Du zero à l'infini : De la géométrie fractale pour le bidonville de Sehb el Caid

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Du

zéro L’INFINI...

à

De la géometrie fractale pour le bidonville de Sehb El Caid


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REMERCIEMENTS

J

e tenais avant tout à remercier mon encadrante ,Mme. Dilar Sebti pour son suivi attentif et très encourageant tout au long de cette année ,pour sa bienveillance et son grand coeur. Un grand merci également à M. Imane Benkirane pour l’attention portée à mon projet. J’aimerais par ailleurs remercier toutes les personnes qui m’ont accordé un peu de leur temps ,et sans qui ce travail n’aurait pas vu le jour. Enfin ,je remercie tous mes amis pour leurs sincères amitié et soutien. A mes très chers parents ,tous les mots du monde ne sauraient résumer l’amour que je vous porte ,vous avez tout sacrifié pour vos enfants ,n’épargnant ni santé ni efforts.Je vous suis énormément redevable pour la personne que je suis.


3 SOMMAIRE Etat des lieux

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1. Un constat alarmant 10 2. Stratégies et réactions plurielles 15 X. Conclusion 26

De l’informel à l’irregulier

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La géométrie de l’irrégulier :Les fractales

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Manifeste de l’irregulier

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1. Formel et Informel : Ce qui les sépare 30 2. Les bidonvilles : Ces citadelles contemporaines 42 3. Inversement du regard 48 4. Une forme d’urbanité à exploiter 54 X. Conclusion 60 1. Définitions 64 2. Cinq composantes essentielles 73 3. Différentes fractales 75 X. Conclusion 93 1.Principes et processus de conception générateurs 98 2. Retour de la complexité et de la diversité 104 3. Démarche 124 X. Conclusion 130

Le Projet

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1. Observations générales: 134 2. Analyse contextuelle 136 3. Esquisse 164 4. Implémentation 166 5. Parti 168 6. Plans/Coupes/Façades 188 7. Images de synthèse 206 8. Politique d’attribution 216 X. Conclusion générale 216


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Introduction

S

i le paysage urbain mondial durant le 19ème siècle a été caractérisé par une normalisation sans précédent en raison de la révolution industrielle et de ses avancées techniques et économiques, cette époque fut également marquée par l’apparition d’une toute nouvelle forme d’urbanisation souvent qualifiée de précaire, insalubre ou de parasite. En effet, la communauté urbaine pauvre ne cessant d’augmenter en raison des nouvelles disponibilités d’emploi dans les grandes villes particulièrement ,engendra en Angleterre, l’apparition des premiers SLUMS (bidonvilles) dans lesquels sont venus s’amasser les travailleurs, attirés par les avantages et les promesses de la ville. Le phénomène se répand alors rapidement et finit par se généraliser à tous les pays en plein essor industriel .Le besoin de main-d’œuvre des nouvelles usines entraine un exode rural sans précédent. Près d’un siècle plus tard, le courant hygiéniste et les grands projets de logements d’après-guerre eurent raison de ces habitats précaires dans la plupart des pays développés. Dans les pays du Sud, la problématique n’est pas la même, la tendance, en revanche, est identique. Un grand nombre de villes sont désormais confrontés à une explosion urbaine qu’ils peinent encore à contrôler. En effet, la récession mondiale du milieu des années 1970 est à l’origine d’un second exode rural d’une telle ampleur qu’à ce jour plus de 50% de la population mondiale habite en zone urbaine, favorisant l’émergence des bidonvilles et leurs prolifération . Selon le programme des Nation Unies1 (2005) pour les Etablissements Humains, un bidonville est défini comme étant la partie défavorisée d’une ville, caractérisée par des logements insalubres, d’une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière, pour la plupart, situés dans des villes de régions centrales. Dans le contexte Marocain le terme bidonville fût utilisé pour la première fois à Casablanca durant les années 1930 pour nommer les quartiers de baraques construites par des ruraux dans la périphérie de la ville à l’aide de matériaux de récupérations notamment de vieux bidons découpés2..... enfin ,ce mot finit par désigner tous les habitats précaires, spontanés où les équipements publics sont inexistants et les activités commerciales et de services ,souvent installés le long des voies périphériques mitoyennes à d’autres quartiers réglementaires causent des problèmes multiples ,d’ordre socio-économique, politique, sanitaire et sécuritaire. Pour faire face à ce défi, les décideurs marocains ont cherché plusieurs formules de réponses à la demande croissante de l’habitat d’une part, tout en réduisant l’accroissement des bidonvilles d’autre part. Ainsi une série de programmes fut mise en place. Dans mon étude, je ne parlerai que des actions entreprises au 21ème siècle… En 2004, mise en place du Programme National Ville Sans Bidonville (V.S.B) visant l’éradication des bidonvilles

1 │Le Programme des Nations unies pour les établissements humains (PNUEH) ou ONU-Habitat 1978 2 │André Adam, «Casablanca» Ed. du CNRS Paris 1968.


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dans 85 villes marocaines contribua ainsi à l’amélioration des conditions de vie d’environ 362.327 ménages. Et si le bilan est positif ( plus de 45 villes sont déclarées sans bidonvilles, le nombre de ménages résidants dans cet habitat est en baisse passant de 8,2% à 3,9% entre 2004 et 2012) il n’en demeure pas moins que la plus part des grandes villes marocaines abritent encore des bidonvilles auxquels il faut réagir notamment à: Casablanca, Kenitra, Tanger, Rabat et Salé lieu du bidonville Sehb Al Caîd, classé troisième plus grand bidonville marocain objet de la présente étude. Cette étude soutiendra le principe du droit à la vie descente en ville en un droit collectif et que l’environnement urbain est la propriété de tous; le droit à la ville deviendra ainsi inclusif, et permettra aux populations urbaines toutes classes confondues de s’engager et de partager la responsabilité et le droit à l’expérience urbaine.

Problématique

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3 │LOUBES, Jean-Paul, 2010, Traité d’architecture sauvage, manifeste pour une architecture située, Paris : Ed. du Sextant, collection La roue de bicyclette.

es phénomènes urbains, en dépit d’avoir été bien étudiés pour leurs propriétés politiques, économiques et sociales, sont encore à peine connus pour leurs caractéristiques morphologiques. Leurs complexités géométriques, irrégularités spatiales et dynamiques urbaines décentralisées ont tendance à aboutir sur une mésinterprétation morphologique, à tort, en les associant à des phénomènes désordonnés ou illogiques. Cependant, des recherches récentes liées aux caractéristiques morphologiques des bidonvilles à travers le monde, ont révélé un ordre implicite et universel: une question complexe et non linéaire. Aussi se distinguent-ils par la densité de leurs populations, leurs structures de fortune et le manque d’espace viable. Eu égard à ces conclusions sur la nature des bidonvilles, les espaces investis par les occupants sont flexibles, polyvalents et denses, et le phénomène tend à croitre depuis plus d’une cinquantaine d’années. Le foisonnement de ces constructions atypiques, de ces non-villes interpelle!! Intellectuels, pouvoir public, sociologues, architectes, urbanistes et même psychanalystes et criminologues ayant décelé une corrélation entre maux et espaces de vie, s’y intéressent. L’originalité et l’audace de ces microsociétés sont non seulement intrigantes, mais également préoccupantes et l’on assiste à une véritable prise de conscience de la part des professionnels de la construction, Jean Paul Loubes3en dit « les formes urbaines générées par l’habitat informel ont sans doute une double vocation vis-à-vis de l’architecture. Ils représentent bien plus que de simples réceptacles aux interventions des architectes, étant une réelle source d’inspiration et de renouveau pour leur pratique, et mériteraient de ce fait, leur intégration dans la culture architecturale ».


6 Comment les architectes peuvent-ils alors tirer parti des qualités programmatiques, formelles et spatiales des bidonvilles? Comment peuvent-ils utiliser celles-ci dans de possibles formes tectoniques? Comment peuvent-ils traduire le processus sous-jacent admettant que les bidonvilles sont construits selon une logique architecturale, non seulement sociale, mais aussi programmatique, formelle, spatiale, et tectonique? Comment l’architecture pourrait-elle aider à concevoir un cadre d’accueil des différents événements, activités et programmes d’un environnement flexible?

Méthodologie

D

es enquêtes sur les éléments définissant l’espace, les systèmes tectoniques modulaires, et la technologie durable à faible incidence seront réalisées tout au long de cette recherche pour aider à définir la meilleure solution de conception. Le bidonville de Sehb El Caid à Salé, comme stipulé plus haut, est mon site d’intervention et de recherche, je m’attèlerai à y proposer de nouvelles réponses axées sur des méthodes d’approche équitables et acceptables pour tous. Le choix de ce bidonville de 7, 4 ha et occupé par 2544 ménages, m’a été dicté par le fait que depuis 2003, il se trouve au centre des préoccupations gouvernementales et ONG, et a bénéficié de plusieurs études en vue de sa résorption et de recherches universitaires, académiques … vaines. Dans ce cadre, mon travail se propose d’explorer les stratégies de conception qui sont capables de recevoir des programmes intégrés dans ce bidonville en fonction de modèles ,d’événements et d’habitats et par là proposer un modèle architectural réactif - une architecture visant une réhabilitation par sa facilité d’utilisation et sa polyvalence. Pour ce faire, et afin de comprendre l’ampleur et la morphologie des bidonvilles, je passerai en revue une analyse de leur état en me penchant sur des exemples à travers le monde pour me concentrer particulièrement sur le cas du bidonville Marocain, et ce sur le plan morphologique du cadre bâti. Dans un troisième chapitre, je compte sur une analyse géométrique pointue des bidonvilles pour aboutir au remplacement de l’habitat informel par l’habitat irrégulier .Un quatrième chapitre, manifeste de l’irrégulier, réunira l’ensemble des principes rencontrés tout au long de mon étude théorique ainsi que leurs applications pratiques. Mon projet sera alors élaboré sous le signe de la RECONCILIATION, plurielle, de l’homme avec l’espace qui l’enserre, de la société avec ses laissés pour compte et de la ville avec ses quartiers centraux et quand bien même marginalisés.


7 4 │TOUHAMI, CHAHDI, 1983, La restructuration des bidonvilles et quartiers clandestins au Ma-

Petit rappel terminologique4 -La résorption : consiste à vouloir faire disparaitre les constructions précaires existantes et à

roc : Mémoire de Cycle Supé- recaser leurs habitants dans les logements réguliers en dur. rieur.

-le mot bidonville, qui a connu une large diffusion dans le monde, est apparu pour la 1ère fois au Maroc (à Derb Ghellef de Casablanca), et désigne le quartier (logement, équipements...) auto construit précairement, avec des matériaux de récupération industrielle comme les bidons d’huile, les pneus de voiture, le zinc etc. -La restructuration consiste à reconnaître le bidonville, le quartier clandestin, etc, comme des quartiers de la ville, et à lancer des opérations pour les améliorer et les aménager (adduction d’eau et l’électricité, assainissement, voirie, équipements sociaux, logement ...). Par contre la réhabilitation qu’on confond souvent dans le langage courant avec la restructuration des constructions anciennes, limitées aux installations sanitaires. -Le Douar « ce mot est un terme banal et commode qui désigne les unités d’habitation du bled marocain (...) Originairement, il s’appliquait au campement circulaire de tentes de nomades » .Le Coz : « Douar et centre rural »,RGM, N°8,Rabat 1965, p7,cité par M.R. Chéné dans :«Marge citadines à Rabat-Salé »,thèse 3ème cycle, France,1971 » et M.R. Chéné ajoute :« toute agglomération de logements urbains à caractère précaire est également appelée douar...».Donc le douar désigne ,dans le milieu urbain, aussi bien le bidonville et le quartier «clandestin» ,que les zones périphériques d’habitat à caractère semi-rural, c’est-à-dire tous les ensembles en matière d’urbanisme, d’hygiène, de salubrité publique, et de réglementation municipal. Dès que cette situation antiréglementaire a été corrigée même partiellement, le mot douar est en règle générale abandonné, au profit d’appellations plus évocatrices et respectables, précédées de mot Hay (Hay Salam, Amal, Fath, Nadar...).


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Etat des lieux


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“Ce que nous visons, en définitive, ce n’est pas uniquement d’avoir des villes sans bidonvilles, ni d’y substituer des blocs de béton sans âme, réfractaires à toute sociabilité. Nous entendons, plutôt, ériger nos cités en espaces propices à la vie en bonne intelligence, dans la convivialité et la dignité, et en faire des pôles d’investissement et de production, et des agglomérations attachées à leur spécificité et à l’originalité de leur cachet.” 5

Figure 01 │L’immensité de Kibera (Schreibkraft) 5 │Extrait du Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste à l’occasion de la Rencontre Nationale des collectivités locales. Agadir, 12-12-2006


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Un constat alarmant

Les bidonvilles : logiques de la diversité

B

idonvilles au Maroc (où vers 1920 ils furent définis comme des locaux précaires faits de plaques provenant de bidons d’huile);slums en Inde (terme retenu par les Anglo-Saxons), favelas au Brésil, colonias populares (« colonies populaires ») au Mexique, villas miserias (« villes misères ») en Argentine, barriadas (« quartiers des faubourgs ») puis pueblos jóvenes (« villages jeunes ») et finalement asentamientos humanos (« établissements humains ») au Pérou, poblaciones callampas (« peuplements [qui poussent comme des] champignons ») au Chili, umjondolo en Afrique du Sud, shammasa au Soudan, iskwaters aux Philippines…. Ainsi, quelle que soit la terminologie retenue dans le monde entier pour ces mêmes fléaux, le constat en demeure identique: tous ont en commun la particularité d’être au moins à l’origine - le résultat d’actions décentralisées et d’initiative spontanée de leurs habitants. Ces maux sont aujourd’hui une réalité avec laquelle il faut composer. Ils constituent sans aucun doute le problème numéro un de l’habitat dans le monde. Si la préservation de l’architecture est relativement importante, l’accès à un logement décent est fondamental. Il me semble alors essentiel de réaliser un aperçu sur les bidonvilles, ces quartiers “pauvres” que les gouvernements tentent tant bien que mal de cacher. Il me semble évident que ce tissu urbain marginal qui est partie intégrante de la structure urbaine doit être analysé et mérite qu’on y pose un autre regard. Figure 02 │Noms donnés aux bidonvilles selon les pays (Architecture et bidonvilles ,la possibilité d’un cercle vertueux )


11 Mise en contexte du phénomène

I

l n’est plus à démontrer qu’une croissance sans précédent s’opère dans les grandes villes du monde entier, fait flagrant dans ces quartiers informels, extrêmement denses. Un habitant sur six dans le monde, habite dans une précarité aux multiples facettes, un chiffre alarmant et en constante augmentation. L’émergence de ces quartiers est due à une croissance naturelle accentuée par la baisse de la mortalité. L’exode des populations rurales est un facteur supplémentaire aggravant. La propriété et la location leur étant inaccessibles, les nouveaux arrivants s’entassent dans ces quartiers et construisent des abris de fortune. Les pays du tiers monde vivent aujourd’hui ce problème vécu en Europe il y a un siècle. Ce type de productions spontanées et informelles d’habitation s’est surtout développé sans aucune sorte de restriction urbaine ou de direction centrale concernant l’utilisation et l’occupation du sol. Ceci est généralement un processus de mise à niveau et de croissance continue, engendré par les habitants eux-mêmes, avec leurs propres ressources limitées. L’irrégularité et la dynamique résultants de ce type de croissance urbaine est généralement mal compris, et souvent associé au désordre engendré par des phénomènes illogiques. Selon le rapport du programme des Nations Unies pour l’Habitat 6,7(2012/2013): la répartition des bidonvilles dans le monde a diminué de façon constante, passant de 46,2 % en 1990 à 32,7 % en 2012. Pourtant, le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles a quant à lui augmenté significativement, passant d’une estimation de 650,44 millions en 1990 à 862.569 millions en 2012 et les prévisions sont de 2 milliards pour 2030.

6 │ONU Habitat, Global Urban Observatory, 2012.SORTIR DES BIDONVILLES : UN DEFI MONDIAL POUR 2020 « Conférence Internationale » Rabat – Maroc 26 – 29 novembre 2012. 7 │Rapport ONU Habitat State of The World Cities 2012/2013

Figure 03 │Schéma des étapes de la bidonvilisation dans les agglomérations

«Les bidonvilles dans le monde».

(Bidonvilles et architectes,BARNET YANN)


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Figure 04 │Evolution des bidonvilles dans les pays en développement

Figure 05 │Répartition géographique du phénomène


13 Nord et Sud- deux évolutions antipodes

D 8 │France, la loi dite Debré du 14 décembre 1964 « JORF du 15 décembre 1964 » page 11139

9 │MERLIN Pierre ,CHOAY Françoise (dir) ,op.cit.,pp 374-376

10 │Edité à partir du mémoire de LAUBER Ketsia,Architecture et bidonvilles ,la possibilité d’un cercle vertueux ,pp18-20.

ans les pays développés où ils sont apparus, le phénomène des bidonvilles s’est progressivement résorbé, et ce principalement en moyennant des politiques particulièrement interventionnistes. En effet, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la multiplication sans précédent de ces quartiers d’habitat précaire déclencha une série de mesures plus ou moins radicales en matière de logement. Ainsi, en France 8, la loi dite Debré du 14 décembre 1964 est créée dans le but de «faciliter aux fins de constructions ou d’aménagements, l’expropriation des terrains sur lesquels sont édifiés les locaux d’habitations insalubres et irrécupérables, communément appelés «bidonvilles». Si cette loi permet aux communes l’expropriation des habitants d’un bidonville pour reconstruire des logements ou proposer des aménagements urbains d’intérêt public elle ne fait aucunement allusions au types de mesures entreprises pour reloger les anciens résidents. De nombreux pays adoptèrent des politiques similaires ,déplaçant souvent les populations dans des logements sociaux toujours plus loin des centres villes. Si ceux-ci disposent généralement de conditions sanitaires bien supérieures à celles des bidonvilles, «l’éloignement, l’uniformité, les dimensions démesurées et le caractère impersonnel du cadre de vie [sont] souvent mal ressentis par ses habitants, soumis à un complexe d’isolement pénible».9 Conjointement à ces politiques en matière de logement, les pays les plus développés eurent recours à des mesures de plus en plus drastiques à l’encontre des immigrés .En effet depuis un peu plus de 10 ans ,la plupart d’entre eux durcirent leurs frontières et purent progressivement ralentir les arrivées massives de migrants sur leurs territoires. Ils furent ainsi en mesure de contenir le développement incontrôlé des bidonvilles. 10 Ainsi, en dépit de leur caractère discutable, les solutions adoptées par les pays développés ont souvent été à même d’amorcer une réduction significative du développement des quartiers informels jonchant leurs métropoles. Malencontreusement, c’est au phénomène inverse que le reste du monde est confronté. Et si dans les années 60, les pays en développement ne considéraient pas les bidonvilles comme une fatalité, la plupart des gouvernements abondonnent la lutte au bout d’une dizaine d’années. Leurs stratégies étatiques (notamment en Amérique latine ou en Afrique du Nord) perdent rapidement leur élan et les gouvernements renoncent à intervenir. À cette déresponsabilisation, s’additionne les conséquences de modèles économiques imposés par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) à la plupart de ces pays débiteurs.


Par le biais de la mise en place des Programmes d’Ajustements Structurels (PAS), ils imposent généralement aux nations une réduction de leurs programmes étatiques et la privatisation d’un certain nombre de secteurs dont celui du bâtiment, sans pour autant arriver à contenir le phénomène qui prend rapidement des proportions alarmantes par manque de moyen. Le tableau suivant en démontre l’ampleur.

Figure 06 │Statistiques

A partir des années 80 et à la suite des crises du logement aggravées par la pression du FMI sur les états, les bidonvilles furent de plus en plus soumis au marché de l’immobilier, qu’il soit légal ou non. En effet, bien que ces zones d’habitat spontané s’implantent régulièrement de manière informelle, elle ne furent jamais épargné par les spéculations foncières. Les exploiteurs de taudis sont ainsi apparus à la même période que les taudis eux même. Tandis que le fait de s’installer illégalement sur un terrain a longtemps offert à ses occupants l’avantage de la gratuité d’implantation, il est désormais de plus en plus compliqué de trouver une parcelle à faible coût. Ainsi, l’augmentation croissante des loyers a pour principale conséquence d’éloigner les populations les plus démunies des centres villes. Installées sur des terrains dans des

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11 │Dwyer, D. (1981). People and housing in third world cities: perspectives on the problem of spontaneous settlements. (Longman Inc., New York) 12 │Drakakis-Smith, D. (1981) Urbanisation, housing and the development process. (Croom Helm, London) 13 │Aldrich, B. et Sandhu, R. (1995) ‘The global context of housing poverty’. In: Aldrich, B. and Sandhu, R. (ed.). Housing the urban poor: policy and practice in developing countries. (Zed Books, London) 17-36. 14 │Barros, J. and Sobreira, F. (2002) ‘City of Slums: self-organisation across scales’, Working Paper Series, 55. CASA – Centre for Advanced Spatial Analysis - University College London. disponible sur www.casa.ucl. ac.uk

périphéries trop lointaines, celles-ci sont coupées de leurs principaux secteurs d’emplois et ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. Elles s’enfoncent ainsi dans une misère qui semble sans issue. Par ailleurs, la carence en terrains accessibles a également pour conséquence de pousser les migrants à squatter des sites à risques, loués à bas prix par des exploitants peu scrupuleux. Qu’ils soient pollués, en zones inondables ou sur des pentes trop abruptes, ces secteurs sont généralement jugés non constructibles et leur occupation peut avoir de lourdes répercussions sur les populations. Si ce cas de figure peut sembler extrême, ce cercle vicieux et les conséquences de l’extrême densification de certaines villes sont malheureusement assez représentatifs de de l’enlisement mondial du phénomène des bidonvilles. II souligne ainsi la nécessité et l’urgence de trouver des solutions durables auxquelles les architectes ne commencent à réfléchir que depuis une cinquantaine d’années.

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Stratégies et réactions

plurielles

Dans le monde

P

endant des décennies, la politique urbaine appliquée à ce genre de développements urbains « insalubres » a été basée sur des politiques de surpression, de délocalisation ou ont tout simplement été ignorés. Mais ces deux dernières décennies ont été caractérisées par un effort grandissant pour la reconnaissance et la compréhension de ces structures urbaines informelles ,morphologiquement irrégulières, et de croissance constante. Depuis la deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II Istanbul, 1996), les idées et les actions relatives à l’urbanisation et la modernisation des taudis et des bidonvilles ont commencé à surgir et s’établir, remplaçant les discours habituels et traditionnels de nettoyage urbain, ou d’éradication. Les actions bien connues et largement étudiés de nettoyage urbain mis en œuvre à l’Estado Novo, au Brésil (Ligue sociale contre les taudis), en sont un exemple. Toutes les réponses à ce phénomène se sont avérées conflictuelles à travers l’histoire, et partout dans le monde… Les résultats sont une variété d’actions et de postures, y compris celles qui traitent les favelas comme « des tissus cancéreux ou des tumeurs malignes », qui doivent être amputées du tissu urbain des villes visant à être saines ; ou encore des perspectives distinctes comme celles qui voient les bidonvilles comme des expressions naturelles, inévitables et nécessaires à l’équilibre d’un système marqué par l’instabilité et les inégalités sociales (Dwyer, 1981; Drakakis-Smith, 1981; Aldrich et Sandhu, 1995; Barros et Sobreira, 2002)11,12,13,14.


16 En termes pratiques, on pourrait souligner quatre sortes de postures qui ont été appliquées aux taudis ou aux établissements spontanés: l’éradication, le relogement, la division parcellaire ou la restructuration. -L’éradication, malgré son inefficacité, pour faire face à la question des bidonvilles comme une simple question juridique ou administrative, en ignorant les tensions sociales et économiques impliquées dans le processus, est assez fréquente, surtout dans les villes et les pays caractérisés par une démocratie fragile. -Le Relogement, dans le ghetto vertical, en dépit des critiques concernant son efficacité, est encore tout à fait commun dans la politique urbaine de plusieurs villes. Ce type d’action a surgi comme une alternative à l’expulsion, et a atteint son pic de popularité durant les années 1970 et 1980.Cette posture se base principalement sur l’action de délocaliser les habitants des taudis et des bidonvilles situés dans des zones centrales à haute valeur foncière, et de les installer à long terme dans des lotissements financés par l’état sur des terrains périphériques des régions métropolitaines, le plus souvent sans services, emplois ou infrastructures (Valladares, 1978) 15. Une grande quantité de ces nouveaux habitants en viennent à vendre leurs appartements pour revenir à de nouvelles zones informelles au centre-ville, à la recherche d’emplois et de vie. Ceux qui parviennent à rester dans ces lotissements, modifient- au cours des années - les bâtiments minimalistes et les paysages, adaptant les espaces à leurs besoins. Ceci représente un réel changement du paysage moderne blanc et cartésien en un quartier de diversité, de couleurs et de multiplicité des usages et des typologies (figure 2).

