KANAK,
L’Art est une Parole
p. 12 Grande interview
I&I
LE GROOVE SUR SCÈNE ET DANS LES BACS
p. 19 Portrait Makyhab, un kaneka inspiré
p. 50 Parcours Marianne Tissandier
p. 52 Il était une fois... La FOL
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GRATUIT
p. 27 Dossier spécial
Jusqu'au 31 juillet 2014 Exposition
Il était une fois le timbre...
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Voyagez au coeur de la vie du timbre.
Vivez le monde du timbre comme jamais.
Pour tout renseignement : 5 RUE ANATOLE FRANCE, Tél. : 29 19 90 Du lundi au vendredi, de 07h45 à 15h30
édito
QUESTIONS À 4 LA CULTURE BOUGE 36 Questions croisées à Roger Boulay et Emmanuel Kasarhérou, commissaires de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole au musée du quai Branly. 6 CHRONIQUE D’AILLEURS 8 CULTURE WEB CRITIQUES 40 Musique Humilité de Makyhab 9 LIRE UN PAYS Soudwane de Chavi
10 LaÉVÉNEMENT Fête des Fous à lier 12 I&ILA GRANDE INTERVIEW 14 PORTRAITS Soufiane Karim, la parole prend corps
Adjé : « Quitte à travailler à perte, je veux que mon délire aboutisse » Wenic Bearune, le théâtre autrement Makyhab, un kaneka inspiré Tanguy Ricaud et Julie Fortin, quand la danse fait salon Karl Baudoin, créateur d’ambiance
LE GENRE IDÉAL 22 Une explosion d’électro AUTREMENT 23 ÀL’ART la découverte de la musicothérapie PALABRES D’ÉCRIVAIN 24 Frédéric Ohlen publié chez Gallimard « KANAK, L’ART 27 SPÉCIAL EST UNE PAROLE » Huit pages pour vous informer sur cette grande exposition qui se tiendra au centre culturel Tjibaou à partir du 15 mars 2014.
Deko pareu ri ci ran de Dick et Hnatr Stargazer de Paul Cramet
Littérature Comédies broussardes d’Ismet Kurtovitch
FICHE PRATIQUE 46 Réaliser son bilan comptable
Pour 2014, Endemix vous souhaite le meilleur : amour, santé, prospérité et culture ! L’art kanak est aujourd’hui à l’honneur et, une fois n’est pas coutume, c’est bien de Paris que nous vient la plus belle exposition jamais organisée sur ce thème. Voilà le souffle des ancêtres qui revient gonfler les voiles de la grande pirogue, en cette année cruciale où tout est possible. La Nouvelle-Calédonie fait parler d’elle, elle attire le regard et, si l’on y prête attention, on saura déjà entrevoir les conséquences de cette exposition flatteuse. Vous l’aurez compris, voici venu le temps des opportunités. Des portes s’ouvrent, des oreilles se tendent, le moment ou jamais d’aller de l’avant ! Peut-être en retour les Calédoniens eux-mêmes porteront-ils un regard nouveau sur la production culturelle locale et ses indéniables talents ? Nous espérons en tout cas que ce numéro saura vous mettre en appétit. Christophe Augias, directeur de la bibliothèque Bernheim
MÉTIER 48 Scénographe
49 LE CRI DU CAGOU PARCOURS 50 Marianne Tissandier, conservatrice-restauratrice LIEU 51 L’Île aux Canards
52 LaILFOLÉTAIT UNE FOIS… AGENDA 54 Spécial année 2014
58 ANNUAIRE
Endemix est publié par : Le Poemart : Pôle Export de la Musique et des Arts de NouvelleCalédonie 27, rue de Sébastopol Le Central 310, 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie Tél. : (687) 28 20 74 contact@poemart.nc www.poemart.nc
La Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie 21, route du Port-Despointes Faubourg-Blanchot 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie Tél. : (687) 28 65 10 accueil@maisondulivre.nc www.maisondulivre.nc
La bibliothèque Bernheim 41, avenue du Maréchal Foch 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie Tél. : (687) 24 20 90 bernheim@bernheim.nc www.bernheim.nc
Directeur de la publication : Chris Tatéossian Rédactrice en chef : Gaëlle Bessaudou-Perrier (perrier.gaelle@gmail.com) Coordinatrice : Claire Thiebaut Rédaction : Léna Quillier, Frédérique de Jode, Aurélie Cornec, Roland Rossero, Claire Thiebaut, Charlotte Mestre, Sylvain Derne, Aude-Emilie Dorion, Janice, Jean-Marc Estournès, Anne Bihan, Stéphane Camille Photographies : Éric Dell’Erba, Niko Vincent, Aude-Emilie Dorion. Couverture : Sculpture à planter. Collection du musée de Nouvelle-Calédonie, photogr. C. Herbelin Corrections : Jean-Marc Estournès Publicité : Rezo, 25 50 90 Maquette, réalisation et couverture : Push&Pull, 24 22 49 Impression : Artypo Tirage : 15 000 exemplaires Distribution : Totem ISSN : en cours Le Pôle Export de la Musique et des Arts de Nouvelle-Calédonie est une association à but non lucratif créée en décembre 2007. Il a pour mission de promouvoir la création locale à l’intérieur et à l’extérieur du territoire en accompagnant collectivement les artistes et en mettant à leur disposition des outils et un réseau-ressources local et international.
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La culture bouge m
usique
let’s groove ! © Le Groove
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e 9 janvier dernier, un nouvel établissement dédié à la musique a ouvert ses portes à la place du piano-bar Paillard : Le Groove. Ce club managé par le musicien Michel Trabelsi souhaite mettre en avant la scène locale en programmant tout aussi bien des artistes confirmés que de nouveaux talents. Du mardi au samedi le Groove propose un concert chaque soir. On y entend des musiques aux origines et aux styles éclectiques, jazz bien sûr, mais aussi funk, rock et autres rythmes. L’intimité des lieux permet une chaleureuse proximité entre artistes et public. De bons moments de groove en perspective ! Pour tout connaître de la programmation, rendezvous sur la page Facebook /Le-Groove. Une seule adresse : 5, rue Jules Garnier, Baie de l’Orphelinat. Tél. : 26.28.80.
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caledonia +++++
© Éric Aubry
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© Le Groove
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im Sameke lance un rendez-vous culturel incontournable : le festival Caledonia+687. Le 5 avril prochain, le centre culturel Tjibaou convie le public à fêter le destin commun. Danses traditionnelles et contemporaines, four wallisien et four kanak, tambours japonais et percussions tahitiennes, toutes les cultures seront au rendez-vous pour un immense « festin commun ». Afin de permettre à toutes les bourses de profiter de la journée, chaque visiteur sera libre de donner la somme de son choix pour entrer sur le site, avec un minimum de 1 000 Frs. Dans un autre cadre, mais toujours dans le but de marquer l’événement et les mémoires, Tim Sameke sort tout spécialement un album qui regroupe une vingtaine d’artistes d’origines différentes. « Si on est capable de vivre ça une journée, on peut continuer à le faire tous les autres jours », déclare l’artiste avec confiance. Caledonia+687, nous voilà !
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usique
100% live
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a troisième édition du Mazik Festival aura lieu le 12 avril au centre culturel Tjibaou. En 24 heures, la première affiche du festival a été partagée plus de 300 fois sur les réseaux sociaux. Et pour cause, la programmation est plus qu’alléchante : en tête d’affiches internationales, Ayo, Ky-Mani Marley, T-Micky et Tanya Stephens. De quoi satisfaire beaucoup de monde. « On a essayé de répondre à une attente du public », explique Ronny, l’un des organisateurs du festival. Pacifica Land Productions, à l’origine du Mazik Festival, opte cette année pour une résonance World Music. Avec des chansons de toutes les couleurs (folk, soul, reggae) et des complaintes mélancoliques d’Ayo, un rendez-vous reggae d’exception avec Ky-Mani Marley, le dixième enfant reconnu de Bob Marley… Sans oublier les artistes locaux, Chavi, I&I et Oldifrika, qui seront de la partie. Trois bonnes raisons de plus pour s’y rendre !
xposition
La DZ galerie demenage
L
a galerie d’art à l’entrée de Ouémo, bien connue des Nouméens, a fermé ses portes le 31 janvier pour ouvrir un nouveau chapitre de son histoire au 27, boulevard Extérieur, Faubourg Blanchot. C’est dans une magnifique maison coloniale âgée de plus de 100 ans que seront désormais exposés les objets d’art océaniens et les peintures aborigènes dénichés par son propriétaire-aventurier Didier Zanette. « Sous des hauteurs de plafond de quatre mètres, les œuvres bénéficient d’un très bon éclairage et d’espaces bien aérés », explique Isabelle Zanette, maîtresse des lieux. Située près du cœur de ville, la maison donne sur une rue passante. « C’est la raison pour laquelle nous avons déménagé, poursuit Isabelle, nous voulions que la galerie ait une bien meilleure visibilité ».
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sa jeunessE
A
fin de promouvoir les nombreux lieux culturels gratuits et d’encourager les 6-12 ans à s’y rendre, la mairie de Nouméa lance pour la première année l’opération Pass’Culture. Lors de leurs visites au Musée de la Ville, au centre d’Art ou encore au Dock socioculturel de Païta, les jeunes feront tamponner leur « passeport ». Le nombre de tampons acquis permettra de gagner des petits goodies. Une initiative ludique qui – espérons-le – incitera les plus jeunes à partir à la découverte de la culture.
Salle d’exposition du centre d’Art.
Le Pass’Culture est disponible au Musée de la Ville, au Musée de la Seconde Guerre mondiale, au centre d’Art ou à la médiathèque de Rivière-Salée.
10 ans, ça se fête !
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a médiathèque du Nord fête ses 10 ans le 18 mars prochain. Toute la journée se succéderont danses, chants, lectures, slam, musiques et spectacles. Les arts de la rue seront à l’honneur avec du hiphop et du graff. Et parce que dix ans ça se fête plutôt deux fois qu’une, la médiathèque profitera aussi de la fête des bibliothèques pour marquer à nouveau l’événement. Du 23 au 27 avril, petits et grands seront invités chaque jour à vivre au rythme des activités proposées : soirées contes et jeux de société, conférences, débats, spectacles. L’exposition Erotik Kanak prendra part aussi à la fête et les résultats des concours d’écriture et de photos seront révélés pendant cette belle semaine de festivités.
Petit rappel : les participants peuvent encore envoyer leurs écrits et photos jusqu’au 31 mars. Pour plus d’informations, consultez la page Facebook / InfosMednord.
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Cultiver
© Médiathèque du Nord
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La culture bouge
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© Romain Etienne, Elodie Bersot
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Chronique d’ailleurs
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Une danse
anse
Lors du week-end de clôture de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole, les 25 et 26 janvier derniers au musée du quai Branly, le public découvrait TrajectoireS K, un va-etvient chorégraphique entre passé, présent et avenir.
L
es chorégraphes et danseurs Laetitia Naud et Richard Digoué ont imaginé un spectacle construit comme un scénario de film, avec ses séquences et ses cuts, en relation avec l’histoire de la Calédonie. TrajectoireS K regroupe ainsi des artistes de Nouvelle-Calédonie (Richard Digoué, Pierre Hukane, Denis Pourawa) et de France (Laetitia Naud, Pascal Coquard, Nicolas Ticot) et s’articule entre chorégraphie, musique vivante, mots, images et sons mixés en direct. « Clôturer cette très belle exposition a été un honneur, confie Laetitia. Quand je suis arrivée à Paris, j’avais 15 ans ½ et j’étais perdue. Trente ans après, je suis de nouveau dans cette ville pour présenter cette pièce qui fait part de cette histoire intime et de l’histoire de la colonisation en Nouvelle-Calédonie. Le public a accueilli notre création de manière très chaleureuse, je voyais les gens debout en
train d’applaudir. C’était très fort. On m’a dit que des spectateurs dansaient pendant notre performance. La rencontre qui a suivi a aussi été un moment émouvant d’échanges et de partage. Dans TrajectoireS K, il m’a semblé important de dire que je rêve qu’un jour au niveau de l’Etat français, il y ait un geste très symbolique de pardon envers le peuple du Caillou ». Par Aurélie Cornec
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Culture web Inter
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tuit de n site gra Pixlr est u tos. Pour les pho retouche t pas s qui n’on ès bon e n n perso tr p, c’est un e site Photosho .L n o bstituti util de su o ations : c li t p u p b a Créé dé pose trois atic. ro p or et O-m mars, le ress, Edit ue, p x iq E d in l’ site de n nom so e m m de Co on n éditeur l’associati ress est u de p x e E s perm t La Case s qui vou to et o h r e p n s ension des artiste er, redim rd en n g fa la ro b t ux et le tein s e s g propose a u ro a c s, de dre s yeux s s de filtre s e. Finis le e e g internaute c in a a r im iz se d e li s n ti vrir ment u aussi de ement u t m id n se o p e o c p t m ra n r ro m e e de décou p o im ès, .C ! Il retouch it pas vra cile d’acc ues clics artistique e toutes les ss. Très fa ditor, ent quelq si on ne sa es à la vie t le portag re m v E p e le ti x u r. u la q ’E se se d e re u e s E -c lr on puré pour s’am on, qu’est nt que informati n avec Pix cages et version é et d’effets l’associati s obligations en ta u tic est la hone. Enfi a p tr rt s, -m a ra e g -O se sm adhérer à le ta lr il e t n . De les mo rmatif, lles son ltres, Pix sur votr r e fo fi u n u o o in q p le tampon ti l, rt a s a a c re le ri p li e o b é c p c d a p n sa sala a e u n sp a e n u e p e o st n t is e U ible sur le ls ind omme surtou Si le site idement. s les outi nt st dispon ique, la g e e u g a m to lr m z diffuseur. se développer rap m ix e e P ta v tt ! o u e retro bagu antes s est n formes. amené à comme la originales et étonn partie des platesles artiste leurs r r s, e u e v o h u p c o u sé tr li reto nde otos rront personna r une gra re vos ph ent de e, ils pou lication su quoi rend heminem rer e interfac p c tt p a e a l’ c n r re e u i S iv auss s, gé on, su prévu. Net mais e prestati des artiste lus : lr.com p contrats d versés par la Case i ix ra .p V w . ww on, etc ires si la u it sa iff d fa rs e u n d e le qui ates et, leurs d ique et esthétique leur budg m artistes se a s n e y d d e ir ism L’aven r. se li un graph ti r le Web. u réable à e aussi su g a ss l ti ti u o un tistes.nc asedesar www.lac
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© Maison de la Nouvelle-Calédonie
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Lire un pays ittérature
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La Caledonie se livre en France
Mars en Métropole sera pour les écritures calédoniennes un mois riche d’événements et de rencontres, dans une année 2014 qui déjà en annonce quelques autres. Chaînon longtemps manquant de la filière livre, la promotion de ces écritures hors du territoire s’y affirme essentielle.
Quintet : Frédéric Ohlen signe chez Gallimard
Frédéric Ohlen n’osait y croire : pourtant, sous l’égide de la prestigieuse collection Continents noirs des éditions Gallimard, son roman Quintet est disponible depuis le 6 mars dans toutes les librairies métropolitaines, avant de rejoindre celles de Nouvelle-Calédonie. Le lancement officiel aura lieu le 17 mars à 19 h à la Maison de l’Amérique latine, juste avant le Salon du livre de Paris, où l’auteur sera également présent. (voir son interview p. 24)
Soirée littéraire à la Maison de la Nouvelle-Calédonie
Comme chaque année désormais, la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris organise en amont du Salon du livre, une soirée spéciale littérature océanienne. Le 19 mars à 19 h, elle réunira des auteurs de NouvelleCalédonie et de Polynésie présents sur le salon.
Pour relever ce défi à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, l’équipe de la MLNC, forte des efforts accomplis et des expériences accumulées depuis plus d’une décennie à tous les niveaux de la filière, privilégie le pragmatisme. Résolue à ne pas oublier que « qui trop embrasse mal étreint »*, elle s’attache à développer des projets et des outils porteurs de sens commun pour chaque partenaire, co-construits de proche en proche, de territoire à territoire, presque de personne à personne. Un éloge de la constance, de la cohérence, de la proximité, de la réciprocité en somme, pour une mission au cadre certes restreint – moyens et financements en demeurent très limités – mais qui déjà contribue à mettre en valeur ou renforcer les initiatives existantes et à en susciter d’inédites. * proverbe populaire Par Anne Bihan
Stand Océanie au Salon du livre de Paris Du 21 au 24 mars, de nombreux auteurs et éditeurs de NouvelleCalédonie et de Polynésie française se retrouveront sur le stand Océanie du Salon du livre de Paris. Ce rendez-vous, désormais incontournable, est propice à de fructueuses rencontres entre auteurs, éditeurs et professionnels du livre.
Salon du livre océanien de Rochefort
En amont du Salon du film océanien de Rochefort-surMer, l’équipe organisatrice de l’événement se mobilise cette année pour créer un premier Salon du livre océanien les 28, 29 et 30 mars. Il accueillera les écrivains calédoniens présents au Salon du livre de Paris, mais également des auteurs polynésiens, australiens, néo-zélandais, etc.
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usciter un désir pérenne envers les écritures de Nouvelle-Calédonie, tous genres confondus ; bâtir à l’export des compagnonnages durables avec des événements, des structures, des territoires : ces enjeux, identifiés de longue date par tous les acteurs de la chaîne du livre, impliquent une professionnalisation à laquelle la Maison du Livre (MLNC) s’est attelée depuis 2012 avec la création d’une mission de « Promotion des auteurs et des écritures de Nouvelle-Calédonie ». Pas simple. Dans un paysage littéraire francophone saturé par une production pléthorique, comment donner à ce « continent invisible » qu’est encore souvent l’Océanie, la résonance à laquelle aspirent ses auteurs, ses éditeurs, et ses peuples aussi, conscients de l’importance du vecteur artistique en général, des écritures en particulier, pour affirmer leur singularité ?
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Événement
L’insolence qui fait sens
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Les Fous à lier
Par Frédérique de Jode
La Compagnie des Artgonautes du Pacifique récidive en lançant la deuxième édition de la Fête des Fous à lier en mars. Un rendez-vous sous le signe de la subversion et de l’irrévérence. Et de l’humour en toile de fond.
