FANZINE d'Avril !

Page 1

Pour aller au delà des films, nous vous proposons ce fanzine avec des critiques réalisées par des passionnés bénévoles, ainsi que des conseils de libraires belfortains en lien avec les films...

AVRIL

19

N°2 | cinemasdaujourdhui.com | 03 70 04 80 90

4 soirées

À

PARTIR

2 ciné-goûters

DU

03

14 films

LES RENDEZ-VOUS

L'Amour debout, de M. Dacheux Les Étendues imaginaires, de Siew Hua Yeo

À

PARTIR

DU

MER. 3 AVRIL

À 20H15

CINÉ RENCONTRE L'Amour debout, en présence du réalisateur

10

« Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares », de Radu Jude Synonymes, de Nadav Lapid

MAR. 9 AVRIL À 20H15

CINÉ-CLUB ÉTUDIANT 90's, de Jonah Hill démo skate + quizz + animations

Le Cochon, le renard et le moulin, de Erick Oh Le Silence des autres, de Almudena Carracedo et Robert Bahar

À

PARTIR

DU

MER. 10 AVRIL À 14H00 CINÉ-GOÛTER Le Cochon, le renard et le moulin, dès 6 ans

17

Bêtes blondes, de Maxime Matray et Alexia Walther Sunset, de László Nemes Nos vies formidables, de F. Godet Ariol prend l'avion (et autres têtes en l'air)

JEU. 11 AVRIL À 20H

CINÉ-DÉBAT « Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares » Suivi d'un débat.

MER. 17 AVRIL À 14H

À

PARTIR

DU

24

Alpha - The right to kill, de Brillante Mendoza L'Adieu à la nuit, de André Téchiné 90's, de Jonah Hill Tito et les oiseaux, de Gustavo Steinberg et Gabriel Bitar

CINÉ-GOÛTER Tito et les oiseaux, dès 8 ans.

JEU. 18 AVRIL À 20H15 CINÉ-DÉBAT / RENCONTRE Une intime conviction, en présence du réalisateur.


le mercredi 3 avril à 20h15

L'AMOUR DEBOUT

ENTREVUES

Films en cours 2017

De Michaël Dacheux (France, 2019, 1h23) Léa et Martin se sont aimés à Toulouse puis se sont séparés. Dans l’espoir de recoller les morceaux, Martin monte à Paris retrouver Léa qui anime désormais des visites guidées sur l’architecture de certains lieux de la capitale. Ces retrouvailles se soldant par un échec pour Martin, chacun va continuer à vivre sa vie. Martin rêve de cinéma et va dispenser des cours d’éducation à l’image dans un collège, Léa va rencontrer un homme plus vieux dont elle va tomber amoureuse non sans hésitations et remise en questions. Les chemins empruntés par Martin vont lui aussi le conduire dans les bras d’une belle personne. Le premier film de Michael Dacheux présenté en clôture de l’ACID cette année à Cannes est avant tout un film sur l’apprentissage et la transmission. À un âge où les études sont terminées, nos jeunes protagonistes exercent tous deux des activités pédagogiques alors eux-mêmes commençant un nouvel apprentissage, celui de la vie. Ils sont entourés de toute une galerie de personnages bienveillants ayant à cœur de leur transmettre leur passion de la photographie, de la littérature et du cinéma… L’Amour debout se révèle être une œuvre juste et délicate, empreinte de légèreté et de fraîcheur, qui se décompose à l’image de la vie, en quatre saisons : l’automne et ses désillusions, l’hiver et la découverte de l’autre, le printemps et ses concrétisations amoureuses et l’été ses retrouvailles et l’acceptation d’un amour perdu qui ne pourrait plus exister aujourd’hui. L’Amour debout est aussi une véritable déclaration d’amour au cinéma, les personnages en parlent constamment, on voit même tout ce petit monde assister à une projection de La Maman et la putain de Jean Eustache à la Cinémathèque Française, ainsi qu’un hommage non dissimulé à Numéro Zéro lorsque Léa rend visite à sa grand-mère. Mais plus que le cinéma d’Eustache, L’Amour debout se situe à un croisement entre les cinémas d’Eric Rohmer et de Paul Vecchiali pour les plus anciens ou Guillaume Brac et Mikhaël Hers pour les plus contemporains, pour nous prouver que l’art peut être considéré comme un outil de découverte et d’affirmation de soi, pour nous prouver finalement que le cinéma c’est la VIE ! Jérôme Baverey

LE RÉALISATEUR Michaël Dacheux naît en 1978 dans les Landes, qu’il quitte à dix-huit ans pour des études de cinéma à Nîmes, Montréal, puis Toulouse. Il s’installe à Paris et travaille notamment comme stagiaire sur différents tournages. En 2008 il réalise son premier film, Commune présence. Le film est présenté en compétition au FID à Marseille. En 2009, Sur le départ, écrit avec Christophe Pellet, gagne le concours de scénarios du festival de Brive, d'où vient notre prochaine directrice artistique, Elsa Charbit. Tourné en 2011 dans sa ville natale, Mont-de-Marsan, le film raconte les adieux et les retrouvailles de deux jeunes musiciens pendant une douzaine d’années. Il obtient le prix du jury au festival LGBT de Paris, et est montré dans différents festivals. Par ailleurs, Michaël Dacheux encadre des films d’atelier avec la Cinémathèque française, Ciclic, l’Université Paris Diderot. Il a également été membre du comité de rédaction de la revue Vertigo. L’Amour debout est son premier long métrage, lauréat du Prix Films en cours qui lui a permis de terminer son film à Entrevues Belfort 2017, il a clôturé la sélection de l'Acid au festival de Cannes en 2018.

Michaël Dacheux à Belfort pour le festival Entrevues 2018


SOIRÉE n° 2/4

EN PARTENARIAT AVEC

CINÉ-CLUB ÉTUDIANT le mardi 9 avril à 20h15

90'S de Jonah Hill (États-Unis, 2019, 1h25) Démo de skate + quizz + animations + after au bar du ciné ! Pour une première soirée, les jeunes du ciné-club étudiant ont choisi le premier film de Jonah Hill en tant que réalisateur : 90's. Cette soirée sera bien évidemment dans l'ambiance années 90 et skate. Au programme : démos de skate, quizz, animations et after au bar du cinéma !