15 │Valladares, L. (1978) Passa-se uma casa. Análise do programa de remoção de favelas no Rio de Janeiro. (Zahar Editora, Rio de Janeiro). 16 │Angel, S. and Boonyabancha, S. (1988) ‘Land sharing as an alternative to eviction’. Third World Planning Review, v. 2, n. 10, 107-127. 17 │Boonyabancha, S. (1988) ‘Klong Toey: A slum community s thirty-year struggle in Thailand’. In: Turner, B (ed.). Buil-

-La division parcellaire (lotissement au Maroc), est l’une des alternatives les plus récentes et parfois, ayant le plus de succès concernant l’établissement des bidonvilles se situant dans des zones centrales (Angel & Boonyabancha, 1988; Boonyabancha, 1988)16,17. Cette méthode est basée sur un processus d’intervention qui résulte d’un commun accord entre les propriétaires des foyers et les entrepreneurs publics ou privés potentiellement intéressés par le terrain ou la parcelle urbaine. Habituellement, les organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux jouent le rôle d’intermédiaire de la négociation.

ding Community: A third world case book. (Habitat, London). 18 │Bapat, M. (1987) ‘Inherent limitations of the scheme for environmental improvement of slums in India’. Trialog, n. 13/14, p. 52-56. 19 │(16) Nostrand, V. and Cor-

-La restructuration est actuellement la posture la plus commune pour ce qui est des interventions nelius, J. (1982) Old Naledi: the concernant les bidonvilles se situant au niveau du centre-ville, et apparemment la plus village becomes a town. An économique et efficace (Bapat, 1987; Nostrand & Cornelius, 1982) 18,19. outline of the Old Naledi squatter upgrading project. (J. Lorimer, Toronto).


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Figure 07 │Schéma des trois types d’action du plan Villes sans bidonvilles


Dans certains cas de ces interventions, les planificateurs essaient - grâce à une nouvelle législation urbaine - d’imposer un plan rigide, limitant la croissance, l’emploi et les adaptations habituelles s’étant établies dans ce genre d’établissement à travers le temps. Ils ont tendance à oublier les particularités symboliques de ces zones informelles et essayent d’imposer des modèles urbanistiques et esthétiques d’une ville formelle, ignorant la dynamique et la diversité culturelle, principales caractéristiques de tels établissements. Le résultat est un processus en contradiction, dans lequel les dynamiques naturelles surgissent, en tension, contre les règles formelles et où le plan d’intervention d’origine n’est jamais correctement appliqué (Van Horen, 1999)20.

Au Maroc

L

es nouvelles lois urbaines sous le protectorat français, et dont l’esprit s’est prolongé même après l’indépendance (jusque l’an 2000), sont d’une répression telle qu’elles incriminent toute manifestation habitante sur l’espace. Jean Dethier21 commente ces lois en ces mots : « Toute intervention de l’usager est considérée comme un acte de vandalisme, d’incompréhension, ou au mieux, comme un manque d’éducation des habitants. Derrière une terminologie démocratique se voile en fait l’autoritarisme des architectes et des urbanistes » Depuis les années 1950, le Maroc a alors testé une diversité d’approches dans la résorption des bidonvilles et engagé de nombreux programmes qui lui ont permis d’acquérir une expérience reconnue dans ce domaine .Celles-ci peuvent être résumées dans les périodes suivantes :

18 20 │Van Horen, B. (1999) ‘The de facto rules: the growth and change of an informal settlement in Durban, South Africa’ Third World Planning Review, v. 3, n. 21, 261-283. 21 │Jean Dethier est architecte-urbaniste

et

archi-

tecte-conseil au Centre de création industrielle du Centre Pompidou (en 1987), historien et critique de l’architecture. Il a fait ses études à Bruxelles et a travaillé quelques années au Maroc et en Afrique du Nord sous l’égide des Nations Unies et de l’UNESCO.

La période entre 1950 et 1960 22 │Programme des Nations

La recherche de produits de recasement, avec des normes minimas d’habitat (parcelles entre 40 et 48 m² dotées d’une infrastructure sommaire et parfois d’une cellule évolutive) et à coûts très réduits a prévalu durant les années 1950 et 1960 à travers les programmes de «trames sanitaires» et de «trames sanitaires améliorées» qui ont été réalisées par l’Etat à la périphérie des grandes villes. Ces programmes n’ont apporté que des réponses partielles et ont dans la plupart des cas évolué vers de grandes concentrations bidonvilloises.22

Unies pour les Etablissements Humains – ONU-HABITAT (Rabat - 13 juillet 2011) ,Mission d’appui Evaluation du programme national Propositions pour en accroître les performances, p 24

La période entre 1968 et 1972 23 │Mohammed Fawzi Zniber ,

Celle-ci était riche en réflexions et en propositions de restructuration du territoire : Schéma d’Aménagement duTerritoire, Schémas d’Armature Rurale, Schémas d’Aménagement Urbains, proposition de création des Etablissements Régionaux d’Aménagement et de Construction (ERAC), Agence Foncière,…et ce, grâce au Centre d’Etudes, de Recherche et de Formation .23

L’enjeu des bidonvilles au Maroc ,Conditions de développement et évolution actuelle,pp 24,25,27,30,31,33,38,40,45-47.50


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Figure 08 │Trame ecochard à Casablanca 23

Figure 09 │Evolution réelle de la trame ecochard à Casablanca23


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La période entre 1975 et 1990 Deux principales postures seront favorisées: Le Recasement des Bidonvillois en terrain vierge avec déplacement des populations. La Restructuration in Situ qui a principalement concerné les Projets de Développement Urbain (P.D.U.) Kénitra et qui consiste à régulariser la situation des habitants par la restructuration sur le site même et la fourniture d’équipements et d’infrastrucures avec : • Reconnaissance du droit d‘occupation par une régularisation foncière. • Fourniture d’une viabilité sommaire en eau, électricité, voirie et assainissement. • Auto construction avec encadrement (plans conçus par des architectes parcelle par parcelle en fonction de la topographie, de l’accessibilité , de la mitoyenneté,..) • Dotation de ces quartiers d’équipements publics. • La prévision de zones d’activités créatrices d’emplois et d’amélioration de revenus. • Equipement et construction de logements embryonnaires pour le relogement des habitants du petit nombre de parcelles détruites par le passage des voies et des réseaux Les interventions durant la période, 1978 et 1985 ont touché 668.100 personnes soit près de 115.620 ménages.(voir le tableau ci-contre)23


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Figure 10 │Intervention en bidonvilles entre 1978 et 198523


22 Il est à noter que ces interventions qui omettent les procédures habituelles, usent de nouvelles méthodes: préfaisabilité, étude de faisabilité, enquêtes de ménages, études urbanistiques ou de plans de cellules, études d’exécution, procédure foncières, réalisations préalables des infrastructures comme pour les cas de Hay Rahma Ben msik, Mohammedia, Temara, Taza, Settat…(images ci contre ) La faible solvabilité de certains habitants est en grande partie contournée par des pratiques d’association: «attributaire-financier». Aussi la majorité des lots sont prévus avec 1 ou 2 étages permettant une cohabitation, et dans certains cas la possibilité d’une rente locative en prévoyant des commerces au R.D.C ou quand l’attributaire procède à la location du 1er ou du 2ème étage. Toutefois, la question reste toujours posée quant aux normes, aux niveaux des équipements, à la consommation excessive de terrains ainsi que vis-à-vis des coûts des infrastructures des opérations horizontales de recasement (lots équipés). Dans ce cadre certaines opérations ont opté pour la construction d’immeubles : A Ben Msik où 7500 parcelles furent livrées et où les 6000 ménages restants bénéficièrent d’un relogement en immeubles. A Meknès les décideurs ont opté pour des lots de 5m de façade sur 12m de profondeur (de vraies baguettes) pour avoir le plus court linéaire de réseaux. Ces opérations ont été réalisées par crédits spécifiques en 1984, accessible aux personnes ayant un faible revenu et ce, en collaboration avec la Banque Internationale (BIRD) ,gérés par le CIH et financés comme suit: •un Logement embryonnaire sur des lots de 60 à 65m² au prix de 37 700 dhs •un Logement évolutif de 60 à 65m² de 2 pièces : 56 500 dhs •un Logement individuel moyen entre 65 et 90 m²: 73 000 dhs •un logement collectif de 65 à 70 m² : 94 200 dhs Cette formule de péréquation favorise des imputations -socialement plus équitables permettant ainsi l’accès dans des opérations d’envergure à des ménages bidonvillois. Elle s’opère également par la vente aux enchères de parcelles de prévention et de commerces.23


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Figure 11 │Opération Hay Errahma à Salé en 198723

Figure 12 │Hay Errahma en 201523


La période entre 1990 et 2000 Vers les années 1990, le Ministère chargé de l’habitat a mis en place un programme spécial de lutte contre l’habitat insalubre portant sur 107 opérations au profit de 100.000 ménages bidonvillois. Sa réalisation a été confiée aux opérateurs sous tutelle du Ministère de l’Habitat,l’Agence Nationale de Lutte contre l’Habitat Insalubre (ANHI) et la Société Nationale d’Equipement et de Construction (SNEC) dans le cadre d’une politique conventionnelle. Cette politique de recasement des bidonvilles a permis aux institutions publiques concernées à cette époque de bénéficier de marques de reconnaissance et d’une distinction internationale. Ainsi, de grandes opérations publiques furent lancées, comprenant une composante de recasement ou de relogement, et de grandes réserves foncières furent mobilisées: 250ha pour Sala Al jadida ; 1 100 ha pour Nassim ; 89 ha pour Oulad Zaers à Ain Aouda ; 180ha pour Hay Mohamedi à Agadir ; 220 ha pour Selouane à Nador ; 81 ha pour Bensouda à Fès ; 120 ha pour Sidi Abdellah à Salé ; 187 ha pour Ibn Battouta à Tanger.24

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24 │Amine Dafir, Lutte contre l’exclusion sociale au maroc «INDH», Université mohamed 5 souissi - Licence 2006.

La période de 2001 à nos jours Si la lutte contre les bidonvilles fut entamé depuis un peu plus de 50 ans ,ce n’est qu’à partir de 2001 que de véritables programmes d’éradication furent lancé sous l’impulsion de S.M le Roi Mohammed VI. Le Discours Royal, prononcé le 20 août de la même année, a défini des orientations plaçant l’habitat social et particulièrement la lutte contre l’habitat insalubre, parmi les priorités nationales. Un programme gouvernemental a arrêté une nouvelle stratégie d’intervention axée sur le contrôle strict et la répression effective des infractions, la mise en œuvre d’une politique de prévention et de promotion de produits concurrentiels à l’habitat informel et l’engagement 25 │http://www.mhpv.gov. d’importants programmes de résorption de l’habitat insalubre. 25 ma/ En 2004, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi, le Programme Villes Sans Bidonvilles (PVSB), fût lancé visant l’éradication des bidonvilles dans 85 villes visant l’amélioration des conditions de vie de 362 327 ménages en se basant sur trois modes d’interventions : La Restructuration in situ avec une aide de l’Etat de 30.000 dhs pour chaque baraque. Le Relogement dans des appartements de 60m2, de coût inférieur à 120.000 dhs avec une contribution de 40.000 dhs provenant de l’Etat. Le Recasement sur des parcelles équipées et en auto construction de 64 à 70 m2 mono familiales et de 80m2 pour les bi familiales avec une aide de l’Etat de 25 000 dhs pour le mono familial et 20 000 dhs pour le bi familial.


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A ce titre, nous citons comme exemples « Douar Al Kora » à Rabat dont le coup d’envoi officiel a été donné par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2002, visant : la construction de logements sociaux pour reloger l’ensemble de ses habitants, en leur permettant l’accession à la propriété des appartements à des prix bonifiés, (Figures à gauche) et le Relogement des habitants du bidonville Oued Eddahab à Sale.23(Figures à droite).

Figure 13 │Douar el kora (état initial)23

Figure 16 │Démolition des baraques à oued Eddahab à Salé 23

Figure 14 │Opération El kora à Rabat23

Figure 17 │Début des constructions in situ à Oued Eddahab,200823

Figure 15 │Réalisation El Kora à rabat (état actuel )23

Figure 18 │Situation à Oued eddahab en 201523


Enfin , une politique de création de nouvelles villes planifiées autours des principales agglomérations urbaines afin d’organiser leur croissance et de mieux drainer le flux migratoire. fut mise en place.Ce programme réserve à celles-ci une assiette foncière estimée à 5000 ha , destinée à accueillir plus de 1 150 000 habitants concernant particulièrement les villes de : Talmansourt (2004), Tamesna (2007) ,Lakhyayta (2007) ,Charafat (2009), la ville verte Mohammed VI à Benguerir (2009) et Zenata (2013).

X

Figure 19 │Les Villes nouvelles de Charafate ,Tamesna et Tamensourt (LE MATIN.ma 08/11/2016 17:48:17)

Conclusion

E

n 2012 Le bilan global du programme (PVSB) montrait qu’il restait 25% de ménages bidonvillois: 12% en cours d’études et 13% à programmer. Sur 362.327 ménages concernés par le programme, 200.666 ménages ont bénéficié de projets de résorption. En 2014, le pourcentage de la population bidonvilloise par rapport à la population urbaine est arrivé à un taux inférieur à 3,00%.Les évaluations successives du programme VSB ont montré, qu’en dépit des volontés exprimées d’atteindre les objectifs fixés, certaines contraintes persistent liées notamment à : •La non prise en compte de la participation des populations aux grandes options en amont des opérations programmées. •L’éloignement des ménages vers des zones peu urbanisées et insuffisamment équipées •De nouvelles donnes apparaissent pour les ménages qui peuvent bouleverser leur vie quotidienne. •Défaillance en matière d’encadrement, d’accompagnement social et de suivi des opérations de relogement ect...23 Ainsi, même en considérant les intentions visant la légalisation des établissements informels, il est clair que les actions de l’administration publique sont loin d’être efficaces. Sehb el Caid à salé en est un exemple .3ème plus grand bidonville au Maroc ,il représente une réelle poche de

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résistance à toutes sortes d’interventions ,notamment l’opération Said Hajji faite par Al Omrane. La plupart des difficultés rencontrées par les urbanistes et les gestionnaires publics sont liées à l’absence de données sur l’utilisation, l’occupation et la dynamique urbaine à l’échelle locale, des zones informelles ,et l’absence d’outils appropriés qui leur permettraient de cataloguer, gérer et publier des informations spatiales à des fins de gestion urbaine. La disponibilité et la précision des cartes, et leurs relations aux données statistiques et spatiales sont les éléments clés d’une action appropriée visant à l’amélioration de tels établissements. Mais ce genre d’information n’est malheureusement pas disponible dans la plupart des pays et des municipalités qui font face à une croissance urbaine décentralisée associée à la pauvreté. Les recherches et conclusions présentées dans ce qui suit se réfèrent aux discussions de nouvelles méthodes d’analyse et d’outils qui pourraient permettre une nouvelle compréhension des bidonvilles, fondée sur les aspects spatiaux et morphologiques de ces phénomènes complexes et intrigants. Les conjectures et les trouvailles de ces analyses sont fondées sur l’hypothèse qu’il est nécessaire, parallèlement aux discussions politiques et sociales, d’observer ces établissements informels au travers d’une perspective spatiale, incluant ses caractéristiques statiques et dynamiques.


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De l’informel à l’irregulier


29 “Regarde là, ma ville. Elle s’appelle Bidon, Bidon, Bidon, Bidonville. Vivre là-dedans, c’est coton. Les filles qui ont la peau douce La vendent pour manger. Dans les chambres, l’herbe pousse. Pour y dormir, faut se pousser. Les gosses jouent, mais le ballon, C’est une boîte de sardines, Bidon. Donne-moi ta main, camarade, Toi qui viens d’un pays Où les hommes sont beaux. Donne-moi ta main, camarade. J’ai cinq doigts, moi aussi. On peut se croire égaux. Regarde là, ma ville. Elle s’appelle Bidon, Bidon, Bidon, Bidonville. Me tailler d’ici, à quoi bon ? Pourquoi veux-tu que je me perde Dans tes cités ? A quoi ça sert ? Je verrais toujours de la merde, Même dans le bleu de la mer. Je dormirais sur des millions, Je reverrais toujours, toujours Bidon.”

Bidonville, de Claude Nougaro.

Figure 20 │Croissance verticale de la Rocinha (The Guardian)


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1

Formel et Informel : Ce qui les sépare

«Le bidonville estil une ville et serait-il une phase obligatoire dans la croissance et le développement de la ville ?» Thierry Paquot.26 ous tenterons dans ce qui suit d’établir les différentes caractéristiques des bidonvilles, celles qui les différencient de la ville et les marginalisent d’une part et de démontrer les aspects qui en font une ville à part entière d’autre part. Ceci devrait nous amener, à une meilleure compréhension des différentes composantes du bidonville afin de balayer certains clichés, et de définir ses atouts et ses déficiences. Enfin nous tenterons de faire évoluer la notion d’ «informel» vers un mot plus juste « l’irrégulier ».

N

Figure 21 │Capture d’écran de la recherche google du mot formel et informel :Tandis que la première laffiche une majorité d’images représentant des formules scientifiques (notion d’ordonnoncement et de précision) la seconde elle contient un ensembles d’oeuvres abstraites représentatives de liberté et d’un manque de contôle .


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26 │Thierry Paquot, né en 1952 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est philosophe de l’urbain, rhapsode de la revue L’Esprit des Villes, auteur de très nombreux ouvrages sur la ville et l’urbain, l’utopie, le temps et l’écologie. Figure 22 │Fondation Abbé Pierre ( Février 2014)

Figure 23 │A gauche :Soweto ;Adroite :Japon (google.com)

Figure 24 │Hong Kong ,Chine


Le Bidonville comme non-lieu

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C

haque bidonville a son histoire, et les circonstances derrière la constitution des quartiers irréguliers varient d’un pays à l’autre, il y aurait alors autant de modèles de bidonvilles que de modèles de villes.Comme l’a bien expliqué Bernard Granotier:28

« le schéma le plus classique est celui des « invasions » qui, à la fin des années 40 et au début des années 50, aboutirent à la création des barriadas autour de Lima. (…)Ces invasions étaient soigneusement préparées, allant jusqu’à être planifiées, avec parfois la complicité d’étudiants architectes et d’ingénieurs établissant la taille des parcelles, l’alignement des rues et l’esquisse sommaire d’un plan-masse. Une zone particulière était soigneusement et au préalable choisie parmi les terrains publics, puis l’invasion se produisait .Evidement De nuit, puisqu’en journée les forces de l’ordre s’y seraient opposées. (…) Tout aussi réelle qu’à Lima, l’invasion est souvent moins spectaculaire dans d’autres pays. Dans le cas des villes marocaines, c’est la saturation de la médina qui provoque l’implantation des colonies de squatters en zone périurbaine. (…). A l’invasion dure de Lima s’oppose l’invasion douce, par essaimage, caractéristique des villes marocaines. » Le premier point qui détache totalement le bidonville de la ville est son illégalité .Ainsi, ces établissements urbains ne sont tout simplement pas reconnus en tant que tels .Les cartes officielles ne les évoquent jamais, et pour les autorités, leurs habitants sont quasiment ignorés.27 Les bidonvillois habitent un non-lieu, dont ils sont loin de se vanter ; Abdel Malek Sayad29 ayant vécu plusieurs années dans un bidonville déclare : « Le bidonville, c’est aussi l’histoire de la “ville qui n’existait pas”, -une honte refoulée- à laquelle on a refusé le statut de réalité».

Figure 25 │Les étapes de densification de la Rocinha à Rio de Janeiro ,extrait du livre de Drummond Didier ,«Architectes des favelas»


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Contraste Socio-économique entre Villes et bidonvilles

A

l’instar des centres villes qui démontrent d’une certaine forme de richesse, dans le bidonville la déchéance est omniprésente .La misère en est la principale caractéristique. En effet, le chômage touche la quasi-totalité des habitants et les quelques travailleurs, ne sont guère plus que de simples petits salariés, ou des ouvriers peu qualifiés.27 Dès lors le profil socio-économique des habitants des bidonvilles est celui d’une population pauvre et sous-intégrée .Aussi avons-nous choisi d’appréhender ce profil par deux indicateurs qui nous paraissent aussi importants que difficiles à saisir, notamment quand il s’agit de quartiers pauvres de pays en développement à savoir : les activités et les revenus. Activités et revenus Vivant dans un contexte de précarité (conditions de vie, habitat, équipements…) les habitants ont pour la majorité, des activités marginales, dénommées « petits métiers » dans le secteur informel, comme ceux de domesticité, marchands ambulants, gardiens de voitures, jardiniers, journaliers …, caractérisées par l’instabilité, et par des revenus bas et aléatoires. Seul le père travaille et doit nourrir une famille nombreuse. Les habitants vivent souvent de moyens bien inférieurs à ceux des citadins. Dans un ensemble de quartiers sous-intégrés ,où le secteur informel est dominant ,la notion de revenu est à prendre avec précaution :il est difficile de connaître avec exactitude ,les revenus de gens ayant un travail et des rentrées d’argent irréguliers, tels les porte-faits qui attendent dans les marchés ,gares routières … les femmes qui restent des après-midis, voire des journées à la joutia d’à côté pour vendre quelques épices ou fripes…les enfants qui tissent dans les manufactures ou travaillent comme apprentis ,bonnes… Néanmoins, dans la majorité des bidonvilles des pays en développement, le revenu quotidien, par personne est d’environ 1 euro. Ce qui couvre à peine le prix d’un café en ville. Ce montant varie d’une famille à l’autre, sans pourtant jamais arriver à couvrir totalement et le logis et la nourriture ; d’autant plus que certaines personnes sont contraintes d’envoyer de l’argent à leurs familles restées à la compagne, les condamnant à rester dans le bidonville.27 Selon les propos d’un expert de la BIRD, connaissant le Maroc pour y avoir effectué plusieurs missions dans le cadre des P.D.U : « de toute façon, la population du sous habitat trouve toujours de l’argent quand il le faut et, par conséquent toute connaissance des revenus ou de la solvabilité (voire du profil socioéconomique) est inutile. » 30


Les disparités économico-sociales entre ville et quartiers spontanés se révèlent par conséquent abyssales. L’image des jonques aux pieds des grattes ciels est fort saisissante. Essayez de vous mettre à leur place, narguée chaque jour par ces figures de la richesse et du pouvoir, vous comprendrez bien vite leur sentiment de marginalité. c’est dans ce contexte que plusieurs confessions de bidonvillois insistent sur leurs quotidiennes humiliations et sur leur malaise au contact de citadins de la ville formelle, ou des autorités locales.

Figure 26 │Etablissement informel au pied de grattes ciel a San Paolo (www.domusweb.it)

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L’habitat : du provisoire dans une vie qui n’est que survie

L

e critère habitat est considéré comme un indicateur essentiel pouvant rendre compte, d’une manière objective et explicite, de la pauvreté et de la précarité qui caractérisent les bidonvilles. Aussi avons-nous retenu et sélectionné quelques-uns de ses indices les plus significatifs, à savoir : La précarité en équipements et la précarité physique de l’habitat. Précarité en équipements urbains Ce qui sépare grandement les quartiers informels (bidonvilles) des quartiers formels (ville), est l’absence des équipements et des services urbains garantissant un certain confort d’usage. La présence de certains équipements de base, relève du pur fantasme : absence d’égouts, de raccordements aux réseaux d’électricité et d’eau potable, voies carrossables, équipements sanitaires et éducatifs inexistants. Aucune police de proximité, sans compter le ramassage d’ordures qui fait toujours défaut, laissant sur place une trainée de déchets organiques suffocantes…etc. Ramener de l’eau à la maison est la besogne de tout le monde :hommes ,femmes et enfants sont souvent contraints d’aller en chercher à plusieurs centaines de mètres de leur lieu de résidence ,à l’unique borne de fontaine où les files sont interminables .Le raccord à l’électricité ,jeu de la mort, se fait par des moyens triviaux ,causant la majorité des incendies responsables du ravage de ces habitations de fortune. Dans d’autres endroits, l’accès à l’eau ou à l’électricité est payant. Ceux-ci reviennent jusqu’à deux fois plus cher que dans des quartiers riches.27 En l’absence d’un contrôle policier régulier le bidonville se démarque aussi en repères de délinquance, de crimes, de prostitution et de trafics en tous genres, ou encore, de lieux d’endoctrinement et d’extrémisme .Ceci est d’ailleurs souvent utilisé comme argument pour justifier l’éradication de ces zones d’habitat spontané.

