ELLE Suisse 3662 - dossier spécial Hommes

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interview

Barbara Polla: «Les hommes, les vrais: le grand retour?» Avec ses deux essais, Les hommes, ce qui les rend beaux et Tout à fait homme, la Genevoise Barbara Polla est une observatrice attentive des hommes. Interview. QU’EST-CE QUI VOUS FASCINE CHEZ LES HOMMES?

Le fait qu’ils soient différents de moi. Fondamentalement différents. Et qu’ils peuplent mon monde, pour moitié. Je connais les femmes, de l’intérieur. Les hommes restent un territoire inconnu. Et, pourtant, j’en ai beaucoup fréquenté! J’ai deux frères, pas de sœur; j’ai passé mes années cruciales, entre 14 et 19 ans, dans un collège de garçons où nous étions trois filles pour 400 garçons; j’ai beaucoup travaillé à l’université, en politique, un peu dans l’entreprise, trois mondes à prépondérance encore masculine. J’ai beaucoup observé les hommes, j’ai écrit sur eux, en effet, mais je commence à peine à comprendre certains éléments de leur fonctionnement. Il est vrai aussi que je suis quelqu’un de très fidèle et que je n’en ai connu que quelques-uns au sens biblique du terme – et je dois donc satisfaire ma curiosité toujours en éveil par d’autres approches… LES STÉRÉOTYPES FÉMININS ONT LA VIE DURE. QU’EN EST-IL DE CEUX LIÉS AUX HOMMES?

Encore et toujours, les hommes se doivent d’être «virils». Faire preuve d’une certaine douceur envers les femmes, tout en gardant une distance bien définie. Et, surtout, ils doivent «réussir» – oui, cela perdure aujourd’hui encore –, gagner de l’argent, gravir les échelons de la hiérarchie sociale et acquérir du pouvoir pour subvenir aux besoins de leur femme et de leurs enfants. AVEZ-VOUS LE SENTIMENT QUE LES HOMMES EN SOUFFRENT?

Pas sur le moment, non, je ne crois pas. Mais après quelques années, oui, quand ils se posent la question «mais qu’ai-je donc fait de ma vie?». Alors ils remettent en cause les stéréotypes de réussite qui ont guidé leurs pas sans qu’ils ne s’en soient vraiment rendu compte. «Que voulais-je dire par réussir ma vie?» En général, ce type de questionnement se concrétise par une remise en cause du couple, ce qui n’est pas étonnant car le couple décuple les stéréotypes des uns et des autres de manière exponentielle. Parfois cette prise de conscience change radicalement la perspective de vie des hommes, mais, le plus souvent, vite ils recommencent: on prend une nouvelle compagne et on réitère le passé. PENSEZ-VOUS QUE NOUS ALLONS VERS UN MODÈLE UNISEXE?

La question du genre est très intéressante. Non, je ne pense pas «unisexe», je vois plutôt un flottement, la possibilité VIII

d’être l’un et l’autre, un troisième genre, sous forme d’«intersexualité» – une possibilité intégrée dans la loi par l’Allemagne en 2013. Aux Etats-Unis, il existe à l’heure actuelle un mouvement en faveur de cette indétermination. Il s’agit d’inclure, non d’exclure. «Je ne veux pas être une fille, mais, non, je ne veux pas être un garçon – l’un et/ou l’autre, selon les cas», m’expliquait récemment une © Julie Borde jeune New-Yorkaise de dix ans. Une double réponse peut-être à l’utilisation sans limite du genre par un capitalisme qui vise à le définir par des achats spécifiques et à l’hypersexualisation qui se fait jour en ce moment au Moyen-Orient, où les différences entre hommes et femmes sont poussées à l’extrême, violence aidant. QUEL EST VOTRE HOMME IDÉAL?

Je n’ai pas d’homme idéal parce qu’avoir un «homme idéal» ce serait encore créer un stéréotype, mon stéréotype personnel. Je préfère me laisser surprendre, découvrir l’homme non pas idéal mais intéressant, surprenant, plein de défauts forcément. Il est un défaut cependant que les Hommes – les humains – ne peuvent pas avoir: le mépris des autres. L’Homme idéal ne méprise rien de ce qui est humain. DANS TOUT À FAIT HOMME, VOUS ABORDIEZ LE SUJET DU DÉSIR MASCULIN. CELUI-CI A-T-IL ÉVOLUÉ?