Extrait d'une conversation entre Jonah Hill (Réalisateur) et Rembert Browne (écrivain qui publie dans le New York Magazine) sur le film 90's. Rembert : Dès les dix premières minutes du film, je me suis demandé s’il était autobiographique. Est-ce qu’il y a un peu de vous dans chaque personnage ? Est-ce que vous êtes un des personnages ou aucun ? Dans quelle mesure les personnages, le cadre, l’environnement, l’histoire sont inspirés de votre propre expérience ? Jonah : C’est une excellente question. Tout d’abord, je suis scénariste et je raconte une histoire. Donc ce n’est pas autobiographique. Les sentiments que ressentent les ados en grandissant sont personnels. Peut-être que parmi mes amis, certains ont vécu certaines choses que je raconte. Mais je voulais créer des personnages complexes dans une histoire que je tenais absolument à raconter. Rembert : Je comprends. Au moment de l’écriture, avez-vous d’abord pensé à l’endroit où vous situeriez l’histoire, vouliez-vous mettre en avant la culture du skate ? Jonah : J’ai grandi à Los Angeles, je faisais du skate tout le temps. Et je passais ma vie au tribunal, que l’on a recréé à l’identique dans le film, avec les graffitis et tout ce qui s’y trouvait à l’époque. Je n’étais pas très bon skateur, mais je cherchais avant tout à trouver une tribu, un groupe d’amis. Quand on est encore un jeune garçon, on fait tout ce qu’on peut pour appartenir au règne animal. Et quand on est ado, on regarde les petits chercher à s’intégrer dans ce monde. C’est essentiellement un film sur le règne animal : un petit se pointe et apprend à survivre et à se construire au milieu de la meute. J’ai toujours apprécié le côté anti-éthique du skate. J’aurais tout donné pour réussir à faire les figures que les autres faisaient, mais surtout, cela m’a donné un point de vue, un goût et une perspective. Et surtout, une famille en dehors de chez moi. Alors même si le film ne raconte pas mon histoire, la toile de fond du tribunal et de LA est la même que celle dans laquelle j’ai grandi. Rembert : Moi, j’étais non seulement le plus jeune, mais également le plus petit physiquement. J’étais entouré de géants qui avaient l’air d’avoir 20 ans de plus que moi alors qu’ils n’avaient que 3 ans de plus. J’étais le petit merdeux du groupe et aussi le gamin cool qui pensait : «c’est pas cool d’être un gamin médiocre.» En voyant votre film, je me suis retrouvé dans tous les personnages, ce qui est extraordinaire. Pour moi et pour beaucoup de gens, on s’identifie à chacun d’eux. Jonah : C’est le meilleur compliment qu’on puisse me faire. Les films que j’aime montrent toujours des personnages complexes, mais dans lesquels on peut se retrouver. À l’époque, surtout dans la culture du skate ou du hiphop, ou dans tout ce que faisaient les ados, c’était pas cool du tout d’être motivé. Etre motivé, il n’y avait pas plus nul. Essayer, bosser dur, c’était franchement ringard. D’ailleurs, on en parle dans le film. Ceux qui avaient une motivation profonde m’impressionnaient. Je voulais qu’un des personnages reflète cette attitude. Quand j’ai rencontré Na-Kel Smith, j’ai tout de suite vu ça en lui. Il est hyper cool, hyper bon acteur et jamais ringard.

La playlist du film, disponible sur Spotify !


SOIRÉE n° 3/4 SOIRÉE DÉBAT

le jeudi 11 avril à 20h

"PEU M'IMPORTE SI L'HISTOIRE NOUS CONSIDÈRE COMME DES BARBARES" Cycle "Justice contre l'oubli"

de Radu Jude (Roumanie, Fr-All., 2019, 2h00)

Film suivi d'un débat avec Bernard Camboulives,.

Le film commence par une projection d’images d’archives, brutalement interrompue par l’écran devenu blanc crépitant. On aperçoit ensuite Mariana Marin, jeune metteuse en scène portant le même patronyme que la célèbre poétesse roumaine. Durant cette séquence, la caméra est portée à l’épaule. Sa fluidité nous étonnerait presque. Elle glisse, avec une négligence savamment calculée, sur les armes et les mannequins en uniformes militaires, exposés dans des vitrines du Musée militaire national de Bucarest. Mariana est de ces personnes engagées qui veulent transformer leur conscience politique en œuvre d’art. Dans son cas, ce sera un spectacle autour des massacres d’Odessa en 1941, perpétrés sous la dictature d’Ion Antonescu. 350 000 Juifs, roumains et ukrainiens, ont trouvé la mort durant cette période. Cet épisode, douloureux dans la mémoire collective, a été soigneusement occulté par la suite. Et Mariana lutte contre la tendance au négationnisme qui règne chez ses pairs grâce à la parole et à ses lectures diverses — parmi lesquelles on peut citer notamment Isaac Babel et Ludwig Wittgenstein. Son objectif premier est de révéler le rôle qu’a joué la Roumanie dans le génocide des Juifs et des Tsiganes. « Nous sommes ceux qui avons massacré le plus de Juifs, après l’Allemagne », explique-t-elle à Movila, l’un des financeurs du spectacle. Et ce dernier de répondre, moqueur comme à son habitude : « Nous nous trouvons toujours en deuxième position ». "Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares" relate l’histoire d’un combat à la fois individuel et collectif. Mariana s’impose la tâche vaine et incroyable de rétablir la vérité auprès de ceux qui ne veulent pas l’entendre, tout en faisant face aux injures et aux caprices de ses collaborateurs et acteurs, non professionnels pour la plupart. Très vite, le spectateur se trouve plongé dans une étonnante multiplicité fictionnelle. L’exemple d’un atroce épisode dans l’histoire d’un pays, et sa réinterprétation de nombreuses années plus tard, montrent que les mentalités n’ont souvent pas évolué d’un iota. La jeune femme plonge corps et âme dans ce projet, qui prend rapidement le pas sur sa vie personnelle — les scènes où elle se trouve seule, ou en compagnie de son égoïste compagnon, se réduisent peu à peu. On ne la verra plus que dans sa baignoire, soucieuse, une cigarette à la main.