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l y a deux ans, la première édition de la Fête des Fous à lier avait fait carton plein. Le déjanté Didier Super déclenchait une polémique avant même son arrivée sur le Caillou avec ses saynètes controversées sur les Kanak. Certains, choqués, y voyaient des propos racistes au détriment de l’humour. L’artiste s’en était alors expliqué pour désamorcer la bombe. Une fois l’incident clos, ce festival décalé et osé n’avait pas été boudé par le public.
Du comique trash
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Forte de ce succès, la Compagnie des Artgonautes du Pacifique lance au centre d’Art de Nouméa un nouveau rendezvous dans le même esprit. « Notre fil conducteur est toujours d’apporter une touche de subversion dans les spectacles que nous proposons, rappelle Sylvain Lorgnier, organiseur de la Fête des Fous à lier. De l’humour trash qui rentre dedans et qui peut mettre mal à l’aise, de la provocation mais pas seulement pour provoquer bêtement : pour mettre en exergue ce qui dérange et ce qui ne tourne pas rond dans nos sociétés ». Cette année, c’est Arnaud Aymard l’invité du festival. Un artiste multi-facettes avec le théâtre de rue comme moyen d’expression privilégié. Pourquoi ce choix ? « Il fait partie, comme Didier Super, de cette bande d’artiste que je connais, souligne Sylvain Lorgnier. Ils sont de la même mouvance,
ont appris leur métier dans la rue. C’est le genre d’artistes qui acceptent aussi de venir à nos conditions financières car nous n’avons pas d’énorme cachet à proposer dans le cadre de notre manifestation ». L’humoriste inclassable présentera non pas un mais deux spectacles : L’Oiseau bleu et Paco chante la paix. Deux univers totalement différents. Sans dévoiler le pitch : le premier, sorte de conte initiatique, raconte l’histoire d’un oiseau appelé par la Suisse pour la sauver de ses nombreux chômeurs. Le second narre la vie de Paco, un type malmené par la vie mais idéaliste qui chante des textes d’amour pour rassembler les gens.
Le cabaret et ses petites curiosités En première partie du spectacle d’Arnaud Aymard, les spectateurs pourront découvrir le cabaret de la Fête des Fous à lier. Des comédiens locaux déclameront des textes sélectionnés dans le cadre du concours d’écriture « Lâchez-vous ! » proposé par les Artgonautes du Pacifique en partenariat avec la Maison du Livre, la Province Sud et la Ville de Nouméa. Une cinquantaine de textes a été envoyée. Vingt-deux ont été sélectionnés. « On a été agréablement surpris par le nombre d’écrits que nous avons reçus. La plupart tiennent la route », constate l’organisateur. Des textes qui parlent de la précarité du logement, qui caricaturent le Calédonien fan de son 4x4, des discussions de bars ou chez le coiffeur... Des thématiques qui alternent entre franche rigolade et profondeur avec, par exemple, l’évocation du handicap. « Ce qui est formidable, c’est que la parole se libère davantage, note
De l’humour trash qui rentre dedans et qui peut mettre mal à l’aise, de la provocation mais pas seulement pour provoquer bêtement.
Entre le cabaret et la prestation d’Arnaud Aymard, des vidéos locales subversives, des fausses pubs, seront projetées en entrée libre sur la scène extérieure. Un blind test sera organisé. Il portera sur des films irrévérencieux, des phrases d’humoristes rentre-dedans ou d’hommes politiques. « Le lauréat de ce quiz gagnera une place pour le spectacle d’Arnaud Aymard. » Sylvain Lorgnier a également délocalisé la Fête des Fous à lier à l’Île des Pins et à Canala à la tribu de Mérénémé.
UN AGENDA DE FOUS ! Du 27 au 30 mars et du 3 au 6 avril au Théâtre de Poche, à Nouméa. - Les jeudis et vendredis : de 18 h à 19 h 30, le cabaret. À partir de 20 h : Paco chante la paix, d’Arnaud Aymard. - Les samedis et dimanches : de 18 h à 19 h 30, le cabaret. À partir de 20 h : L’oiseau bleu, d’Arnaud Aymard. 2 000 F par spectacle et 5 000 F pour les 3 shows.
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Plus on est de fous...
© Artgonautes du Pacifique
Sylvain Lorgnier, même si je trouve que les gens sont assez indulgents avec le pays. Quand ils dénoncent et s’installent dans la critique, ils sont en revanche plus dans l’engagement politique et moins dans l’humour, pour que le message passe. Mais c’est très encourageant ».
Sylvain Lorgnier « Casser les a priori »
Endemix : Quelle serait, en tant qu’artiste, votre définition de la subversion ? Sylvain Lorgnier : C’est aller à l’encontre des normes, casser les a priori, les systèmes mentaux qu’on a depuis notre enfance liés à notre éducation, notre scolarité, nos environnements sociaux, politiques. Être subversif, c’est penser différemment face à cet idéal de vie qu’on nous vend, une pensée unique, un type d’humour, de film. Un subversif, à l’image de Didier Super, c’est quelqu’un qui envoie du lourd, qui te met mal à l’aise parfois et qui te bouscule.
C’est possible mais à la fois compliqué et délicat. J’ai pu monter avec Erwan Botrel, Pas de mariage et un enterrement où on parle de sujets sur le pays pas vraiment plaisants, et ce, sans aides financières. Je peux aussi organiser la Fête des Fous à lier, avec tout de même une aide. Donc oui, c’est possible. Mais compliqué si un artiste ne joue que dans le registre de la subversion puisque, n’ayant pas de statut, il est en lien avec des administrations, des services culturels, des politiques. S’il dénonce trop les travers du pays, il ne va pas se faire des amis et va se couper de son réseau. Pour moi, les gens qui peuvent réellement être subversifs, ce sont les vieux ou les étudiants qui ne sont plus ou pas encore dans le système. Néanmoins, il y a moins d’autocensure. La preuve avec des artistes comme Pierre Gope, Erwan Botrel, Kydam, Vincent Vuibert, Thierry Mangin, Fly...
Quels sont les sujets tabous ? Des sujets comme les liens entre la politique et l’économie. Sur le fait que notre destin commun est soumis à des intérêts géostratégiques qui nous dépassent. Il y a une richesse dans ce pays et combien de gens galèrent ? On pourrait aussi s’attacher à aborder le passé colonial sous l’angle de l’humour pour en rire, prendre du recul afin de s’en libérer.
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Peut-on être subversif en Nouvelle-Calédonie ?
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Grande interview m
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© Damien Heindrich
« Ça groove »
Les amateurs du genre Roots Rock Reggae peuvent aujourd’hui surfer sur la vague musicale I&I : Let Dem Talk est enfin dans les bacs ! Un Extended Play (EP) de 3 titres, un bébé désiré et conçu durant de longs mois avec toute la force et l’amour du groupe. Fabian Clavel, le leader, en est l’heureux papa. Entretien sous la pluie certes, mais avec du soleil dans la voix.
Pour dire la vérité, l’album est prêt depuis fin 2012, il s’appelle Common Fate (Endemix en avait déjà parlé en 2013, NDLR), « le destin commun ». C’est un 12 titres. Nous l’avons terminé il y a déjà deux ans car il fallait que Stanislas « Stan » Wanakaen enregistre sa partie clavier avant de partir en Métropole poursuivre ses études.
Oui mais à l’heure actuelle, vos fans ne peuvent apprécier que trois titres sur douze. Pourquoi ?
Donc un album déjà en boîte depuis presque deux ans. Si en 2014, tu devais le recommencer ce disque, tu le ferais à l’identique ? On va plutôt dire que je pense déjà au deuxième opus dans lequel des choses vont changer. Common Fate est un album fougueux. J’aimerais que ma musique avance en cernant les essentiels, les fondamentaux. Que le voyage soit plus introspectif. Un peu comme Bob Marley a su évoluer. À la fin de sa vie, ses morceaux n’avaient plus rien à voir avec leur tonalité des débuts. Les Wailers avait un flow incroyable ! Épuré mais incroyable !
Nous allons donc travailler encore plus pour pouvoir jouer encore et toujours plus loin.
Cela prend du temps car la finalisation des morceaux et donc de la galette est un long travail. Nous avons aussi décidé de faire masteriser l’album au Lion Fox Recording Studios à Washington. Seulement, nous ne pouvions patienter plus longtemps, on avait envie de jouer. Donc voilà, un EP et une tournée 2014 !
Où avez-vous enregistré tous vos titres ? Chez BIG SOUND NC, à Dumbéa. Christophe Planche a accepté de nous louer son studio et nous a permis d’y faire ce que l’on voulait, avec notre propre ingénieur-son, Fabrice Soler. On est entrés en studio en août 2012. Quinze jours non-stop. On passait des nuits blanches à travailler nos sessions. Un truc de malade... C’était long car on a « chipoté », on a voulu être carrés et on l’a été. À l’image de notre musique. Aujourd’hui, les zicos (musiciens, NDLR) et moi, on est heureux. Ça groove !
« Let Dem Talk », « Love » et « Life is too short », les trois titres de l’EP, sont écrits en anglais. Les autres à venir aussi ?
Tous. Ce délire-là, je ne le voyais pas en français. De toute façon, quand je pense aux paroles, que je cherche quel message j’ai envie de faire passer, j’y pense en anglais. C’est instinctif. Chaque titre est un message, une idée que je souhaite absolument faire passer en chanson. Nous avons un titre sur l’alcool au volant, un titre « Vanity », sur l’ambiance dans le monde du travail. Sans oublier le titre « Common Fate ».
Justement en parlant de « destin commun », pourquoi ce titre fort en symbole ? J’en ai marre. On en a marre. Moi, je suis, je vis dans la peau d’un jeune du pays et... (silence). On ne peut plus se cacher en termes de relationnel, d’échanges avec les gens. On est ensemble. Pourtant on est toujours sur le même traîneau, avec la même vieille politique. C’est flagrant, ça pèse sur le peuple.
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As-tu eu l’occasion de rencontrer Groundation et son chanteur Harrisson Stafford ? J’étais scotché devant leur prestation. Les voir en vrai, à quelques mètres ! Ce sont des extra-terrestres, calés de chez calés musicalement parlant ! Je rêvais d’une conversation « en One and One » avec le chanteur et cela s’est réalisé ! On a parlé de Bob Marley, des reprises des Wailers que Groundation et I&I font chacun de leur côté… Tosh ( le bassiste, NDLR ) ne réalisait pas qu’il parlait à Ryan Newman, le bassiste de Groundation, dont il est fan depuis dix ans ! Marcus, le clavier, a écouté nos compos, il a trop déliré ! Avec son reggae-jazzy, Groundation a inventé « quelque chose » en termes de rythmique. C’est ce que nous cherchons nous aussi avec I&I. Et on va le trouver. Nous allons donc travailler encore plus pour pouvoir jouer encore et toujours plus loin. Par Janice
LET DEM TALK TOUR
Retrouvez I&I en concert Tournée bar en live : Le 15 mars au Passiflore (Koumac) Le 20 mars au MV Lounge (Baie des Citrons) Le 29 mars au gîte Fenepaza (Lifou) Le 14 avril pour le Mazik festival en 1ère partie de Ky-Many Marley et Tanya Stephens (centre culturel Tjibaou)
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
Fabian, votre premier album est attendu depuis longtemps. I&I sort aujourd’hui un trois titres, une sorte d’apéritif avant de se mettre à table. Peux-tu nous raconter l’histoire de cet EP ?
Un week-end mémorable dans l’histoire de I&I c’est clair... Déjà, on est tous fans de Groundation depuis les années lycée et le fameux album Hebron Gate. Et puis quelle soirée de grandes premières pour nous ! Premier concert à l’Arène du Sud, première interprétation du morceau « Justice » en featuring avec Doshkilla présent sur scène, première sortie d’album, première vente de produits dérivés et surtout… première fois qu’on sentait le public reconnaître certains de nos morceaux. T’imagines un peu le truc ?
Grande interview
Parlons maintenant de votre live avant Groundation à l’Arène de Païta. Le groupe est une référence mondiale pour les artistes reggae. Peux-tu nous raconter ce week-end inoubliable ?
Moment d’unité artistique pour I&I lors de son concert à l’Arène de Païta.
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Portraits a
So u fiaN
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KariM
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La parole prend corps
« Quand on m’a demandé pourquoi je voulais partir en Nouvelle-Calédonie, j’ai répondu : “pour trouver l’essentiel, comprendre pourquoi je danse et par extension pourquoi l’Homme danse” ». Soufiane Karim, chorégraphe de 31 ans, arrive sur le Caillou en 2006 et crée la compagnie Posuë trois ans plus tard. Un homme de talent intrinsèquement lié à son art.
F
ranco-Marocain né à Dreux, en région parisienne, Soufiane Karim se passionne très jeune pour la danse hip-hop. À 19 ans, il monte à Paris où il travaille avec des danseurs du monde entier. Sa curiosité naturelle le pousse dans une nouvelle direction : celle de l’enseignement. Entre art populaire et art officiel, culture de la rue et culture académique, il a su trouver sa voie, celle du partage. Invité en Nouvelle-Calédonie en 2006, il découvre une culture qui va lui donner un corps nouveau.
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Un retour à la terre À peine débarqué à l’autre bout du monde, il crée Sweet Hôm, un solo avec lequel il tourne pendant un an et demi ; une belle carte de visite pour ce danseur venu d’ailleurs. Depuis 2009, Soufiane travaille à la création d’un triptyque chorégraphique. Son premier volet, Well’come !, envahit les espaces scéniques du territoire en 2010. Spectacle collectif mêlant hip-hop et arts traditionnels, il s’inspire de la culture locale ; comme un retour à la terre et sa puissante vibration. Le succès s’invite et Posuë, la compagnie fondée par le danseur, s’envole pour la Nouvelle-Zélande. Tombé amoureux du pays kiwi, Soufiane quitte provisoirement le territoire pour enseigner à
l’université d’Auckland. Parallèlement, il mène des recherches pour comprendre les codes de la culture autochtone et du tatouage rituel, avec l’aide de James Webster, artiste maori. De cette résidence naît le deuxième opus de sa trilogie, Rùaumoko*.
Quand la danse se fait empreinte À force de chercher dans les cultures du monde, Soufiane a envie de retrouver sa propre essence par le biais d’un autre tracé : la calligraphie arabe. En 2013, il entame un travail de recherche qui le conduira tour à tour en Indonésie, au Maroc et en Malaisie. Six mois d’itinérance pendant lesquels le chorégraphe se lance dans une quête intime et spirituelle sur les fondations philosophiques de l’art islamique. Avec le dernier volet de son triptyque, Kaly-Graffyk, Soufiane propose un subtil mélange de danse et d’écriture, abordant ainsi un art poétique, voire mystique, grâce à l’alliance du corps et de l’esprit. Alors pourquoi l’Homme danse ? Pour créer des liens. Pour retrouver ses racines. Pour comprendre des cultures. Et sûrement pour bien d’autres raisons qu’il lui reste à découvrir. Par Aude-Emilie Dorion * Une notion maorie qui signifie « vibration de la terre, tremblement de notre mère, fissure qui rapproche deux îles du Pacifique »
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LE MOT DE LA PHOTOGRAPHE AUDE-EMILIE DORION L’empreinte est au cœur du travail de Soufiane. Ce mélange de projection vidéo et de corps en mouvement crée des images oniriques qui nous plongent dans le secret de la calligraphie arabe.
Le triptyque de Soufiane Karim, c’est aussi le syncrétisme des cultures qui composent ce pays. « Mieux comprendre permet de mieux respecter, respecter permet de mieux vivre ensemble, et vivre ensemble permet un destin serein. »
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© aedphoto
Consultez son site : www.aedphoto.com
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© NiKo VinCent
Portraits
AdjE
S
culpture
« Quitte à travailler à perte, je veux que mon délire aboutisse » « Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage »… Un bonheur qu’Adjé a lui aussi trouvé au travers de ses pérégrinations. Sculpteur hyperactif, slameur passionné, l’artiste se laisse emporter par la fièvre créatrice au gré des voyages qu’il entreprend. Un homme engagé. Curieux. Libre...
A
djé est né au Maroc dans un petit village de pêcheurs. Très tôt, il se met à dessiner, esquissant le chien du voisin ou croquant les gens dans la rue. Exilé en France à l’âge de 12 ans, il ne trouve pas sa place dans ce nouvel environnement. Après une année aux Beaux-Arts et plusieurs petits boulots, il quitte la Métropole pour s’installer en NouvelleCalédonie qui devient son port d’attache. Il n’a que 16 ans. Sa passion des voyages et son goût pour l’aventure le poussent à sillonner plusieurs autres pays du monde comme la Thaïlande, Madagascar, le Brésil, la Guyane. Il alterne ainsi projets artistiques et jobs plus lucratifs : dessinateur pour architecte, vendeur dans des foires internationales ou encore instigateur d’une radio pirate. Adjé est un libre !
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Sculpteur XXL À chaque retour sur l’île, le jeune homme découvre la sculpture sur bois au contact d’artistes kanak. Coup de foudre pour cette forme d’art et tournant décisif dans la vie artistique d’Adjé. L’utilisation du métal intervient plus tard lorsqu’un ami lui confie un vieux fer à souder. Ses œuvres en fer rencontrent alors un beau succès sur le territoire comme ailleurs. En 2007, il remporte le prix du concours international australien Sculpture by the sea, et confirme ainsi sa reconnaissance aux yeux du monde. Adjé ne se fixe aucune limite : « Quitte à travailler à perte, je veux que mon délire aboutisse ». Certaines de ses sculptures sont monumentales, c’est le cas du Nautilus, une commande de la bibliothèque Bernheim pour une exposition sur le centenaire de la mort de Jules Verne en 2005. « Ils m’avaient commandé une œuvre de quatre mètres, je suis arrivé
avec un Nautilus de quatorze mètres ! Leur confiance m’a permis de réaliser ce que je voulais. » Un partenariat souvent renouvelé qui a donné au sculpteur la liberté de concrétiser ses idées les plus folles.