Figure 27 │Aqueduc à Dharavi servant de voie de circulation (Glen Cooper)


Précarité physique de l’habitat Il est connu que la plupart des quartiers de sous habitat s’implantent dans des terrains périphériques, lointains et invisibles, se trouvant souvent sur des sites accidentés et de fortes pentes : c’est le cas du Douar Sehb El Caid. Ils pourraient aussi être localisés en bordure d’oued, comme d’autres quartiers populaires le sont en bordure de mer (le Cas de Douar Dbagh à Rabat et de Sidi moussa à Salé), augmentant leur degré hygrométrique, générant diverses pathologies.30 La maison familiale est le principal constituant du bidonville .Et contrairement à la ville où le logement est un outil de spéculation foncière, dans ces tissus le foyer représente l’unique bien de ses habitants. Il est souvent, le résultat de longues années de durs labeurs. Ces habitants pratiquent, ce que des architectes appellent un habitat évolutif : la cellule initiale s’agrandit quand la famille croît et que les revenus permettent d’acheter les matériaux complémentaires. Un entretien et une maintenance constantes, qui demeurent menacés par le moindre incendie et la moindre intempérie. Le témoignage saisissant d’un bidonvillois Tunisien confirme ces propos: 27 « Quand il pleut nous sortons de peur que les maisons s’effondrent sur nous .Nous arrivons déjà à peine à manger, on ne va tout de même pas se permettre d’améliorer la maison. » Une situation aussi paradoxale que tragique, un abri inutilisable quand on en a le plus besoin. Ceci est malheureusement la condition de la majorité des occupants de ce genre d’habitations de fortune.

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Figure 28 │Bidonville en bordure d’oued en Inde(www.johnschupbach.files.wordpress.com)


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Figure 29 │Barrio sur les collines de Lima (Richard Julien)


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Analyse Cependant en dépit des servitudes ,de sol par exemple, les habitants essaient toujours de tirer le meilleur parti du relief: 30 « Les exemples ne manquent pas à rabat, et on pourrait mettre en évidence l’exemple du Douar Maadid ,où les rues faisant fonction d’égouts ,sont presque toujours placées dans le sens de la ligne de pente .Les pluies annuelles, ainsi canalisées ,nettoient tout sur leur passage ,et les dégâts qu’elles pourraient causer sont partiellement limitées ». D’ailleurs en analysant plus en détail le comportement d’adaptation des squatters à leur environnement urbain, on comprend qu’il est rationnel, y compris évalué en termes économiques. Ce comportement est en particulier plus cohérent que bien des programmes de logements dits sociaux qui sont hors d’atteinte de 60 % de la population des villes des pays en développement . Ainsi, aussi insalubre soit-il, l’habitat bidonvillois tient bien plus de la maison que d’un logement en ville. En effet le plan de la baraque est l’expression d’un mode de vie et d’une culture traditionnelle de l’habitat qui s’inspire directement des logements ruraux, lieu d’origine de la communauté bidonvilloise.28 Il est de ce fait essentiel pour l’architecte de comparer et d’étudier ces différentes typologies, en vue de mieux comprendre la relation publicprivé, la composition familiale, le rôle de la femme etc. Autant d’éléments déterminants pour la conception de logements répondant le mieux aux dynamiques sociales des habitants.


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Si l’on s’en tient à la disposition intérieure de ces logements, la cour revient comme un élément 27 │édité à partir des propos essentiel alliant plusieurs fonctions, à savoir : de BARNET Yann , Bidonvilles et architectes , Mémoire de

•un espace tampon entre l’extérieur (public) et l’intérieur (privé) •un espace de stockage et de travail : bricolage, linge, cuisine, dépôt de matériels divers. •un lieu social où se réunit la famille en cas de festivités, et où les femmes et les enfants se rassemblent pour jouer et discuter.

fin de deuxième cycle ,Ecole d’Architecture de Strasbourg 2002-2003 28 │GRANOTIER Bernard, Planète des bidonvilles : Perspec-

Cet élément si important en bidonville, fait défaut dans la majorité des opérations de relogement et de recasement (HLM par exemple), se révélant ainsi, comme l’une des causes principales de l’inadaptation des habitants à ces nouveaux locaux. Les bidonvillois, dans une quête pour retrouver leurs modes de vie antérieurs, réinvestissent par conséquent les espaces et les fonctions des nouveaux logements. Toutes ces défaillances font du bidonville un lieu où la vie descente est un luxe qu’on ne peut que très rarement se permettre, et où la survie est un combat au quotidien, en raison d’une part de la lutte incessante pour la construction et la maintenance du logis face aux intempéries, et d’autre part parce que ce dernier représente une réelle résistance du bidonvillois face à un mode de vie imposé par la ville, un acharnement pour préserver son identité.27

tives de l’explosion urbaine dans le Tiers monde Broché – 1 octobre 1980 29 │Abdelmalek Sayad, né le 24 novembre 1933 à Beni Djellil en Algérie et décédé le 13 mars 1998 à Paris enFrance, est sociologue, directeur de recherche au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales(EHESS), assistant de Pierre Bourdieu. Fin connaisseur de la communauté nord-africaine en France, il a été décrit par ses amis comme un « Socrate d’Algérie ». 30 │TOUHAMI Amina ,La restructuration des bidonvilles et quartiers clandestins au maroc :le cas des douars Doum ,Maadid et Hajja à rabat ,mémoire de cycle supérieur 1982-1983

Figure 30 │A gauche:exemple d’une baraque de Nanterre (relevé de 1966) A’ : entrée de la cour ,A : cour ,B : cuisine C : chambre des enfants les plus âgés ,D : chambre des parents et des jeunes enfants ,E : zone de stockage du charbon)27


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Figure 31 │A droite: Exemple d’une maison dans un bidonville indonésien27 Figure 32 │A gauche: plan d’un logement du nid d’abeille de Candilis .27 Figure 33 │A droite :façade de l’une des barres de logements

Figure 34 │Evolution réelle et réappropriation de l’espace par les habitants de Sidi Othman


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Les bidonvilles : Ces citadelles contemporaines

« La pauvreté devient une forteresse sans pont levis ». Albert Camus 31

M

étaphoriquement parlant, en regardant ces phénomènes urbains informels du point de vue morphologique, en les comparants à des processus historiques d’occupation urbaine, on pourrait dire que les bidonvilles, comme tout autre établissement informel(les favelas par exemple), sont des «citadelles» contemporaines, une forme de bastions historiques dans lesquels les gens pouvaient s’abriter durant une bataille. Une forteresse repliée sur elle-même. La disparité sociale et économique accentue la fragmentation spatiale évidente dans les villes et leurs environs rendant le fossé social qui sépare ces nouvelles citadelles de la ville formelle encore plus profonds. Ainsi la métaphore reliant les bidonvilles aux citadelles les en distingue également. Socialement, tandis que les citadelles médiévales sont le lieu officiel pour les «élus», les contemporaines sont l’endroit des exclus. Politiquement, tandis que le premier est le symbole de la lutte officielle à l’époque médiévale, le dernier est le résultat, de l’absence de contrôle du monde contemporain. Dans le cas historique, la ville officielle est à l’intérieur, tandis que dans la contemporaine, la ville officielle se situe à l’extérieur.32

42 31 │Albert Camus 32 │Traduit de l’anglais et édité à partir de l’article publié par Fabiano José Arcadio SOBREIRA «Favelas, barriadas, bidonvilles: the universal morphology of poverty» ,2007

Figure 35 │En

haut:

Ai-

gues-Mortes, citadelle médiévale fondée comme une base à partir de laquelle ont été envoyés des expéditions à la «Terre sainte» (l’image modifiée de Kostof, 1999).Au centre: diagrammes montrant la tension d’occupation et le développement des colonies de bidonvilles autour de frontières attractives, liées à des rues commerciales, aux infrastructures et aux voies de transport. Ces obstacles sont des attracteurs de développement et définissent la morphologie des établissements informels.En Bas: Pseudo citadelles contemporaines. Etablissements informels dans le centre de Manille, Philippines, développé dans un vide urbain, entouré de ruelles, d’avenues commerciales et de barrières naturelles (rivières et canaux) (Payne, 1977).


43 Limites, barrières et isolement

D

ans ces citadelles contemporaines, les frontières qui séparent des structures sociales distinctes relèvent des différences morphologiques: la ville formelle, à l’extérieur, et l’informelle, à l’intérieur. Certaines de ces limites encouragent la croissance des bidonvilles (barrières attractives), et les relient à la ville formelle: Les avenues et les rues constituent habituellement des points d’ancrage ou des lignes à partir desquels se développent les bidonvilles. Les barrières non-attractives sont les limites de propriété, les lignes de chemin de fer, la mer et les rivières… Elles sont rendues d’autant plus pénalisantes par le fait qu’il n’existe de manière générale aucune infrastructure permettant de les franchir : pas de ponts ni de passerelles suffisamment nombreuses les reliant. En fait, réseaux et infrastructures ne prennent jamais le bidonville en considération, ce qui isole ce dernier de la ville. Ainsi, plutôt que de tenter de faire participer les bidonvillois à la ville et de leur faire profiter des équipements urbains les reliant, celle-ci grandit en niant le bidonville. Ce qui aurait pu être une richesse urbaine, un quartier qui anime la ville, est resté un ghetto de misère ostensiblement délaissé.

Figure 36 │bidonville bordé par un chemin de fer en Inde (www.media.indiatimes.in)


Une énorme densité !

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A

l’instar des centres urbains qui se développent principalement à la verticale, les zones d’habitat spontané ne croient que sous la forme d’une tache d’encre. Ainsi, si la ville arrive à se densifier sans qu’il ne s’installe un surpeuplement, la densification d’un bidonville implique inévitablement une embolie de l’espace. Cette densification (en grande partie liée à la superficie des parcelles et à la taille moyenne des familles) peut atteindre dans certains cas le chiffre invraisemblable de un habitant pour 7 m2 soit l’équivalent d’une place de parking. Que ceci soit suffisant comme espace vital pour une personne, ou pas, il n’en demeure pas moins que cette énorme mitoyenneté induit des comportements familiaux et sociaux particuliers et nous confronte à une nouvelle notion de voisinage. La promiscuité génère des sentiments d’appartenance, avec tout ce que ça implique comme avantages et inconvénients : d’un côté il peut alors être comparé à un nid de chaleur humaine qui permet aux ruraux déracinés de survivre, un réel capital émotif impensable dans les centres urbains, mais aussi d’un autre côté un anonymat et une intimité extrêmement difficiles à obtenir.

Figure 37 │campagne publicitaire Fondation Abbé pierre réalisée par l’agence BDDP & Fils ,en 2008


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Une île dans la ville

A

travers quelques exemples de bidonvilles de par le monde nous constatons que si tous sont porteurs d’un bagage historique et de caractéristiques propres, il n’en demeure pas moins, que la majorité se développa sur des terrains vagues, selon une logique qui leurs est propre.27 D’un autre côté la ville, ne cessant de croitre, rejoignit la zone d’habitat spontané pour ensuite la cerner, en suivant à son tour sa propre trame urbaine. Nous assistons alors à une croissance parallèle mais totalement isolée de chacun des deux tissus.Par ailleurs plusieurs types de bidonvilles peuvent alors être relevés : D’une part, les établissements spontanés se situant dans le centre-ville, se développant à l’intérieur de vides urbains limités. Emergeant à partir d’éléments attracteurs (rues, avenues ...), ils ont tendance à se consolider en des structures très denses, résultants de tensions et de restrictions physiques, économiques, géographiques et sociales, à cause de leur déploiement fortement limité par les barrières physiques environnantes. D’autre part, les établissements se développant indépendant d’une quelconque tension urbaine, ont tendance à s’étendre de manière dispersée, comme des structures beaucoup moins denses. 32 La combinaison de ces deux morphologies d’établissements urbains informels caractérisent les peuplements hybrides, qui naissent comme des habitats semi-ruraux, pour ensuite se transformer en des zones urbaines (parce que la croissance et l’extension de la trame officielle de la ville, impliquait la zone précédemment inoccupée ou les lots récemment occupés).32 En conséquence à ces tensions urbaines, une transformation se produit dans la répartition spatiale des établissements de faible densité: parce que le développement a des limites (comme les rues et les limites de propriété), l’établissement - dispersé à l’origine et de faible densité - se transforme en une ville intérieure. Un bidonville fragmenté et très dense, consacrant ainsi, l’isolement psychologique de ses habitants, dans la mesure où il n’a pas du tout le même langage que la ville.32

Figure 38 │Le quartier marginal de Mendocita à Lima27


46

En effet, malgré leur promiscuité, ils ne suivent pas du tout la même logique, et leurs tissus urbains sont extrêmement différents. Le résultat en est frappant. Le bidonville prend la forme d’un ilot dans la ville sans pour autant s’y intégrer. Les deux tissus urbains s’affrontent et ne communiquent pas. Sur les photos la limite entre les deux est très franche : Le bidonville se démarque visuellement, et sur le terrain on le sait immédiatement lorsqu’on s’y retrouve, et ses frontières sont très nettes.27 Le bidonville à l’image d’une île dans la ville ne peut plus croitre, il est alors comme enkysté dans le tissu urbain. Habituellement, ces établissements spontanés sont considérés comme une expression d’informalité, se répandant dans la trame urbaine, dans un processus cyclique de croissance urbaine et de consolidation: les établissements qui (dé) forment les villes, forment de nouvelles colonies, et ainsi de suite ... 27 Dans ce cycle de transformation, une question demeure: comment planifier tout type d’intervention urbaine sur des établissements caractérisés par une informalité et une dynamique urbaine, tout en acceptant et reconnaissant sa logique de croissance intrinsèque et ses modèles morphologiques inhabituels?

CITE DES MORTS Pays : L’Egypte Ville : Le caire Superficie :150 ha Population : 93000 h. Densité :600 h/ha Typologie : squatter Origine: Ancienne localisation : centrale Dimension : remarquable 33 │Traduit et édité à partir des analyses de AVANZO Marco et CALEVRO Nadira,La Città Informale: il fenomeno degli Slum urbaFigure 39 │Situation de la cité des morts33

ni dal 1950 al 2014,2013-2014


47

Sens de

Superficie en 2000:151ha Population: 90600 h. Densité: 600 h/ha Figure 40 │superficie de la cité des morts en l’an 2000 (Google earth)33

Superficie en 2014:155ha (+4ha) Barrière urbaine Population: 93000 h (+2400 h) Barrière naturelle Densité: 600 h/ha propagation

Figure 41 │superficie de la cité des morts en l’an 2014 (Google earth)33


48

3

Inversement du regard

“Une petite maison en ruine vaut mieux qu’un palais en commun !”Proverbe marocain.

Figure 42 │Une baraque dans un bidonville à Temara (Bidonvilles :architectures de la ville future)

Une structure sociale dynamique

S

ur le plan social, loin d’être des lieux de désespérance, les bidonvilles se révèlent souvent être des lieux d’espoir et d’entraide où les échanges fraternels entre des populations venant du même lieu sont de vigueur.


49

Une zone d’habitat spontané est donc avant tout, un espace où une communauté ou un ensemble de communautés rurales déracinées et vivant dans un milieu hostile essaient de survivre à la même misère .Leur grande solidarité revient alors souvent comme un facteur essentiel dans ce combat de survie. Leurs rapports sociaux tribaux, se voyant renforcés par la grande promiscuité urbaine, les rapprochent les uns des autres, de telle sorte que tout ce qui pourrait être considéré comme une source d’ennui et de dérangement en ville, devient en bidonville une forme de bon voisinage et un catalyseur de cohésion sociale : •Le bruit que fait l’autre est perçu comme un signe de vie et non comme une agression. quand on n’entend plus le voisin, on s’inquiète et on va le voir. •Les femmes s’entraident pour faire la cuisine et pour surveiller les enfants, pour qui le bidonville est un immense terrain de jeu. •Les zones communes sont souvent des éléments urbains favorisants les échanges sociaux. Les habitants en se regroupant ,arrivent à améliorer leur quotidien et se font entendre des autorités, et réussissent même à créer des associations pour mieux gérer le bidonville, moyen tout aussi efficace pour se faire entendre par les partis politiques pour lesquels les bidonvilles sont souvent le centre de convoitises électorales. Ainsi, le bidonville est un milieu très mouvant, en perpétuel développement, et ses activités sont très flexibles. C’est donc une structure vivante, à la fois adaptable et malléable.

Figure 43 │Bidonville casablancais Kariane Ben M’sik (www.bladi.net)


Un espace culturel

L

e bidonville (nous l’avons vu) est largement constitué de ruraux. Il devient alors une ville traditionnelle à part entière, un foyer de conservation de la culture originelle, contrairement aux centres urbains qui tombent facilement sous le joug de la mondialisation et de l’occidentalisation à outrance. Ainsi, la culture du bidonville s’enrichie et se développe, émergeant comme une culture de la pauvreté, avec ses expressions orales (chant, musique, théâtre, mariages …) et ses valeurs ancestrales (la dignité y tient une bonne place) où la débrouille, l’entraide, et les plaisirs simples laissent peu de place à l’individualisme de la ville.27 A titre d’exemple les favelas, qui existent depuis un siècle et qui furent le lieu de la naissance de la samba, ont pris un caractère patrimonial. Il s’agit alors de préserver un bidonville avec son architecture, son ambiance, sa culture et son énergie de vie forte d’enseignements... D’ailleurs cette architecture des bidonvilles ne prend toute sa puissance et son sens esthétique qu’en relation avec une vie culturelle et sociale dont elle est le reflet. Quoiqu’il en soit, le bidonville est pour beaucoup de pays un foyer de résistance à l’acculturation. Encore faut-il le préserver contre les méfaits de la modernisation.

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Figure 44 │Action dans la Favela Morro da Providência, Favela de Jour, Rio de Janeiro, Brésil, 2008 (JR)


Un espace intermediaire

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A

bien des égards le bidonville peut être considéré comme un espace de transition, comme une phase nécessaire au développement de toute société. En effet ,en raison de sa dynamique ,de la solidarité qui y règne et de son aspect informel, il a une capacité d’intégration beaucoup plus prononcée que la ville formelle, surtout pour les plus démunis.27 Par ailleurs, malgré l’ampleur des bidonvilles, leur échelle demeure bien plus humaine que celle des grandes mégapoles des pays en voie de développement. A l’image d’un “village dans la ville», il représente un endroit rassurant, permettant aux populations rurales une appréhension progressive de la ville, tout en gardant des repères. Petit éloge du bidonville Dotés d’un bagage culturel rural, les bidonvillois se retrouvent face à une société dont les mœurs sont totalement différentes des leurs. Nous assistons alors à une juxtaposition de cultures : une culture rurale et traditionnelle et une culture urbaine et moderne. Les bidonvillois se « trouvent alors divisés entre deux mondes, et consciemment ou non, ils veulent à la fois pouvoir utiliser le premier et sauver le second. C’est ici que l’on comprend l’importance du bidonville comme milieu absolument original de transition entre deux sociétés ». Ainsi en dépit de toutes ces disparités, le bidonville arrive à préserver son unité et se démarque comme un espace culturellement très riche. Durant les années 70 on pouvait se permettre de penser que la bidonvilisation n’est qu’une étape nécessaire au développement des villes, aujourd’hui il serait plus juste de dire que le développement des zones d’habitats spontané se fait plutôt en parallèle avec celui de la ville et constitue un entre-deux capable d’accueillir une population que la ville n’arrive pas à intégrer. Le bidonville n’est finalement que le regroupement d’une communauté qui tente du mieux qu’elle peut de se protéger, de se serrer les coudes et de vivre ses propres traditions. C’est par conséquent un lieu où l’individu a sa place. D’ailleurs, la plupart des familles préfèrent vivre dans le bidonville plutôt que d’avoir à déménager dans un appartement exigu du centre-ville, qui peut être propose un meilleur équipement mais qui n’assure pas la même vie sociale, ni la même étendue spatiale.27

Figure 45 │Un bidonville En Inde (Bidon


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nvilles :architectures de la ville future)

Suivant leur localisation et leurs conditions, les sentiments et les besoins des bidonvillois diffèrent; néanmoins, les points communs majeurs retenus par la plupart des études faîtes dans le monde peuvent être résumés comme suit : •Le premier est la notion d’appartenance à un groupe et à un lieu. On retrouve ce « nous » qui désigne non pas la ville mais bien l’ensemble de la population vivant dans le bidonville, lieu qu’ils finissent parfois par chérir comme une partie d’eux-mêmes. •Le deuxième est la volonté commune d’avoir un foyer décent avec des murs solides et un toit étanche. Ceci revient souvent comme la préoccupation et l’ambition principales des bidonvillois du monde entier, passant par une reconnaissance du droit d’habiter. La maison constitue effectivement le repère quotidien de la cellule familiale. •Après ce besoin de protection évident, vient le besoin en eau. Le raccordement au réseau électrique est tout aussi apprécié, et notamment l’éclairage des rues qui amène un sentiment de sécurité appréciable et l’impression de faire partie de la ville. Pour les bidonvillois, les autres équipements et infrastructures ne sont que secondaires .Il n’ont de raison d’être que si les besoins principaux sont acquis. Ainsi, le pavage des rues peut même être mal perçu quand il s’accompagne d’une réduction de l’espace privé et d’alignements. •Le dernier point intéressant est que dans l’ensemble, les bidonvillois aimeraient plutôt voir leurs conditions de vie améliorées, sans avoir à déménager dans des appartements à priori plus confortables, mais loin d’être suffisants. Quitter le bidonville signifie pour la majorité la recherche d’un nouvel emploi et la perte du réseau social auxquels ils appartiennent. Leurs rapports sociaux tribaux, se voyant renforcés par la grande promiscuité urbaine, les rapprochent les uns des autres, de telle sorte que tout ce qui pourrait être considéré comme une source d’ennui et de dérangement en ville, devient en bidonville une forme de bon voisinage et un catalyseur de cohésion sociale : •Le bruit que fait l’autre est perçu comme un signe de vie et non comme une agression. quand on n’entend plus le voisin, on s’inquiète et on va le voir. •Les femmes s’entraident pour faire la cuisine et pour surveiller les enfants, pour qui le bidonville est un immense terrain de jeu. •Les zones communes sont souvent des éléments urbains favorisants les échanges sociaux. Les habitants en se regroupant ,arrivent à améliorer leur quotidien et se font entendre des autorités, et réussissent même à créer des associations pour mieux gérer le bidonville, moyen tout aussi efficace pour se faire entendre par les partis politiques pour lesquels les bidonvilles sont souvent le centre de convoitises électorales. Ainsi, le bidonville est un milieu très mouvant, en perpétuel développement, et ses activités sont très flexibles. C’est donc une structure vivante, à la fois adaptable et malléable.27


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Une forme d’urbanité à exploiter

Bidonville versus médina

L

oin d’être un habitat chaotique le bidonville constitue souvent une claire manifestation de structures bien organisées. En effet, malgré son isolement, sa marginalisation, et son rejet par la ville, le bidonville regorge de qualités dynamiques, culturelles et socioéconomiques … C’est finalement un espace spatialement organisé qui tente par ses propres moyens de répondre à des besoins primaires. Il résulte surtout d’une croissance spontanée, ce pourquoi le plan est irrégulier et les infrastructures insuffisantes. D’ailleurs en comparant un plan de bidonville avec celui d’une médina, on notera un certain nombre de similitudes : •Le groupement compact de maisons, qui sont sans rappeler le schéma traditionnel d’organisation autour d’une cour, ressort comme un élément principal. Parce que la baraque- ce module dont la superficie varie entre 25 et 150 m² -est pratiquement l’unique élément constituant le tissu du bidonville, la morphologie globale s’en retrouvera directement conditionnée. Ce capital fixe accumulé au cours des années sous forme de baraques qui peu à peu s’agrandissent, s’améliorent, deviennent des maisons de parpaings, demande plutôt à être préservé quand cela est possible. •Les équipements publics et les activités commerciales se regroupant sur le pourtour du bidonville, notamment au niveau des entrées, et sur les voies principales, renforcent son caractère autonome.Ou encore les rues principales faisant souvent office de coudes afin d’empêcher les vues et les perspectives directes. •Le tissu du bidonville est donc une transposition quasi littérale du tissu médinal et plus exactement du modèle domestique traditionnel. •Les espaces de circulation sont calibrés au minimum et les espaces publics sont presque inexistants. Néanmoins, les voies de passage, essentiellement piétonnes, sont hiérarchisées. Et bien que l’on ne retrouve pas exactement la même logique partout, le schéma global est caractérisé par quelques rues principales qui sont relativement larges mais peu nombreuses et qui servent d’espace public. •Les ruelles, quant à elles, sont étroites et utilisées comme un espace semi-public et sont additionnées d’un réseau d’impasses semi-privées qui desservent plusieurs cours privées. 34 │édité à partir de l’analyse Le niveau d’entretien est lié à cette hiérarchie, plus l’espace est privé, plus il est soigné et de Abdessamed Azarfane,Masentretenu.27 ter of Architecture,Bayt ,2014 .


