LE GRAPHISME
DANS L’HISTOIRE
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6 La nouvelle typographie
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Jan Tschichold Paul Renner Ladislav Sutnar
14 Graphisme en France dans l’entre-deux guerres
16-17 18-19 20-21 22-23
Cassandre Raymond Savignac Roger Excoffon Pierre Faucheux
24 Le style suisse
26-27 28-29 30-31 32-33 34-35
Herbert Matter Max Bill Armin Hofmann Josef Muller Brockmann Max Miedinger
36 Le style international en Europe (1945 -1978)
38-39 40-41 42-43 44-45 46-47 48-49 50-51
Otl Aicher Wim Crouwel Total Design Studio Max Huber Massimo Vignelli St yle Olivet ti Jean Widmer
52 Le style international aux Etats-Unis
54-55 56-57 58-59 60-61 62-63
Lester Beall Herbert Bayer Paul Rand Saul Bass Reid Miles
64 L’émergence d’une contre-culture (1960-1975)
66-67 68-69
Push Pin & la culture pop Psychédélisme en Californie La photocomposition à New York
71 Sitographie 5
La nouvelle typographie 6
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Jan Tschichold 1902 1974 Jan Tschichold est un calligraphe et typographe allemand. En 1923, à Weimar, lors de l’exposition du Bauhaus, il établit les bases de l’art publicitaire moderne. Deux ans plus tard, il publie un manifeste en faveur de la typographie en général et de la typographie allemande en particulier : Pour une typographie élémentaire. Dans cet ouvrage, son affection pour la composition asymétrique et l’usage des linéales apparaît clairement: il s’agit de rester le plus simple possible.
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Il trouve plaisir tout au long de sa vie dans l’organisation de conférences et dans l’écriture de livres. C’est d’ailleurs grâce à ces deux modes de communication que le style de la Nouvelle typographie va être diffusé. Cette dernière prend la dénomination de nouvelle communication moderniste. Jan Tschichold aura l’occasion de découvrir les réalisations du Bauhauslors d’une exposition de « Espérons que le résultat sera beau chaque fois, selon son genre. » Weimar, ce qui déclenche en lui une adhésion totale à ces nouvelles thèses modernistes. Cela engendrera une nouvelle réflexion sur l’usage de la typographie. Il adopte rapidement ces nouveaux principes et se consacre à la synthèse de ces thèses modernistes. Il conçoit une
revue professionnelle « Typographische milleilungen », c’est un des premiers documents dans lequel il applique les règles de la nouvelle typographie qu’il tend à développer et transmettre. Il revendique en permanence la notion de modernisme. À la fin des années 30 il est confronté aux nazis, après la Seconde Guerre Mondiale il collabore avec la maison éditoriale anglaise Penguin books où il travaille sur une série de couvertures et commence à s ‘éloigner du courant moderniste qui débouchera sur le style suisse et international. Il reconnait, en effet, que ses propres prétextes «excessifs et rigides», lui rappellent l’autoritarisme hitlérien. Il finit donc par le condamner et préconise dorénavant la composition symétrique et les caractères avec empattements. Il crée ainsi la typographie Sabon, nom d’un typographe du 16ème, dérivée de Garamond. Jan Tschichold a largement contribué à la nouvelle typographie mais s’en détâchera à la fin de sa vie.
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Paul Renner 1878 - 1956
Paul Renner, allemand, après des études aux Beaux-Arts débute une carrière de peintre jusqu’à ce que, en 1907, un éditeur de Munich lui demande de concevoir ses ouvrages ; il se consacre alors au métier de typographe, dessinateur de police.
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En 1924, sollicité par un imprimeur et fondeur de caractères, il s’attelle à un «caractère de notre temps», inspiré par l’esprit moderne. Les capitales d’inscription romaines forment son point de départ, à partir desquelles il dessine des minuscules géométriques se dégageant de l’héritage de la calligraphie. Une grande fonderie de Francfort, la Bauer Gießerei, reprend le projet et multiplie les recherches pour définir le standard le plus approprié de ce qui va devenir le Futura, publié en 1927. L’immédiateté et l’ampleur de son succès sont corroborées par les modifications que ses concurrents apportent à leurs caractères et la litanie des interprétations et plagiats qui débute dès 1923. Il est ainsi à l’origine de Futura • pas empattement • aspiration géométrique • commercialisée en 37 par Bauer de Franckfort • fait référence à l’alphabet de Bayer, Universel
Futura sera rapidement associée à des idéaux de démocratie et de progrès social. Ce caractère typographique est associé à la diffusion d’idées et plus seulement pour son caractère esthétique. Son succès est rapide et important. Futura constitue la forme typographique privilégiée du modernisme.
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Ladislav Sutnar 1897 - 1976 Ladislav Sutnar adapte ses productions aux principes qui découlent de la nouvelle typographie.
et le « Style International ou Style Suisse » et incarne l’inspiration à la démocratie et au progrès social.
Le Musée fondé par Otto Neurath utilise futura, la simplification des dessins, ainsi que les pictogrammes synthétisés. L’objectif reste la clarté et l’accessibilité pour que les discours soient accessibles à tous et ainsi populariser les idées, afin que les classes populaires aient accès a la connaissance : philosophie du progressiste et didactique.
Cependant certains se retirent de cette mouvance. Ce courant est ainsi associé à de nombreuses nouveautés, mais est jugé à un moment par ses partisans comme étant trop rigide.