Politiquement artiste La voie de sa création est celle de l’expression la plus totale. Adjé est un artiste passionné, livrant ses œuvres au public comme on livre un message. Il lutte pour une nature préservée, un peuple écouté, un destin partagé. C’est aussi dans les mots que son combat existe car Adjé est également slameur. Il est le premier à ouvrir le chemin de la parole scandée en NouvelleCalédonie. « J‘écris sur des choses qui m’ont marqué, ce sont des textes passion qui me permettent de livrer un message plus direct qu’avec la sculpture. » En collaboration avec Loremx, l’artiste sort en mars un EP de deux titres : La cubaine et Lilly. Aujourd’hui, avec l’exposition À la rue, il démontre que l’art, même en dehors d’une galerie, n’est pas vandalisé et forge – au contraire – le respect. C’est en artiste rebelle et surprenant qu’Adjé participe à sa manière à la construction du pays. Par Léna Quillier
TOUS À LA RUE
Adjé a invité deux autres artistes à participer à l’exposition À la rue : Ito Waïa et Jean-Marie Ganeval. Une notion de partage qui lui tient à cœur : « Je travaille beaucoup avec d’autres artistes. Il y a toujours une magie qui se fait, un échange intense ». Après le Mont-Dore et le marché de Nouméa, l’exposition se tiendra à Païta, à la bibliothèque Bernheim, avant de partir pour un petit voyage autour de la Nouvelle-Calédonie.
Publi-reportage
© Coralie Cochin
L’art et la culture figurent parmi les domaines d’intervention du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Dans ce contexte, l’institution a choisi d’engager un partenariat avec Endemix au travers d’une chronique régulière. Le Congrès souhaite dans ce rendez-vous mettre en évidence le travail, les aspirations et les réalisations des artistes locaux.
THIERRY NGUYEN De l’or dans les mains
Électricité, soudure, menuiserie… Thierry Nguyen est un insatiable touche-à-tout. À 56 ans, cet ancien chef d’entreprise est responsable de l’atelier technique du musée de Nouvelle-Calédonie.
Une affaire de bois Après une expérience de chef d’atelier à la menuiserie BCN, il se décide à monter
sa propre affaire à Ducos. Il forme plusieurs apprentis dont Roger Elia, un jeune de Lifou, qui rachètera son entreprise en 2005. « Je suis très content d’avoir réussi à transmettre le flambeau. Car il n’y a pas tant de jeunes que ça qui ont le goût du travail manuel. Or, l’avenir c’est eux », confie Thierry Nguyen, qui fut également membre bénévole du jury de l’ETFPA (Établissement territorial de formation professionnelle des adultes). Alors qu’il a déjà derrière lui de nombreuses années dans le privé, il est recruté comme contractuel au musée de Nouvelle-Calédonie. « Je m’occupe de toute la logistique du site. Plomberie, climatisation, électricité… Mais aussi des montages d’exposition », comme par exemple la fabrication des supports pour les œuvres d’art pour les mettre en valeur ; un travail sur-mesure qui demande beaucoup de minutie et de créativité, souvent méconnu du grand public. Le temps fort de cette année sera l’exposition Kanak, l’Art est une Parole, qui s’installe au centre culturel Tjibaou à partir du 15 mars. « Le musée de Nouvelle-Calédonie travaille en étroite collaboration avec le CCT sur cette exposition. Il y a beaucoup de monde sur ce projet. C’est très intéressant », se réjouit Thierry Nguyen. L’une de ses missions sera de créer des vitrines à partir des plans du scénographe qui a imaginé l’exposition à Paris. Un
nouveau projet pour cet autodidacte qui a fait de la polyvalence son principal atout. « La curiosité se cultive dès l’enfance, estime-t-il. C’est mon père qui m’a transmis l’amour du bois ». Aujourd’hui, c’est avec son fils Ismaël, 4 ans, qu’il partage cette passion. « Il ne faut pas interdire à un enfant de toucher. Car après, c’est beaucoup plus difficile de l’intéresser au travail que l’on fait de ses mains ».
BIO EXPRESS > 28 septembre 1958 : naissance à Nouméa > 1976-77 : CAP mécanique au lycée technique > 1986 : départ en Métropole pour tenter le compagnonnage > 1989 : création des menuiseries Nguyen > 1998 : il entre au musée de NouvelleCalédonie comme agent technique > 2014 : préparation de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole
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ien ne prédestinait Thierry Nguyen, menuisier de formation, à travailler un jour pour un établissement public culturel. Cadet d’une famille de huit enfants, il arrête l’école juste après le certificat d’études pour aider son père, coiffeur à la Vallée-du-Tir. À l’âge de 14 ans, il enchaîne les petits boulots. Il commence comme serveur dans un snack, rue Gallieni, puis est recruté chez un concessionnaire automobile comme vendeur de pièces détachées. « Ado, je démontais tout : vélos, mobylettes… Pour comprendre comment cela fonctionnait. Je suis tombé amoureux de ce métier. » À 16 ans, il reprend des études de mécanique grâce aux cours du soir. Mais la vie en décide autrement. « Un copain m’a proposé de travailler le bois », se souvient-il. Un mois avant l’examen du CAP mécanique, il change de voie et entre aux Menuiseries du Pacifique, où il suit six mois d’apprentissage. Le travail du bois lui plaît au point de partir en Métropole pour tenter l’aventure des Compagnons du devoir. « Quand je suis arrivé à Strasbourg, j’ai vite changé d’avis. C’est très dur pour un Calédonien de s’habituer au froid. »
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Portraits
n 1991, Wenic Bearune découvre le théâtre auprès du maître du genre sur le Caillou, Pierre Gope. C’est une révélation ! Lorsqu’il joue Les dieux sont borgnes en 2001 et participe ensuite à la tournée en Avignon, il découvre l’univers du spectacle vivant métropolitain et prend conscience que le théâtre en Nouvelle-Calédonie manque de professionnels aguerris. Il quitte sa tribu de Penelo, à Maré, pour intégrer l’école Jacques-Lecoq, réputée pour son enseignement dramatique du corps, puis poursuit ses études à l’école Claude-Mathieu pour approfondir sa façon d’appréhender le texte.
Théâtre en tribu
© Éric Dell’Erba
Six années de formation et des dizaines de projets plus tard, Wenic garde en tête l’objectif de ce long exil : développer le théâtre sur son île natale. En 2012, c’est le grand retour. Le comédien innove en créant un laboratoire de recherche avec des jeunes de tribu. Ensemble, ils sillonnent Maré à la rencontre des vieux et de leurs histoires. « Il y a des choses qui n’ont jamais été racontées, des savoirs oubliés. Les vieux sont des bibliothèques orales », explique-t-il, enthousiaste. De ces rencontres, Wenic tire une pièce jouée à Maré avec les apprentis comédiens engagés dans ce projet. Une nouvelle façon d’appréhender les formations théâtrales. Il élabore ainsi une école spontanée, alternative, où l’expérience du terrain et l’échange construisent les comédiens de demain.
WeN ic
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Le théâtre autrement
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Wenic Bearune est comédien et metteur en scène. Après six ans de formation en Métropole, il est revenu en NouvelleCalédonie, des projets plein la tête et avec une envie forte : impulser un nouveau souffle au théâtre du pays.
Les vieux sont des bibliothèques orales. Le corps a ses racines
Son travail de mise en scène et de direction d’acteur est attaché aux éléments de la culture kanak : les danses, les chants, mais aussi le lien avec la nature et notamment les totems qui rattachent les gens d’une tribu à un animal spécifique. « Quel aspect de l’animal retrouvet-on chez l’humain qui porte son totem ? Sa façon de marcher, sa façon de parler. Tout est déjà là, commente-t-il. Nous sommes capables de partir de rien pour faire du théâtre car nous avons déjà notre expression culturelle. La comédie musicale par exemple, poursuit-il, existe déjà. Ici, nos artistes chantent, dansent et racontent des histoires, ils savent tout faire. Aux metteurs en scène maintenant d’amener quelque chose d’original, quelque chose que le public n’a jamais vu ». Mais à Maré le comédien travaille sans logistique et sans administration, une réalité difficile qui l’empêche souvent d’avancer aussi vite qu’il le voudrait. S’il regrette parfois l’absence de soutien des institutions, Wenic Bearune continue de croire que le théâtre peut être un moyen d’expression pour que le pays se raconte autrement. Par Léna Quillier
SONGE D’UN ARTISTE
Wenic Bearune interprète le fils du lézard dans son spectacle Buyu Ne Lo, la légende de l’oursin et du lézard.
Il y a quatre ans, Wenic a caressé le projet ambitieux de traduire et de monter en nengone Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, avec la collaboration de comédiens de Métropole, dans une optique de partage et de formation des amateurs du pays. Malheureusement, la pièce n’a pu voir le jour, faute de moyens. Ce projet témoigne de la grande imagination de Wenic quant au monde du théâtre calédonien.
Révélé lors de la Nescafé Star en 2009, Makyhab sort son premier album, Humilité, chez Mangrove Productions. À tout juste 30 ans, l’artiste y cultive son amour pour la musique traditionnelle et entend bien délivrer un message de paix et de respect.
Hommage à la nature À travers ses écrits, le jeune auteurcompositeur souhaite mettre en avant sa propre chance. Celle qu’il a de vivre au sein de beaux paysages. Sa Kanaky à lui, il la voudrait à
De gauche à droite, Manou Rowsi, claviériste, Gawer Tein à la batterie, Martial le chanteur guitariste et Charles Taua à la basse. Le surnom “Makyhab” vient du “Ma” de Martial, du “ky” de Kanaky, et de l’inversion de son nom de famille (Bahi), “yhab”.
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l’image de la nature qui entoure sa tribu. « Quand je descends à Nouméa, les inégalités, la violence, et plus généralement ce qui se passe en ville... ça me fait mal au cœur. » Le respect des anciens et des traditions fait aussi partie de ses revendications. Preuve en est : la présence à ses côtés de sa grand-mère de 106 ans sur la pochette de l’album, et cette phrase éloquente : « Je désire passer, à travers mon album, un message d’unité pour le peuple de ce pays ». L’artiste est investi tant par la musique que par les traditions de son peuple. « Nous, Kanak, perdons notre humilité. Mes valeurs sont celles du respect depuis tout-petit. Il est de mon devoir de les transmettre. » Tout au long de l’année 2014, le public retrouvera Makyhab sur scène avec Humilité, tandis qu’en coulisse, il prépare déjà son deuxième album. Par Aude-Emilie Dorion
RETOUR AUX SOURCES
Si dans Humilité on note parfois l’absence de batterie, c’est parce que Makyhab a voulu revenir aux percussions traditionnelles. Il fait appel à Choouan Mika, de Canala, pour préparer les bambous, les peaux de figuier et les feuilles de fougère qui accompagnent sa guitare acoustique. Avec un son de clavier aux accents d’afrobeat, Makyhab allie savamment le tempo traditionnel du kaneka à des variations aux résonances plus jazzy.
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Un kaneka inspiré
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riginaire de la tribu de Ouayaguëtte à Hienghène, Martial Bahi aka Makyhab se passionne dès l’enfance pour la musique. Il apprend le chant et la guitare en famille et décide ensuite d’élargir son champ de possibilités artistiques en s’inscrivant au conservatoire. Musicien de talent, il a déjà de sérieux atouts et une véritable soif de s’ouvrir à d’autres styles. Avant de se lancer en solo, il tourne avec le groupe Vahy de Touho et se produit sur de nombreuses scènes locales. Il participe notamment à toutes les éditions du festival Tout couleur de Koné. Pour Makyhab, l’échange avec le public est « essentiel ». Il se fait connaître ensuite lors de la Nescafé Star 2009 en montant sur la troisième marche du podium et profite de cette petite notoriété pour créer son propre groupe. Aidé par les précieux conseils du chanteur Edou qu’il admire beaucoup, Martial mûrit tranquillement ses textes et ses compositions pour proposer en décembre 2013 son premier album au public calédonien : Humilité, chez Mangrove Productions.
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Julie
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© NiKo VinCent
Quand la danse fait son salon
Leur prochain pas de deux traversera la scène du centre culturel du Mont-Dore, du 28 au 30 mars, à l’occasion du nouveau spectacle de la Compagnie de danse contemporaine de Nouvelle-Calédonie, Le berceau des esprits.
Enchaîner les pas de deux
Interprété par Julie Fortin et Tanguy Ricaud, « El Tango de Roxanne » a crevé l’écran de l’émission Cabaret 1ère. Rencontre avec deux danseurs passionnés.
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ulie a 25 ans, Tanguy 32. Tous les deux sont nés ici. Elle danse depuis l’âge de 5 ans : parcours classique, virage moderne à l’adolescence. En 2011, elle se produit au festival d’Avignon avec la compagnie Origin’ pour le spectacle La baie des dames et travaille aujourd’hui comme contrôleur au service financier de l’OPT. Lui est professionnel. Il intègre le Karbal Nouméa Ballet de 2005 à 2008. Il se tourne ensuite vers les danses de salon avant de retrouver Sthan Kabar-Louët en mai 2012, au sein de la Compagnie de danse contemporaine. L’époque où Julie, elle aussi, revient vers Sthan. Tanguy œuvre à mi-temps à la Maison des sports de la Province Sud, répète quatre heures chaque après-midi et peaufine sa musculature deux heures par jour.
La création d’un duo Parallèlement, Tanguy chorégraphie des tangos. « J’aime le caractère de cette danse, sa sensualité. » Après deux expériences dans des spectacles de
fin d’année, la troisième sera la plus aboutie. Avec la partenaire idéale. « J’avais une vision assez précise de ce que je voulais proposer et Julie avait le potentiel pour entrer dans cet univers-là. » « El Tango de Roxanne » est un mix de tango européen (pour le côté démonstratif) et argentin (plus intimiste), sur une version très langoureuse du « Roxanne » de Police tirée de la BO de Moulin Rouge. Les répétitions démarrent en août 2013 avec l’espoir un peu vague d’une prestation en fin d’année. « On s’entraînait chez Tanguy, sur le carrelage de son salon, en poussant les meubles. » Coup d’arrêt avec la tournée de la compagnie de Sthan qui les envoie à Paris et Tokyo. À leur retour, Guy Raguin propose à Tanguy de présenter à Cabaret 1ère, une émission qu’il prépare sur la chaîne NC 1ère, le tango sur lequel il l’a vu évoluer l’an dernier. Tanguy lui explique qu’il est en train d’en préparer un nouveau. Il ne reste que trois semaines avant l’enregistrement…
J - 2 : la scène dévolue aux danseurs s’avère bien trop petite. « Il aurait fallu le double de surface, au moins ! Nous avons dû réadapter la chorégraphie en catastrophe. C’était très frustrant. » D’autant qu’en guise de parquet, ils ont droit à un tapis râpeux qui ne glisse pas et encourage les risques de chute. Bref, pas l’idéal. « On s’est un peu pris la tête à la générale. Je stressais un max, se remémore Julie, Tanguy n’arrêtait pas de me corriger sur les placements… Heureusement ça s’est super bien passé, ça nous a rassurés et la tension est retombée ». Tanguy voulait « faire frissonner les gens ». Pari gagné, « El Tango de Roxanne » a enflammé la salle. Une question de « feeling, d’harmonie physique, de partage des mêmes valeurs, de passion et d’objectifs communs », résume le danseur dont Julie loue le perfectionnisme et l’écoute attentive. Et maintenant ? Julie réclame à Tanguy de l’initier au paso doble et à la rumba. Ils doivent aussi finaliser un pas de deux contemporain, entamé l’an dernier, et, inspirés par le concept d’émissions telles que Danse avec les Stars ou So You Think You Can Dance, continuer à enchaîner les duos, à monter les projets. Pas à pas. Par Jean-Marc Estournès
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usique
À l’instar de Paul McCartney, il ignore l’écriture musicale. Il va donc se plonger dans les études : six années de classique avec l’école parisienne Polyphonies et, aussi, deux diplômes en composition, arrangement et orchestration de musique de film à l’école Berklee College of Music. Bien lui en a pris car, pour écrire une bonne bande originale de film, il faut maîtriser la complexité du langage musical. Signalons quand même que l’homme est aussi cinéphile. Sinon comment traduire l’émotion d’une belle histoire ? À propos de belle histoire, le père de Karl a été un acteur prolifique dans nombre de westerns spaghetti des années 1970 sous le pseudonyme de Peter Lee Lawrence. Son géniteur a même tenu un petit rôle dans Et pour quelques dollars de plus de l’immense Sergio Leone. Ennio Morricone, le compositeur du film, fait d’ailleurs partie de son panthéon musical au côté de John Barry et Bernard Herrmann, l’alter ego d’Alfred Hitchcock.
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Professionnalisation musicale
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Arrivé en 1972 sur le territoire, le jeune Karl tape, non pas sur des bambous, mais percussionne sur des barils de lessive éventrés tendus de plastique avec des baguettes chinoises. Le temps passant, cet autodidacte, mû par sa seule oreille, n’aura de cesse de monter des groupes de rock divers pendant vingt ans où non seulement il joue, mais aussi chante – notamment « Mandala », son plus beau fleuron. Le blues chevillé au corps, il doit quand même travailler pour se nourrir. Ayant plusieurs cordes à sa guitare, il est d’abord éducateur sportif, puis, après des études, enseigne la langue des Beatles et touche enfin à des modules de musicologie. La profession de prof de musique semble à sa portée. Cependant, malgré son amour pour la muse Euterpe, il lui manque des clés…
Bientôt en salle et déjà dans les bacs
© Eric Dell’Erba
Octobre 2013 : Roland Rossero remporte la bourse Glencore/ Xstrata, une aide de 300 000 francs pour financer la musique de son prochain film, Contacts. La bande originale est signée par son ami Karl Baudoin. L’occasion pour Endemix de demander au journalistecritiquecinéphile d’écrire le portrait de cet orchestrateur.
Karl Baudoin a bien dépassé la vingtaine quand il décide d’étudier enfin la musique pour en faire son métier.
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croqué par Roland Rossero
On sait donc d’où vient ce gène cinématographique qu’il a fait fructifier en composant de nombreuses musiques pour des courts-métrages locaux, pour le théâtre, pour des documentaires et pour des émissions télé. Les projets sur écran ne lui manquant pas, il vient de gagner récemment la bourse Glencore/ Xstrata de musique de film. Mais son actualité brûlante comme une galette est un CD tout juste sorti du four. Le premier volet – cinq titres – d’une trilogie sur le temps, intitulée Ahead of Time. Du blues/ funk intemporel qui sera repris en concert avec son nouveau groupe King Biscuit Time. Une bonne raison pour ceux qui ne le connaîtraient pas de le découvrir.
