari, la ville ancienne et la ville de Murat sont deux faits extrêmement différents, sans presque aucune relation ; la ville ancienne ne s’est pas étendue, son noyau a été absolument défini comme une forme. Seule sa route principale, qui la reliait au territoire, est apparue intacte et permanente dans le tissu des murs”19. Dans la capitale marocaine, la composition de l’intrigue moderne doit être confiée à des personnages français de l’époque coloniale. “Lyautey a mené un raisonnement géopolitique complexe aux côtés de géographes et d’urbanistes, afin qu’ils coopèrent à la mise en valeur d’un pays qui, selon lui, avait un fort potentiel de croissance et de développement, ou plutôt, participait à ce que la littérature de l’époque célébrait comme le “réveil” du Maroc. Il voulait modifier les centres urbains du pays par la construction d’une ville européenne séparée et distincte de la ville arabe. La “ville nouvelle”, la nouvelle ville moderne, ne remplacerait pas l’ancienne mais serait placée côte à côte avec elle, créant un espace vide entre les deux, entre la médina et la ville nouvelle, ce qui, étant facilement défendable, permettrait de maintenir l’ordre public. Mais dans cette volonté de séparer deux sociétés urbaines, Lyautey exprime aussi son idée que la société marocaine a ses propres valeurs, des hiérarchies à sauvegarder. La politique urbaine de Lyautey était donc fondée sur trois principes clés : la séparation de la ville nouvelle de la médina ; la mise en valeur des sites et monuments urbains représentatifs de l’histoire du Maroc ; et l’application des concepts les plus modernes de l’urbanisme à la ville neuve”20. Les concepts français d’urbanisme ont transformé à plusieurs reprises le visage des plus grandes villes du pays, à commencer par les œuvres de Napoléon Bonaparte, et la “Capitale du Sud” de la France, Marseille, ne fait pas exception. Bari Vecchia et Le Panier proposent, au contraire, les ruelles étroites et labyrinthiques typiques de la Médina, ses couleurs, ses matériaux. Cette coïncidence se retrouve également dans le climat doux de ces lieux, dans la position stratégique de leurs centres historiques, près de la mer, et dans la structure hiérarchique des villes anciennes. En fait, dans la culture islamique, la structure de la ville était tripartite à Kalaa (la ville haute), Medina (la zone consolidée) et Ribat (les banlieues), ainsi que dans le système médiéval des villes du sud de l’Italie (château, centre historique et banlieues)21.

19  A. Rossi, L’architettura della città, p. 117. Voir l’axe diagonal représenté schématiquement dans le deuxième encadré en haut à gauche du graphique 6. , p. 73. 20  R. Borghi, Réflexions sur le sens du lieu : le cas de la place de la Jamaa à la Fna de Marrakech, dans le “Bollettino della Società geografica italiana”, 2005, p. 6. Source : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01483053/document . 21  D. Catania, G. A. Neglia, C. Rubini, Città, territorio, architettura. Appunti per una Bari “immaginaria”, in “U+D urban form and design”, n. 05/06-2016, p. 108.

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UNE MER DE CITRONS

Les cartes historiques

1913, Carte de la ville de Bari, tirĂŠe des 1923, Carte de la ville de Rabat, source 1922, Carte de la ville de Marseille, de archives de la ville de Bari. : https://www.rabat-maroc.net/tous-les- BibliothĂŠque nationale de France. plans-de-rabat/.

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Saveurs , couleurs, hommes

La trame urbaine

Les grilles de la ville, maillage historique et première extension (respectivement Bari, Rabat, Marseille). La schématisation montre clairement la composition différente de l’ancienne et de la nouvelle ville des trois agglomérations considérées. De gauche à droite, le réseau urbain est progressivement moins marqué. Plus précisément, dans le cas de Bari, la division entre la partie ancienne et la partie moderne est clairement distincte ; le seul axe de liaison est donné par la diagonale de la Strada Dietro Tresca, qui devient la Via San Francesco D’assisi, puis la Via Francesco Crispi et la Via Bruno Buozzi dans le quartier de Murano. Pour Rabat, la parcelle moderne est reliée à la médina par deux artères, l’avenue Mohammed V et la rue Sidi Fateh, qui devient ensuite l’avenue Allal Ben Abdellah. Le motif géométrique utilisé dans la “ville nouvelle” de Rabat est moins régulier que dans la première étude de cas, car une logique de continuité visuelle a été utilisée dans sa composition (de chaque bâtiment public moderne, on peut voir le centre de la vieille ville). Dans le cas de Marseille, la trame urbaine est moins radicale, probablement en raison des multiples gradients territoriaux. Pour plus de détails, voir la section sur l’analyse urbaine.

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UNE MER DE CITRONS

Les recherches théoriques menées jusqu’à présent ont permis de définir la Méditerranée non seulement en termes géographiques, mais aussi en fonction de sa valeur politique, intellectuelle et spirituelle, ce qui en fait un archétype pour d’autres territoires. L’environnement en question a eu historiquement le sens d’un pont socioculturel, qui a permis la naissance d’une identité collective composée de multiples traditions et groupes ethniques, qui se sont influencés les uns les autres au cours de l’histoire. Les multiples populations qui habitent le bassin ont, en effet, d’une part des caractéristiques culturelles définies et différentes, comme la langue et la religion, d’autre part des éléments de contact qui permettent l’identification de l’individu dans les principes permanents, ainsi définis par Rossi ; dans ce processus d’identification entre en jeu la composante émotionnelle, le sentiment de familiarité et de “chez soi”, tels qu’exprimés par Schulz, Le Corbusier, Rose et en général par les géographes, les psychologues et les urbanistes du XXe siècle. Les points de contact des populations méditerranéennes se manifestent dans la façon dont elles vivent dans les villes et sont intrinsèquement liés à l’environnement naturel méditerranéen. Le lien profond entre identité, nature et paysage artificiel a été abordé par de nombreuses personnalités du monde littéraire. À cet égard, les thèmes les plus pertinents ont été rapportés, tels que le voyage en Méditerranée, la relation étymologique entre “être” et “vivre”, traitée parmi beaucoup par Heidegger, du Genius loci, traité en profondeur par Schulz, qui classe les prototypes de paysage naturel et artificiel définissant les territoires du Maghreb comme des exemples de paysage cosmique, en relation avec l’architecture islamique, abstraite, labyrinthique, géométrique et symbolique. Comme nous l’avons déjà mentionné, les études les plus récentes dans le domaine de l’architecture tentent d’esquisser une méthode qui puisse expliquer la relation complexe entre les urbs, l’homme et le bâti et qui puisse être appliquée pour une analyse urbaine. L’enquête s’est ensuite concentrée sur l’observation de la conformation des agglomérations de Bari, Rabat et Marseille, d’où la distinction de la parcelle historique et de la nouvelle parcelle pour chaque site considéré a clairement émergé. Présentant, bien que de manière partielle, les concepts d’identité collective et de Genius loci, l’enquête théorique qui suit a pour but de résumer les contributions d’architectes et d’urbanistes experts, européens et américains, du XXe siècle sur l’étude des Locus societatis, c’est-à-dire les lieux de la communauté méditerranéenne : la rue et la place.

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CHAP. II

Locus societatis

“Ceux qui ne peuvent pas faire partie d’une communauté ou ceux qui n’ont besoin de rien, assez pour eux-mêmes, ne font pas partie d’une ville, mais sont soit une bête soit un dieu”. Aristote , La politique I22 Heidegger identifie dans la rencontre l’action fondamentale de chaque communauté, à travers laquelle se manifeste l’identité collective23. Pour Rudofsky, les parties publiques des villes du “vieux monde” sont encore aujourd’hui des lieux de rencontre idéaux. [...] Ce ne sont pas des éléments accessoires des bâtiments, mais une sorte d’ingrédient germinatif, la levure, pour ainsi dire, de la pâte architecturale”24. Les espaces agrégés sont donc l’essence même de chaque société et constituent l’objet d’intérêt de la présente enquête. En particulier, les travaux réalisés au XXe siècle dans le scénario italien et mondial par de nombreux architectes et urbanistes, avec une attention particulière aux espaces collectifs de la rue et de la place.

22  Aristote, La politique, traduction de J. Tricot, Librairie Philosophique J Vrin, 1995. 23

M. Heidegger, Gesamtausgabe, Klostermann, Frankfurt a. M., 1975.

24

B. Rudofsky, Praise of Stair, in “Horizon n. 4”, 1964, pp. 79-87.

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UNE MER DE CITRONS

La rue Pour l’homme social qui vit dans les villes méditerranéennes, la rue a encore une valeur centralisatrice, alors que sa fonction dans une clé moderne se limite à celle d’infrastructure destinée au transit de la mobilité, rapide ou lente. En réfléchissant à l’utilisation de la rue dans les villes d’aujourd’hui, on se rend compte que, bien qu’elle soit définie par les règlements d’urbanisme comme un espace public, peu de choses permettent de l’accumuler. En fait, la route d’aujourd’hui semble prendre les caractéristiques aliénantes d’un non-lieu25, une zone de transition nécessaire et tolérée dans l’écosystème urbain. Un nouvel espace de choc nerveux des individualités remplace l’ancien espace de rencontre et de partage, particularités communément attribuées à la chose publique, mais la route moderne semble n’appartenir à personne. L’individualisme contraste avec le cosmopolitisme, objet d’intérêt pour notre enquête anthropologique. Heureusement, certains centres historiques ont conservé l’esprit de la “ voie méditerranéenne “. S’y immerger signifie devenir partie intégrante d’un microcosme organisé. Dans les réalités des noyaux anciens, la rue est encore aujourd’hui comprise comme une extension de la sphère privée, comme un passage entre l’espace familier intime et l’espace purement public. La crise économique et environnementale de ces derniers temps a remis en cause la conception de la rue moderne comme simple instrument de mobilité et favorise le retour à une vision des villes plus “à échelle humaine” et durable, et à une répartition de l’espace moins contraignante, en accord avec l’avant-garde numérique contemporaine ; Il fait référence aux phénomènes de l’économie de partage allant de la mobilité (partage de voitures), au partage de la nourriture et à la cohabitation, qui reconnaissent également une certaine créativité de l’individu et proposent comme question centrale les principes éthiques basés sur la collaboration communautaire et le respect de l’environnement. Selon Antonello Sanna, “Ce n’est certainement pas un hasard si les identités locales [...] font preuve, en cette période d’urgence prolongée, d’un enracinement et d’une persistance qui leur ont permis de reprendre de nombreuses positions par rapport aux expériences et aux lieux phares du monde globalisé. Il est fondamental que cela se fasse sous des formes culturellement claires et conscientes, dans le cadre d’une récupération écosystémique de la responsabilité sociale envers le contexte environnemental”26. On peut dire que la recherche mondiale actuelle reconsidère une fois de plus les principes clés qui constituent, de manière plus ou moins directe, les valeurs humanistes de la 25  Une expression introduite par l’anthropologue français Marc Augé dans son essai “Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité (1992)” en référence aux espaces architecturaux et urbains à usage transitoire, public et impersonnel, destinés à être utilisés en l’absence de toute forme d’”appropriation” psychologique et dans lesquels le mouvement et l’orientation des usagers sont principalement confiés à la signalisation ; il s’agit d’espaces hautement homologués dans lesquels l’homme contemporain vit pendant des périodes de temps sensiblement longues, ne se référant plus à une structure sociale organisée capable de favoriser des relations durables, sans aucune ancrage dans le contexte, les traditions et l’histoire, expression typique des sociétés mondialisées : aéroports, gares, centres commerciaux, supermarchés, carrefours autoroutiers, parkings, stations-service, installations sportives, hôtels, villages touristiques, mais aussi camps de réfugiés, etc. Source: http://www.treccani.it/enciclopedia/non-luogo_(Lessico-del-XXI-Secolo)/ 26

A. Sanna, Il nuovo progetto per i centri storici, tra conservazione e modificazione, 2016, p.18.

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Locus societatis

Méditerranée. Au cours des dernières décennies, ces questions ont connu divers cycles de hauts et de bas. Le travail de l’équipe Team X27 constitue une première contribution à la critique de la ligne de conception établie par les premiers CIAM28, Au cours des dernières décennies, ces questions ont connu divers cycles de hauts et de bas. Le travail de l’équipe X est la première contribution à la critique de la ligne de design établie par les premiers CIAM, qui à Marseille avait pris forme dans l’Unitè d’habitation, inspirée des principes déduits de l’analyse lecorbusienne des maisons marocaines. La réaffirmation de la culture méditerranéenne la plus authentique se manifeste dans la redécouverte de l’habitat marocain des Candilis, Josic et Woods et dans la Casbah organisée par Aldo van Eyck. Dans les mêmes années, les figures italiennes de Gardella, Quaroni, Ridolfi, dans le sillage de Pagano, ont construit leur enquête sur la base de la culture architecturale populaire et en mettant en évidence la question des centres historiques et du patrimoine. Une telle attention à l’habitat29 humain émerge dans le domaine artistique et littéraire avec le mouvement néoraliste, qui à son tour jette les bases d’une nouvelle évolution économique et industrielle dans le scénario italien, dont le plus grand héritage est certainement donné par les réalisations d’Olivetti.30. Comme l’atteste l’article de U.Rossi, La strada come spazio collettivo della città31 (La rue comme espace collectif de la ville), quelques années plus tard, à l’étranger, le débat architectural tournera autour du concept de route méditerranéenne. De nouveaux scénarios visionnaires vont émerger concernant la vie du futur. Quelques contributions importantes sont mentionnées, recueillies dans la Collection Joint Center for Urban Studies32. Anderson33 affirme que le devoir des architectes est de répondre de manière adéquate aux besoins émergents34 et rassemble les multiples analyses des années 1970 sur la route d’un point de vue structurel, sémantique, historique et social. Dans The View from the Road (1964), Lynch analyse le binôme fonction-forme de la route traditionnelle. En parallèle, Chermayeff et Alexander étudient, dans Community and privacy. Toward a new architecture of humanism (1964), le lien entre structure urbaine et sociale. Par conséquent, même dans le contexte des villes américaines, les urbanistes s’opposent au concept de la ruote comme simple instrument de flux et promeuvent cette dimension 27

Team 10+20, Art. nr. 177 in “L’Architecture d’aujourd’hui”,1975.

28  Congrès Internationaux d’Architecture Moderne, organisés de 1928 à 1959, étaient des congrès qui ont établi les principes du Mouvement moderne, expliqués en 1933 avec la Charte d’Athènes. Ils réunissent vingt-quatre architectes européens et sont fortement souhaités par Le Corbusier. 29  Le concept d’habitat est né dans le langage biologique pour désigner l’ensemble des conditions environnementales dans lesquelles vit une espèce animale ou végétale ; en écologie, il décrit l’ensemble des structures, naturelles et artificielles, qui caractérisent l’environnement. Le terme a été utilisé pour la première fois dans le domaine de l’architecture lors du CIAM en 1947, pour souligner la nécessité de transformer l’approche mécaniste moderne vers une logique de conception qui inclut la croissance spirituelle collective et le confort physique et émotionnel du citoyen. 30

A. Sanna, Il nuovo progetto per i centri storici, 2016, cap.7.

31  U. Rossi, Art. La strada come spazio collettivo della città, dans “L’architettura delle città, The Journal of the Scientific society Ludovico Quaroni”, Vol 7, N. 10, Ettore Vadini, 2017. 32  Publié par l’Institut d’architecture et d’urbanisme (IAUSP) et né de la collaboration entre le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Université de Harvard dans les années 1960. 33

S. Anderson, On Streets, MIT PRESS, 1978.

34

A. J. Simmons, Moral Principles and Political Obligations, Princeton University Press, 1981.

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relationnelle de l’espace public social typique de la rue méditerranéenne. L’ancienne rue méditerranéenne doit être considérée dans ce sens comme un “type” et, en tant que telle, peut être adoptée à différentes périodes historiques et sur différents territoires (pensez aux villages d’Amérique du Sud). “Le mot typeprésente moins l’image d’une chose à copier ou à imiter complêtement, que l’idée d’un élément qui doit servir le modèle luimême”35. La limite de l’urbanisme moderne consiste peut-être dans l’impossibilité de réguler la richesse variée et subtile de la rue méditerranéenne : c’est au bord des rues que les personnes âgées se retrouvent encore pour une partie de cartes ou d’échecs, que les femmes accrochent leurs vêtements ou préparent des pâtes fraîches (incomparable avec la street food américaine), que les enfants improvisent un jeu, qu’ils échangent des informations et des “ragots”, qu’ils se font des amis, qu’ils croisent des regards aussi chargés que des mots. La dame qui regarde par la fenêtre donnant sur la ruelle, sa maison, n’appartient-elle pas à l’imagination de tous ? Là, cela ne surprend pas l’homme qui balaie la rue ou qui la meule d’une plante. La rue est perçue comme un lieu à la fois d’intimité et d’appartenance partagée, de plus ouvert au transit extemporané du passant, étranger à cette réalité. Un lieu de convivialité qui accueille aussi bien les activités de la vie quotidienne que Xènos (ξένος). Dans les médinas du Maghreb, le même modèle de rue est exagéré : les culs-desac deviennent dans certains cas le véritable espace public de commerce, avec la mise en place du marché de la ville (le Suq), dont les boutiques continues rappellent les tabernae romaines36. L’architecture cosmique nord-africaine est paradoxalement moins labyrinthique pour Rudofsky que les City Malls américains : “[...] même les visiteurs non guidés peuvent les trouver éminemment pénétrables et moins énigmatiques que les supermarchés”37. La ligne de conception basée sur la valorisation du lieu, évoquée par le Mouvement moderne depuis les années 1960, s’oppose à la conception de la route comme simple instrument de circulation des individus et des véhicules. Le travail de Rudofsky encourage notamment la réflexion sur l’espace extérieur comme moyen d’organisation de la vie sociale ; à cet égard, il convient de mentionner les expositions qu’il a présentées au MoMA à New York38.

35  Q. de Quincy, Dictionnaire historique de l’architecture contenant les notions historiques, descriptives, archéologiques, biographiques, théoriques, didactiques et pratiques de cet art, Libraire d’Adrien Le Clere et C., Quai de Augustins, n. 35, 1832. 36

J. Hoag, Architecture islamique, Berger-Levrault, 1982, p. 15.

37

B. Rudofsky, Covered Streets?, in “Horizon”, Vol. N. 4, pp. 79-87, 1969.

38  B. Rudofsky a travaillé au MoMA de 1944 à 1965 en tant que conservateur, concepteur et installateur. Il y a eu quatre expositions, de 1949 à 1952. Dans Roads, Stairs,e Archicture without Architechts, l’auteur s’interroge sur les possibles déclinaisons sociales concernant l’utilisation de l’espace public.

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Locus societatis

Expositions sur la rue marocaine, Des archives MoMa.org/exhibition.

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La redĂŠcouverte de la culture architecturale populaire

Village La Martella, Matera | 1950 | Quaroni & co. Š maxxi.art courtesy Fondation Adriano Olivetti Fondo Ludovico Quaroni

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AZAGURY Elie | Affordable Housing in Hay Hassani | Casablanca, Morocco | 1957-1961 © Pathé, Caption from film: Morocco: King Of Morocco Opens New Casablanca Dwellings. 1959

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AndrĂŠ M. Studer & Jean Hentsch | Habitat Marocain, Sidi Othman apartment buildings | Casablanca, Morocco (1953-55)

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Locus societatis

Candilis, Josic & Woods Cité Verticale/Horizontale | ATBAT AFRIQUE | Nid d’abeilles and Sémiramis buildings | 1950-53 Casablanca, Marocco.

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Voyage d’étude, 2018, ATBAT AFRIQUE Casablanca, Marocco. La photographie représente le même projet que l’image précédente, modifiée par les habitants d’aujourd’hui.

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Locus societatis

Le Corbusier | Unité d’Habitation de Marseille | Cité Radieuse, 1947 – 1952, France.

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La place Qu’elle soit strictement publique ou moins définie, la route méditerranéenne est le principal instrument de transmission transgénérationnelle et d’assimilation de traditions populaires millénaires ; elle assure le rôle de l’individu en tant que partie organisée du groupe, en harmonie avec l’écosystème urbain et le paysage naturel (les Genius loci). La rue ancienne est le lieu authentique de la manifestation de l’identité collective, comme la place et peut-être même plus. On peut en fait attribuer à la place la fonction publique d’agrégation intentionnelle, délibérément esquissée. Il était à l’origine désigné pour les fonctions administratives, politiques et culturelles de la ville. Nous faisons référence au ἀγορά du monde grec, qui a été créé pour accueillir des sanctuaires et des activités religieuses et qui est devenu au fil du temps le véritable centre du πόλις grec, symbole par excellence de la démocratie et du forum romain, basé sur les canons de l’imago urbis de Vitruve. Il est certain que la place reflétait un système sociopolitique profondément différent de l’actuel, pensez aux politiciens de la Grèce antique au libre service de la communauté, ou aux anciennes assemblées collectives où les citoyens participaient ensemble au développement de l’humanité. La déclinaison définie de la place en fait en soi une invention urbaine et donc le caractère spontané des activités sociales qui se déroulent à l’intérieur, contrairement à la ruelle, disparaît. Néanmoins, la place est encore aujourd’hui un lieu exemplaire pour la coexistence des différents escaliers dont Rose39 a parlé. C’est là que les dimensions du local, du régional, du national et du mondial s’unifient et se manifestent différemment selon l’acteur qui leur est lié. La place Jamaa al Fna à Marrakech, désignée en 2001 par l’UNESCO comme patrimoine mondial immatériel et oral de l’humanité et considérée par le monde entier comme un symbole de l’identité marocaine, en est une démonstration. “Il est indéniable qu’aujourd’hui cette place, sur le sort de laquelle nous sommes tous appelés à réfléchir, n’est pas seulement un espace vers lequel convergent tous ceux qui viennent à Marrakech, qu’ils soient étrangers ou nationaux, mais c’est en même temps un lieu de mémoire et un héritage de l’humanité qui doit, par définition, être préservé”40. Aujourd’hui, elle est une vitrine pour les vendeurs, les théâtres, les charmeurs de serpents, les diseurs de bonne aventure, les fakirs. Plus généralement, il propose un imaginaire de la culture marocaine, visant à promouvoir le tourisme dans le pays, s’adressant, selon R. Borghi, aussi bien aux Marocains qu’aux étrangers. “A elle, en effet, s’adressent non seulement les attentions des citoyens de Marrakech, mais aussi les Marocains en général, les étrangers en vacances dans la ville et surtout la communauté internationale”41. En poursuivant l’analyse de l’œuvre de Borghi, nous découvrons une perception historique du lieu très différente de la réalité actuelle. La Jamaa al Fna n’a été définie comme un carré, selon les canons occidentaux, qu’avec l’avènement du Protectorat français en 1912 ; auparavant, elle n’était qu’un vide urbain causé par l’inachèvement des travaux de la Gami’a al-Hana (Mosquée du bonheur), commandés par le sultan saadien 39

G. Rose, Hegel Contra Sociology, Athlone, London, 1981.

40

Ministre du Tourisme, Italie, 2000.

41  R. Borghi, Riflessioni sul senso di luogo: il caso della piazza Jamaa al Fna di Marrakech, dans “Bollettino della Società geografica italiana”, 2005, p. 2. Source: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01483053/document .

