Ma plume

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ATELIER D’ECRITURE

Compositions de Mademoiselle MADAVJEE Shazéda 2004-2005 1ère année Deug Lettres Modernes n°24000409

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SOMMAIRE

TAUTOGRAMME EN P............................................................................................................3 LOGO-RALLYE........................................................................................................................ 3 TAUTOGRAMME EN M.......................................................................................................... 4 TEXTE PERSONNEL................................................................................................................ 4 ANAMNESES............................................................................................................................ 5 TEXTE AVEC MOTS CIBLES................................................................................................. 5 EXERCICE SUR LA PHOTO.................................................................................................... 7 ECRIRE POUR MOI C’EST….................................................................................................. 7 INCIPIT...................................................................................................................................... 8 ACROSTICHE............................................................................................................................8 « ETANT DONNE CE MUR, QU’Y A T-IL DERRIERE ? »...................................................8 INVENTER UNE GENESE....................................................................................................... 9 POEME SUR LE CHAOS PAR METAPHORE...................................................................... 10 INVENTION A PARTIR D’ELEMENTS PRECIS................................................................. 10 INCANTATION....................................................................................................................... 12 L’EXTENSION........................................................................................................................ 13 TEXTES SUR MON THEME : LES ETRES DES TENEBRES............................................. 13 GLOSSOLALIE........................................................................................................................16 REVES D’ANIMAUX............................................................................................................. 17 ECRITURE AUTOMATIQUE.................................................................................................18 TEXTES AVEC DES REPLIQUES DE LA JOURNEE......................................................... 18 FANTASTIQUE....................................................................................................................... 19 LA 1ère FOIS QUE JE L’AI VU.............................................................................................. 20 TAROT..................................................................................................................................... 21 ANIMAUX FANTASTIQUES.................................................................................................24 ECRITURE A TROIS AVEC DES TAROTS.......................................................................... 25

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TAUTOGRAMME EN P

Pauline parlait peu. Pensant personnellement par papiers par plumes, Pauline pouvait plus princièrement passer passions, passer présence, paisiblement et prudemment.

Z LOGO-RALLYE Poumon-palace-peindre-poser-polisson-pinard-panard-pistache-poussif-poussahparia-purulent-puce Il était une fois un poussah nommé A, qui voulait un palace plein de pistaches. « Ce serait le panard », disait-il. La chose étant impossible, il posa son pinard sur la table et demanda à une puce de peindre le bâtiment du motif de ce merveilleux apéritif. Cependant, la pauvre bête était petite, et à bout de force, elle ne sentait plus ses poumons. Un purulent paria se proposa alors de finir le travail. Quelque peu polisson, il avait bon cœur. Le poussah se résigna et abandonna son projet. Quelque temps plus tard, un autre poussah, que l’on nommera B, eut vent de l’affaire. Moins orgueilleux et plus large d’esprit, il alla à la rencontre du « paria qui avait osé parler ». On découvrît par la suite, que ce poussah-là devînt très célèbre, grâce à son palais de cacahuètes !!

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TAUTOGRAMME EN M Titre : Mâta Mystique moment, Maman materne Maman, muse merveilleuse Mystifie ma maison Maman, marionnette malicieuse Me murmure ma mission Maman, mythique miroir Mérite ma mélodie

Z TEXTE PERSONNEL Illusions Maîtres des montagnes pointues, merci Pharaons, déesses et momies aussi Merci encore aux celtiques menhirs Grâce à vous je peux enfin sourire. Moi qui suis ici, mais coincée dans mon mitard, Avec toutes ces belles choses mon esprit s’égare. Seule dans la pénombre, je sais que je me cherche, Apeurée, engouffrée par les ténèbres sèches J’essaie de me débattre et je cherche une brèche. Une chose est sûre, je mène un combat Car dans la pénombre j’ai trouvé mon salut, Vampires, magie et autres draculas Je me sens renaître et me mets à nu. Moi qui suis ici, mais coincée dans mon mitard, Même en ne le voulant pas, mon esprit s’égare.

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ANAMNESES Rien. C’est flou. Une ombre. Une forme féminine. Maman. Maman plus distinctement et à côté ma sœur. On traverse la rue, elle lui tenant la main droite et moi lui tenant le bras, derrière. Partie de cartes avec papa, maman observe. Il y a de la musique , toujours de la musique. Deux lampes allumées. Ambiance feutrée. C’est très intense et j’ aime beaucoup.

Z TEXTE AVEC MOTS CIBLES Elle s’appelait Michelle et elle travaillait dans une agence de presse en tant que standardiste. Le seul problème c’est qu’elle ne se plaisait pas à son travail. Elle rêvait d’une meilleure situation. Elle détestait par-dessus tout sa patronne, Marcelline. C’était son ex-meilleure amie et elle lui avait poignardé dans le dos, quelle trahison ! Oser lui voler sa place de secrétaire de rédaction au sein de la société !! Un poste qu’elle convoitait depuis tant d’années !!! Et maintenant, c’était Marcelline sa supérieure. Tout le monde soupçonnait quand même quelques coups tordus, elle n’était pas assez douée pour atteindre ce poste, c’était bizarre. « Peuh ! rien à faire », se disait Michelle « Je vais la faire tomber de son piédestal et elle va voir après qui va rentrer en lévitation ! » Et Michelle retournait au travail, après avoir dit ces exacts mots tous les jours depuis six mois. Tout à coup un ange apparût. Ce n’était pas à proprement parlé un ange puisqu’il était bien vivant et réel. Homme d’un mètre quatre-vingts, yeux noisettes, taille élancée, pas vraiment musclé mais peu importe. C’était un tel réconfort que de voir pareille merveille dans une sordide agence de presse que Michelle en tomba à la renverse. Fin de la sonate romantique , tout le monde la regardait. « Merde », lança-telle à voix haute. Le bel inconnu se retourna alors vers elle et la regarda. Il avait un regard perçant et ses cheveux étaient si longs et si fins que Michelle crût un instant apercevoir son elfe préféré. Cruel destin ! Marcelline entra en scène… « Michelle, voyons un peu de tenue. Relevez-vous ! » Elle se releva, la mine renfrognée et grinça des dents. « Je vous présente Thibault Vacochinoséiski, notre nouveau président de rédaction. »

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( Mouais, pour le nom on repassera , se dit-elle à voix basse.) -

« Enchantée, Monsieur Thibault vaco.. enfin enchantée. Je me présente, Michelle.. Oui oui, Michelle voyons, n’accablez notre arrivant avec tous ces protocoles de présentation, vous vous présenterez en temps et en heure.. Suivez moi mon cher . »

Michelle devait être bouddhiste dans une autre vie pour acquérir tant de sagesse et ne pas lui lancer ses talons aiguilles en pleine figure. Thibault s’éloigna, accompagnée de la groupie de service. Michelle, retourna quant à elle à la recherche d’articles sur « Comment garder le silence en toutes situations ». Plongée dans ses pensées, elle ne se rendît pas compte que le jeune homme était sorti du bureau de sa supérieure et attendait patiemment qu’elle veuille bien le renseigner. - « Mademoiselle, hum, bonjour….. excusez-moi de vous déranger, j’aurais besoin d’un renseignement. - Mouais, une seconde ! » Et elle lança un regard mauvais vers le perturbateur. Elle resta perplexe, la bouche grande ouverte. Une mouche eût tout le temps de faire le tour du propriétaire avec que Michelle ne reprenne ses esprits. - « Oh pardon, Monsieur je suis désolée, c’est que je perds souvent patience, c’est un grand défaut je sais mais…. - Il n’y a pas de mal, vraiment, c’est moi qui m’excuse » Ils restèrent là, un moment, à se regarder. Puis Thibault se remit à parler. - « Euh, oui, actuellement, il se trouve que je suis votre nouveau président de rédaction et je voulais faire connaissance avec tous les employés. Donc, et bien voilà c’est fait… - Oh, c’est très gentil de votre part, je vous souhaite la bienvenue dans l’équipe. » Elle lui serra la main et à son contact, elle devînt sereine, comme si le monde était peuplé de colombes et que le gazouillis de celles-ci amenait la paix intérieure. Il s’éloigna ensuite et Michelle se dît alors que rien ne serait plus jamais comme avant. Maintenant, elle avait une bonne raison de venir travailler.