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Le genre idéal
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ExpLosioN
q élecTroNi uE Des premières soirées trance dans les années 1990 au dernier Atomik Festival début février, la scène électro s’est considérablement développée sur le Caillou. Pourtant le genre est souvent snobé par le milieu musical, plus généraliste.
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es soirées à guichet fermé, une dizaine d’associations, des cours de mix au Rex… la musique électronique calédonienne se porte bien. C’est en tout cas l’avis quasi unanime des « pros » du genre. « On est au top, se réjouit Oliver A de l’association Transit, on a des super concepts, des super spots. Il y en a pour tout le monde avec un agenda assez chargé. Une scène hyper dynamique ». Dynamique, on peut le dire ! En cherchant bien, on trouve des fêtes électro tous les weekends. Une bonne partie se monte via les réseaux sociaux, les flyers et le bouche-à-oreille. Certaines se fomentent même sous les paréos, et c’est ainsi que des dizaines de personnes se retrouvent dans le Sud à danser sous les étoiles. Sans aucune autorisation.
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De l’underground populaire Martial Nanot, de Royal Pacific – tout comme les autres associations – reste catégorique : « Ce n’est pas la fréquentation de la soirée qui lui donne son identité, mais la musique qu’on y joue. Deux cents clubbers qui dansent en boîte, c’est plus grand public qu’une soirée de 5 000 personnes avec du son pointu, et dans nos soirées c’est du son pointu ». Underground l’électro ? Toujours, même si en Nouvelle-Calédonie, les aficionados du genre se dénombrent par centaines et popularisent
À CHACUN SON BEAT
Associations, entreprises, patentés… En l’espace de dix ans, les organismes locaux autour de la musique électro se sont multipliés pour atteindre une bonne dizaine aujourd’hui. Avec chacun son univers musical. Subculture penche du côté progressif. Transit est branché house, tandis qu’Electrons libres verse dans la techno et la drum & bass, et Dirty Foot dans
le style. Autre facilité selon Benefik, le président de l’association Electrons libres : « Mixer en soirée. Vu qu’ici c’est petit, il suffit presque de demander. À Paris, un novice n’aurait aucune chance de jouer en club par exemple ».
Du mix à la prod’ Au-delà de la simple organisation de soirées, le Caillou possède également une production électro. Discrète, voire confidentielle mais active. Certains artistes comme DJSE parviennent à s’exporter, et de plus en plus de DJ’s calédoniens s’essayent à la création musicale. Nicolas Thevenet et Enzo Aeternal ont même monté leur label, Totem Records, en 2011. Mais contrairement au genre classique comme le kaneka ou le rock local qui bénéficient de sorties CD et de passages en radio, l’électro utilise principalement le Web, et plus particulièrement des sites de diffusion comme BeatPort ou Resident Advisor. Ils ne sont pas connus du grand public calédonien, mais sont considérés comme les plates-formes mondiales de l’électro. Une chance donc d’être écouté dans le monde entier et de prouver que le genre est comme un langage universel : il se parle partout. Par Charlotte Mestre
la trance. On trouve aussi Royal Pacific et Cartel Sonor, plus éclectiques. Un panel assez large qui cohabite facilement. « Il y a une bonne ambiance, reconnaît Al Gorythme de Cartel Sonor, on est tous plus ou moins potes et on se prévient des soirées, on s’invite même ». À tel point qu’un gros événement « multi-collectifs » serait sur les rails. Affaire à suivre.
© Cartel Sonor
usique
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L’art autrement usique
La musique adoucit LES MAUX Quand la mélodie remplace le bruit des moniteurs, des respirateurs et de la douleur, c’est comme un souffle qui apaise tout l’hôpital. Depuis 2008, dans l’unité Evaluation et Traitement de la douleur du CHT Gaston-Bourret, la musique se fait thérapie et trouve sa place comme traitement non médicamenteux de la douleur et de l’anxiété.
Il existe deux types de musicothérapie : active et réceptive. Au CHT, le Dr Brun privilégie l’écoute réceptive personnalisée stéréotypée, réservée aux hospitalisés. « Confortablement allongés, les yeux masqués, ils écoutent une bandeson de leur choix pendant une vingtaine de minutes. » Grâce à leur schéma dit en U, les morceaux guident le patient dans son chemin vers la détente. « L’écoute débute sur un rythme entraînant, accueillant. Puis, le tempo ralentit et le volume sonore diminue pour créer un temps d’apaisement physique et nerveux. La sortie de séance s’effectue sur une allure modérée et plus sonore. » Si le patient
encadrées par la thérapeute, les patients téléchargent un abonnement sur www.musi-care.com pour réaliser leur propre session à la maison. « Nous leur apprenons à lâcher prise et à s’accorder du temps pour soi en toutes circonstances, pas seulement à l’hôpital. » Par Claire Thiebaut
le souhaite, il peut verbaliser ce qu’il a ressenti. « Par la stimulation sensorielle, la musique peut faire surgir une émotion, une douleur, des angoisses ou provoquer un bien-être dont les malades avaient parfois oublié le sentiment. »
Une oreille hospitalière Maëlle Deniaud, psychologue du service Douleur, guide aussi les patients après la séance d’écoute. « L’émotionnel ressort énormément. Ils racontent souvent que le temps s’est arrêté, qu’ils ont oublié la réalité, leur souffrance, que leur corps s’est libéré. » Après trois séances
KANEKA THÉRAPIE Le succès de la musicothérapie réside sur le choix de la bande-son par le patient. « Pour être stimulé positivement, le cerveau doit entendre des sons qu’il apprécie », insiste le Dr Brun. En Nouvelle-Calédonie, une forte demande a été exprimée pour les musiques du pays. En mai 2013, trois morceaux de kaneka ont été enregistrés par des musiciens calédoniens comme Austin et Georgy Touyada, Hervé Lecren, Stéphane Nicolettos, sans oublier l’invité : le Jamaïcain Vin Gordon, ex-tromboniste de Bob Marley and the Wailers.
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Une bonne note
Maëlle Deniaud, psychologue dans l’unité Evaluation et Traitement de la douleur du CHT Gaston-Bourret, accompagne les patients durant leur séance de musicothérapie.
© NiKo VinCent
écouverte médicale révélée et développée au XXe siècle : l’écoute de la musique et la douleur agissent sur les mêmes aires cérébrales, sur les mêmes fonctions cognitives et émotionnelles. « En stimulant l’aire sensorielle jusqu’à inhiber une partie de la douleur, en détournant l’attention du patient, en modifiant son humeur, la musique permet de soulager efficacement les souffrances », résume le Dr Brun, à l’origine de la musicothérapie au CHT de Nouméa. Reconnue comme un traitement non médicamenteux efficace, elle s’immisce dans presque tous les services hospitaliers, pour accompagner, détendre, redonner le sourire et le goût du rythme à des patients « majoritairement très réceptifs », confirme le médecin.
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Palabres d’écrivain
, , Frederic l
ittérature
OHLEN
« L’aventure ne fait que commencer ! » Dans la collection Continents noirs, les Éditions Gallimard publient Quintet, roman historique de Frédéric Ohlen. La consécration pour ce descendant des colons Paddon. Endemix : Comment vous êtes-vous retrouvé chez Gallimard ? Frédéric Ohlen : Par l’intermédiaire de mon ami Jean-François Samlong, un Réunionnais qui, comme moi, a la double casquette : auteur et éditeur-intéressé-par-le-rayonnementde-son-île. Un jour, il m’annonce qu’il vient de quitter Grasset pour Gallimard. À travers nos différents échanges, il m’a convaincu de leur envoyer, moi aussi, ce que j’avais de mieux et m’a donné tous les contacts nécessaires. Alors, je leur ai fait parvenir Quintet, un roman que je ruminais depuis plus d’une décennie. Et Gallimard a bien accroché… La collection Continents noirs boucle ainsi, avec le Pacifique, sa circumnavigation.
Une consécration ? Méfions-nous des gros mots… Disons qu’il s’agit, à tout le moins, d’une marque de reconnaissance. Mais l’aventure ne fait que commencer ! Contractuellement, j’ai signé pour trois livres, et même quatre puisque je me suis engagé sur un recueil de poèmes en 2015. Maintenant, il faut relever le défi !
Doit-on parler ici de roman historique ? D’un roman qui laisse une sacrée part à l’imaginaire, mais s’inscrit dans un espace-temps bien réel que je ne peux violer trop fortement. À travers la figure de Fidély, j’ai tenu à témoigner - pour ce que j’en comprends - d’une certaine vision océanienne, et en même temps lever un coin du voile sur le blackbirding. J’ai vainement cherché des ouvrages en français sur la traite des Noirs dans le Pacifique, qui parlent au prof d’histoire que je suis censé être.
L’un de vos personnages, Fidély, s’enfuit pour Sydney en mai 1864, à l’heure où débarque le premier convoi de bagnards… Oui, le jour où la Nouvelle-Calédonie devient une prison… Je voulais parler de la colonisation avant le bagne. Grand rêve de Guillain, c’est un rouleau compresseur qui va tout écraser. Quelque chose de tellement énorme en termes de souffrances qu’on ne se rappellera plus ce qui existait avant, qui n’était pas forcément mieux, mais constituait littéralement « un autre monde », l’objet et le sujet de ce livre.
J’ai signé pour trois livres, et même quatre.
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Pourquoi avoir attendu si longtemps pour écrire un roman ?
À quoi ressembleront les suivants ?
Aux jeunes écrivains, François Nourissier, ancien président de l’Académie Goncourt, pour moi une sorte de maître, avait donné ce précieux conseil : « Surtout, ne donnez jamais à publier votre premier roman ! Attendez autant que vous pouvez. Un, deux, trois… sept, huit ». C’est ce que j’ai fait. J’ai ainsi une petite dizaine d’inédits qui dorment dans les tiroirs.
On est toujours tenté par les sagas, les feuilletons, mais personnellement j’ai horreur des resucées, pas envie de suivre le filon. Tant mieux si le lecteur a un peu la gorge sèche, s’il manifeste sa frustration. Le monde est vaste, les sujets à traiter nombreux. Je remettrai à Gallimard le prochain manuscrit en septembre. Il y sera question, entre autres, de la Seconde Guerre mondiale. Une histoire de vengeance…
Les précédents abordaient la même thématique ?
Vous sentez-vous bien dans votre peau d’écrivain ?
Rien à voir ! Je ne peux pas concevoir d’écrire exclusivement des fictions se déroulant en Nouvelle-Calédonie. Comme je ne peux pas rester focalisé sur un seul personnage. C’est guindé, c’est ringard. Pour moi, un roman doit être profondément polyphonique et choral. D’où ces cinq histoires successives avec un tempo particulier pour chacune des cinq voix dans Quintet. La musique m’a toujours nourri. Entre l’espace romanesque et la poésie, le lien qui me passionne, c’est l’art du rythme, du mouvement, de la pulsion.
Par Jean-Marc Estournès
Je suis un écrivain né en Calédonie, donc à ce titre un auteur calédonien. Mais est-ce pour autant qu’on doit me placer ad vitam æternam dans une sorte d’apartheid littéraire ? Je pèse mes mots, ce n’est pas une exagération ! Dans les librairies, mes ouvrages sont souvent cantonnés dans un coin. Comment y accéder, les découvrir ? J’espère bien que mon roman édité chez Gallimard sera rangé dans le tout-venant de la littérature !
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Quintet a été tiré à 4 000 exemplaires, dont un quart destiné à la Calédonie. Il sera également disponible en version numérique. L’auteur n’a pas signé un, mais deux contrats distincts avec son éditeur : l’un concernant l’ouvrage, l’autre pour les droits cinématographiques. Et visiblement, « ils y croient beaucoup ».
© NiKo VinCent
Disponible courant mars en France et courant avril en Nouvelle-Calédonie
LE DÉCOR…
Heinrich (trisaïeul de l’auteur) et Maria Ohlen ont quitté la région de Hambourg pour tenter l’aventure à Sydney. Ils y tiennent une pension de famille où un émissaire de James Paddon viendra les courtiser. Avec leurs fils John-Henry et Charles-Hermann, ils s’installent en mai 1859 à Gadji. Heinrich a déjà 50 ans. Comme les autres habitants de « Paddonville », le couple devra affronter sécheresse, invasion de criquets et maladies… mais n’abandonnera jamais. Malgré les conflits, la paix fragile, le choc des cultures. Alors qu’à dos de jument Maria la sagefemme sillonne la brousse, Heinrich poursuit un idéal : une école laïque pour tous, Européens comme jeunes Kanak… au nez et à la barbe des missionnaires ! Un jeune instituteur arrive bientôt de Belgique. Et le gouverneur Guillain accorde sa “bénédiction“ au projet… Dans le village de Païta, l’école Heinrich-Ohlen perpétue aujourd’hui la mémoire du pionnier, dont l’établissement pilote ouvrit le 1er juillet 1864 à Gadji. Il y a 150 ans.
CV EXPRESS
Je suis un auteur calédonien. Mais est-ce pour autant qu’on doit me placer ad vitam æternam dans une sorte d’apartheid littéraire ?
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Écrivain, poète, éditeur, enseignant, cet auteur prolifique de 54 ans a écrit une vingtaine d’ouvrages et en a publié le double, ceux des autres (surtout aux éditions L’Herbier de Feu), s’efforçant de susciter encore et toujours le goût de lire et le plaisir d’écrire. Poèmes, nouvelles, essais, pièces de théâtre… il aura touché un peu à tous les genres. Lauréat de nombreux prix, président de la Maison du Livre, il a été fait chevalier des Arts et des Lettres en 2009.
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mecenat.bnpparibas.com
p. 27 © Éric Dell’Erba, coll. du musée de Nouvelle-Calédonie
EXPOSITION
15 15 Mars2014
Juin2014
Conçue et produite par le musée du quai Branly. Exposition présentée à Paris du 15/10/2013 au 26/01/2014. Organisée en partenariat avec le musée de Nouvelle-Calédonie
Numéro spécial en partenariat avec :
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AU CENTRE CULTUREL TJIBAOU
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KANAK, dito
l’Art est une Parole
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u 15 mars au 15 juin 2014, la Nouvelle-Calédonie accueille un événement culturel sans précédent depuis l’exposition De jade et de nacre en 1990. Après le musée du quai Branly, l’exposition Kanak, l’Art est une Parole investit le centre culturel Tjibaou en ouvrant pour la première fois au public trois salles autour d’un seul et même projet. Plus de 160 objets liés au patrimoine kanak et à l’histoire de la Nouvelle-Calédonie sont ainsi présentés. Issus de musées français et européens, du musée de Nouvelle-Calédonie, de l’ADCK-CCT et de prêteurs privés, ils sont intégrés à une scénographie originale. Certains de ces objets ont été spécialement restaurés à cette occasion, dans le cadre d’un mécénat. Ce projet est le fruit d’une réflexion menée entre les commissaires parisiens, Roger Boulay et Emmanuel Kasarhérou, les équipes de l’ADCK-CCT, du musée de Nouvelle-Calédonie et le coordinateur général du projet. Le public est immergé dans la richesse du patrimoine matériel et immatériel kanak. Les objets choisis sont proposés dans une présentation enrichie de documents historiques, d’images et d’œuvres contemporaines. Ce jeu de correspondances permet de démontrer la vitalité d’une création bien ancrée dans ses valeurs et qui s’est perpétuée au-delà des faits historiques. Pour une grande partie jamais vus en Nouvelle-Calédonie, ces « objets ambassadeurs » conservés dans les musées de France et d’Europe viennent se ressourcer, le temps de cet événement. Ils témoignent d’une parole apaisée et offerte à tous. L’exposition développée sous des thématiques complémentaires est une adaptation de la version parisienne, elle est donc unique. Dans la salle Beretara, le thème « Visages et reflets »
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montage d’exposition
reprend la structure de l’exposition d’origine au musée du quai Branly. La salle Kavitara accueille « Ataï, de l’icône à l’homme ». Personnage emblématique, le chef kanak nourrit un imaginaire qui continue à alimenter l’actualité. Mémoire vivante, son empreinte transcende la réalité et véhicule une charge symbolique. Dans la salle Komwi, les spectateurs découvriront la « Maison des richesses » , un lieu où sont rassemblés quelques-uns des trésors qui relient l’univers immatériel kanak au monde réel. Ici, se joue cette relation fondamentale qui organise le monde de l’homme avec ce qui anime ses pensées, ses relations, ses codes et sa volonté de transmettre des valeurs fondatrices. Enfin, dans l’allée qui communique avec ces différents lieux, huit figures de chefs kanak se dressent, chacun représentant une aire coutumière. D’autres dispositifs sont associés à cette exposition, comme la vidéo de Lucie Cariès (en salle Kanaké) qui mêle la parole de Jean-Marie Tjibaou, figure emblématique de NouvelleCalédonie, et celle de Paul Wamo, slameur kanak. Il y aura également un programme de conférences. Pendant trois mois, tout le centre culturel Tjibaou et le musée de NouvelleCalédonie seront mobilisés pour ce projet phare de l’année 2014, financé par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Emmanuel Tjibaou Directeur de l’ADCK-CCT Marie-Solange Néaoutyine Chef de service des musées et du patrimoine, conservatrice du musée de Nouvelle-Calédonie
Par MATI
istorique
À la recherche
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À
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OBJETS KANAK
La mission d’inventorier les objets du patrimoine kanak dispersé dans les musées du monde entier débute dans les années 1980. L’exposition Kanak, l’Art est une Parole est la manifestation de cette enquête muséale d’envergure portée par le gouvernement calédonien.
l’origine de l’inventaire du patrimoine kanak dispersé (IPKD), un homme : JeanMarie Tjibaou. Suite au Festival Melanesia 2000, premier festival des arts mélanésiens de Nouvelle-Calédonie où l’identité kanak apparaît alors au grand jour, il confie en 1979 une mission à l’ethnologue Roger Boulay. Celle de rendre compte de la conservation des objets kanak dans les musées et de leur perception. Jean-Marie Tjibaou les considère alors comme des « objets ambassadeurs » de la culture kanak. Un premier inventaire aboutit en 1990 à l’exposition De jade et de nacre, présentée à Nouméa, puis à Paris au musée de la Porte Dorée. Un annuaire des collections publiques françaises d’objets océaniens avait été réalisé par Roger Boulay à la même époque, socle qui servira à l’organisation de l’ Inventaire du Patrimoine Kanak Dispersé (IPKD).
lors de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole, au musée du quai Branly, où plus de trois cents œuvres d’une grande richesse ont été réunies. Une soixantaine provenant du musée de Nouvelle-Calédonie. Au-delà de cet événement retentissant, l’IPKD a permis de redonner vie à des objets parfois oubliés dans les réserves des musées, et de mettre en lumière l’identité kanak. Les éléments récoltés ont été répertoriés dans un logiciel de gestion, « Micromusée », utilisé par le musée de Nouvelle-Calédonie et le centre culturel Tjibaou. La réalisation de cette base de données permettra dans l’avenir d’avoir accès plus facilement aux informations sur le patrimoine kanak dispersé dans les musées internationaux. Par Frédérique de Jode Applique de porte de case. Yambé (Pouebo). © Museum der Kulturen Bâle (Suisse), Derek Li Wan Po
Remarquables
Masque, Nord de la Grande Terre. © Muséum de Toulouse. Frédéric Ripoll
17 000
C’est le nombre d’objets relatifs à la culture kanak répartis dans 110 musées internationaux.