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à Mansur à la fin du XVIe siècle42. La place, telle que nous la comprenons aujourd’hui, n’appartient donc pas à la culture urbaine arabe, dont les fonctions étaient plutôt envisagées dans les rues et les cours des mosquées. C’est donc aux Français que nous devons la construction des bâtiments publics et administratifs et la définition du périmètre de la place de Marrakech. L’essor du tourisme européen et les lois sur la sauvegarde du site, votées par le général Lyautey, ont appelé à la transformation de la place en une étape de l’identité marocaine. Cette hypothèse est confirmée par la documentation historique relative au site, abondante dans la littérature européenne et presque absente dans celle du Maroc. On peut donc conclure que l’élévation de la place au rang de lieu d’identification de la communauté locale et nationale n’est le résultat que d’un processus de valorisation de celle-ci, dû aux politiques colonialistes françaises. Il est cependant indéniable que son rôle actuel est de canaliser les différentes échelles de la communauté. Auparavant, il n’y a pas assez de documents pour témoigner de l’importance du site pour la communauté marocaine, au contraire, sa figure semble avoir une connotation négative, à tel point que l’expression argotique “fils de Jamaa al Fna” est considérée comme une insulte. Nous supposons au contraire que les activités sociales se déroulaient, selon la tradition, dans les ruelles de la médina, comme on peut encore l’observer aujourd’hui, à Marrakech, Rabat-Salè et dans la plupart des villes marocaines, moins exposées au flux touristique. Cette hypothèse est confirmée par les plans actuels de la municipalité de Marrakech pour la protection de la médina, qui est également un site du patrimoine mondial de l’UNESCO43. Les considérations faites jusqu’à présent nous amènent inévitablement à réfléchir (mais pas en profondeur, car le débat sur le sujet est très large) sur la signification du patrimoine. Quels sont les intérêts qui entrent en jeu dans la protection d’une tradition ? D’autre part, on ne sait pas si l’intention de Lyautey était vraiment de protéger le Genius loci et la tradition marocaine, ou plutôt de profiter uniquement sur le plan économique de la propagande touristique. “Le concept de patrimoine inclut implicitement l’idée de patrimoine et de tradition, mais consiste en une approche de cette idée orientée par la demande du marché, dans laquelle la question du choix du passé approprié, de la bonne tradition, des témoignages historiques “réels” à préserver et à valoriser, est résolue par les réactions du public consommateur (patrimoine) et n’est pas nécessairement basée sur les caractéristiques intrinsèques de l’objet en question, qu’il s’agisse d’un monument, d’une tradition, d’un site, etc. Nous parlons donc même de “planification du patrimoine”, c’est-à-dire d’une véritable stratégie de gestion urbaine. Les planificateurs du patrimoine peuvent, par exemple, désigner des “points de repère historiques” spécifiques, c’est-à-dire des lieux, des expressions architecturales ou des monuments perçus comme emblématiques d’un certain passé; des lieux et des monuments qui, selon cette perspective, sont destinés à intégrer certains événements historiques clés dans le cadre d’une certaine autoreprésentation de l’identité (du quartier, de la ville, de la région, de la nation)”44. La reconnaissance du patrimoine n’est postérieure qu’à l’admission de l’identité de la communauté, qui est immergée dans certaines valeurs existentielles, pour des raisons 42

UNESCO, 1997, p. 8.

43

là, p. 12.

44

C. Minca, Introduzione alla geografia postmoderna, CEDAM, 2006, p. 381. Source: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01483053/document .

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évidentes de masse. La masse établit donc le système de significations, qui se traduit dans le domaine architectural par l’opération complexe de récupération, notion qui inclut en son sein les relations changeantes entre conservation et modification, comme le démontre sa capacité à incorporer en son sein des thèmes et des problèmes apparemment antithétiques, allant de la conservation philologique à la reconception des portions de substituts de tissus historiques”45. La prédilection d’une stratégie d’intervention est filtrée de force par le regard du contemporain, qui réinterprète et donne un certain sens aux valeurs, en relation avec le système moderne dans lequel il vit. La contribution sur le patrimoine des manuels italiens est en accord avec la méthodologie établie par Gianfranco Caniggia concernant la récupération des bâtiments historiques. L’école de maçonnerie, dont Caniggia est un exposant, indique la manière possible de récupérer le patrimoine, en se basant sur l’analyse urbaine et fonctionnelle de l’architecture historique. C’est en s’inspirant de cette métologie préétablie que l’on tentera de concilier, dans les travaux suivants, les multiples aspects interdisciplinaires considérés jusqu’à présent, avec une forte projection vers les problèmes sociaux et urbains actuels Les phénomènes de résilience comme outil de renaissance urbaine Dans le contexte international actuel, nous assistons à une ligne directrice de conception qui voit dans la redécouverte d’espaces minuscules, de vides urbains, de découpes dans l’environnement bâti une ressource pour la reconstruction harmonieuse du tissu urbain. Dans le scénario italien, le CNAPPC (Conseil national des architectes, urbanistes, paysagistes et conservateurs d’Italie) s’est engagé depuis 2017 dans un processus de sensibilisation des administrations et de réexamen du cadre réglementaire, par le biais de nouveaux projets de loi, de conférences, d’événements et de publications ; à cet égard, on cite la collection La città creativa, Spazi pubblici e luoghi della quotidianità46 (La ville créative, les espaces publics et les lieux de la vie quotidienne), qui ouvre le débat interdisciplinaire sur la régénération des villes italiennes dans les termes suivants. Cette tentative vise à améliorer la qualité de vie dans les réalités urbaines du pays, grâce à la coopération entre les entités publiques et les communautés. Il a été compris, en effet, que les manifestations sociales spontanées et non réglementées ne constituent plus l’exception à l’ordre urbain imposé, mais sont la règle de plus en plus répandue de l’urbanité; par conséquent, le soutien du niveau élevé de réglementation et de participation est nécessaire. La protection est passée dans ce sens de la conservation du simple artefact architectural à la préservation de l’identité collective et du processus urbain en général. Dans ce contexte, les découpages, les petites portions de rues, les greffes temporaires, les minuscules vides, jusqu’alors ignorés, ont de nouveau suscité l’intérêt des architectes et des urbanistes, dans le but de parvenir à un équilibre contrôlé. 45

A. Sanna, Il nuovo progetto per i centri storici, 2016, p.13. Source: https://people.unica.it/antonellosanna/files/2016/03/001-020_07_A.Sanna_.pdf

46  Promue par le Département Environnement et Durabilité du CNAPPC avec le Département des Sciences Sociales et Economiques de l’Université La Sapienza de Rome, dans le cadre de l’”Appel à Papiers” à la Biennale de Venise en 2017. Le livre, accessible à tous sur le portail ww.cittacreative.eu, offre un aperçu international du phénomène créatif.

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Le place comme symbole de l’identitÊ collective

1. Jamaa al Fna

Source: atlaspamatek.info

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2. Roadtrip, Jamaa al Fna

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3. Roadtrip, Jamaa al Fna

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4. Roadtrip, Jamaa al Fna

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La résilience et les mouvements créatifs ascendants sont donc les conditions préalables nécessaires à une évolution durable à long terme, car ils garantissent l’héritage identitaire des générations futures et contribuent à créer une valeur sociale et une richesse matérielle pour les populations locales. Leur présence nous révèle une capacité supplémentaire des communautés concernées : l’adaptabilité. Selon la définition de la résilience donnée par la Resilience Alliance47, dans le cadre de la théorie des systèmes adaptatifs complexes, “la résilience est la capacité d’un système socio-écologique à absorber ou à résister aux perturbations et autres facteurs de stress de sorte que le système reste dans le même régime, en conservant essentiellement sa structure et ses fonctions. Il décrit le degré de capacité d’auto-organisation, d’apprentissage et d’adaptation du système”48. Le

comportement adaptatif, composante essentielle de la résilience, implique donc que les villes considérées soient des exemples de systèmes adaptatifs complexes. Les CAS (“Complex Adaptive System”), utilisés à l’origine dans un contexte exclusivement biologique, désignent la capacité d’un groupe (végétal, animal ou humain) à répondre positivement à la crise, à s’adapter au changement, en protégeant l’environnement dans lequel il est enraciné. Pour ce faire, une communication rapide entre les membres du groupe est essentielle.49. Par conséquent, la présence de tels facteurs, tels que les différentes formes de résilience, la capacité d’adaptation de la communauté, la coopération entre les organes administratifs et la population, l’interaction entre les différents acteurs sociaux (fonctionnelle à l’échange d’informations), ainsi que le Genius loci et la présence d’une identité collective “multiple”, peuvent être compris comme des facteurs positifs pour la croissance future des organismes urbains. Sur la base des paramètres ci-dessus, une analyse des études de cas de Saint-Nicolas de Bari, de la médina de Rabat et du Panier de Marseille sera effectuée dans la section suivante. Une nouvelle prise de conscience La thèse initiale de Méditerranée insiste fortement sur la présence d’un modus vivendi commun dans les trois études de cas considérées, en opposition à l’observation de différents facteurs socioculturels, tels que la langue, la religion et l’Etat d’appartenance. La recherche théorique a permis de concrétiser l’hypothèse de départ, révélant l’existence d’une identité collective commune, liée à l’espace méditerranéen tout d’abord et à d’autres espaces aux caractéristiques similaires. Cette connaissance a conduit à l’observation du Génie loci méditerranéen, appuyée par les sources, qui circonscrit les trois réalités analysées dans la même zone. La contribution des architectes, urbanistes, géographes, sociologues et psychologues du XXe siècle a attiré l’attention sur les espaces d’agrégation, mettant en évidence 47  Réseau interdisciplinaire de professionnels, créé en 1999 pour analyser la dynamique intégrée des lieux et des personnes dans une perspective socio-écologique. Voir https://www.resalliance.org/resilience. 48

Holling 1973, Gunderson & Holling 2002, Walker et al . 2004.

49

Cfr. S. Bertuglia, L. Staricco, Complessità, auto-organizzazione, città, FrancoAngeli, Milano, 2000.

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les différences culturelles substantielles entre les différentes formes urbaines prédisposées à la rencontre, la place et la rue. Les enquêtes les plus récentes révèlent que les phénomènes sociaux ascendants, apparus au cours des dernières décennies, associés aux concepts de la ville créative, de la résilience et du système adaptatif complexe sont des facteurs de croissance positive potentielle. Ces thèmes ramènent à la réflexion sur la valeur de la tradition méditerranéenne, qui se manifeste dans les différentes formes d’appropriation spontanée de la rue. Elle a également mis en évidence le processus de transformation en cours du système socio-économique, visant à reconsidérer les valeurs humanistes du partage, l’économie du Partage. Les contributions les plus pertinentes dans ce contexte sont représentées, dans le scénario italien, par les actions de sensibilisation du CNAPPC (Conseil national des architectes, urbanistes, paysagistes et conservateurs), visant à promouvoir une coopération guidée entre les différents acteurs sociaux, de l’administration aux spécialistes de l’architecture et à la population ; au niveau international, nous assistons à une ligne directrice de conception qui voit la redécouverte d’espaces minuscules, de vides urbains, de découpages dans l’environnement architectural comme une ressource de reconstruction harmonieuse du tissu historique. Nous soulignons l’attention globale portée à la protection du processus urbain, conçu comme une relation dialogique entre le bagage bâti et immatériel des communautés locales. En effet, il a été compris que les phénomènes de résilience, de plus en plus répandus, représentent la ressource de renaissance des villes face à la crise actuelle. À la fin de la partie théorique, les paramètres d’analyse pour la prochaine phase de l’analyse socio-urbaine ont été définis : résilience, capacité d’adaptation, coopération entre les organes administratifs et la population, interaction entre les différents acteurs sociaux, Genius loci et présence d’une identité collective cosmopolite.

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CHAP. III

Bari, Rabat, Marseille

L’image d’une ville est faite de différentes séquences qui se recomposent magiquement dans un scénario à la fin unitaire, résultat de sa métamorphose d’une forme urbaine à une autre. Francesca Radina1 La méthodologie analytique L’analyse suivante voit la combinaison de deux logiques : la comparaison et l’induction. Le chapitre est divisé en trois sections, correspondant aux trois études de cas de Bari, Rabat et Marseille. Cela permettra une comparaison dialogique épilogative. La recherche inductive d’une koinè méditerranéenne part de l’examen du paysage naturel des trois sites. En passant par un regard métropolitain puis urbain, nous arrivons à l’analyse des trois centres historiques d’un point de vue historique, formel et fonctionnel. Chaque considération de l’environnement bâti est liée à l’observation des phénomènes sociaux, selon les critères établis lors de l’investigation théorique, et conduit à la définition d’un cadre d’action clair pour les stratégies de planification futures, dans le site qui présente les aspects les plus critiques. Par conséquent, la structure adoptée pour chaque étude de cas est la suivante : le paysage naturel, le paysage urbain et les phénomènes sociaux. En particulier, la section du paysage urbain présente, après une vue aérienne de la ville et du noyau ancien, la représentation du tissu historique en termes de perméabilité et de densité ; suivie de la lecture historique, pour laquelle quatre micro-zones au sein de l’ancien environnement sont délimitées, l’étude de la disposition, de l’orientation et de la conformation de chaque zone révèle l’histoire des stratifications culturelles. Ensuite, chaque noyau est examiné du point de vue de son état actuel : une première analyse “Au-delà du bâti” fait apparaître les lieux 1

N. Lavermicocca, Bari vecchia. Percorsi e segni della storia, Adda, Bari, 2011.

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de rencontre (rues, places et larges places possibles, espaces verts, équipements sportifs) et les points d’observation et d’écoute; une deuxième analyse montre les fonctions de la zone bâtie. Ces derniers sont essentiels au cadre général du cercueil historique et de l’organisme collectif. La dernière partie est consacrée à l’examen des phénomènes sociaux qui se déroulent sur le territoire, selon les directives dictées par la recherche théorique. En particulier, pour le cas de Marseille, l’analyse de l’état réel de la structure urbaine (places, dents creuses et bâtiments), effectuée lors de l’inspection approfondie sur place, est ajoutée. Les analyses effectuées traduisent la comparaison dialogique, par laquelle les points de similitude et de divergence des trois études de cas sont extrapolés, représentés graphiquement par des tableaux récapitulatifs et des diagrammes de spectre. Aux fins de la représentation graphique, des valeurs quantitatives sont attribuées arbitrairement, en fonction des données qualitatives qui ont émergé de l’observation. En fait, les tableaux et les diagrammes résument la morphologie, les fonctions, l’efficacité du système, l’état des choses et les formes de résilience. Afin d’établir une comparaison équitable, six indicateurs d’analyse sociale sont classés : la présence de l’identité collective originale, la préservation du Genius loci, la collaboration participative entre la municipalité et les habitants, l’interaction entre les différents citoyens, la capacité d’adaptation et la résilience de la communauté (sur la base de l’enquête théorique du premier chapitre). L’interprétation forcée des processus urbains et sociaux observés dans chaque étude de cas sera évitée. En fait, il serait erroné de vouloir faire remonter les différents processus urbains aux mêmes canons, liés à une mentalité occidentale. Il est naturel, par exemple, que la formation des villes du Maghreb, comme Rabat, ne suive pas la même logique que celle des villes européennes. Cependant, cette diversité est un enrichissement pour l’utilisateur curieux et ne gêne pas, mais plutôt encourage une plus grande comparaison entre les villes en question. À cette fin, des études théoriques sont ajoutées, le cas échéant, afin de placer le site d’intérêt dans un environnement culturel plus contextualisé.

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Bari Le paysage naturel La formation des villes de Bari, Rabat et Marseille est principalement liée à leur position géographique et à leur conformation orographique. Les trois villes sont nées sur de petits promontoires. Le relief naturel, plus ou moins accentué, a permis un contrôle facilité du territoire de pertinence, c’est pourquoi les trois sites assument immédiatement un rôle prédominant pour le commerce dans leurs zones et dans le bassin méditerranéen. Les zones métropolitaines se sont alors développées autour de leurs centres. Plus précisément, Bari se présente comme un petit promontoire péninsulaire.

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1. Le paysage naturel, la topographie axonométrique

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Bari, Rabat, Marseille

La zone urbaine de Bari (Functional Urban Area) est la troisième du sud de l’Italie, après Naples et Palerme. De la maille urbaine émerge clairement le rôle gravitationnel de la ville de Bari, le long de laquelle se ramifient les plus petites municipalités. La métropole de Bari s’étend aujourd’hui sur environ 1 100 km² et compte environ 750 000 habitants. La ville compte à elle seule environ 325 000 habitants1. C’est aussi la capitale de sa région, les Pouilles, considérée par le National Geographic en 2016 comme la plus belle région du monde, car “elle possède le meilleur du sud de l’Italie : les rythmes de vie, les traditions, la beauté des lieux”2.

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2. Constellations métropolitaines

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Dati ISTAT 31/12/2016, fonte: www.demo.istat.it, consultato il 10.11.19.

2

Source: www.giornaledipuglia.com

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3. Il paesaggio naturale, I colori dell’anima, terra di Bari, Puglia. Fonte: archivio National Geographic

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Bari, Rabat, Marseille

Le paysage urbain “Lire et interpréter signifie effectuer des opérations préliminaires pour toute intervention sur un tissu aussi stratifié que celui de Bari Vecchia, qui ne peut être programmé autrement sans une connaissance approfondie de ses structures de formation”. Città,territorio, architettura. Appunti per una Bari ‘immaginaria’ D.Catania, G.A.Neglia, C. Rubini, U+D urban form and design Bari dérive d’une étymologie incertaine, Barion, Baris, Varia ou peut-être Beroes pour évoquer l’image du bateau, de la maison et de la dépression territoriale. Son cœur est le quartier de San Nicola, communément appelé Bari Vecchia, du XIXe siècle, par opposition à la nouvelle partie, construite à partir de 1813 sous le règne de Joachim Murat, roi de Naples et maréchal de l’Empire napoléonien. Le kastron ancestral s’insère à l’intérieur des murs de défense (pomerium), datant du 4e siècle avant J.-C. et a survécu à l’est dans le Mur. La péninsule de Bari s’épuise vers la mer, où se trouvent l’ancien et le nouveau port, tandis qu’au sud, Corso Vittorio Emanuele délimite l’ancienne partie du nouveau, administrativement réunie à partir de 2014 dans le premier hôtel de ville. La polis éloignée est maintenant un corps dense à part entière, qui se distingue clairement du reste de la ville à première vue. La seule continuité formelle entre les deux tissus est donnée par l’axe diagonal de la rue Dietro Tresca, qui devient via San Francesco D’assisi, via Francesco Crispi et via Bruno Buozzi, dans la ville nouvelle, interrompant effectivement la grille orthogonale rigide, inspirée de la logique urbaine haussmannienne. En agrandissant progressivement l’objectif d’observation, on s’attarde sur un plus grand niveau de détail, d’où émergent de nombreuses considérations : La fine discontinuité des parcours et l’inhomogénéité des structures de construction révèlent, dans l’organisme dense du début du Moyen Âge, l’imbrication des modèles de peuplement, qui remontent en fait à des phases archaïques de formation et de stratifications anthropiques, qui nous rappellent constamment que cette Terre est le résultat de cultures multiples ; Latins, Grecs, Lombards, Arméniens, Syriens, Illyriens, Slaves, Israéliens, Normands, Arabes et Italiens se sont installés alternativement sur le site pendant trois millénaires. L’héritage multiethnique persiste aujourd’hui dans les onomastiques de nombreuses familles locales, dans le dialecte et dans la toponymie des rues sinueuses et des places historiques. Cette richesse formelle et “invisible” donne vie au paysage urbain et culturel particulier du vieux Bari.

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41° 6' 41” N 16° 51’ 19” E

1. Ville de Bari, photo aérienne, source : GoogleEarthPro

Surface de Bari : 117 km². Population : 324 198 habitants. Densité : 2 721,54 habitants/km² *Source de toutes les données démographiques ci-dessous : http://demo.istat.it/.

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Bari, Rabat, Marseille

2. Bari quartier historique de San Nicola, photo aĂŠrienne, source : GoogleEarthPro

Surface de San Nicola : 0,81 km2 Population : 5 667 habitants.

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Le noyau de San Nicola

IV. Largo San Sabino

3. Le paysage urbain, la perméabilité. Les cases indiquent les descriptions des noyaux de l’analyse historique.

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Bari, Rabat, Marseille

I. San Pietro

III. Largo Albicocca

4. Le paysage urbain, la densitĂŠ

DensitĂŠ: 6,99 ab/km2

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5. Tissus urbains en comparaison. Dans le sens des aiguilles d’une montre, à partir du haut à gauche : l’agrégat de San Pietro, le noyau de San Nicola, Largo Albicocca et Largo San Sabino. Retraitements graphiques de l’essai “Città,territorio, architettura”, N. 5/06, in “U+D urban form and design”, 2016. da

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6. Comparaison des aménagements urbains. La schématisation montre les différentes logiques d’implantation urbaine présentes dans l’ancien territoire de Bari, révélant ainsi les stratifications culturelles qui se sont succédées dans l’histoire. Ils nous aident à comprendre le processus d’influences entre le monde occidental et le monde islamique.

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Analyse historique “Le monde autour de l’ancien Saint-Nicolas est une fourmilière ivre de vitalité. Les vieilles cours sont des pièces, les vieilles chapelles sont des entrepôts, un escalier franchit un mur, un mur s’élève au-dessus du plafond. Il passe avec le bras tendu le vendeur de tomates séchées et salées et ses gémissements incompréhensibles excitent l’appétit. Puis un millier d’enfants à moitié nus sortent leur morceau de pain. Pendant que la mère passe son comare au peigne fin, la fille fait des pâtes sur une grande pierre devant la porte. Avec une pincée de pâte, elle donne naissance à d’autres marionnettes, elle souffle dessus : allez jouer, sortez d’ici. Ainsi, le vieux Bari est multiplié à l’infini, grâce à Dieu, il se renouvelle et ne meurt jamais”. Italo Calvino, Finibusterre, 19541 La complexité de Bari Vecchia peut maintenant être lue dans la structure des types de bâtiments et des agrégats. Dans les différents aménagements urbains des bâtiments et des parcours, on retrouve des traces de l’historien. Cela est particulièrement évident dans les agrégats de San Pietro, San Nicola, Largo Albicocca et Largo San Sabino, pour lesquels le cadre urbain s’accompagne d’une schématisation des orientations et des structures observées. I. San Pietro Dans le noyau le plus septentrional du centre historique, indiqué dans la fig. 4 et rapporté sur une plus grande échelle dans la fig. 5 en haut à gauche, une forte homogénéité peut être observée dans les bâtiments, iso-orientés vers le nord-ouest et dans les grandes dimensions des lots et dans les types de construction des maisons à cour, isolées en pseudo-groupes et parfois refondues en ligne, comme l’attestent les experts du Département des sciences du génie civil et de l’architecture du Politecnico di Bari2. Cette spécificité se reflète dans les petites villes de l’arrière-pays des Pouilles, qui apparaissent également comme des grappes de palais de justice, rassemblées dans des plantes ovoïdes. De même, il est possible d’identifier dans le noyau de San Pietro une limite ovoïde de fondation du mur, “en pierre à double rangée avec de l’argile, de la terre et du gravier comme liant et surélevée en bois”3, au-delà de laquelle l’orientation et les mesures des lots changent.Des sources historiques4 font remonter la région nord de Bari Vecchia au grec-Peceuta var. Suite aux fouilles archéologiques, commencées en 1912 par l’archéologue Michele Gervasio et poursuivies par la Surintendance du patrimoine architectural et de l’archéologie en 1

F. Antonicelli, Finibusterre, Salento Books, 1954.

2  Nous nous référons aux professeurs sur le sujet Domenico Catania, Giulia Annalinda Neglia et Claudio Rubini, qui ont développé l’essai Città,territorio, architettura, N. 5/06, in “U+D urban form and design”, 2016. 3

N. Lavermicocca, Bari vecchia, Adda, Bari 2011, p. 32.

4

M. Petrignani e F. Porsia, Le città nella storia d’Italia: Bari, Laterza, Bari, 1993.

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phases alternées jusqu’en 20125, on peut dire que le noyau considéré est originaire de l’âge du bronze par plusieurs populations : Les Illyriens et les Peucétiens se sont installés in situ, pour être ensuite incorporés à la Grande-Grèce en 1150 av. II. San Nicola L’ancien complexe qui surplombe la Basilique se distingue par sa grille régulière, orientée Nord-Sud / Est-Ouest. Sa localisation dans la ville peut être observée dans la fig.3, puis elle est analysée en profondeur dans la fig.5, plus précisément dans l’encadré en haut à droite. Comme mentionné précédemment, la route Dietro Tresca coupe en diagonale le chaînon ; son tracé est parallèle à certaines rues (par exemple, la strada Santa Maria ou la strada Santa scolastica) et perpendiculaire à d’autres (par exemple, la strada Boccanapiola). En outre, la présence de la même orientation dans les corps de bâtiment et d’agriculture de l’arrière-pays de la basse Murgia, permet d’inscrire le parcours dans une dynamique géométrique définie, inhérente à un système centurial de connexion entre Bari et les villes plus petites de Modugno et Ceglie, précédant ainsi la division entre ville et campagne, donnée par les murs de la ville. La position des bâtiments, orthogonale à l’axe mentionné ci-dessus, suggère une planification urbaine, basée non seulement sur la relation avec le paysage naturel, mais aussi sur une logique de hiérarchie des parcours. Cette trame semble avoir constitué la matrice des évolutions urbaines successives, comme en témoignent les plans d’élargissement de la seconde moitié du XIXe siècle6. III. Largo Albicocca L’emplacement du noyau en question à l’intérieur du cercueil historique est observable sur la fig. 4, tandis que l’analyse suivante est présentée en détail sur les fig. 5 et 6. Les dimensions et la structure semi-circulaire des chemins et des bâtiments entourant le Largo Albicocca (ainsi appelé peut-être après l’importation de l’espèce végétale Al-barqùq des Arabes) confirment l’hypothèse de la formation du bâtiment sur les vestiges d’un théâtre romain7. De plus, les découvertes archéologiques d’un bâtiment public romain sous la cathédrale font penser à ce noyau comme le centre névralgique du Baryum romain8. Pour renforcer la thèse, les colonnes romaines sur la Promenade, près de la Forteresse, et le pavage de l’ancienne route sur la place “Piazza del Ferrarese”9. Les sources historiques attribuent à Bari Vecchia le titre de municipium, appartenant à la République romaine à partir de 326 avant J.-C., lorsque les habitants, pour se défendre de l’invasion des Samnites, rejoignirent la capitale. Grâce à son caractère cosmopolite, la communauté de Bari bénéficie de représentants du gouvernement et de ses propres lois. Cette information dénote le rôle de porte d’entrée de la ville et l’esprit d’indépendance de sa population 5

Source: www.barinedita.it.