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EXERCICE SUR LA PHOTO Je ne regarde pas l’objectif, trop occupée à me souvenir des gestes adéquats pour suivre le rythme de la chanson je suis habillée ou plutôt déguisée Costume rayé rose et blanc, les joues rosies artificiellement et le serre-tête en parfait accord avec tout le reste C’est un spectacle musical de fin d’année Je suis en maternelle je crois oui bien sûr, de sorte que le thème se trouve être les bonbons ! Et moi habillée en quoi ? Je suis l’incontestable sucre d’orge, fier et souriant. Flash !!! Moment immortalisé à jamais….

Z ECRIRE POUR MOI C’EST… Ecrire pour moi c’est une manière d’exprimer ce qui a de plus caché et de plus refoulé en moi. Je m’évade par le biais des mots pour rejoindre l’inconnu et pour me chercher. C’est une sorte de quête que j’entreprends, la quête de mon identité. Je cherche également à comprendre tout ce qui m’entoure et à prendre part à la nature. L’écriture me permet d’incarner des personnages que je rêverais d’être comme une chasseuse de vampires ou un médecin plongé dans le passé et entourée d’Highlanders et de m’évader sur des sentiers qui dépassent l’entendement. Mon cosmos particulier qui ne tient qu’à moi et qui par moi prend vie, existe et me permet de me sentir plus forte. « Des mots pour gouverner mon Moi Des mots pour me trouver Des mots pour m’emmener loin du froid Et vers la lumière me transporter. »

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INCIPIT Longtemps je me suis couchée de bonne heure. J’étais alors confiante et sereine car tout allait bien dans ma vie. Mais pas cette fois. J’ai tué. Comment pourrais-je à jamais vivre avec ça sur ma conscience ? Il l’avait bien mérité cette ordure, cette pourriture. Elle aussi ! Il faut que je me calme. Réagis ! N’as-tu pas honte ? Ne te sens-tu pas coupable ? Tu as tué !! Va au diable. Ils l’avaient mérité te dis-je. D’abord mon père et maintenant moi ? Ils nous ont tout volé. On est devenu malheureux et tout est de leur faute. Ils nous ont volé notre vie et maintenant sa fille m’a volé mon mari !!! Elle a payé aussi.. Tu ne vas pas t’en sortir comme ça !! Quelqu’un va découvrir ce que tu as fait, je ne te laisserais pas faire… penses à ton mari !! Mon mari ? Je n’en ai plus depuis qu’il a posé les yeux sur elle ! Et tes enfants ? Mais je n’ai pas d’enfants !! Et si tu en avais, hein ? Il suffit ! Arrête !!! Non !!!!!

Z ACROSTICHE Regarder la vie sous un autre jour Et penser que tout est possible, toujours Vivre avec espoir et ne jamais abandonner En pensant qu’au loin vous serez sauvés. Rendre possible cela à l’aide d’une seule idée :

Z « ETANT DONNE CE MUR, QU’Y A T-IL DERRIERE ? » Derrière ce mur, qu’y a t-il ? Tout ce qu’il n’y a pas devant, c’est évident. Derrière ce mur, qu’y a-t-il ? Une forêt, une ruelle, un garage, un mauvais présage ! Derrière ce mur, qu’y a-t-il ? Un homme, Une femme, un nain, ce serait bien. Derrière ce mur qu’y a-t-il ? Tout, rien, le néant, c’est la fin. Derrière ce mur qu’y a-t-il ? Il y a moi et je t’attends. Une femme qui court à un rythme régulier, des écouteurs sur la tête, elle court, elle court. Un homme lit le journal, il est absorbé. Il détourne les yeux vers la sportive. Elle détourne les yeux de la route. Ils se voient, ils s’interrogent, ils se trouvent. Etant donné ce mur qu’y a t’il derrière ? Le début d’une histoire.

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INVENTER UNE GENESE Au départ, c’était une graine. Petite et sans substance, elle se brisa en deux et fît apparaître une poussière d’étoiles. Au contact de la graine, les étoiles s’amoncelèrent et lorsque la dernière eût rejoint ses comparses, une lumière jaillit de l’intérieur et une femme en sortit, dont le corps était bleu et transparent et recouvert de perles. On l’appela Océane. Elle regarda autour d’elle et vît qu’il n’y avait rien, que seul subsistait un morceau de graine à ses pieds et un autre au-dessus de sa tête. Alors elle se mît à pleurer. De ses larmes jaillirent un homme aux cheveux roux et à la peau d’or, si bien qu’il ressemblait à du feu vivant. On le nomma Béryllon. Alors Océane examina son ami. Intrigué par sa couleur si différente de la sienne, Béryllon la regarda et lui dit : « N’aies pas peur de moi, je ne suis pas comme toi – certes- mais cela ne veut rien dire. Fais-moi confiance. » Elle le prît par la main, et à son contact, une étrange alchimie de produisît : de la fumée s’évapora des deux corps. Leurs âmes tournèrent autour des deux enveloppes pour enfin former un tourbillon, union de l’eau et du feu. Cette danse des éléments provoqua par sa puissance, l’éclat en milles morceaux de la surface de la graine. Des gouttes d’eau se mirent alors à pleuvoir pour créer la flore. Le tourbillon cessa et les âmes reprirent leurs places d’origine. Océane arracha une perle de son corps et lui chuchota : « Va, étends-toi sur de longues distances et maintiens la vie. Tu seras la source inépuisable de l’existence : je te nomme Eau. » Beryllon prît une mèche de ses cheveux roux et la brisa en deux. Il en offrît une moitié à son amie. La mèche se transforma en une boule blanche puis s’éclaircit au fur et a mesure : le soleil et la lune furent crées. Puis Océane et Béryllon se prirent la main d’où jaillirent des dizaines d’animaux de toutes sortes : animaux des mers, des terres et des airs. Enfin, à bout de leur énergie, ils puisèrent dans leurs Vrils, leurs forces intérieures pour aguerrir leur esprit et se sauvegarder. Ils perdirent alors leur aspect divin et leur pouvoir, pour se retrouver vêtus de feuilles de laurier : on les nomma êtres humains par opposition à leurs passés divins.

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POEME SUR LE CHAOS PAR METAPHORE Oh Ombre noire qui parcourt la terre, pour quoi faire ? Tu cris, tu hurles, tu entoures le monde de tes serres. Ce cri assourdissant, cette vision infâme, Engloutit ma pensée et triomphe sur mon âme. Une seule échappatoire pour pouvoir respirer, Cesser cette musique et la faire enfermer. Mais plus que jamais tu reviens dans cette vie, Il est temps pour nous tous d’en payer le prix.