L’ampleur du film, et son aspect polémique, peuvent rappeler à certains égards le cinéma de Jodorowsky, qui brasse tout à la fois le tragique et le grotesque, les anges et les éclopés, pour créer une forme de réalité nouvelle. Dans "Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares", nous nous trouvons bel et bien dans la réalité, même si cette dernière peut paraître inconcevable (notamment lorsque les spectateurs applaudissent au moment du massacre des Juifs). Le titre du film est tiré d’un discours du maréchal Antonescu — le Conducător (« guide », ou plutôt « dictateur ») du gouvernement roumain, de 1940 à 1944. Cette phrase — qui servait à l’origine à justifier le massacre des Juifs — est à l’opposé du combat mené par Mariana Marin, visant justement à accepter la barbarie, et à l’intégrer dans l’identité d’un pays pour parvenir à la dépasser. Ce devoir de mémoire est alimenté par de nombreux apartés historiques, et par l’évocation de passionnantes références à de grands historiens, tels que Jean Ancel. Mais "Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares" porte également sur la genèse d’une œuvre, et la place qu’elle occupe dans une société parfois récalcitrante. En assumant pleinement sa posture d’intellectuelle engagée, Mariana devient la porte-parole du réalisateur (qui, rappelons-le, s’est passionné pour le thème de la mémoire collective, notamment avec son documentaire The Dead Nation, constitué d’images d’archive et portant déjà sur les massacres des Juifs durant la Seconde guerre mondiale). Radu Jude signe là un très beau manifeste sur le pouvoir de l’art, en tant que facteur de vérité.

Inès Kieffer


Bernard Camboulives Bernard Camboulives est né en 1960 et il enseigne l'histoire dans un établissement du secondaire à Belfort. Après avoir effectué de nombreux voyages dans des pays à haute civilisation comme l'Italie, l'Espagne, la Turquie, le Mexique, la Grèce, la Thaïlande, etc., il fixe son intérêt sur la Roumanie. Un premier ouvrage paraît en 1999 qui relate sa découverte progressive de ce pays : Journal de Roumanie – La richesse sous les gravats publié chez Anako. Une exposition photographique et une exposition sur la littérature roumaine naissent également de ces années de découverte alors que sa collaboration littéraire avec la lettre bimestrielle Les Nouvelles de Roumanie développe un peu plus sa curiosité pour la littérature de ce pays.

Pour aller plus loin... La selection de Bernard Camboulives Kaputt, de Malaparte (Gallimard)

Eugenia, de Lionel Duroy (Julliard)

La Shoah en Roumanie - Les Juifs sous le régime d'Antonescu (1940-1944), de Carol Iancu (Université Paul Valéry)

La Roumanie et la Shoah, destruction et survie des Juifs et des Tsiganes sous le régime Antonescu (4940-1944), de Radu Ionid (Maison des sciences de l'homme)

Les conseils de Caroline et Matthieu, libraires au Chat Borgne TOUTE L'OEUVRE DE PANAÏT ISTRATI chez Phebus, Libretto, Libertalia et l'echappée ! Vos libraires ne vous ont pas encore palé de cet auteur ? Lancez-les voir, vous verrez ce qu'il adviendra ! Promis tout se passera bien, rassurezvous ! Quel auteur !

Cycle "Justice contre l'oubli"

Le Cycle "Justice contre l'oubli" met en regard ce film roumain et l'épatant documentaire espagnol "Le Silence des autres", de A. Carracedo et R. Bahar, au cinéma du 10 au 24 avril.


SOIRÉE n° 4/4 SOIRÉE DÉBAT

le jeudi 18 avril à 20h15

UNE INTIME CONVICTION de Antoine Raimbault (Fr.-Belgique, 2019, 1h50) Projection unique, en présence du réalisateur Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

LE RÉALISATEUR : Antoine Raimbault a réalisé 4 courtsmétrages dont 24/24 (co-réalisé avec Bertrand Eluerd en 2001), GOOD DOG (2003), VOS VIOLENCES (2014) dans lequel il offre à Éric Dupond-Moretti son 1er rôle au cinéma. Le film connaitra une grande carrière en festival avec de nombreuses récompenses. En 2017, il réalise GARDE LA PÈCHE, son 4ème court-métrage. Il a travaillé longtemps en tant que monteur et a écrit et développé plusieurs projets de longs métrages. En 2015, il collabore notamment à l’écriture de CHOUF de Karim Dridi. Depuis quelques années, il se passionne tout particulièrement pour la justice et passe son temps dans les cours d’assises, nourrissant ses scénarios de cette matière judiciaire.

Pour aller plus loin... ...avec Une intime conviction Le choix de Médina, libraire à Belfort :

L'homme qui s'évada, de Laurent Maffre (Actes sud BD) Camille-Eugène Dieudonné est ouvrier ébéniste. Il combat le patronat, il combat l'exploitation et il a des opinions proches des anarchistes. Mais dans la France de 1911, pour l'opinion publique, le mot arnarchie rime avec bande à Bonnot. Accusé à tort d'être membre de la bande à Bonnot, Dieudonné est condamné à être guillotiné. Raymond Poincarré lui accorde la grâce mais au lieu d'être libéré il est transporté au bagne en Guyane, à Cayenne. Onze ans plus tard le journaliste Albert Londres se rend en Guyane pour enquêter sur cette prison, les deux hommes vont se rencontrer. A partir du témoignage de Dieudonné, Albert Londres décrit les conditions de vie au bagne et les erreurs judiciaires d'un système horrible et inepte.