6

Plan d’élargissement de la ville de Bari, 1867 et Plan d’élargissement, 1880. Source : M. Petrignani, Bari, il Borgo Murattiano. Esproprio, forma e problema della città,Dedalo, Bari, 1973.

7

N. Lavermicocca, Bari vecchia, Adda, Bari 2011.

8

F. Radina e M.R. Depalo, Bari sotto la città. Luoghi della memoria, Adda, Bari, 2008.

9

“A Bari nessuno è straniero”: la storia della città in 3500 anni di dominazioni. Source: www.barinedita.it, cosultato il 10.12.19

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UNE MER DE CITRONS

hybride. Les typologies de construction y varient entre des pseudo-arches byzantines équipées d’un jardin potager, autour du Largo Albicocca, et des pseudo-arches linéaires le long de la Strada Boccanapiola. IV. Largo San Sabino La morphologie actuelle de la zone (identifiée dans la fig.3, détaillée dans la fig.5 et schématisée dans la fig.6, dans le panneau inférieur gauche) découle du plan Petrucci de 1939, qui a vu la démolition du bloc à l’est de la cathédrale et le relèvement de l’école des Corridons. Cependant, la rotation des agrégats d’origine d’environ 125° dans le sens des aiguilles d’une montre vers le sud-est des agrégats d’origine déclare une nouvelle logique d’urbanisation: à la dépendance du bâtiment par rapport au territoire et au système hiérarchique des axes routiers s’ajoute l’application de symboles religieux dans le domaine architectural. En fait, la direction ainsi indiquée pointe précisément vers La Mecque. Cela nous ramène à la brève période de l’émirat de Bari (842-871), unique en Italie, où la ville était dominée par trois émirs musulmans. D’abord Khalfun, chef berbère d’origine tunisienne ; puis Muffarag-ibn-Sallám, vassal de Bagdad, qui a initié la reconnaissance légale de l’émirat, l’investiture officielle au Walì (“gouverneur”) et l’autorisation par le calife d’Égypte de pratiquer la Salat (“prière du vendredi”). Ces indications se traduisent par la création, dans les mêmes années, d’une mosquée congrégationnelle, dont l’origine remonte à l’actuelle curie archiépiscopale, en raison de sa conformation étroite et longue et de sa perpendicularité à la qibla (“direction de la Mecque”), à l’instar des mosquées du Maghreb. Enfin, le troisième et dernier émir Sawdan, décrit dans les textes hébraïques comme un diplomate rusé aux connaissances immenses et, d’après les chroniques latines, comme un envahisseur féroce. Cette période historique est un modèle exemplaire de la coexistence pacifique interreligieuse et multiculturelle de la communauté de Bari. L’émir Sawdan lui-même avait le juif Aaron ben Samuel ha-Nassi comme conseiller et ami de confiance. En 1004, les Byzantins et les Vénitiens ont définitivement chassé les Arabes de Bari, mettant fin à l’harmonie entre Arabes, Latins, Grecs, Arméniens et Juifs et donnant le sombre tableau de la mauvaise gouvernance et de l’exubérance des Pouilles au Xe siècle10. “Nous aimons imaginer le Palais de l’Emir, la Mosquée, le Ribat berbère, le Suk (le marché), les rues et ruelles tortueuses, une ville arabe authentique, pleine d’odeurs d’Orient, d’épices, de tissus, d’amours, d’esclaves, de butins, de chevaux, de navires, de jeunes filles et d’émirs”11.

10

Informations historiques sur: G. Musca, L’Emirato di Bari 847-871, Dedalo, Bari, 1964.

11

V. Ricci, Quando Bari era un emirato musulmano. Source: www.ilportaledelsud.org.

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Bari, Rabat, Marseille

L’analyse actuelle

7. Au-delà du bâti, les lieux de l’être. Les cartes dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : Villes et places, Itinéraires, Les lieux d’où l’on peut regarder (la verdure étendue et ponctuelle, les terrains de sport, les limites le long de la mer, le Mur) et Au-delà des constructions, vue d’ensemble.

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UNE MER DE CITRONS

8. Les lieux construits, les lieux “à faire”. Les cartes des services dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : Lieux de culte, Culture et sécurité, Transports (arrêts de bus près de la vieille ville et parkings) et alimentation, Les construits, vue d’ensemble.

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Bari, Rabat, Marseille

9. Le paysage urbain, le bâti et au-delà .

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UNE MER DE CITRONS

L’analyse actuelle L’analyse aboutit à l’observation des voies et des fonctions des agrégats dans leur état actuel. Les itinéraires irréguliers mènent fréquemment aux Places, utilisées comme points de rencontre quotidiens par les citoyens du quartier, les touristes de passage et les habitants de la ville en général. En particulier, les places proches de la nouvelle partie de Bari sont de plus en plus animées par la “movida” du soir à Bari, pleine de Pubs et de restaurants (Piazza Mercantile, Piazza del Ferrarese et les jardins du Corso Vittorio Emanuele II). Le mélange de nouveaux lieux et d’activités traditionnelles, comme la femme autochtone qui cuisine dans la rue les “sgagliozze” 1 pour les vendre aux visiteurs du soir, donne au vieux centre ville une atmosphère particulière et différente des autres points de rencontre du soir de la ville. Les petites rues historiques deviennent, pendant la journée, le théâtre de la culture populaire du quartier, accueillant les touristes même dans leurs branches les plus intimes. Il n’y a pas de séparation spatiale claire entre les pratiques de la vie quotidienne et celles purement touristiques ; dans la même ruelle coexistent des actions liées à la sphère intime du logement, comme l’accrochage des vêtements, et la vente aux touristes de produits locaux, généralement gérée par la même communauté au bord des routes. Ce phénomène empêche toutefois un contrôle régulier de l’entreprise locale, raison pour laquelle une nouvelle réglementation administrative pourrait entraîner la cessation de l’activité. La nouvelle a fait un tel scandale qu’elle a été publiée dans le NewYorkTimes le 11 décembre 2019 avec l’article Call It a Crime of Pasta, suite au reportage de Jason Horowitz2. Cette information dénote l’importance internationale de l’ancien fief de Bari, dépositaire des us et coutumes de la tradition millénaire de la Méditerranée. Sur la carte des itinéraires (la deuxième, en haut à droite, dans la fig.7), le contour du Mur émerge en relief, ce qui reste des anciens remparts de la ville, offrant une vue panoramique de la ville sur la mer. Pour renforcer le contact visuel, une série d’installations vertes et pour s’arrêter après le Mur, alors que l’intérieur du Castrum est pauvre en jardins, suite à l’urbanisation médiévale. Il y a également deux terrains de sport, fréquentés avec succès par les jeunes. La limite de la péninsule est marquée par le Lungomare Imperatore Augusto, destiné au flux de la mobilité lente et rapide. L’analyse municipale des utilisations des bâtiments historiques ne fait pas apparaître la série dense de petits ateliers artisanaux, situés au rez-de-chaussée des blocs résidentiels. Mais ce qui ressort, ce sont les lieux dédiés au culte, principalement les églises, les nombreux lieux convertis à des fins touristiques et culturelles et les sites archéologiques très répandus dans l’ancien village. Les dimensions minimales des allées ne permettent pas le passage des moyens de transport, dont les arrêts les plus proches se trouvent sur la Promenade et Corso Vittorio Emanuele II, où se trouve le seul supermarché de la zone.

1

Locution dialectale indiquant un aliment local, composé de polenta frite, semblable aux Panisses de Marseille.

2

Pour plus d’informations, veuillez consulter la page web:

https://www.nytimes.com/2019/12/07/world/europe/italy-bari-pasta-orecchiette.html

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Bari, Rabat, Marseille

Le îlot urbain “Dans le patrimoine bâti monumental et historico-artistique, on retrouve les traits et les réminiscences de la qasba arabe, de la métropole byzantine et de la civitas médiévale dans les rues, les ruelles et les cours, dans les palais nobles et les monastères, dans les lieux de pouvoir (la loggia lombarde, le prétorien byzantin, le castrum normand-souabe, le château des Sforza)”. Nicola Lavermicocca, Bari vecchia3 Au niveau urbain, le clocher de la cathédrale domine toujours la scène de la ville, comme les minarets arabes. Du point de vue des types résidentiels, le “bassin” de Bari oscille entre les modestes maisons en bois et les domus en calcaire et en tuf, généralement carrées avec un toit voûté bas (semblable aux modèles marocains). L’urbanisation progressive, à l’époque médiévale, a provoqué l’élévation des maisons traditionnelles à travers de petites ouvertures, agrémentées de panneaux en bois ou en céramique finement travaillés et d’escaliers placés à l’intérieur des cours communes. L’ajout de pièces d’habitation et de pièces dédiées au commerce a transformé la configuration de la cour. La phase suivante voit l’ajout de cages d’escalier qui soulignent la naissance du nouveau modèle de maisons en ligne. On voit parfois l’adoption du gafio lombard, pour agrandir l’espace en hauteur sans intervenir sur l’existant. D’autres fois, cependant, il y a la transformation du bâti, par l’inclusion de nouveaux types de logements, importés plus tard. Un exemple significatif est l’ensemble de maisons donnant sur la Strada Palazzo di Città, présenté à la page suivante. Dans les agglomérations, la cour a parfois survécu, tandis que le processus de fusion des cellules d’habitation en ligne est évident. La Strada Palazzo di città ellemême est ensuite représentée par une esquisse de section en perspective, d’où émergent de façon schématique les proportions entre le bâti et l’espace de la relation. Comme déjà mentionné, il n’y a pas de séparation spatiale claire entre les pratiques de la vie quotidienne et celles à des fins purement touristiques : dans la même rue, comme on peut l’observer dans la Strada Palazzo di città et les parallèles, il y a des actions liées à la sphère intime du logement, comme la pendaison de vêtements, les ventes touristiques, la production artisanale des habitants, les activités du soir et en général toutes les actions de la vie quotidienne.

3

N. Lavermicocca, Bari vecchia, Adda, Bari 2011.

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10. Système de proportionnement des routes. Sur la page de gauche, plan de la zone autour de Strada Palazzo di città. Un accent particulier est mis sur l’utilisation publique de la rue.

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Les phénomènes sociaux “Mais dans les serpentins de la ville ainsi achevée, il y a encore de la place pour le balayage interne pseudo-ethnique : le quartier, la microstructure urbaine qui regroupe le minuscule groupe ethnique de sujets sociaux qui se reconnaissent dans certaines caractéristiques : acceptation de valeurs communes, économiques, culturelles, religieuses, capables de circonscrire, à leur mesure, la disposition labyrinthique de la ville. Nicola Lavermicocca, Bari vecchia 1 Il convient de noter que la situation actuelle à Bari n’est efficace qu’après les travaux de restauration architecturale-environnementale et de récupération sociale du programme Urban, “un financement de 42 milliards de lires, approuvé en 1996 par l’Union européenne, auquel s’ajoutent les 13 milliards de lires de fonds Pop (plans opérationnels pluriannuels). Une intervention sans précédent, d’une grande complexité”2. Ce n’est qu’au cours des vingt dernières années, en fait, que la situation du vieux Bari a été dramatique : conquis par la petite criminalité organisée, il était en fait inaccessible et dangereux pour l’habitant “extérieur”, tandis que la communauté locale, avec son caractère typiquement populaire, était éloignée du noyau urbain restant. Nous pouvons faire quelques considérations globalement positives sur l’interaction entre la forme et la fonction de l’organisme de Bari vecchia, en soulignant la capacité de sa communauté à se régénérer, à s’adapter à la dynamique des dernières décennies, et en même temps à préserver l’esprit caractéristique du lieu, sans tomber dans le stéréotype “vitrine” ou musée en plein air, malheureusement typique de nombreuses réalités historiques italiennes, il suffit de penser au cas complexe de Venise. La tendance des politiques les plus récentes d’entretien et de réaménagement, tant au niveau européen que régional, est à la préservation du processus social et de la richesse immatérielle, plutôt que de l’objet architectural lui-même. La reconnaissance de la suprématie des valeurs sociales sur les valeurs matérielles s’est avérée être la clé gagnante pour la relance économique et architecturale du village, lui permettant de retrouver une nouvelle vie dans le contexte urbain de Bari. De plus, la collaboration synergique entre les “nouveaux” citoyens de Bari, les habitants du cercueil historique et la municipalité a été essentielle pendant tout le processus de récupération sociale et urbaine.

1

N. Lavermicocca, Bari vecchia, Adda, Bari, 2011, p. 42.

2

Art. Bari-vecchia-ventanni-dopo-il-piano-urban, fonte : www.murattiano.wordpress.com.

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Bari, Rabat, Marseille

La forme urbaine

10. Bari Vecchia

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11. Le contact visuel, Vue de la promenade de Bari depuis le mur

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Bari, Rabat, Marseille

12. Les endroits Ă surveiller, La muraglia

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L’usage de la rue

13. L’appropriation de la route, Bari vecchia, source : archives photographiques de NewYourkTimes.

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Bari, Rabat, Marseille

L’artisanat

14. Le produit du patrimoine collectif, Orecchiette, Bari Vecchia

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La revégétalisation

15. L’appropriation verte de la rue, Bari vecchia

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Rabat Le paysage naturel Le noyau urbain de Rabat-Salè s’étend le long de la côte atlantique du Maroc. Ses caractéristiques géographiques stratégiques en font un pont entre l’Ouest et l’Est, entre l’océan Atlantique Nord et le bassin méditerranéen. La ville de Rabat, capitale administrative du Maroc, couvre une superficie de 117 km² et est animée par 1550 100 habitants. La division entre la médina de Rabat et Salè est donnée par la rivière Bou Regreg. A côté de l’approvisionnement naturel en eau, on note une forte présence de verdure urbaine (230 hectares) et périurbaine : le jardin andalou de la Kasba degli Oudaia, la nécropole de Chellah, la ceinture verte, la forêt d’Ibn Sina, le Jardin d’Essai, la forêt de Maamora en direction de Fès, la réserve naturelle de Sidi Boughaba en direction de Mehdia et les 4,5 hectares de jardins de Bouknadel, à quelques kilomètres de Rabat1. 0

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1. Le paysage naturel, la topographie axonométrique 1    Toutes les informations géographiques et démographiques ont été acquises auprès de : www.wikipedia.org et du RGPH (Recensement général de la population et de l’habitat).

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La zone métropolitaine de Rabat, bien qu’elle ne comprenne que les villes de Salé et de Temara, est l’une des plus peuplées du Maroc, avec 2 120 192 habitants, la deuxième après Casablanca. D’un point de vue écologique, la seule zone métropolitaine de Rabat abrite quelque 600 espèces végétales et des centaines d’espèces animales. Les politiques administratives de ces dernières années ont encouragé des choix éco-durables pour la capitale verte. Du point de vue géographique, le site est situé sur un plateau de marne et de grès surplombant l’océan et le fleuve ; son promontoire est occupé par l’actuelle Kasbah de l’Oudaia. Le climat reflète la position de confluence entre les vents marins humides et secs du Sahara1.

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RABAT

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2. Constellations urbaines et vertes

1  Doc. No 1401, Rabat, modern capital and historic city (Morocco), das “Pour la nomination de la Médina de Rabat au patrimoine mondial de l’UNESCO”, source : https://whc.unesco.org › document, consultato il 12.11.19.

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3. Le paysage naturel, vert sur pierre, le jardin de la Kasba degli Oudaia, Rabat.

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Le paysage urbain Rabat représente la synthèse parfaite de multiples éléments : ville maritime et fluviale, ancienne et autène, autant qu’expérimentale et innovante. Si d’une part, en effet, sa singularité géographique a attiré différentes populations depuis l’histoire la plus lointaine1, d’autre part, pour une “serendipity of conservation”2, le bâtiments d’origine sont resté presque intact, nous offrant actuellement la possibilité d’une investigation. En dernier lieu, Rabat maintient toujours la “primauté” de l’expérimentation contemporaine sur le vivant, qui lui a été conférée par les interventions du XXe siècle des urbanistes, architectes et paysagistes français.3. L’étymologie semble faire remonter son nom au terme Ribat, qui signifie forteresse. Ce n’est pas un hasard si la première trace urbaine, datant des VIIe et VIe siècles avant J.C., remonte à la forteresse de la Kasbah de la famille Oudaïa, créée par les Mauritaniens, ancêtres des Berbères du Maroc et identifiable aujourd’hui dans la partie la plus septentrionale de la propriété, surplombant la mer et le fleuve, semblable au premier établissement de Bari (cf. Saint-Pierre). L’établissement s’est ensuite étendu vers le sud, donnant naissance au tissu historique de la Médina. D’une superficie de 91 hectares, elle est toujours délimitée par les murs almohades4 à l’ouest et les fortifications andalouses au sud. Deux artères principales, visibles au premier coup d’œil, relient la partie historique à la nouvelle : l’avenue Mohammed V, le long de laquelle s’épaississent les bâtiments administratifs du gouvernement marocain, et la rue Sidi Fateh, qui devient le nouveau quartier avenue Allal Ben Abdellah. L’expansion de la ville à l’époque moderne est liée à la période du protectorat français (1912-1956). La prédilection des routes mentionnées ci-dessus pour la distribution de la ville coloniale a ses racines dans l’histoire médiévale, selon laquelle les deux routes coûtaient les traces des chevaliers pour entrer dans la médina. Le tracé de l’avenue Hassan II délimite horizontalement les deux divisions de la ville, tandis que l’avenue al Marsa encadre la promenade de la ville et la relie à l’arrièrepays le long du fleuve. La “ville nouvelle” a été conçue par Prost et Forestier comme une extension morphologique de la médina, elle a la même structure hiérarchique des flux : des rues principales partent les tunnels à arcades, qui abritent des activités commerciales (ainsi que les rues du Suq dans la médina), qui à leur tour se ramifient dans les ruelles menant aux maisons privées. Là, les maisons sont regroupées en blocs, dont le noyau est constitué par les villas d’élite construites pour la bourgeoisie colonialiste française. Chaque nouvel îlot a été conçu pour faire place à une future croissance auto-organisée : alors que le bâtiment le plus important, celui qui donne sur la rue principale, a été méticuleusement conçu selon les canons décoratifs modernes de l’arabisance, la zone située derrière lui a été délibérément laissée vide, en vue d’une urbanisation ultérieure. 1  M. E. Bonite, The Sacred Direction and City Structure: a preliminary analysis of the Islamic cities of Morocco, dans“Muqarnas”, Vol. 7, pp. 50-72, 1990. Selon l’auteur, l’implantation urbaine de Rabat est antérieure à de nombreux centres du Maroc en raison de ses caractéristiques géographiques. 2  M. E. Bonite, The morphologies of Iranian Cities, dans “Annals of the Association of American Geographers 69”, 1979. 3

Il s’agit de Henri Prost et Forestier, Ecochard et autres, voir chapitre I.

4  Dynastie musulmane berbère qui a dominé en Afrique du Nord et en Espagne musulmane entre la seconde moitié du XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle

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Ce concept, défini comm Plan à tirrois5, a pu répondre, dans une première phase, à la forte demande de logements due à la forte croissance démographique de la population marocaine, et a donné place au caractère créatif spontané de la communauté, si tangible dans la réalité de la vieille ville. Pour souligner l’aspect continu du nouveau projet, les vues en perspective de l’ancien noyau et de la Kasbah, observables depuis chaque bâtiment public et monument. À l’échelle macroscopique, le tissu historique se distingue par sa forte densité et par le type de maison à cour intérieure, plus répandu. Là, les perchoirs étroits, encore bien conservés aujourd’hui, se développent en labyrinthe et ont une disposition orthogonale. Cette structure routière rappelle, dans ce cas également, la morphologie des systèmes d’irrigation des zones rurales, la matrice des systèmes de construction ultérieurs. L’interruption de la rythmicité est donnée par les lieux de culte : précisément neuf mosquées, quarante et un oratoires, treize madrasas et quatorze hamams, liés à la sphère religieuse pour leur rôle purificateur, essentiel à la pratique musulmane. En analysant le bâtiment d’un point de vue fonctionnel, un schéma de distribution radiale se dégage : le cœur est la mosquée, progressivement entourée de bâtiments dédiés aux activités de culte “secondaires” et enfin de maisons privées. Eux aussi suivent le même principe : d’abord les plus grandes résidences, appartenant aux familles les plus riches, puis progressivement les plus modestes. Ce concept se retrouve également dans la médina adjacente de Salè et généralement dans toutes les agglomérations historiques du Maghreb. La ligne de conception des médinas arabes est en effet conforme aux critères constitutifs de la culture islamique, intrinsèquement liée à la pensée religieuse. La différence substantielle entre les deux noyaux anciens est donnée par les inclinaisons des bâtiments, en fonction de la pente orographique du site et des différents calculs pour déterminer la direction vers La Mecque. Selon les études des spécialistes6, il est possible d’observer dans les villes du Maroc une grande variété d’orientations de la qibla, basée sur les différentes connaissances dans le domaine des mathématiques et de l’astronomie, acquises au fil du temps par les nombreuses dynasties successives : la période des Almohades, des Mérindiens, des Alaouites présentent des inclinaisons qui varient entre 120° et 150°. “Rabat et Salè indiquent, une fois de plus, la prédominance de la pente pour la direction de la route, montrant des orientations différentes à travers le Bou Regreg. L’axe des deux villes correspond à leurs orientations prédominantes vers la qibla”7. La logique urbaine liée au territoire et à la tradition rurale se conjugue harmonieusement avec la transposition des symboles religieux dans l’architecture. Il est fascinant de reconnaître dans un texte sacré les directives pour l’aménagement des espaces physiques. L’influence des valeurs culturelles dans la perception de la vie est déclarée par la présence remarquable du mot 5  L. Maricchiolo, Fenomeni di resilienza dello spazio pubblico di Rabat-Salé. Dall’habitat di Michel Ecochard al progetto contemporaneo, Thèse de doctorat en architecture, 2015 p. 22. 6  Ci si riferisce a M. E. Bonite, D. A. King e G. S. Hawkings rispettivamente in: The morphologies of Iranian Cities- Annals of the Association of American Geographers 69 (1979), Astronomical Alignments in Medieval Islamic Religious Architecture- Allas of the New York Academy of Sciences 385 (982), On the Orientation of the Ka’ba- Journal of the History of Astronomy 13 (1982) e agli studi in campo condotti dall’American Institute of Maghribi Studies. 7  1979.