Le pictogramme devient un outil d’émancipation politique et économique. Marie Reide Meister, épouse d’Otto Neurath a participé à l’élaboration de ce langage simplifié. ISOTYPE = Internation System Of Typographique Picture Education Ils ont donc un rôle le très important pour la diffusion des idées.
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Cette aventure graphique, esthétique et politique de ce qu’on pourra appeler graphisme moderniste européen, prendra fin avec la fermeture du Bauhaus, et l’exil des enseignants (aux EU, Angleterre, Tel Aviv etc) ce qui permettra de diffuser rapidement cette mouvance et ces idées. Après 1945, la Nouvelle Typographie fait le lien entre l’école du Bauhaus
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Graphisme en France dans l’entredeux guerres 14
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Cassandre 1901 - 1968
Adolphe Jean-Marie Mouron, dit Cassandre, est un graphiste, typographe, affichiste, décorateur de théâtre, lithographe et peintre français de l’entre-deux guerres. En 1923 il présentera officiellement sa première grande œuvre AU BUCHERON, sous le pseudonyme Cassandre. Cette affiche fera de lui un homme célèbre ; en 1925 elle lui vaut le grand prix de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs.
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Il fera la connaissance de Charles Peignot, fils de Georges Peignot, à l’origine de la fonderie G.Peignot et Fils, fleuron de la typographie française de l’époque. C’est là-bas qu’il imaginera les typographies comme Bifur ou encore Acier. À cette époque il forme avec Carlu, Colin, et Loupot ceux qui étaient appelés les «Mousquetaires du graphisme». Ils étaient membres émérites de l’Union des Artistes Modernes (UMA) qui regroupait le fin du fin de la création française dans les années 20 et dont les maîtres mots étaient : ordre, couleur, géométrie. Quelques réalisations : Vin Dubonnet, Pi volo, YSL, au bucheron (magasin de
meubles), transatlantiques (atlantique, normandie à l’Aérographe), Nord Express (lithographie, idée de monumentalisation de la machine à vapeur tout en jouant sur la perspective, Balto cigarettes. Cassandre se démarque par la monumentalité des figures telles que les paquebots, ou encore les trains. Il produit un style d’affiche percutant qui synthétise à la fois le futurisme, le post-cubisme, le surréalisme et l’Art Nouveau. Il est aussi l’auteur d’une typographie, le Bifur 1929, destinée à une composition pour affiches. Il fait l’objet d’une création avec la fonderie Deberny et Peignot mais ne connaîtra pas un grand succès commercial . Quelques années plus tard, il crée un nouveau caractère « le Peignot » en 1937, rencontrera davantage de succès et sera très utilisé pour des affiches publicitaires. On le retrouvera pour l’exposition intrernationale de 1937. Il représente l’expression typographique la plus aboutie.
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Raymond Savignac 1907 - 2002 Raymond Savignac est sans conteste l’un des plus célèbres affichistes français, qui a révolutionné le genre après-guerre. L’homme qui fait sourire les murs et réfléchir le papier. Avec plus 600 affiches publicitaires réalisées, dont les plus célèbres restent à ce jour Monsavon, qui signa sa consécration en 1949, Bic, Aspro ou encore l’affiche de La Guerre des boutons, il a marqué l’histoire de l’affiche avec sa poésie, son sens du raccourci et son humour joyeux.
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Conçues comme des slogans graphiques, ses affiches ont l’humour et la spontanéité de l’enfance. Sous une apparente légèreté, la simplicité du trait s’intègre dans une vraie démarche plastique. Il souhaitait que ses affiches aient “la beauté de l’évidence” et créait ainsi des concepts, des scènes humoristiques où le personnage suscite la complicité du passant. La vache Monsavon, l’écolier Bic, tous les personnages qu’il a créés, traversent avec une étonnante facilité les pays et les époques, continuant de s’imposer aujourd’hui au spectateur avec la même évidence. Le petit monde de Savignac révèle l’univers graphique d’un créateur qui a su saisir
l’esprit d’une époque aujourd’hui révolue, pourtant prompte à revivre à travers ses affiches et ses dessins. En 1948 il rencontre Bernard Villemot, un affichiste déjà réputé qui l’invite à venir travailler dans son atelier. Leur exposition commune et surtout l’affiche Monsavon marque le début de son succès.
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Roger Excoffon 1911 - 1983 Affichiste, typographe, dessinateur de caractères, Roger Excoffon fait partie des personnages les plus influents du graphisme et de la typographie française. Et pourtant si son nom reste peu connu du grand public, son œuvre est assurément connue du plus grand nombre. Graphiste et publicitaire de talent, il a réalisé des centaines d’affiches et de logos. Mais c’est en tant que typographe qu’il a marqué le paysage graphique français avec seulement 7 typographies à son actif : Le Vendôme, le Banco, le Mistral, le Choc, le Diane, le Calypso et l’Antique Olive. On peut surtout se souvenir des innombrables enseignes de bar-tabac, de salons de coiffure et autre boulangerie qui ont usé de ces dernières.