Les conseils de Caroline et Matthieu, libraires au Chat Borgne La balade de la geôle de Reading d'Oscar Wilde. Carnets de prison d'Egon Schiele


LES FILMS DU MOIS Du 03 au 16 avril Les Étendues imaginaires, de Siew Hua Yeo 90's, de Jonah Hill L'Amour debout, de Michaël Dacheux

LES ÉTENDUES IMAGINAIRES de Siew Hua Yeo (Singapour, Fr., Pays-Bas, 2019, 1h35) Locarno

Léopard d'or 2018

À l'affiche du 03 au 16 avril

"Inspecteur, votre question est trop métaphysique pour moi…" Depuis maintenant deux ou trois décennies, les films qui nous viennent d'Asie semblent provenir d'une autre temporalité, du futur plus précisément. C'est simple, le monde décrit dans les films de tous genres semble s'éloigner du notre, plus immobile, plus constant. C'est sans doute lié à l'énorme accélération économique de la Chine et de ses satellites qui entraînent des changements colossaux dans tous les domaines : sociaux, politiques, scientifiques. Au coeur de ce réacteur en fusion, se trouve Singapour, cité d'un futur dystopique, à la fois moteur et vitrine de la mondialisation. C'est dans cette cité-état d'exception que nous entraine ce polar métaphysique et flottant qui trace le portrait des soutiers de ce navire impressionnant. Alors que la cité forte de sa puissance se prend de remodeler sa géographie dans des chantiers aux échelles surhumaines, des âmes isolées (ouvriers du Bengladesh, prostituées tenancières de cyber café, policiers fonctionnaires perdus) s'entrecroisent entre les autoroutes à 5 voies, les plages artificielles de sable importé, les forêts de grue dans une chaleur étouffante. Dans cet écrasement des corps, subsiste un souffle de vie qui se libère à travers des épisodes de transes dans des parkings, sous de néons. Le fil ténu qui relie ces corps est une enquête policière, mais peu importe finalement, qu'elle ait lieu dans la réalité, en rêve ou derrière la virtualité d'un écran de jeux vidéo, on ne sait pas vraiment de quoi sera fait le futur.

Renaud Sachet


Du 10 au 23 avril : Synonymes, de Nadav Lapid Le Cochon, le renard et le moulin, de Erick Oh Le Silence des autres, de Almudena Carracedo et Robert Bahar " Peu m'importe si l'Histoire nous considère pour des barbares ", de Radu Jude

SYNONYMES de Nadav Lapid (Fr-All-Israël, 2019, 2h03) À l'affiche du 10 au 23 avril Yoav, un jeune Israélien, atterrit à Paris, avec l'espoir que la France et la langue française le sauveront de la folie de son pays.

Cahiers du Cinéma Fallait-il s’attendre à ce que le meilleur film français vu depuis longtemps nous viennent d’un réalisateur israélien ? (…) En regardant Synonymes, ce n’est pas tant le cinéaste que l’on trouve dépaysé, mais soi-même.

La Septième Obsession Pour son troisième long métrage après "Le Policier" (2011) et "L'Institutrice" (2014), Nadav Lapid signe avec "Synonymes" une oeuvre d’un feu brûlant, dont la nature, aussi bien aventureuse que rageuse, est un jeu constant, dense et complexe entre la caméra, les comédiens et les spectateurs.

aVoir-aLire.com Nadav Lapid met en place un dispositif audacieux sur la base d’un récit inspiré de son propre parcours. Cette œuvre peu consensuelle exerce un réel pouvoir de fascination.

LE COCHON, LE RENARD ET LE MOULIN de Erick Oh (États-Unis, 2019, 50 min) | dès 6 ans À l'affiche du 10 au 23 avril Ciné-goûter mercredi 10 avril à 14H00

Un jeune cochon et son père vivent au sommet d’une colline menacée par un gros nuage noir. Avant de partir combattre les brumes, le père construit un moulin à vent pour repousser le nuage et protéger la colline et ses habitants. Resté seul sans son père, le jeune cochon trouve du réconfort et aussi une famille d’adoption avec son ami le Renard. Ensemble, ils font toutes sortes de découvertes surprenantes…

MER. 10 AVRIL À 14H DÈS 6 ANS CINÉ-GOÛTER Atelier en salle "ciné-philo" suivi du film, d'un goûter.


LE SILENCE DES AUTRES Cycle "Justice contre

de A. Carracedo et R. Bahar

l'oubli"

(doc., Es., 2019, 1h35)

À l'affiche du 10 au 23 avril 1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie générale qui libère les prisonniers politiques mais interdit également le jugement des crimes franquistes. Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, torture) sont alors passées sous silence. Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols, rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10.000 kilomètres des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les coupables

NOTE DES RÉALISATEURS En 2010, l’histoire des « enfants volés » en Espagne est sortie au grand jour. L'histoire de ces crimes, qui trouvent leurs racines aux premières heures du franquisme, nous a poussés à explorer la question de la marginalisation et du silence des victimes du franquisme, allant des exécutions sommaires de la fin de la guerre civile espagnole aux actes de tortures qui eurent lieu aussi récemment qu’en 1975. Au fur et à mesure que nous nous renseignions sur ces crimes, nous nous sommes interrogés : comment était-ce possible qu’en Espagne, contrairement aux autres pays sortis de régimes dictatoriaux, il n’y ait eu ni procès de Nuremberg, ni Commissions de vérité et de réconciliation ? Pourquoi, au lieu de cela, avions-nous eu un « pacte de l’oubli » ? Et quelles étaient les conséquences de ce pacte, en quarante ans de démocratie, pour les victimes toujours vivantes du franquisme ? Quand nous avons commencé à filmer les prémisses de la « Cour d’Argentine » en 2012, qui remettait en question ce statu quo, peu auraient parié à l’époque que cela aboutirait. Pourtant, alors que nous filmions les premières réunions, nous nous sommes rendu compte que le procès touchait à quelque chose de vital, qui transformait les victimes et les survivants en organisateurs et plaintifs tout en apportant des douzaines et bientôt des centaines de témoignages à travers l’Espagne tout entière. Alors que les récits se multipliaient, l’affaire est devenue un procès contre des « crimes contre l’Humanité » qui relevait donc de la justice internationale. Nous avons rapidement vu que Le Silence des autres serait une histoire des possibles, des tentatives de brèche dans le mur ; et plutôt qu’un récit de ce qui était arrivé dans le passé, un état des lieux de ce qui pourrait advenir. Nous avons également imaginé le film comme l’incarnation des passions et de l’urgence de la situation, parce que pour beaucoup de plaintifs, l’affaire constituerait la dernière opportunité d’être entendus de leur vivant. Pour autant, nous n’imaginions pas que le tournage durerait six ans et que nous accumulerions 450 heures de rushes.