M. E. Bonite, The morphologies of Iranian Cities, in “Annals of the Association of American Geographers 69”,

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“médina” dans le Coran, à dix-sept reprises. Chaque aspect de la vie collective est marqué par l’appel à la prière (cinq fois par jour pour les musulmans) du muezzin, qui du haut des minarets domine le champ sonore et matériel du paysage urbain, ainsi que la syntaxe des activités quotidiennes liées à la sphère domestique influence la forme du bâtiment et même la largeur des ruelles. La conformation de la maison tend à protéger le groupe familial, tandis que la morphologie des bâtiments collectifs pour accueillir le croyant, voire l’absence d’iconographie dans la religion islamique, a conduit à la diffusion de motifs ornementaux géométriques à caractère cosmique et abstrait. La dureté du climat a au contraire multiplié les astuces technologiques, générées par la complicité des uns et des autres. La juxtaposition des unités de logement crée, en effet, une barrière compacte et efficace pour se défendre contre le vent et le soleil haut. La structure de l’Islam est acéphale, c’est-à-dire qu’elle ne prévoit pas d’autorités spirituelles institutionnalisées, mais plutôt des figures de médiation auxquelles la communauté peut se référer (oulémas, imams, shaykh) ; spéculairement, un ordre préétabli venant d’en haut n’émerge pas de la trame urbaine, mais plutôt un corps homogène qui fonctionne dans son ensemble. Cette spécificité la distingue des formations urbaines occidentales, historiquement caractérisées par des centres précis de pouvoir ecclésiastique, et contribue à la manifestation spontanée de phénomènes sociaux ascendants. En ce sens, la médina se distingue comme un modèle de peuplement, dont la matrice morphologique se retrouve également dans les contextes clandestins plus périphériques de la ville ; pensons à l’habitat illégal des bidonvilles les plus attestés, dont les habitants ne prédisent pas à partir des réalités rurales, comme on pourrait le supposer à tort, mais à partir de centres urbains mineurs. En fait, il existe une distinction entre les habitants des quartiers auto-organisés déjà bien établis et ceux des nouveaux quartiers irréguliers : les premiers sont à toutes fins utiles des citoyens, et à ce titre proposent l’ordre formel de la médina d’origine, les seconds ont une origine rurale et articulent l’espace résidentiel sur les modèles du ksar ou du douar (littéralement “village ou camp fortifié”).La distinction est également tangible en ce qui concerne le choix des matériaux ; alors que les bidonvilles les plus anciens ont des maisons abusives en brique ou en béton, les plus récents sont construits avec des déchets très pauvres, d’où l’expression “ville de fer blanc”. Ces phénomènes diversifiés de syncisme sont le résultat d’un processus migratoire exponentiel, que Prost avait pressenti, mais sans pouvoir en absorber l’impact par son plan directeur. “La rapidité du processus d’urbanisation au Maghreb, avec le passage de 5 à 10% de la population urbaine à 60% en un siècle, avec des pics atteignant 90% au Maroc, a eu un impact profond sur le mode de vie et l’occupation de l’espace urbain ces dernières années. La croissance des villes a produit un changement dans la relation des liens sociaux, avec l’expression de la déterritorialisation de la condition métropolitaine, et la composition sociale de l’espace de vie quotidienne : par rapport à la société précoloniale, et à l’espace comprimé et homogène de la médina, le développement colonial a introduit l’autre, l’étranger, l’inconnu. C’est-à-dire qu’elle a introduit la diversité de l’espace et la diversité de ses possibilités d’expérience, qui varient aujourd’hui selon les différents types qui le composent. La ville maghrébine est macroscopiquement constituée d’une série de systèmes juxtaposés, auxquels correspondent différentes qualités d’espace public et autant de modes d’appropriation et de rapport à la sphère privée. Les médinas [...] représentent l’héritage historique de la ville du Maghreb, et le témoignage de l’appartenance territoriale 98


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et culturelle, où se manifeste le caractère identitaire de l’espace public méditerranéen. Ils sont donc la réserve de l’identité urbaine. L’espace urbain de la médina est clairement marqué par une activité intense dans l’espace public, fortement caractérisé par des fonctions et des images. La ville coloniale s’est développée à ses côtés, se juxtaposant à la ville arabe traditionnelle, marquant le péché originel de la fragmentation actuelle de l’image urbaine”8. La municipalité de Rabat s’est partiellement engagée depuis les années 1970 dans la préservation et la valorisation de son centre historique, à travers une série de programmes urbains qui voient la collaboration d’organismes institutionnels au niveau national. La médina de la capitale est un précieux témoignage des différentes phases historiques et des populations qui s’y sont installées, intégrées ensuite dans l’environnement araboislamique. Sa société est mixte : des Marocains d’origine berbère, mauresque, juive, arabe et française cohabitent pacifiquement dans la capitale. “Avec leur morphologie urbaine atypique et leur atmosphère sociale et culturelle spécifique, ces villes représentent encore des lieux “exceptionnels” qui résistent plus ou moins à la dynamique d’urbanisation galopante à l’œuvre dans les espaces urbains. Ils conservent encore, dans un contexte généralisé de mondialisation des territoires, un ensemble de spécificités et de pratiques sociales et culturelles héritées du passé qui les rendent fascinants et originaux. Ce sont aussi des lieux de concentration d’une importante activité artisanale qui occupe une grande masse de main d’œuvre et qui est un des leviers du tourisme national. Enfin, leur localisation au cœur des villes les rend idéales pour la réalisation de véritables projets de régénération urbaine qui peuvent guider de nouvelles dynamiques de changement dans les espaces urbains. En bref, ces villes contiennent autant de biens et de richesses qui doivent être développés et promus dans le cadre de véritables stratégies de réhabilitation”9.

4. Images montrant la direction de la qibla pour chaque ville du Maroc à gauche, pour le noyau de Rabat-Salè à droite. Source: Michael E. Bonite, The morphologies of Iranian Cities, in “Annals of the Association of American Geographers 69”, 1979. 8  L. Maricchiolo, Fenomeni di resilienza dello spazio pubblico di Rabat-Salé. Dall’habitat di Michel Ecochard al progetto contemporaneo, Thèse de doctorat en architecture, 2015, p. 63. 9  Réseau Marocain des Anciennes Médinas, État des lieux des médinas des villes membres, (édité par), CoMuncoopération municipale (Gouvernance locale et partecipative au Maghreb), 2015, p. 8. website : www.co-mun.net , www.giz.de/maroc. Les villes suivantes sont impliquées dans la collaboration internationale : Rabat, Tunis, Eschborn et Marseille.

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34°01’31”N 6°50’10”W

1. Rabat ville, photo aérienne, source: GoogleEarthPro

Surface de Rabat: 117 km² Population de Rabat: 1550 100 ab. Densité : 4 938,69 ab./km² *Fonte di tutti i dati demografici a seguire : RGPH 2004

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2. Rabat medina, photo aĂŠrienne, source: GoogleEarthPro

Surface de Medina: 0,91 km2 MĂŠdina Population de Rabat: 26.499 ab.

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le cœur

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3. Le paysage urbain, la perméabilité

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Kasbah

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DensitĂŠ: 2,95 ab/km2

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L’analyse historique

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5. Tissus urbains en comparaison. Dans le sens des aiguilles d’une montre, à partir du haut à gauche : la Kasbah forteresse des Oudaïa, le noyau central de la médina, le quartier juif du Mellah et la zone à l’ouest de la médina adjacente aux murs de la ville et à la ville nouvelle.

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6. Comparaison des aménagements urbains. La concordance de l’orientation nord-est apparaît clairement, tandis que l’évolution des trajectoires selon différentes logiques d’organisation spatiale est indiquée. Du site le plus ancien dans la boîte en haut à gauche, au plus récent en bas à droite.

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L’analyse historique Comme observé précédemment, l’anatomie de la vieille ville de Rabat est extrêmement compacte, néanmoins il a été possible d’identifier différentes philosophies de composition entre le peuplement original au nord de la Kasbah, l’ordre central de la médina, administrativement divisé en districts de Lalou, Boukron et Soukia, le quartier juif du Mellah au sud-est et l’organisation spatiale à l’ouest, coïncidant avec les districts administratifs de Gza et Sidi Fateh. I. La forteresse de la Kasbah Oudaïa Le premier établissement historique (voir l’emplacement dans la fig.4 et le premier encadré en haut à gauche dans les fig.5 et 6) montre clairement l’accord des itinéraires et du bâtiment avec l’orographie naturelle du site. De son promontoire, la forteresse domine l’estuaire du fleuve et la vue sur l’océan, tandis que de la rive nord de l’Oued, les fortifications d’origine des premiers califes almohades et la majestueuse porte Bab Lakbir sont toujours impressionnantes. Les petites rues, toutes aussi étendues, ont un aspect curviligne, donné par les lignes de contour. La juxtaposition dense des maisons semble envelopper la mosquée Al Kasbah, tandis qu’au sud elle s’ouvre sur les jardins andalous. Un axe rectiligne, orienté au nord-est, contrôle la distribution de la route qui, depuis les maisons privées, mène au lieu de culte, ce qui suggère une modification ultérieure, datant probablement d’une des nombreuses transformations du site, conclue seulement au XXe siècle, avec l’avènement de la pratique française de protection du Patriminium. Depuis lors, les interventions sur le site se limitent à sa maintenance. II. Le cœur de la médina : Lalou-Boukron-Soukia Dans l’extension qui suit immédiatement la Casbah, il y a une disposition orthogonale des rues, également orientée au nord-est, qui crée de grands blocs rectangulaires, composés de maisons avec des cours juxtaposées, accessibles par des ruelles étroites, appelées Derbs (c’est-à-dire des rues tertiaires, pour se distinguer des routes secondaires, Zqaq, et des routes principales). La hiérarchie spatiale des parcours se conjugue avec la hiérarchie fonctionnelle : on distingue les impasses privées, les ruelles semi-publiques animées par des commerces et autres services, comme les hammams, et les rues du marché public. La taille et la décoration des maisons à cour et leur relative proximité avec les mosquées Swiqa et Benanni indiquent la classe bourgeoise de ses habitants. Ces bâtiments sont encore dignes d’intérêt aujourd’hui (il faut citer les maisons de Lamrini, Louis Chénier, Bargach, El Aïssaoui, Karrakchou, al-Alaoui, Boudalaâ et al-Garbi1).Sur les principaux axes, le marché de la ville a lieu pendant la journée, comme on peut le voir depuis la rue des Consuls ou la rue Bouqroune. Ce n’est pas un hasard si l’un des trois districts administratifs de la région s’appelle Souika (en raison de la présence du Souq). D’un point de vue aérien, une continuité formelle peut être observée pendant la journée entre les bâtiments des différents blocs, générée par les toits en toile ou en bois perforé des magasins individuels, qui servent à l’ombrage. Le clair de lune révèle au contraire la conformation naturelle des chemins du Souq. Ici, les activités quotidiennes de la vie collective offrent la mesure tangible de leur influence sur l’espace de vie. Le même point de vue offre des scénarios contrastés en fonction du moment d’observation. III. Le quartier juif : le Mellah 1  Doc. No 1401, Rabat, dans “Pour la nomination de la Médina de Rabat au patrimoine mondial de l’UNESCO”, source: https://whc.unesco.org › document106


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Le quartier juif Mellah doit son origine étymologique au terme Al-Mallah, qui signifie mine de sel, pour désigner la caractéristique du premier site de peuplement juif au Maroc, dans la ville de Fès, datant de 1438. Cette communauté juive, définie comme Megorashim ou séfarade, s’est installée dans la région après l’expulsion d’Espagne. Cependant, d’autres groupes juifs s’étaient déjà installés dans la campagne marocaine plusieurs siècles auparavant, à la suite de la première diaspora, et étaient totalement intégrés à la communauté arabo-musulmane; ils étaient appelés Toshavim, pour indiquer leur caractère autochtone2. Le flux migratoire le plus récent a provoqué le transfert des élus vers les réalités urbaines de la région, entraînant la création de districts ad hoc, généralement situés à proximité des bâtiments gouvernementaux, pour des raisons de contrôle et de sécurité. Le Mellah avait des caractéristiques différentes du ghetto européen, sa communauté jouissait en effet d’une position privilégiée dans le contexte socioculturel de l’État nord-africain. Les Juifs marocains possédaient un statut spécial qui leur permettait de circuler librement sur le territoire, ils occupaient des postes politicoadministratifs liés avant tout au commerce avec l’Europe. En ce sens, ils constituaient des figures de pont entre la communauté musulmane du pays et la communauté chrétienne occidentale, à tel point que les visiteurs européens étaient accueillis dans le Mellah. Les derniers Mellahs sont ceux de Rabat-Salè, fondée en 1807 et 1806, presque quatre cents ans après la première. A Rabat, le quartier dédié aux Juifs était situé près des portes andalouses sur un plateau de 8 hectares qui s’étend de 4,50 à 18,50 mètres, d’où il est possible d’observer la Casbah et la rivière. En plan, les maisons juives présentent les mêmes spécificités typologiques du tissu musulman ; sur le plan vertical, elles s’étendent également sur deux ou trois étages en hauteur ; sur le plan visuel, la continuité formelle est renforcée par le même choix de matériaux : murs blancs, portes de couleur bleue ou ocre, sols en terre battue. Pour désigner une distinction, la décoration des façades et de certains éléments de construction, comme les balcons des maisons les plus dignes. Le Mellah, afin de contenir l’ensemble de la population juive de la ville, est le quartier le plus fréquenté, avec une densité de 852 ab/ha, soit presque le double de celle du quartier de Souika (496 ab/ha)3. Le réseau routier suit l’orientation déjà indiquée et se compose d’une artère principale droite, animée par des services, et de vingt-trois allées pour la plupart parallèles entre elles et perpendiculaires à l’axe précité. Le réseau routier comprend des blocs rectangulaires de 20 à 26 mètres de large et de longueur variable d’est en ouest, respectivement de 46 à 100 mètres. En général, on reconnaît trois types morphologiques de blocs : les maisons à cour juxtaposées de manière linéaire et, lorsque cela est possible, juxtaposées tour à tour dòs-a-dòs et enfin, vers l’extrémité sud, certains blocs prennent une forme triangulaire. En ce qui concerne l’état d’entretien des bâtiments, il y a cinq sites en ruine, onze blocs très dégradés, quinze blocs insalubres et dix-neuf blocs en bon état. IV. L’organisation spatiale à l’ouest de Gza et de Sidi Fateh La dernière étude de cas présente des caractéristiques similaires à celles du Mellah pour la typologie des bâtiments et pour le mode d’agrégation des corps architecturaux, cependant, elle montre une inversion de l’interdépendance des routes. La principale direction nord-ouest est marquée par l’avenue Mohammed V et la rue Sidi Fateh, qui sont les matrices du maillage de la circulation dans la ville coloniale, tandis que les ruelles se ramifient orthogonalement à celle-ci. 2

M. S. Mani, The future of the Past, On Conserving the Mellah of Rabat, Morocco ,1987, Inde, Thèse MIT,1998.

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107 R. Ilham, Le Mellah de Rabat. Remise en question dans le tissu de la Medina, Thèse sur “Issuu”.


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L’analyse actuelle

7. La construction, l’analyse sensorielle. Cartes dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : champ sonore et lieux d’écoute, champ de vision et points d’observation. Les points sonores sont donnés par la présence généralisée de minarets, tandis que les points d’observation sont donnés par la pente territoriale.

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8. Au-delà du construit, l’analyse du chemin. Les cartes, dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant du haut à gauche : Les lieux de commerce, les axes et les points de convergence ; Les lieux de rencontre, le vert et le cimetière public, les impasses privées, la vue d’ensemble. De la schématisation émerge la tripartition des rues en fonction de l’usage collectif.

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9. Les lieux construits, les lieux “à faire”. Les cartes des services dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : Lieux de culte, Culture et sécurité, Transports (arrêts de bus près de la vieille ville et parkings) et alimentation, Les construits, vue d’ensemble.

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10. Le paysage urbain, le bâti et au-delà .

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L’analyse actuelle L’analyse sensorielle montre comment la prédisposition des minarets engendre un champ sonore capable de se répercuter sur l’ensemble du tissu historique. La vue vers l’océan et le fleuve n’est au contraire perceptible que dans les colonies de la Kasbah et du Mellah, situées sur les pentes les plus abruptes. Les lieux de commerce sont disposés le long de six rues et d’une place : les bazars de la rue Sidi Fateh et de la rue des Consuls rejoignent les rues orthogonales Bouqroune, Soukia et du Mellah ; la continuité piétonne au pied des fortifications de l’Almholade se prête favorablement aux marchés improvisés, qui mènent directement à la place du Marchè. Dans les rues principales de la médina, le spectacle urbain informel a lieu ; les autres points d’interaction entre les différents acteurs sociaux sont les espaces verts et les installations sportives. Au nord de la Médina, il y a aussi le cimetière de la ville. La distinction entre la sphère publique et privée est marquée par la variation du tronçon de rue, qui tend à diminuer pour le cul-de-sac, comme on peut l’observer à partir des schémas et planimétrie suivants. On y trouve de nombreuses mosquées, des bâtiments dédiés au tourisme et à la culture, et des parkings. Les arrêts de transport sont disposés, comme pour Bari, le long des limites routières du tissu historique. Le îlot urbain La médina de Rabat, et en général toutes les médinas du Maroc, présentent une certaine uniformité formelle. La modification du palais de justice se traduit par l’occupation possible de la cour et de certains des quartiers d’habitation par les locaux commerciaux, le long des rues dédiées du Souq. Le plan présenté à la page suivante fait ressortir avec force l’harmonie entre l’organisme architectural et l’organisme social. Les locaux commerciaux sont disposés consécutivement le long de chaque rue du marché (dans ce cas la rue Bouqroune), comme pour protéger la dimension résidentielle. Pendant la journée, la rue publique est masquée par l’extension des activités collectives (toitures, tentes, etc.). Le lieu de rencontre et l’identité collective ressortent clairement de la représentation. Les branches de la rue principale se développent en labyrinthe et ont des extensions de plus en plus petites, comme le montrent les schémas des trois types de rues dans les pages suivantes. Le tissu architectural est généralement extrêmement compact et n’est que légèrement modifié par rapport à la conformation d’origine.

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11. Système de proportionnement des routes. Dans l’ordre de gauche à droite jusqu’à la page suivante : Derbs, Zqaq et via del Mercato.

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Les phénomènes sociaux “L’identité du paysage urbain de la ville de la rive sud de la Méditerranée est une identité processuelle, dynamique, qui manifeste la résilience de son organisation”. L. Maricchiolo, Fenomeni di resilienza dello spazio pubblico di Rabat-Salé 1 La dichotomie entre la trame coloniale et la trame traditionnelle est atténuée par les fonctions collectives qui se déroulent le long des parcours traditionnels, véritable collagène connectif entre les deux faces urbaines de Rabat. L’ancienne voie marocaine constitue l’espace relationnel de sa société, expression d’une culture méditerranéenne enracinée dans le lieu. La capacité de résilience de la communauté de Rabat se manifeste donc dans la rue et constitue un exemple de système adaptatif complexe2, puisqu’elle est capable de protéger le Genius Loci, face à une tendance mondiale opposée, qui vise à la désintégration de la combinaison de l’artefact et de l’environnement (on pense à l’œuvre de Zaha Hadid, le Grand Théâtre de Rabat, qui conformera la ligne d’horizon de la capitale aux vues modernes de la métropole internationale). Nous pouvons affirmer que le cas analysé est un système adaptatif complexe, puisque le contexte culturel de la société de la médina contribue à créer la richesse matérielle de la ville de Rabat, selon la théorie expliquée dans Cap.I. Cela nous fait prendre conscience que les phénomènes spontanés, observés dans les rues de la capitale, ne sont pas des exceptions à la règle, à supprimer ou à résoudre, mais le modèle de plus en plus répandu dans les réalités urbaines émergentes. Leur présence est positive, car elle a le sens d’une adaptabilité, avec une tendance, cependant, à l’instabilité. Le rôle de l’architecte est donc de régulariser la manifestation spontanée et créative, par des interventions sensibles à petite échelle, capables d’assurer une certaine qualité de l’espace public. Alors que l’administration locale vise à la régénération urbaine des zones situées en dehors des anciens murs, il existe une nouvelle sensibilité collective envers les thèmes de la conservation du processus sociourbain de la médina. Le REMAM (Réseau Marocain des Médinas Anciennes), fondé en 2012 dans le but de lancer une nouvelle plateforme de dialogue visant la réhabilitation et la gestion des médinas participantes (neuf à ce jour : Meknès, Salé, Rabat, Fès, Tétouan, Casablanca, Chefchaouen, Essaouira et Tiznit)3. Les recherches du réseau ont révélé la diversité et l’originalité des pratiques résilientes en place, en précisant la difficulté de les standardiser en raison des contraintes techniques du patrimoine. La tentative des villes membres est d’initier un processus de capitalisation, qui apporte une richesse matérielle à la population locale et diffuse un plus grand partage de ces pratiques. 1  L. Maricchiolo, Fenomeni di resilienza dello spazio pubblico di Rabat-Salé (Phénomènes de résilience de l’espace public à Rabat-Salé), Thèse de doctorat en architecture, 2015, p. 6. 2  En biologie, le système adaptatif complexe (CAS) indique le potentiel comportemental d’un groupe à réagir positivement aux changements dans les informations qu’il reçoit de l’environnement. La CAS est capable de s’adapter aux changements sans se séparer du contexte. L’adaptation se fait en transformant et en recombinant les éléments constitutifs du système. L’agglomération de Rabat-Salè doit donc être comprise comme une CAS car elle est ouverte aux changements et capable de s’auto-organiser, grâce à l’échange rapide d’informations donné par l’interaction des acteurs impliqués, tout en conservant son identité et sa structure. 3  Réseau Marocain des Anciennes Médinas,, CoMun- coopération municipale (Gouvernance locale et partecipative au Maghreb), 2015.

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11. Medina de Rabat

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12. Urban greening, Medina di Rabat

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13. L’appropriation de la route, les rues du marché dans la médina de Rabat

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14. L’appropriation de la route, les rues couvertes du marché de la médina de Rabat

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15. Couvertures de la rue, MĂŠdina de Rabat.

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Marseille Le paysage naturel Située sur la côte sud-est de la France, baignée par la mer Méditerranée à travers le golfe du Lion, Marseille couvre une superficie de 241 km² et est habitée par 869 815 citoyens1. Sa caractéristique naturelle de promontoire est plus prononcée que les deux autres sites analysés et explique la forte présence des vents en toutes saisons. Ce n’est pas un hasard si c’est l’une des villes les plus venteuses du bassin, alors que les températures et les précipitations sont typiques du climat méditerranéen.

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1. Le paysage naturel, la topographie axonométrique

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Populations légales 2015 - Commune de Marseille (13055), fonte: www.insee.fr., consultato il 22.01.19.

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La communauté d’agglomération d’Aix-Marseille1 couvre la moitié du département des Bouches-du-Rhône et se situe au troisième rang en termes de population, après Lyon et Lille, avec 1 623 habitants au km² sur une superficie de 604,75 km² 2. Le Grand Marseille comprend dix-huit communes plus petites ainsi que le parc national des Calanques, un littoral rocheux de quelque 85 km², dont la flore, la faune et la tradition culturelle de la vie méditerranéenne sont protégées par l’UNESCO. C’est en fait le premier parc périurbain d’Europe.