Z INVENTION A PARTIR D’ELEMENTS PRECIS Lieu : le toit d’un bâtiment Personnage : une sirène Objet : une paire de ciseaux Moment : le XIXème siècle C’était une nuit vers 19h19, à l’heure où Chantille devait prendre le souper. Elle n’avait certes que dix-huit années mais elle savait déjà tout des bonnes manières et de la bonne conduite à avoir lorsque son père recevait des invités. Son père, Lord Avery, était un homme respectable et de bonne fortune qui gagnait son commerce à éditer des pamphlets et des lettres de courtoisie dans son imprimerie Avery et fils. Bien sûr, l’on peut s’en douter, il avait un fils, Harold. Monsieur Avery avait toujours eu une certaine préférence pour son fiston et Chantille le sentait bien. Ainsi passait-elle le plus clair de son temps à tenter de plaire à son père, à éviter toutes faiblesses qui tâcheraient la réputation de son père. Cette nuit, Chantille fut prise d’une fièvre subite. A l’heure du souper, elle envoya Nicole, sa gouvernante, prévenir son père de son état et par-là de son incapacité à assister au souper. Elle s’endormît presque aussitôt, dans son lit, confortablement installée avec son oreiller en plumes d’oie. « Songes, songes, venez à moi », disait-elle. Elle ferma les yeux et reposa dans les bras d’Orphée. Une sirène nageait vers elle, des ciseaux à la main. Elle la brandissait comme s’il s’agissait d’un objet précieux renfermant un message vital. Puis, le trou noir où Chantille s’enfonça de plus en plus, incapable de se débattre et cette douleur, une douleur cinglante et aigue. Chantille se réveilla en sursaut, les larmes aux yeux. Elle était en sueur. Elle ne se rendît pas immédiatement compte de l’endroit où elle était et, affolée, se mît à crier de toutes ses forces. Nicole arriva à grands pas dans la chambre et en la voyant, se mit à gesticuler telle une possédée en proie à des hallucinations. Chantille bondit sur elle 10


et essaya de la calmer. Elle ne comprenait pas pourquoi sa gouvernante s’était mise dans un tel état. Puis se retournant vers la coiffeuse, au coin de la chambre, elle constata l’état de ses cheveux. Elle qui avait les plus beaux cheveux, couleur ambre, aux boucles parfaites, il n’en restait plus rien si ce n’est un semblant de coupe au carré dissymétrique. Alors elle se remémora le cauchemar, la sirène, la paire de ciseaux…. Mais elle réfuta cette idée, la jugeant impossible. Son père interrompit ses pensées. Il la vit et, horrifié, prit un air déterminé : « Chantille, par tous les saints, comment avez-vous pu mon enfant ? Vouloir attirer l’attention de la sorte est indigne de vous jeune fille ! Vous serez punie comme il se le doit. - Père, je vais vous… - Plus un mot ! Il suffit ! Recouchez-vous, nous en rediscuterons demain, calmement. Je reçois le duc de Northampshire par tous les diables ! » Il s’en alla alors, en claquant la porte, suivi de Nicole encore sous le choc. Chantille resta un moment inerte, à repasser tous les évènements dans sa tête. Puis, se remémorant son rêve, elle se souvînt d’une marque sur le front de la sirène. C’était une sorte de demi-lune, gravée sur sa peau. C’était également la marque de fabrique des imprimeries de son père, une sorte de signature que son père attachait à chacune de ses publications. La réponse devait, d’une façon ou d’une autre, se trouver dans l’imprimerie. Elle se dirigea alors sur le toit, autre accès vers l’imprimerie. En entrant, elle vit quelque chose de bleu et étincelant tomba du plafond. « De plus en plus bizarre », se dit-elle. C’était une sorte de clé en forme de demi-lune comme la marque de la sirène. Chantille regarda cet objet curieux et en l’examinant attentivement découvrît un minuscule bouton en forme d’étoile. Elle appuya fortement sur celui-ci et vît alors tout autour d’elle e transformer progressivement en une sorte de clairière, baignée de lumière. Elle ressentît alors un léger picotement puis commença à avoir froid. Tout à coup, elle se sentit comme happée et se retrouva au fond d’un lac. Alors, la sirène apparût, belle comme le jour, diabolique comme la nuit. Ses yeux étincelants avaient quelque chose d’attrayant et d’effrayant à la fois. Plus elle s’approchait, plus son visage paraissait familier. « Bonjour ma douce Chantille, cela faisait longtemps !! Enfin te voilà… - Mère ? »

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INCANTATION

Elle s’avança, larmoyante, vers le placard elle l’ouvrit et frémit au grincement aigu que son geste suscita. Il était là, posé à la verticale, renfermant les secrets inimaginables qui lui permettraient enfin d’être heureuse. Elle le prît délicatement et la couverture, fragile et de couleur bois, lui parut souple et chaude à son contact : quelqu’un venait de l’utiliser d’autant que les quelques tâches visibles d’encre et de bougie signalaient que le grimoire avait été utilisé à maintes reprises ; elle l’ouvrit et lu à haute voix : « secrets de la famille MacKenzie ». Le sommaire avait été écrit de la plus habile et fine main, celle de sa grand-mère Jenna. Elle le parcourut de son index soigné pour enfin s’arrêter sur ce à quoi elle tendait : « Comment vaincre la maladie » : « Hermès, par l’impossible et l’inexplicable je t’en conjure Lave Jenna de cet infâme parjure Pour le salut des MacKenzie et de sa famille Viens en aide à celle pour qui j’aspire La plus profonde et grande sympathie Mais qui est devenue pâle et sans sourire. Baigne la de ton vin subtil Pour effacer de cette âme fragile La douleur, la souffrance et la peine Et pour qu’enfin la joie revienne. Je t’invoque Hermès, par la douceur, la chaleur et le froid Entends-moi. » Et elle lût l’incantation à deux reprises comme il était indiqué dans le manuscrit. Elle le referma et le replaça l’endroit exact où elle l’avait trouvé. Elle se rendît dans sa chambre avec dans l’espoir que la magie opèrerait. Puis elle vit au creux de sa main une image se profiler, 2 serpents s’entrelaçaient. Elle sourit alors et se rassura : ça avait marché.

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L’EXTENSION

Il faut dormir debout une hache à la main.  Il faut [ et il serait profitable de] dormir [ allongé sur son lit plutôt que ] debout, [ car on pourrait être identifié à ] une [minable] hache [livide et vitreuse qu’un enfant aurait pu dessiner] à la main.  Il faut [ toujours et c’est une fatalité] dormir [ allongé sur son lit, les yeux fermés et la lumière éteinte plutôt que] debout, [ les yeux mi-clos et la lumière allumée munie d’] une [fausse] hache [de chez Darty, ressemblant] à la main. On a toujours besoin d’un plus petit que soi.  On a [un peu, beaucoup, à la folie et] toujours [bien sûr] besoin [incessamment] d’un [ami] plus petit [ et plus stable] que soi [même].