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Son second caractère, le Banco, est issu de l’espionnage industriel! À cette époque-là, il apprend par le biais d’un article dans une revue professionnelle que la Fonderie Derby & Peignot travaille sur un nouveau caractère, il prend alors sa loupe et scrute attentivement la photo illustrant l’article, où l’on voit le dessinateur de caractère Marcel Jacno en train de travailler. Roger Excoffon se fait une idée suffisamment
précise du travail en cours, et soumet à son patron quelques crayonnés inspirés de ce qu’il a vu. «Banco» lui répond ce dernier, 2 mois plus tard, le caractère sort et fait un tabac ! Ce caractère est alors très innovant, il semble dessiné à la brosse par une main énergique. Très vite toutes les charcuteries, épiceries, et boulangeries françaises s’empareront de ce caractère, pour la joie et le malheur de son créateur. Comme toutes les modes, ce caractère tombera en désuétude à partir des années 70-80 devenant même synonymes de ringardise. Heureusement, depuis quelques années, ce caractère retrouve ses lettres de noblesse et intéresse de plus en plus les jeunes générations.
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Pierre Faucheux 1924 - 1999 Typographe, graphiste, urbaniste et architecte, Pierre Faucheux serait le graphiste français le plus important après Cassandre. Figure majeure de l’édition française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, surnommé Monsieur Couverture, ou encore L’homme aux 100000 couvertures, Pierre Faucheux renouvellera profondément le livre et le design graphique. Son travail pour le Club Français du Livre ou le Livre de Poche a laissé dans nos bibliothèques, de nombreuses empreintes de ses expérimentations visuelles, revisitant les avant-gardes et les courants artistiques de son époque. En marge de son atelier, il développa un travail visuel constitué de collages et d’écartelages photographiques.
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C’est pendant ses études qu’il découvre les manuscrits médiévaux et les écrits de Le Corbusier, s’initiant ainsi aux tracés régulateurs et au nombre d’or. Cette fascination pour les rapports géométriques et l’harmonie de la mise en page fait de lui un homme passionné. C’est fort de cette connaissance qu’il se permettra de bouger les lignes du design graphique en violant les règles à condition de les connaître
car pour lui, son véritable métier c’est innover. Il débutera sa carrière chez Flammarion en 1942, où il assiste Paul Faucher au Père Castor. À la Libération, après avoir été journaliste quelques mois à Combat, il est engagé par Edmond Charlot pour renouveler l’ensemble des couvertures de ses ouvrages. En 1946, il devient directeur artistique du Club français du livre, lequel, sous son impulsion créatrice, modifia profondément le graphisme éditorial français. Dès cette époque, Pierre Faucheux apparaît comme un chef d’école artistique, transformant notamment le concept de maquette d’un livre ; il impose son nom dans la justification de tirage. Il substitue au travail automatique de l’imprimeur sur directives, un travail détaillé et minutieux, page par page, et souvent ligne par ligne.
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Le style suisse 24
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Herbert Matter 1907 - 1984 Herbert Matter est considéré dans les cercles de designers comme un artiste révolutionnaire, auquel on attribue l’utilisation de la photographie sous de nouvelles formes comme instrument de design et qui a intégré des éléments issus des beaux-arts dans le domaine des arts appliqués.
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Herbert Matter est un affichiste et photographe américain d’origine suisse. A partir de 1929, il commence à travailler avec de grands noms tels que l’affichiste Cassandre et l’architecte Le Corbusier. Il est ensuite expulsé du territoire français, ce qui le ramène en Suisse où il deviendra affichiste pour l’office de tourisme Suisse. Son style novateur, mêlant photomontage et typographie lui permettra de se faire une réputation mondiale, ce qui l’amènera à emménager aux Etats Unis. Sa carrière américaine sera un grand succès il travaillera pour de grandes agences publicitaires et des magazines comme Vogue et Harper’s Bazar. Il réalise également l’identité graphique du logo de Knoll, un fabriquant de mobilier américain ainsi que des affiches de propagande en faveur de l’armée américaine durant la seconde guerre mondiale.
Son affiche Pontresina et un photomontage sur lequel les diagonales, la trame ainsi que les ruptures d’échelles amènent du dynamisme et créent des contrastes très forts. On retrouve quelque peu les affiches réalisées par Cassandre. Cette série d’affiches va vraiment contribuer à diffuser son travail. Il s’approprie pleinement les thèses modernistes qui se répandent avec l’idée de composition d’affiches dynamique et qui fait usage du photomontage.
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Max Bill 1908 - 1994
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Max Bill est un artiste fondamental qui a incarné la modernité de façon exemplaire. À la fois architecte formé au Bauhaus, peintre abstrait, cofondateur du mouvement de l’Art concret, mais aussi graphiste, typographe, scénographe d’exposition et designer, certaines de ses réalisations font désormais partie des grands classiques du 20e siècle.
typographie au niveau de l’œuvre d’art.
En 1930, ses premiers propos publiés comportaient déjà deux maîtres mots de son travail graphique, économie et clarté. Le design d’imprimés consiste en un agencement de texte qui se doit de prendre en compte la lisibilité et la psychologie. Quant à l’économie, elle impliquait la standardisation des formats de papier et le recours exclusif à des polices en bas de casse. Il souligne que, dans une création, le blanc est aussi important que les parties imprimées, avant de conclure que la relation entre l’espace et les caractères typographiques, qui est l’essence même du travail, peut ne pas être perçue par nombre de spectateurs. Mais c’est précisément cette possibilité qui, lorsqu’elle est correctement utilisée, est susceptible d’élever la
Le design graphique de Max Bill semble échapper à toute catégorisation. Influencé par le Bauhaus, Bill avait tout autant l’esprit ludique et inventif. Ses créations n’exprimaient aucun style personnel, mais s’adaptaient au sujet. «Fonctionnaliste» constitue peut-être le qualificatif le plus adapté pour décrire son travail qui, pour autant, ne manquait pas d’équilibrer liberté d’imagination, discipline intellectuelle et élégance esthétique.