55

Figure 46 │Schémas d’organisation des médinas et des bidonvilles27,34


Dualité entre planifié et spontané

56

Q

ualifier le système urbain de planifié ou de spontané, d’ordonné ou de désordonné, de statique ou de dynamique, n’est pas tout à fait approprié pour décrire la multiplicité et la superposition d’éléments qui font une ville réelle. L’idée d’une ville strictement planifiée, libre d’actions décentralisées ou spontanées n’appartient qu’à l’univers utopique. En même temps, le mouvement naturel et spontané des villes n’est pas totalement libre d’initiatives centralisatrices, et ce à plusieurs échelles (soit au niveau de la législation ou des codes régissant les quartiers informels). La ville réelle échappe aux modèles et aux règles établies par les planificateurs de la ville conceptuelle, et en même temps, elle surpasse la prise de décision locale des individus. Les villes sont le résultat de la combinaison simultanée de mouvements en apparence opposés et excluants mais qui en fait, se complètent: le planifié et le spontané.32 Les distinctions entre ce qui est naturel et ce qui est planifié sont, parfois, déroutantes, à cause de la continuité naturelle à l’intérieur du tissu urbain entre ce qui est naturel et ce qui est planifié. Mais certaines distinctions pourraient être envisagées. Les parties naturelles (spontanées) des villes se développent assez lentement, contrairement aux planifiées. Celles se développant naturellement sont le résultat d’une myriade de décisions individuelles à l’échelle locale. Tandis que les planifiées résultent de décisions centralisées à l’échelle globale, et sont généralement conçues pour être rapidement bâties. Ces parties-là, sont généralement monumentales et régulières, comme des expressions de forces politiques les utilisant comme des éléments symboliques de triomphe et de puissance. Celles planifiées ont été conçues comme des objets permanents, inchangeables, divisés en des zones spécifiques d’occupation, d’utilisation et de services. Cependant la réalité a démontré que maintenir le processus planifié intacte, sur le long terme, était tout à fait impossible, car il s’oppose à la force de croissance naturelle de toute ville (Batty et Longley, 1994).35 Toutes ces distinctions sont visuellement claires, et se traduisent par des modèles très distincts: ceux (naturels) irréguliers et fragmentés, et (ceux planifiés) réguliers ou euclidiens. Dans la plupart des villes, la structure morphologique est le résultat d’un mélange de ces deux types de mouvements: le planifié et le naturel. Il est difficile de trouver des villes qui tout au long de leur histoire, sont restées purement planifiées ou strictement spontanées. La ville contemporaine, comme mentionné précédemment, est une mosaïque d’interventions, parfois centralisées, et d’autres fois décentralisées. Tout comme un palimpseste, dans lequel les symboles présents sont retranscrits sur les anciens, de telle sorte que les lectures et les interprétations sont toujours induites par la superposition d’images de périodes différentes.32 Figure 47 │Croissance organique des villes(fractal cities)


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35 │Traduit et édité du livre de

Il est habituel, par exemple, de trouver des structures urbaines, initialement planifiées et qui par

Batty M, Longley PA , Fractal Ci- le biais d’actions localisées, s’adaptent, mettant en évidence une croissance naturelle sur une ties: A Geometry of Form and structure d’origine régulière. En parallèle, il est tout aussi facile de trouver des structures urbaines Function. London: Academic qui étaient à l’origine «organiques», mais deviennent Press,1994

Figure 48 │Superposition de langages urbains dans le centre de Damas (édité à partir de Benevolo, L.)

Figure 49 │Transformation du tissu urbain après une occupation islamique sur une grille romaine (édité à partir de Kostof, S., 1999)

la cible d’une succession d’actions centralisées et planifiées. Une tension démeure entre la théorie et la réalité. La conceptualisation des villes depuis le début du 20e siècle en général allaient à l’encontre de la réalité des choses. On avait tendance à décrire et à théoriser la ville sur « ce qu’elle se devait d’être », au lieu de la comprendre pour ce qu’elle était vraiment. Ainsi, face à l’absence de la dualité nécessaire pour bien comprendre sa complexité, la conséquence a été un écart croissant entre le réel et le conceptuel: l’utopie.35


Reconnaitre la complexité

S

i l’on s’en tient au raisonnement analytique traditionnel ,un aspect négatif d’un problème global est considéré isolément (par exemple la pollution atmosphérique par une usine ou l’enlaidissement du paysage urbain dû à l’installation illégale d’un bidonville. l’action entreprise ultérieurement aboutit à réprimer ce seul symptôme traité artificiellement comme un phénomène séparé :les autorités municipales décident la fermeture de l’usine ou font raser le bidonville par bulldozers),on s’aperçoit que les conséquences de ce pseudo remède sont pire que le mal initial (le chômage augmente dans la ville et l’activité économique est ralentie en portant atteinte au niveau de vie ; ou encore les taudis ressurgissent dans un site encore moins adapté et avec une densité de peuplement aggravée). L’analyse de systèmes quant à elle, part d’une distinction entre systèmes simples à deux variables, du type y= ax +b (les seuls où se justifie un mode de pensée analytique) , et systèmes complexes multivariés ,comme la ville ,où une autre perspective doit être envisagée. Tandis que dans la conception de la science moderne, l’ensemble, est le résultat prévisible de la somme linéaire des parties ; en théorie de la complexité le tout surpasse la simple addition des comportements, des caractéristiques ou des dimensions des parties, et il est directement lié à la non- linéarité. 28 Dans cette relation « tout-partie », Les « complexologues » affirment que les systèmes complexes expriment un désordre apparent au niveau global, mais cachent une logique intrinsèque d’ordre fondé sur des règles simples au niveau local. Une autre particularité de ces systèmes est que le niveau d’irrégularité apparent reste constant malgré le changement d’échelles, à savoir, que le monde complexe démontre d’une «irrégularité régulière » à travers différentes échelles. Voici pourquoi la complexité fut un attracteur étrange et séduisant vers lequel plusieurs disciplines, saturées par les conceptions traditionnelles de la science, ont convergé durant les 15 dernières années. Après tout, la Complexité rassemble des objets, des systèmes et des caractéristiques qui, jusqu’ici, avaient été ignorés ou extrêmement simplifiés. L’idée d’un système complexe adaptatif, à l’apparence désordonnée, composé d’éléments diversifiés interagissant les uns par rapport aux autres dans un changement permanent semble correspondre le mieux à la société et donc à l’humanité elle-même. Les langues, les relations sociales, les affaires internationales, et les villes, tous font partie d’un réseau social entortillé caractérisé par une grande complexité (Hollande, 1998)36. Mais y a-t-il une corrélation pratique entre la Complexité et la Morphologie urbaine? Il a été difficile, au cours de l’histoire des sciences urbaines, de mettre en corrélation les questions sociales et spatiales. En effet, les approches spatiales, basées sur l’idée que les villes sont des objets, n’a pas été idéalement reliée aux théories qui décrivent les villes comme des systèmes sociaux, politiques et économiques.

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59

Figure 50 │Bidonville (Arne Quinze)

Ce qui creuse un réel fossé conceptuel et un paradoxe complexe :d’une part, il ne fait aucun doute que la morphologie des villes est l’expression physique des tensions sociales et politiques; d’autre part, il n’y a pas d’accord sur la façon dont la forme, l’espace et la géométrie se traduisent. Ce paradoxe révèle la nécessité d’une nouvelle approche urbaine, qui pourrait permettre la compréhension de la fragmentation spatiale, en reconnaissant sa complexité, au lieu de simplement l’ignorer. On commence, dorénavant, à croire que l’irrégularité et la confusion apparente identifiées dans les morphologies urbaines contemporaines ne sont que des expressions superficielles d’un ordre plus profond et plus complexe. En ce sens, les théories de la complexité et ce qu’elles impliquent comme concepts mathématiques et physiques, (les fractales), ont été des outils fondamentaux dans cette révision conceptuelle. Généralement, tous les systèmes, objets ou motifs géométriques révélant une richesse de détails sur plusieurs échelles, ont des propriétés fractales et ne peuvent donc, être décrites en utilisant la géométrie euclidienne. Aujourd’hui, plusieurs études affirment que les villes sont des systèmes aux caractéristiques fractales, et ce ne sont pas de simples expressions de rhétorique. Ces études confirment que la forme urbaine des villes non planifiées est le résultat d’une logique non linéaire, dont les motifs ne peuvent être mesurée par des concepts habituels et des outils de la géométrie classique (Batty et Longley, 1994; Frankhauser, 1997; Sobreira et Gomes, 2000)35,37,38. Mais, quelle est, après tout, la relation entre la complexité, les fractales, et les études sur les établissements spontanés? La réponse est que les bidonvilles sont des systèmes complexes et que du point de vue morphologique, ils présentent les mêmes propriétés spatiales universelles à travers le monde: de la fragmentation urbaine et de la diversité morphologique (Sobreira & Gomes, 2000; Sobreira, 2002).38,39 L’ordre implicite des codes sociaux, les restrictions spatiales et les besoins économiques sont tous les résultats d’une structure morphologique universelle et dynamique. Et donc, puisque les bidonvilles sont des systèmes complexes, on pourrait utiliser le même ensemble d’outils analytiques utilisés pour décrire ces systèmes dans une tentative de décrire la complexité urbaine de ces établissements.


X

Conclusion

D

e la ville, le bidonville a la proximité et la densité ; par contre il lui manque les équipements, les infrastructures et les ponts avec la ville. Néanmoins, il forme une unité organisée, dynamique, vivante et relativement soudée qui lie le monde de la ruralité et celui de l’urbanité. Le bidonville est un fragment de ville, pauvre par la misère qu’il abrite et riche par la culture et la vie sociale qu’il développe.

60

36 │Holland, J. (1998) Emergence: from chaos to order. (Oxford University Press, Oxford). 37 │Frankhauser, P. (1997) ‘Fractal

analysis

of

ur-

ban structures’ In: Holm, E. (ed.) Modelling space and networks: Progress in theoretical and quantitative geogra-

Le bidonville doit-il rester un fragment de ville ? Faut-il l’intégrer dans la ville au risque de le noyer phy (Gerum Kulturgeografi, dans la masse urbaine ou est-il important qu’il garde une certaine spécificité ? Umea) 145-181. 38 │Sobreira, F. and Gomes,

La réponse est certainement entre les deux. Le bidonville doit pouvoir se transformer en quartier de ville, c’est-à-dire accéder aux équipements minimums qui permettront à ses habitants une vie beaucoup plus décente tout en gardant son tissu de maisons individuelles qui engendrent des rapports sociaux forts et en conservant son caractère d’espace de transition. L’étude de la géométrie des bidonvilles ne pouvant s’effectuer par des outils géométriques classiques, l’emploi de la géométrie fractale comme moyen récent d’analyse des structures fragmentées et irrégulières nous parait plus apte à décrire leur complexité urbaine, et ce dans le but de faire perdre à ces établissements leur caractère de non ville, problème quasi matériel et technique, en vue de développer leur caractère intrinsèque de ville.

M. (2000) ‘The Geometry of Slums’. Working Paper Series. CASA – Centre for Advanced Spatial Analysis - University College London, London, n. 30. disponible sur www.casa. ucl.ac.uk. 39 │Sobreira, F. (2002) A Lógica da Diversidade: Complexidade e Dinâmica em Assentamentos Espontâneos. Tese de Doutorado. Programa de Pós-graduação em Desenvolvimento Urbano (Universidade Federal de Pernambuco, Recife).


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La géométrie de l’irrégulier Les fractales


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“ La découverte, par Benoît Mandelbrot, de l’existence de la géométrie fractale dans la nature est un des développement scientifiques les plus remarquables de la seconde moitié du XXème siècle. La notion de fractale a été inventée par lui au début des années 70 .Benoit Mandelbrot a saisi que la portée de ses concepts géométriques étaient suffisamment vaste pour mériter un mot nouveau .Ce mot de fractale inconnu dans la langue française (et anglaise)il y a vingt ans est devenu courant …La raison de cette soudaine explosion vient de la possibilité offerte par la géométrie fractale de décrire beaucoup des objets très irréguliers qui existent dans la nature .”40

40 │Sapoval Bernard Universalités et Fractales, pp.66-67 Figure 51 │Bifurcation fractale


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1

Définitions Qu’est-ce qu’une fractale

C

ette brève présentation des fractales n’a pas pour but de recopier une Nième fois des définitions bien plus fournies, mais simplement et premièrement de montrer que les fractales sont un outil universel à la portée de tout un chacun pour comprendre le monde qui nous entoure. Chacun de nous a des notions sur la signification du terme fractal, certains diront que c’est une forme géométrique aux propriétés particulières, d’autres que c’est une longueur qu’on ne peut calculer, enfin chacun sait quelque chose des fractales pour la simple raison que nous en côtoyons tous les jours autour de nous. Pour rester simples nous dirons que:

Figure 52 │Une baderne d’Apollonius.

Figure 53 │Les trois cercles initiaux ayant permis de créer

« une fractale est une forme complexe engendrée par une forme simple, en suivant un processus d’itération invariable, à une échelle de plus en plus réduite » 41...

la baderne 41 │Jacques Attali ,Notre vie ,disent-ils.p33

Pour comprendre ceci, nous nous devons de visiter le passé fractal.

Une introduction historique à la géométrie fractale

L

a plus ancienne référence retrouvée dans la documentation nous vient d’Apollonius de Perge et remonte à trois siècles avant J.-C. Sa construction consiste à prendre un triangle curviligne (dont les côtés sont des arcs de cercles). On peut alors trouver un cercle inscrit à l’intérieur. Cette étape crée trois nouveaux triangles curvilignes dans chacun desquels on peut inscrire un autre cercle. En continuant ce procédé jusqu’à l’infini, on trouve une image appelée la baderne d’Apollonius. Cette figure sera reprise plus tard par Mandelbrot42 en tant qu’image fractale.

42 │Benoit mandelbrot 19242010 « The Fractal Geometry of Nature » ;Pionnier de l’utilisation de l’informatique pour la visualisation et l’expérimentation des mathématiques, Benoit Mandelbrot est le père des fractales.

Figure 54 │Les premières étapes de la construction d’une baderne d’Apollonius


65 43 │Albrecht Dürer : Allemand peintre, dessinateur et graveur. Il est l’une des personnalités les plus polyvalentes et significatives de l’histoire de l’art. 44 │Georg Ferdinand Ludwig Philipp Cantor.3 mars 1845, Saint-Pétersbourg–6

janvier

1918, Halle) est un mathématicien allemand, connu pour être le créateur de la théorie des ensembles. Il établit l’importance de la bijection entre les ensembles, définit les ensembles infinis et les ensembles bien ordonnés 45 │Traduit et édité à partir de l’ouvrage de EGLASH Ron , African Fractals modern computing and design.pp.15-45

Figure 55 │Illustration

des

cinq premières étapes de la construction du pentagone de Dürer. (Les couleurs ne servent qu’à faciliter la compréhension du processus.)

Ensuite, ce n’est qu’en 1520 qu’apparaît une autre image fractale : le pentagone de Dürer.43 Son image fractale consiste en un pentagone régulier dans lequel on place six petits pentagones congrus ; cinq d’entre eux doivent recouvrir les angles du pentagone initial de façon à ce que les côtés adjacents correspondent et le dernier pentagone doit se situer au centre du grand pentagone mais en ayant subi une rotation de 180° par rapport à celui-ci. En reprenant ce processus pour chacun des nouveaux pentagones et ainsi de suite, on trouve une image ressemblant à une dentelle. Le travail de Georg Cantor (1845-1918)44 qui a produit ensuite, l’ensemble de Cantor (figure 56), s’est révélé être le début d’une nouvelle perspective sur l’infini. 45 L’infini avait longtemps été considéré comme suspect par les mathématiciens. Comment pouvons-nous prétendre utiliser uniquement des règles exactes, et explicites si nous avons un symbole qui signifie vaguement “le nombre que vous obtiendriez en comptant à jamais “? Beaucoup de mathématiciens, à commencer par Aristote, avaient fini par l’exclure complétement. Cantor a montré qu’il était possible de garder une trace du nombre d’éléments dans un ensemble infini, et l’a fait d’une manière illusoirement simple : A partir d’une seule ligne droite, Cantor en a effacé le tiers médian, préservant deux lignes. Il a ensuite effectué la même opération sur ces deux lignes, effaçant leurs milieux et laissant quatre lignes. 45 En d’autres termes, il a utilisé une sorte de boucle de rétroaction, en faisant du résultat d’une étape le point de départ de la prochaine. Cette technique est appelée “récursivité”. Cantor a montré que si cette construction récursive pouvait être répétée sans cesse, ça équivoquerait à créer un nombre infini de lignes, Dont la longueur serait pourtant nulle. 45


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Figure 56 │L’ensemble de Cantor : En 1877, Georg Cantor est venu avec l’idée de subdiviser une ligne à plusieurs reprises pour illustrer le concept d’un ensemble infini. Cette technique en boucle est nommée récursivité .En précisant que la récursivité se poursuit à jamais, Cantor a été en mesure de définir un ensemble infini.45


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Figure 57 │La courbe de Von Koch 46:Helge Von Koch a utilisé le même genre de boucle récursive que Cantor, mais au lieu d’effacer des lignes il en a ajouté. Il a commencé avec une forme triangulaire de quatre lignes, « le générateur ». Il a ensuite remplacé chacune des lignes avec une version réduite de la forme originale de ce générateur.45 46 │Niels Fabian Helge von Koch, né le 25 janvier 1870 à Stockholm et mort le 11 mars 1924 (à 54 ans) à Danderyd, est un mathématicien suédois qui a donné son nom à l’une des premières fractales : le flocon de Koch.


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Figure 58 │Variations de la

courbe de Koch : La forme particulière que Koch a utilisé en premier n’a rien d’unique. Par exemple, nous pouvons aboutir à des formes similaires, plus plates ou plus enrichies en variant la forme du « générateur »(a). Les triangles n’ont rien d’unique –toute forme peut subir ce processus de remplacement récursif .Le mathématicien Giuseppe Peano, par exemple, en a expérimenté les variations avec des formes de « générateurs » rectangulaires comme sur la figure (b).45


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Figure 59 │Les nouvelles courbes de Cantor, Koch, et d’autres représentaient un problème dans la théorie des mesures. La longueur de la courbe dépend de la taille de la règle, plus nous rétrécissons la règle plus la longueur tend vers l’infini.45

Non seulement Cantor a réintroduit l’infini comme un objet propre aux études mathématiques, mais sa construction récursive pouvait être utilisée comme un modèle pour les autres “courbes monstres”, comme celle créé par Helge Von Koch en 1904 (figures 57, 58).45 Les propriétés mathématiques de ces chiffres étaient tout aussi ambiguës. De petites portions ressemblaient à l’ensemble, et ces réflexions pouvaient être répétées à des échelles infinitésimales. Comment pourrions-nous alors mesurer la longueur de la courbe de Koch? Si nous superposons une règle de six pouces à la courbe (figure 59), nous obtenons six pouces, mais bien sûr, en omettant tous les coins et recoins. Si nous utilisons une règle plus petite, nous obtenons une plus grande longueur, ceci peut se poursuivre à l’infini. 45


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Évidemment, ceci n’est pas un moyen très adéquat pour caractériser l’une de ces courbes. Une nouvelle façon d’effectuer les mesures était donc nécessaire. La réponse était de relever les différentes mesures de la taille de la règle en fonction de la longueur de la courbe, et de voir à quelle vitesse nous gagnons en longueur tandis que nous rétrécissons la règle (figure 23), de sorte que nous finissons par avoir une pente raide. Pour les courbes relativement lisses, nous ne gagnons pas beaucoup en longueur même si nous réduisons la taille de la règle, la pente du graphique résultant est alors faible.45

Figure 60 │Mieux mesurer les courbes fractales :l’expérience du rétrécissement de la règle n’était pas une perte totale de temps. En effet ,en gardant une trace de la façon dont la longueur mesurée changeait suivant la taille de la règle, nous obtenons une très bonne façon de caractériser la courbe. Pour une fractale relativement lisse la longueur n’augmentera que très légèrement malgré la diminution de la taille de la règle, à l’inverse des fractales très plissées.45 47 │Felix Hausdorff (1868 1942) mathématicien allemand Considéré comme l’un des fondateurs de la topologie moderne, il contribua aussi significativement à la théorie des ensembles, à la théorie de la mesure et à l’analyse fonctionnelle. Il est l’auteur, sous le nom de Paul Mongré, de travaux philosophiques et littéraires.


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Pour les mathématiciens ce graphique était plus qu’un simple moyen pratique pour caractériser la rugosité. Rappelons que lorsque nous avons essayé de mesurer la longueur de la courbe de Koch, nous avons constaté que sa longueur était potentiellement infinie. Pourtant, cette longueur infinie s’inscrivait dans un espace délimité. Le mathématicien Felix Hausdorff 47(1868 - 1942) a constaté que ce paradoxe pouvait être résolu si nous pensions les courbes monstres comme occupants , en quelque sorte ,plus d’une dimension-comme tel est le cas pour des lignes normales -mais moins de deux dimensions- comme tel est le cas pour des formes planes (des carrés et des cercles à titre d’exemple )-.45 Pour Hausdorff, la courbe de Koch aurait une dimension fractionnaire, d’environ 1,3 qui s’avère être le coefficient de la pente de notre courbe (règle –par rapport à la –longueur). Etant de purs mathématiciens, ils furent fascinés par cette idée d’une dimension fractionnaire et ne pensèrent jamais à la mettre en pratique. 45 Nous avons vu jusque-là quelques exemples d’objets fractals mathématiques, pour en comprendre le procédé de génération, cependant parmi ceux-ci, certains sont infiniment plus complexes que d’autres. On compte aussi parmi les fractales des objets non mathématiques issus de la nature, une côte rocheuse, les nervures d’une feuille d’arbre, une rivière vue depuis le ciel, les éclairs, certains coquillages…. Cette hétérogénéité peut être comprise comme une ambiguïté. Ce qui nous pousse à nous arrêter sur le terme Objet Fractal. Figure 61 │Les ramification fractales d’une plante (www.tumblr.com)


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Qu’est-ce qu’un objet fractal

48 │MANDELBROT Benoit ,Les

Benoit Mandelbrot s’interroge sur les objets fractals en ces termes : «Faut-il définir une figure fractale de façon rigoureuse, pour dire ensuite, d’un objet réel, qu’il est fractal s’il en est de même de la figure géométrique qui en constitue le modèle ? Pensant qu’un tel formalisme serait prématuré, j’ai adopté une méthode toute différente : basée sur caractérisation ouverte et intuitive et procédant par touche successive ».48

objets fractals ,1994 ,p.5 49 │Idem ,p.10 50 │BATTY and LONGLEY, Fractal cities ,p.3 51 │Voir aussi : SAPOVAL Bernard ,Universités et fractales et

On peut définir un objet fractal par : BOVILL Carl ,Fractal geometry •Son domaine d’application in Architecture and Design . « Entre le domaine du désordre incontrôlé et l’ordre excessif d’Euclide, il y a désormais une nouvelle zone d’ordre fractal ». 49 •Ou encore par ses attributs « Les objets fractals sont des objets de tout type dont la forme spatiale n’est lisse à aucun endroit, désormais appelés « irréguliers » et dont l’irrégularité se répète elle-même à plusieurs échelles ».50 Cette définition est très large et permet la possibilité de déterminer la similitude des ensembles. Elle ne spécifie pas non plus que les sous-ensembles doivent également être constitués de sousensembles encore plus petits, similaires à l’ensemble du sous-ensemble. En effet une fractale devrait avoir une autosimilarité évidente à toutes les échelles. Ainsi on ne peut définir de manière définitive un objet fractal, puisque ce terme englobe déjà plusieurs sous catégories connues (fractales déterministes, fractales chaotiques, fractales IFS, DLA Models, L-system, Midpoint displacement …)51, et que le terme fractal reste ouvert à d’autres catégories à découvrir dans le futur.