Z TEXTES SUR MON THEME : LES ETRES DES TENEBRES Les ténèbres m’engloutissent et je les vois, V ioleur d’âmes et de vies Qui me sauvent et de surcroît, Aspirant toute ma folie, Offrent la terre et l’univers. Monstres attirants et tentants Ils me consument, me rendent fière Par leur forme et par leur rang, Ils me font mienne, ils me font reine ! Illuminant mon existence, Ils me font mille faveurs. Ressuscitant mon insolence Toujours enfouie sous quelques pleurs, Et ravivant mes désirs, Ils m’immunisent contre la peur Simplifiant mon avenir.

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Sur Les Loups Garous : Des hurlements ? Je vous entend ! Allez vous-en je vous en prie ! Je sens la forêt : Je la sens me dévorer. Je perds la vie, Je suis damnée. Mon corps s’emballe, Lycan ! animal ! Ta morsure féconde Est plus que profonde Et la lune est ronde ?! Je sens l’odeur du sang ? Fuyez tant qu’il est encore temps !

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Sur les sorcières : (1614, Silverhughes) Elle était violée, bafouée, humiliée et exposée comme un morceau de viande. Elle aurait vraiment voulu pouvoir les liquéfier sur place. Son corps transpirait à grosses gouttes. Elle les observa attentivement, un à un, elle les reconnut : celui-là à droite, elle l’avait un jour aidé à soigner son bétail et celui-ci à gauche, il l’avait vu grandir, il n’aurait jamais dû douter d’elle, lui son père. Elle dirigea alors son regard embué de larmes vers la forêt, au loin. Elle l’appelait, l’implorait de lui venir en aide. Cet endroit paisible et secret lui murmurait ses pensées. Soudain elle ressentit la morsure de la bête de feu, elle ne succomberait pas, jamais. Elle voulait tellement avoir ces pouvoirs qu’on lui attribuait à tort et qui la rendait dangereuse, particulière : « Sorcière ! », criaient-ils. Son poignet gauche lui faisait atrocement mal, elle s’en servait pour pratiquement toutes les tâches de la maison et pour écrire. « La main du diable », c’est comme ça qu’ils l’appelaient. La douleur se fit plus intense et l’odeur de chair brûlée commença à se dégager du lieu du crime. Les gens s’éloignèrent automatiquement du bûcher pour éviter cette odeur. Tout à coup, le tonnerre se mit à vrombir, les nuages s’amassèrent au-dessus de Beltany. Le sol se mit à trembler, rugir comme une lionne protégeant ses petits. Les villageois s’enfuirent à la hâte mais seul demeura le prêtre. Il voulait la voir punie, cette infâme, maîtresse du malin. Un éclair traversa alors la forêt, sa luminosité fût si éclatante qu’elle aveugla un court instant l’homme en noir. Lorsqu’il recouvrit la vue, il cria comme un diable. 14


(2014, Silverhughes) Maerten déambulait depuis des heures dans la rue de son enfance. Il y avait toujours plein de monde, c’était entre autres à cause du passé historique de la ville. On y avait brûlé le plus grand nombre de sorcières dans toute l’Angleterre, ce qui attirait souvent les touristes. Maerten avait été très influencée par cet héritage historique, elle en était venue à se passionner pour les sciences occultes, au grand dam de ses parents. Ce jour-là, elle décida d’aller se promener dans le parc. C’était autrefois une immense forêt, elle l’avait souvent constaté dans ses manuels d’histoire mais la modernisation et l’évolution des technologies et des transports l’avait réduite à un simple parc naturel. Elle adorait s’y promener, tout y était si calme et si serein. C’était comme son refuge secret. Des eucalyptus occupaient presque la totalité du parc cet se regroupaient autour d’un lac d’où de détachaient des centaines de fleurs tels les boutons d’or ou des pensées sauvages. Cette succession de jaune et de bleu d’une perfection éblouissait Maerten. Elle s’assit sur un banc pour contempler le lac quand tout-à-coup un détail détonna avec ce tableau de tous les jours. L’eau bouillonnait. Elle bouillonna, encore et encore de plus en plus fort. Maerten était trempée, on se serait cru dans un sauna. Mais sa curiosité la clouait au sol, elle n’arrivait pas à détacher ses yeux de la scène. Puis, elle vit une silhouette émerger du geyser improvisé. Maerten en eût le souffle coupé.

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GLOSSOLALIE Sesili Samedi Samou Rasima Lasi Manalou Gogorama Ack’ll ohou ! (Nap Nap)Gi Maraba chelou ! Zaps’ Rasima Aragakou. Kes’ Kosuma Galamanou Powa Pasta Paralalou (Nap Nap)Lu Humon Basalou. Humon Huro Sili Satou Assil ! Assil ! Humon Zaps’ Dou.

Sesili = Toi ; Samedi = Saturne (cf. Saturday); Samou = le verbe entrer (tous les verbes se terminent par [u]) Rasima = la peur (tous les noms communs se terminent par la finale [a]) ; Lasi = lui ; Manalou = masquer Gogorama = le monstre ; ack’ll = ici ; ohou = habiter (Nap nap) = formule qui indique la répétition soit d’un verbe soit d’un nom commun (ici répétition de « gi » = venir) ; Maraba = marabout ; Chelou = adjectif étrange Zaps’ aragakou = vb effacer à l’impératif Kes’ = formule d’insistance ; kosuma = cosmos ; galamanou = submerger Powa = pouvoir ; pasta = bête ; paralalou = paralyser (Nap Nap)Lu = répétition de « lu » = libre ; Humon = nous ; basalou = vb être Huro = héros ; sili = te (pronom personnel COD) ; satou = devenir Assil = pitié ; Zaps’ Dou = aider à l’impératif.

Traduction : Toi qui entre en Saturne Masque lui ta peur Le monstre réside ici ! Viens, viens, étrange marabout, Efface lui sa peur. Que le Cosmos te submerge Et paralyse cette bête de ce pouvoir. Libre, Libre nous serons Et nous te considèrerons comme notre héros. Pitié ! Pitié ! aide-nous.

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Traduction du texte d’Evelyne : Libellule, les ailes libres, Libellule libère la vie ! La lune étincelle et tes ailes, Libellule, embrasse la lune. Vois ! Comme la lune chante son LA.

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REVES D’ANIMAUX -

« Olala, devines quoi Marteau, hier j’ai rêvé. Waouh, Blanc, c’est extraordinaire, t’as rêvé ! Oui bon fais attention, on est peut- être de la même espèce mais c’est moi le plus fort. Désolé… vas-y racontes ! Je me trouvais dans un océan immense qui s’étendait à perte de vue. J’avais tout l’espace que je voulais. Et puis…c’est magique, j’en salive déjà… Quoi ? Quoi ? Une bande de loutres de mer, je te dis pas quel effet ça m’a fait. Et alors ? La suite ? Ben je m’élançais, tel l’animal le plus rapide du monde des mers, balançant mes nageoires à droite et à gauche avec cette désinvolture qui en fait tomber plus d’une, tu sais ? Ouais je sais… héhé… Non, tu ne sais pas ! Grrr Non…je …sais pas, désolé J’étais adroit, je les sentais et je les voyais, j’étais en parfaite osmose avec mes cinq sens et puis.. Tu les as bouffé ??? Non. Je me suis cogné, une saleté de bateau. Je me suis réveillée et leur ai fait une petite frayeur pour le coup. Mouais bien fait pour eux !! Toujours là quand il faut pas ceux-la !! Pour sûr, j’étais affamé en plus tu vois. »