Dans les années 1950 et 1960, il jouit d’une grande influence dans le monde du design grâce à son livre intitulé Form, son exposition Die Gute Form en Suisse, et la création de la Hochschule für Gestaltung à Ulm en Allemagne.
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Armin Hofmann 1920 - 2020 Hofmann a grandement contribué à faire connaître le Style International et le fera évoluer vers le figuratif, à la manière d’un Müller-Brockmann. Il a essentiellement travaillé dans le domaine culturel : opéra, musique. Il reste essentiellement connu pour un certain nombre de ses affiches. La « manière » de Hoffmann, souvent reprise, se définit par l’utilisation de photomontages, d’une typographie rigoureuse, d’une composition géométrique très stricte et de couleurs souvent limitées au noir et blanc. Il faudra attendre l’explosion du Pop Art et la remise en question des valeurs véhiculées par la société des années 50 et 60 pour assister au démantèlement progressif de ce modèle graphique.
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Selon Armin Hofman, « Le mouvement est la caractéristique propre de la ligne. Contrairement au point qui fait centre et reste statique, la ligne est de nature dynamique. Elle peut-être prolongée indéfiniment dans les deux directions, elle n’est liée ni à une forme ni à un centre. Si l’on considère cependant que la ligne est un élément fondamental, c’est seulement parce
que le phénomène qui lui a donné naissance, n’est plus perceptible. Elle est un élément qui a déjà passé par un stade de croissance. » Sur son affiche Stadt Theater Basel, les formes jouent sur leur verticalité mais sont présentées de manière à évoquer des notes, un clavier de piano, la musique de manière quasiment abstraite et conceptuelle. Deux ouvrages importants ont marqué l’école suisse, dont celui d’Armin Hofman à savoir Manuel de création graphique en 1965. Ce dernier est écrit en 3 langues différentes (allemand, français et anglais) puisqu’il avait pour volonté la projection de ce style au niveau international.
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Josef Muller Brockmann 1914 - 1996 Müller-Brockmann est probablement l’un des graphistes les plus influents de l’histoire de notre profession. C’est assurément la figure de proue du graphisme suisse (qui prend aussi le nom de style international). Son travail est influencé par le Bauhaus et le constructivisme. Typographie et géométrie prédominantes. Ses compositions sont basées sur des grilles très «rigides» qui seront sa marque de fabrique, des photographies objectives afin d’éviter les émotions, l’importance du rythme, de l’harmonie, des compositions mathématiques et géométriques. Un style économique et rationnel.
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Il est fortement influencé par Moholy-Nagy et le manifeste moderniste «Die neue Typographie» de Jan Tschichold proclamant la suprématie des polices de caractères en bâtons (grotesk en Allemand). Brockmann explique très efficacement son style : «Dans mes créations d’affiches, de publicités, de brochures et d’expositions, la subjectivité est supprimée au profit d’une grille géométrique qui détermine l’arrangement des mots et des images. La grille est un système d’organisation qui rend le message plus facile à
lire, cela vous permet d’obtenir un résultat efficace à un coût minimum. Avec une organisation arbitraire, le problème est résolu plus facilement, plus vite et mieux.» Il affirme qu’il est nécessaire de maintenir «l’intelligence, l’objectivité, la qualité fonctionnelle et esthétique de la pensée mathématique». Brockmann a écrit un ouvrage important : Grid system qui fournit une réflexion sur la grille, ainsi que la Revue Neue Grafik (Couverture : Carlo VIVARELLI) qui a joué un rôle très important dans la diffusion du style suisse dans le monde entier.
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Max Miedinger 1910 - 1980 Créateur de caractères. C’est sous la direction d’Edouard Hoffmann, directeur de la fonderie Helvète Haas, que le graphiste et typographe zurichois Max Miedinger dessina en 1957 la célèbre Helvetica. Il se basa pour cela sur l’Akzidenz-Grotesk, typographie de type linéale conçue par la fonderie berlinoise H. Berthold AG en 1896. Le but de Miedinger et d’Hoffmann était d’en proposer une version modernisée. Ils voulaient créer d’un point de vue optique la plus harmonieuse des polices. Des caractères réguliers qui finissent toujours verticaux ou horizontaux, une grande symétrie ou encore une épaisseur constante du trait confèrent à cette typographie linéale une rigueur et une neutralité à l’image du style suisse. Celle-ci favorise une uniformité qui se veut accessible au détriment d’une personnalité trop encombrante. Sa grande qualité devient alors pour ses détracteurs son grand défaut et ils regrettent sa standardisation aseptisée. Miedinger voulait en effet que l’accent soit mis sur le message véhiculé par la typographie plutôt que sur la typographie elle-même.
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En dehors de l’Hevetica, Miedinger n’aura pas laissé beaucoup d’autres réalisations. Trois caractères ont été commercialisés, toujours par la fonderie Haas. Le Pro Arte (1954) une typographie de cow-boy, l’Helvetica Rounded (plus connu sous le nom de VAG Rounded et initialement conçu pour Wolkswagen) et enfin l’Horizontal (ré-édité sous le nom de Miedinger) qui se voulait un concurrent d’une autre star de la typographie l’Eurostile d’Aldo Novarese.