Figure 62 │Midpoint displacement

Figure 63 │DLA Model


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Cinq composantes essentielles

Récursivité ou itération : (De l’ordre) Nous avons vu que les fractales sont générées suivant un processus circulaire, une boucle dans laquelle la résultante devient à un moment l’amorce d’une nouvelle étape. Les résultats sont incessamment réitérés permettant à la même opération d’être effectuée à nouveau. Ceci est souvent désigné comme une “récursivité”, un concept très puissant .On a déjà vu comment fonctionnait une itération pour créer l’ensemble de Cantor et la courbe Koch Même si l’on pouvait créer une abstraction mathématique dans laquelle la récursivité pourrait se poursuivre indéfiniment , il y a des cas où celle-ci “atteint sa limite”. Dans notre exemple de la courbe de Koch, nous abandonnons une fois les lignes trop petites pour être représentées. En fait, tout objet physique existant n’est fractal qu’à un certain niveau particulier d’échelles.45

La symétrie d’échelle: (Du détail) Si vous regardez le littoral d’un continent - Prenons la côte Pacifique de l’Amérique du Nord, pour exemple -, vous verrez une forme dentelée, et si vous en regardez un petit bout - disons, la Californie - vous continuez à voir une rugosité similaire. En fait, une courbe rugueuse similaire peut être observée en étant debout sur une falaise surplombant la côte rocheuse californienne, ou encore debout sur cette rive en observant un rocher. Bien sûr, cela n’est qu’approximativement ressemblant, et il n’est correct que sur un certain nombre d’échelles, mais il est étonnant de constater à quel point cela fonctionne pour de nombreuses caractéristiques naturelles. C’est cette propriété d’ « échelle » de la nature qui permet à la géométrie fractale d’être aussi efficace en modélisation. Avoir une « forme stratifiée » signifie qu’il existe des modèles similaires à différentes échelles au sein de l’ensemble considéré. L’agrandissement d’une petite section va produire un modèle qui ressemble à l’image intégrale, et un zoom inferieur nous donnera quelque chose qui ressemble à une minuscule partie.45 Figure 64 │Mesure de la cote de bretagne


L’autosimilarité A quel point ces modèles doivent être similaires pour pouvoir les identifier comme étant des fractales ? Les Mathématiciens distinguent entre une auto-similarité statistique, comme dans le cas de la côte, et une auto –similarité exacte, comme dans le cas de la courbe de Koch. Dans celle qualifiée d’exacte, nous devons être en mesure de montrer une réplique exacte de l’ensemble, au moins au niveau de certaines de ses parties .Dans la courbe de Koch une réplique exacte de l’intégralité de la courbe pourrait être identifiée en chaque partie de la fractale («strictement auto- similaire »), mais cela ne vaut pas pour toutes les fractales. Les fractales en branchage utilisés pour modéliser les poumons et l’acacia (L-system), par exemple, ont des parties (la tige à titre d’exemple) qui ne contient pas d’image en miniature de l’ensemble.

L’Infini : (De la complexité) Puisque les fractales se doivent d’ être limitées à un nombre fini d’échelles, il peut nous sembler que l’infini n’est qu’ un artefact historique, au mieux, un Saint Graal dont la quête a permis aux mathématiciens par hasard de tomber sur les fractales. C’est ce genre d’omission qui a fait que beaucoup de mathématiciens purs étaient plutôt perplexes au sujet de l’affaire fractale, et dans certains cas totalement hostiles (cf. Krantz1989). Cependant, il n’y a pas moyen de connecter les fractales à l’idée de dimension sans parler d’infini, et pour beaucoup de mathématiciens, ceci demeure leur rôle principal.45

La dimension fractionnaire Comment se fait-il que la courbe de Koch, ou tout autre membre de sa famille fractale, puisse avoir une longueur infinie s’inscrivant dans un espace fini? Nous sommes habitués à penser aux dimensions en termes de nombres entiers –les points de dimension 0, les lignes de dimension 1, les plans de dimension 2 et les objets dans l’espace de dimension 3 - mais la théorie des dimensions qui régit les fractales permet que celles-ci soient de dimensions fractionnaires. 45 Dans cette étude, nous nous proposons de définir chacune des caractéristiques des objets fractals isolées plus haut en rapport avec l’architecture, aussi bien dans son niveau symbolique que conceptuel et formel.

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Différentes fractales

L’architecture fournit souvent d’excellents exemples de thèmes de conception culturelle, parce que tout ce qui fait partie intégrante de nos vies - toute structure qui compose notre environnement construit, celui dans lequel nous vivons, le travail ou le jeu vont probablement inspirer nos conceptions architecturales. Prenez l’exemple de l’architecture religieuse. Plusieurs églises ont été construites en utilisant un plan d’architecture triangulaire pour symboliser la trinité Chrétienne; d’autres ont utilisé une forme de croix. Le Panthéon romain a été divisé en trois niveaux verticaux. Cependant il n’est pas nécessaire d’observer des monuments grandioses; même une simple cabane impliquera des décisions géométriques. Devrait-elle être carrée ou rectangulaire? Son toit en pente ou à plat? Orientée nord ou à l’ouest? La culture jouera un rôle ici aussi. À première vue, l’architecture africaine peut sembler tellement variée que l’on pourrait finir par conclure que ses structures n’ont rien de commun. Bien qu’il y ait une grande diversité parmi les nombreuses cultures africaines, des exemples d’architecture « fractale » peuvent être observés dans tous les recoins de ce continent. Dans chaque cas présenté ici nous comparerons la photo aérienne ou le diagramme architectural d’une colonie à un modèle fractal généré par ordinateur. La simulation fractale générera les auto-aspects similaires à la structure physique plus évidente et dans certains cas, nous aidera même à comprendre la signification culturelle locale de l’architecture.45

Figure 65 │Cube Fractal


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Les fractales rectangulaires

S

i vous survolez la partie nord du Cameroun, en vous dirigeant vers le lac du Tchad ,sur le long de la rivière Logone, vous apercevrez quelque chose de semblable à la figure 1a. Cette photo aérienne montre la ville de Logone Birni au Cameroun. Le peuple Kotoko, a fondé cette ville, il y a des siècles, en usant d’argile locale pour créer d’énormes complexes de bâtiments rectangulaires. Le plus grand de ces bâtiments, en haut au centre de la photo, est le palais du chef, ou “Miarre” (figure 67). Chaque complexe est créé suivant un processus appelé «l’architecture par augmentation », en ajoutant dans ce cas, des clôtures rectangulaires aux rectangles préexistants. Puisque les nouvelles clôtures intègrent au minimum deux des anciens murs, elles ont tendance à croître, du centre vers l’extérieur. Le résultat final est l’ensemble des rectangles enchevêtrés que nous voyons sur la photo. Cette architecture pouvant être décrite en termes de symétrie d’échelle et d’autosimilarité, il est facile de la simuler en utilisant un modèle fractal généré par ordinateur, (figures 68 a-c). La forme du générateur est un rectangle, dont chaque côté est composé tant de lignes actives (grises) que de lignes passives (noires). Suite à la première itération, nous remarquons comment une version miniature du rectangle de base est reproduite par chacune des lignes actives. Une seconde itération engendre une forme d’une échelle ayant environ le même ordre de grandeur que le palais .Celle-ci est représentée dans la figure 69.45

Figure 66 │Une vue aérienne de la ville de Logone-Birni à Cameron:Le plus grand complexe de bâtiments, au centre, est le palais du chef. (Photo courtesy Musée de l’Homme, Paris).45

Figure 67 │Une vue rapprochée du palais.Les plus petits rectangles, dans le centre,représentent royales.45

les

chambres


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Figure 68 │Simulation fractale du palais . (a) forme du générateur pour la simulation fractale du palais.(b) Les trois premières itérations de la simulation fractale. (c) L’élargissement de la troisième itération.45

A l’ouest près de la frontière du Nigeria; c’est la haute région des prairies fertiles de Bamiléké. Ils ont aussi une architecture d’implantation fractale basée sur des rectangles (figure 69), mais elle n’a aucune relation culturelle avec celle de la tribu Kotoko. Plutôt que l’argile épaisse de Logone Birni, ces maisons et clôtures imbriquées sont construites au bambou, matériau très solide et largement disponible. Ici ,les modèles de production agricole sont à la base de la symétrie d’échelle.45

Figure 69 │Plan d’implantation de Bamiléké d’environ 196045


Puisque la même construction de maille en bambou est utilisée pour les maisons, les clôtures de maison et les clôtures des clôtures, le résultat est une architecture auto-similaire. Contrairement au labyrinthe architectural défensif Kotoko, où il ne retrouve que quelques entrées bien protégées, les activités agricoles exigent beaucoup de mouvement, et donc sur toutes les échelles nous observons des ouvertures de bonne taille. La simulation fractale sur les figures 2.2 b, c nous observons comment cette similarité d’échelle peut être modélisée en usant d’un carré ouvert comme forme génératrice.45

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Figure 70 │(a) les premières itération de la simulation fractale de l’architecture Bamileke. (b) une image agrandie de la quatrième itération.45

Les fractales circulaires

U

ne grande partie de l’Afrique du Sud est constituée de plaines arides où des troupeaux de bovins et d’autres animaux sont élevés. On peut voir des enclos de bétail en forme d’anneaux (un pour chaque famille).La photo aérienne (figure 71), nous montre une implantation Ba-ila dans le sud de la Zambie , un schéma d’une autre implantation Ba-ila (figure 73) nous montre ces enclos à bétail («kraals ») de manière plus claire. A l’arrière de chaque enclos, se trouvent les résidences familiales et vers l’avant, l’entrée clôturée permet au bétail d’entrer et de sortir.


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Figure 71 │Photo aérienne de l’implantation Bai-la avant 1944.45

Ainsi, cette entrée est associée à un faible statut (sale, animaux), tandis que l’extrémité arrière a un statut plus élevé (propre, personnes) .45 Cette graduation fonctionnelle se reflète au niveau de la taille architecturale des enclos: l’avant (réservé à la clôture), ensuite, et plus nous nous dirigeons de l’avant à l’arrière, de plus petites constructions (réservées au stockage) apparaissent .Enfin tout au fond nous retrouvons les plus grandes maisons. 45 La structure dans son ensemble est auto-similaire: constituée d’anneaux imbriqués les uns aux autres . A l’arrière, nous remarquons un petit anneau détaché du restant des maisons. C’est le lieu de résidence de la famille du chef dans lequel le chef a sa propre maison.45 Cette architecture est facilement modélisable. La figure 72 nous montre les trois premières itérations. L’itération suivante, représente une forme semblable à une vue aérienne d’une enceinte familiale. A son entrée, nous n’avons que des clôtures, mais plus nous nous avançons, plus la taille des constructions augmente. 45

Figure 72 │Les trois premières itérations de la simulation fractale de Ba-ila.45


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Figure 73 │Simulation fractale de Ba-ila.45

Dans ce village, il y a environ 250 cabanes, construites principalement au bord d’un cercle de quatre cents yards de diamètre.A l’intérieur de ce cercle, une filiale occupée par le chef, sa famille, et le bétail prend place . L’espace libre dans le centre du village est également occupé par un second village, dans lequel résident des membres importants de la famille du chef, ainsi que trois ou quatre cabanes miniatures entourés par une clôture: ce sont les manda «a mizhimo »


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( les principales «cabanes»), où des offrandes aux esprits ancestraux sont érigées . A partir de là nous sommes en mesure de comprendre l’inerpenetration religieuse de la consience Ba-ila. (Smith et Dale 1968, 113).45 “Le mot appliqué à la relation du chef à son peuple est kulela: dans les extraits ci-dessus nous le traduisons par « régir», mais ceci n’est qu’une signification secondaire. Kuiela est le mot utilisé pour désigner l’attention accordée par une femme à son enfant. Le chef est le père de la communauté .Cette relation apparait dans les liens spirituels de la famille à tous les niveaux, et est structurellement retranscrite par une architecture autosimilaire. L’imbrication des formes circulaires - les anneaux miniatures ancestraux de la maison du chef imbriqués à l’anneau de sa famille élargie puis au grand anneau extérieur- ne se fait pas suivant la fonction du lieu, comme nous avons pu le voir pour la variation des enclos ,mais suivant des itérations successives de lela.45 Une architecture fractale circulaire très différente peut être observée dans les célèbres bâtiments en pierre des monts Mandara au Cameroun. Les différents groupes ethniques de cette région ont leurs propres noms distincts, mais collectivement, sont souvent désignés par Kirdi, le mot Fulani pour «païen», en raison de leur forte résistance à la conversion à l’islam. Leurs bâtiments sont créés à partir de débris de pierres retrouvée sur le flan de la montagne Mandara. Une grande partie de ces pierres ont des lignes de fracture naturelles,et ont tendance à se diviser en feuilles plates épaisses.45 Ces briques prêtes à l’emploi –à des fins défensives – se sont révélées être la principale source d’inspiration d’immenses châteaux. Cependant , contrairement aux châteaux européens de forme euclidienne, cette architecture africaine est fractale. 45 La figure 74 nous montre l’ensemble des bâtiments du chef de Mokoulek, l’un des établissements Mofou.45 Figure 74 │un schéma architectural de Mokoulek45


Un schéma architectural de cette tribu, dessiné par des francais,chercheurs à l’institut des sciences de l’ORSTOM, représente sa structure générale (fig. 2.4b). Elle est principalement composée de trois enceintes de pierre (les grands cercles), dont chacun entoure étroitement les greniers en spirale (petits cercles). La forme du génerateur pour la simulation nécessite un cercle, fait de lignes passives, et de deux ensembles différents de lignes actives (figure 75).45 A l’intérieur du cercle une séquence de petites lignes actives; celles-ci auront la fonction de greniers. En dehors de ce cercle, on retrouve une grande ligne active; laquelle va reproduire l’enceinte emplie de greniers.45 Vers la quatrième itération, nous aboutissons à trois enveloppes de greniers, et à une envelope vide. Le vrai diagramme de Mokoulek affiche plusieurs cercles vides(preuve que toutes structure architecturale ne peut être reprduite par des fractales). Néanmoins, une forme intéressante est suggérée par la simulation.45 Dans la première itération, la grande ligne active externe se trouve à gauche du cercle. Mais puisque son emplacement est à l’angle, l’itération suivante la remet au-dessus, à droite. Si nous suivons l’ensemble des itérations, nous remarquons que la construction dynamique du complexe a un motif en spirale; les réplications verticillent autour d’un point central.45

Figure 75 │(b)Les trois premières itérations de la simulation de Mokoulek. (c)la quatrième itération de la simulation de Mokoulek.45

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Figure 76 │Vue aérienne du village de Labbezanga au Mali..45

La similitude entre les petites spirales des greniers à l’intérieur des enclos et cette forme de spirale à grande échelle (du complexe dans son ensemble) indique que l’apparence fractale de cette architecture n’est pas simplement due à une accumulation aléatoire de formes circulaires de tailles diférentes.45 L’idée de cercles dont la taille augmente ,selon une spirale d’origine centrale,a été appliquée à deux différentes échelles.45 Dans cette simulation la ligne active est située au centre de la spirale- Les Mofou aussi conçoient leur architecture en spirale ,comme emergeant d’un emplacement central(lieu de l’ autel sacré). Celui-ci est en quelque sorte une «ligne active»; il est responsable de l’ensemble des itérations de vie. Cette zone du complexe est l’emplacement à la fois de l’autorité religieuse et politique; c’est le lieu où se déroule des rituels génerants des cycles de fertilité agricole... Cette resemblance géométrique entre les cercles de differentes échelles architecturales et les cycles spirituels de la vie est représentée dans leurs rituels «divinatoires», dans lesquels le prêtre se place au centre de cercles concentriques de pierres.45 Toutes les architectures circulaires en Afrique n’ont pas le genre d’enclenchement centralisé que nous avons vu à mokoulek. Le village Songhaï de Labbezanga au Mali. (Fig. 2.5a), par exemple, démontre des spirales de maisons circulaires sans aucune origine. Mais en la comparant à l’image fractale de la figure 2.5b, nous remarquons que le manque d’origine centrale ne signifie en aucun cas un manque d’auto-similarité. Il est important de rappeler que, tandis que la “symétrie” en géométrie euclidienne, s’apparente à une similarité au niveau de la même échelle (par exemple, La similitude entre les côtés opposés dans la symétrie bilatérale), la géométrie fractale est basée sur une symétrie entre différentes échelles. 45 Ces tourbillons décentralisés de bâtiments circulaires démontrent affichent une telle symétrie -Paul Stoller, un ethnographe accompli du Songhaï, affirme que les bâtiments rectangulaires qui peuvent être observés dans la figure 2.5a sont dues à une influence islamique, et que la structure originale aurait été complètement circulaire.45


l’architecture Songhai peut être caractérisé par une dimension fractale similaire à la fractale générée par ordinateur - figure 77. Ce genre d’arrangement circulaires en spirales , suivant toutes sortes de variations, est commun dans toute l’Afrique de l’ouest.45

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Figure 77 │Graphique fractal45


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Les fractales ramifiées.

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andis que les bâtiments circulaires africains sont généralement disposés en enclos, les chemins qui desservent ces colonies pour la plupart ne le sont pas. Comme les branches qui oxygènent les alvéoles des poumons, les routes qui desservent ces colonies prennent souvent une forme de ramification (par exemple, la figure 78 ). En dépit de mon inevitable métaphore organisiste, celles-ci ne peuvent être réduites à de simples traces inconscientes d’effort minimum. 45 Ainsi, des critères de conception conscients sont évidents dans les communautés où il y a une transition architecturale des bâtiments circulaires à ceux rectangulaires, car ils peuvent choisir de maintenir ou d’effacer les formes de branchâge.45

Figure 78 │(a) Photo aérienne d’un village traditionnel dans le nord du Sénégal. L’espace entre les murs d’enceinte, servant de routes et de chemins piétonniers, crée un motif de ramification. (b) Une fractale ramifiée peut être créé par un arrière-plan composé d’un ensemble de formes circulaires.45

En haut à gauche de la photo figure 79, on voit une partie de la grille euclidienne qui recouvre en partie la ville, cependant une grande majorité de cette zone demeure encore fractale. L’emplacement de cette ramification soigneusement entretenue -en éventail à partir d’une grande place bordée par le palais du sultan et la grande mosquée-n’est pas une coïncidence.En modifiant graphiquement cette image (à droite de la même figure) on arrive à un aspect -semblable à celui des ramifications d’une feuille -de structure fractale, représentatif du réseau de transport.. Comment la création de ces ramifications interagie avec les types de constructions itératives et la signification sociale à laquelle nous avons associé d’autres exemples d’architecture fractale?45


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Figure 79 │(a) Photo aérienne de la ville de Banyo, Cameroun (b) photo aérienne de Banyo où seule les voies publiques sont apparentes.45

Une bonne illustration peut être retrouvé dans la ramification des rues des villes d’Afrique du Nord.la Figure 80.a est une carte du Caire, en Egypte datant de 1898.La carte a été établie par une compagnie d’assurance, ANCI .Les rues ont été colorées en noire pour faire ressortir l’ensemble des ramifications. La Figure 80.b en est une simulation. Delaval (1974) a décrit la morphogenèse des villes sahariennes en termes d’ajouts successifs, similaires au remplacement de la ligne active dans les algorithmes fractales que nous avons utilisés ici. La première “forme du générateur” était composée d’une mosquée reliée par une large avenue au marché.A la suite des différentes itérations, un ensemble de contractions s’ajoutentt à cette forme.45 Du moment que l’apparition de ces fractales architecturales Saharariennes est antérieur à l’avenue de l’Islam (voir Devisses 1983), il serait faux de les considerer comme une invention entièrement musulmane.Cependant il est important de noter que les influences culturelles islamiques ont fortement contribué à l’emergence des fractales africaines. Heaver (1987) décrit la forme artistique “arabesque” dans l’architecture nord-africaine et sa conception comme faisant références à plusieurs concepts fractals (par exemple, “les rythmes cycliques” produisant une structure «indéfiniment extensible»).45


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Figure 80 │Rues du Caire (a) Plan des rues du Caire 1898. (b) simulation fractale des rues du Caire. (c) vue agrandie de la quatrième itération.45


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La morphologie universelle de la pauvreté

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ans des études récentes, il a été démontré que les taudis et les établissements informels ne sont pas que désordre. En fait, ils peuvent être définis comme des structures complexes, et une telle complexité peut être quantifiée en considérant les motifs d’irrégularité de la configuration. Plus particulièrement, ceci se fait en analysant la fréquence des unités (espaces bâtis) en fonction de leurs tailles, par exemple, en usant d’un jeu d’échelle. (Sobreira, 2002; Sobreira & Gomes, 2000)52,53 Dans ce cadre, nous présentons quelques résultats de cette étude sur la géométrie des établissements informels. Cette analyse se concentre et quantifie en particulier la fragmentation survenant dans l’espace construit de ces structures urbaines. Tout d’abord, les auteurs ont analysé un ensemble de neuf favelas répartis dans différentes zones de la région métropolitaine de Recife, sur la côte nord-est du Brésil. Plus tard, ces résultats ont été comparés à des bidonvilles à Bangkok (Thaïlande) et à Nairobi (Kenya). Afin de donner une vue générale de la nature de la structure urbaine dont nous traitons, nous montrons dans la figure 40 une image des neuf colonies initialement examinés. Chaque petite cellule de forme irrégulière dans cette figure représente une habitation réelle unique, et plus précisément l’emprise de son toit. Comme on peut le voir à partir de ces images, les colonies présentent une structure fragmentée d’apparence désordonnée ou spontanée, caractérisée - entre autres - par la diversité de taille des îlots et l’irrégularité de leur répartition et de leur forme. Ces îlots présentent un nombre variable d’habitations s (s = 1 signifie une habitation isolée, s = 2 signifie une paire d’habitations contiguës, et ainsi de suite). Un examen attentif de la figure 5 démontre que s varie dans un intervalle de 1 à 19. Nous pouvons observer qu’il y a un grand nombre de petits îlots dans chaque colonie, ainsi qu’un petit nombre de grands îlots, une caractéristique typique des systèmes complexes. Une autre caractéristique importante des établissements étudiés est qu’ils s’encastrent tous au niveau des réseaux urbains et que la plupart sont soumis à des conditions de limites très strictes. Le développement de ces colonies se produit non pas comme un étalement, mais comme une sorte de processus d’imbrication. Par conséquent, puisque la limite spatiale de l’établissement est d’ores et déjà définie, la diversité de la taille des îlots semble être la réponse la plus systématique pour optimiser l’occupation.32

52 │Sobreira,F. (2002), “The Logic of Diversity: complexity and dynamic in spontaneous settlements”. Doctorate thesis. Federal University of Pernambuco. 53 │SOBREIRA, F.; GOMES, M. 2000. The Geometry of Slums. Working Paper Series. CASA – Centre for Advanced Spatial Analysis - University College London, London, n. 30.