Z « Oh quel rêve Zip !! C’était un très mauvais rêve ! Quoique ça change pas de d’habitude tu sais, mais là, j’ai eu la peur de ma vie. Elles étaient partout ! de toutes les formes et de toutes les tailles. Moi j’étais sorti faire un tour quoi et puis elles se sont attaquées à moi ! Alors j’ai réussi à les éviter mais c’est pas facile tu sais. Et c’est là que se dressa devant moi Tupik. J’ai cru que c’était la fin ! Elle me pschittait de tous les côtés mais j’avais rien fait moi ! Ensuite je me suis réveillée et maman m’a consolé mais bon pas étonnant après qu’on soit encore plus bruyants avec tous ces trucs radioactifs. »

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ECRITURE AUTOMATIQUE Loin de la nuit, c’est froid. Le jour brûle mais sans ça que vais-je faire ? Je ne sais pas ! Temporalité ! La vie, le soir, le jour, la vie, le soir, c’est moi. Un jour je serais quelqu’un. Je peux peut-être chanter mais mieux vaut éviter. Tiens, je vais enseigner, mais je ne sais pas. J’irais aider les gens, j’irais manger. Je suis exténuée. J’ai vu un film qui m’a ému. La vie c’est ça, on pleure toujours et constamment et sans fondement. Ca fait du bien, ça nous étend, c’est décevant aussi parfois. Faut ce contenter de ce qu’on a. MM, chocolat toi que j’aime, tu es mon confident. Je ne sais pas. J’ai toujours cette phrase qui revient constamment, je ne sais rien. Je vaux mieux que ça. Ce matin j’ai eu la peur de ma vie. La peur, c’est une réaction souvent fréquente chez les gens. Moi j’ai toujours eu peur, depuis que je suis petite, mais maintenant ça va mieux. Vivement les vacances. Oh, les objets ont des pensées. Je pense !

Z TEXTES AVEC DES REPLIQUES DE LA JOURNEE

Azadi décrocha le combiné du téléphone. Elle composa le numéro de son père et attendît toute souriante. -

« Allo ? Joyeux anniversaireuuh ! Merci ma chérie, tu vas bien ? Ca va, tu viens manger à la maison ce midi ? Non, les copains m’ont invité au resto, on se verra ce soir ok ? Ok »

Elle raccrocha, attristée à la perspective de devoir manger toute seule. Vers 13h30, elle se prépara pour aller étudier. Elle attendit devant chez elle que son amie la rejoigne car elles partaient toujours ensembles toutes les deux. -

« Salut ! Salut Azadi ! Je suis grippée, je te fais pas la bise. Oui moi aussi. Ben décidément ! Vivement les vacances hein ? Comme tu dis ! On a cours jeudi ? Je ne sais pas, Crois pas… Ah au fait t’as satellite toi non ? Oui pourquoi ? Hier tu as fait QI le grand test ? Oui mais à l’oral, je sais pas combien j’ai eu.

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Moi aussi, je trouve que les questions étaient plus simples que l’année dernière. T’as raison ! Mon dieu !! Quoi ? Elle nous rend les commentaires demain matin. Merde, c’est vrai, pfff vivement la fin ! Comme tu dis ! »

Et elles s’en allèrent au front, préparées au pire.

Z FANTASTIQUE L’homme en gris était de couleur orange, en plastique et maltraité. Il reposait sur la table, accompagnant sa clé, la gardant précieusement. Usé de chaque côté, il avait l’air paisible. Ses deux yeux de rubis étaient tombés, révélant deux cavités sinistres. Mais c’était un objet. Inanimé. La lune se montrait timidement et ses yeux se remplirent d’une substance translucide. Son corps s’agrandît et ses mains remuèrent. Son ombre projetée par l’astre blanc l’effraya : une créature filiforme, impalpable et sans bouche. Il émit un son aigu et fit apparaître les termes « Made in Taiwan » sur le mur de sa chambre. Il reniait son titre de produit de consommation. Il se dégagea de ses chaînes, il venait pour la révolution. Tout le monde la redoutait. Certains n’osaient plus rien acheter de peur de représailles. Elle, elle n’y croyait pas, jusqu’à maintenant. Figée, à la porte de sa chambre, elle avait assisté, impuissante, à la scène. Il l’avait remarqué depuis longtemps et la fixa de ses yeux insondables. Elle n’arrivait pas à détourner le regard et sentit son cœur se ralentir. Il voulait la tuer et elle n’y pouvait rien. Ils arrivaient tous et c’était le premier. La révolution allait commencer et la jeune fille en faisait les frais.

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LA 1ère FOIS QUE JE L’AI VU.. Portrait-charge Assis au premier rang, je l’avais tout de suite remarqué. Il était au premier rang : intelligent ? Il avait des lunettes, posait pleins de questions. C’était un garçon timide, frêle et fragile, rien à voir avec ces magnifiques voyageurs de la porte des étoiles. Il ressemblait à un petit arbuste qui allait s’envoler à la moindre occasion. Un arbuste en pleine croissance. Je ne l’ai pas immédiatement apprécié. Il était très collant, petite ventouse, espèce de sangsue qui voulait s’intégrer. Mais en fin de compte, on avait les mêmes centres d’intérêt. C’était quelqu’un rempli de sagesse, très cultivé : un arbuste intelligent. Il ne traînait qu’avec des filles, dont je faisais partie. Certains se moquaient de lui mais il avait de la répartie. Il était très blagueur. Il n’était pas très viril, pour peu que le terme de virilité soit applicable au lycée. Il n’avait pas de personnalité précise donc en volait ci et là : un arbre nu. Il ne se prenait pas la tête et j’aimais ça. Mais il s’attachait trop à moi et en l’arrêtant j’ai peut-être tout enclenché ou alors était-ce prédéterminé ? Il détestait le sport : et alors. Il adorait le Joey de la série Friends, chacun ses goûts non ? Il idolâtrait Mylène Farmer, moi aussi j’aimais bien ses chansons. Et puis il m’avait aimé, il m’aime encore mais c’ est différent maintenant. J’attendais toujours que tôt ou tard la bête apparaisse, le défigure. Mais elle fût d’une tout autre nature. Il avait les mêmes goûts que moi, dans tous les domaines. Je me rendis alors compte que l’arbuste avait fleuri mais il s’agissait de tout sauf de pétales ordinaires.

Z Métaphore La flore s’étendait à perte de vue, aux quatre coins de la serre. Devant moi se tenait un arbuste à peine né, nu et sans feuilles. La floraison devait être imminente mais c’était au bon vouloir du végétal. Il n’était pas encore prêt. Ses racines étaient immenses et enrichies de plusieurs minéraux. Sa stature était bancale, mi-frêle, mirobuste : il était incomplet. De plus, la couleur de son tronc, d’où se distinguaient deux teintes irrégulières : l’une claire et douce et l’autre plus appuyée, m’informait qu’il était en pleine croissance. Ses branches se distinguaient l’une l’autre, se chevauchant par moment tout en se repoussant. C’était un compagnon apaisant et profondément fascinant. On aurait pu le qualifier d’arbre penseur. Ses nervures s’entrelaçaient, se confondaient pour le singulariser. Soudain une fine pluie baigna la serre, laissant apparaître les toutes premières feuilles de mon ami. Curieusement, celui-ci donna naissance à des fleurs d’un splendide mauve.