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Le style international en Europe (1945 - 1978) 36
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Otl Aicher 1922 - 1991
Olt Aicher est un designer graphiste allemand. De 1967 à 1972, mandaté par le comité d’organisation des Jeux Olympiques pour la réalisation du programme de communication visuelle des Jeux de Munich, il conçoit les célèbres pictogrammes universellement utilisés depuis. En 1984, il fonde à Rotis, ville dans l’Allgäu où il a emménagé, le Rotis Institut für analoge Studien où il développe, en 1988, la police de caractères combinatoire Rotis.
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Ses travaux les plus connus, outre les pictogrammes, sont les identités visuelles qu’il développe pour les sociétés allemandes et suisses telles Deutsche Lufthansa, l’Aéroport de Francfort, Braun, ZDF, ERCO Leuchten, Raiffeisen, Siedler Verlag... Précurseur du concept de la communication visuelle, il est aussi l’un des pionniers de l’identité visuelle avec une conception complète allant de l’uniforme jusqu’au billet d’entrée initiée aux Jeux Olympiques d’été de 1972 et qu’il a également transposée pour la Deutsche Lufthansa. De par sa recherche graphique et typographique empreinte d’une extrême rigueur, il se rattache
aux designers majeurs du Style international ou Style suisse que sont Josef Müller-Brockmann et Armin Hoffmann. Otl Aicher a développé son système de pictogrammes en collaboration avec l’École d’Ulm à l’occasion des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Le monde du sport utilise toujours ces icônes, qui n’ont cessé de conquérir de nouveaux secteurs: transport, services, santé et bien d’autres.
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Wim Crouwel 1928 - 2019 Figure majeure du graphisme européen contemporain, Wim Crouwel, fut aussi directeur du musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam. Sa production, marquée par la rigueur d’un héritage moderniste, révèle également de profondes affinités avec l’art de son époque et reflète une pratique étendue du design, appliquée tant au domaine culturel qu’au domaine commercial : création typographique, identités visuelles, signalétique, affiches, édition, scénographie d’expositions. Son travail est fondé à la fois sur les inépuisables ressources de la grille, matrice de toute composition, et sur l’exploitation constante de l’écrit en tant qu’élément plastique. Crouwel est notamment l’auteur du très expérimental New Alphabet, célèbre caractère typographique conçu en 1967 pour répondre aux nouvelles exigences technologiques, et qui continue de fasciner les jeunes générations.
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Deux dimensions du travail de Wim Crouwel sont aujourd’hui largement reconnues : sa production de systèmes d’identité visuelle (développés notamment au sein de
son agence, Total Design) et son expérience typographique audacieuse : le New Alphabet. De ce fait, il a su se faire une place importante au sein des graphistes modernes tout en jouant un rôle de pionnier dans la création et l’émergence du graphisme dit électronique. En effet, ce serait lui qui aurait transposé sur papier les premières formes typographiques ‹ électroniques › de l’histoire du design graphique. Il cherchait à simplifier chacune des lettres de l’alphabet en trouvant pour chacune présentation orthogonale, davantage compatible avec la forme du pixel que l’on retrouvera sur les premiers écrans d’ordinateur.
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Total Design Studio
Wim Crouwel est ainsi à l’origine de l’agence révolutionnaire Total Design en 1963. Cette dernière est innovante, pionnière dans son fonctionnement et travaille autour d’un design global : architecture, design graphique, design produit. Un des acolytes de Wim Crouwel, dans l’agence, est Benno Wissing, designer graphique néerlandais. Dans le cadre de Total Design, Crouwel a participé à la signalétique de l’aéroport international d’Amsterdam, lieu de brassage important. Il s’agissait de créer toute l’identité visuelle de cet aéroport international, qui constituait à l’époque, un chantier majeur pour la Hollande. Le travail réalisé est novateur et révolutionnaire, et aura une influence sur de très nombreux aéroports dans le monde entier. Le principe consistait en l’utilisation d’un caractère sans empatement : akzidenz-grotesk médium. Le tout placé dans des caissons rétro-éclairés pour permettre une meilleure lisibilité et visibilité, sur lesquels les indications étaient présentées en 2 langues.
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5 ans plus tard, la France adopte le même principe pour Roissy Charles de Gaulle à Paris. Total Design a ainsi participé à l’internationalisation des normes utilisées.
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Max Huber 1919 - 1992
Entre 1942 et 1980, Max Huber a gagné une réputation internationale comme l’un des designers les plus innovateurs et significatifs de sa génération. Après une formation aux Arts et Métiers et un apprentissage graphique en Suisse (inspiré par l’expérience des premiers maîtres modernes) il s’est déplacé à Milan où il a commencé à travailler au Studio Boggeri. Il a exposé son travail en Europe et au Japon, où il a aussi tenu de nombreuses conférences. Combinant la peinture et la photographie avec d’autres médias graphiques il est toujours resté d’avant-garde au cours de sa carrière. Le travail graphique d’Huber est brillant, pointu, toujours étonnant et très efficace.
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Son travail est du reste toujours d’une grande actualité. Passionné de jazz, il conçoit une série de magnifiques couvertures de magazines de musique et de la scénographie pour un festival de jazz. Il a été étudiant au Bauhaus et donc formé dans la rigueur allemande et suisse, il découvrira la faconde italienne et associera les deux. Lors de la réalisation de ses couvertures
pour des revues sur le jazz, il a énormément joué avec des motifs graphiques abstraits, du photomontage, et des couleurs assez vives tout en simplifiant les instruments.