UN INTÉRÊT GRANDISSANT
L’inventaire et l’exposition ont suscité l’attention de plusieurs musées sur le patrimoine kanak. C’est le cas de musées australiens, néo-zélandais, anglais et suisses dont les collections kanak ont été inventoriées, et qui sont aujourd’hui désireux de déposer ces objets auprès d’institutions muséales calédoniennes.
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En 2011, un accord entre le gouvernement de la NouvelleCalédonie et la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris permet de mettre en place un programme encore plus ambitieux. Une équipe – composée d’Emmanuel Kasarhérou, conservateur en chef du patrimoine, chargé de mission à l’Outre-Mer au musée du quai Branly, de Roger Boulay, d’Etienne Bertrand, historien, et de Renée Binosi, secrétaire – épaulée par des collaborateurs calédoniens, est en charge de ce projet d’inventaire raisonné des objets les plus remarquables. Une enquête minutieuse qui a été conduite dans plus de vingt musées en Métropole et en Europe. « Nous avons déterminé les pièces qui présentent le plus d’intérêt. Les autres, souvent des armes comme les sagaies simples, les pierres de fronde, les massues, sont inventoriées ou dénombrées et décrites brièvement, explique Emmanuel Kasarhérou. La plus belle découverte a été pour moi la collection du Musée d’Ethnographie de Vienne qui s’est révélée exceptionnelle par le nombre et la qualité de ses œuvres ». Ces deux années de travail ont vu leur couronnement
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nterview
Emmanuel
TJIBAOU
Directeur de l’Agence de développement de la culture kanak - centre culturel Tjibaou et responsable du département « Recherche et Patrimoine » Quelle est l’implication de l’ADCK-CCT dans la mise en œuvre de l’Inventaire du patrimoine kanak dispersé ? Suite à la mission confiée à Roger Boulay par Jean-Marie Tjibaou, l’Office culturel, scientifique et technique kanak, ancêtre de l’ADCK (créée par la loi référendaire de 1988 et devenue l’ADCK-CCT depuis son transfert à la NouvelleCalédonie en 2012) a étoffé ce programme d’inventaire par des collectes de tradition orale. Après 1990, l’inventaire a été réactivé, notamment par Emmanuel Kasarhérou. À sa création en 2005, le département « Recherche et Patrimoine »
de l’ADCK-CCT a eu pour vocation de développer, avec les conseils coutumiers du Territoire, des programmes de recherche sur les savoirs et savoir-faire. Dans le cadre de l’Inventaire du patrimoine kanak dispersé, nous avons alimenté depuis 2010 cette recherche et avons amorcé une réflexion autour de la muséographie de l’exposition du musée du quai Branly afin d’y intégrer la parole d’aujourd’hui sur les objets. Notre objectif est de montrer que ce patrimoine est toujours vivant.
Comment avez-vous organisé ces programmes de recherche ? Selon les aires coutumières du territoire, nous avons travaillé sur différentes thématiques : les savoirs thérapeutiques, des thématiques liées à la guerre, sur les masques, les monnaies. Ces travaux ont fait l’objet de rapports remis aux conseils coutumiers du Territoire, et de monographies au musée du quai Branly. Outre notre travail de recherche, de révision des fiches d’inventaire, nous avons mis en place des conventions sur trois ans avec des musées pour des prêts d’objets qui dorment dans leurs réserves. Des objets en relation avec une société traditionnelle et qui tissent des passerelles avec les expressions artistiques contemporaines. Propos recueillis par Frédéric de Jode
Autour de l’EXPOSITION
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rogrammation
De nombreuses manifestations organisées par le musée de Nouvelle-Calédonie et le centre culturel Tjibaou vont accompagner l’exposition Kanak, l’Art est une Parole.
Ateliers, conférences et visites guidées 22 mars et 5 avril
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Jeudi au musée : atelier slam « Souffle autour des discours généalogiques et coutumiers kanak », par Paul Wamo 24 avril Nuits des musées : spectacle déambulatoire « Reflets de paroles », par Richard Digoué 17 mai Mercredi A-Musée-Vous : atelier conte traditionnel et théâtre, par Marité Siwene 21 mai
© Musée de NouvelleCalédonie
Infos : 27 23 42 (standard) ou 27 06 47 Liens : www.museenouvellecaledonie.nc
CENTRE CULTUREL TJIBAOU Cinéma : un documentaire, Kanak, le souffle des ancêtres, d’Emmanuel Desbouiges et Dorothée Tromparent, sera diffusé en présence d’Emmanuel Kasarhérou et Roger Boulay, commissaires de l’exposition. Une projection qui vous dévoilera les coulisses de l’Inventaire du patrimoine kanak dispersé et vous fera voyager dans les musées européens. 20 mars à 18 h 15. Entrée libre et gratuite.
Rencontres de la médiathèque : Une conférence «"Kanak" histoire d’un aller et d’un retour » ou, les dessous du prêt d’une soixantaine de pièces par le musée de Nouvelle-Calédonie au musée du quai Branly à Paris dans le cadre de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014. Par Marianne Tissandier. 10 avril à 18 h 15 en salle Sisia Entrée libre et gratuite. © Musée de Nouvelle-Calédonie
© Musée de Nouvelle-Calédonie
Causerie autour des objets du patrimoine kanak par les collecteurs de l’ADCK-CCT 5 mars
Semaine thématique : atelier de danse et de confection d’instruments de musique traditionnels kanak, avec Jean-Paul Angexetine et Gustave Kaemo 10, 11, 12, 13 juin
© Emmanuel Desboiges
MUSÉE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
Nuits des musées : Si les objets avaient des oreilles, peutêtre pourrions-nous voir frissonner leur âme en entendant de nouveau les chants qui ont traversé les siècles ? Un spectacle d’IPAREKE. Sept musiciens vont accompagner l’exposition d’une bande son, jouée en direct, pour deux soirées exceptionnelles. Une collaboration avec le Département des musiques traditionnelles et l’AFMI. Les 9 et 10 mai. Informations : 41 45 45 Lien : www.adck.nc
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Entrée de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole, présentée au musée du quai Branly
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édias
PRESSE
Télé, radio, presse écrite, blogs… Les médias métropolitains se sont fait l’écho – élogieux – de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole au musée du quai Branly. Petite sélection des moments les plus savoureux.
© Charlotte Lascève
Revue de
Une communication massive Consécration ultime, Télérama publie en octobre dernier un hors-série sur l’exposition et la culture qui l’entoure, intitulé sobrement Kanak. Sur les ondes, Paul Wamo – entre autres – a donné de la voix, et des radios telles que
premier peut être tout à fait vivant... ». Le commentaire soulignant ainsi la forte impression produite par la délégation coutumière venue danser et célébrer les objets exposés lors du vernissage. Par Sylvain Derne
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armi les premiers visiteurs de l’exposition lors du vernissage du 14 octobre, un invité de marque : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. « C’est un moment symbolique de notre relation avec la Nouvelle-Calédonie qui montre, par la qualité des œuvres exposées, « Ataï, chef des insurgés kanaques », travail d’un condamné au bagne. la richesse de la culture kanak », Fonds Kakou, coll. Musée de la ville de Nouméa © Éric Dell’Erba affirme-t-il dans les pages du Monde. Le quotidien note un peu plus loin dans l’article le caractère « poétique et très didactique » de RFI et Nova – radio musicale à la programmation l’ensemble de l’exposition. Le exigeante – ont dédié de belles plages horaires à journaliste du Figaro se montre la culture kanak. Dans le groupe Radio France, tout aussi conquis et avoue des émissions et des reportages réguliers mêlaient volontiers que « cette civilisation problématiques culturelles, sociétales et politiques des mots, du bois et de la fibre de la Nouvelle-Calédonie. Parmi les événements subjugue ». La veille de l’ouverture proposés autour de l’exposition, il est important de l’exposition au grand public, de noter les deux heures de l’émission Libération a également consacré Villes-Mondes sur France Culture, présentant L’avenir en couleur. une belle partie de sa Une à Paula Boi. 1996. Nouméa, diffusée les 13 et 20 octobre (disponibles Fonds Facko, ADCK-centre culturel Tjibaou l’événement. Sous le charme, La en podcast). © ADCK-CCT, photogr. E. Righetti Croix écrit même : « Magnifiées Quant à la télévision, parmi les multiples sujets par une douce lumière dorée, ces dédiés à l’exposition (JT et émissions de proximité appliques en bois sculpté qui ornaient autrefois l’entrée de la comme Télé-Matin...), citons un reportage du journal de la Grande Case du village, semblent encore vibrer de la présence chaîne de télévision franco-allemande, Arte : « Nos musées ont des ancêtres qu’elles incarnent ». parfois tendance à nous faire oublier que l’art que l’on appelle
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JESSICA WAMYTAN Attachée de conservation et chargée des expositions au musée de Nouvelle-Calédonie
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Propos recueilis par Claire Thiebaut
Souvenirs d’HISTOIRE
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COIFFURE DE GUERRE MWEENG PAAC
Nord de la Grande Terre, fibres végétales. XIXè siècle. 80x70x20cm. Ancienne collection Charles Blin. Muséum d’histoire naturelle, La Rochelle, France. © Romain Vincent / Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle
L’émotion de l’inédit « Une pièce unique, somptueuse de rareté et de technicité. Une coiffe de guerre mween paac du Nord de la Grande Terre. » Une pièce qui a marqué et ému Jessica Wamytan. Les coiffes kanak sont des objets relativement connus, dont le type prépondérant est appelé tidi. De forme tubulaire, elles sont tressées en bandes de fines fibres végétales peintes en noir, superposées pour former de délicats motifs, généralement entourées d’une fronde et ornées d’une aigrette en plumes. Tout dans cette coiffe mween paac est donc remarquable : le haut bandeau en fibres végétales rigides, enserré par un tapa et orné d’un coquillage frontal ; l’éventail de plumes fixées sur des nervures de feuilles de cocotier qui ajoute tout son panache à cette coiffe de guerre. Objets de prestige, ces coiffes deviennent sacrées au contact de la tête, partie la plus noble du corps humain. Trois exemplaires seulement de ce type (dit de guerre) sont aujourd’hui conservés, celui-ci étant le seul encore orné de son plumage martial. « L’exposition Kanak, l’Art est une Parole aura permis de présenter ces pièces inédites, que même les Kanak ne connaissent plus aujourd’hui. Grâce à l’Inventaire du patrimoine kanak dispersé, ces objets sont sortis de l’oubli et ont repris vie. » Des œuvres considérées comme des échelons fondamentaux pour la transmission du patrimoine, pour l’illustration de la culture kanak. « Leur arrivée est un moment fort. Certains de ces objets font pour la première fois le voyage retour – vers leurs racines. »
EMMANUEL TJIBAOU Directeur de l’Agence de développement de la culture kanak - centre culturel Tjibaou
DRAPEAU KANAK
Appliques de soie jaune, bleue, rouge, verte brodées du motif de la flèche faîtière recto et verso. 1982. 149x83 cm. Collection MarieClaude et Jean-Marie Tjibaou. ADCK-CCT, Nouméa, Nouvelle-Calédonie © ADCK-CCT, photogr. Eric Dell’Erba
Patrimoine historique et identité actuelle
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Faire l’état des lieux du patrimoine ouvre une fenêtre sur le passé mais aussi sur l’avenir. C’est ce qu’illustre cette version originale du
drapeau kanak proposée lors du 13e Congrès de l’Union Calédonienne de Petit-Couli (Sarraméa) en 1982. Brodée à la main par les femmes du mouvement indépendantiste dont Marie-Claude Tjibaou, cette création artistique contemporaine s’inspire d’objets et de concepts traditionnels. « La flèche faîtière a été spécialement travaillée, stylisée pour être non identifiable. Elle évoque toute la culture kanak, pas seulement celle du clan auquel elle appartiendrait. » La conque fait résonner l’appel à la réunion des clans kanak, symbole d’un pays uni. Dernière version d’étude du drapeau actuel : les deux branches de sapin représentant l’homme ont été supprimées pour plus de lisibilité. « Cette réinterprétation du patrimoine historique est aujourd’hui présente sur tous les monuments publics. Une grande victoire identitaire, qui exprime la continuité des formes des anciens », rappelle Emmanuel Tjibaou.
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HENRI GAMA Coordinateur général de l’exposition Kanak, l’Art est une Parole, au centre culturel Tjibaou
LE GESTE COUTUMIER
2005. Stanislas Kiki Poma (né en 1973 à Koné) 126x69cm. Bois (noir, pinus, pétrole, fer), nattes, étoffes, monnaie kanak Fonds Facko - ADCK - centre culturel Tjibaou © ADCK-CCT, photogr. E.Righetti
La main tendue « Elle évoque le geste coutumier, à l’occasion duquel sont présentés des dons », raconte Henri Gama, au sujet de cette œuvre issue de la collection du centre culturel Tjibaou. D’abord, les nattes, les étoffes, la monnaie kanak et les ignames dans la main sont des éléments que l’on peut retrouver lors d’une cérémonie coutumière. Ensuite, elle s’offre au regard « comme une main tendue ». Cette main gigantesque dépasse la représentation symbolique du geste coutumier. La taille de la sculpture en fait une œuvre d’art actuelle à part entière, qui s’inscrit dans une dynamique spatiale. Elle est pensée comme un objet singulier, un objet d’art. « Cette sculpture illustre bien qu’il n’y a pas de rupture culturelle entre le passé et le présent. Bien au contraire, les artistes se réapproprient des concepts anciens, les réinterprètent à la lumière de valeurs actualisées. Aussi, les œuvres
d’aujourd’hui sont des descendantes directes des artéfacts rituels d’hier. Il n’y a pas d’antinomie entre patrimoine kanak et création contemporaine. » Cette œuvre et quelques autres ont une place importante dans le contexte de l’exposition à Nouméa, car elles illustrent ces liens entre passé et actualité.
ASHLEY VINDIN Secrétaire général de l’ADCK-CCT
FLÈCHE FAÎTIÈRE, TOUHO
Bois de houp, Montrouziera cauliflora, XIXe siècle. 255x26x36 cm. Musée de Nouvelle-Calédonie © collection du musée de Nouvelle-Calédonie, Photographie E. Dell’Erba
Cette flèche qui a été choisie par le musée du quai Branly pour l’affiche, représente bien ce qu’est une exposition d’art dite « kanak ». D’un point de vue purement esthétique, si on regarde cet objet, on est frappé par les lignes pures qui définissent le visage et par le raffinement du trait. Les oreilles mises à plat sont saisissantes à ce titre. On peut noter aussi le contraste entre la bonhomie générale de la flèche et le visage assez dur qu’elle porte. « Mais l’on sait aussi que la puissance, la résonance de ces objets ne viennent pas seulement de ce qu’ils sont, mais de ce qu’ils font, de ce pourquoi ils ont été créés », précise Ashley Vindin. Cette flèche appartient au musée de NouvelleCalédonie, elle fait partie des
nombreux objets des collections publiques calédoniennes qui méritent un soin tout particulier. « C’est notre héritage à tous. Je pense que le choix fait par le musée du quai Branly de cette flèche (musée, qui a quand même des pièces assez exceptionnelles dans ses propres collections) doit justement nous rappeler que nos musées calédoniens regorgent de richesses que l’on n’appréhende pas toujours à leur juste valeur, que ce pays est riche d’une histoire culturelle sur laquelle il faut se pencher. Elle nous dit en somme : visitez les musées, allez à des concerts, allez voir des pièces de théâtre, vous serez surpris de ce que nos artistes, nos créateurs passés, présents ou en devenir ont à nous dire sur ce que nous sommes. »
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
Les richesses de notre pays
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Les VISITES guidées > Exposition Du mardi au vendredi, à partir de 10 h 30 et à partir de 15 h 30. Les samedis et dimanches, à partir de 9 h 30 et à partir de 14 h 30.
> Visites guidées pour les personnes en
> Visites guidées et ateliers artistiques et culturels pour scolaires (sculpture sur bois, arts plastiques, initiation à la technique du bambou gravé, confection de costumes traditionnels, maquillages traditionnels, vannerie, danse traditionnelle). Sur réservation, dans la limite des places disponibles, du lundi au vendredi.
> Visites animées Le 29 mars, le 26 avril, le 24 mai, le 7 juin à 15 h, avec la Compagnie Nyian – chorégraphie de Richard Digoué.
> Visites contées Les samedis et dimanches à 15 h (public famille)
situation de handicap :
- publics sourds et malentendants le samedi 5 avril à 10 h 30, - publics aveugles et malvoyants le samedi 19 avril à 10 h 30 (se renseigner).
> Visites animées en nocturne Les jeudis et vendredis à 19 h à partir de 20 inscrits à la visite. > Mercredis culturels, pour les enfants de 5 à 10 ans. De 13 h 30 à 15 h 30. Dans la limite des places disponibles.