L'Express Dire que "Le Silence des autres" est un film passionnant serait un euphémisme. Documenté avec une précision d'orfèvre, le récit se révèle surtout percutant dans sa réalisation, entre images d'archives et témoignages.

Télérama Ce documentaire impressionnant sort de l’oubli les nombreuses victimes du franquisme et soulève la chape de plomb qui pèse toujours sur l’Espagne.


Du 17 au 30 avril : Bêtes blondes, de Alexia Walther et Maxime Matray Ariol prend l'avion (et autres têtes en l'air) Sunset, de László Nemes Nos vies formidables, de Fabienne Godet

BÊTES BLONDES

ENTREVUES Prix Gérard Frot Coutaz 2018

de M. Matray et A. Walther (France, 2019, 1h41) À l'affiche du 17 et 30 avril De l’aveu même de ses co-réalisateurs, il est ardu de résumer Bêtes Blondes. Car le film transpose minutieusement à l’écran un processus narratif aussi mystérieux qu’anodin : celui du rêve nocturne. Comme Freud l’analyse, et comme le Surréalisme s’en inspire, l’alchimie onirique – dont les cornues sont des procédés littéraires – transmute l’ordinaire en merveilleux. Se construit alors un véritable cadavre exquis cinématographique, où tous les éléments sont familiers mais se condensent, se déplacent, se remplacent et se concatènent étrangement. Les bêtes, les hommes et les femmes se métamorphosent ; le désir et l’angoisse, les souvenirs et les sens sont tour à tour retrouvés et perdus… mort et vie s’imbriquent en un seul tout. C’est un maelstrom poétique, parfois inquiétant et souvent loufoque, toujours coloré et surprenant. Lyrisme et burlesque, trivial et sublime sont unis étroitement par le montage. Dans la BO, Debussy réarrangé côtoie Tiny Tim. La parodie irrésistible de la pire sitcom française des années 90 se superpose aux citations des grands maîtres. De Buñuel, il y a les invertébrés de L’Âge d’or et la férocité du Fantôme de la liberté. De Pasolini, on reprend autant l’indépassable horreur de Salò que la truculence érotique du Décaméron, où la tête d’un bel amant est décapitée puis dérobée, à cause d’un amour plus fort que tout. De l’autre côté du miroir, on retrouve les deux reines en noir et blanc du jeu d’échecs, ainsi que le chat devisant… en triple exemplaire. Pour le personnage principal, victime d’une carence physiologique – mais fautil croire ce qu’il dit ? – la mémoire de chaque instant est aussi fugitive qu’un rêve s’évaporant au matin dans l’oubli. On découvre Fabien comme on le quitte, assoupi à la belle étoile. Tel Booz à la lisière de deux mondes… qui peut dire lequel serait réalité ? Christophe Ottello

Critikat.com Avec sa galerie de personnages hauts en couleurs et sa structure de cadavre exquis, le film se déplie comme un rêve et dessine peu à peu les contours d’une utopie poétique.

La Septième Obsession Le film accueille, dans un grand éclat de rire, toutes les contradictions et loufoqueries humaines.

Le Journal du Dimanche Ouvertement détraquée, cette folle vadrouille a le mérite de surprendre, d’assumer son ambition divergente, sa poésie barrée. Agathe Bonitzer, comédienne du film, à Belfort pour Entrevues 2016


ARIOL

(ET

PREND

AUTRES

TÊTES

L'AVION EN

L'AIR)

Programme de court-métrages (Fr., Ru., 2019, 47 min) | dès 3 ans À l'affiche du 17 au 30 avril Ariol et ses parents vont prendre l’avion. Un drôle de vol commence, plein de chansons et de trous d’air où Ariol, plus que jamais dans les nuages, rencontre une espiègle petite copine... Ariol prend l’avion est précédé de trois courts métrages pour une thématique commune : la place rêvée des avions dans l'imaginaire des enfants. Un programme pour avoir la tête dans les nuages !

SUNSET de László Nemes (Hongrie, France, 2019, 2h21) À l'affiche du 17 au 30 avril 1913, au cœur de l’empire austro-hongrois. Irisz Leiter revient à Budapest après avoir passé son enfance dans un orphelinat. Son rêve de travailler dans le célèbre magasin de chapeaux, autrefois tenu par ses parents, est brutalement brisé par Oszkar Brill le nouveau propriétaire. Lorsqu’Írisz apprend qu'elle a un frère dont elle ne sait rien, elle cherche à clarifier les mystères de son passé. À la veille de la guerre, cette quête sur ses origines familiales va entraîner Irisz dans les méandres d’un monde au bord du chaos.

LE RÉALISATEUR

László Nemes est né le 18 février 1977 à Budapest en Hongrie. Après des études d’histoire, relations internationales et scénario à Paris, il a travaillé en tant qu’assistant réalisateur. Il a assisté Béla Tarr sur L’homme de Londres, puis a étudié la réalisation à l’université de New York. Ses courts métrages ont reçu près de trente prix dans plus de cent festivals internationaux. Son premier long métrage, Le Fils de Saul, a gagné le Grand prix au Festival de Cannes de 2015, le Golden globe et l’OSCAR pour le meilleur film étranger en 2016. Sunset est son second long métrage.

La Croix

Transfuge

Après Le Fils de Saul, Oscar du meilleur film étranger en 2015, Laszlo Nemes revient avec un film énigmatique et somptueux, une manière de chef-d’œuvre.

Comme dans les plus virtuoses, les plus profonds, des films d’Ophüls, la mise en scène de Laszlo Nemes soulève un corps de femme pour le propulser dans un espace peuplé d’obstacles.