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Massimo Vignelli 1931 - 2014 Massimo Vignelli a travaillé dans de nombreux domaines, du packaging à la signalisation en passant par le design de mobilier et celui d’espaces de vente, via son entreprise Vignelli Associates, cocréée avec sa femme Lella. Le travail de Vignelli est étroitement lié à la tradition moderniste, se concentrant sur la simplicité à travers le recours à des formes géométriques simples dans tous ses travaux.
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En 1965, Il devient co-fondateur et directeur de la conception de Unimark International Corporation. Avec Lella Vignelli, il a créé les bureaux de Vignelli Associés en 1971, et les conceptions Vignelli en 1978. Son travail inclut des programmes d’identité graphique et de publication d’entreprise, dessins, graphiques, architecture et des expositions, de l’intérieur, des meubles et des conceptions de produits de consommation pour de nombreuses grandes entreprises américaines et européennes et des institutions. Vignelli a eu son travail publié et exposé dans le monde entier et est entré dans les collections permanentes de plusieurs musées,
notamment le Musée d’ Art Moderne, le Metropolitan Museum of Art, le Brooklyn Museum, et le Cooper-Hewitt Museum à New York, le Musée des Arts Décoratifs de Montréal, et le Die Neue Sammlung de Munich.
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Style Olivetti 1930 - 1990
Créée en 1908 par Camillo Olivetti comme la première fabrique de machines à écrire italiennes, l’entreprise a eu recours aux designs tout au long de son développement : de la conception de ses produits à leur publicité en passant par l’architecture de ses bâtiments (usines, magasins, crèches...). Le style Olivetti signifiait que l’on portait attention aux personnes, à la valorisation de leur travail et de leurs potentialités. Chez Olivetti, en effet, on ne demandait pas aux designers et aux graphistes de respecter une image de marque prédéfinie, mais de collaborer et d’apporter leur créativité afin que l’image de l’entreprise exprime sa progressivité et la solidité de sa culture. Cette firme s’entourera des meilleurs designers tels que Giovanni Pintori qui travaille comme DA en concevant des annonces publicitaires, des couvertures de catalogues, des annonces presse et bien d’autres choses. De cette collaboration nait un style graphique très identifiable qui donne une signature visuelle à cette marque : une gamme colorée assez vive notamment.
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Ainsi, Pintori a su associer règles de clarté, simplicité et verve italienne assez inventive et colorée
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Jean Widmer 1929 Jean Widmer, graphiste, crée depuis son arrivée en France, dans les années cinquante, des images qui sont une synthèse entre abstraction et figuration, alliant sensualité et style épuré. Après un passage au jardin des modes et aux Galeries Lafayette où il révolutionne les concepts graphiques, il se consacre aux images publiques. En ce domaine, privilégiant désormais le champ culturel, il fait œuvre de pionnier. Le système de signalisation et d’animation conçu pour les Autoroutes du sud de la France est l’une de ses réalisations les plus connues. Les identités visuelles créées par Jean Widmer pour les institutions culturelles font désormais partie de la vie quotidienne de bien des Français, et constituent des références prestigieuses dont les étrangers portent témoignage au-delà de nos frontières. Citons quelques cas exemplaires: le Centre Georges Pompidou, le musée d’Orsay, l’Institut du monde arabe, la Galerie nationale du Jeu de paume, l’identité de la ville de Berlin, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, la Bibliothèque nationale de France.
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L’architecture du Centre Pompidou, appelé aussi Centre Baubourg, a été confiée à Richard Rogers et Renzo Piano. À l’époque ce bâtiment a été une sorte de bombe : sur sa facade principale, l’escalator est laissé en evidence, et permet de voir la ville de Paris. Le bâtiment joue sur la transaparence et met en évidence l’ensemble de la structure. Jean Widmer est le graphiste choisi pour travailler sur ce centre. Il contribue à sa notoriété en réalisant son logo avec une approche synthétique de la façade qui évoque le fameux esclataor. Ce logo est, aujourd’hui encore, considéré comme inoxydable.
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Le style international aux Etats Unis 52
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Lester Beall 1903 - 1969
Lester Beall est un graphiste américain et pionnier du modernisme aux EtatsUnis. Il réalisera d’importants et nombreux programmes d’identités d’entreprise et sera l’un des premiers à promouvoir la charte graphique conçue pour coordonner les éléments disparates intervenant dans un projet d’images d’entreprises. Son utilisation claire et concise de la typographie a été très appréciée à la fois aux États-Unis et à l’étranger. Tout au long de sa carrière, il utilisera principalement des couleurs vives et primaires dans ses réalisations, ponctuant l’ensemble de formes (flèches,lignes) et photographies dans un style graphique qui est maintenant devenu sa signature.
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La politique de grands travaux du gouvernement Roosevelt avait pour objectif de moderniser les campagnes américaines. Beall a ainsi été choisi pour participer à la campagne de communication qualifiée d’utilité publique. Il produit Rural Electrification Administration, 3 séries de 6 affiches. Certaines sont d’emblée achetées par le MoMa, ce qui est rare pour un graphiste. Beall reste simple et est un des premiers à
aborder l’approche moderniste. Ses affiches marquent cette époque de la fin des années 30. « En tant que concepteurs graphiques de la page imprimée d’aujourd’hui, qui dépendent depuis longtemps des moyens de communication, nous devrions nous considérer comme les inévitables architectes des futurs systèmes de communication révolutionnaires... » Cette déclaration finale résume la vision de Lester Beall qui avait pour volonter de créer une nouvelle façon de communiquer avec les gens par le biais du design.
