Préface
de Jack Vance J’ai été agréablement surpris quand j’ai appris qu’autant d’écrivains aussi talentueux et d’aussi haute volée avaient entrepris d’écrire une série d’histoires à partir de mes premiers écrits. Je me dois d’insérer ici un avertissement : certains pourraient voir dans la présente affirmation un remerciement de circonstance. Absolument pas ! En réalité, je suis sincèrement flatté par ce genre de reconnaissance. J’ai écrit Un monde magique alors que je travaillais en tant que matelot de seconde classe sur des cargos qui, pour l’essentiel, sillonnaient le Pacifique. Je prenais alors mon bloc et mon stylo-plume, je cherchais sur le pont un endroit où m’asseoir et je m’abandonnais au mouvement de la houle : des circonstances idéales pour laisser son imagination vagabonder. Les influences que l’on peut attribuer à ces textes remontent à mes dix ou onze ans, quand je me suis abonné au magazine Weird Tales. Mon auteur favori était C. L. Moore, que je vénère encore aujourd’hui. Ma mère aimait la romantic fantasy et elle collectionnait les livres d’un écrivain edwardien, Robert Chambers, de nos jours complètement oublié, et l’auteur de romans comme Le Roi en jaune, The Maker of Moons, The Tracer of Lost Persons et d’autres. Sur nos étagères, on t rouvait
également les livres d’Oz de Frank Baum ainsi que Tarzan et le cycle de Barsoom d’Edgar Rice Burroughs. À peu près à la même époque, Hugo Gernsback commençait à publier Amazing Stories et Amazing Stories Quaterly. Je dévorais les deux très régulièrement. Les contes de fées de Lord Dunsany, un compatriote irlandais, ont également été une influence notable. Et je ne peux pas non plus ignorer le grand Jeffery Farnol, un autre auteur oublié de romans de cape et d’épée. Pour faire court, on peut dire qu’à peu près tout ce que j’ai pu lire dans ma jeunesse s’est mélangé pour former une partie de mon propre style. Plusieurs années après la première parution d’Un monde magique, j’ai utilisé le même univers pour les aventures de Cugel et Rhialto, bien que ces romans soient assez différents des premières histoires, du point de vue de l’ambiance comme du ton. C’est agréable de savoir que ces récits continuent de vivre dans les esprits à la fois des lecteurs et des auteurs. À eux, et à ceux intéressés par la publication de cette anthologie, je tire mon chapeau en signe de remerciement et de gratitude. Au lecteur en particulier, je promets que, une fois la page tournée, il aura passé un excellent moment.