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TAROT C’était il y a bien longtemps, à l’époque je n’étais qu’une adolescente. Le monde était en parfait équilibre. Mais depuis quelques temps, une prophétie se murmurait. Le mal allait prendre le contrôle sur le royaume de Celexa. On la surnommait, la prophétie lunaire. Une vague de froid allait s’abattre sur nous, laissant le destin de notre monde aux mains de ceux qu’on appelait les Fauves. J’étais une Nilienne, descendante du Roi Canah, maître de l’astrologie. Mon père se partageait le pouvoir aux côtés de la Reine Leonis, représentante du monde de l’incroyable. Elle était suppléé par un grand magicien, ermite égaré dont l’intelligence allait de pair avec son habileté à la magie. Nous vivions tous en parfaite harmonie, jusqu’au jour où elle arriva. Une jeune fille se présenta au château, nue, un vase à la main. La reine Léonis et mon père la reçurent aussitôt, l’air apeuré. Curieuse, je me faufilai doucement afin d’assister à sa requête. La salle des complaintes était étonnamment vide, mais j’entendis du bruit dans celle des incantations. « J’ai vu le corbeau », déclara la jeune fille. « La prophétie aura bien lieu, ne vous en déplaise. Ce vase en est la preuve, il n’ya plus de couleurs. » J’entendis alors mon père émettre un cri d’effroi. La reine Leonis s’adressa alors à celui-ci : « N’ayez crainte. Nous n’avons jamais rien fait qui puisse enclencher la colère céleste. Cette prophétie n’est qu’un mensonge. », se persuada-t-elle de toutes ses forces. « Et si elle avait bien lieu ? » se risqua mon père. La jeune fille se tourna alors vers lui et lui murmura : « Vous savez ce que vous avez fait. Vous avez transgressé la règle. Payez-en le prix. » S’inclinant à ses pieds, elle pencha le vase d’où se déversa une quantité infinie d’eau qui encercla mon père. « Voyez madame, comme votre allié vous a trahi. » déclara-t-elle calmement. « Voici le puit de la Géhenne, le passage par lequel seul le Diable peut passer. Ce puit est rempli d’eau au contact du Roi. Il l’a donc ouvert et pactisé avec le Malin. Je viens vous punir. Tous. » Tandis que je m’éloignai, je fus prise d’une vision infâme. Je vis apparaître sous mes yeux, une horrible créature, mi-bête mi-femme s’échapper du puit. Elle tenait dans ses mains, notre équilibre, de la main droite le soleil et de la gauche la lune. Ce qui me frappa fut l’étoile gravée sur son front. Tout alors devînt clair dans mon esprit. La prophétie lunaire, le châtiment céleste, la messagère de l’eau et le fléau des étoiles. Au même moment, toute chaleur dans mon corps s’évapora. Je ne ressentis que le froid. Je courus à la fenêtre de ma chambre pour observer le ciel. Quel spectacle ! Il n’y avait plus aucune étoile, et la lune souriait malicieusement tandis que saignait le soleil. Des gouttes de sang or perlaient sur la cité.

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La terre se mît à trembler et le château se brisa en deux. Un vent glacial nous arracha au dernier souffle de l’étoile de feu. J’entendis mon père supplier comme il ne l’avait jamais fait. « Je vous en prie, pardonnez moi. Je l’ai fait par amour ! Comprenez », s’égosillait-il. « Vous nous avez condamné, ignorant ! Traître ! - Elle allait mourir. Pitié, je voulais lui sauver la vie…. C’était quand même ma fille !! » Mon père éclata en sanglot. La reine s’approcha alors de lui et lui murmura quelques paroles qui eurent l’air de le soulager. « Très bien, essayons d’arranger la situation. Tout n’est pas perdu » déclara-t-elle avec force. -

« Nous devons agir avant le Bourreau. Mais quelle forme prendra-t-il ? Je l’ignore. Magicien, toi qui sait tout. Vois si tu ne peux appeler le passeur. Passe donc un compromis avec lui. Madame, ceci est très noble de votre part mais….. Fais-le. Essayons du moins ! »

Elle s’arrêta brusquement. Elle avait ressenti quelque chose d’étrange dans son corps, une forme de vie. Elle observa le Roi Canah et dit : -

« Mon ami, l’as-tu ressenti aussi ? Hélas, je crains que oui. Je…. »

Mon père se mît alors à crier de toutes ses forces, son corps se déchira en deux, accouchant d’un chien au regard vif et à la queue d’or. Le chien céleste, l’un des Fauves. La bataille finale allait commencer et la Reine allait bientôt connaître le même destin. Il ne restait plus que le bourreau. Quant à moi, je ne voulais pas rester là sans rien faire et entrai aussitôt dans la pièce. A cet instant, la messagère qui était restée silencieuse, vînt à ma rencontre. « Tu es la cause de tout cela mais en même temps, la clé, je le vois. Tu es différente. Qui était ta mère ? », demanda-t-elle, intriguée. Je la regardai droit dans les yeux et répondît avec fierté : - « C’était la garante de l’équilibre des cités, la croix divine, la reine des infortunés. - La Papesse », souffla-t-elle alors, admirative. « Cela change toute la donne, vous avez de la chance, pauvres fous. Voyez » Alors, elle entama le même procédé qu’avec mon père, le vase, l’eau. A cet instant, apparurent huit constellations autour de moi. « Il faut absolument que tu ailles rencontrer le bourreau. Tu peux arrêter tout cela avant qu’il ne soit trop tard. Va le retrouver avant qu’il n’arrive dans ce monde »

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Je n’y comprenais rien. Que voulait-elle dire ? Qu’étaient-ce que ces planètes ? Soudain, un rire aigu se fit entendre. Le passeur était déjà là. « Oyey, héhé. Oyez, m’entendez ? Hé, moi je suis un Fou, ne fais que passer. J’ai des ordres, ça fait désordre, ha ha !! Descendez… », clama-t-il sur un ton badin. « Le soleil se disperse Et la lune est perverse Lequel de vous a pêché Bonne prise qu’un crustacé.. » Il chantait cet air à tue-tête. Le magicien s’affaira alors à de nombreux préparatifs. « Donnez-moi votre main, vite », me pressa-t-il. Il prit un coutelas, une coupe et une pièce astrale représentant le symbole de la papauté. Je ne me fis pas prier et lui proposait ma main gauche. Il me coupa délicatement la pauma de la main et fit verser mon sang dans la coupe, tout en plaçant la pièce comme une sorte de filtre. « Maintenant, buvez, vite !! » cria-t-il. Il dirigea alors son regard vers sa maîtresse et s’affala sur le sol. Le vieillard se mît à murmurer « Trop tard » sans arrêt. Je dirigeai alors mon regard vers la reine et découvrit une lionne à la crinière argentée près de mon père ou plutôt du chien. La jeune fille se dirigea vers moi et constata : « Ecoutez les paroles du pendu. Crustacé…. Il s’agit de la forme du bourreau. Votre devoir est maintenant de faire face à votre destin. Le combat aura bien lieu. Vous êtes le seul espoir de votre monde, vos armes seront les Fauves et votre allié, le Magicien. Son arme sera le Fou, et son allié : ce sera moi. Je ne peux y réchapper. » J’étais pétrifiée mais j’avais l’impression d’avoir attendu ce jour toute ma vie. Je me lançai donc vers le lieu fatidique, encadrée de mes animaux et soutenu par un ermite. Nous atteignîmes la cour du palais d’où se détachait la plus grande fontaine du royaume. Un crabe en sortît aussitôt. Il se posta près du passeur. La jeune fille alla à la rencontre de celui-ci. Il déposa son baluchon et en sortit une corde qu’il lança à la messagère. Elle fût aussitôt métamorphosée en un chat d’un pelage aussi blond que le blé. Le passeur se mît alors à chanter : « Le crustacé est arrivé Oyez Oyez âmes damnées Le combat va commencer Elle est en route la destinée.. » Je priai le ciel et me dirigeai vers mon destin.