Le désir est essentiel à la masculinité. En sous-titre du livre que vous citez, il y a cette phrase magnifique qu’un homme m’a dite: «Le bonheur, c’est le désir.» Pas forcément la jouissance, mais le désir! L’élan, le mouvement, la pulsion de vie. Souvent, les femmes cherchent à brider ce désir chez «leurs» hommes, ou en tout cas à le canaliser sur elles, sur elles seules. Il s’agit là d’un pari impossible, car la seule manière de le gagner est d’éteindre le désir. À FORCE D’ÊTRE SOMMÉ DE LAISSER PARLER SA PART FÉMININE, L’HOMME SE SENT-IL AUJOURD’HUI FRAGILISÉ OU DÉVIRILISÉ?

Les hommes qui m’entourent ne pensent pas (plus?) être sommés de laisser parler leur part féminine. Ils ressentent même plutôt le contraire: sommés d’être hommes. Les hommes, les vrais: le grand retour? Propos recueillis par ODILE HABEL



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mode

Mango Homme, printemps-été 2016.

Hermès Homme, printemps-été 2016.

Bomber, sportswear et lin, le trio de l’été En pantalon et chemise beige ou en imprimé aux couleurs vibrantes, la garde-robe masculine est largement dominée par le thème du voyage. Cet été, le sportswear s’invite également en ville et la veste fait son retour. L’homme, ce grand aventurier! Dans les sables du désert ou sur le bitume de la ville, l’esprit du voyage domine la garde-robe masculine avec des couleurs neutres, notamment du beige décliné dans différentes nuances, et des matériaux naturels comme le lin. Entre veste à col mao et saharienne, le trench, long, se taille la part du lion, complice incontournable ce printemps. A l’opposé de cette tendance sobre et discrète, des imprimés végétaux, animaliers ou aux motifs exotiques souvent inspirés de l’Asie font leur apparition dans une palette de teintes vibrantes. Le style sportswear chic et urbain est aussi de la partie avec des vêtements aux coupes fluides et quelques pièces

P aul Smith Homme, printemps-été 2016.

© speedking4@me.com

B runello Cucinelli Homme, printemps-été 2016.

Gant Homme, printemps-été 2016.

© Mathias Nordgren

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L ouis Vuitton Homme, printemps-été 2016.

© Louis Vuitton Malletier

empruntées au vestiaire sportif comme le bomber, mis à la mode par les images des pilotes de chasse et d’hélicoptère américains pendant la guerre du Viêt Nam. Il se présente dans un nylon technique, en lin, satiné ou même brodé. Si l’on n’assume pas le côté bad boy stylé du bomber, on peut l’adopter dans une interprétation sobre et l’associer à un jean brut, un polo ou un t-shirt. Plus urbaine, la veste se fait légère avec une coupe droite. L’accent est mis sur les détails avec, par exemple, des poches zippées ou profondes, clin d’œil à celles des salopettes. La veste se décline en cuir ou en suède. Enfin, pour affronter la météo de l’été, les t-shirts abandonnent leurs manches, laissant les épaules nues. CAROLINE BAUD



beauté

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Les beaux mâles! Botox, épilation, crèmes visage, manucure… L’homme se fait beau. De plus en plus même, à en juger par la multiplication des lignes de cosmétiques et la mise en place de soins spécialement dédiés aux hommes dans les spas. L’époque où l’homme pouvait afficher en toute impunité des kilos en trop, un torse poilu et une peau fatiguée est définitivement révolue. Les diktats de la beauté n’épargnent plus les hommes, même si la représentation que l’on a d’un mâle sexy n’est pas la même aux Etats-Unis qu’en Corée, pays champion de la chirurgie esthétique autant féminine que masculine. En 2015, un sondage du site BuzzFeed révélait que l’Américain se rêve avec un corps musclé et tonique, très bucheron urbain viril, barbu et blanc, tandis qu’en Inde, l’homme préfère miser sur son teint à grand renfort de crèmes éclaircissantes. En Turquie, les femmes ont une nette préférence pour les hommes imberbes. Du reste, l’épilation est l’un des soins les plus demandés dans le pays. Dans une économie déprimée, la beauté au masculin représente un fantastique marché puisqu’entre 2012 et 2014, la vente de produits de beauté a augmenté de près de 70%. Les soins de la peau représentaient à eux seuls un revenu de trois milliards d’euros en 2013, soit un peu moins de 5% du marché mondial, estimé à 72,4 milliards d’euros. Selon l’institut français d’analyse indépendant Technavio, le marché des shampoings, soins et gels capillaires affiche une santé enviable. Le secteur devrait enregistrer une croissance annuelle de 3% entre 2016 et 2019. En 2014, les shampoings représentaient 34% du marché et ils devraient atteindre une valeur de marché de 28 milliards de dollars en 2019. Si le mâle assume aujourd’hui son envie d’être beau – et ne vole plus la crème antirides de sa compagne –, il aime cependant donner à sa démarche une caution scientifique,