Le MÉCÉNAT
Cette exposition a été conçue et produite par le musée du quai Branly. Elle a été présentée à Paris pour la première fois du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014. Elle est adaptée et réalisée en Nouvelle-Calédonie, par l’ADCK-centre culturel Tjibaou et le musée de Nouvelle-Calédonie. Elle est financée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Commissariat associé : Emmanuel Kasarhérou, Roger Boulay, ADCKCCT, musée de Nouvelle-Calédonie et le coordinateur général. Coordination générale : Henri Gama Scénographie : Marc Vallet Graphisme : Yan Stive Lumière : Alain Chevalier Régies techniques : l’ADCK-CCT et le musée de Nouvelle-Calédonie
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© BNP. J. Tomasiz
Dans le cadre de son programme « BNP Paribas pour l’Art », la Fondation BNP Paribas s’associe au musée du quai Branly en apportant son soutien à la restauration de douze masques kanak de Nouvelle-Calédonie. Découvrez les dessous de ces travaux financés par la Fondation BNP Paribas, le groupe Eramet et la Société Le Nickel, dans la case Bwenaado. Nous remercions l’ensemble des prêteurs de Nouvelle-Calédonie, de France et de Suisse qui ont rendu possible cet événement : Nouvelle-Calédonie : la mairie de Houaïlou, le centre culturel Goa Ma Bwarhat de Hienghène, le district de Guahma (Maré), l’Archevêché de Nouméa, le musée de la Ville de Nouméa, le Service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, les prêteurs privés ainsi que les artistes suivants : Fly, Miriam Schwamm et Mathieu Venon. France : le musée du quai Branly, le musée des Beaux-Arts d’Angoulême, le musée Calvet d’Avignon, le musée d’Aquitaine de Bordeaux, le musée Emmanuel Liais de Cherbourg, le muséum d’Histoire naturelle de Grenoble, le muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle, le musée d’Art et d’Histoire Guy Baillet de Langres, le musée des Confluences de Lyon, l’Université Montpellier 2, le musée du château des Ducs de Bretagne de Nantes, le musée des Beaux-Arts de Rennes, le musée d’Art et d’Histoire de Rochefort-sur-Mer, le muséum d’Histoire naturelle de Toulouse, la commune d’Yssac la Tourette. Suisse : le museum der kulturen de Bâle
mars
avril
mai
MOUVEMENT LIBRE À SUIVRE
LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE
TRÈS-COURTS
Vendredi 7 mars - 20h•Samedi 8 mars - 18h DANSE HIP-HOP
SPRITE PACIFIC BREAK EVENT
Vendredi 14 mars - 18h•Samedi 15 mars - 15h DANSE CONTEMPORAINE
IDENTITÉ
Jeudi 20 mars - 20h•Vendredi 21 mars 20h•Samedi 22 mars - 18h DANSE CONTEMPORAINE
LE BERCEAU DES ESPRITS Vendredi 28 mars - 20h•Samedi 29 mars 18h•Dimanche 30 mars - 18h
THÉÂTRE
Jeudi 3 avril - 20h•Vendredi 4 avril - 20h• Samedi 5 avril - 18h THÉÂTRE À PARTIR DE 3 ANS
VÉRALINE AU PAYS D’ÉMERAUDE
Vendredi 4 avril à 18h•Samedi 5 avril - 15h et 18h THÉÂTRE
LA PERRUCHE ET LE POULET
DE ROBERT THOMAS Vendredi 11 avril - 20h•Dimanche 13 avril - 18h MUSIQUE
MIX EN BOUCHE DANS
LE CADRE DE LA QUINZAINE DU HIP-HOP EN PROVINCE SUD Vendredi 18 avril à 20h
RENSEIGNEMENTS : 41 90 90
CINÉMA
INTERNATIONAL FILM FESTIVAL Mercredi 7 mai - 20h - sélection internationale 1 et Around «Ils ont os黕Jeudi 8 mai - 16h - sélection familiale et animation• Jeudi 8 mai - 20h - sélection internationale 2 et Around travelling 34•Vendredi 9 mai 20h - sélection Parole de Femmes et Around Music’n Danse THÉÂTRE À PARTIR DE 4 ANS
DANS TES DENTS Samedi 17 mai - 15h et 18h30
THÉÂTRE À PARTIR DE 12 ANS
L’OMBRE DES SENTIMENTS Vendredi 16 mai - 20h•Samedi 17 mai - 18h MIME
ÂME EN APESANTEUR
Samedi 24 et dimanche 25 mai à 18h•Jeudi 29 et vendredi 30 mai - 20h•Samedi 31 et dimanche 1er juin - 18h
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MUSIQUE/DANSE/THÉÂTRE/ARTS MÊLÉS
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Questions à... À titre personnel, c’est l’aboutissement de près de trente ans de travail. Roger Boulay
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© Jean-François Marin / MNC
xposition
Commissaires de l’exposition Paris, fin janvier. Le rideau est tombé sur la plus grande exposition jamais consacrée à la culture kanak. Les deux commissaires de l’exposition, Emmanuel Kasarhérou et Roger Boulay, reviennent sur cette parenthèse au milieu du brouhaha de la capitale...
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La dernière grande exposition en Métropole consacrée à la culture kanak s’intitulait De jade et de nacre et datait de 1990. Qu’est-ce qui a changé vingt-trois ans plus tard ?
suffisamment d’informations pour réintégrer la plupart des objets dans une trame historique. Cette exposition va au-delà de la simple accumulation.
Emmanuel Kasarhérou : Tout d’abord, c’est le nombre Comment avez-vous résolu la difficulté initiale qui consiste conséquent d’objets que l’on présente. Depuis deux ans, à présenter une culture bien vivante dans une institution grâce à une dotation du Gouvernement de la Nouvellecomme un musée ? Calédonie, nous avons entrepris l’inventaire exhaustif E. K. : Parmi les objets exposés, certains sont encore vivants, des objets dans les collections des musées en France et en utilisés et fabriqués. Mais beaucoup d’autres ne sont plus en Europe. On a pu faire un choix très exigeant, sur trois cents fonction depuis plus de cent ans. Il s’agit donc d’un jeu de objets ; contre moins d’une centaine pour De jade et de nacre. représentations entre un patrimoine datant du XVIIIe au XXe C’est ensuite l’ampleur de l’espace qui nous a été laissé, avec siècle et une culture d’aujourd’hui qui « tresse » une sorte de les moyens scénographiques mis à notre disposition, qui regard sur son propre passé. permettent vraiment de raconter une histoire et d’immerger R. B. : On s’attache à évoquer le visiteur dans des le sens de ces objets, même si ambiances de couleurs, de on parle de certains d’entre sons. Mais surtout, cette eux au passé. Et ce sens, lui, fois-ci, il y a une parole continue d’exister de manière kanak extrêmement forte contemporaine : le rapport qui structure l’exposition. aux ancêtres, par exemple, se Roger Boulay : En 1990, Emmanuel Kasarhérou manifestait par l’apparition du l’exposition visait à montrer grand masque. Voilà longtemps que ce dernier n’est plus. le résultat des tout premiers inventaires dans les musées Mais cette attitude d’écoute et d’attention au monde des français et européens. Son objectif était donc uniquement ancêtres est toujours très présente dans la société kanak patrimonial. contemporaine. En poursuivant ces inventaires, nous avons rassemblé
Il y aura toujours un travail d’information à faire.
p. 37 Emmanuel Kasarhérou Né en 1960 Études en archéologie Conservateur du musée de Nouvelle-Calédonie de 1985 à 1998 Directeur de l’Agence de développement de la culture kanak et du centre culturel Tjibaou de 2006 à 2011
Questions à...
BIOS EXPRESS
Roger Boulay Né en 1943 Études en sociologie et ethnologie Ancien conservateur des collections océaniennes au Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie Chargé du programme muséographique au centre culturel Tjibaou (1994-1998) Commissaire de plusieurs expositions (Kannibales et Vahinés, etc.)
Boulay Kasarhérou
Kanak, l’Art est une Parole
E. K. : La Nouvelle-Calédonie est un tout petit point sur la mappemonde... Si en France, on sait plus ou moins la situer, en Allemagne, par exemple, vous vous apercevez que l’île souffre d’une méconnaissance totale. C’est le propre du monde entier. On a tendance à se centrer autour de notre lieu de vie et des gens avec lesquels on a des échanges historiques. Il y aura donc toujours un travail d’information à faire. Mais c’est aussi une exposition sur l’échange des regards et la manière dont celui porté par l’Europe a nourri, et parfois aujourd’hui encore, la vision que les Kanak portent sur eux-mêmes. Ils ont intériorisé un certain nombre de préjugés ou de façons de voir. R. B. : Ce travail sur le regard est toujours en activité, puisque l’exposition montre qu’il a changé selon les vicissitudes de l’histoire. Mais il n’est pas terminé. Il y a une sorte de continuité dans l’exploitation de certaines images, soit dramatiques soit au contraire très amusantes, qui fait que le monde européen en particulier est toujours en position de s’interroger. Mais ça ne tient pas qu’au monde kanak, ça tient aussi au regard que nous portons tous les uns sur les autres. Ça concerne le monde entier.
L’exposition nous dit-elle quelque chose sur le contexte politique actuel en Nouvelle-Calédonie ?
E. K. : Un film, réalisé par Lucie Cariès, achève l’exposition par un questionnement sur la permanence de cette culture kanak. Des images d’archives de Jean-Marie Tjibaou et des images actuelles de Paul Wamo s’entremêlent, tout comme leurs textes et finissent sur une sorte d’appel à la construction d’une natte commune. C’est la seule référence explicite à la situation politique d’aujourd’hui.
Quel bilan tirez-vous des trois mois parisiens de l’exposition, au moment où une partie des objets ont regagné les rivages calédoniens ?
R. B. : Il y a eu une forte fréquentation, et je pense qu’on a réussi à toucher un public qui ne connaissait pas vraiment le monde kanak ni même la Nouvelle-Calédonie. À titre personnel, c’est l’aboutissement de près de trente ans de travail. C’était l’occasion d’aller au bout des trois questions que JeanMarie Tjibaou m’avait posées au moment où l’on a commencé l’inventaire dans les années 1980. D’abord, où étaient les objets ? Ensuite, quel était le discours qui accompagnait les objets dans les musées français, et comment étaient-ils montrés, conservés ? On a beaucoup avancé sur toutes ces questions grâce à l’inventaire. Et puis son dernier souci était de savoir ce qu’on disait des Kanak à travers les présentations qui étaient faites dans les musées. Propos recueillis par Sylvain Derne
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C’est une exposition qui s’intéresse aussi à l’évolution du regard que l’extérieur a porté sur la culture kanak. Comment percevez-vous celui des Métropolitains et plus généralement des Européens aujourd’hui ?
Publi-reportage
Festival
Caledonia+687 La grand-messe du partage n 1975, Jean-Marie Tjibaou prononçait un grand discours en introduction du festival Melanesia 2000. Un festival voulu « parce que nous croyons en la possibilité d’échanges plus profonds et plus suivis entre la culture européenne et la culture canaque », lançait le grand leader, disparu en 1989, sur les lieux du futur centre culturel qui porte désormais son nom. Un événement couronné de succès attirant près de 50 000 spectateurs.
Une invitation à découvrir l’autre
La parole est un art. Il faut se nourrir de la sève de cette parole.
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En quarante ans, le pays a fait du chemin mais cherche encore à construire son identité, et c’est précisément dans cet esprit que s’inscrit le festival Caledonia+687, porté par l’association du même nom. « Notre objectif est de proposer un espace de parole, d’expression, souligne Tim Sameke, le président. C’est une invitation à découvrir l’autre. Nous n’avons pas la prétention de donner des leçons, seulement d’offrir la possibilité aux gens de se regarder, de se toucher, de se sentir et de découvrir ses propres danses, ses chants et sa cuisine. Il y a de la place pour tout le monde dans ce pays. C’est un devoir de transmettre le message qu’il y a derrière le symbole de la poignée de main, celui de la paix, de l’amour, de la solidarité et de la fraternité ». La culture pour souder, pour réunir, pour fédérer ! Le projet démarre sur un projet d’album réunissant des chansons de toutes les ethnies dans leurs langues maternelles : kanak, vietnamien, indonésien, polynésien, wallisien, créole… Puis rapidement, l’idée fait son chemin,
suscitant l’adhésion des groupes qui se sont largement mobilisés. Seize formations musicales au total poseront leurs musiques sur le CD dont les morceaux sont déjà en cours de mixage en Nouvelle-Zélande, et qui devrait sortir dans les bacs en mars.
N’oubliez pas le dessert !
Le 5 avril prochain, le festival Caledonia+687 donnera l’occasion aux spectateurs de découvrir les seize groupes en question sur scène. Pendant la journée, le public sera invité à se rassembler autour de danses traditionnelles présentées par toutes les communautés du Caillou, tandis que les cérémonies d’ouverture et de clôture seront présentées par les troupes de l’aire Djubéa-Kapone (de Saint-Louis et de Yaté). La gastronomie sera mise à l’honneur également, avec l’organisation d’un grand « festin commun ». Le matin, des ateliers de démonstration culinaire – notamment de four océanien – seront proposés à tous les gourmands, qui participeront à la confection du repas offert au public à partir de midi. À l’instar des chants et des danses, ce festin sera l’occasion de découvrir (et surtout de goûter !) les différentes spécialités culinaires que l’on trouve en Nouvelle-Calédonie. En contrepartie, les organisateurs ne demandent qu’une seule chose : que les invités amènent le dessert. Une manière de « faire la coutume », explique le président du festival. En la matière, pas de consignes particulières si ce n’est que le fameux dessert sera partagé dans la bonne humeur et avec tous. © Éric Aubry
E
Près de 40 ans après Melanesia 2000, le centre culturel Tjibaou s’apprête à accueillir Caledonia+ 687. Le 5 avril prochain, cet événement se propose de porter haut les valeurs du destin commun, avec pour ambition de créer des ponts entre les différentes cultures qui composent la citoyenneté calédonienne. Le pays tout entier est invité à se retrouver pour se (re)découvrir et échanger autour de la danse, du chant et d’une bonne tablée gastronomique.
INFOS PRATIQUES
LE PROGRAMME DU 5 AVRIL AU CENTRE CULTUREL TJIBAOU
8 heures : tous les festivaliers participeront à la coutume aux chefferies de l’aire Djubea Kapone 9 heures : démonstrations culinaires (bougna, Umu ou cochon wallisien, salade tahitienne…) 10 heures : début des danses traditionnelles 12 heures – 14 heures : festin commun (ne pas oublier d’apporter un dessert) 14 heures – 17 heures : reprise des danses traditionnelles 18 heures : ouverture des portes pour le grand concert qui commencera, à 19 heures, par l’hymne de la Nouvelle-Calédonie interprété par le conservatoire. Les seize groupes qui ont composé l’album se succéderont ensuite sur scène et proposeront quelques surprises aux spectateurs. Aude, la lauréate du Nescafé Star 2013, sera également présente. Des groupes de danse moderne assureront des entractes, virevoltant entre chaque morceau.
Tarifs : les personnes assistant au concert pourront donner ce qu’elles veulent à l’entrée du site (un minimum de 1 000 F est cependant requis). « Ce n’est pas cohérent d’organiser un concert sur le thème du destin commun et de fixer des prix à 3 000 F ou 4 000 F », explique Tim Sameke. Tél. : 41 45 55
« OÙ QUE NOUS MÈNE LE VENT »
Composé par David Leroy et Sacha Terrat (auteur de la chanson des Jeux du Pacifique NC 2011), « Où que nous mène le vent » sera interprété par tous les artistes présents sur l’album. Ils chanteront le refrain en français et proposeront une phrase en langue, afin d’apporter un petit bout de leur culture et de leurs origines. Une façon de montrer à la fois la diversité du pays et de prôner l’unité.
Abonnements 2014 ADCK - centre culturel Tjibaou ©ADCK-CCT photogr, M. Le Chélard
L’ABONNEMENT SPECTACLE
L’ABONNEMENT GÉNÉRAL
Carte Sisia : 3000 XPF
Entrée gratuite sur le site toute l’année Le bimestriel à domicile 40 % sur tous les spectacles produits par l’ADCK-CCT 1 tarif réduit pour un invité. Tarif réduit au Théâtre de l’Île, au Théâtre de Poche et au café musiques le Mouv’ 50 % de remise sur l’abonnement Ngan Vhalik. 10 % à la boutique du Centre
Carte Mwakaa : 15 000 XPF
Des invitations privilégiées à nos vernissages et autres rendez-vous marquants 50% de remise sur l’abonnement à la Médiathèque de l’ADCK-centre culturel Tjibaou 10% de réduction dans notre boutique Des tarifs réduits chez nos amis du Théâtre de l’Île, du Café Musique Le Mouv’, et du Théâtre de Poche Le bimestriel à domicile pour vous tenir informé des prochains événements.
L’ABONNEMENT MÉDIATHÈQUE Carte Ngan Vhalik : 4000 XPF
(500 XPF pour les -18 ans, +65 ans, titulaires des cartes étudiant, apprenti, demandeur d’emploi ou d’Aide Médicale Gratuite A). Entrée gratuite sur le site toute l’année L’emprunt de six documents (ouvrages, vidéos, CD-audio) Le bimestriel à domicile Des invitations aux différentes conférences et projections 50 % de remise sur l’abonnement Sisia (pour une carte à 4 000 XPF) 20 % sur l’abonnement Mwakaa 10 % à la boutique du Centre
Renseignements : Tél. 41 45 45 - www.adck.nc - adck@adck.nc
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Tous les spectacles de notre programmation offerts tout au long de l’année L’entrée libre et gratuite chaque jour, du mardi au dimanche
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Critiques m on Air usique
HUMILITE MAKYHAB
Endemix a sorti sa chaîne, ses enceintes et même son lecteur MP3 pour écouter les nouveautés du marché musical calédonien. Verdict ?