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ANIMAUX FANTASTIQUES

Je m’approchai de cette magnifique guirlande de fleurs qui gisait dans mon jardin. Comment avait-on pu se débarrasser d’une pareille merveille. Elle n’était certes pas très longue. Mesurant à vue de nez dix centimètres, elle se composait de trois fleurs jaune rouge et bleue, le long d’une tige d’un vert éclatant recouvert d’une sorte de duvet qui ressemblait à s’y méprendre à des petits poils. Intriguée, je m’accroupis et me penchai sur ma trouvaille. A mon grand étonnement, chaque pétale de chaque fleur composait une teinte différente de la couleur d’origine. Je remarquai ensuite une irrégularité à l’extrémité droite de l’objet, comme une sorte de bourgeon. Le soulevant de ma main droite, je fus stupéfaite de rencontrer une paire d’yeux et une minuscule bouche rose. Effrayée, la créature – je ne pouvais plus l’ignorer – roula en boule jusqu’à la première fleur qui s’ouvrit alors pour mettre en évidence une de ses pétales bleues, la plus foncée de toutes. J’y vis apparaître un visage apeuré et triste. J’étais émerveillée par cette nouvelle forme de vie. Constatant que je n’étais pas une menace, elle se mît à faire défiler tous les tons de bleu la rendant moins effrayée pour se tourner vers la fleur jaune et me montrer un visage radieux et amical. Je ne sus que trois semaines plus tard la signification de la fleur rouge, lorsque mon chien revînt, apeuré, après lui avoir arraché un poil. Je l’ai surnommé : « Elegans Flos ».

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ECRITURE A TROIS AVEC DES TAROTS Composition de Shazéda, Vincent et Evelyne Elle se tenait là, assise sur son trône de verre. Sa couronne paraissait bien trop grande, et ses habits beaucoup trop larges. Elle tenait le sceptre royal de la main gauche et l’écusson de son royaume de l’autre côté. Cependant, son regard était dirigé ailleurs. Elle avait l’air peiné et affaiblie. Désintéressée ou préoccupée, elle n’était pas dans son état normal. On avait nommé ce tableau L’Impératrice et les spécialistes cherchaient depuis des siècles les causes de sa souffrance. Certains disaient qu’elle avait été placée au pouvoir bien trop tôt. Dépassée par les évènements, elle n’avait plus goût à rien et dédaignait les loisirs les plus simples comme celui de poser pour un peintre. D’autres disaient qu’elle avait souffert moralement de l’amour excessif de son frère. Elle n’avait pu aimer celui qu’elle chérissait tendrement. Tous s’accordaient cependant à dire que ce tableau fut le dernier de ses portraits et qu’i fut suivi du suicide de la jeune fille. Miguel réfutait avidement cette hypothèse : « Elle ne s’est pas suicidée, c’est impensable », disait-il. Miguel, mon meilleur ami, était un passionné d’art. Il avait découvert ce tableau lors d’une excursion avec son professeur et s’était lié d’affection avec son portrait. Il avait pratiquement une obsession pour la jeune fille. Il voulait à tout prix prouver que la jeune demoiselle n’avait pas mis fin à sa vie. Désireux de prouver au monde entier que les historiens se trompaient, et que la cause de la mort prématurée de la jeune impératrice n’était pas le suicide, mais une cause stupéfiante, effroyable, et, à proprement parlé démente, que le tableau exhibait devant le nez de tous les prétendus spécialistes, mais qu’ils n’avaient pas su voir, il se faisait fort, lui Miguel, Miguel Ignacio San Martin dos Orejas y rabo, de démontrer, preuve à l’appui, sur quels fondements véritables reposaient ses certitudes, et ainsi faire éclater au grand jour la vérité, l’indiscutable vérité ! Quand je demandai à mon ami de me montrer cette preuve, il haussa les épaules et prit un air dédaigneux : peuh ! me dit-il, - et je crus que, le prenant sur ce ton, c’en était fini de notre vieille amitié -, tu voudrais me faire parler oui ! oui ! tu voudrais me dérober la vérité et te servir de ma découverte, oui ! ma découverte, pour te pousser en avant, en t’attribuant des mérites qui ne sont pas les tiens ! oui ! pas les tiens ! Me prendstu pour un imbécile, oui !un imbécile ? Alors que je tentai de lui expliquer que mes intentions étaient honnêtes, il n’en écouta pas davantage et me ferma la porte au nez…Je ne le revis plus pendant des années : c’en était vraiment terminé de notre amitié… Un jour que je flânais dans une librairie du quartier latin, le titre d’un livre que le libraire avait mis en évidence sur un présentoir me frappa, et je crus un instant suffoquer : l’épisode de l’impératrice suicidée, le brusque accès de Miguel, la rupture bête et brutale de notre amitié, bref cette histoire que j’avais fini par oublier depuis tant d’années, me revenait en mémoire : elle était là, pour ainsi dire vivante, sous la forme banale d’un livre comme il y en a tant. Ce livre pourtant, dont je m’étais emparé fébrilement sans même l’ouvrir, que j’avais payé dans une sorte d’emportement dont le libraire s’étonna, je le pressais contre moi et ne consentis à l’ouvrir qu’au fond de la plus bruyante brasserie du boulevard saint germain, lorsque 25


je fus assuré que personne n’irait me chercher là, que personne ne viendrait troubler cette solitude dont j’avais besoin pour accéder enfin, enfin ! au secret que Miguel m’avait, il y a des années, refusé. Sur la couverture, on voyait une reproduction du tableau, et ne nom de Miguel s’étalait au-dessus en lettres rouges ; le titre de l’ouvrage était : L’impératrice et le diable. Avidement, je commençais à lire. Miguel disait de l’impératrice qu’elle avait été retrouvée nue, dans son lit à baldaquin, que sa camériste était passée plusieurs fois dans la chambre pendant la journée et que ce fut à la tombée de la nuit qu’elle décida de réveiller sa maîtresse. Les appartements de l’impératrice étaient plongées dans une atmosphère lunaire, mais la suivante pris peur : si l’impératrice ne s’était pas réveillée, cela ne présageait rien de bon. Elle entrouvrit les rideaux : « Votre majesté, votre majesté ! », murmurat-elle tout en touchant le bras de la jeune femme. Ce faisant, un serpent sortît de dessous les draps de satin. La soubrette cru qu’elle allait s’évanouir pourtant elle réussit à se ressaisir et à prévenir la garde, mais tous conclure à l’époque à l’hypothèse du suicide. Miguel raconte que sur la peinture de l’impératrice, on pouvait voir l’anneau papal aux pieds de son lit. Il explique qu’elle aurait eu une liaison avec cet homme d’Eglise et que pour taire leur agissement, les cardinaux avaient probablement offert à la souveraine une panier de fruits bien empoisonné : celui qu’on a retrouvé près d’elle le jour de sa mort, quant à l’anneau du pape, très peu le connaissait à l’époque. Et le peintre, en le reproduisant, ne savait pas qu’il trahissait un secret bien honteux, un secret qui faisait pâlir la chrétienté.