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Herbert Bayer 1900 - 1985 Herbert Bayer est un designer et un artiste autrichien qui utilise plusieurs supports pour créer des typographies dynamiques, des peintures et des éléments d’architecture. Son travail se caractérise par une esthétique minimaliste. Il débute comme apprenti dans un cabinet d’architecture et de graphisme, à Linz, puis à Darmstadt en Allemagne. En 1921, séduit par les théories de Walter Gropius et son refus de distinguer art et artisanat, il intègre le Bauhaus de Weimar. Dans la deuxième époque de la célèbre école, à Dessau, Bayer, jeune maître, dirige l’atelier d’imprimerie et de graphisme publicitaire. Son terrain de prédilection est la typographie. Il s’y révèle novateur et efficace, créant la fonte Universal pour la communication de l’école, et jouant de l’association de la photographie et du lettrage dynamique.
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Sa connaissance en matière d’intégration de formes géométriques lui permet de créer des concepts esthétiques pour des publicités. Il devient directeur artistique pour le magazine Vogue à Berlin en 1928 et conçoit des brochures touristiques pour le IIIème Reich lors de Jeux
Olympiques de 1936. Peu de temps après, il est considéré comme un « artiste dégénéré » et s’installe à New York pour fuir le régime nazi. Dans son alphabet Universel, Bayer elui-ci opère une réduction de la forme des lettres à leurs éléments signifiants. Les lettres rondes – a, b, c, d, e, g, n, o, p, q, u – sont construites sur la base d’un cercle toujours identique, auquel les droites apportent une modalité qui permet aux signes de se distinguer les uns des autres.
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Paul Rand 1914 - 1996
Paul Rand est une légende du design graphique. À travers ses conceptions éditoriales, ses publicités, et son travail d’identité visuelle, Rand introduit les idées avant-gardistes européennes en Amérique, mélangeant arts plastiques et design commercial. Ses juxtapositions colorées, son approche de la typographie et son utilisation des supports sont devenues des influences si importantes qu’elles ont encore aujourd’hui un impact dans l’univers du design graphique.
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Après la guerre, dès 1955, il se distingue par des identités graphiques progressistes qui profitent aux entreprises. En tant que directeur artistique, il aide à révolutionner le domaine publicitaire en accentuant l’importance du graphisme et du visuel face à la rédaction. Il produit des logos pour de grandes entreprises telles que IBM, ABC, UPS, ou encore la NeXT de Steve Jobs, encore légendaires et presque inchangés aujourd’hui. En créant des identités visuelles globales, il transforme le domaine de la communication d’entreprise en Amérique du Nord. Il aurait convaincu les entreprises, presque à lui seul, que le design peut être un outil
commercial performant. À la fois auteur, professeur et designer, Rand a confirmé l’idée qu’un bon design est rentable good design is good business comme l’a dit Thomas J. Watson Jr., directeur général d’IBM, qui possédait une conscience visionnaire. Paul Rand invite ses clients, étudiants, et nous mêmes à regarder le monde d’un œil neuf, en proclamant : « tout est design ! » Il signe la charte graphique de l’un des plus gros chantiers de design d’entreprise dans l’histoire nord américaine : IBM (International Business Machines Corporation). C’est le tout début des identités graphiques en entreprise. Les entreprises comprennent vite que pour survivre dans cette jungle d’images il faut savoir se distinguer, présenter une image moderne et innovante.
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Saul Bass 1920 - 1996
Le générique de film est l’art subtil de mélanger image, typographie et musique. C’est une partie méconnue de l’histoire du cinéma, du graphisme et de notre mémoire collective.
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Saul Bass participe à la réalisation d’affiches de films, rencontre Otto Preminger et réalise le générique de L’Homme au bras d’or (The Man with the Golden Arm), qui le fera reconnaître comme le maître du genre. La force d’évocation du visuel conçu par Saul Bass (un bras stylisé représentant les talents de musicien et de joueur de poker du personnage principal, ainsi que son addiction à l’héroïne) est telle que lors de la première du film à New York, seul le logo est affiché, le titre est superflu. Il réalise de nombreux autres génériques dont ceux d’Autopsie d’un meurtre ou West Side Story. Il entame alors deux autres collaborations notables, l’une avec Alfred Hitchcock, l’autre avec Stanley Kubrick. C’est avec ces réalisateurs qu’au-delà de son travail sur les génériques, Saul Bass participe également à la conception de certaines séquences, notamment la scène de la douche dans le film Psychose (Psycho) ou les combats de Spartacus.
Saul Bass s’est ainsi fait une place dans le monde du cinéma en réalisant et ce de manière très graphique, des affiches et des génériques de films. Saul Bass a été très marqué par un auteur, György Kepes 1906-2001 qui était un peintre, photographe, designer, théoricien de l’art et enseignant au sein de l’école du Bauhaus. Il est l’auteur de Language of vision, livre qui a profondément marqué Bass.
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Reid Miles 1927 - 1993
Reid Miles est un graphiste américain, principalement connu pour son travail de pochettes d’albums pour Blue Note Records. Au cours des onze années de collaboration avec le label de jazz, il a conçu plus de 500 pochettes, laissant une marque indélébile dans le design graphique du xxe siècle.