S
i Humilité est son premier album solo, Makyhab a déjà derrière lui quelques faits d’armes qui ont jalonné son apprentissage. Le jeune homme a participé au collectif Daalhook qui regroupait quelques-uns des meilleurs musiciens de Hienghène, et plus récemment au groupe Vahy de Touho (voir son portrait p. 19). Résulte de cette expérience un style déjà affirmé, caractérisé par une voix rauque, singulière, que l’on apprécie particulièrement sur les entêtantes versions acoustiques que compte l’album. On retrouve dans Humilité les genres musicaux chers à Makyhab : un kaneka rapide, avec arpèges à la guitare et rythmiques traditionnelles sur des morceaux d’une redoutable efficacité comme « Koi Yalen » ou « Ciimo » ; le reggae, avec un clin d’œil manifeste à Lucky Dube dans l’orchestration
de « Tanama » ; ou l’entraînant biguine de « Tnook ». Le chanteur, compositeur et guitariste propose même un featuring avec le Salomonais Tania Gee sur le morceau « Aalhaen », qui pourtant n’est pas la chanson la plus inspirée de l’album. Si l’on peut regretter le caractère un brin poussif de certaines compositions, ce premier album affiche de très prometteuses qualités. Il y a du caractère et du souffle dans l’interprétation des textes, majoritairement en jawe*, le tout renforcé par les chœurs. Mais c’est surtout dans l’attachement aux valeurs traditionnelles et à sa tribu d’origine que Makyhab puise sa tranquille assurance. Il se pourrait que cette dernière lui permette d’accomplir un long chemin… Par SD * Langue du Nord-Est de la Grande Terre
SOUDWANE CHAVI
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T
out récemment encore, Chavi débarquait sur le Caillou, des rimes plein les poches et un flow prêt à en découdre avec la scène locale. Très vite il s’est taillé une réputation de showman, langue habile et bretteur de mots, mais le jeune artiste avide de défis décide de produire son premier album, Soudwane. Un essai pas transformé d’avance, malgré le talent scénique de l’intéressé, tant l’exercice du long format demande un travail bien différent du live. La première écoute rassure : Chavi s’en sort avec les honneurs, en démontrant l’air de rien l’étendue de son talent au travers d’un panorama en seize pistes. Agréable et varié à l’écoute, mis en valeur par une production aboutie, l’album révèle souvent une belle profondeur, porté par des textes plutôt bien écrits, qui évitent (parfois de justesse) des écueils
un peu trop mièvres. Guitare, piano, arpèges synthétiques au clavier, cuivres et riffs de gratte saturés : son géniteur s’autorise tout sans forcer, taillant son œuvre avec maîtrise et générosité sur des rythmes reggae, hiphop, broken beat et dubstep. Si la plupart des morceaux dégagent une belle énergie, dont on devine aisément l’efficacité en concert, Chavi ralentit parfois le tempo comme sur le single « Oleti », qui a déjà largement tourné sur les radios locales. Même si quelques défauts subsistent, avec des mélodies parfois un peu trop classiques pour éveiller immédiatement l’attention et un artwork qui frise l’amateurisme, il n’y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir. Oleti Chavi ! Par JB
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STARGAZER PAUL CRAMET
P
aul Cramet, chanteur leader du groupe rock Yellow Press Toy, s’essaie au projet solo avec Stargazer, un LP de sept titres sur lequel il joue certes de la voix, mais aussi de tous les instruments. Enregistré en home studio, ce nouvel album se veut plus lent et plus psychédélique que ce qu’il joue habituellement avec son groupe. Quelques indices nous sont donnés au premier coup d’œil sur la pochette, le voyage s’annonce cosmique. Play ! D’entrée de jeu, la guitare sèche omniprésente distille une touche folk psyché qui nous accompagne sur l’ensemble de l’album avec des arrangements minimalistes. Malgré l’économie de moyens, l’oreille va de surprise en surprise. Un air de côte ouest vient souffler sur « The Crowd » ; la batterie fait une excursion surprenante vers le trip-hop sur le superbe « Cloudy Version » ; des nappes issues de nulle part emportent la lancinante
Et puisque avec Dick et Hnatr on peut se permettre d’être exigeant, on regrettera un certain manque de relief dans les chansons composées en français, aux messages volontariste (« Un beau pari ») et quasi syndical (« Le paradis est trop cher »). Peut-être sont-elles affectées par une certaine facilité et un air de “déjà-entendu”. Enfin s’« il n’y a pas de crainte dans l’amour »*, c’est aussi pour dédramatiser les proches échéances politiques. La pochette joue avec l’image de l’urne fatidique de 2014, et le sourire serein affiché par le couple le plus célèbre de la scène kaneka nous rappelle la portée de son propos, à la fois libre et réconciliateur. Par SD * Traduction du titre de l’album Deko pareu ri ci ran (nengone)
ballade « Gold Heart/Black Jeans ». La voix habitée du chanteur exalte le tout, avec un petit air de Brian Molko qu’on aurait noyé dans un baril de delay*, ce qui lui va plutôt bien. Le résultat est un exercice savamment dosé qui sait rester classique dans le bon sens du terme, sans jamais laisser de surprendre son auditeur. Les morceaux, bien écrits et sans longueur inutile, affichent entre deux (grandes) et cinq (petites) minutes d’une belle densité au compteur. La courte durée ne dessert pas l’album, et provoque une savoureuse frustration qui invite à la réécoute. Une belle réussite qui donne envie de découvrir ce que Paul Cramet nous réserve pour la suite. * effet sonore basé sur le principe de la chambre d’écho. Par JB
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D
eux ans après la sortie d’Angaishola, leur dernier opus marquant une nouvelle direction musicale, Dick et Hnatr Buama s’inscrivent dans la continuité, avec l’apport de leurs enfants. Revenu de son expérience métropolitaine d’étudiant, Jimmy le fils aîné signe en effet deux morceaux qu’il interprète sagement.
Quant à la voix de leur fille, gage d’un très bel avenir musical, elle s’invite dans des chœurs omniprésents... Deko pareu ri ci ran est le fruit d’une collaboration prolongée entre le duo et le musicien franco-algérien Camel Zekri aux arrangements, qui officiait déjà lors du précédent album. Il en découle un style dépouillé, d’une grande sensibilité. Ukulélés et guitares composent la remarquable trame mélodique de l’orchestration. Les wessels et les bambous se font plus discrets. Un phrasé incisif et des chœurs dynamiques rappellent l’inspiration des premiers morceaux comme « Gurejele ». Les voix du couple à l’unisson teintent l’interprétation d’une certaine nostalgie comme avec le titre inaugural qui donne son nom à l’album, ou les magnifiques « Co hnorone ore ci ran » et « Du bout du monde ».
Critiques
DEKO PAREU RI CI RAN DICK ET HNATR
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l
Une bonne recette caledonienne
‘
Critiques
ittérature
Bien qu’écrites pour le théâtre, les saynètes d’Ismet Kurtovitch se lisent comme des nouvelles. Rares, les indications scéniques ne perturbent pas la lecture qui devient vite savoureuse tant ce recueil est un condensé d’humour, parfois noir, venu d’un auteur qui semble bien connaître son environnement humain.
a commence mal... Pardon ! Ça commence par une histoire qui fait mal, en trois actes. L’histoire du Japonais Tadao, intégré et travailleur, père et marié à une femme kanak, que l’on livre comme on couperait une branche, comme on abandonnerait un membre de sa famille en se disant : « Qu’y puis-je ? ». Tout ça avec un petit serrement au cœur. Et déjà le verbe est sec, épuré. Pas bavard. Quasiment chaque protagoniste s’exprime dans une langue légèrement différente, selon ses origines, mais jamais caricaturale. Jojo arrive alors pour dissiper la détresse dans laquelle nous a laissés le destin du Japonais, lors d’un moment de partage familial savoureux, relevé par le café de la maman et ses réflexions du genre : « N’empêche, Bush y tape la wère en Irak ».
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La recette de l’humour
* Écrit en toutes lettres dans le texte d’Ismet Kurtovitch. En référence à la marée basse (coef 0.1) ** La partie du livre dont il est question a été jouée en solo lors d’une récitation inspirée de l’acteur Stéphane Piochaud à l’occasion d’une exposition d’art contemporain *** Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique (se trouvant à l’intérieur d’un PUD)
Le rythme est pris et l’auteur nous sert l’un après l’autre les meilleurs plats de sa cuisine calédonienne : la chasse aux primes et aux subventions, une bonne recette pour cuire le riz, une « zéro un »* au récif... La nostalgie et le ridicule de Nouméa, Néa, ou Aémoun comme dit Wamo, avant, petite, coloniale. Puis le plat de résistance, intitulé Les mots croisés. Comme un concours de slam et de scrabble mêlés entre deux vieilles « couilles » pleines d’esprit de la place des
Cocotiers, qui regardent leur ville, désabusés, à travers le filtre de leur expérience. Magnifique tirade qui pourrait laisser penser que Nouméa n’est qu’une ville-caserne, une Sydney à peine « encookée » qui caresserait une carrière militaire universaliste. C’est vraiment bon et salvateur, cette dérision, et je voudrais l’entendre de nouveau, comme j’eus l’heur de l’entendre dite par Stéphane Piochaud il y a quelques années.**
Sans transition Bienvenue dans cette île ! Ce monde où les insultes sont aussi douces que « figure », « crasse de meule » et « vieille loche ». Y’avait d’la poésie, bordel ! Puis viennent les plats de résistance – rappelez-vous, Tadao – dont la course aux dollars qui se conclut, à force d’anaphores, par un orgasme pécuniaire bien démérité dont on jouira longtemps après la fin de la guerre. Puis les desserts : doux amers, quand la guerre et l’économie entretiennent des relations tordues, sans parler du P.U.D. qui peut cacher un Z.N.I.E.F.F.*** surtout quand Rosalie est aux manettes – ça sent le vécu. Mais les desserts, on en reprendra une lichette car les œuvres kalédoniennes qui nous éclairent sur l’âme d’un pays sans faire de manières se résument à une petite quinzaine. Dont ce recueil que j’ai rangé non loin du sommet de la pile, avec quelques autres du même éditeur (Les éditions Madrépores). Par Stéphane Camille
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NOTRE culTuR
présente du Nord au Sud du pays, dans les aires païci, Hoot ma Waap, djubéa-Kaponé, Ajie Aro, Xaracuu, drehu, iaai, Nengon où elle est implantée depuis plus de 130 ans. Fière de son engagement économique, social et culturel, la SLN traduit, à trave la Nouvelle-calédonie et à faire connaître et partager sa culture originelle.
RE EN paRTagE SLN-ERAMET MécèNES pRiNcipAUX dE L’EXpoSiTioN « KANAK, L’ART EST UNE pARoLE ». Après son succès avec 112 000 visiteurs au musée du Quai Branly, retrouvez l’exposition au centre culturel Tjibaou.
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ne, la Société Le Nickel a ses racines en Nouvelle-calédonie ers son soutien à cette exposition, son attachement à développer
www.sln.nc
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FICHE PRATIQUE Bilan moral et financier :
comment le réaliser ?
TOUTE ASSOCIATION PERCEVANT DES SUBVENTIONS PUBLIQUES DOIT ÉTABLIR SON BILAN MORAL ET FINANCIER ANNUEL. POUR LES STRUCTURES NE BÉNÉFICIANT PAS DE FINANCEMENT DES INSTITUTIONS, CETTE DÉMARCHE PERMET CEPENDANT DE SUSCITER UN CLIMAT DE CONFIANCE AVEC LES ADHÉRENTS ET LES PARTENAIRES. Le bilan moral et financier se réalise généralement sur une année civile, soit entre le 1er janvier et le 31 décembre.
Le bilan moral Il rend compte de tout changement de statut ou de fonctionnement (renouvellement des membres du bureau par exemple). Il établit le récapitulatif détaillé des actions menées, avec les aspects positifs et les faiblesses ou difficultés.
Le bilan financier Afin de faciliter la réalisation du bilan financier ou « bilan comptable », l’idéal est de rester vigilant tout au long de l’année en gardant toutes les factures et tous les reçus et de pointer chaque entrée et sortie d’argent sur les relevés de compte de l’association. Il s’agit ensuite de créer un tableau à deux entrées : les dépenses et les recettes, pour aboutir à un compte de résultat équilibré.
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
La colonne dépenses comprend plusieurs catégories, selon l’activité de la structure : Achats (matériel, matières premières, billets d’avion, hébergement, etc.) Services extérieurs (assurance, frais bancaires, etc.) Autres services extérieurs (agence de communication, imprimerie, traducteur, costumier, sous-traitance, etc.) Taxes (TSS-Taxe de solidarité sur les services) Charges de personnel (salaires) Autres charges de gestion courante (loyer de location de bureau, abonnements téléphone et Internet, etc.) Charges financières (intérêt des emprunts bancaires) La colonne recettes recense toutes les entrées d’argent sur le compte de l’association : Vente de produits fabriqués (sculptures, tableaux par exemple), spectacles, prestations, etc. Subventions publiques (mairies, gouvernement, provinces, etc.) Autres sources de financement : mécénat, sponsoring, échanges entre partenaires…
Il peut s’avérer utile de créer ce tableau en séparant dépenses et recettes par actions réalisées au cours de l’année. De ce bilan vont se dégager les frais de : Fonctionnement Création Diffusion L’identification de ces différents frais est indispensable ; lorsqu’une institution souhaite contrôler le bilan, il peut être demandé à l’association de rembourser la somme qui n’aura pas été utilisée ou incorrectement justifiée. Exemple : une mairie verse 500 000 F à une association culturelle. Si cette dernière n’a dépensé que 450 000 F, elle doit rembourser à la mairie 50 000 F, cette somme étant facilement identifiable dans le tableau. L’objectif final de cette démarche annuelle est d’aboutir à un bilan équilibré entre les deux colonnes. Cela prouve la bonne santé financière d’une association, sa viabilité. Un bilan sain va ainsi encourager les institutions et autres partenaires à soutenir la structure l’année suivante. Il va également permettre d’améliorer la gestion et de mieux appréhender les futures actions en termes de coûts et de recettes.
L’obligation morale Outre l’aspect financier et les demandes de subventions, établir un bilan d’association revêt un caractère citoyen et moral. Le bilan témoigne en effet de la responsabilité de l’association et de sa bonne volonté. En utilisant de l’argent public, elle se doit d’entretenir avec ses adhérents, son conseil d’administration et les institutions, une relation de confiance en justifiant le bon usage de l’argent public. De nombreux exemples (méthodologie et tableaux) sont disponibles sur Internet. Par Aurélie Cornec
Publi-reportage Tél.: 28 65 10 – accueil@maisondulivre.nc www.maisondulivre.nc Rejoignez-nous également sur FB.
La Maison du Livre de Nouvelle-Calédonie (MLNC) encourage la coopération interprofessionnelle et interrégionale. Ainsi, elle intervient - en lien étroit avec ses membres associatifs et le réseau de lecture publique - tant dans le domaine de l’économie du livre, que dans la vie littéraire ou la valorisation du patrimoine oral et écrit. Également centre de ressources et d’information, la structure propose des rencontres professionnelles, des ateliers, de l’accompagnement à la création et au développement de l’écosystème livre et lecture. Par ailleurs, en lien avec la Ville de Nouméa et en partenariat étroit avec l’Association Témoignage d’un Passé (ATUP), la MLNC œuvre au rayonnement patrimonial et historique de la Maison Célières.
Saison 2014 – mars, avril, mai. INTERNATIONAL
MÉDIA
Dans le cadre de son rôle de promotion internationale de la littérature de Nouvelle-Calédonie, le pôle Lire un Pays de la MLNC accompagne les écrivains F. Angleviel, A. Bihan, C. Laurent, F. Ohlen, D. Pourawa et P. Wamo au Salon du Livre de Paris (21-24 mars) et au 1er Salon du Livre Océanien de Rochefort (28-30 mars).
L’émission littéraire radiophonique de la MLNC, de la bibliothèque Bernheim et de NC 1ère, à présent animée par Cris Bouton, devient mensuelle et sera également filmée, toujours en public et à la maison Célières. > Diffusion chaque 1er mardi du mois (20 h – 21 h 30) en direct sur NC 1ère radio. > Rediffusion le dimanche suivant (9 h 30) sur NC 1ère TV.
PROVINCE NORD
SCOLAIRE
La librairie itinérante de la MLNC reprend la route vers la médiathèque Ouest de Koné pour sa Semaine du livre (22-26 avril), puis vers la médiathèque du Nord à Poindimié, pour la Fête des bibliothèques (23-27 avril). > À bord : ventes de livres, CD et DVD, rencontres, dédicaces, animations. > Sur le siège passager : l’écrivain et scientifique vietnamienne Tran-Nhut, résidente 2014 du Randell Cottage (NZ) et de la MLNC.
Véritables bibliothèques mobiles proposant aux collégiens et aux lycéens des trois provinces une cinquantaine d’ouvrages calédoniens. Ces paniers fournissent aussi une occasion de rencontrer des auteurs, illustrateurs, éditeurs et autres professionnels du livre. Sur demande des enseignants et documentalistes. En partenariat avec le Vice-rectorat.
Le camion librairie
L’émission « Des Livres et nous »
Les Paniers littéraires
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Les salons littéraires
© Musée de Nouvelle-Calédonie. Jessica Wamytan
SCÉNOGRAPHE
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Métier
Marc
Marc Vallet (à gauche) et Yan Stive, en charge de la conception graphique, installent les supports de médiation qui accompagneront les visiteurs dans l’exposition.
L’art dans l’espace Mon premier a le compas dans l’œil. Mon deuxième est créateur d’espaces. Mon troisième est un metteur en scène d’acteurs muets. Mon tout est scénographe d’exposition. Marc Vallet, grand ordonnateur de Kanak, l’Art est une Parole au musée du quai Branly, raconte les ficelles d’un métier d’illusions.
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I
maginez la scène d’un antique théâtre grec et ses décors créant l’illusion des perspectives. Vous avez la skênêgraphia, la scénographie d’époque. Vingt-cinq siècles plus tard, la notion désigne toujours la création d’un décor pour spectacle. Mais dans les années 19701980, elle s’immisce dans les musées. Un nouveau métier apparaît : scénographe d’exposition. « Longtemps, les expositions étaient montées par les commissaires, les conservateurs, puis les architectes », précise Marc Vallet qui exerce ce métier depuis de nombreuses années. Peu à peu, la scénographie est déléguée à des spécialistes de l’espace scénique et de la médiation. Rarement connaisseur des œuvres qu’il doit mettre en valeur, le scénographe est à l’image de la majorité des visiteurs. « Nous mettons le spectateur au centre de notre démarche : comment l’accompagner pour qu’il progresse dans l’exposition en se sentant
Scénographes, graphistes, éclairagistes et monteurs accrochent, légendent et mettent en lumière les œuvres pour créer l’ambiance et le parcours de l’exposition.
guidé dans son rapport aux œuvres. », explique le créateur d’ambiance.