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Composition d’Evelyne, Shazéda et Vincent Le chef de la caserne siégeait derrière son bureau. Il venait d’enlever son casque. Sa crinière rousse semblait plaquée sur son crâne. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Par cet après-midi de canicule, la chaleur le faisait suffoquer. Il songeait que sa barbe rouge était bien lourde à porter certain jour. Il regardait le téléphone, il savait que cette satanée petite boîte rouge n’allait pas tarder à sonner de multiples alertes. La main gauche posée sur la souris de son macintosh, il tentait en vain de se connecter au site officiel des pompiers de France. Rien à faire, le réseau semblait coupé, à croire que les câbles avaient fondu avec les 45° qui tapaient dur sous le soleil du midi. Commençant sérieusement à s’en prendre au matériel, il se mit à tapoter nerveusement tous les boutons de son clavier. « Merde », cracha-t-il nerveusement. Soudain, une fenêtre s’afficha sur l’écran de son ordinateur. Il se trouvait sur le site du journal « Le Monde ». « Les informations, pfft, rien à faire », marmonna-t-il. Ses doigts semblaient paralysés sur sa souris à cause de l’humidité Il jeta brièvement un coup d’œil à ce site et s’arrêta brutalement sur un article qui datait de deux semaines : « L’ange diabolique a encore frappé : Hier après midi, vers 16h00, la police a retrouvé une jeune femme dévêtue, gisant dans un fossé. Elle avait été ligotée à l’aide d’un foulard rouge et noir. La pauvre femme semble avoir été mordue à plusieurs reprises par ce qui semblerait être un lion d’Afrique, selon le rapport du médecin légiste. Les autorités semblent être totalement désemparées, ne sachant par où commencer. Une chose est sûre, le responsable de cet acte a laissé sa signature : une croix marquée au fer rouge et l’inscription « Phœnix qui renaît de ses cendre, moi, j’accomplis la volonté divine et éradique le mauvais bétail. »Nous n’en savons pas plus à ce jour mais l’enquête poursuit son cours .» Le chef de la caserne relisait l’article depuis plus de deux heures. Il se leva enfin et se dirigea vers la salle de bain. Pris de nausée, il vomit de toutes ses forces avant de se rafraîchir le visage. Il s’observa nerveusement dans la glace et souleva son haut d’uniforme. Sur son ventre était présente la même inscription. Lui seul avait eu connaissance de cette citation que lui récitait incessamment son père. Lui et…son frère. Il raisonna : si ce n’est pas moi qui ai commis ce crime affreux, alors, ce ne peut-être que mon frère ! Cette pensée le bouleversait. Malgré lui, il faisait un effort pour la chasser, mais il ne pouvait la récuser : implacable, elle revenait toujours : mon frère ! mon frère Léon !un assassin ! un monstrueux assassin !les mains crispées sur la souris, devant l’écran où défilaient maintenant des signes inintelligibles, il cédait à l’horrible certitude (et à la chaleur) : mon frère ! mon frère ! un assassin, un monstrueux assassin. Combien de temps resta-t-il face à l’écran, ruisselant de sueur, les yeux exorbités ? Lorsqu’il revint à lui, deux jours entiers s’étaient écoulés. Il se leva de son siège et faillit s’effondrer sur la moquette…

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hagard, il se dirigea vers la cuisine, puis ouvrit la porte du frigo. Une bouffée de fraîcheur s’exhala du frigo, mais, par cette canicule, ce n’était presque rien, comme si on avait lancé un glaçon dans les fournaises de l’enfer par dessus le mur du paradis…Il prit dans le frigo une bouteille de gros rouge, de la marque l’Etoile, dont la célèbre étiquette montre une blondasse en train de faire ses sales ablutions au bord d’un ruisseau douteux. Il regarda longuement la figure sur l’étiquette, et se souvint de deux choses : a) que cette figure ressemblait à la victime de l’ange diabolique, b) que son frère Léon avait l’habitude, comme lui, de boire du vin de cette même marque. Il raisonna : si mon frère a tué cette fille, c’est qu’elle lui rappelait trop ce vin qu’il n’a jamais supporté car il lui donne des aigreurs d’estomac. Après quelques lampes de rouge glacé il n’était plus sûr de rien, quelques lampées supplémentaires lui ôtèrent tout souci, une autre lui rendit sa bonne humeur et il finit par s’endormir sur le carrelage de la cuisine, la bouche ouverte, un filet de bave aux commissures.

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Composition de Vincent, Evelyne et Shazéda Rhadamanthe a un visage si fin qu’on dirait une femme : de sous la couronne éclatante, les cheveux descendent sur la nuque en volutes d’or pâle, pendant que tout le corps est tiré vers le ciel par un fil invisible fixé sur le front, entre deux sourcils haut levés, signe indiscutable d’une noble naissance. Le juge suprême des âmes paraît songeur, comme en attente de quelque inspiration, et tout l’Hadès, dont les ombres agitées m’avaient poussé jusqu’à cette place incommode depuis le bivouac du Léthé, semblait apaisé, suspendu à son silence , comme lui à l’équilibre de son épée et de sa balance. Je retiens mon souffle. J’écoute, venues des fonds les plus reculés de la nuit infernale, les voix des âmes qui, après avoir choisi leur lot, gémissent au bord de l’abîme. Bientôt je me joindrai à elles. Une odeur de souffre me souffle sa venue imminente. L’atmosphère est étouffante et pourtant mon corps est figé dans le glacial étau de l’effroi. Des douleurs aiguës endolorissent mes membres, une paralysie inquiétante semble m’avoir enraciné à la terre. Je sais qu’elle vient me chercher, je sais qu’elle ne me laissera aucun choix. J’entends le grincement terrible du métal sur le macadam, des milliers de damnés hurlent leur souffrance depuis des siècles. Mais leurs cris ne se taisent pas, ils m’hypnotisent et j’avance maintenant vers la dame blanche. Ses orbites reflètent la noirceur des enfers et pourtant sa dépouille filiforme fait danser l’ivoire des ses os dans une joie fluorescente trompeuse. Elle traîne derrière elle un long manche rouge. Sa lame crée de jolies étincelles derrière la mort, mais le bruit qu’elle fait est de plus en plus insupportable. La faucheuse est arrivée à ma hauteur, le silence est revenu, elle tient au niveau de ma gorge sa griffe infernale, elle l’écarte de ma chair avant de prendre son élan. Le temps s’arrête enfin et je perçois ma propre chaleur s’évanouir dans le souffle des ténèbres. Mon corps me paraît étranger et inconvenant. Je m’y échappe et recherche la voie du salut. Elle est toujours là, aiguillant mes cinq sens tel le parfum invisible dans l’infini des secrets. Elle me montre la voie, me chasse de plein droit. Je ne veux m’arracher à son étreinte brutale. Je m’engouffre, cependant, dans l’inconnu et quitte mon amante obscure. Le noir s’éclaircit, la lumière s’obscurcit. Au cœur de ces ténèbres, j’erre, solitaire, supportant le poids de mon âme tel un bagage sans fin et cherchant mon repos, pendant que chante mon écho.

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