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Figure 81 │Configuration morphologique de neuf favelas à Recife, Brésil.54


Les colonies de Recife ont été comparées aux colonies de peuplement dans différentes parties du monde. Dans la figure 41 on montre une synthèse de cette analyse comparative (présentée dans sa version intégrale par Sobreira, 2002), avec d’autres établissements à Bangkok et à Nairobi.54 S’inspirant d’études statistiques de la dynamique de fragmentation dans les systèmes physiques et afin d’obtenir une description plus complète des propriétés géométriques des structures urbaines mentionnés plus haut, les auteurs ont mesuré une fonction de distribution, à savoir f (s), la fréquence des îlots avec s le nombre d’habitations contiguës pour chaque colonie. La variable discrète s donne une mesure de la taille ou de la zone d’un îlot. Ils ont trouvé que le f (s) de distribution obéissait également à un rapport de mise à l’échelle; A savoir : f (s) ~ s-t, Avec T = 1,6 ± 0,2, indépendamment de la colonie.32 Cela signifie que tous les établissements analysés présentent un modèle de distribution similaire des éléments bâtis: un grand nombre de petits éléments et un petit nombre de grands éléments, tous distribués selon une loi d’échelle universelle (un exponentiel robuste de la fonction nonlinéaire). L’exponentiel t peut aussi être interprété comme une sorte de dimension fractale des colonies.32

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Figure 82 │- En haut : Les colonies de bidonvilles de morphologie fragmentée: Bangkok, Nairobi, Recife; En bas : la loi de mise à l’échelle universelle – le même schéma de fragmentation partout de par le monde. (Sobreira, 2002)32,52


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Il est important de souligner que le processus d’évolution des colonies analysées dans ce travail n’est pas lié à leur diffusion, étant donné les frontières qui limitent la croissance des établissements. En fait, c’est un processus d’empaquetage dans un espace de développement limité Donc, en général, lorsque le nombre d’îlots augmente, les frontières de croissance de l’établissement restent les mêmes tandis que la densité de la colonie, elle, augmente, car chaque nouveau bâtiment s’y ajoutant est alors soumis à des contraintes de disponibilité spatiale. Si un établissement devait être composé uniquement d’îlots de taille 1 (habitations isolées), la densité résultante serait considérablement faible, en raison de la grande quantité d’espaces vides, et nous avons pu conclure que dans ce cas l’occupation ne serait pas optimale.32 D’autre part, si une structure devait être composée par une quantité plus élevée de grands îlots, le taux de densité serait vraiment élevé. Toutefois, l’occupation résultante ne serait pas appropriée, en raison des problèmes d’accès, de vie privée et de salubrité causés par le manque d’espaces vides reliant les maisons. Ce serait, ainsi, une sorte d’occupation non optimale. Les auteurs concluent que la meilleure réponse pour optimiser l’occupation d’un système décentralisé serait à travers la diversité de la taille de ses îlots. Selon ces résultats de recherche, il existe des fonctions robustes (éventuellement) universelles de distribution associées aux structures fragmentées d’établissements spontanés intra-urbains. Une caractéristique importante des colonies étudiées est qu’elles sont toutes greffées aux réseaux urbains et que la plupart sont soumises à des conditions frontalières très strictes. Par conséquent, la limite spatiale de la colonie étant prédéfinie, la diversité de taille des cellules est la réponse la plus adéquate pour optimiser l’occupation de l’espace. L’analyse avec laquelle nous concluons ce chapitre est celle du douar de Sehb el caid ,nous remarquons que tout comme l’ensemble des bidonvilles analysés plus haut la structure géométrique de l’habiat est fragmentée ,organique et très poreuse .Un autre point similaire est le grand nombre de petit îlots et le petit nombre de grand îlots ,conséquence principale ,nous en avons parlé d’une optimisation de l’espace . Enfin, à partir de ces études, on peut déduire que les établissements informels, favelas, baraques, et bidonvilles ne sont que des dénominations distinctes pour les mêmes dynamiques morphologiques, qui présentent un modèle universel, caractérisé par la fragmentation, la diversité, la non- linéarité, et la complexité.32


92

sehb El aid Figure 83 │Plein /vide analyse géométrique du bidonville Sehb el Caid à Salé (ELGHILALI Khalil Morad ,2016)


93

X

Conclusion

I

54 │Marie Pascale Corcuff est architecte, docteur en géographie, maître-assistante à l’École nationale supérieure d’architecture de Bretagne ; elle dirige l’équipe de recherche Grief (Groupe de recherche sur l’invention et l’évolution des formes).

l est essentiel de « garder en mémoire la différence entre la fractale mathématique, où la division va jusqu’à l’infiniment petit et les fractales baptisées « fractales physique » où la notion de similitude interne n’est valable que sur une échelle finie » .Ainsi un coquillage est fini, pourtant c’est bien un objet fractal, même s’il ne se développe pas vers l’infiniment petit et/ou l’infiniment grand. Par ailleurs, un fait important concernant ce groupe de fractales “générales”, à savoir celles issues d’un développement naturel se doit d’être expliqué : Pour la croissance du naturel, mais aussi pour celui des objets artificiels de nombreuses influences supplémentaires doivent être prises en compte. Ainsi, un arbre ou une fougère peuvent être reproduites par la géométrie fractale, mais ces images présentent néanmoins quelques différences par rapport à leurs opposantes naturelles. Un arbre poussant seul sur une colline par exemple, est influencé par le souffle du vent, qui le déforme : les branches s’en retrouvent alors à pousser de travers réagissant à la direction du vent. Les conditions pédologiques et hydrologiques, le type de plante et les animaux à proximité peuvent représenter, à leur tour, d’autres influences. Marie Pascale Corcuff54 s’exprime à ce sujet en disant :« Dans les formes de la nature ,même quand elles observent des lois géométriques ( et elles en observent presque toujours ), il y a variété , il y a irrégularité , il y a toujours un léger écart par rapport à l’exactitude du modèle . Une forêt de pins comporte des arbres qui sont tous sans aucune exception conformes au modèle du pin, mais en même temps cette forêt ne comporte pas deux pins identiques. De même si la verticalité des troncs est un phénomène inéluctable, elle n’est pas absolument exacte : (…) l’angle droit ici peut être vu comme un idéal mathématique vers lequel tend, sans y parvenir, une nature grossière. » Les “vrais” fractales ou fractales mathématiques peuvent alors être utilisées comme première approche pour comprendre les formes de la nature, mais il leur manque le facteur du hasard, omniprésent dans le monde naturel. Si celui-ci leur était ajouté, les objets résultants pourraient alors se rapprocher de ceux du monde “réel». De même, le développement des villes sous-tend un ensemble d’influences comme les barrières naturelles telles que les collines et les rivières, mais aussi celles créées par l’homme telles que les routes menant à d’autres villes, les zones industrielles importantes et les-zones vertes auxquelles la croissance de la ville réagit. Ceci est tout aussi véridique pour les élévations et même pour les plans de bâtiments qui réagissent à leur entourage, qu’il soit naturel ou artificiel. Par conséquent, en ayant l’algorithme sous-jacent de toute chose - dans des conditions stériles - et si certains mécanismes pour la simulation de certaines influences pouvaient lui être ajouté, nous pourrions déterminer les développements futurs de -par exemple- la croissance


d’un bidonville. Etant donné que l’architecture intervient dans le monde physique, la notion de fractale ne devrait pas être comprise dans sa définition mathématique, mais celle pragmatique en rapport avec la nature matérielle. Et donc, afin d’éviter toute polémique, parler de métaphore fractale en architecture plutôt que d’architecture fractale, nous parait donc plus adéquat. Sehb El caid comme bidonville ayant jusqu’ici résisté à toutes sorte de tentatives de résorption (relogement ,recasement …) nous impose une intervention d’un tout nouvel ordre tant au niveau architectural que politique .Ce que nous recherchons d’abord à travers notre approche est la restructuration et la requalification de ce douar en adoptant une attitude résiliente . La métaphore d’une multiplication cellulaire s’insérant dans les différents vides du tissus urbain existant dans un premier lieu, et bridée par une logique organique ou physique nous renvoie à la notion de fractale comme outil de réflexion ,base d’un projet architectural et urbanistique en phase avec son environnement . De ce fait nous essaierons dans le dernier chapitre de dresser un inventaire des différents procédés et processus générant une telle irrégularité afin de les superposer finalement à notre cas d’étude.

94


95


96

Manifeste de l’irregulier


97

“Il faut rendre manifeste ce qui est caché, et occulte ce qui est manifeste. En cela seul consiste l’oeuvre des sages.” 55

55 │Le Texte d’alchimie Bernard le Trévisan


1

98

Principes et processus de conception générateurs

Insalubre

Crime

Douar

Absence Défavorisé

Invisibles

Précaire

Faible sol

Marginal

Non ville

Trafics

Inform

Endoctrinement Déchéance

Lointains

Terrains périphériques

Forteresse

Ile dans la v

Pauvreté

Déla


99

lvabilité

Non-lieu

Délinquance

Exclus

Misère

e repliée

aissé

Illégale

Parasite

mel

ville

Prostitution

Sous habitat

Chômage Baraques

Extrémisme

Pénurie

Bidonville Sous intégré

Illogique

Ghetto

Désordre apparent

Figure 84 │Mind Storming 1,termes à abolir (EL GHILALI Khalil Morad ,2016)


100 Capital fixe

Ressources limitées Audace Survie Invasion Adaptation Rationnel Récupération Durable Entretien Maintenance Intrication Consolidation Imbrication Transformation Habitat évolutif Modulaire Réactif Flexible Polyvalent Original

Den

Tâche d Embolie de Mitoye Espace via mu Espace


nsité

101

d’encre e l’espace enneté able minium e vital

Capital émotif Symbolique Lieu social Echange Famille Abri Tradition Valeurs Conservation Cohésion Diversité Echanges Village dans la ville Transition Le nous Appartenance Débouille Solidarité Entraide Espoir Résistance Identité

Figure 85 │Mind Storming 2 ,Capitaux (EL GHILALI Khalil Morad ,2016)


102

Les R(éaction) Résorption Réhabilitation Restructuration Relogement Recasement Reconnaissance Renouveau

Figure 86 │Mind Storming 3 , les 7R (EL GHILALI Khalil Morad ,2016)


103

Processus cyclique

Microsociété

Unité

Non linéaire

Vernaculaire

Dynamique Spontané Récursivité Infini Irrégularité régulière

Autosimilarité

Naturel

Croissance

Irrégulier Fragmenté Complexe

Inévitable

Fractal

Organisé Equilibre /déséquilibre Autonome Dimension fractionnaire Ordonné

Symétrie d’échelle

Echelle humaine

Emergence

Figure 87 │Mind Storming 4 , Les Termes à garder (EL GHILALI Khalil Morad ,2016)


2

Retour de la complexité et de la diversité

Abstraction : Peter Eisenman 56

« Eisenman est l’architecte qui a intégré le plus récemment la théorie de la complexité et de la géométrie fractale directement dans la production de systèmes. [...] L’architecte Peter Eisenman a adopté l’idée de la géométrie fractale de façon métaphorique et symbolique dans son projet Bio center de l’université J.W.Goethe de Francfort. Alors que, à l’évidence, il n’y a pas d’esthétique fractale ou de lecture extrinsèque, le bâtiment fait référence à une idée abstraite des fractales dans son processus de conception. »57

104 56 │Peter David Eisenman est un architecte et théoricien américain, né le11 août 1932 à Newark. Il vit et travaille à New York. Il est devenu la figure majeure de la déconstruction architecturale, celui qui régulièrement a intégré de façon explicite un question-

Bio centre de l’université J.W.Goethe de Francfort ans ce projet Eisenman a utilisé la métaphore de l’ADN -derrière cette utilisation se cache une référence abstraire à la géométrie fractale , en se basant principalement sur trois critères: •Un maximum d’interaction entre les aires fonctionnelles et leurs utilisateurs. •La possibilité d’un agrandissement futur, et d’un potentiel changement (Itération). •Le maintien de la verdure sur le site.

D

nement philosophique dans son processus de conception. La fragmentation par Eisenman des modèles architecturaux traditionnels s’inspire de concepts philosophiques et linguistiques, notamment des idées deFriedrich Nietzsche et de Jacques Derrida, ainsi que du linguiste Noam Chomsky 57 │ BURRY James, BURRY Mark , 2010, Mathématiques et Architecture, Actes Sud,

Figure 88 │(a) Schéma du concept d’assemblage des bases de l’ADN (http://www. WordPress.com)(b) Vue axonométrique du Biocentrum (c) Photographie de la maquette du biocentrum (Exploring Design Shapes with Geometry, Golnaz Mohammadi)


105

Figure 89 │(a) Maquette House 11a, (unbuilt), 1978 (b) Vue de haut du projet (piterest.com)

House 11a Le projet house 11a dans lequel il s’est principalement référé au fractales dans le sens du courant déconstructiviste est tout aussi intéressant. Eisenman s’est approprié le concept de symétrie d’échelle –un processus qu’il décrit philosophiquement comme entrainant trois concepts : •La discontinuité qui confronte la métaphasique de présence •La récursivité qui confronte l’origine •L’autosimilarité qui confronte la représentation et l’objet esthétique


Rigueur géométrique :Paolo Portoghesi

42

“L’architecture moderne a découvert la fascination pour les compositions spontanées, ou l’architecture sans architecte, et pour l’harmonie unique qui advient lorsque des objets similaires, mais réalisés par différentes mains sont placées les uns à côté des autres. A partir du moment où ce type de beauté, créé par le temps et par une sédimentation de génération en génération, a été découvert et célébré par la littérature, certains essayèrent naïvement de la capturer et la répliquer en laboratoire en imitant vaguement sa forme, sans comprendre qu’une forme née d’un processus ne peut être retrouvée sans le processus nourrissant celle-ci” 59

106

58 │Paolo Portoghesi né le 2 novembre 1931à Rome) est un architecte italien, théoricien et professeur d’architecture de l’université La Sapienza de Rome. Il est l’un des plus éminents spécialistes de l’œuvre de Francesco Borromini. 59 │D’après Bovill, Carl, « fractal geometry in Architecture and design », p.173 citant une

Mosquée de Rome 1974 aolo est un architecte qui se réfère souvent à ses prédécesseurs, sans pour autant que ses productions soit une copie des formes anciennes. Le projet de la mosquée de Rome 1974 en est un exemple.il y associe des références de l’architecture musulmane.60

P

phrase de Paolo Portoghesi reprise par Rudolf Arnheim dans The dynamics of architectural Form . 60 │Extrait de la biographie de Portoghesi: « La méthode historique de Portoghesi ».

Figure 90 │Photo

d’une

coupole dans la mosquée (https://diffusive.wordpress. com/2011/05/05/paolo-portoghesi-islamic-cultural-centre/) Figure 91 │Croquis

sché-

matiques de la colonne et

perspective

sommaire

du projet(édité à partir de https://diffusive.wordpress. com/2011/05/05/paolo-portoghesi-islamic-cultural-centre/)


107

Casa papanice à Rome en 1969 l s’inspire aussi des trames géométriques issues de l’histoire de l’architecture se référant souvent au principe d’auto similarité et de symétrie d’échelle éventuellement dans des projets comme celui de la Casa papanice .

I

Figure 92 │Plan de la Casa Papanice(www.pinterest.com)

Figure 93 │Photo du projet à Rome (www.pinterest.com)


Métabolisme : Kisho Kurokawa

61

“Mais Kurokawa a en plus assimilé la géométrie des fractales, [...] significative de l’étude du vivant. Cette notion que chaque partie est de la même essence que le tout et que des formes en apparence désordonnées sont engendrées par des équations rigoureuses séduit Kurokawa.”62

108

61 │Kisho Kurokawa, né le 8 avril 1934 à Nagoya et mort le 12 octobre 2007 à Tokyo, est un architecte japonais et un des fondateurs du mouvement dit du «métabolisme». 62 │nezumi.dumousseau.free.

Capsule Tower a « Capsule Tower » de kisho kurokawa peut être considérée comme un espace fractal .Elle est l’un des meilleurs exemples d’une architecture « métabolique » qui croit en écho avec son environnement. Cette notion a guidé toutes les étapes de la construction de la tour. Dans cet exemple on trouve l’esprit fractal dans la conception : On a en effet un structure et un module de base telles des équations initiales que l’on itérera pour construire des fractales63

L

fr/japon/kurokawa.htm 63 │FLORIANE

DELEGLISE

,LES FRACTALES:Un outil multi-échelle au service de l’aménagement , Rapport d’études, Troisième année de licence, 30 MARS 2011,p.29

Figure 94 │Axonometrie plan et coupes de la «Capsule Tower»63


109

Figure 95 │Photographie de la «Capsule tower »63


Inattendu : Cecil Balmond et Daniel Liebeskind

64,65

“Balmond, lui, parle d’ “improbabilité dynamique”. Une telle approche ne pourrait-elle pas se situer aux antipodes du “rationalisme” de l’art concret, par exemple? N’est-elle pas aussi antithétique à toute problématique d’assemblage et de montage ? Elle semble par contre renouer avec des problématiques de croissance. Elle suppose en tout cas qu’avec le développement d’un algorithme « très vite vous avez une complexité, une condition hybride, une juxtaposition, d’une façon étrange et imprédictible », réponse nouvelle à la question maintes fois posée et que Balmond se risque à poser encore : “Comment cassez-vous la boîte, la cage ? […] Balmond donne pour ce faire une définition contemporaine d’informel, nouvelle tentative de subversion des problématiques compositionnelles : si formel est “rigide, hiérarchique” , s’il correspond à un “idéal platonicien réduit à une série de règles”, informel produit par contre “l’inattendu” et correspond à “une conception aux caractéristiques non linéaires”.66

110

64 │Cecil Balmond est né à Sri Lanka - designer britannique, artiste, architecte et écrivain. En 1968 il a rejoint Ove Arup & Partners , leader lui de devenir -président. EN 2000, il a fondé la conception et le groupe de recherche, l’AGU 5Advanced Geometry Unit) 65 │Daniel Liebeskind, né le 11 mai 1946 à Łódź, c’ est un architecte américain (naturalisé en 1965). Ses parents étaient des juifs d’origine polonaise

Extension du Victoria and Albert Museum a première idée génératrice de ce projet, est celle de la spirale, accidentée, qui s’enroule et se déroule autour d’un axe décentré. Celle-ci imiterait le mouvement de l’histoire, linéaire, mais soumis à des « chocs ». La volonté, ici, c’est que la spirale contienne l’extension, et soit en même temps porteuse. Aussi, sa structure ne requiert aucun élément de support, c’est une bande de béton de 500m, enroulée sur elle-même, et autoportante. Le processus de construction de cette spirale génère la forme finale. C’est ici que les fractales interviennent. C’est ici, un point de vue conceptuel sur ce qu’il nomme l’informel, qui induit un usage des fractales. Cette géométrie, au contraire de la géométrie euclidienne permet d’apporter cette caractéristique « non linéaire » tant recherchée. Cet exemple montre un usage plus clair des fractales, car elles interviennent complètement dans la génération du motif, et dans sa composition.63

L

survivants de la Shoah. 66 │LUCAN Jacques 2009, Composition Non Compisition, Architectures et Théories XIXeXXe siècle,

Figure 96 │(a) La forme dans la forme, on retrouve une génération de nature fractale. (Informal,) Figure 97 │Cecil

BALMOND

(b) Les trois formes de base .(c) Composition d’une forme par les autres (http://www.joepawlina.blogspot.com)


111 Figure 98 │Schéma de la structure du toît (Floriane DELEGLISE) Figure 99 │On retrouve les trois motifs de base dans la « mosaïque » qui compose l’enveloppe (Informal, Cecil BALMOND)

Figure 100 │Le ruban déplié, avec les motifs qui viennent l’habiller(Informal, Cecil BALMOND) Figure 101 │Vue du toît(http:// www.joepawlina.blogspot. com) Figure 102 │Image de synthèse du projet d’extension du Victoria and Albert museum (http://www.regulatedlines. com)


Diversité et auto-construction: Lucien Kroll

67

“La diversité entraîne la créativité, la répétition l’anesthésie. Lorsque l’architecture est homogène, soit parce que son modèle est simplement répété, soit parce qu’elle est issue d’une volonté centrale qui veut la distinguer de son contexte, soit parce qu’elle est «trop bien faite», trop fermée, trop «architecture d’architecte», les usagers s’habituent difficilement à elle. Et nous perdons cet immense potentiel de créativité populaire qui transforme lentement l’espace et son expression [.]Cette diversité, même artificiellement acquise, veut ne pas être une esthétique fermée : elle vise à se prolonger par l’activité des habitants, par des ajouts d’abord imperceptibles, puis de plus en plus démonstratifs. Il est évidentes qu’une porte d’entrée retravaillée par l’habitant dans une rangée de maisons identiques est un geste politique dur et peu familier mais lorsque tout se différencie en continu, les interventions timides s’inscrivent avec gentillesse et assurent les relais. Le processus de complexification est déclenché, comme dans un organisme biologique.”68

112

67 │Lucien Kroll est un architecte belge né à Bruxelles le 13 mars 1927. Il est notamment l’auteur d’une partie importante du campus de Woluwe-Saint-Lambert

de

l’Université catholique de Louvain. Le bâtiment principal du site est la Maison Médicale, «la mémé», qui rappelle un bidonville par l’utilisation de multiples matériaux, d’absence de symétrie, un aspect chaotique et des couleurs différentes. En 1982, il a égale-

La Mémé ans ce projet ,il développe des outils pour faciliter l’accession des habitants à la pratique architecturale, et leur permettre de participer à sa diversification, sa complexification Ainsi, pour la Mémé par exemple, ii a rigoureusement conçu le bâtiment sur une trame de 1 0cm par 1 0cm pour permettre une immense variation dans le choix de la menuiserie et des panneaux de revêtement, dans les types de cloisonnement intérieurs. «C’est le seul bâtiment dessiné sur une trame de 10cm. Cette trame a surtout servi à bien organiser une façon traditionnelle de construire et parallèlement à gérer plus confortablement une grande diversité de formes.Ces remplissages peuvent être fabriqués (standardisés), ou bien construits par un artisan, ou encore bricolés par l’habitant lui-même ta structure est conçue de façon à accueillir ces trois possibilités simultanément et à féconder l’initiative des habitant : plans de logements toujours différents, finitions différées, si un habitant ne veut pas de fenêtres, il en achètera des petites, etc. »68

D

ment réalisé la station de métro Alma. Il est l’un des rares architectes à trouver grâce aux yeux du créateur autrichien Hundertwasser, célèbre pour ses architectures et ses manifestes écologiques radicaux. 68 │KROLL Lucien ,«Composants»,Ed Socorema,Bruxelles ,1984

Figure 103 │Maquettes molles utilisées par l’architecte en collaboration avec les étudiants pour mettre au point la répartition du programme et l’aspec du bâtiment .(KROLL Lucien ,La MéMé 1969)


113

Figure 104 │éd.ité sur la base d’une axonométrie générale des logements étudiants et des foyers .Document réalisé à posteriori.(KROLL Lucien ,La MéMé 1980)

Figure 105 │Edité sur la base d’une photographie du projet (WALTHER Raphael,Incrementalisme et Architecture :l’architecture à plusieurs inconnus,Mémoire 2014-2015)


A pattern langage : Christopher Alexander

69

Christopher Alexander est un architecte anglais d’origine autrichienne, notamment connu pour avoir développé une théorie sur les modèles “les patterns” architecturaux appelée Pattern Langage. Il se dresse fermement contre le principe de tabula rasa généralisé par les grands ensembles d’après-guerre, et affirme qu’un environnement urbain se constitue de « réparations, de transformations, de petites altérations successives qu’un architecte à lui seul serait bien incapable de prévoir et d’encadrer. Alexander s’intéresse à l’observation des dispositifs vernaculaires qui ont été mis au point dans les villes au fur et à mesure du temps et de petites modifications.70

114

69 │Christopher Alexander (né le 4 octobre 1936 à Vienne en Autriche) est un anthropologue et un architecte anglais d’origine autrichienne qui a retrouvé et perfectionné la théorie des Pattern languages. Ce concept de pattern, traduisible au mieux en motif, mais aussi en modèle ou type, permet des applications dans tous les processus de conception de formes dans les arts aussi bien qu’en ingénierie. Il a d’abord été utilisé dans le domaine de l’anthropologie et de l’histoire de l’art (les modèles culturels de Margaret Mead), puis dans celui du design (les types architecturaux), ensuite en informatique. 70 │édité.en.wikipedia.org/ wiki/A_Pattern_Language

Figure 106 │édité ,Christopher Alexander ,A pattern language 1977 .Ensemble des 15 «patterns» décrivant des stratégies spatiales et fonctionnelles dans la partie sur les «séquences».(www.synapse. com)


115

Prévi ans la pratique, Alexander s’est servi des patterns pour réaliser des projets participatifs, même de grande ampleur l‘exemple du projet de Prévi peut illustre parfaitement de cette volonté.

D

Figure 107 │édité,PRévi,Perspective aerienne du quartier de Previ à Lima ,capitale du Perou.On distingue clairement les ensembles de logements appropriables chacun conçu par un architecte différent.