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En 1956, quand Blue Note commença à produire des LP 12e et qu’il fallut concevoir des pochettes adaptées à ce nouveau format, Reid Miles fut recruté comme designer. Comme Steinweiss, Miles n’aimait que la musique classique et était réputé pour revendre les disques de jazz qu’on lui donnait mais il était un designer génial. Ses idées allaient contribuer à donner aux productions du label un look moderne et original qui deviendrait l’emblème du disque de jazz dans le monde . Il a, par exemple, réalisé les pochettes de Jackie Mc Lean, Freddie Hubard, Jay Jay Johnson, Joe Henderson, ou encore Larry Young. Il crée une circulation et intègré toujours des photos placées de manière intelligente afin de mettre en lumière l’artiste.
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L’émergence d’une contreculture (1960-1975) 64
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Push Pin & la culture pop Milton Glaser (1929-2020) et Seymour Chwast (1931), illustrateurs fondent le Push Pin Studios en 1954. Très vite leurs productions furent marquées par un grand éclectisme, marquant leur refus de l’hégémonie moderniste. Ils multiplient ainsi leurs expérimentations graphiques, affirmant alors leur rupture avec le discours moderniste. Le lancement, en mars 1957, de leur publication « Push Pin Monthly Graphic » va leur permettre d’explorer des techniques (ex : gravure, lavis,..) et des registres illustratifs alors délaissés par la tendance moderniste qui tend à leur préférer la photographie.
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Le style Push pin associe de nombreuses sources d’inspiration : lettrages art nouveau, Sécession viennoise, motifs Art déco, collages surréalistes, etc qui sont ensuite recyclés et recombinés sur les supports les plus divers, donnant naissance à une esthétique bricolée, hétérogène, s’opposant à la rigueur et la radicalité du Style international. Glaser et Schwast s’emploie à
redonner à la forme décorative une place de choix. Ainsi en 1963, S. Chwast va créer pour l’entreprise Artone un logotype en reprenant l’initiale du nom, se référant très clairement à l’art nouveau, style particulièrement rejeté par les modernistes pour ses excès décoratifs. Il sera remis au goût du jour par toute la pop culture dans les années 60 avec la volonté de réhabiliter des savoirs-faire artisanaux (dessin, lettrage, illustration) dans la pratique du graphisme, alors que le modernisme tendait à rendre invisible la main du graphiste.
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La photocomposition à New York Parallèlement à ce renouveau du lettrage, jouant sur l’éclectisme et l’illustration, nous pouvons noter la généralisation de la pratique de l’offset, ainsi que l’expérimentation de différents procédés de photocomposition. De fait par sa simplicité technologique la photocomposition va accompagner une véritable explosion créative.Sont proposés désormais de nouveaux alphabets de titrage tout de suite exploitables dans les maquettes de projets destinés à être imprimés en offset. Ainsi en 1965, la firme new-yorkaise «Photo-lettering, INC. » propose aux studios de graphisme un ensemble de 5474 caractères, certains dessinés par des graphistes tels que M. Glaser, et S. Chwast, euxmêmes se retrouvant ainsi créateurs et clients de l’entreprise.
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Psychédélisme en Californie A la même époque se développe en Californie la mouvance du graphisme psychédélique, notamment à San Francisco avec le mouvement Acid-rock, autour de salles de concert, groupes de musique, clubs... Sous influence des Push Pin cela donnera naissance à un nouveau style d’affiches où la couleur domine. Wes Wilson (1937-2020), jeune artiste qui appartient à la communauté hippie locale, se voit confier la communication de la salle de concert : « Fillmore Auditoryum ». Entre 1966 et 1968, le lettrage dans ses réalisations prend alors une dimension illustrative puisant tout à la fois dans l’art nouveau, le jugendstyle, l’art oriental et amérindien. Avec, par exemple, l’affiche consacrée à « Captain Beefhart&His magic band », en 1966.
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Une autre artiste, son épouse, Bonnie Mac Lean (19392020) produit pour la même salle une trentaine d’affiches entre 1967 et 1970 dont « the Yardbirds » (1967), très marquées également par l’art nouveau. Elle, comme Wes Wilson font également appel à des figures
féminines allégoriques largement utilisées aussi dans le répertoire de l’art nouveau (cf Mucha). Toujours en Californie Victor Moscoso (1936) crée pour le club « The Matrix » des affiches psychédéliques et hautes en couleur (accords chromatiques improbables et usant de photographies anciennes) tout en explorant les limites de la perception visuelle, le résultat étant que seul un public d’initiés semble apte à décoder ces messages, qui de toute façon s’adressaient à un public spécifique
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SITOGRAPHIE http://indexgrafik.fr/saul-bass/ http://indexgrafik.fr/a-type-of-blue-reid-miles/ http://www.veroniquevienne.com/article/le-style-push-pin_-glaser-chwast http://indexgrafik.fr/le-style-olivetti-19301990/ https://www.kob-one.com/blog/histoire-du-graphisme-jean-widmerun-pionnier-du-graphisme-moderne/ http://indexgrafik.fr/paul-renner/ http://indexgrafik.fr/jan-tschichold/ http://www.roger-excoffon.com/typographie/ http://indexgrafik.fr/ladislav-sutnar/ http://indexgrafik.fr/herbert-matter/ http://www.artnet.fr/artistes/max-bill/ https://www.grapheine.com/histoire-du-graphisme/paul-rand-tout-estdesign http://indexgrafik.fr/herbert-bayer/ http://www.plume-et-papier.com/photocomposition.php http://indexgrafik.fr/lester-beall/
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