NOS VIES FORMIDABLES de Fabienne Godet (France, 2019, 1h57) À l'affiche du 17 au 30 avril Margot, Jérémy, Salomé, César, Sonia…Ils ont entre 18 et 50 ans. Tout les sépare, sauf l’urgence de se reconstruire et de restaurer la relation à l’autre que l’addiction a détruite. Solidaires, ils ont comme seules règles le partage, l’honnêteté, l’authenticité, la sincérité, l’humanité. Une bande incroyable de vivants qui crient haut et fort qu’on s’en sort mieux à plusieurs que seul.

NOS VIES FORMIDABLES est le fruit d’une méthode originale imaginée par Fabienne Godet, en collaboration avec Julie Moulier, afin d’augmenter au maximum la part de ‘vérité’ dans la fiction. Une première démarche documentaire

Pendant deux ans, de 2014 à 2016, Fabienne Godet assiste à des réunions de groupes A&NA (Alcooliques & Narcotiques Anonymes). Elle y découvre le langage et le fonctionnement des groupes de parole qui rassemblent des hommes et des femmes de tous horizons sociaux et culturels unis par un seul et même problème : la dépendance. Elle propose à certains d’entre eux des entretiens individuels pour mieux comprendre le parcours qui les a menés là. En mélangeant ensuite plusieurs éléments de ces récits, elle crée une vingtaine de personnages fictifs afin de respecter l’anonymat de chacun. Elle s’immerge ensuite dans une communauté thérapeutique afin d’en comprendre le fonctionnement. Sur ces bases, elle bâtit une première ébauche de scénario.

Un casting et une écriture « plateau » inspirés du théâtre

Fabienne et Julie constituent alors un groupe d’acteurs pouvant fonctionner comme une troupe. Elles proposent chacun des rôles à un seul acteur, et valident leurs choix au cours d’une journée de travail en groupe. Un mois avant le tournage, elles proposent aux acteurs choisis une ‘résidence de travail’, dans le décor que Fabienne a retenu pour le tournage. Chaque acteur dispose du récit de vie détaillé de son personnage. L’objectif de cette semaine de travail est de créer une dynamique collective, et que chacun intègre les règles de fonctionnement des groupes de thérapie sous forme d’improvisation. Chaque acteur continuera de s’imprégner de sa fiche personnage jusqu’au tournage. Fabienne finit de son côté l’écriture du scénario qu’elle adaptera continuellement ensuite jusqu’à la fin des prises de vues.

Un tournage qui cherche à accroître la part de liberté de chacun En équipe réduite et en limitant les interventions techniques pour donner le maximum de liberté aux comédiens et leur permettre d’investir l’espace comme ils le souhaitent, Fabienne démarre le tournage au plus près de l’ordre chronologique du récit. Dans sa mise en scène, Fabienne alterne séquences écrites, scènes totalement improvisées et «improvisations cadrées». Le montage du film en parallèle des prises de vue permet d’affiner l’évolution de la narration et des personnages. Les acteurs vivent en communauté pendant l’intégralité du tournage, permettant au réel de s’infiltrer dans leurs rapports intimes et à l’histoire d’influer sur leur cheminement personnel.

aVoir-aLire.com Un film humaniste et généreux qui échappe avec brio au risque du pathos, grâce à des comédiens attachants, entièrement engagés dans ce formidable récit de rédemption.

Bande à part Une ode à la solidarité d’une grande force émotionnelle.


Du 24 au 30 avril : Alpha - The right to kill, de Brillante Mendoza L'Adieu à la nuit, de André Téchiné Tito et les oiseaux, de Gustavo Steinberg et Gabriel Bitar 90's, de Jonah Hill

ALPHA, THE RIGHT TO KILL de Brillante Mendoza (Philippines, 2019, 1h34) À l'affiche du 24 au 30 avril Dans les quartiers pauvres de Manille, la lutte antidrogue fait rage. Un officier de police et un petit dealer devenu indic tentent coûte que coûte de faire tomber l’un des plus gros trafiquants de la ville, mettant en jeu leur réputation, la sécurité de leur famille… et leur vie.

LE RÉALISATEUR Né le 30 juillet 1960 à San Fernando, aux Philippines, Brillante Ma. Mendoza commence à travailler comme chef décorateur pour le cinéma et sur des films publicitaires pour la télévision. Son premier long métrage, Masahista (Le Masseur), obtient le Léopard d’or au Festival international du film de Locarno en 2005 et ouvre la voie à un cinéma indépendant aux Philippines. Brillante Ma. Mendoza continue de réaliser des films et des documentaires montrant la vie des Philippins et les marges de la société, et contribue à la formation d’un public pour le cinéma indépendant dans le pays. Ses films sont montrés dans les écoles à travers le pays et Manoro (The Teacher) est officiellement inscrit dans les programmes scolaires. Brillante Ma. Mendoza est le premier réalisateur philippin distingué par la France, qui l’a nommé Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres. Nous avons passé, en 2004, son second film à Entrevues : John John.