AIX-ENPROVENCE

VITROLLES

33 km

MARIGNANE

MARTIGUES

AUBAGNE

MARSEILLE

2. Constellations métropolitaines

1

Datum INSEE, (Institut national de la statistique et des études économiques).

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Source: www.marseille-provence.com

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3. Le paysage naturel, Les Calanques, Marseille.

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Le paysage urbain “L’histoire de Marseille est avant tout l’histoire de ses habitants, avec un mélange de traditions et de populations, dans lequel Le Panier a joué un rôle déterminant. Le quartier du Panier est donc un lieu, car il est “identitaire, relationnel et historique”. L’identité de ce quartier renvoie à l’univers du voyage et réside dans la culture de la diversité”. Le quartier du Panier, analyse, Ensam, 2018 DH21 En 600 avant J.-C., la colonie grecque des Phocéens s’installe sur le promontoire du Fort Saint-Jean, à l’origine du premier noyau de Massilia, aujourd’hui connu sous le nom de district du Panier. Le plus vieux village de France1 a prospéré dans ses murs jusqu’au XVIIe siècle, lorsqu’il a été démoli par le Roi Soleil au profit d’une première extension urbaine. La ville portuaire, qui était à l’origine basée sur le commerce maritime, a assumé plus tard le rôle majeur de porte de la Méditerranée, attirant des populations nomades de l’Est. Dans les mêmes années de l’émirat de Bari, précisément en 838, les Arabes sont arrivés aussi dans la Marselha latine et ont érigé de nouveaux remparts, par opposition aux fortifications gréco-romaines. C’est donc précisément à ce lien avec la Méditerranée que nous devons l’âme cosmopolite de Marseille, qui a survécu entre la construction et la déconstruction. Il suffit de penser que déjà en 950, le Castrum Babonis de l’époque était déclaré terre d’asile pour les étrangers. Cette spécificité a fait de Marseille une réalité indépendante et rebelle aux impositions d’en haut. Si en fait l’annexion de la Provence aux Francs semble remonter à 536, ce n’est qu’avec l’avènement de la Révolution française que la communauté marseillaise a reconnu l’identité de la Patrie, au point d’inspirer l’hymne national. Cependant, le dialogue avec les rives sud de la Mare nostrum n’a jamais cessé d’exister. Le défilé de L’armie d’Afrique le long de la Canebière le 23 août 1944 est cité à cet égard, indiquant le rôle décisif de la communauté nord-africaine dans la libération de la ville du gouvernement nazi. Aujourd’hui, le premier village français, dont les frontières sont encore indéfinies en termes administratifs, est composé de Corses, d’Italiens, d’Espagnols, de Grecs, de Marocains, de Tunisiens et de Français, ainsi que du reste du noyau urbain. Selon les données2, 35% des citoyens marseillais sont d’origine italienne et un habitant sur quatre professe la religion musulmane, soit environ 200 000 fidèles. Le patrimoine multiethnique du quartier persiste dans les onomastiques de certains lieux, comme la place Jean Claude Izzo, pour célébrer l’auteur du personnage littéraire Fabio Montale, un Italien qui a grandi au Panier. D’un point de vue formel, la division entre la partie ancienne et la partie moderne de la ville est plus perceptible au niveau de l’élévation qu’au niveau du plan. La pente du site historique, plus accentuée que dans le reste du centre métropolitain, détermine la présence de rampes d’accès réparties dans le quartier et crée des murs invisibles. 1  Documentaire L’âme du Panier, le plus vieux village de France de S. Mammeri et O. Poli, coproduit en 2013 par France 3, PACA e Anonyma. 2

Comparer les données 2E Arrondissement-8Edition-Mars-2017, in “Atlas Du Parc Locatif Social”, Marseille,2017.

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43°17’51’’ N 5°22’38’’ E 1. Marseille, photo aérienne, source : GoogleEarthPro.

Surface de Marseille: 241 km² Population: 869 815 ab. Densité: 3 609,19 ab./km²

*Source de toutes les données démographiques disponibles : Populations légales 2015 - Commune de Marseille (13055),Statistiques insee.fr.

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2. Le Panier, photo aĂŠrienne, source :GoogleEarthPro.

Surface Le Panier: 0,199 km² Population: 6. 462 ab.

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Le noyau dela Vieille Charité

La zone portuaire

3. Le paysage urbain, la perméabilité

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le noyau de Rue de la République

Le noyau de Place du Refuge

4. Le paysage urbain, la densité

Densité: 3,23 ab/km²

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6. Comparaison des aménagements urbains. De la schématisation, on peut voir les différences substantielles, dans les cases inférieures, dues aux transformations plus ou moins récentes de certaines parties du quartier ; tandis que dans les deux cases supérieures, il y a une continuité distributive.

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UNE MER DE CITRONS

L’analyse historique Le Panier présente une forme de “goutte”, en raison des caractéristiques orographiques du site, qui ont déterminé les différentes structures formatrices et l’affirmation d’une typologie architecturale dominante, comme nous le verrons dans les exemples considérés. I. Le noyau à l’ouest de la Place du Refuge Les fouilles archéologiques menées en 2011 sur une superficie de 570 mètres carrés nous permettent de considérer la zone adjacente de la place du Refuge et de la place J.C.Izzo (sur la première place visible à droite) comme la première colonie grecque. En outre, la découverte de pièces de construction dans l’opus signinum1, témoignent de l’installation de palais de justice à partir de 200 av. J.-C., disposés orthogonalement et orientés NordSud. Analyse plus approfondie des vestiges archéologiques, menée par la municipalité en collaboration avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives2, nous permettent d’affirmer avec certitude que le tissu a subi trois phases de modification à l’époque romaine, plus précisément dans une première période augustéenne, dans une deuxième période flavienne et enfin vers 200 après J.-C. L’orientation du maillage médiéval a une rotation des axes orthogonaux en faveur de la direction du Levant, conformément à la tendance géographique du site. Pour les blocs, la coexistence de deux formes est mise en évidence : le cœur du quartier est très dense et se caractérise par des blocs longs et étroits, composés de petites maisons (en moyenne 35 mètres carrés), sans cour, cotè à cotè et reflets éventuellement dos-à-dos, montrant en soi un système urbain d’égalité sociale3; tandis que les zones plus extérieures laissent la place à des blocs rectangulaires ou triangulaires plus étendus, souvent avec des cours intérieures, éventuellement occupées par des ajouts successifs de logements collectifs et des cages d’escalier communes. La conformation des lots (5x7m) a ensuite provoqué l’alternance entre les axes secondaire et principal (observable en noir et rouge dans la figure 5). Avec la mise en œuvre de la loi Malraux4, a été lancé dans les années 1970, un processus d’intervention5 pour adapter les anciens bâtiments aux normes minimales d’hygiène et de confort, avec l’installation de toilettes, le raccordement au système d’approvisionnement en eau de la ville et l’augmentation de la surface habitable par la démolition des cloisons intérieures6. 1

Ancien sol alliant la terre cuite et la chaux.

2

Source : www.Inrap.fr

3

M. Camasso, S. Gron, N. Suraci, Impronte urbane_03, Abitare la città storica, Polo Grafico di Torino, 2018, p.46.

4

Art.3 Loi Malroux nr. 903/4, Août 1962

5  Dont les lignes directrices seront établies par l’ARIM (Association de Restauration Immobilière de Marseille). Quelques années plus tard (1972), la ZAD (Zone d’Aménagement Différée) sera identifiée, couvrant une superficie de 15 hectares entre le centre historique du Panier et le quartier voisin de la Joiliette. Plus précisément, les programmes de régénération urbaine : OGRI (Opération de Restauration Immobilière) de 1974 à 1978, OPAH (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat) de 1979 à 1989, RHI (Résorption de l’Habitat Indigne) de 1983 à 1988) et PRI (Périmètre de Rénovation Immobilière) de 1983 à 1988. 6  M. Camasso, S. Gron, N. Suraci, Impronte urbane_03, Abitare la città storica, 2018, Polo Grafico di Torino; S. Gron, G. La Delfa, Luoghi storici, consumati, fragili : ipotesi dell’abitare. Lettura dello spazio, progettualità della casa e proposte di recupero urbano, dans BDC (Bulletin du département de la conservation du patrimoine architectural et environnemental), vol.15, 2/2015; S. Gron, Recupero urbano, problematiche connesse al permanere della funzione: il Panier a Marsiglia, V Congreso Internacional sobre documentaciòn, conservaciòn y reutilizaciòn del patrimonio arcquitectònico y paisajìstico, ReUSO 2017, Granada.

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Bari, Rabat, Marseille

II. Le quartier au nord de la place des Moulins et à l’est de la Vieille Charité L’ancien complexe situé à l’est de la Vieille Charité (visible à l’ouest du deuxième carré, à droite sur la figure 5) poursuit le tracé du quartier de la place des Moulins, orienté au nord-est. La place est située sur le point le plus élevé de la vieille ville et rappelle par son nom l’ancienne présence de moulins, une quinzaine selon les raffinements du XVIIIe siècle7. Au niveau souterrain, il convient de mentionner le système de réservoirs, construit dans la seconde moitié de 1800 pour fournir de l’eau à toute la ville. La morphologie que nous venons d’évoquer est interrompue par la rue de la Charité, d’où partent les chemins et les maisons qui convergent vers le point final du quartier, selon une logique spatiale liée à l’orographie du territoire. Au sud-est, nous pouvons observer de plus grands lots triangulaires, probablement d’une période plus tardive. Le même type de logement demeure comme dans le cas décrit ci-dessus. Le complexe de la Vieille Charité, ouvert au public en 1987 après vingt ans de travaux de restauration8, a été construit par l’architecte Pierre Puget en 1671, afin de loger et de soigner la partie la plus pauvre de la population marseillaise. Ces informations nous amènent à définir le caractère populaire du Panier comme une constante temporelle consolidée. III. Le noyau face à la rue de la République La pointe finale du quartier est caractérisée par de grands blocs triangulaires ou rectangulaires, réalisés lors des travaux d’agrandissement du centre historique, fortement souhaités par Louis XIV. Là, la rue de la République marque la division entre le Panier et le quartier de la Joliette et dicte les règles de répartition du réseau routier. IV. Le noyau face au Vieux Port La rue de la cathédrale, curviligne, marque la limite sud de la vieille ville, au-delà de laquelle une autre disposition et un autre type de bâtiment suggèrent une transformation de l’ère moderne. Il s’agit des travaux de restauration effectués par la municipalité suite au martèlement de la Seconde Guerre mondiale par le gouvernement nazi. Précisément en raison de son caractère populaire, rebelle, cosmopolite et interreligieux, le gouvernement allemand considérait Le Panier comme le quartier le plus enclin aux actes de criminalité et de résistance. Environ 1500 propriétés ont été détruites entre le 22 et le 24 janvier 19439, des milliers de citoyens ont été arrêtés et envoyés dans des camps de concentration. Les dures attaques subies par la communauté du quartier au cours des différentes périodes historiques n’ont pas prévalu sur la mixité du quartier, qui a au contraire démontré une forte capacité d’adaptation et de résilience, malgré la dévastation du bâtiment.

7

Source : www.tourisme-marseille.com. Voir les plans cadastraux accessibles sur www.archiveplans.marseille.fr.

8  M. Camasso, S. Gron, N. Suraci, Impronte urbane_03, Abitare la città storica, Polo Grafico di Torino, Torino, 2018 p. 47. 9

Source: www. Wikipedia.it

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UNE MER DE CITRONS

L’analyse actuelle

7. Au-delà du bâti, les lieux de l’”être”. Les cartes dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : Les grands espaces et les places, les chemins “vitrines” et les petites routes (respectivement en rouge et en noir), Les terrains de sport et les sites archéologiques en vert (en orange), Au-delà du bâti - vue d’ensemble.

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Bari, Rabat, Mareille

8. Les construits, les lieux de “faire”. Les cartes des services dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : Lieux de culte, Culture et sécurité, Transports (arrêts de bus près de la vieille ville et parkings) et alimentation, Les construits, vue d’ensemble.

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9. Analyse, vue d’ensemble.

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Bari, Rabat, Marseille

L’inspection Suite à la possibilité d’effectuer plusieurs inspections pendant le séjour annuel à Marseille, il est jugé nécessaire d’ajouter une nouvelle section d’analyse. Il compare les destinations officielles d’utilisation, selon les données de l’Atlas Du Parc Locatif Social de la commune (voir fig. 11), avec les résultats de première main de l’utilisation réelle des espaces publics et l’état réel des bâtiments. Cette observation nous offre une perspective de réflexion supplémentaire, qui sera intégrée dans les considérations sur la lecture du contexte urbain actuel.

10. Les bâtiments construits, dégradés, vue axonométrique.

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L’inspection

11. Le bâti, les usages : public, intermédiaire,résidentiel, social, très social.. (En retravaillant les données de Atlas Du Parc Locatif Social, 2E Arrondissement-8Edition-Mars-2017,

2.

1.

3.

4. 5.

6.

7.

13. Les places et la verdure ponctuelle du Panier

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1.

2.

5. 3.

4.

12. Les dents creuses

17.

1. 2.

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18. 4.,5.

23.

26. 27.

6.,7.,8.,9.

20.,21. 19.

22.

10.,11.

28.

12.,13. 14.15 16.

24.

14. Les bâtiments dégradés

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Lieux de rencontre ?

15. Lieux de rencontre? Place du Refuge, Le Panier, 2019. La fresque atténue la grande clôture du site archéologique abandonné. Après la réunion de district du 29.04.2019, il a été décidé de faire tomber les barrières. La volonté collective est d’installer un jardin partagé.

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16. Lieux de rencontre? Vue de la place Izzo, Le Panier, 2019.

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17. Décharge archéologique, Le Panier La photographie montre l’état du site archéologique adjacent à la place du Refuge.

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La dégradation des immeubles

18. L’abandon des biens immobiliers La photographie illustre l’état actuel de l’une des habitations figurant sur la carte de la fig.14.

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19. L’abandon des biens immobiliers Certains des bâtiments indiqués sur la carte de la fig. 14 sont dans un état de danger pour la stabilité structurelle.

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20. L’abandon des biens immobiliers La photographie documente l’effondrement des bâtiments les plus dégradés, qui a provoqué la fermeture de certaines rues.

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L’analyse actuelle Les réflexions suivantes ressortent de l’analyse formelle et fonctionnelle du district, renforcée par l’analyse complémentaire effectuée après l’inspection. Le nombre de places présentes n’est pas suffisant pour satisfaire toute la population ; de plus, certaines d’entre elles sont inaccessibles en raison de barrières architecturales, telles que des clôtures temporaires, ou sont dépourvues de facilités de stationnement, d’attractions qui favorisent les relations sociales, de terrains de sport et d’espaces verts, ce qui est presque absent, par rapport aux autres études de cas considérées. La forte densité de population, l’étroitesse des chemins, l’insuffisance d’espace libre et la grande variété des pentes empêchent un contact visuel entre le quartier et l’environnement. Malgré la proximité du port, il n’y a pas de point d’observation public possible, à l’exception de quelques terrasses privées. Cependant, l’absence presque totale d’allées permet de préserver un lien auditif, même faible, avec les éléments naturels du vent et de la mer, dont le son résonne dans les rues les moins fréquentées, ainsi que la mélodie provenant des clochers des nombreuses églises. En ce qui concerne les parcours routiers, il est possible de distinguer les trajets animés par des commerces, dont beaucoup sont convertis à la vente de produits locaux pour le tourisme (pensez au savon de Marseille), et ceux destinés uniquement au transit piétonnier des particuliers. Le passant temporaire est donc guidé vers certaines zones et n’est pas le bienvenu dans d’autres. Cette dichotomie conduit à un regard croisé sur Le Panier : d’un côté, il y a un village sur la façade, visant à promouvoir le folklore et les stéréotypes1, et de l’autre, nous voyons une réalité extrêmement populaire, aliénée du contexte métropolitain. Après une inspection plus approfondie, il n’y a que cinq places dans tout le quartier, théoriquement destinées à la communauté, mais la plupart d’entre elles, comme nous l’avons vu, n’ont pas d’installations appropriées pour les rencontres sociales. En outre, pas moins de dix-huit bâtiments abandonnés ont été identifiés, dont l’état va de la détérioration générale à l’instabilité structurelle de certains, comme le montre le reportage photographique. De plus, il y a cinq dents creuses causées par l’effondrement historique de vieux bâtiments. Ils ont été spontanément occupés par la communauté par l’insertion de sièges et décorés de peintures murales multicolores. En ce sens, ils constituent un espace commun supplémentaire pour la communauté.

1

Voir le cas de la place de Marrakech, Jma al Fna et la question du patrimoine, pages. 43-50.

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L’île urbaine La conformation des blocs, que l’on peut voir sur le plan de la page suivante, a déjà été mentionnée ci-dessus, qui laissent la place à la maturation de petites maisons, en moyenne d’environ 35 mètres carrés, sans cour, cotè à cotè et reflets éventuellement dos-à-dos, pour démontrer une certaine égalité sociale avec un caractère traditionnellement populaire. Sur la façade, les traditionnelles maisons à trois fenêtres, de trois ou quatre étages, sans balcon, se répètent rythmiquement, en calcaire local, coloré en bleu, ocre ou blanc, pour donner au quartier une atmosphère typiquement provençale (voir photo n°15). Les toits sont généralement des toits à une seule pente, recouverts de tuiles typiques de Marseille (dont les dimensions varient entre 41 cm × 25 cm et 45 cm x 26,5 cm). A titre d’exemple, le noyau autour de la rue du Panier, principal axe des fonctions touristiques du quartier, est montré. Le plan montre clairement l’étroitesse des espaces de vie, ce qui détermine la répartition d’un appartement par étage pour chaque cellule, alors que les rez-de-chaussée sont généralement occupés par des locaux commerciaux le long de la rue en question. Là où se trouvent les locaux commerciaux, il y a deux accès différents, respectivement pour le magasin et pour l’escalier de distribution vers les cellules d’habitation. Il n’y a pas de balcons. La relation entre la hauteur des bâtiments et la section de rue est plus extrême par rapport aux études de cas précédemment analysées, comme le montre la représentation schématique de la même rue (fig. 22). Le plan montre considérablement la différence d’utilisation entre la rue du Panier, animée par des extensions dans la rue (plantes, chaises, tables, etc.) et les branches secondaires.

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22. Système de proportionnement de la route de la rue du Panier.

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Les phénomènes sociaux À partir de l’analyse urbaine, nous pouvons faire les réflexions suivantes dans le domaine social. La représentation cliché d’un Le Panier illuminé par le soleil contraste avec un quartier généralement peu fréquenté le soir. Ce facteur entrave la communication entre les différents acteurs sociaux, qui sont plus concentrés dans la zone située en face du Vieux Port, fréquentée de jour comme de nuit, grâce à la présence de bars et de lieux de rencontre. En outre, l’impossibilité d’accéder au site par les transports publics, qui s’arrêtent le long de la frontière, ou par les transports privés, en raison de la morphologie du lieu, contribue à l’isolement de la communauté. Les anciens types de logement, malgré les interventions des années 701, ne répondent pas encore aux exigences modernes ni aux normes actuelles d’éclairage et d’accessibilité minimales. Le problème conduit souvent à l’abandon des bâtiments par les familles les plus riches, qui préfèrent s’installer dans les nouveaux quartiers périphériques, ce qui entraîne une baisse de la valeur des bâtiments, avec pour conséquence l’appauvrissement de la communauté restante, dont le caractère populaire avait déjà été intensifié par les politiques administratives de la municipalité (voir figure 10). Les programmes urbains des années 19702, concernant la construction de complexes de logements sociaux, avaient conduit à l’installation soudaine de nouveaux groupes de la partie la plus pauvre de la population, à côté de la communauté préexistante déjà traditionnellement humble, générant une première rupture de l’identité collective. L’enchaînement de facteurs, tels que l’exclusion sociale, la pauvreté et le manque de services et d’espaces équipés, a permis la naissance de la micro-criminalité, surtout dans les couches les plus jeunes de la société. En revanche, le mélange d’exclusion sociale et de marketing touristique a déclenché un processus de muséification du quartier. De plus, l’intervention trop lente de la municipalité sur la récupération des bâtiments abandonnés a généré la dégradation de l’arrière. Récemment, certaines ruelles ont même été fermées au passage, suite à l’effondrement des bâtiments les plus endommagés (voir figure 13). Cet événement représente un sérieux problème pour les quartiers historiques de Marseille. Le triste événement de l’effondrement, le 5 novembre 2018, de deux immeubles du quartier arabe voisin de Noialles, plus précisément de la rue d’Aubagne, a causé la mort de huit habitants. Suite à cet événement, les designers français se sont réunis afin d’envisager une ligne d’intervention ponctuelle dans les quartiers historiques de la capitale provençale. Au lieu de cela, la population a réagi bruyamment, demandant un réel soutien des organismes gouvernementaux par le biais de protestations pacifiques. Le double visage du Panier, autant fréquenté par les visiteurs que laissé à lui-même par la municipalité, a bénéficié de l’acquisition des biens par des tiers, pour des activités de vacances, comme l’Airbnb. Heureusement, de nombreux bâtiments ont été réaménagés par des particuliers, mais d’un autre côté, la communauté stable des résidents n’en a pas vraiment profité. En effet, l’enrichissement des propriétaires individuels, pour la plupart en dehors du quartier, n’apporte pas un réel bien-être à la communauté du lieu et le commerce touristique, concentré davantage dans les saisons chaudes, est encore instable 1

Voir note 5 de page 126.

2

La loi Vivien a permis l’expropriation de parcelles pour la construction de nouveaux logements sociaux.

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et insuffisant pour remédier aux profonds déficits de l’économie locale. Enfin, d’autres éléments perturbateurs dans le scénario urbain sont donnés par les vides aux coins de certains blocs, les dents creuses, qui proviennent des effondrements les plus éloignés de certains bâtiments (voir figure 12). Même le site archéologique adjacent, la Place du Refuge (représentée par un cercle orange dans la figure 7), est dans un état d’abandon et de dégradation, au point d’être devenu une sorte de décharge urbaine, où la végétation sauvage s’est installée, contrairement aux travaux de restauration des sites archéologiques de Bari. Globalement, on peut esquisser de multiples éléments de rupture de l’équilibre social du Panier, au niveau de l’identité collective et du Genius loci : la muséification et la dégradation architecturale du site et enfin l’appauvrissement économique de sa communauté ont proclamé la crise collective. Il est difficile de répartir les phénomènes rencontrés le long d’une temporalité rectiligne, car leur interdépendance se développe de manière plus complexe ; cependant, il est très encourageant d’observer les réactions de la société de Le Panier, qui a une fois de plus démontré une extraordinaire capacité d’adaptation. Il existe en fait deux dynamiques de résilience : la “re-végétalisation” urbaine et la ville créative. Le phénomène de re-végétalisation urbaine En raison du manque d’espaces verts et de services, la population s’est organisée de manière autonome par le biais d’installations vertes ponctuelles et de petits lieux de relation au bord des routes, tels que des librairies, des tables, des expositions d’art temporaires. Après avoir mené personnellement des entretiens3 avec la communauté locale, il est apparu que l’initiative était née de l’idée d’un habitant d’origine marocaine, qui avait décoré l’extérieur de sa maison et son bazar alimentaire avec des plantes et des chaises. L’objectif était simplement d’accroître le confort individuel, mais a ensuite suscité l’intérêt du quartier, qui a décidé de répéter l’acte de manière généralisée dans le quartier. Le succès du phénomène a progressivement conduit à la naissance d’associations de ville, afin d’organiser des événements mensuels, où jeunes et adultes peuvent enfin dialoguer de manière participative et transformer l’apparence du quartier. La simple pratique consistant à étendre la sphère privée ou commerciale sur les terres publiques, appartenant à la culture méditerranéenne, est devenue une occasion de rencontres récréatives, éducatives et culturelles sur les questions environnementales mondiales. Les manifestations associatives ont également attiré les citoyens extérieurs du Panier, qui ont ensuite perpétué la même action dans d’autres quartiers, notamment le long de certaines rues du centre et du quartier de Noialles (par exemple la rue Senac de Meilhan et la rue de l’Arc). Avec la prolifération de la manifestation verte, le visage des rues anciennes de Marseille a changé : l’espace étroit est allongé par la présence des plantes, le sentiment de sécurité et d’intimité des individus s’est accru, ainsi que le lien social entre les différents acteurs urbains, en général une voix collective a été retrouvée qui semblait perdue. Selon les données des experts4, la persistance du phénomène à long terme pourrait, dans une certaine mesure, avoir un impact réel également dans la lutte 3

Voir annexe “Interviews”.