privilégiant les soins dermocosmétiques et les formules à base d’ingrédients naturels ou bio. Pas de packagings élaborés – du simple et pratique – et pas de textures grasses. Tout est dit. Si les noms font dans l’humour, comme l’avait fait la marque Nickel en son temps, c’est un plus, sinon tant pis. En Suisse, en parallèle des grands noms comme Clarins, Biotherm, Clinique ou encore L’Oréal, la nouvelle marque helvétique Eva.J séduit les hommes avec ses soins généreusement concentrés en extraits naturels. L’approche de Eva Johnston, la fondatrice de la marque, repose sur une démarche originale puisque l’idée de base est de «traiter un instant de vie, parce que la peau réagit en fonction de l’état d’esprit, de la manière de vivre et de notre façon de réagir face à ce qui nous entoure», comme elle le résume. Le résultat: 27 références aux formules pointues et dont les senteurs participent au bien-être. Autre grande tendance, les soins en institut avec l’épilation qui se classe en première position. Les techniques sont nombreuses – cire, lumière pulsée… –, mais la plus efficace reste le laser, rapide et efficace. La variété et la spécificité des lasers utilisés permettent d’épiler avec succès tout type de peau, quelle que soit sa couleur. Côté spas, la carte masculine met l’accent sur les massages, notamment du dos, et des soins visage, défatiguants et énergisants par exemple. CAROLINE BAUD

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automobile

Le Model S de chez Tesla. © James Lipman / jameslipman.com

Demain, la voiture sans conducteur Les SUV et 4x4 restent des valeurs sûres, de même que les véhicules hybrides/électriques. Parallèlement, les voitures sans conducteur, prévues à l’horizon 2030, s’apprêtent à révolutionner le secteur. Une nouvelle tendance semble s’imposer chez les grands constructeurs automobiles. A la manière des iconiques poupées russes, ils sont devenus spécialistes dans la déclinaison de leurs modèles tout en conservant l’ADN de la marque et en offrant des variantes de dimensions différentes. A tel point qu’on en arrive parfois à confondre les modèles tant ils sont similaires. Cependant, force est d’admettre que cette technique permet aux acheteurs de trouver le véhicule qui leur convient, même si elle est bien évidemment étroitement liée à des considérations rationnelles de production et financières. Les SUV et 4x4 occupent une place prépondérante dans les gammes des constructeurs, car la demande est toujours très forte et aucun ne peut se permettre aujourd’hui de ne pas proposer ce type de configuration. Le downsizing des motorisations et l’offre de véhicules hybrides/électriques sont également en vogue. Pour parvenir à respecter les normes antipollution de plus en plus strictes, les moteurs turbo remplacent peu à peu

Le cabriolet Range Rover Evoque.

© Raphael FAUX / Gstaadphotography.com

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les moteurs atmosphériques. Cette évolution présente des avantages, comme un accroissement de puissance tout en réduisant la taille du moteur, mais aussi le désagrément d’enlever du caractère à certains modèles exclusifs. De quoi faire perdre une grande partie de son âme à une marque. Des modèles tels que les 911 de chez Porsche et les 488 de chez Ferrari pourraient être touchés par ce phénomène. Les sons émis par les moteurs qui atteignaient des régimes himalayens ne seront peut-être bientôt plus qu’un vieux souvenir. L’autre tendance qui se dessine aujourd’hui pour un avenir proche, estimé à 2030, concerne les véhicules sans conducteur. Les voitures autonomes pourront se garer toutes seules dans des parkings spécifiques où elles prendront moins de place. Les montres connectées permettront d’interagir avec le véhicule, le taux d’accidents devrait baisser et les conducteurs pourront utiliser le temps de conduite pour d’autres activités. Par exemple, surfer sur le Net tout en se laissant glisser sur la route. Tesla a récemment fait le buzz en introduisant à bord du Model S un système d’autopilotage. Ce dernier utilise un radar, des caméras et une série de capteurs permettant de contrôler automatiquement la direction du véhicule. D’autres marques proposent également ce type de système qui va sans doute se démocratiser dans les gammes inférieures. Au dernier salon de Los Angeles, Land Rover a présenté le Range Rover Evoque décapotable qui est le cabriolet le plus habile au monde. En fait, cette voiture est bien un SUV «décapsulé» qui représente une première dans le domaine. Préfigure-t-elle une nouvelle tendance? Ce n’est pas impossible puisqu’il semble que les études de marché soient suffisamment positives pour justifier sa création. Le 86e Salon de l’automobile de Genève, qui ouvrira ses portes du 3 au 13 mars 2016, permettra d’en savoir plus sur les dernières nouveautés, toujours très riches en début d’année. JEAN-PIERRE SCHNEGG




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