NOTE DU RÉALISTEUR Le scénario est le fruit d’une compilation d’histoires recueillies à partir de recherches et d’entretiens avec des personnes impliquées dans le trafic de drogue aux Philippines. Le défi consistait à harmoniser ces différentes perspectives en un point de vue cohérent. Récemment, les trafiquants aux Philippines ont eu recours à une nouvelle méthode leur permettant de déplacer la marchandise (en l’occurrence, du Shabu ou de la méthamphétamine) tout en évitant des détections et des arrestations : les pigeons. Dans ce film, le pigeon, en tant que passeur, est utilisé comme point de vue unifié de tous les personnages. Puisqu’il vient d’en haut, la vue est omnisciente, offrant à la caméra la capacité de « tout savoir », la capacité d’aller au-delà des murs et de prendre des virages afin de montrer les frontières qui ne sont pas seulement physiques mais aussi émotionnelles. Le parallèle entre les deux personnages principaux, l’un policier et l’autre dealer, met en exergue leur similitude, liée à leur vie de famille et à leur volonté de s’en sortir, bien qu’ils soient issus de milieux différents. Le film montre les fragilités et faiblesses des individus lorsqu’ils sont confrontés à des dilemmes moraux dont les enjeux sont vitaux. Ce film a vocation à briser les stéréotypes en présentant sans manichéisme les membres d’un gang et les membres des forces de police. Le film montre qu’il n’y a pas d’équivalence entre la position sociale des personnages et leur qualité morale. En racontant cette histoire, nous avons recours au style cinéma-direct (ou cinéma vérité) ; nous n’allons que là où se déroule l’action, où les personnes se trouvent impliquées. Il y a une sorte de voyeurisme qui nous offre un aperçu de la manière dont les choses se font au-delà des portes fermées, du moins dans le trafic de drogue. Le spectateur assiste au premier rang à l’organisation et l’exécution d’une descente de police. La fluidité du filmage est le fruit d’une grande préparation en amont du tournage. Cela n’exclut pas la prise en considération d’éléments qui peuvent apparaître en cours de route, tels que de nouvelles informations provenant de spécialistes des forces de police ou de nouvelles idées de mise en scène. La mise en scène sert la tension et l’action et dans le même temps demeure attachée à la restitution réaliste d’une intervention des forces de l’ordre. La conception globale de la production repose sur l’idée d’approcher au plus près la réalité. Les acteurs non professionnels interprétant les agents de police et les membres de l’équipe du SWAT exercent en tant que policiers dans la vie réelle, ce qui contribue à rendre leurs actions et les dialogues authentiques. Les figurants sont conscients d’être filmés, mais nous filmons parfois la foule sans prévenir afin de saisir des réactions les plus authentiques possibles. Ce souci d’authenticité se retrouve également dans le choix des décors et des lieux de tournage.


L'ADIEU À LA NUIT de André Téchiné (France, Allemagne, 2019, 1h43) À l'affiche du 24 au 30 avril Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils, qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada. Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite…

LE RÉALISATEUR André Téchiné passe une grande partie de son adolescence provinciale à hanter les salles de cinéma. Il écrit ses premiers articles dans un journal lycéen, La Plume et l'écran. Monté à Paris à 20 ans, il échoue au concours d'entrée à l'IDHEC, mais intègre la rédaction des Cahiers du Cinéma -sa première critique porte sur La Peau douce de Truffaut. En 1965, il tourne son premier court métrage, Les Oiseaux anglais. Passionné de théâtre, il fréquente la bande de Marc'O, travaillant comme assistant sur le filmculte Les Idoles en 1967. André Téchiné choisit tout naturellement l'égérie Bulle Ogier pour être l'héroïne de son premier long métrage, Paulina s'en va. Présentée à Venise en 1969, cette oeuvre onirique déconcerte les spectateurs lors de sa sortie en salles... six ans plus tard. De facture plus classique, son deuxième opus Souvenirs d'en France (1975) avec Jeanne Moreau, reçoit en revanche un accueil chaleureux, tout comme, un an plus tard, Barocco, polar à l'esthétique expressionniste qui réunit les stars Adjani et Depardieu. Il peut alors s'atteler à un projet qui lui est cher, Les Soeurs Bronte. Mais malgré un gros budget et un casting prestigieux -avec le débutant Pascal Greggory-, cet austère film d'époque ne convainc guère. Sorti en 1981, le mélancolique Hôtel des Amériques marque un tournant dans la carrière de Téchiné, qui ancre désormais son goût du romanesque dans un univers plus réaliste. Il dirige aussi pour la première fois Catherine Deneuve, sa comédienne-fétiche, à qui il offrira de beaux personnages de femmes à la fois volontaires et vulnérables (Le Lieu du crime). Après un détour par la télévision (La Matiouette), il revient au premier plan en 1985 grâce à Rendez-vous (Prix de la mise en scène à Cannes), récit initiatique qui révèle une frémissante Juliette Binoche. Après J'embrasse pas, nouveau portrait d'un jeune provincial tourmenté, il décroche l'un de ses plus grands succès critiques et publics avec Ma saison préférée, présenté sur la Croisette en 1993. Avec Les Roseaux sauvages, un vent de liberté souffle sur le cinéma de Téchiné, qui livre une oeuvre limpide et sensuelle sur son adolescence, baignée par la lumière du sud-ouest. Fidèle à certaines thématiques (les liens familiaux, l'homosexualité, l'exil), Téchiné est partagé entre la volonté d'échafauder des récits complexes (le film-puzzle Les Voleurs en 1996) et une recherche d'authenticité (Loin, tourné en DV au au Maroc). Découvreur de talents (Elodie Bouchez, Lubna Azabal), il fait aussi tourner de grandes pointures : le couple mythique Deneuve-Depardieu (Les Temps qui changent, 2004) ou Emmanuelle Béart, qui traverse la France occupée dans Les Egarés. Cette touche glamour ne l'empêche pas d''aborder des sujets de société délicats : après Les Témoins, oeuvre polyphonique sur les années sida (2007), il s'inspire d'un fait divers retentissant (l'agression imaginaire d'une jeune femme) dans La Fille du RER en 2009. Vient ensuite Impardonnables en 2011, un drame oppressant où la fille d'un écrivain en panne d'inspiration disparaît soudainement.

André Téchiné à Belfort. Jury pour le festival Entrevues en 1989


TITO ET LES OISEAUX de G. Steinberg et G. Bitar (Brésil, 2019, 1h13) | dès 8 ans À l'affiche du 24 au 30 avril Ciné-goûter mercredi 24 avril à 14H00

Tito a 10 ans et vit seul avec sa mère. Lorsqu’une étrange épidémie commence à se propager dans la ville, transformant les gens en pierres chaque fois qu'ils ont peur, Tito comprend que le remède pourrait être lié aux recherches que son père avait faites avec des oiseaux. Accompagné par ses amis, il se donne alors pour mission de sauver le monde.