4

Il s’agit en particulier du groupe de chercheurs du laboratoire Image,Ville,Environnement1 à Strasbourg.

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contre les problèmes climatiques (par exemple, les conifères, préparés par les citoyens le long des rues, absorbent les fines particules nocives émises par les gaz d’échappement des voitures), ou dans la réduction de la consommation d’énergie pour le chauffage et la climatisation des bâtiments ou dans le repeuplement des abeilles dans les centres urbains. Ce mouvement, qui semble trouver ses racines dans le patrimoine culturel des jardins urbains partagés de France dans les années 1990 ou dans les jardins communautaires américains de ces mêmes années, a également sensibilisé la municipalité, qui a prévu des indemnisations pour les plus belles rues et a réglementé le phénomène par un Visa vert et un manuel explicatif, qui peuvent être consultés gratuitement en ligne sur le portail de la municipalité. La ville créative “Le terme de créativité dans son sens étymologique implique l’expérimentation, la capacité à réécrire les règles, à produire de nouvelles idées ou solutions, à être non conventionnel, à découvrir les points communs entre des choses qui semblent absolument différentes, à regarder les situations de manière latérale et flexible. Ces modes de pensée encouragent l’innovation et génèrent de nouvelles possibilités”. Landry et Bianchini, The creative city, 1995, Demos London5. Une autre déclinaison des comportements résilients s’est manifestée par de nouvelles greffes créatives, nées de la collaboration entre les habitants et les artistes locaux, qui ont transformé les visages les plus dégradés de l’environnement bâti, tels que les dents creuses, en peintures murales colorées. En raison de ce phénomène, même les microespaces abandonnés ont été à nouveau occupés par la communauté. Si jusqu’à récemment, les déchets urbains étaient la métaphore spatiale du malaise social, ils se sont désormais transformés en incubateurs de créativité collective contemporaine, selon la logique des espaces de reproduction6. La poussée bottom-up produite par l’activisme civique des habitants du Panier est frustrée par la contribution éphémère des organes de gestion. La créativité participative et collaborative entre les citoyens et le gouvernement pourrait donner lieu à une vaste régénération urbaine, dans une perspective durable, qui apporterait un réel bien-être économique et psychologique à l’organisme social. Les développements de projets dans ce sens dans le scénario européen, en particulier dans la zone méditerranéenne, sont nombreux et continuent à se développer, comme déjà observé dans le chapitre théorique.

5

Source: www.cittacreative.eu

6  A. Kosova, Creatività e pratiche di riuso degli spazi urbani, dans La città creativa, Spazi pubblici e luoghi della quotidianità, (prodotto da) CNAPPC (Conseil national des architectes, paysagistes et conservateurs), première édition septembre 2017, dans “Call for Papers- Biennale Spazio pubblico 2017”, Rome.

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Les formes de résilience

23. L’art comme forme de résilience, Fenêtre, Le Panier

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La ville créative

24. L’art comme forme de résilience, Dent creus, Rue Puits du Denier, Le Panier

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25. L’art comme forme de résilience, Dent creus, Traverse de la Charité, Le Panier

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26. L’art comme forme de résilience,,Murs, Le Panier

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27. L’art comme forme de rÊsilience, Murs, Le Panier

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28. Pratiques de rĂŠsilience , Le Panier

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La re-végétalisation

29. La re-végétalisation, Le Panier

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Une comparaison dialogique Grâce à l’enquête réalisée, par le biais de la méthodologie comparative, pour les trois études de cas, il est possible d’extrapoler les points de contact et de divergence, sur un plan formel et phénoménologique. En général, les trois tissus historiques étudiés sont présentés de manière compacte. Le tissu urbain des trois centres anciens se distingue nettement des formations des temps modernes ; pour mettre en évidence la limite, on retrouve dans le cas italien et marocain des portions, plus ou moins étendues, des murs de la ville ancienne, tandis que pour le cercueil de Marseille, la limite est spatialement marquée par les rampes d’accès, disposées autour du bâtiment. D’autres facteurs géographiques de similarité sont la proximité du port antique et le caractère de promontoire des sites, accentué à des degrés divers. Les particularités naturelles des trois sites ont donné naissance à leur âme interculturelle et interreligieuse profondément enracinée, qui se lit encore aujourd’hui dans les traces du tissu urbain, d’où émerge également l’influence mutuelle des trois cultures considérées. Ce facteur nous permet de les inscrire dans le même contexte plus large, précédemment défini comme la Méditerranéité et confirme ainsi notre thèse de départ. En ce qui concerne le type d’habitat le plus répandu, on peut observer à Rabat les palais de justice survivants presque intacts, reconnaissables même dans l’organisme barivecchien, dont la majorité a cependant subi, dans ce cas, un long processus de transformation à l’époque médiévale. A partir de la Domus originale, il y a eu un premier acte de tabernisation de la façade, suivi d’une augmentation des unités de logement, qui à son tour a conduit à la pseudo-rangée multifamiliale, par l’ajout de cages d’escalier communes dans le patio original, puis a disparu définitivement avec la refonte éventuelle des cellules en ligne. Dans le contexte français, les maisons romaines ont été complètement perdues, au profit de la formation de lots médiévaux, sans cours, combinant linéairement cotè-àcotè et dòs-à-dòs. Cette spécificité a posé pas mal de problèmes aux habitants suivants, qui ont été contraints d’adapter les bâtiments aux normes modernes, de chercher des espaces verts et parfois d’abandonner leurs maisons. Il y a peu de cours dans les blocs extérieurs, probablement de formation plus récente. A l’immensité typologique de Bari, est associée la multiplicité des structures, preuve directe des stratifications culturelles ; en particulier on trouve la coexistence d’une logique liée au territoire, qui suit les orientations orographiques, l’inclinaison vers la Mecque de certains corps anciens et la hiérarchie orthogonale des axes routiers, qui nous ramène aux dispositions rurales de la Murgia. Pour la médina de Rabat, l’accord entre les bâtiments et le réseau routier se situe dans l’orientation nord-est, face à la qibla ; les variations d’inclinaison sont dues à la fois à la conformation géographique du site, et aux différentes connaissances mathématiques des dynasties successives, la perpendicularité entre la route principale et les routes secondaires semble se référer aussi dans ce cas à la logique d’irrigation des champs agricoles voisins. Le Panier est également caractérisé par une orientation nord-est, ici en raison de la logique territoriale. On peut donc reconnaître différentes logiques d’urbanisation de la zone méditerranéenne, observables dans les trois cas considérés. La présence de carrés est globalement rare, voire absente dans le cas de l’Afrique du Nord. Si les vides urbains sont très fréquentés à Bari Vecchia, le manque d’installations 160


Bari, Rabat, Marseille

adaptées entrave dans une certaine mesure la rencontre sociale dans le quartier provençal. De même, certains espaces verts et terrains de sport dans les deux premières études de cas contrastent avec la rareté des mêmes dans la dernière étude de cas. Du point de vue sensoriel, nous retrouvons le contact visuel entre le tissu historique et la mer dans certains points d’observation le long de la promenade de Bari et des établissements de la Kasbah et du Mellah à Rabat, par contre absent dans le quartier du sud de la France. Le champ sonore est un aspect important dans la réalité des villes du Maghreb, et est également présent de façon mineure pour Bari et Marseille. Les rues sont l’objet de nos recherches anthropologiques. Ils s’avèrent être les catalyseurs de la tradition millénaire de la Méditerranée et il est encore possible d’assister à une sorte de vie quotidienne inchangée au fil des siècles. Les différentes caractéristiques formelles nous aident à comprendre la diversité des fonctions, les problèmes de l’habitat humain et la conception de la société. À Bari Vecchia, il n’y a qu’un seul type de rue, animée à parts égales par le touriste, le citoyen hors quartier et l’habitant. Cette spécificité a permis à l’ensemble du système social de s’ouvrir au xenos, même dans les zones les plus internes de l’agglomération. Avant les interventions délicates de la municipalité, le quartier était fermé à tout type d’interlocuteur. La logique radiale dans l’organisation des fonctions dans les villes islamiques a généré une tripartition du système routier : les axes principaux ont un caractère public et accueillent toutes les activités collectives (marché, magasins, etc.), les autres rues ont un usage semi-public et enfin les branches plus étroites sont fonctionnelles à l’accès privé des résidences. Au Panier, il y a deux réalités opposées : les rues purement touristiques, décorées selon une logique publicitaire, et les routes secondaires, inhospitalières pour l’étranger. Certaines manifestations de résistance de la population marseillaise ont cependant permis de réduire l’écart. En ce qui concerne l’état du tissu urbain, le cas de Marseille est plus critique. Afin de montrer la comparaison graphiquement, des diagrammes sommaires ont été réalisés concernant la morphologie du bâtiment et son efficacité fonctionnelle. Les valeurs quantitatives de 1 à 3, représentées graphiquement par des cercles, ont été choisies arbitrairement pour indiquer la valeur élevée, moyenne ou faible des facteurs. La classification des phénomènes sociaux Chaque aspect formel mentionné ci-dessus a influencé l’apparition de certains phénomènes immatériels dans les trois communautés analysées. Afin d’établir une comparaison équitable, six indicateurs d’analyse sociale ont été classés : la présence de l’identité collective génératrice, la préservation du Genius loci, la collaboration participative entre la municipalité et les habitants, l’interaction entre les différents citoyens, la capacité d’adaptation et la résilience de la communauté. I. L’identité Dans le cas de Bari et Rabat, le caractère identitaire est permanent, l’esprit collectif du quartier de Marseille a subi plus de ruptures au fil du temps, liées à l’inclusion forcée de nouveaux habitants, à l’appauvrissement économique, à l’absence de pôles d’attraction communs, et à l’affirmation conséquente de la micro-criminalité.

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UNE MER DE CITRONS

La morphologie en comparaison

Bari Vecchia

Medina de Rabat

Le Panier

Points publics d'observation Champ sonore

Les places

Verdure et sport

Bari Vecchia Medina de Rabat Le Panier Légende des valeurs : Efficacitè et attractivitè des moyen haut faible absent lieux pour la rencontre Efficacité du système

Dans les diagrammes suivants, des valeurs quantitatives de 1 à 3, représentées graphiquement par des cercles, ont été choisies arbitrairement indiquerespace la valeur élevée, moyenne ou faible des facteurs. Les valeurs attribuées n’ont pas de signification routierpour comme absolue, mais sont liées à la comparaison des trois études de cas. Par exemple, l’efficacité fonctionnelle du bâtiment pour Bari de relations sociales est jugée bonne, par rapport à la comparaison avec les centres historiques de Rabat et Marseille, et non de manière absolue.

Utilisation efficace des bâtiments Etat des lieux du tissu urbain

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Points publics d'observation

Bari, Rabat, Marseille

Champ sonore

Les places

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Verdure et sport

Bari Vecchia Efficacitè et attractivitè des lieux pour la rencontre Efficacité du système routier comme espace de relations sociales Utilisation efficace des bâtiments Etat des lieux du tissu urbain

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Medina de Rabat

Le Panier


UNE MER DE CITRONS

II. La conservation des Genius loci Le premier indicateur a facilité la protection des Genius loci dans les deux premiers cas examinés. Au contraire, les problèmes sociaux du village provençal ont souvent conduit à l’abandon du centre avec la perte conséquente de la valeur du lieu. III. Participation des habitants de la communauté Les programmes de réhabilitation architecturale-environnementale et sociale des années 1990, mis en œuvre par la municipalité de Bari et soutenus par l’Union européenne, ont fonctionné avec succès sur le quartier de San Nicola, réduisant de manière drastique l’activité micro-criminelle et rachetant l’image du centre historique de Bari au niveau national et international. Depuis le programme URBAN, les organismes gouvernementaux locaux ont travaillé activement aux côtés de la communauté, par des interventions sensibles à l’échelle micro et en mettant l’accent sur la protection du patrimoine immatériel et le bien-être collectif (nous mentionnons à cet égard le réaménagement du Largo Albicocca en coopération avec la multinationale suédoise Ikea1). Dans la capitale marocaine, les intérêts de la municipalité suivent deux politiques antithétiques : d’une part, le système de valeurs invisibles est de plus en plus reconnu, à travers des pratiques de protection du patrimoine communautaire et historique, et d’autre part, les pressions mondiales poussent à investir davantage dans des projets sur la nouvelle ville qui peuvent amener Rabat à être compétitive sur la scène internationale, ce qui conduit inévitablement à occulter la valorisation du centre historique. Dans Le Panier, le lien entre le gouvernement et les citoyens est encore très faible. Le léger intérêt des municipalités pour le phénomène de l’écologisation urbaine, par le biais de licences vertes et de cérémonies de remise de prix, ne suffit certainement pas à combler les lacunes dans la relation entre la société et l’institution, née de mauvais choix et d’une crise économique généralisée. La détérioration et l’effondrement de certains bâtiments est un problème grave auquel il est essentiel de réagir rapidement. Le malaise de la population s’est manifesté et continue de se manifester dans les rues centrales de la ville avec la soi-disant marche de la colère2. L’attention des personnalités politiques semble nier le caractère populaire de la communauté marseillaise et les interventions de réaménagement visent à attirer une nouvelle tranche de la population, déclenchant des processus de gentrification et des situations d’affrontement3. IV. Interaction entre les différents acteurs sociaux La communication entre des citoyens ayant des statuts et des ressources économiques différents est essentielle pour le fonctionnement dynamique du corps social. À cette fin, 1  “L’amour à l’époque d’Ikea” est le nom donné par les habitants au projet de réaménagement, achevé et ouvert au public le 14.02.2017. Le largo est surnommé “le carré des amoureux”, précisément en raison de sa forme semi-circulaire, presque comme pour envelopper l’utilisateur. Les travaux ont permis la plantation d’oliviers, d’agrumes et d’arbousiers vieux de deux siècles, l’installation d’un jardin urbain d’épices et de légumes, de nouveaux meubles pour le parking et la toiture des maisons ainsi qu’un éclairage moderne. Le projet, organisé par Bari Innovation Sociale (BIS), s’inscrit dans la catégorie plus large de la régénération urbaine. Source : https://www.bariinnovazionesociale.it/largo-albicocca-bari-vecchia/. 2

Source: https://www.revolutionpermanente.fr/

3  Il s’agit de la dissidence des citoyens de Marseille, qui a conduit à des protestations en 2019, pour le réaménagement de la place Jean Jaurès, qui attirera de nouveaux particuliers contre les habitants du quartier. Un exemple de mauvaise gentrification.

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Bari, Rabat, Marseille

la reconnaissance de valeurs communes est une priorité. Bari Vecchia est un exemple de valorisation collaborative, où les différents protagonistes de la scène humaine habitent continuellement le théâtre urbain et les lieux de la relation. En même temps, c’est dans la médina de Rabat que se met en scène la vie collective de chaque habitant, au-delà de la classe économique à laquelle il appartient. Dans le village provençal, la désintégration de l’identité communautaire et l’absence d’attraits ont cependant entravé l’interaction sociale, mise en jeu grâce à l’entrée de nouvelles valeurs communes, nées de la crise généralisée. V. Capacité d’adaptation Un point de contact commun entre les trois études de cas est certainement donné par leur capacité d’adaptation : dans le noyau ancien de Bari, elle se manifeste dans la capacité des habitants locaux à s’adapter au changement de l’équilibre social, généré par l’ouverture du quartier aux touristes et aux citoyens extérieurs ; à Rabat, la tendance à l’adaptation a permis de contrecarrer les pressions administratives contraires à la préservation du processus immatériel, à l’instar de la communauté de Marseille. VI. Résilience La capacité d’adaptation a conduit au processus de résilience dans les trois parties historiques de la ville. Pour Bari, la résilience se concrétise dans les activités artisanales culinaires, dans les formes d’extension de la sphère privée sur le domaine public et dans les décorations vertes. A Rabat, le phénomène de verdissement urbain est présent dans une moindre mesure et appartient à une culture déjà sédimentée, s’avérant ainsi moins pertinent en termes de résistance, au contraire l’artisanat, le marché et en général l’appropriation de l’espace collectif entrent parfaitement dans la catégorie considérée. Dans Le Panier, la “re-végétalisation” répond fortement au manque de verdure publique, tout comme les différentes déclinaisons de l’expansion du domaine familial intime compensent l’absence de lieux de rencontre ; l’artisanat, même s’il est présent, assume une intention propagandiste et publicitaire, contribuant en ce sens à la stéréoptisation de l’environnement artificiel ; une nouvelle forme résiliente se trouve au contraire dans le langage artistique, qui l’insère dans le cadre plus large d’une ville créative. A la fin de l’analyse, le besoin accru d’intervention dans le contexte français de Le Panier, qui présente les multiples critiques mentionnées, est mis en évidence. Afin d’imaginer une ligne d’intervention efficace, nous chercherons des exemples de projets similaires dans la zone méditerranéenne, qui deviendront nos références. Pour la représentation graphique, des valeurs de 1 à 10 ont été choisies arbitrairement pour chaque indicateur et étude de cas, tandis que les formes de résilience enregistrées sont représentées de manière iconographique dans le dernier schéma.

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UNE MER DE CITRONS

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Diagramme du spectre, indiquant le fonctionnement du système socio-urbain, analysé selon les six paramètres sélectionnés : la présence de l’identité collective génératrice, la conservation du Genius loci, la collaboration participative entre la municipalité et les habitants, l’interaction entre les différents citoyens, la capacité d’adaptation et la résilience de la communauté. Pour la représentation graphique, des valeurs de 1 à 10 ont été choisies arbitrairement pour chaque indicateur et étude de cas.

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Bari, Rabat, Marseille

II. Étude de cas : Médina de Rabat

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UNE MER DE CITRONS

III. Étude de cas : Le Panier

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Bari, Rabat, Marseille

Le système en comparaison

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UNE MER DE CITRONS

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CHAP. IV

La ville créative comme instrument de renaissance : FarmCulturalPark

L’étude réalisée jusqu’à présent a montré, entre autres, l’importance des aspects immatériels pour le bien-être et le développement des villes méditerranéennes, niant en fait la gestion des dynamiques urbaines exclusivement de haut en bas comme une pratique efficace pour résoudre les problèmes critiques des organismes urbains contemporains. L’approche coopérative entre les parties, d’une part les institutions et d’autre part les communautés, constitue la stratégie de projet la plus efficace et se répand de plus en plus dans le monde. La complicité entre les citoyens et l’administration est en fait en train de mûrir de nouvelles pièces urbaines1 qui favorisent un ordre fonctionnel inattendu. L’intervention d’experts dans les petits et micro-espaces intermédiaires contribue non seulement à l’achèvement harmonieux des tissus préexistants, mais favorise également une pluralité typologique, qui ne remplace pas “l’ancien” en le niant, mais y ajoute plutôt en stimulant la naissance de lieux et de fonctions, en vue d’un nouveau modèle d’urbanité durable. Dans ce sens, le cas du Farm Cultural Park de Favara (étudié en profondeur lors de l’enquête sur les expériences européennes les plus récentes de récupération sociale, procédurale et urbaine, menée lors de la participation au Workshop TD Exploratoire, DE2 Architecture, Processus et Partage, organisé par les architectes Kristell Filotico et Rémy Marciano en 2019, en collaboration avec l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille2) est une référence exemplaire pour le développement ultérieur de notre design. 1  N. Valentin, Le nuove stanze urbane o urban rooms nella città contemporanea, das “La città creativa, Spazi pubblici e luoghi della quotidianità”, CNAPPC (Conseil italien national des architectes, des pianistes et des conservateurs), première édition septembre 2017, dans “Call for Papers- Biennale Spazio pubblico 2017”, Rome. Voir www.cittacreative.eu. 2  L’activité exploratoire a également donné lieu à l’événement public organisé en juin 2019 à la Friche la belle de mai à Marseille, qui a vu la rencontre entre les organisateurs de l’Atelier, les étudiants participants et les fondateurs des différents projets, venus de toute l’Europe. Cela a permis un dialogue à la première personne avec la créatrice du projet en question, Florinda Saieva.

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UNE MER DE CITRONS

“Happyness is everywhere. Les villes changent parce que les gens les font changer. Partager est un acte d’amour et de multiplication” Slogan de FarmCulturalPark3 Quoi? Le parc culturel agricole est un musée très répandu dans le contexte urbain historique de Favara, occupant de multiples bâtiments et espaces publics. Les objectifs sont la promotion culturelle, la relance économique, la récupération du tissu historique et le développement touristique du pays. Le projet couvre 18 000 mètres carrés et comprend la zone urbaine de Cortile Bentivegna, également appelée Les sept cours, car elle se compose de sept petites cours et de bâtiments adjacents d’origine arabe. “Nous essayons de construire une meilleure partie du monde, une petite communauté qui s’engage à inventer de nouvelles façons de penser, de vivre et de vivre. Le Farm Cultural Park est un centre culturel indépendant, où l’art et la culture sont de nobles outils pour donner à la ville de Favara une nouvelle identité et une dimension future”4. Où? Favara est une ville italienne, au sud de la Sicile, qui compte un peu plus de 30 000 habitants. Elle est située à 10 km au nord-est du plus grand centre d’Agrigente et à seulement 8 km du site UNESCO de la Vallée des Temples. Qui? Les fondateurs sont Andrea Bartoli et Florinda Saieva, un couple local. De différentes professions, ils se sont tournés vers les architectes Michele Vitello, Vincenzo Castelli, Salvator Jhon Liotta (LAPS Architecture) et Marco Imperatori ; en outre, des artistes et des bénévoles ont collaboré à la réalisation du projet, qui, au départ, assumait davantage les caractères utopiques de deux rêveurs, contraints d’émigrer, comme beaucoup d’autres jeunes, vers l’Europe du Nord, pour des raisons professionnelles. L’amour pour leur terre et la volonté durable d’offrir une meilleure chance de vie aux générations futures, comme leurs filles Carla et Viola, leur ont donné le courage de revenir et d’essayer de changer l’une des nombreuses réalités des “villes invisibles”5 du sud de l’Italie. Andrea et Florinda, dans une interview, disent: “Nous étions fatigués de devoir toujours aller dans des endroits comme New York ou Londres pour voir quelque chose d’intéressant. Nous voulions trouver un moyen de transformer et d’améliorer l’environnement dans lequel nous vivons, pour nous-mêmes mais aussi pour nos enfants”. Leur action a en effet déclenché un processus de renaissance en chaîne, qui a conduit à la récupération économique, sociale et architecturale de toute la ville, ainsi que du tissu historique. La folie6 initialement attribuée au couple par ses concitoyens a donné naissance à une 3

Voir Happiness is everywhere | Florinda Saieva | TEDxTorino, 9 marche 2017. Link : https://youtu.be/1Uw9976pPBE

4

cit. des fondateurs Andrea Bartoli et Florinda Saieva. Source : www.farmculturalpark.com

5

I. Calvino, Le città invisibili, Einaudi, 1972.

6

Plus précisément, Andrea Bartoli était appelé “le notaire fou” par la communauté.