Figure 108 │Maquette

du

projet Prévi. (WALTHER Raphael,Incrementalisme

et

Architecture :l’architecture à plusieurs 2014-2015)

inconnus,Mémoire


Industrialiser le bidonville : David George Emmerich

71

“Par ailleurs, le résultat de cette création collective et néanmoins personnalisée n’est pas définitif. Les techniques tout autant que les matériaux familiers à ceux qui l’habitent permettent que la maison se transforme .Par sa croissance, le tissu de l’agglomération même tantôt se densifie et s’affermit, tantôt par la décrépitude des cellules se relâche et se disloque. Par tous ces phénomènes de changement, ou de vie, se réalisent des rapports sociaux toujours nouveaux, car ceux-ci, indéterminés d’avance, sont libres de s ‘exprimer à travers les constructions qui les matérialisent. A un degré supérieur, le produit urbanistique de ces techniques naturelles est toujours intriqué, intriguant donc intéressant, parfois enchanteur créant des lieux où malgré la complexité et la différenciation des articulations, ou justement grâce à cela, on s’oriente ou même on aime à se perdre.”72

116

71 │David Georges Emmerich,architecte et ingénieur (1925-1996), fut en France le principal représentant des recherches sur la morphologie structurale en architecture, conjointement à celles de Robert Le Ricolais ou de R. Buckminster Fuller. En 1958, Emmerich invente les structures «autotendantes», contraction et compression s’équilibrent pour former une configuration

Ville bidon our Emmerich, il est possible de tirer les enseignements du bidonville comme mode d’urbanisation en terme de diversité, d’adaptabilité, de densité, etc… à partir du moment où l’on se consacre à adapter des outils de production industrielle à son organisation, et à sa réalisation. II arrive donc à cette petite conclusion « Le sens de l’enseignement tiré du bidonville- seule architecture vraiment populaire en même temps qu’industrielle - est clair il faut industrialiser non pas le blockhaus qui s’y refuse, mais le bidonville qui s’y prête » Emmerich approche la typologie du bidonville par opposition aux grands ensembles mais en fait une lecture industrielle il fait la remarque que les bidonvilles présentent des qualités similaires à l’architecture en série bas prix, rapidité, légèreté, matériaux industriels, etc.

P

polyédrique légère, indéformable et autostable, prélude à une architecture sans fondation, articulée sur la combinatoire géométrique de ses constituants... 72 │EMMERICH George «Soft architecture :un essai sur l’Autoconstruction»,Ed.Institut de l’environnement ,1974,p.26

Figure 109 │Structures

auto-

portantes (édité à partir de www.pinterest.com )


117

Figure 110 │édité à partir de David George Emmerich ,Villes bidon - Bidonvilles ,il faut industrialier le bidonville (soft architecture)

Figure 111 │Coupoles stéréométriques, 1958-1960 (édité à partir de www.pinterest.com )


118

Utopie et activisme : Constant

73

“La philosophie et le savoir-faire des constructeurs anonymes représente la plus grande source 73 │Constant Anton Nieuweninexplorée d’inspiration architecturale pour l’homme de l’ère industrielle.” 74 huys, né le 21 juillet 1920 à Amsterdam, mort le 1er août 2005 à Utrecht, est un peintre

New Babylon onstant développe entre 1956 et 1974 un projet architectural visionnaire : la «New Babylon». Les habitants de cette Nouvelle Babylone se déplacent de site en site au sein d’un réseau sans fin de « secteurs », reconstituant chaque aspect de l’environnement selon leurs propres désirs. Les murs, les sols, la lumière, les sons, les couleurs, les textures et les odeurs changent sans cesse. La Nouvelle Babylone offre une proposition de multiples espaces intérieurs qui s’étendent à l’infini sur de grandes colonnes .Les habitants se déplacent dans les intérieurs labyrinthiques en reconstruisant perpétuellement chaque aspect de l’environnement, en changeant la lumière et en reconfigurant les murs mobiles et temporaires.

C

75

néerlandais. 74 │http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel. blogspot.com/2011/07/architecture-et-bidonville-humanisme-et.html 75 │New Babylon est un projet utopique d’urbanisme développé dans les années 60 par Constant Anton Nieuwenhuys qui faisait partie du mouvement situationniste.

Figure 112 │Constant

,cro-

quis New Babylon (www.pinterest.com)


119

Figure 113 │Constant carte de New Babylon (www.pinterest. com)


Plug in city : Archigram

76

“Plug-In City se crée en disposant une structure en réseau à grande échelle, qui offre les voies d’accès et les services essentiels, sur n’importe quel terrain. A l’intérieur de ce réseau, on place des unités qui pourvoient à tous les besoins. Ces unités, prévues pour durer un temps limité, sont desservies et manœuvrées au moyen de grues qui opèrent à partir de rails situés au sommet de la structure. L’intérieur contient diverses machines et installations électroniques destinées à remplacer les fonctions de travail actuelles ”. Peter cook 77

D

ans leur exposition living city le groupe Archigram défend une nouvelle vision de la ville du futur, dont l’homme est l’élément clef .Il y joue le rôle de thème et de déterminant majeur. Plug in city est en quelques sortes la résultante des travaux de ce groupe entre 1962 et 1964. L’idée de de base est ce projet est que les fonctions essentielles des différentes parties de la ville puissent circuler entre elles, sur le troisième dessin toutes les circulations sont mise en évidence car elles sont à la base de la ville vivante. Par exemple : des voies pour la circulation des grues, chose nécessaire pour que les bâtiments soient temporaires, et modifiables selon les fluctuations de la ville. Selon ce dispositif chaque élément de la ville peut donc être connecté et déconnecté facilement, d’où « Plug-In City ».78

120

76 │Archigram ::Équipe d’architectes anglais constituée, en 1963, afin d’envisager l’urbanisme sous l’angle de la recherche prospective, Archigram fut d’abord une revue, publiée de 1961 à 1974 — neuf numéros et demi. Formé de Warren Chalk, de Dennis Crompton, de Peter Cook, de David Greene, de Michael Webb, de Ron Herron et de Peter Taylor, le groupe publie en 1967 un livre, Archigram, Seven Beyond Architecture, où il expose ses intentions : dépasser les conceptions dominantes en matière d’architecture et de planification urbaine. 77 │ARCHIGRAM ,Plug-in City ,1964,éditions du centre Pompidou ,Paris ,1994,pp.87-88 78 │édité à partir de https:// antoineroyer.files.wordpress. com/2012/11/archigram-exposc3a9.pdf

Figure 114 │Coupe

scéma-

tique de plug in city (https:// antoineroyer.files.wordpress. com/2012/11/archigram-exposc3a9.pdf)


121

Figure 115 │AxonomÊtrie expliqquant le fonctionnement des rails (https://antoineroyer. files.wordpress.com/2012/11/ archigram-exposc3a9.pdf)


l’Architecture mobile : Yona Friedman

79

“Le bâtiment est mobile au sens où n’importe quel mode d’usage par l’usager ou un groupe doit pouvoir être possible et réalisable” déclare Friedman. L’architecture mobile est donc l’habitat décidé par l’habitant” à travers des “infrastructures non déterminées et non déterminantes”. L’architecture mobile signifie ainsi une architecture disponible pour une “société mobile”.80

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79 │Yona Friedman, né le 5 juin (93 ans)à Budapest, est un architecte et sociologue français est un «architecte de papier» aux conceptions futuristes. Sa production en plans, maquettes (dont certaines sont à échelle 1:1 et peuvent

La ville spatiale riedman se propose de soutenir l’idée selon laquelle « le bâtiment est mobile au sens où n’importe quel mode d’usage par l’usager ou un groupe doit pouvoir être possible et réalisable». L’architecture mobile est donc l’habitat décidé par l’habitant” à travers des “infrastructures non déterminées et non déterminantes”. L’architecture mobile signifie ainsi une architecture disponible pour une “société mobile”. Friedman a élargi cette idée d’architecture mobile à l’idée de créer un espace de ville suspendue où les gens peuvent vivre et travailler. Avec ce principe, il a également souhaité mettre en place une méthode qui pourrait restreindre l’utilisation des terres des villes en pleine croissance. C’est pourquoi, dans la ville mobile, les constructions devront: •Toucher le sol en une surface minimum •Être démontables et déplaçables •Être transformables à volonté par l’habitant individuel81

F

être visitées) et autres moyens de communications (bande dessinée…) font l’objet d’expositions artistiques; de ce point de vue, il est plus considéré comme un artiste que comme un architecte, pour une production de pièces d’un «art qui est porteur de message ». d’origine hongroise. 80 │FRIEDMAN Yona ,Manifeste de l’architecture mobile ,1958 81 │Benabdallah Ali et Kabbaj Mokhtar ,De l’informel à l’irrégulier : une distance par rapport à la norme Mémoire de diplôme - Architecture Automne 2014

Figure 116 │friedman Yona édité à partir d’une coupe schématique de la ville spatiale éditée (www.pinterest. com)


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Figure 118 │friedman Yona La ville spatiale ,extension du Centre Pompidou (www.pinterest.com)

Figure 117 │friedman Yona, Croquis de la ville spatiale (www.pinterest.com)


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3

Démarche82

S

i nous parlons de croissance fractale ceci implique que nous cherchons un processus de croissance qui engendre au cours du temps des structures qui suivent à chaque instant une loi fractale. Un tel processus peut ou bien engendrer des fractales régulières ou bien des fractales aléatoires .Si nous pensons à la morphologie des agglomérations, les fractales aléatoires semblent plus réalistes.

La méthode générale de simulation

A

fin de décrire une croissance fractale aléatoire, il est nécessaire de partager la surface disponible en différents éléments qui sont ensuite occupés selon les règles définies par le modèle utilisé .Ce partage se fait habituellement par l’introduction d’un quadrillage .Comme nous considérons un territoire en voie d’urbanisation ,nous supposons que chacun de ces éléments correspond à une zone urbanisée ou libre .Pour désigner un élément particulier de ce quadrillage ,nous utilisons des coordonnées discrètes .A cette fin nous numérotons les éléments en direction des abscisses par un indice i=1,2,3,…et en direction des ordonnée par un indice j=1,2,3,….Ainsi la position d’un élément est déterminée par le couple (i,j).Ensuite chaque élément (i,j) est caractérisé par son état actuel qui correspond ,dans notre cas, au type d’utilisation du sol attribué à la zone (i,j).Nous distinguons quatre types différents : •Des éléments libres, mais pas encore disponible .Ce sont des aires non aménagées •Des éléments disponibles .ce sont des zones dont l’utilisation est envisagée dans un futur proche •Des éléments occupés qui représentent la surface bâtie Des éléments préservés (bloqués qui dorénavant ne peuvent plus être occupés). Il serait possible d’introduire d’autres catégories en faisant par exemple la distinction entre différents types d’utilisation du sol .Cependant pour notre propos, il suffit de se borner aux catégories choisies. Les différents types d’utilisation du sol peuvent être caractérisés soit par un symbole, soit par un chiffre Cij, qui est attribué à chaque élément (i,j).Ainsi la notation Cij = 0 pourrait signifier que l’élément (i,j) est libre, Cij =1 qu’il est disponible etc. L’état actuel de l’ensemble des éléments est donc déterminé par ces valeurs. Nous désignons la matrice des valeurs comme configuration C du quadrillage : C11 C12…C1l

(

C=

C21 C22…C2l . . . . . . . . . . . . Ck1 Ck2 …Ckl

)

82 │Frankhauser

Pierre

édité d’après l’ouvrage:la fractalité des structures urbaines,pp.256-264


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Figure 119 │Grille initiale 81

Pour réaliser une simulation on choisit une configuration initiale, en définissant Cij pour chaque endroit (i,j) du quadrillage .Ainsi on pourrait supposer l’existence d’un noyau préurbain à un certain endroit du quadrillage et donc choisir pour les éléments correspondants une valeur Cij=1. En outre le scénario initial doit contenir un certain nombre d’éléments disponibles, afin qu’une futur croissance soit possible. Enfin le modèle doit définir des règles qui décrivent la dynamique du système et qui se manifeste par des changements des valeurs Cij.au cas où le type d’utilisation du sol change pour certaines zones (i,j).Ainsi la configuration C change au cours du temps en une autre configuration C’.Ce type de modèle est désigné en informatique comme automate cellulaire.


L’occupation du sol et la dynamique de blocage our trouver une description de la dynamique du blocage nous allons partir d’un point de vue phénoménologique .C’est à dire que nous ne considérons pas cet effet au niveau des motifs des individus, mais nous supposons que nous avons simplement lors de la croissance urbaine qu’une certaine partie de la surface disponible est préservée .Nous interprétons la fréquence relative à cet effet comme probabilité de blocage .Cette probabilité peut éventuellement dépendre de la localisation (i,j) d’un élément :une zone disponible ,située à l’intérieur de la zone urbanisée est plus susceptible d’être préservée qu’une zone dans la périphérie . D’autre part certains attributs locaux peuvent également devenir importants, par exemple s’il s’agit d’une zone d’intérêt public comme un parc, ou d’une zone de moindre importance. Finalement le processus de croissance même peut influencer la probabilité, par exemple si par l’extension de la ville, une zone disponible située en bordure de l’agglomération se trouve plus tard au milieu de la surface occupée .Ainsi nous désignons la probabilité de blocage qui se réfère à la zone (i,j) par Wbij. Nous faisons l’hypothèse qu’un tel blocage ne soit disponible que pour une zone disponible, c’est-à-dire qui est déjà prise en considération par la planification ou par les prometteurs. Ceci tient compte de l’effet qu’une discussion sur la protection d’une zone n’apparait en général qu’au moment où la décision concernant l’aménagement de cette zone et en suspens. Une zone disponible peut également être convertie en zone occupée .Ainsi nous introduisons la probabilité d’occupation W0ij. Comme il n’existe dans notre modèle pas d’autres types d’occupation du sol, ces deux processus sont complémentaires. La probabilité globale qu’un des processus ait lieu, est normalisée à un, et ainsi on obtient pour la somme de ces deux probabilité :

P

et donc

Wbij+W0ij=1 W0ij=1- Wbij.

Il suffit donc de fixer une seule valeur soit Wbij ou W0ij Ainsi nous avons précisé les conversions possibles pour un terrain disponible .Pour réaliser des simulations on part de la configuration initiale .L’ordinateur choisit selon un processus aléatoire un des éléments disponibles et par un nouveau processus aléatoire, il est décidé si cet élément est : •Soit bloqué avec la probabilité Wbij •Soit converti en zone occupée avec une probabilité 1- Wbij.

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127

Figure 120 │Méthode de fonctionnement (édité à partir de la vidéo designing cities with the informal in mind.)


Maintenant nous complétons le modèle par une règle supplémentaire : Si une zone est occupée ,toutes les zones avoisinantes libres sont transformées en zones disponibles. De cette façon nous avons également introduit un processus de conversion de zones libre en zones disponibles .Mais contrairement au reste il s’agit d’une règle déterministe qui reflète une politique cohérente de la planification, qui tend à arrondir l’ensemble bâti et donc à aménager des zones limitrophes à des zones occupées .Comme l’interaction entre l’occupation de zones et la création de zones disponibles se borne à des éléments voisins ,on parle d’un modèle local. L’ensemble des opérations ci-dessus représente une étape de simulation .Le processus est donc réitéré en vue de l’occupation ou de la préservation d’un autre élément. Pour la réalisation des simulations nous avons encore simplifié le modèle en faisant l’hypothèse que la probabilité de blocage est égale pour tous les lieux et qu’elle reste constante au cours du temps : Wbij=p

L

Les propriétés fractales du modèle

es conditions que nous avons introduites produisent un modèle qui suit les même règles qu’un type de modèle de croissance fractale connu en physique et en biologie comme un modèle épidémique . La possibilité d’être bloqué correspond à un élément immunisé dans une interpénétration biologique .En physique le modèle a été utilisé dans la théorie de la percolation où l’on étudie par exemple la transition de phase de matériaux résistants en matériaux conducteurs .Dans ce cas les lieux bloqués correspondent à des éléments dans la structure qui ne peuvent être convertis en éléments conducteurs .Dans ce type de modèle, on désigne habituellement les éléments disponibles comme des lieux de croissance . Ce type de modèle présente quelques particularités intéressantes pour notre propos. La fractalité des agrégats obtenus l n’est pas facile de déduire de manière théorique que les agrégats obtenus lors des simulations suivent effectivement une loi fractale. C’est pourquoi dans la théorie de la percolation on suit habituellement le chemin inverse .On peut déduire que sous certaines conditions, il existe dans le type de matériau considéré une distribution fractale d’éléments bloqués .Or les hypothèses du modèle de simulation ont été choisis en concordance avec ces conditions, au moins pour un certain domaine de la probabilité du blocage p, qui joue un rôle important dans la théorie. Ainsi on doit s’attendre à ce que les agrégats obtenus suivent effectivement une loi fractale. En outre, les propriétés fractales d’agrégats obtenus par simulation ont été confirmés par de multiples analyses .On trouve ainsi pour ces agrégats la relation suivante (on considère le nombre total d’éléments occupés Nk à une certaine étape de la simulation k, et l’on mesure le diamètre moyen de l’agrégat, ρk.

I

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On obtient ainsi :

Nk~ ρkDr (1) Comme il s’agit d’une relation fractale qui se réfère à un comptage des éléments occupés à partir du centre, nous avons désigné la dimension fractale comme dimension radiale Dr. Quant à la valeur de cette dimension Dr des agrégats obtenus, elle est déterminée par la probabilité p, donc par le paramètre qui est responsable du blocage. La fractalité du processus de croissance. e modèle montre une propriété intéressante quant à sa dynamique, si l’on considère le nombre de lieux de croissance Nk(c) qui se trouvent dans l’agrégat à une certaine étape k de la simulation, on trouve que ce nombre est lié au nombre total Nk d’éléments occupés à cet instant par un exposant  : Nk(c) ~ Nk Si l’on remplace dans cette relation le nombre Nk par la relation (1), on obtient une relation fractale : Nk(c) ~ ρkDr.  ~ ρkDc Où le nouveau paramètre Dc ≡ Dr.  est désigné comme dimension fractale de la croissance. Ceci implique que les éléments disponibles suivent également une répartition fractale. Une transition de phase Il convient de préciser que cette relation fractale pour les lieux de croissance n’est valable que pour un certain domaine du paramètre p autours d’une valeur critique pcrit =0,407.Cette valeur représente une limite importante dans ce type de modèle .Pour des valeurs inférieures ,c’est-àdire si la tendance au blocage est plus faible l’agrégat peut s’étendre sans limite .Cependant si la probabilité de blocage est supérieure à cette valeur critique le blocage entrave sérieusement le processus de croissance ,si bien que le nombre de lieux de croissance n’augmente plus en fonction de l’extension de l’agrégat mais reste constant pendant un certain temps et s’épuise finalement. Comme cette valeur critique sépare deux domaines ayant des caractéristiques totalement différentes, on parle de physique de deux phases différentes du système. Dans notre contexte cet effet indique qu’il existe une limite critique pour la dynamique du blocage, au-delà de laquelle une extension ultérieure de l’agglomération n’est pratiquement plus possible même s’il existe toujours une certaine probabilité d’occupation et donc de conversion de zones limitrophes libres en zone disponibles ! Pour maintenir un processus de croissance, une telle situation nécessiterait donc d’augmenter le nombre de zones disponibles, en recourant par exemple à des aires situées à l’extérieur de l’ensemble bâti existant, donc de ne plus se borner aux zone limitrophes des zones occupées mais d’aménager des terrains plus éloignés .Un tel élargissement de la zone de développement futur signifie que la planification devrait modifier l’idée d’une structure compacte de la ville.

L


X

Conclusion

A

l’origine de la présente étude était l’observation que la fragmentation de l’espace bâti apparait comme le phénomène caractéristique de la croissance urbaine des bidonvilles. Cependant il est difficile de trouver une logique interne dans des structures aussi complexes .Une première analyse de la relation entre périmètre et surface d’un certain nombre de bidonvilles de par le monde nous a indiqué qu’il semble exister un principe d’ordre interne dans l’organisation spatiale des agglomérations ,en dépit de cette morphologie irrégulière. Ceci nous a incité à étudier l’utilité d’un nouveau concept méthodologique qui permet d’étudier des structures à morphologie complexe, la géométrie fractale .L’étude des caractéristiques principales de ce nouveau type d’objets géométriques nous a montré que la fractalité est étroitement liée à l’existence d’une organisation spatiale hiérarchique d’agrégats qui peut être décrite par une mesure particulière, la dimension fractionnaire. Après avoir introduit les méthodes convenant à l’analyse fractale de plusieurs bidonvilles, nous avons appliqué ce concept à notre cas d’étude, Sehb el caid à salé .Nous avons pu montrer que la répartition de la surface bâtie suit des lois fractales. Ce résultat confirme que l’organisation spatiale des établissements spontanés suit un principe d’ordre interne qui est décrit par un seul type de paramètre, la dimension fractionnaire. Il s’agit donc d’une mesure globale qui joue ainsi le rôle d’un paramètre d’ordre et qui caractérise la répartition hiérarchique de la surface bâtie. Observer que ces tissus urbains suivent une loi fractale -donc en dépit de leur aspect irrégulier -un principe d’ordre interne, facilite l’analyse des processus socio-économiques, susceptibles d’être responsables de la décomposition des agglomérations. C’est dans ce sens que nous avons cherché à relever dans un manifeste, les différents processus générateurs d’une telle irrégularité. Nous avons ensuite recouru à un exemple expérimental pour chercher les caractéristiques de l’évolution urbaine qui semblent en faveur d’une croissance fractale .Trois effets furent relevés: l’importance des voies de circulation, la croissance polycentrique et une tendance à la préservation de certaines zones. Un modèle de simulation a permis d’illustrer qu’un tel processus de blocage peut effectivement donner lieu à la naissance d’un tissu fractal. Les différents résultats du modèle de la dynamique de blocage,appliqué à notre zone d’intervention à Salé, feront l’objet de notre dernier chapitre ,le projet ;synthèse de tout ce que nous avons vu jusqu’ici .

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Le Projet


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“when you design the without you design the within”83

83 │inconnu


1

Analyse contextuelle:84

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84 │EL GHILALI Khalil Morad,édité à partir des analyses figurants sur le SDAU ,Rabat-Salé


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136 La situation du Douar Sehb El Caid est relativement particulière par rapport aux autres quartiers clandestins situés majoritairement en bord de mer ou sur des rives fluviales .Plus grand quartier informel de Salé ,il se trouve au cœur de la ville et complète ainsi les principales caractéristiques des établissements informels analysés en fin du 3 ème chapitre ,faisant de lui un objet d’étude fort approprié pour notre démarche.


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Voisinage et délimitations

Résidence Ennaim de logement social

Transformateur éléctrique

Ecole primaire Ibn Tofail Terrain de football

collège naciri

mosquée Ibn Said Quartiers de la ville

Quartier informel

Gare routière

Collège Al Jahd Redal

Commune de Salé Bibliothèque en chantier

Poste de police Place


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3

6

Muraille (EL GHILALI Khalil Morad)


Plein /vide Les bidonvilles et les habitations en dur sont fortement contrastĂŠs.

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Espaces verts

Partie végétale

Partie minérale


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Formel /Informel

BB

tissu poreux et organique

AA tissu compact et linĂŠaire

CC AA

BB


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Topographie

Partie fortement accidentĂŠe

Partie moyennement accidentĂŠe


Coupes AA

BB

CC

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Restitution / ensoleillement

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Flux humains

Dominace piĂŠtonne et flux dispersĂŠ


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Flux automobiles et cyclables

Flux cyclable Flux triporteur Flux automobile

Dominance cyclable et mobilitĂŠ auto et moto organisĂŠe


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Points d’eau

Fontaines


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Zones d’impact/Maquette d’étude

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3

Inspirations

www.pinterest.com

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Mechano Architects


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Esquisse

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Parti

Pour la construction des cellules aucun entrepreneur ne sera impliqué. Elle se fera par les résidents sur le site même, avec un petit budget en usant des matériaux disponibles et facilement manipulables .Les équipements de construction disponibles engendrera des cellules compactes et simples .La profondeur des chambres ne dépasse pas les 3 m suite au besoin.