NOTE DES RÉALISATEURS Notre ville, São Paulo, est connue comme la “ville des murs”. 20 millions de personnes vivent ici, pour la plupart cachées derrière des clôtures, des barbelés et des fils électriques, comme si la peur était devenue une épidémie, une maladie. Nous avons toujours été fascinés par cette idée que la peur pouvait être contagieuse. Et la violence imaginaire, parfois basée sur des faits réels, mais souvent amplifiée par les médias, contribue autant à cette épidémie que la violence réelle. Quand nous avons commencé à écrire le film, en 2011, cette idée n’était peut-être pas aussi évidente qu’aujourd’hui, mais l’hyperactivité engendrée par les excès de connexions semble l’avoir clairement confirmée. Cela semble se produire partout. Pour différentes raisons, que ce soit des inégalités sociales, la crise économique ou le terrorisme, la peur envahit le monde. Et, au nom de la peur, les gens construisent des murs pour se protéger d’autres personnes, commencent des guerres, élisent des dirigeants autocratiques… Le rêve d’une société démocratique est en train de s’effondrer, non pas à cause de dangers réels qui peuvent être combattus, mais à cause de dangers imaginaires. Je trouvais intéressant de mettre en scène cette idée de la peur, notamment pour les enfants qui devront trouver un moyen de sortir de ce gâchis que nous avons créé pour eux. Et j’espère qu’ils y arriveront !

TITO ET LES OISEAUX est un film qui raconte notre temps présent. Notre époque est marquée par une complexité de la circulation de l’information, de sa source à sa diffusion. La saturation, comme la vitesse, peut désarmer de nombreux citoyens quant à leur capacité critique. Mais c’est aussi une époque qui propose des solutions.

MER. 24 AVRIL À 14H DÈS 8 ANS CINÉ-GOÛTER Atelier en salle "Les bruitages des films d'animation" suivi du film, d'un goûter.


ÇA S'EST PASSÉ LE MOIS DERNIER DANS

LES

BOIS

Ciné-goûter | mercredi 6 mars | dès 6 ans Le premier mercredi du mois a eu lieu un super ciné-goûter autour du documentaire "Dans les bois", de Mindaugas Survila. Le film était précédé d'une animation expliquant le genre documentaire aux enfants.. Après la séance nous avons partagé un goûter tous ensemble, regardé l'exposition sur le film et fais des petits jeux sur les animaux.

NOUS

LES

COYOTES

Ciné-rencontre | mercredi 13 mars

Hanna Ladoul et Marco La Via sont venus présenter leur premier film, "Nous les coyotes". Un beau film sur la jeunesse, le rêve américain et l'ambition ! Les deux jeunes réalisateurs ont présentés leur film et ont répondu aux questions et remarques des spectateurs après la projection. Notamment sur leur volonté de faire ce film aux USA, une manière très différente de faire des films par rapport au fonctionnement français.

WHAT YOU GONNA DO WHEN THE WORLD'S ON FIRE?

Soirée cinéma & histoire | mardi 19 mars

Dans le cadre du Festival Diversité, organisé par le pôle image de Franche-Comté, et de la semaine de lutte contre le racisme de l'UTBM, une soirée cinéma & histoire a eu lieu mardi 19 mars, avec la projection du documentaire "What you gonna do when the world"s on fire?". Après le film Pascale Smorag, maître de conférence en civilisation américaine à l'Université de Franche-Comté, a animé un débat sur la communauté afro-américaine su Sud des États-Unis , la justice et les discriminations. Les étudiants de l'UTBM ont répondu présents et ont participé à cette séance spéciale.

17 17


LA

PETITE FABRIQUE DE NUAGES

Ciné-goûter | mercredi 20 mars | dès 3 ans

Pour le second ciné-goûter du mois, les petits spectateurs ont pu découvrir le programme de courts-métrages, "La Petite fabrique de nuages". Un super programme de 5 petites histoires qui sensibilisent à la préservation de l'environnement. Le film était précédé d'un atelier stop-motion et bruitages en salle. Les enfants ont vu en direct comment faire un film, image par image, et comment créer quelques bruitages tel que les pas dans la neige ou l'envol d'un oiseau ! Et comme d'habitude, après le film, un goûter pour tous avec coloriage géant et origami dans le hall du cinéma.

M

Ciné-rencontre | jeudi 21 mars Le jeudi 21 mars, dans le cadre du festival Diversité, était organisé une soirée cinérencontre avec Yolande Zauberman, autour de son documentaire "M". Malheureusement, la réalisatrice étant souffrante, la rencontre n'a pas eu lieu. La soirée a tout de même été maintenue et la séance a été précédée d'une présentation du documentaire et d'une interview enregistrée de la réalisatrice, expliquant sa démarche et certains faits du film. La librairie du chat borgne était présente pour vendre le livre de Yolande Zauberman et Sélim Nassib, "L'Histoire de M", et d'autres ouvrages en lien avec le documentaire. Ce film très poignant n'a pas laissé les spectateurs indemnes et aborde frontalement les drames pédophiles dont sont victimes certains enfants par les Rabbins dans une communautée ultra fermée, d'ultra Orthodoxes.

8,

AVENUE

LÉNINE

Ciné-rencontre | jeudi 28 mars

La troisième soirée ciné-rencontre dans le cadre du festival Diversité, et en partenariat avec le CASNAV de Besançon, a eu lieu le dernier jeudi du mois, avec la projection du documentaire "8, avenue Lénine", de Valérie Mitteaux et Anna Pitoun. Les deux réalisatrices ont suivi une femme rom roumaine et sa famille pendant 15 ans. Ce doc poignant montre le parcours d'une femme forte et permet de mettre à mal un bon nombre de préjugés. Valérie Mitteaux, co-réalisatrice, était présente lors de cette soirée et le débat a été riche dans la salle.


TOUTES LES CHRONIQUES, CONSEILS LITTÉRAIRES ET PHOTOS SONT DISPONIBLES SUR LE BLOG DE L'ASSO : BLOGCINEMASDAUJOURDHUI. WORDPRESS.COM

Pour recevoir les horaires hebdomadaires ainsi que la version numérique de notre fanzine une fois par mois, inscrivez-vous à notre newsletter : www.cinemasdaujourdhui.com

@cinemas.daujourdhui

@CineBelfort

@cinemas.daujourdhui


À VENIR


moc.iuhdruojuadsamenic | 09 08 40 07 30 | trofleB ,ueilehciR draveluob 1 | iuh'druojua'd samĂŠniC


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.