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La ville créative comme instrument de renaissance : FarmCulturalPark

communauté indivisible7. L’inspiration semble venir en partie du dynamisme palpitant de la place Jamaa de la Fna à Marrakech. L’emplacement stratégique du centre urbain a également permis de compléter le réseau touristique de la région, qui se classe au septième rang des destinations internationales les plus importantes dans le domaine de l’art contemporain8. Quand ? Suite à l’effondrement tragique de deux vieux corps dégradés, qui a causé la mort de deux sœurs, en janvier 2010, des travaux de restauration ont eu lieu, culminant avec l’inauguration la même année du Parc Culturel Agricole, actuellement actif grâce à la contribution de bénévoles et de visiteurs. Il n’y a toujours pas de soutien de la part de la municipalité en termes administratifs. Le projet est en évolution continue, se formant et se déformant sur les nouveaux besoins collectifs. Actuellement, le programme est divisé en quatre noyaux thématiques : manger, dormir, loisirs et art. Les activités s’étendent à toutes les formes artistiques : peinture murale, musique, cinéma, théâtre, photographie, design, danse, littérature. En outre, il y a l’école d’architecture de Sou, les ateliers culinaires du km 0 et les jardins urbains. Les acteurs impliqués varient des habitants du quartier aux touristes en passant par différentes figures professionnelles. Pourquoi? Le cas du parc culturel agricole de Favara est une référence importante pour le développement du projet du Panier à Marseille en raison de ses similitudes du point de vue de sa localisation dans l’espace méditerranéen, de ses problèmes économiques, architecturaux et sociaux, et de ses formes particulières de résilience bottom-up, qui incluent également Favara dans le phénomène de la ville créative. Il ressemble également à un musée explosé, ce qui inspire le thème de notre projet. 2ère rupture de Genius loci

1 ère rupture identitaire

L’effondrement d’un bâtiment provoque la mort de deux des résidents restants. Début de la restauration de deux bâtiments. Inauguration FarmCulturalPark.

Migration de la population locale vers les nouvelles banlieues pendant le boom économique.

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Le centre historique de Favara compte environ 700 habitants.

1ère rupture de Genius loci

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Dal 2016 La première coopérative communautaire est née: Farmidable. Purple Travel nomme Favara comme destination officielle pour le tourisme artistique international. FarmCulturalPark participe deux fois à la Biennale. Plus de 80 000 visiteurs internationaux.

Début de l’état d’abandon et de dégradation architecturale.

7  Voir le documentaire Le Città Indivisibili de Annamaria Craparotta, tourné à Favara entre 2014 et 2015, qui raconte à travers neuf courts métrages les neuf micro-villes de Favara. 8  Source: www.purpletravel.fr. Le célèbre magazine d’art contemporain a établi un classement des lieux les plus importants pour les amateurs d’art en 2016 : Florence, Paris, Bilbao, les îles grecques, New York et Favara.

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La ville créative comme instrument de renaissance : FarmCulturalPark

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3. La vieille ville, vue aĂŠrienne. Source: www.farmculturalpark.com

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La ville crĂŠative comme instrument de renaissance : FarmCulturalPark

4. FarmCulturalPark, le projet. Source: www.farmculturalpark.com

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5. FarmCulturalPark, le programme. Source: www.farmculturalpark.com

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6. Favara, les lieux de la renaissance. L’influence du projet pour la renaissance économique de la ville.

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La ville créative comme instrument de renaissance : FarmCulturalPark


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7. Exemple de dégradation architecturale avant l’intervention. Source: www.farmculturalpark.com.

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8. Exemple de réaménagement du même corps de bâtiment. Source: www.farmculturalpark.com.

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9. Activités culturelles. Source: www.farmculturalpark.com

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10. Acteurs impliqués. Source : www.farmculturalpark.com

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CHAP. V

L’autre Panier Un musée en mouvement, dynamique, éclatant

Mots clés : rendre hommage à la Méditerranée, réunifier la communauté par l’espace, récupérer le patrimoine, relancer l’économie, reconnaître l’identité artistique du lieu

L’analyse urbaine réalisée a fait apparaître la nécessité d’intervenir dans le quartier historique de Marseille, où la complexité des questions socio-économiques semble malheureusement contraster avec la force vitale de la communauté. Les questions qui ont mûri à partir des résultats de l’étude précédente sont les suivantes : Est-il possible de favoriser, par le biais de l’architecture, une relation durable entre le tourisme et la communauté locale ? Conformément au caractère collectif, comment pouvons-nous développer un programme visant à assurer une plus grande stabilité économique, qui en même temps fasse ressortir l’aspect authentique du quartier ? Est-il possible de valoriser les espaces et les vides publics en fonction des nouveaux besoins collectifs ?

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Ces questions sont devenues les critères de conception des travaux ultérieurs et ont conduit à un nouveau scénario visionnaire pour Le Panier, inspiré par les caractéristiques positives observées dans les sites de l’espace méditerranéen analysés, n’excluant pas alors la mise en œuvre de sa conception également dans les lieux mentionnés ci-dessus, Rabat et Bari, et pourquoi pas, d’autres. Dans la nouvelle phase de conception, l’attention s’est tournée vers la relation entre l’intérieur et l’extérieur, vers les micro-espaces de la relation, vers les bâtiments uniques et minuscules qui composent le quartier, vers le processus programmatique plus que vers l’esthétique formelle, se déplaçant en fonction des découvertes les plus récentes dans le domaine socio-urbain, comme nous l’avons déjà énoncé1. La perspective de réhabilitation du processus immatériel du Panier est donc réalisée à travers une série de micro-interventions architecturales réparties dans le quartier, qui s’inscrivent dans une vision plus large, à l’échelle urbaine, comme pour la référence de conception évoquée2 et dans la ligne de l’analyse historique-urbaine réalisée pour chaque quartier analysé (la médina de Rabat, le quartier Saint-Nicolas de Bari et Le Panier à Marseille)3. L’objectif est de rendre hommage à la Méditerranée et au caractère artistique de la communauté, à travers un musée dynamique, interactif et interdisciplinaire, qui propose une variété d’activités tant pour les touristes que pour les habitants eux-mêmes. A cette fin, grâce à l’identification des sites critiques du Panier déjà présentés ci-dessus (les places dégradées, les vides urbains et les bâtiments abandonnés), et à l’étude du contexte environnant (en particulier la présence de phénomènes artistico-culturels tels que les musées, les écoles et les arts de la rue), comme visible dans les pages suivantes, des stratégies d’intervention sont proposées (nouveaux espaces de rencontre, nouveaux pôles d’attraction et la re-fonctionnalisation par de nouvelles activités des bâtiments inactifs). La réalisation du projet est conçue selon des processus participatifs, qui se développent au fil du temps et impliquent de multiples acteurs sociaux, notamment des citoyens, des artistes, des professionnels et des organes administratifs. Grâce à ce programme, les activités existantes qui ont “survécu” au Panier sont renforcées. La nouvelle réorganisation du district ne change pas complètement son visage, mais vise plutôt à améliorer les fonctions actuellement présentes dans la zone, avec pour objectif principal d’impliquer la communauté locale et sa relation avec les touristes, toujours en mouvement dans le débat sur les questions sociales de la Méditerranée. L’aspect architectural D’un point de vue purement architectural, un ou plusieurs bâtiments ont été sélectionnés pour chaque groupe thématique afin de démontrer les choix architecturaux formels proposés pour ce programme de réaménagement. Le choix des bâtiments est basé sur deux critères principaux : l’état actuel de l’entretien et la future ligne programmatique. 1  Renvoie aux questions exposées à la page 171. Pour plus de détails : www.cittacreative.eu. et N. Valentin, Le nuove stanze urbane o urban rooms nella città contemporanea, das “La città creativa, Spazi pubblici e luoghi della quotidianità”, CNAPPC (Conseil italien national des architectes, des pianistes et des conservateurs), première édition septembre 2017, dans “Call for Papers- Biennale Spazio pubblico 2017”, Rome. 2

Voir le programme de FarmCulturalPark, page 178.

3

Correspondant aux pages 74, 104 et 13 respectivement pour Bari, Rabat et Marseille.

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L’autre Panier

Le projet

D’une part, l’intention est donc de démontrer comment l’intervention peut se concentrer davantage sur l’intérieur, pour les bâtiments qui ont besoin d’entretien, en les transformant en fonction des nouveaux besoins et usages, ou l’intervention sur l’ensemble du bâtiment, lorsque cela est nécessaire en raison de l’état actuel de dégradation avancée. D’autre part, les bâtiments ont été sélectionnés en fonction de leur future activité, afin de montrer une plus grande variété d’utilisations: un laboratoire culinaire, un espace d’exposition, une cafétéria et une maison à la fois, un cirque destiné à la pratique de spectacles d’artistes. Chaque bâtiment possède à l’intérieur des “sous-fonctions” nécessaires à son fonctionnement. Dans le texte, une seule image explicative pour chaque exemple sera présentée, alors qu’elles seront présentées en détail dans les tableaux.

1. Schéma récapitulatif

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UNE MER DE CITRONS

2. Le souvenir de Le Panier, croquis au crayon.

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L’autre Panier

Manifeste de la Méditerranée

Je crois en la force vitale de la renaissance et je vous invite au courage. Je crois au potentiel de l'identité méditerranéenne, à son unicité. J'appuie les valeurs du partage, de la collaboration entre les gens et entre les arts, sous toutes ses formes. Je crois fermement que l'art et le sport sont un catalyseur d'énergie positive. Je suis conscient que ce qui semble intangible peut changer les chiffres. Je reconnais que le changement passe par l'éveil de chaque conscience. Pour moi, la transformation est le résultat de la détermination. La détermination se nourrit d'amour. Et aimer ses racines, c'est respecter celles des pays les plus lointains. Je conçois l'idée d'un seul grand peuple ancien dans lequel différents principes et les mêmes valeurs coexistent en harmonie. Je crois en un autre Le Panier, mais plus en lui-même. Je crois fermement que ce projet peut être le point de départ d'une nouvelle conception du vivre ensemble, du partage des connaissances, du développement des villes, de la mise en relation des personnes, dans le respect durable de l'environnement, naturel et humain.

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UNE MER DE CITRONS

Sites critiques

3. edifici degradati

2. spazi pubblici

1. dents creuse

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L’autre Panier

Stratégies d’intervention

3. UNA NUOVA QUOTIDIANITA’

2. NUOVE ATTRAZIONI PUBBLICHE

1.

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L’analyse du contexte

3. La Vieille Charité

2. Street Art

1. MuCem

3. Les pré-existences artistiques et culturelles

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L’autre Panier

4. Les pré-existences artistiques et culturelles, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre à partir du haut à gauche : le bâtiment J4 avec la passerelle, le Fort de Saint-Jean, tous deux faisant partie du MuCem, un exemple de Street Art dans Le Panier, la Vieille Charitè.

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1. MuCem Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), conçu par Rudy Ricciotti avec la collaboration de Roland Carta et inauguré en 20131, est consacré à la préservation, l’étude, la présentation et la médiation du patrimoine anthropologique relatif à l’espace européen et méditerranéen, à partir de collections d’origine internationale et de recherches visant une approche interdisciplinaire concernant les sociétés dans leur ensemble et dans le temps. La vocation principale du musée est d’être un lieu de rencontre et d’échange, où les expositions temporaires sont le point de départ de débats sur les grands enjeux de société. Il se compose d’une partie historique, le fort, et d’un nouveau bâtiment “J4”, qui accueille les grandes expositions du musée, sur deux niveaux: — Au niveau 1, l’exposition semi-permanente: la Galerie de la Méditerranée (1 600 m2).Cette galerie thématique est modulable dans sa présentation, et est amenée à se transformer tous les trois à cinq ans; — Au niveau 2, les expositions temporaires (2 000 m2). La flexibilité des espaces permet de donner à chaque exposition la surface qui lui convient (entre 300 m2 et 2 000 m2). Il comporte également un auditorium de 335 places assises (pour la présentation de conférences, spectacles, concerts et cycles cinéma), un espace de projection de documents audiovisuels («La Médinathèque», en collaboration avec l’INA), un espace dédié aux enfants («l’Ile aux trésors»), une librairie-boutique, ainsi qu’une brasserie et un restaurant dotés d’une terrasse panoramique. Enfin, il intègre les «coulisses» indispensables à un équipement de ce type: ateliers, lieux de stockage, bureaux, espaces réservés à la conservation et à la recherche, etc. Alors que le Fort accueille des expositions permanentes et temporaires, une cafétéria, un Jardin des Migrations (jardin botanique de la flore méditerranéenne) et un Jardin de légumes typiques de la Méditerranée. La passerelle définit le parcours du musée2. 2. Street Art Comme on en a déjà beaucoup parlé, le Street Art du quartier met l’accent sur le caractère créatif et résistant de sa communauté, et s’est développé au point d’attirer les touristes et de devenir le cœur vibrant de tout le quartier, donnant naissance à de véritables sentiers payants dans lesquels les touristes sont accompagnés de guides pour observer les œuvres. 3. La Vieille Charité de Marseille Construite en 1604 par l’architecte Pierre Puget pour loger les pauvres de la ville, elle est un complexe composé de 4 bâtiments fermés sur l’extérieur tandis qu’une galerie à 3 niveaux, caractérisée par des arcs en plein cintre, leur permet de s’ouvrir sur une belle cour intérieure rectangulaire, dans laquelle se trouve une chapelle baroque. Après une longue période d’abandon, en 1986, la Vieille Charité a été le protagoniste de travaux de restauration qui en ont fait la structure qu’elle est aujourd’hui, qui accueille généreusement de nombreuses activités interdisciplinaires liées à la culture du Sud. En particulier : - au niveau 1, Le musée d’archéologie méditerranéenne, 800 m2 de surface de l’exposition 1

Année où Marseille était Capitale européenne de la culture.

2  Toutes les informations et citations proviennent du site officiel. Lien: https://www.mucem.org/le-mucem/le-mucem-son-architecture

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L’autre Panier

permanente et 1500 m2 de surface de l’exposition temporaire, le Centre de documentation en sciences sociales et Le “Charité Café”; - au niveau 2, le musée d’arts africains, océaniens et amérindiens (MAAOA) avec 800 m2 de surface de l’exposition permanente, le cipM, ou centre international de poésie Marseille, le EHESS Campus Marseille de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales et le Norbert Elias Center, centre de recherche des sciences humaines et sociales3. Le concept du projet L’analyse du contexte a favorisé la sélection des activités du programme, et grâce au tableau de la surface des deux musées, il a été possible d’organiser les espaces de manière continue. L’objectif est en effet de créer un lien thématique temporel et spatial, en intégrant les pratiques des arts de la rue à la conception traditionnelle du musée dans un parcours mouvant, dynamique et interactif, qui puisse réunir par son caractère interdisciplinaire le plus grand nombre d’utilisateurs, chercheurs, étudiants, touristes et habitants. Cela sera possible grâce à la récupération architecturale. Le chemin est labyrinthique et libre, il prévoit un début et une fin non obligatoires, laissant au visiteur la liberté du temps disponible, des intérêts réels et de la direction d’origine. A cette fin, plusieurs “étapes” ont été prévues. En particulier, le programme est divisé en îles, chacune d’entre elles étant constituée de plusieurs bâtiments regroupés par thèmes et activités. En ce qui concerne les espaces publics, les petites places et les vides urbains ont été complètement repensés, avec des stratégies de conception différentes : -La construction participative de petites terrasses privées et semi-privées, afin de permettre un contact visuel avec le paysage environnant et d’adapter, si possible, les anciennes typologies de logement aux nouveaux besoins. - L’ajout de verdure, comme des petits potagers4 et des plantes grimpantes le long des terrasses, afin de répondre au besoin d’espaces verts plus nombreux largement exprimé par la population5. - L’insertion d’installations sportives, de terrains de basket-ball ou de beach-volley, de sports de plein air, afin de compenser l’absence quasi totale de décorations publiques pour le sport, à la différence des autres centres historiques de Bari et Rabat, comme l’a démontré l’analyse effectuée précédemment6. Grâce à des programmes spécifiques organisés par le musée, l’éducation à l’égalité des sexes sera enseignée aux jeunes générations par le biais du sport et cela permettra également, dans une certaine mesure, d’éloigner les jeunes de la micro-criminalité organisée. - Des espaces de repos et de socialisation pour les jeunes et les moins jeunes, au service du musée et de la communauté à travers des expositions d’art et des performances de centres, d’associations et d’artistes déjà existants. 3  Toutes les informations et citations proviennent du site officiel. Lien:https://vieille-charite-marseille.com/ 4  Il est précisé que la place du Refuge n’a pas été conçue intentionnellement, précisément parce que lors de l’élaboration du présent projet, la population du quartier a décidé de créer un jardin urbain. Source : http://www. marseille-renovation-urbaine.fr/toutes-les-actualites/actualite-23/amenagement-place-du-refuge-127.html?cHash=c6b19874aba69bd228e321a1aacdb412 5

Pour plus de détails, voir les entretiens réalisés en personne au Panier inclus dans les annexes, pages 226/7.

6

Voir l’analyse actuelle de Bari, Rabat, Marseille aux pages 79,109,134 ou le schéma à la page 162.

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UNE MER DE CITRONS

Refonctionnalisation

L’iles des sirènes

L’iles de la jeunesse

Salle d’expo Ciel Etica.mente Salle d’expo Terre La cantine du Panier

Depot

Centre d’accueil Laboratoire d’alimentatione expérimentale

Centre de sport le sirenes

Boutique équitable Salle d’expo Eau

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L’autre Panier

L’iles des plaisirs

L’iles des artistes

Ateliers

HuMan Centre

Ryad Home & Bar

Flick Cirque

Boulangerie littéraire Théâtre muet sensoriel

1 Residence des artistes

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UNE MER DE CITRONS

Nouveaux espaces de rencontre Le coins des hamacs

Playground

Terrain de Beach volley

Terrain de Basketball

200


Le programme

Le coins sociaux

Petit jardin mĂŠditerranĂŠen

Le coins du sport en plein air

2

201


UNE MER DE CITRONS

202


3

203


UNE MER DE CITRONS

L’île de la jeunesse

II.

ente

table

top!

I.

III.

d'art

nier

IV.

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CHAP. VI

Le programme L’île de la jeunesse Le thème de l’île est la nourriture et la jeunesse. I. Centre d’accueil Le centre d’accueil est le point de départ du parcours du musée, il est situé dans l’alignement de la promenade des paniers du Mucem, de sorte que les visiteurs du Mucem sont naturellement guidés vers le centre du Panier. Il comprend une zone de collecte pour les groupes et les visites guidées, un vestiaire et des toilettes, ainsi qu’une salle audiovisuelle sur l’histoire du quartier et du musée lui-même.. Vous pouvez y demander votre chemin au personnel, télécharger le formulaire de demande de visite guidée ou vous procurer la brochure. II. EticaMente À proximité des bâtiments religieux et civils préexistants, tels que la cathédrale La Major et le siège administratif de la municipalité, et en continuité avec les thèmes du MuCem, il a été décidé de placer le centre EticaMente, un espace d’activités éducatives dans les domaines religieux et civils, destiné au segment le plus jeune de la population. Il se compose de deux petits bâtiments contigus qui abritent une salle de classe polyvalente pour les activités en coopération avec la municipalité (cours, séminaires, événements, présentation de voyages d’études, etc...) et une salle de classe exclusive pour le catéchisme interreligieux, qui permet aux enfants et aux jeunes de différentes religions de se rencontrer, conçue en collaboration avec la cathédrale principale, la mosquée El Mohsinine toute proche et la synagogue Keter Thora toute proche. L’objectif est d’offrir un lieu où les jeunes peuvent s’exprimer sur des questions religieuses et sociales, afin de promouvoir la tolérance et le partage dans la région méditerranéenne. Cette salle de classe est équipée d’un tableau interactif, de livres, de bureaux et de chaises. Au rez-de-chaussée, il y a une

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UNE MER DE CITRONS

I. Concept de projet du laboratoire culinaire expérimental, stratégie matrioska.

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Le programme

réception où vous pouvez demander des informations et vous inscrire. Il y a également une exposition publique des travaux des élèves, des résultats des différentes activités, tandis que les cours sont privés et spécifiquement divisés. Les visiteurs peuvent faire des dons, déposer du matériel et réfléchir sur les mini expositions. III. La cantine du Panier La cantine est conçue pour offrir des dîners gratuits le soir uniquement aux résidents locaux en difficulté financière. La matière première provient de repas invendus provenant d’activités proches. Le recyclage durable est ainsi assuré. Pendant la journée, la cantine est gérée par les étudiants du laboratoire d’alimentation expérimentale et est accessible à tous les visiteurs du musée. Il y a également un petit espace commercial pour la vente de produits à zéro km pour les touristes et pour chaque citoyen de Marseille en général. IV. Laboratoire d’alimentation expérimentale Les bâtiments à usage gastronomique sont situés à côté des activités de restauration préexistantes, autour de la place de Lenche. Les bâtiments abritent une cuisine et un laboratoire à la disposition des locaux voisins pour la coopération et l’expérimentation. De nouvelles créations “made in Le Panier”, nées de l’union des cultures culinaires méditerranéennes et au service des touristes. La matière première se trouve à zéro km des jardins urbains voisins. Le laboratoire peut être loué par des particuliers pour des cours de cuisine expérimentale, afin d’attirer une clientèle touristique différente. Pour la communauté, en revanche, des cours de formation professionnelle sur la restauration, des cours de cuisine créative pour les adolescents et des cours de formation culinaire pour la réinsertion sociale des prisonniers, subventionnés par la municipalité, sont prévus. Les visiteurs du musée peuvent à la fois profiter des produits et s’inscrire pour une journée de cours en réservant à l’avance sur le site en ligne du musée. À titre d’exemple, le concept de développement du projet architectural du bâtiment en question est présenté. Suite à l’analyse de l’état du bâtiment, il a été décidé de restaurer la façade du bâtiment et de préserver autant que possible l’enveloppe extérieure. Il est donc intervenu davantage à l’intérieur de la coque d’origine, selon une stratégie “matrioska”, en allant insérer une nouvelle structure, légère et indépendante du point de vue structurel grâce aux particularités du matériau, cinq couches de panneaux de bois laminé x-lam. L’élément de circulation verticale agit comme un lien entre l’ancien et le nouveau, souligné par les matériaux de finition sélectionnés. Étant donné les dimensions restreintes du bâtiment, un jeu de hauteurs, de solides et de vides a été créé, qui se développe verticalement pour donner une sensation de plus grand espace dans les pièces. Enfin, une grande structure reliée au velux du toit assure une circulation naturelle de l’air et un éclairage suffisant dans les pièces, grâce aux miroirs placés à l’intérieur de la structure elle-même, qui réfléchissent la lumière et l’amplifient considérablement.

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UNE MER DE CITRONS

L’île des sirènes

IX.

VIII.

VII.

VI.

V.

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Le programme

Projections futures En général, l’île de la jeunesse offrira de nouveaux emplois aux habitants. Il investit principalement dans la tranche de population la plus jeune afin de la sortir de la rue. L’objectif éducatif est de sensibiliser à l’environnement et à la tolérance religieuse et culturelle des autres. La variété des tranches d’âge et des activités garantit l’égalité des chances pour tous les habitants du quartier, indépendamment de leur statut social, de leur sexe et de leur origine, permet l’intégration sociale des personnes les plus sujettes à l’exclusion sociale, offre une nouvelle vision du quartier en tant que pôle d’attraction pour les activités culinaires innovantes, unique dans le contexte métropolitain, favorise le recyclage des produits alimentaires, ce qui à son tour sensibilise le public à la production de déchets et contribue à une relance économique circulaire. Enfin, elle attire un type de tourisme plus spécifique et moins massif, qui offre davantage de possibilités d’interaction avec les habitants locaux.