Les maisons dans les bidonvilles sont généralement très petites à quelques exceptions près(le cas des premiers migrants ayant profité de la disponibilité des espaces). En raison de cette contrainte spatiale, les maisons sont extrêmement efficaces dans l’utilisation de leurs espaces intérieurs leur affectant souvent une double fonction: le salon en journée devient une chambre à coucher le soir.

Malgré la grande promiscuité, la privacité est fortement recherchée, les fenêtres se limitent alors à de petites ouvertures juste assez suffisantes pour assurer un minimum d’éclairage et de ventilation.

Les habitants du bidonville sont connus pour construire et vivre en fonction de leurs besoins. Cela signifie que la cellule doit être en mesure de croitre .Si la famille est en pleine expansion la maison se doit de répondre à ce besoin, cela garantit au bidonville une spécificité de bâtiment qui lui est propre.

Le bidonville abrite de nombreux ménages. Ceci n’est possible que s’il y a une forte densité, les rues et les espaces publiques sont déterminés suivant le besoin et sont souvent utilisés de manière très efficace.

La surface habitable est déterminée par l’espace collectif lequel est entièrement piéton .L’utilisation de l’espace n’est pas déterminée par la planification urbaine mais par les utilisateurs et le besoin collectif.

Le constituant principal d’un bidonville est la cellule familiale autours duquel celui-ci se développe. Un ensemble de maisons forment un îlot et un ensemble de ces derniers forme un quartier .Ce processus peut alors être adapté suivant l’échelle désirée.

Le bidonville est non seulement un grand ensemble de maisons emboitées, il est une structure organisée en îlots et en quartiers qui s’enchaînent comme suit : le passage de l’espace public à l’espace collectif puis de l’espace collectif à l’espace semiprivé et de ce dernier à la maison .Cette organisation joue un rôle très important dans le maintien de la stabilité de la communauté bidonvilloise.


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C

e que je cherche à créer est une complémentarité des espaces libres par un réseau centrifuge qui est un véritable mécanisme. Mon parti vise une régénération du bidonville, une déportation de la population de Sehb El Caid à partir des parties libres sur le terrain sans entraver les activités habituelles. Les cellules souches recréent petit à petit un tissu nouveau fait de cellules spécialisées. Dans notre cas, on peut considérer les points d’eau comme de bonnes bases propices à la régénération. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer ce processus uniquement sur la base de ces points d’ancrage. Je me suis principalement concentré sur les 14 points d’eau qui se présentent comme un entre deux: entre privé et publique. Ces lieux de cohésion sociale ont tous le même rôle de fournir les habitants du quartier en eau potable. On pourra dans l’absolu faire une sélection des valeurs du passé considérée comme qualités à garder dans notre nouvelle ville utopiste et puis il faudra résoudre tous les autres problèmes que Sehb el Caïd a connu au passé comme la régulation des flux, la pollution, La récolte des ordures etc... Par ce réseau centrifuge nous voulons éviter un flux monodirectionnel et recréer une complémentarité entre les différentes zones d’impact. La cellule souche est alors composée d’une cellule d’habitation accolée à l’espace réservé à sa circulation, basée sur une trame conceptuelle de 9m sur 9. Nous voulons donner aux habitants du bidonville un espace vital supérieur à celui qu’ils ont l’habitude d’avoir (7m²) tout en leur offrant l’avantage de rester sur place. Une sorte d’opération tiroir, où l’habitant n’aura à quitter sa baraque qu’une fois son logement achevé. Notre développement commence par un début de régénération se manifestant à partir de nos 14 cellules souches. La surface et l’altitude de celles-ci détermineront l’ordre d’action. Cette régénération grandit vers le centre du site au fur et à mesure que les baraques se résorbent jusqu’à embolie totale de l’espace. Afin d’optimiser encore plus l’espace, et réduire l’impact au sol notre structure s’élancera de manière spatiale afin de libérer le foncier, et l’exploiter au profit d’éventuels commerces, amortissant ainsi le cout de construction par une méthode de péréquation. La croissance se fait vers le centre du site pour redonner aux habitants de celui-ci le terrain et ainsi recréer une complémentarité espace publique/espace privé. Au fur et à mesure de la déportation des habitants, les espaces disponibles augmentent et notre tissu s’étend. Durant sa croissance le tissu va rencontrer des espaces bloqué dus parfois à un refus d’adhésion à l’opération, des poches de résistance. Celles-ci peuvent être exploitées ultérieurement comme mémorial et se verront alors restitué leur fonction initiale. Une complémentarité entre les baraques et notre réseau spatial s’établit. Pendant cette évolution, des liens inter tissus linéaires s’établiront également dépendant de la direction des différentes branches linéaires. Celle-ci sera le résultat d’une direction guidée par les voies de circulation et les terres les plus basses. Ainsi le relief permet à notre réseau spatial de s’y incruster comme une goutte d’eau. Un réseau complexe en découle. Notre masse bâtie vient encadrer la cellule, son cadre agit alors dans le temps comme un instrument de mesure de la disparition des bidonvilles en fonction de la réappropriation de l’espace. Notre nouveau Sehb garde quelques traditions de l’ancien tel l’enchevêtrement des espaces, l’évolutivité et la disponibilité des espaces de cohésion sociale. Pour permettre des connections entre les différentes branches linéaires, on y place des passerelles. Un autre endroit de connexion entre les développements linéaires est à la tête de chaque branche qui est considérée comme le noyau de chaque développement respectif. Une ville spatiale permet de réserver la terre pour exploitation future.


160

Cellule souche (circulation + unitĂŠ de logement )


161 circulation structure

unitÊ d’habitation

Etape 1de la simulation


162

ProlifĂŠration


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Etape 2 de la simulation


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Densification


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Etape 3 de la simulation


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Stabilisation


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Etape 4 de la simulation


n tio a l u irc ec d ité Un

) ier ac en e utr po e( tur c u rstr pe au Su àe pe m Po

168 r) cie na se e r ut po e( air d ur on ce ec en es tur l’asc c ie u nt Str e de érg me ’én tur ge rd lo uc r u t e e S d rat és né nit Gé nt xu e u sa sem cè inis ac sa nt As a nn do es rell e x s s au Pa cip in r rs p alie Esc

ale cip prin n io lat cu cir e d ité Un

le na go dia e utr Po

de

al) rtic ve nt e mm nte ve e r nt co rt ( po p su

cé for ren n éto nb ne io t a nd Fo

Poutres de toiture en fers I ou P.R.S., poutres reconstituées soudées, de hauteur 300 à 400 mm et poteaux en I de l’ordre de 300 à 400 mm

ns) atio nd o f n( éto nb e s er pilli

Figure 121 │Détail

structurel

édité à partir d’un schéma (www.pinterest.com)


169

L

e système nait d’un point d’ancrage initial à nos cellules souches grâce à une structure métallique sur pilotis. Ceux-ci restent néanmoins très flexibles et doivent être renforcé par une série de contreventements horizontaux et verticaux. De plus, les poutres alvéolées qui viennent se poser sur chaque élément de structure (poteau-poutre) facilitent le raccord des logements en eau potable et en électricité. Au pied de chaque noyau de circulation une plateforme où des commerces pourront s’établir. De cette façon, cet entre-deux (bidonville) devient une plateforme d’échange. Ce système permet d’éviter de renouveler les mêmes erreurs du passé et de sécuriser les espaces inférieurs. Ce réseau suit cependant encore un schéma aléatoire d’où son nom (la marche aléatoire) laissant place à une grande opportunité d’évolution (grâce à la facilité de déplacement, de suppression et d’addition des modules) du réseau. Ceci est une qualité gagnée qui rejoint l’aspect fragmenté des bidonvilles de manière générale. Pour conclure : notre processus permet l’obtention d’une nouvelle structure d’habitation ayant préservée la mémoire de l’ancienne. On redonne ainsi au bidonvillois les terres qu’ils ont perdues.


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Composants structurels

e rell ctu u r t ys ch rar e i H

es orm tef la p ier ac en s elle utr Po r la ou ep ités tur un c s de stru b n u io S ns t pe en sus sem inis a s s ra ou sp lée o lvé ier ea ac utr en Po le a cip prin re u t c tru ers Sup

rs ou sec e rd alie esc

e ed utr Po

ale on iag rt d o p sup

Figure 122 │Détail édité (pinterest.com)

structurel


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176 Strate 6

Strate 5

Strate 4

Strate 3

Strate 2

Strate 1


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6

Plans/Coupes/ Façades

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Rez-dechaussée


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1er ĂŠtage


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2ème étage


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3ème étage


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AA

BB

Plan de masse


184 Coupe AA

Coupe BB


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186 Faรงade sud-est

Faรงade sud-ouest


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Typologie 1

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Typologie 2

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Typologie 3

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Typologie 4

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Images de synthèse

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Politique d’attribution

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e projet est initialement conçu pour fournir une solution aux familles élargies tout en préservant leurs cultures et précieuses traditions. Le contexte urbain à haute densité joue un rôle majeur dans l’acculturation. Ce projet, cependant, soutient et offre un logement à des familles élargies. Les règles suivantes permettront de garder un certain ordre au sein de cette structure: •Le projet privilégiera les couples issus des anciennes familles résidentes. Aussi il ne fournira que les espaces de vie nécessaires, essentiellement la cuisine, la douche et les WC. •Afin de Promouvoir L’interaction au sein et entre les familles, le projet leur accordera un espace extérieur. Le marché public au rez-de-chaussée peut être utilisé pour des commerces en tous genre et pourra être éventuellement exploité par des marchands ambulants. •Si une embolie de l’espace est atteinte, la règle suivante est applicable: Concernant les unités latérales: une unité de large doit être laissé pour la circulation (d’environs 1m50) Pour les coins : des unités de 1.5x1.5 m adjacentes à la circulation doivent être épargnés pour la circulation. •Caractéristiques optionnelles: le projet fournira des modules muraux préfabriqués correspondant au système de grille employé pour le plancher, cependant, les utilisateurs sont encouragés à mettre en place leurs propres murs, de cloisons, et de façades. •Le Projet fournira des systèmes de tuyauterie personnalisables (les utilisateurs peuvent alors se connecter à la ligne principale de l’unité d’alimentation en eau potable et en électricité afin de permettre une disposition personnalisée des unités de service). •Pour Les familles dépassant 9 personnes, une nouvelle unité pourra éventuellement leur être accordée.

NOW WHAT ?


X

205 Conclusion générale

L

’idée de base de ce mémoire était de superposer la notion d’une nouvelle géométrie découverte en 1970-les fractalesau vécu des bidonvillois. Pour ce faire, notre choix s’est porté sur le bidonville de Sehb El Caïd à Salé (tâche noire tant à l’échelle régionale que nationale) comme site particulièrement propice à notre intervention. Le sujet est donc tout à fait d’actualité et s’inscrit dans le cadre du programme villes sans bidonvilles (PVSB) qui, malgré toutes les tentatives de résorption des bidonvilles, connait encore un échec flagrant, en raison de la reprise des modèles ratés de l’occident d’une part, et de l’inadaptation des constructions proposées aux conditions sociales et culturelles des bidonvillois d’autre part. On se fixa alors comme tâche d’analyser d’abord tout ce qui a été fait jusqu’à présent dans ce domaine et de pousser par là notre étude jusqu’à son paroxysme ,en proposant éventuellement un nouveau modèle de résorption ayant pour but de libérer le terrain tant convoité par les promoteurs sans pour autant en déplacer les occupants, et ce en déclarant notamment « Vous voulez le sol, le terrain et bien on vous le libère, mais nous, on construit au-dessus ,et on pique des poteaux, ainsi les gens vont rester sur place , car en les déplaçant , on crée des ghettos urbains à l’extérieur des villes et ces gens-là se retrouvent marginalisés, ce qui engendre finalement des problèmes socio-culturels, psychologiques et politiques … » C’est dans ce sens que nous avons tenté alors de faire un ensemble d’analogies entre diverses sociétés : marocaines brésiliennes, thaïlandaises et indiennes… et même si par notre étude nous avons été un peu partout dans le monde la conclusion est la même : la problématique des bidonvilles est internationale ...Notre quête nous a amené finalement à des référentiels qui sortaient un peu des normes habituelles “la trame d’Ecochard, les r+4 sans ascenseurs et les contraintes un peu adhérentes qui n’ont jamais rien donné de bon”. Malgré l’importance de ce travail de recherche et la pertinence du projet proposé, nous sommes arrivés à la conclusion que ces gens-là (les bidonvillois) qui se sont installés, contre leur gré, dans ces vides urbains, n’appartenaient tout simplement pas à la ville. Ceci nous a amené à penser que la solution au problème des bidonvilles n’est pas uniquement architecturale, mais réside dans une politique d’aménagement du territoire qui, à notre avis, demeure insuffisante, car historiquement parlant ,la majorité de ces bidonvillois ont peuplé les villes durant les périodes de sécheresse que le Maroc a connu entre les années 80 et 84 ,c’est alors que les taudis qui étaient dans un premier temps minoritaires finirent par devenir de vrais villes intérieures . Ainsi , quel que soit la valeur et l’ampleur des projets de résorption proposés, la solutions de ces ghettos se trouve à notre avis dans la mise en place d’une vraie politique d’aménagement du territoire accompagnée d’une véritable valorisation du monde rural et au lieu d’aller construire des villes nouvelles pour encore en faire des villes dortoir qui n’ émergeront probablement que dans un siècle ou deux ,ou finiront tout simplement par tomber en ruine comme c’est le cas pour Tamesna aujourd’hui, il nous faudra contribuer à la fixation des population rurales chez elle. Par conséquent, au lieu que la campagne vienne s’installer en ville ce serait celle-ci qui irait à la recherche du rural, et ce dans la mesure du possible bien évidemment et en fonction du besoin de ce dernier.


X

BIBLIOGRAPHIE

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206


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210

Index

REMERCIEMENTS 2 SOMMAIRE 3 Introduction 4 Problématique 5 Méthodologie 6 Petit rappel terminologique 7

Etat des lieux

8

1.Un constat alarmant

10

2.Stratégies et réactions plurielles

15

Les bidonvilles : logiques de la diversité Mise en contexte du phénomène Nord et Sud- deux évolutions antipodes Dans le monde Au Maroc

10 11 13 15 18

La période entre 1950 et 1960

18

La période entre 1968 et 1972

18

La période entre 1975 et 1990

20

La période entre 1990 et 2000

24

La Période de 2001 à nos jours

24

X.Conclusion 26

De l’informel à l’irregulier

1.Formel et Informel : Ce qui les sépare

Le Bidonville comme non-lieu Contraste Socio-économique entre Villes et bidonvilles Activités et revenus

L’habitat : du provisoire dans une vie qui n’est que survie

28

30 32 33 33

35

Précarité en équipements urbains

35

Précarité physique de l’habitat

36

Analyse 39

2.Les bidonvilles : Ces citadelles contemporaines Limites, barrières et isolement Une énorme densité ! Une île dans la ville

42 43 44 45


211

3.Inversement du regard

Une structure sociale dynamique Un espace culturel Un espace intermediaire Petit éloge du bidonville

4.Une forme d’urbanité à exploiter Bidonville versus médina Dualité entre planifié et spontané Reconnaitre la complexité

48 48 50 52 52

54 54 56 58

X.Conclusion 60

La géométrie de l’irrégulier :Les fractales 1.Définitions

Qu’est-ce qu’une fractale Une introduction historique à la géométrie fractale Qu’est-ce qu’un objet fractal

62

64 64 64 72

2.Cinq composantes essentielles

73

3.Différentes fractales

75

Récursivité ou itération : (De l’ordre) La symétrie d’échelle: (Du détail) L’autosimilarité L’Infini : (De la complexité) La dimension fractionnaire Les fractales rectangulaires Les fractales circulaires Les fractales ramifiées. La morphologie universelle de la pauvreté

73 73 74 74 74 76 78 85 88

X.Conclusion 93

Manifeste de l’irregulier

1.Principes et processus de conception générateurs 2. Retour de la complexité et de la diversité Abstraction : Peter Eisenman

Bio centre de l’université J.W.Goethe de Francfort House 11a

Rigueur géométrique :Paolo Portoghesi

96

98 104 104 104 105

106

Mosquée de Rome 1974

106

Casa papanice à Rome en 1969

107


Métabolisme : Kisho Kurokawa Capsule Tower

212 108 108

Inattendu : Cecil Balmond et Daniel Liebeskind Extension du Victoria and Albert Museum

Diversité et auto-construction: Lucien Kroll La Mémé

110 110

112 112

A pattern langage : Christopher Alexander Prévi

114 115

Industrialiser le bidonville : David George Emmerich Ville bidon

116 116

Utopie et activisme : Constant New Babylon

118 118

Plug in city : Archigram l’Architecture mobile : Yona Friedman La ville spatiale

120 122 122

3. Démarche 124 La méthode générale de simulation

L’occupation du sol et la dynamique de blocage

Les propriétés fractales du modèle

124 126

128

La fractalité des agrégats obtenus

128

La fractalité du processus de croissance.

129

Une transition de phase

129

X. Conclusion 130

Le Projet

1.Analyse contextuelle

132

134

Croissance de la structure urbaine 134 Typologie des tissus urbains 135 Toponymie 136 Centralités 137 Voisinage et délimitations 138 Plein /vide 140 Espaces verts 141 Formel /Informel 142 Topographie 143 Coupes 144 Restitution / ensoleillement 146 Flux humains 148


213

Flux automobiles et cyclables Points d’eau Zones d’impact/Maquette d’étude

149 150 152

3.Inspirations 154 4.Esquisse 156 5.Parti 158 6.Plans/Coupes/Façades 178 7.Images de synthèse 196 8.Politique d’attribution 204 X.Conclusion générale 205

BIBLIOGRAPHIE 206 Index 210


‫‪214‬‬

‫ت لل ت�صم ي� ال م ن ش� ن�ه خ�ل ق ت‬ ‫ه�ذ ه الاطروح ة� ت�ه فد� الى ا ث�ب� ت‬ ‫�‬ ‫�‬ ‫ط‬ ‫ج‬ ‫�‬ ‫ح‬ ‫ادوا�‬ ‫ود‬ ‫و‬ ‫ا�‬ ‫م‬ ‫دود� ن � ا ا � و وي ر‬ ‫ت ي‬ ‫ن‬ ‫ال ت� ف�ك�ير الم غعم‬ ‫ار� ملع مراعا�ة ال ت�وا�ز ن� و الا� جس�م خ�ام � يف� علا ق� ة� مع �ص نور ا� ش�اء كل م ت ش�روع دا خ�ل المد� ني� ة�‪.‬‬ ‫ي‬ ‫�ذ لك ب‪،‬و�الر�م م ن� جا �هود الم�ب�ذ ول ة� م ن� ط فر� طط ي� الم ن‬ ‫د� ل ت�ع�ز ي��ز ا� ش�اء ا ش�كال �ك نو� اك ث�رم ن ت��ت �ظرك ي��ز ا و‬ ‫ف‬ ‫احكاما كحل للب� ن�اء الع� يو�(الع ش�وا� يئ� )‪ ،‬خ ف� نا� كل ب� ن�ال تاء� ب�ه�ذ ه المساح تا� �غ ا بل�ا ضما ي� ظ�لل غ��ير ت� ق م و � يف�‬ ‫غ‬ ‫ال‬ ‫ك ث��� نيرت م نل� ال�أ يح� نا�ل ي�ك نو� ال ن� ظ�ام الدا�ل ي� له�ذ ه ج �مع تا� السكا ن�ي� ة� ��ير خ�ا�ع له ن�دس ت ة� ��لي� يد� ة�‬ ‫ب�ل ي��م ي� له ن�دس ة� ا كسو ي�ر ة� )‪ (géometrie fractaale‬و ق�م خد اص ب�ح ن ت� ه�ذ ه الا خ��ير�ة ‪ � ،‬ثم�ل ن� ظ�اما‬ ‫ج�د�يدا م ت�ر�بطا ا ت�رب�اطا ثو�ي ن� ق�ا ب�اله ن�دمس ة� الاكلي�غ يد� ة� م ن� ج�ه ة� و � ت ت� فل�ا ع� لها ب� ش�كل حاسم م ن� ج�ه ة� ا خ�رى‬ ‫‪،‬الامر ال�ذ � ي ج��عل م�ها ادا�ة هم ة� و � ن�ي� ة� � ف� مي� ن ال� ا م‬ ‫ار� لم ي�سب� ق� لها م ث�ي�لا‪.‬‬ ‫دا� ك يو� ن� عم ي‬ ‫ي‬ ‫ي‬ ‫ل‬ ‫ف‬ ‫ن‬ ‫ل تت‬ ‫ل�‬ ‫وهك�ذ�أ ا ف� نا� الادا�ة ا كسو ي�ر ةل� ��م ي��ز ب�ك فو�ها تم�اح ة� ج مي�ع ‪ ،‬ساحر�ة و موا ت�ي� ة� �ك ير� نا للاك ت� ش� فا� � يف�‬ ‫ا‬ ‫�ض‬ ‫كل ل جم� ت‬ ‫الا� (اله ن�دس ة� ق معما ي�ر ة� وال� تن�ي� ة� والطب�ي� ة� و ال ير�ا يال� ةم�‪..‬ال خ�) مما ي ج��عل م�تها ل�غ ة� عالمي� تة� ج�امع ة�‬ ‫خ‬ ‫ب�� ني� كل ال جم� ت‬ ‫الا� ن‪.‬ا� ال�صد�أ إ��ذ ا هو ج��او�ز الرسم اله ن�د لس يت� ه�ي كل مع ا� ت�ي�ار و�طوي�ر اس ت�را� ي ج��ي� تا�‬ ‫خ‬ ‫ق‬ ‫ج�د�يد�ة ا�نطلا ق�ا م ن� ال�وا ن�� ني� لمو ض�وع ة� ‪ :‬يا�الحالاه ت�مام ب�ا �سل تسل الهرم ي� وا تل��أ يه�ل وا إل�عداد وا� ت�ي�ار‬ ‫ال‬ ‫خ‬ ‫ف‬ ‫ت‬ ‫ت‬ ‫تالا ش�كال و ال ب�ح ث� ع ن� ال�وا�ز ن� وال ت�ب�ا ي� ن� و ج �م وال�ولي�� و �عب��ير‪...‬ال� ‪ .‬لو�ب�ذ لك ‪ ،‬ف� نا� ه�ذ ه اله ن�دس ة�‬ ‫� ق� نل� ق� ع ج� � �ة للع� ة �نط ق� م ن ه�ذ ال ن� ظ� ف� ن ال ش�ك ا معم ظ‬ ‫ار� ي��هر م ن�ال ت خ ق�لال‬ ‫تدم ت��ا توا د الم خ د �ةيد ب �‪ .‬وا ف لا اال ��ة ل ا ة ق ام ص�ا� ت ت��ل ث ي‬ ‫ن‬ ‫�‬ ‫ع‬ ‫ن‬ ‫�‬ ‫�‬ ‫م‬ ‫الاس�را ي ج �ي�ا� � ت�ار ‪.‬و ب�ا تل�ال ي� ‪ �،‬نا� عمار م خا حالي�� �د ا ب ح� ب ح ت� ع ن� وع ت� ق ي�د‬ ‫ومحاول ة� اد خ�ال اسالي� ب� و �بدا ئ�ل ج�د�يد�ة � ت�ل ف� ة� ع ن� ت�لك ال ت� ي� اس� خ�دم ت� �بط قر� ��لي� يد� ة� ‪.‬‬


215

The goal of this book is to prove the existence of parametric tools which can create and improve an architect way of thinking, taking into consideration equilibrium and harmony in the visualization of creating a project inside the city. Despite all efforts made by urban planners to promote more compact forms such as finding solutions to Haphazard constructions, these spaces remain unorganized, and in most cases the internal order of such agglomerations does not correspond to ordinary geometry but to fractal one which is related to a new geometric system that is linked to a Euclidean geometry in a sense but different from it in another sense. With this being said, fractal geometry is an important and rich tool in the field of architectural composition. The fractal tool is then characterized by the fact that it is available to everyone, intellectually propitious and used to discover any domain, be it architectural, artistic, medical or mathematical.This allows it to be labled a universal language used in all of the mentioned domains.The objective here is to overpass the structuring geometric schema by choosing and developing new strategies starting from already designed rules, and with focus on hierarchy, qualification, selection of forms, and search for equilibrium, contrast, scale, proportion, synthesis, articulation etc.Geometry presents new rules for the game; the architectural form arises from the selected strategies of this order.Current architecture is seeking a new kind of complexity; trying to insert new alternative methods different from the traditional conventional ones.


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