L’île des sirènes L’île des sirènes présente le thème du sport, de la féminité et de l’espace, comme paysage méditerranéen et comme concept du mouvement. V, VI, VII. Les espaces d’exposition Nous trouvons trois propriétés pour des expositions semi-temporaines, avec un cycle de deux ans, consacrées aux thèmes du paysage méditerranéen, de l’art végétal, du sport et du mouvement. Le thème des expositions reste le même, tandis que l’art exposé change périodiquement. Les bâtiments sont nommés en fonction des éléments naturels qui définissent l’espace physique méditerranéen, tels que l’eau, la terre et le ciel. Afin d’accentuer les thèmes des expositions mentionnées ci-dessus, ont été choisis pour chaque bâtiment des couleurs et des matériaux symboliques pour les intérieurs et les extérieurs, tels que des carreaux de céramique bleus et blancs pour les bâtiments abritant les expositions sur la mer et le ciel. En particulier, dans le bâtiment qui abrite les expositions sur la mer, l’élément prédominant dans la division des espaces intérieurs est un grand escalier bleu de grand impact visuel, déjà de l’extérieur grâce à la grande fenêtre de la façade latérale. Chaque bâtiment faisant partie du programme du musée exposé ici a des couleurs et des formes qui reflètent le thème de référence, de manière à être immédiatement reconnaissable pour le visiteur, tout en étant en ligne avec son environnement. VIII. Le terrain de basket-ball Un espace de plein air est aménagé avec un terrain de basket ouvert à tous les habitants de la ville, enrichi de terrasses sur plusieurs niveaux et de pergolas sur lesquelles se détache la végétation et les plantes typiques de la flore méditerranéenne : vignes, lavande, thym, etc. qui occupent le jardin de migration MuCem. Le camp est une véritable œuvre artistique, colorée par les artistes locaux, et offre un paysage dynamique et en perpétuel changement 209


UNE MER DE CITRONS

II. Elévation latérale du bâtiment qui abrite l'exposition sur le thème de la mer Méditerranée.

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Le programme

où les saisons, les plantes et les gens sont les sujets mêmes de l’œuvre. Au nord, il y a aussi un terrain de beach-volley, entouré de fleuristes; le Jardin des réfugiés, représentation symbolique de la flore méditerranéenne dans laquelle “s’immerger”: chênes blancs, chênes verts, orangers, grenadiers, oliviers, myrte, chardon, thym, sauge, sarriette et lavande, citronniers. Le jardin n’est pas seulement un lieu d’observation, mais il devient un véritable ensemble de petits jardins urbains, au service de la Cantine du Panier et du laboratoire expérimental. Pour les plus petits, le “ playground de l’arbre joyeux “. IX. Le centre sportif des Sirènes Un centre sportif dédié aux femmes (les Sirènes), près du port juste pour faciliter le transfert des installations de sports nautiques (serf boards). Le centre a pour but de promouvoir l’égalité des sexes par le sport. Un facteur pris en compte dans ce sens est la forte présence dans le quartier de divers habitants, dont beaucoup sont encore liés à la culture d’origine, qui parfois malheureusement n’offre pas le même système éducatif aux hommes et aux femmes. Les types d’activités prévues varient de la natation, du canoë, du kayak, du cyclisme, du yoga en plein air, de la préparation à l’accouchement, à des activités éducatives plus spécifiques visant à nettoyer l’eau de mer des déchets. En outre, il est possible de louer des équipements sportifs aux touristes grâce à une application spécifique, promue par la municipalité. En ce sens, le centre devient un point de rencontre pour les habitants et les touristes : une nouvelle idée de musée en mouvement. Au sud également, il y a une boutique équitable, un dépôt et des toilettes pour ceux qui ne veulent pas continuer la route. Pour ceux qui décident de continuer vers le nord, après un entrepôt technique, il y a un coin récréatif avec deux arbres existants autour desquels il y a des hamacs pour se reposer avec une pergola. En face de la Vieille Charitè, une petite place et un creuses bosses sont transformés en un coin “social” et deviennent le lieu de l’extension du Musée existant pour se connecter avec le nouveau, grâce à des expositions temporaires aux saisons chaudes et des performances des poètes du centre CypM dans la Vieille Charitè. Ici aussi, les pergolas et les terrasses offrent de l’ombre aux passants et en même temps une vue aux habitants du quartier. De même, les visiteurs de la Vieille Charité peuvent suivre le parcours interactif dans la direction opposée, en partant du petit jardin méditerranéen à l’est du musée et en continuant vers les deux dernières îles. Projections futures En général, l’île de la Sirène est le cœur battant du musée, avec les espaces d’exposition. Il est ainsi nommé pour rendre hommage aux femmes de la Méditerranée, qui ont toujours été l’inspiration de l’art, mais dans ce musée, la femme n’est pas seulement l’objet passif de l’art tel qu’il est compris historiquement, mais elle devient le sujet actif de la pratique artistique, y compris par le sport, qui peut être pratiqué aussi bien en plein air qu’à l’intérieur grâce à la mise à disposition d’installations sportives. L’objectif est d’accroître l’égalité des sexes, l’intégration multiethnique et de briser les stéréotypes. Cette intervention concerne la population féminine du district, un tourisme international féminin, masculin, sportif, artistique, les amoureux du paysage et du sport dans la nature environnante, que ce soit en mer ou dans les parcs naturels de la région. 211


UNE MER DE CITRONS

L’île des artistes

X.

31,54 m

XI.

XII.

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Le programme

L’île des artistes L’île des artistes présente le thème de la maison, de la convivialité et de la culture. Le long de la rue de Poirer, nous trouvons l’île des artistes : une série de petits bâtiments en communication les uns avec les autres, abritant des résidences pour artistes et un centre culturel. La proximité des places de la Place de Refugee et de la Place des Moulins permet d’utiliser l’espace public pour des événements culturels, des représentations théâtrales en plein air et des expositions temporaires. X. Résidence d’artistes La résidence d’artistes est constituée d’un ensemble de biens immobiliers, organisés en appartements de 1, 2 et 3 pièces, qui peuvent être loués par les touristes eux-mêmes, les artistes locaux ou invités par les différents musées de la ville, les poètes du centre CypM, les chercheurs du centre Norbert Elias, et les étudiants du Campus EHESS de Marseille, tous situés dans la Vieille Charité. L’objectif est d’atténuer l’effet négatif de l’Airbnb sur l’économie locale et de promouvoir l’intégration sociale entre les citoyens et les touristes, grâce à un programme mixte, tel que le Co-housing. Chaque appartement peut être loué pour des périodes plus ou moins longues, de quelques jours à une année renouvelable. Au rez-de-chaussée, on trouve les espaces communs du musée accessibles au public, il y a aussi un bar avec un petit jardin, redécoré selon les canons esthétiques de l’arabisance marocaine et nommé Ryad. Les revenus économiques de l’activité locative sont partiellement versés pour la gestion du quartier, afin d’assurer un développement circulaire de l’économie. XI. Ryad Home & Bar Le Ryad bar & Home est la cafétéria officielle du musée, ainsi que le logement au dernier étage pour le gérant du bar. Il est situé sur les vestiges d’une première ruine, dont l’aspect de la façade a été conservé, et d’un bâtiment abandonné. Le nom de “Ryad” rappelle les anciens jardins arabes, montrés précédemment lors de l’examen du centre historique de Rabat, car la cafétéria-bar possède une cour intérieure, où se trouve un très grand olivier préexistant. L’éloge des pays les plus à l’est de la Méditerranée se retrouve dans le choix des matériaux et des décorations, comme le sol de la cour, constitué d’un assemblage de carreaux découpés dans de la terre cuite émaillée avec un motif géométrique coloré en mosaïque, appelé “zellige”. L’élément le plus expressif de la culture architecturale marocaine est peut-être le panneau de “moucharabieh”, un dispositif de ventilation naturelle forcée, qui caractérise la nouvelle partie de la façade, constituée de petits éléments en bois incrustés, assemblés selon un dessin géométrique, souvent complexe. D’un point de vue fonctionnel, la réduction de la surface, produite par la grille du moucharabieh, accélère le passage du vent, ce qui augmente le confort des visiteurs dans la cour intérieure pendant les saisons chaudes. En outre, le tissage dense et entrelacé typique de l’élément, qui servait historiquement à protéger les femmes des regards indiscrets, a ici pour fonction de créer une ombre constante et équilibrée pour les clients du bar et de garantir une certaine intimité, à l’instar de la stratégie utilisée dans le bar MuCem. La même grille

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UNE MER DE CITRONS

III. vue interne du complexe.

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Le programme

est utilisée pour les fenêtres et la porte d’entrée. En correspondance avec la cour, une plate-forme a été conçue pour devenir la terrasse du deuxième étage du complexe, tandis que le dernier étage de l’ancien bâtiment a été utilisé pour le logement du gérant du bar, qui dispose à son tour d’un balcon privé, grâce à un retrait de la façade. Le Ryad a été conçu pour être utilisé par le musée pour des projections de films les soirs d’été, tandis qu’il est utilisé quotidiennement comme bar par les habitants, les visiteurs du musée et les artistes résidant ou invités dans les maisons adjacentes. Le choix des matériaux naturels rappelle fortement la culture méditerranéenne: pierre blanche rustique, carreaux de céramique pour certains des sols, bois dans les panneaux de revêtement à l’intérieur, dans la structure de la terrasse, dans la trame de la façade. Le mobilier, comme les tables de bar et les canapés, est fabriqué par des artisans d’origine arabe vivant à Marseille, et la présence de verdure évoque les couleurs et les parfums méditerranéens. De plus, les produits culinaires proposés par le Bar vous font redécouvrir les plats typiques de la culture marocaine. XII. HuMan HuMan est la salle d’exposition permanente organisée sur plusieurs niveaux, montrant des photographies des artistes des lieux et des habitants de la zone méditerranéenne. Contrairement aux bâtiments de l’exposition sur l’île de la Sirène, il n’y a pas de thème principal ici, si ce n’est la Méditerranée en toile de fond. Les expositions sont divisées en expositions temporaires et permanentes, elles comprennent des performances artistiques et communiquent avec les œuvres des écoles environnantes. Cet espace devient un point de référence pour des débats de différentes sortes, comme un centre culturel. Parmi les activités artisanales, des cours pour apprendre à fabriquer le traditionnel savon de Marseille, mais aussi la possibilité d’activités extrascolaires pour les élèves des écoles voisines. Projections futures En général, l’île des artistes offrira un hébergement aux touristes, aux artistes et aux étudiants, d’une part, et des activités qui favorisent l’intégration des habitants et le tourisme, d’autre part. Les activités culturelles sont planifiées en fonction des objectifs des musées existants. Cette île offrira de nouveaux emplois aux habitants du quartier. L’objectif est de promouvoir la culture architecturale et culinaire des pays du Maghreb.

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UNE MER DE CITRONS

L’île des plaisirs

XIII.

XIV.

33,22 m

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Le programme

L’île des plaisirs L’île des plaisirs a pour thème le savoir-faire, l’artisanat, la fantaisie et le conte de fées. Le nom rappelle clairement la traduction originale de “Paese dei Balocchi” (Pays des jouets) tirée du conte de fées “Le avventure di Pinocchio” de Carlo Collodi. Ici, la dimension du musée mène à une dimension presque imaginaire, surréaliste, dans laquelle on vit dans une condition de liberté et de plaisir éternel, tel que le vivent les artistes, les artisans et les gens du cirque. XIII. Ateliers d’artisanat en commun Au sommet du parcours du musée, parmi les ateliers d’artisans, les ateliers d’artistes mis à disposition par le musée sont parfaitement intégrés, dont les espaces peuvent être loués comme dans un véritable Co-working space. Les ateliers sont ouverts au public, qui peut interagir avec l’artisan mais surtout admirer les pratiques folkloriques traditionnelles qui ont toujours été transmises dans la région méditerranéenne. XIV. Flick Circus Un cirque, où les artistes de cirque oriental et les danseurs s’entraînent, se produisent pour les touristes lors d’événements spéciaux et organisent des cours de tissu et de trapèze pour tous les groupes d’âge. D’un point de vue architectural, le complexe abritant le cirque se trouve sur cinq petits terrains préexistants, qui dans ce cas sont démolis et reconstruits. La préexistence est rappelée sur la façade par la variation des éléments de revêtement, en pierre calcaire rouge, et les hauteurs des anciens bâtiments sont respectées. Au rez-de-chaussée du cirque, il y a une salle, des vestiaires et une rôtisserie, qui rappelle la nourriture de rue typique des cirques et des festivals temporaires des villages méditerranéens. L’escalier qui relie les différents bâtiments est éclairé par une grande fenêtre. Alors qu’une terrasse enrichie de verdure est située à l’étage supérieur du hall, offrant un espace ouvert pour la rôtisserie. Nous avons essayé de ramener dans ce complexe tous les éléments déjà présents dans les autres bâtiments conçus : un espace ouvert, un espace vitré et le bâti. Enfin, un espace dédié aux conférences et aux événements culturels, avec un accent sur le patrimoine littéraire méditerranéen, nommé la Boulangerie littéraire, et un théâtre sensoriel silencieux. Projections futures Le Musée éclatée aidera à racheter l’aspect authentique du quartier et de sa communauté par la promotion artistique, l’innovation et la force sociale. Il deviendra l’incubateur des idées futures, le point de départ d’une nouvelle économie qui favorise la culture populaire méditerranéenne. Elle offrira des emplois aux habitants et de multiples opportunités pour la ville de Marseille et les générations futures. L’objectif est de restaurer l’identité locale, de reconnecter la réalité historique avec la réalité métropolitaine et de jeter les bases d’un tourisme intégré dans la société locale, qui apporte une richesse matérielle aux habitants et valorise l’aspect authentique de la communauté locale. 217


UNE MER DE CITRONS

IV. Faรงade du complexe abritant le cirque.

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CHAP. VII

Conclusion

Le travail de thèse est né de la question de la Méditerranée. Le choix du thème a mûri de manière spontanée, comme l’aboutissement naturel d’un parcours riche, fait d’études théoriques et d’expériences de vie directes. C’est précisément pour cette raison qu’il n’y avait pas de conscience a priori claire des considérations concluantes auxquelles aurait conduit cette étude approfondie, au terme de laquelle on peut enfin reconnaître l’humble tentative de démontrer par l’instrument de l’architecture l’hypothèse de l’égalité sociale comme prémisse fondamentale de toute science, de tout débat et de toute profession. L’architecture m’a donné avant tout la possibilité de lire et de comprendre le comportement de l’humanité, ses problèmes et l’héritage des générations passées, à travers la mesure concrète de l’espace. Les recherches suivantes ont porté sur l’extrapolation des points de contact entre des populations apparemment très différentes dans la zone méditerranéenne. Les villes de Bari, dans le sud de l’Italie, Rabat, au Maroc, et Marseille, dans le sud de la France, ont été sélectionnées et vécues d’une manière différente. L’attention a été portée en particulier sur les centres historiques des noyaux mentionnés, qui ont pour la plupart préservé le lien fabriqué-communauté. En tenant compte des éléments de distinction, tels que la langue, la religion et le pays où ils se trouvent, les modalités qui définissent la vie collective et les espaces de la vie quotidienne ont été étudiées par l’application de la méthodologie comparative. La rue, les lieux de rencontre, les formes d’extension de la sphère privée et les manifestations sociales sont devenus l’objet principal de la thèse. Le support photographique a été essentiel dans le processus d’identification d’une identité commune pour les peuples de la Mer des Citrons; l’intention était de transmettre des suggestions personnelles et de démontrer de façon tangible l’interdépendance perpétuelle des peuples considérés, ce qui à son tour est essentiel pour tracer une ligne d’action visant à résoudre efficacement les problèmes critiques actuels de ces territoires. L’étude théorique a confirmé l’hypothèse de départ et a permis de classer six paramètres de mesure des 219


phénomènes socio-urbains: le respect de l’identité génératrice, la préservation du Genius loci, la collaboration participative entre la municipalité et les habitants, l’interaction entre les différents citoyens, la capacité d’adaptation et la résilience de la communauté. Ils ont permis de quantifier les observations qualitatives résultant de l’analyse urbaine et de faire une comparaison équitable entre les trois agglomérations. Les données résultant de l’analyse ont révélé la nécessité d’une intervention précoce dans la dernière étude de cas: le coffret à bijoux historique de Marseille, Le Panier. Tout d’abord, une référence de projet spécifique, le FarmCulturalPark à Favara, en Sicile, a été sélectionnée en raison des similitudes en matière de questions socio-économiques et de contexte urbain. Par la suite, un programme d’intervention a été défini, visant ouvertement à la récupération du processus social par la restauration esthétique de l’architecture. La phase de conception présentée ici est le point culminant de l’enquête théorique et, à ce titre, propose des lignes directrices pour l’action, qui reflètent d’une part la pensée interventionniste mondiale actuelle, et d’autre part la conviction personnelle d’opérer de manière opportune et non dramatique. Pour ces raisons, la même élaboration conceptuelle peut être appliquée dans les contextes considérés sous analyse et dans d’autres. Dans ce cas précis, des enquêtes et des entretiens avec les habitants ont été réalisés, ce qui a permis de relier les phénomènes sociaux à l’environnement bâti. Des stratégies et des objectifs ont ensuite été définis. L’objectif est de restaurer l’identité locale, de reconnecter la réalité historique à la réalité métropolitaine et de jeter les bases d’un tourisme intégré dans la société locale, qui apporte une richesse matérielle aux habitants et met en valeur l’aspect authentique de la communauté locale, en maintenant le lien avec le caractère créatif de la population et les musées existants. A cette fin, de nouvelles activités dans l’environnement bâti et de nouveaux lieux de rencontre ont été supposés, réunis dans un musée éclaté, visant à promouvoir la formation d’une économie circulaire forte, dans une optique de durabilité environnementale, et à rendre hommage à la Méditerranée. Le projet n’est pas restrictif et peut se développer avec souplesse dans le temps et l’espace: à long terme, tout le quartier pourrait évoluer selon un nouveau concept de coexistence, une image qui n’a pas encore été étudiée dans le cadre d’une expérimentation moderne. On pourrait fantasmer sur mille scénarios utopiques : et si toute la communauté du Panier décidait de partager des espaces privés, se transformant en un quartier entier de cohabitation ? Quelles seraient alors les nouvelles formes de vie ? Et si les activités de l’économie circulaire évoluaient au point de rendre tout le quartier indépendant sur le plan énergétique et économique (le cas d’Arcosanti de Paolo Soleri me vient à l’esprit) ? Et si les schémas établis, destinés à la coopération collective, devaient s’étendre, pourraient-ils créer un village autonome au niveau politique également, comme dans le cas du quartier Christiania à Copenhague ? Où s’arrêtent la culture, la coopération, l’art, la créativité ? Avec cette contribution, j’ai voulu imaginer une vie meilleure pour la communauté du Panier et en général pour les populations de la Méditerranée, dans l’espoir d’une future rédemption de ces populations. L’espoir est d’assister à une nouvelle dimension, faite de collaboration entre les individus, de tolérance et de respect de l’environnement naturel. En tant que tel, ce travail se présente comme une forme de conscience morale et une exhortation à réfléchir sur les complexités de la vie moderne. Je considère qu’il est essentiel d’accéder à l’héritage historique afin de tenter de résoudre les problèmes actuels 220


Conclusion

des dimaniques. Nous considérons l’importance de l’élaboration mentale comme une condition préalable nécessaire à l’évolution effective de l’urbanité. D’autre part, l’utopie a toujours joué un rôle décisif dans le développement de l’architecture mondiale, depuis les lucubrations de la Renaissance sur la ville idéale jusqu’aux proliférations plus récentes de paysages visionnaires, comme Les Utopies réalisables de Yona Friedman. Ce n’est pas un hasard si des pratiques similaires à celles auxquelles nous avons pensé se développent actuellement dans les mêmes lieux. Il suffit de penser au jardin urbain1 qui a été réalisé ces derniers mois sur la place du Refuge, ou à la décision de la municipalité de rénover ou démolir les bâtiments2 du quartier historique dans le cadre de cette thèse très controversée. Je crois fermement qu’un rôle, non secondaire, de l’architecte consiste à s’interroger sur les possibles déclinaisons futures de la vie en ville, en essayant de décloisonner ces paradigmes actuels qui entravent parfois le progrès. D’autre part, même le projet FarmCulturalPark a d’abord été sévèrement critiqué, précisément en raison de son caractère subversif et son succès n’était pas prédéterminé. J’ai profité de la dernière opportunité universitaire pour imaginer une fois de plus.

1

Source: https://madeinmarseille.net/44956-jardin-refuge-panier/

2  Source: https://marsactu.fr/bref/la-ville-de-marseille-sapprete-a-demolir-onze-de-ses-immeubles/?fbclid=IwAR3cq-bQ5x2JvGstsdUVnKdSPdeYcor53fFhYelzXoOWZXrlgpshAZTEvOo

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CHANSON Che il Mediterraneo sia, Eugenio Bennato,2002 231


ANNEXE Interviews dans Le Panier DOMANDE

LASAHR

TESSIER

Vivez-vous ici? P u i s- j e v o u s poser quelques questions? quel est votre nom?

LE PETITE FLEUR DU PANIER

HABITANTAS DE LA RUE

Oui je vie dans le cartier depuis 20 ans

Oui je vie dans cette rue

S a v e z - v o u s Depuis 3 ans quand cette route a commencé à changer avec des plantes et des graffitis?

Depuis 3 à 4 ans

L’initiative à commencer depuis 9 ans

Qui a lancé l'initiative, un petit groupe ou es t né du consentement de tous?

Est-il toujours géré par eux?

Les commerçants et les voisins, plus particulièrement moi et mon voisin Lucas La mairie n’a pas participée à ce projet

Un collectif qui s’appelle les jardins du panier, et qui distribue des poubelles

Des jeunes filles qui ont lancées une association (les jardins du panier),

C o m m e n t fonctionne la gestion, par exemple, pour a r r o se r l e s plantes?

On a acheté des pots à 5€ chacun, de la terre du Monoprix

On est plusieurs à Chacun s’occupe le faire déjà, pas de la partie besoin de gestion devant chez lui, à l’absence de quelqu’un pour un voyage, les autres voisins s’occupent de sa partie

Entretien par les habitants de la rue

Combien sont intéressés par l a maintenance? Participezvous?

Chacun arrose devant chez lui et chez les autres voisins en cas de besoin, le but est de ne pas laisser mourir les plantes

Je pense que c’est une démarche personnelle, chacun s’occupe de sa partie devant sa porte

Oui j’y participe, mon métier à la base est de travailler la terre

Je ne participe pas à la maintenance

Oui pour moi, mais dommage que pas tout le monde partage l’initiative

Totalement pour

Partagez-vous Oui tous les jours, Personnellement ça me plait de le l'initiative, ça la beauté de la verdure est faire vous plaît? importante dans le milieu rural

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Les habitants de la rue sans la participation de la mairie


DOMANDE

LASAHR

TESSIER

Q u e l a é t é Une amélioration l'impact de cette du confort privé transformation et public, d’autre pour le quartier? gens de cartier Et connaissez- diffèrent viennent vous les autres ici pour planter et participer à le habitants de la fleurissement de rue?

la rue Pensez-vous que cette initiative a contribué à cela? A votre avis quels sont les côtés négatifs?

Le considérezvous mieux avant ou maintenant?

LE PETITE FLEUR DU PANIER

HABITANTAS DE LA RUE

Oui, je pense qu’il y a 5 ans delà, vous n’aurez même pas pris la rue pour un passage, aujourd’hui la rue est attirante et les gens la prenne en photo

Il y’a des gens qui dégradent l’espace vert

De temps en temps des jeunes qui arrachent les plantes mais sinon rien de méchant. Faire attention aux rats qui se cachent dans les pots de fleurs

Pas de cendrier dans la rue, et les gens pissent dans la rue

Beaucoup mieux aujourd’hui qu’auparavant

Avant pas du tout de verdure dans la rue, aujourd’hui il y a des fleurs et même un palmier

Qu'est-ce qui La beauté de la changerait ou rue aide à attirer les touristes pour s'améliorerait? un meilleur commerce

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UNE MER DE CITRONS

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