L’âme de l’exposition Les espaces d’expositions temporaires sont généralement plurifonctionnels et modulables. Le scénographe doit y insuffler l’âme de l’exposition. Un défi souvent technique. « Pour le quai Branly, il a fallu trouver le rapport adéquat entre la mise en scène et l’architecture de Jean Nouvel, qui ne dispose d’aucune paroi droite, des baies vitrées sur la moitié de la périphérie et des plafonds de quatre hauteurs différentes. » Alors, cloisons de bois ou de plâtre, mobiliers éphémères, socles et spots lumineux envahissent le vide pour créer en quelques jours l’écrin qui abritera temporairement les objets. Les visiteurs, quant à eux, se laisseront guider dans leur rencontre avec les œuvres via ce parcours balisé.
Voir et savoir Plus qu’un espace, la scénographie pose le contexte des objets, leur
chronologie, leur esthétique, leur typologie, pour aider à les comprendre. Regroupées, comparées, les œuvres se mettent à parler. « Chacune d’elles porte son histoire : celle de sa création, de ses usages, de ses pérégrinations. Elles en racontent une autre quand elles sont rassemblées. Comme une bande dessinée dont l’ordre des bulles définit le sens. Intervertissez les séquences et vous racontez une tout autre histoire », développe Marc Vallet. Pratique, ludique, instructive, la scénographie est aussi esthétique « comme dans la salle des ancêtres kanak, couverte d’un gril supportant des cintres de tissus » qui accueille le visiteur dans le monde évanescent de l’ancestralité. Le dernier accrochage finalisé, inspection des travaux finis selon des critères peu communs : si le travail est bon, la scénographie doit être à peine perceptible. « Cadrer, souligner, sans s’imposer », résume le créateur de scénarios dont les personnages principaux restent les objets exposés. Par Claire Thiebaut
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LE cri du cagou présente... Les membres du Cri du Cagou se sont emparés d’une page d’Endemix pour parler, à chaque numéro, d’un thème qui leur tient à cœur.
Les
L
jeux
Commencer avec un thème aussi joyeux, promet bien des plaisirs pour cette année 2014 que je vous souhaite toute joueuse !
es jeux, je les adore ! Oui, c’est ça qu’est bon ! Depuis petit, j’ai appris à jouer avec rien, avec tout, tout seul et tout le monde !
Les grands jeux des petits enfants et les petits jeux des grands enfants. Je les aime tous. Quand on joue on a la chance d’être enfant plus souvent. Oui, je pense que les jeux, même les jeux de grands, nous lient infiniment à notre enfance, en nous rappelant soit leur présence, soit leur absence, dans cette belle période d’insouciance. Il y a même des gens qui pensent qu’on peut apprendre en jouant et jouer tout en apprenant ! On rit, on grandit. On pense à nos enfants, on pense à nous enfant. J’ai interviewé mon entourage, pour un petit Partajeux de Pensées ! Les gens proposaient des idées, puis j’ai essayé de les jeter sur le papier. Si j’avais joué à les entremêler, voilà ce que ça aurait pu donner :
Les jeux de mains, les jeux malins, Les jeux d’eau et de mots, La bagarre et les jeux de regards, Enfin les incontournables batailles de polochons et les jeux de ballons ! Jouons, jouons, jouons la musique, juste un petit air c’est magique ! Pour conclure cette farandole, laissez-moi vous présenter mes deux chouchous, ils n’ont besoin de presque rien, sauf de vous ! « The cache-cache ». Dès les premiers mois on y joue déjà ! Et ce, encore pendant longtemps, séduis- moi,
fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis, c’est qui le chat, c’est qui la souris ?! ET « Le sacrosaint ballon ». Celui que l’on fabrique à partir de rien, d’un journal chiffonné, de feuilles emberlificotées, de lianes, de tissus, de cuir ou de plastique… On peut y jouer tout seul mais très vite on attire la compagnie ! Et hop, juste un ballon et que commence la partie ! Je n’ai plus de carte à jouer, si d’autres plumes veulent s’essayer, sur lecriducagou il suffit de se connecter ! Par Le Tarot.
Les jeux mystiques et les jeux sadiques, Les jeux sont tellement nombreux. Certains aussi intéressants que dangereux. Les jeux d’argent et de pouvoir, Surtout attention, ne pas se faire avoir ! Il y a les jeux et les joueurs. Les amateurs et les téléchargeurs, Il y a les très très joueurs et les très tricheurs, Les mauvais joueurs et les bons perdants. Les taquineurs et les grands gagnants !
Retrouvez les jeux sur le Cri du Cagou : www.lecriducagou.org
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Les jeux entre amis et les amis entre deux, Les esprits joueurs et les joueurs avertis, Les jeux drôles et les jeux de rôles, On peut crier haut et fort et jouer la comédie, On peut jouer la Castafiore et s’inventer des vies !
e
© NiKo VinCent
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Parcours xposition
Marianne
À la recherche du temps perdu Préserver les objets, les traiter, les réparer si besoin... Tels sont les fondamentaux du métier de conservatrice-restauratrice, une tâche dont Marianne Tissandier s’acquitte avec passion au musée de Nouvelle-Calédonie.
O
riginaire de NouvelleCalédonie, la jeune Marianne Tissandier part à Paris pour devenir archéologue. Effrayée par la marée humaine qui s’engouffre dans l’amphithéâtre, elle décide finalement de passer le concours des arts déco et arts appliqués de la célèbre Ecole Boulle. Un choix qui s’explique par son amour pour « l’artisanat d’art et la maîtrise technique poussée ».
Dans son “labo”, Marianne Tissandier s’occupe de remettre en état les objets du passé.
2000, elle s’envole pour l’Australie afin de compléter sa formation par une spécialisation en conservation des matériaux culturels. La NouvelleCalédonie se dote ainsi de sa première restauratrice d’art.
Artisan du passé Devenue responsable des collections au musée de Nouvelle-Calédonie, Marianne Tissandier met en pratique sa spécialité : la conservation d’objets fabriqués avec des matériaux naturels tels que le bois, les fibres, les cheveux ou les cornes. « On ne restaure pas une peinture de la même façon qu’on restaure une monnaie kanak. » Car si Marianne aime travailler de ses mains comme un artisan, elle ne se défait jamais des principes déontologiques de sa profession. « Il y a une valeur immatérielle, une magie propre à ces objets issus de sociétés traditionnelles. Si l’on y touche trop,
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Dans une carrière, on est content de pouvoir participer à un projet comme Kanak, l’Art est une Parole. De retour sur son île natale et après quelques hésitations professionnelles, elle intègre le service des musées du patrimoine suite à un concours, en tant que régisseuse sous la direction d’Emmanuel Kasarhérou. Marianne participe par la suite à plusieurs formations de restauration et de conservation. C’est le déclic. « Je me suis rendu compte de tout ce que l’on pouvait faire pour éviter que les pièces ne s’abîment. Je voulais avoir un contact direct avec l’objet. » Marianne s’engage alors sans compter dans un domaine inexploré localement. En
FUTUR ANTÉRIEUR
on prend le risque de détériorer leurs valeurs symboliques, sociales, culturelles ou magiques. »
L’expérience Kanak, l’Art est une Parole En 2011, l’exposition Kanak, l’Art est une Parole se met en marche. Marianne œuvre avec Emmanuel Kasarhérou et Roger Boulay sur l’inventaire du patrimoine kanak dispersé. « J’avais déjà travaillé dessus pendant mes études en Australie. J’étais allée voir toutes les œuvres qui pouvaient exister dans les musées du continent. » La restauratrice a suivi toutes les étapes de l’exposition, de l’élaboration des listes d’objets à l’emballage, jusqu’à l’ouverture des caisses à Paris. Depuis plusieurs mois, elle se consacre à l’adaptation de l’exposition au centre culturel Tjibaou. « Dans une carrière, on est content de pouvoir participer à un projet pareil. Et ce n’est pas fini, il y a encore tellement à faire », conclut-elle, ravie. Par Léna Quillier
Marianne Tissandier aime les histoires du passé tout autant que celles du futur. Membre de l’association Sci Fi Club depuis vingt-cinq ans, elle a organisé plusieurs expositions d’illustrations, au croisement (étonnant) de ses deux univers de prédilection : l’art traditionnel et la science-fiction. Marianne a ainsi invité des illustrateurs et des graphistes à réinterpréter la littérature de science-fiction sur le thème « Kanak, Calédonien et Océanien ».
L’ART AU LARGE
p. 51
Lieu s
Les caprices du temps Proposer son œuvre sur fond de lagon se révèle finalement plus compliqué que d’exposer en salle. Climat violent, contacts (trop) rapprochés avec les visiteurs et manipulations excessives, les créations sont soumises à un parcours du combattant, version musée. « Chaque artiste joue le jeu en préparant ses sculptures aux deux mois d’exposition avec des bois gorgés d’huile de lin et de térébenthine et des métaux soigneusement enduits d’antioxydant », expliquent les artistes. Au final, le pari de l’Île aux Canards semble gagné. L’art intégré au paysage compose l’esprit de l’îlot, invitant le spectateur à contempler les œuvres dans une sensation de totale liberté.
Nature et culture Thierry persiste dans sa fièvre acheteuse et s’entoure d’artiste comme Mathieu Venon et Olivier Séranne. Ces derniers passent le mot à leurs pairs : l’Île aux Canards sera dédiée à la promotion de l’art calédonien. De simple plage, elle devient un espace culturel où la sculpture pousse dans le sol aussi vite que la végétation fraîchement replantée. « En décembre 2011, c’est la consécration de nos efforts : l’îlot accueille son premier festival de sculptures en plein air », racontent, ravis, Thierry Rossignol et Mathieu Venon, créateurs du projet.
Plein art Organisé par des bénévoles pendant deux ans, puis par l’association Arté Faré depuis 2013, « ce festival est une opportunité incroyable pour les sculpteurs du Caillou. Ils peuvent montrer leur travail et en assurer la promotion grâce à des visites, des démonstrations et des ateliers pour le public », résume Olivier Séranne, lui-même exposant. C’est aussi l’occasion de proposer
* en extérieur / hors les murs
L
orsque la Province Sud propose l’Île aux Canards à la location, « la flore a été sabrée, les berges grignotées par la mer », se souvient Thierry Rossignol, bailleur de l’îlot depuis 1997. Pour l’aménager et l’ouvrir au public, il entreprend des travaux titanesques. Olivier Séranne en pleine création Amateur d’art, le nouveau locataire passe quelques commandes aux sculpteurs locaux afin de décorer le faré qu’il vient de faire construire. Bas-reliefs aux visages ciselés et poteaux gravés d’animaux totémiques investissent peu à peu les lieux et en ravivent l’esprit océanien.
certaines pièces à la vente. L’îlot n’a pas encore le statut d’une galerie, mais de plus en plus d’acheteurs le considèrent comme tel. Sans oublier le coup de cœur du chaland, facilité par la disponibilité des artistes auprès de leurs pièces.
Par Claire Thiebaut
INFOS PRATIQUES
Chaque année, le festival se fait une place au soleil, de début décembre à fin janvier. Pour se rendre sur l’îlot, les modes de transport sont légion : taxi-boat, paddle, kayak, vos bras, etc., au départ de l’Anse Vata. L’entrée est libre et gratuite. Plus d’infos sur : www.facebook.com/pages/Îlot-canard-sculptures-en-plein-air/ ou par mail à mathieuvenon@hotmail.com
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À l’heure où la mode est aux expositions outdoor*, la sculpture prend le large et s’installe à l’Île aux Canards. Entre nature endémique et culture locale, ce lieu unique s’est (re)créé une identité calédonienne.
© NiKo VinCent
culpture
© NiKo VinCent
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Il était une fois
Aujourd’hui, les murs extérieurs de la FOL ont été pris d’assaut par les grapheurs nouméens. Que restera-t-il de ces oeuvres après les travaux de réhabilitation ?
... LA FOL UNE HISTOIRE À SAUVER
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Sa scène mythique a offert des moments uniques aux enfants lors de spectacles scolaires ; ses coulisses ont suscité de nombreuses vocations et permis aux artistes de vivre pleinement leur passion. Retour sur l’histoire de la Fédération des œuvres laïques, la FOL, avec ses heures de gloire et de déboire.
L
e 5 avril 1954, la Fédération des œuvres de l’école publique (FOEP) voit le jour au collège La Pérouse (aujourd’hui collège Baudoux). Dès lors, la culture prend un poids considérable dans la diffusion de l’idéal laïc. Culture au sens large du terme : compétition sportive, audiovisuel, lecture, art plastique, musique. « La fédération a été créée à l’initiative d’instituteurs, notamment M. Barrès. Dès le départ, il s’agit de promouvoir les œuvres laïques en complémentarité de l’école. Elle est rebaptisée FOL en 1957 », rappelle Pascal Hébert, l’actuel secrétaire général. La même année, le terrain de la route du Sémaphore est offert à la ligue de l’enseignement – maison mère métropolitaine de la FOL –, lors de la liquidation de la loge de francs-maçons « l’Union calédonienne ».
Trente ans d’âge d’or
Sous l’impulsion du secrétaire général René Orezzoli et de son équipe, les années 1960 et 1970 sont marquées par le renforcement des activités. La salle de spectacle du centre Marcel-Bousquet est inaugurée en 1973. « Au début des années 1970, la fédération est même chargée par l’Assemblée territoriale de la politique culturelle », souligne Pascal. La FOL développe également d’autres activités comme les cantines et le ramassage scolaire. Durant les années 1980 et 1990, la FOL met en place des ateliers artistiques à l’îlot Taragnat, des formations professionnelles, des expositions... « Le début des difficultés est identifié dans les années de troubles, de 1984 à 1988. Les gens sortaient moins de chez eux, la salle de spectacle était vide. Résultat, dès 1992, la FOL connaît d’importants problèmes de comptabilité. »
Il devient urgent de sauver la FOL qui représente un outil culturel unique.
p. 53 Il était une fois
RAVALEMENT DE FAÇADE La construction d’un nouveau bâtiment pourrait se concrétiser rapidement. Le projet concerne l’aménagement paysager de la colline, mais aussi un nouvel espace d’accueil baptisé « forum ». Véritable lieu de rencontres, il comprendra des espaces dédiés aux associations ainsi que des aires d’expositions, de restauration et d’animations. Deux salles de spectacles sont aussi prévues : l’une pourra accueillir jusqu’à 600 places assises, tandis que l’autre, de 80 places, sera dévouée aux répétitions et aux résidences. Le projet représente un investissement d’environ un milliard. Les études et travaux devraient durer respectivement un et deux ans. Le concours d’architecte sera lancé courant 2014.
Jean-Paul Smadja, metteur en scène et comédien « Pour moi la FOL, c’est aussi une histoire de sens. C’est l’odeur des galas de fin d’année, cette ambiance bon enfant du mélange des âges. Un certain goût aussi de l’accueil quand nous venions y jouer nos spectacles, et puis, avec le temps, l’affection qu’on porte à une grand-mère affectueuse et bienveillante. » Linda Kurtovitch, danseuse et directrice artistique de l’association Par les temps qui courent « La FOL c’est d’abord une odeur. Petite, j’y ai effectué mon premier spectacle de danse classique : j’y ai découvert ma passion. Depuis mes cinq ans, j’y sens toujours la même odeur ! Un souvenir marquant pour moi, c’est le spectacle Sida je vis je danse, monté avec les élèves de Do Kamo en 2006. J’aimerais que ce lieu devienne un endroit où les artistes indépendants puissent créer, une sorte de laboratoire pour les danseurs. »
De 1988 à 2004 : le casse-tête des dettes Au cours de cette période plus sombre, la fédération cumulera jusqu’à 100 millions de FCFP de dettes et se voit dans l’obligation de se séparer d’une partie de son patrimoine : le centre du Mont Té et le site de Sarraméa sont sacrifiés. Il devient urgent de sauver la FOL qui représente un outil culturel unique, avec notamment sa scène de 550 places rénovée en 1995. Il reste 28 millions à rembourser en 2004, lors de l’arrivée de la nouvelle équipe. À travers des mesures fortes – comme se séparer de la crèche Enfantasia en 2005 –, la FOL retrouve un équilibre financier à partir de 2009. Elle se concentre désormais sur deux domaines : la culture, avec la salle de spectacle, et l’animation (y compris
dans la formation de personnel), avec les colonies et les centres aérés. « Un nouveau secteur sera tout de même développé tant le besoin est criant : celui du handicap. Deux fers de lance pour cette activité : un important travail d’intégration des enfants en situation de handicap dans les centres de loisirs et la formation du personnel encadrant », expose Pascal Hébert.
SOS d’une FOL en détresse Janvier 2011, la dépression tropicale forte Vania s’avère fatale pour le bâtiment de la FOL, qui commençait déjà à se délabrer. Elle soulève une portion du toit et inonde une partie des locaux. L’infiltration d’eau à proximité de la scène met en danger artistes et spectateurs. La salle est fermée au
public et les bureaux administratifs rapatriés à Taragnat. « Durant un an, nous n’avions aucun interlocuteur au niveau des institutions, regrette Pascal Hébert. Fin 2011, nous avons lancé le SOS sur la façade et 5 000 personnes ont signé la pétition pour la réhabilitation du site. Cela a enfin fait réagir les décideurs ». Une solution pourrait être trouvée avec la Province Sud qui financerait les travaux de gros œuvre. « Il s’agit d’un haut lieu de la culture calédonienne, toute une génération est attachée à cet endroit populaire. Nous ne pouvons fonctionner qu’à travers une politique culturelle forte », conclut le secrétaire général. Par Aurélie Cornec
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Dans les années 90, Gérard Colson, architecte d’intérieur, rénove la grande salle de la FOL. Quelle surprise pour les artistes et les spectateurs de voir la nouvelle couleur verte des sièges ! Les superstitions du monde théâtral ont fait du vert une teinte bannie des salles obscures. L’architecte de répondre « Ce n’est pas un théâtre, mais une salle polyvalente ». L’identité artistique de la FOL a donc toujours fait débat.
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Agenda
2014 Province Sud CENTRE D’ART
Du 15 au 18/05 Théâtre
…EKoooO…
de Paul Wamo
One Woman Show
LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE
Danse
BOTY ONE ONE
En partenariat avec la Province Sud dans le cadre de la quinzaine du hip- hop. Entrée libre et gratuite.
Du 5 au 25/12 Exposition
OCÉANIE
d’Aimé Nangard. Zoom sur cet artiste talentueux de la commune de Dumbéa. 22 toiles à découvrir et un regard singulier porté sur l’Océanie d‘aujourd’hui. Entrée libre et gratuite.
CENTRE CULTUREL DU MONT-DORE
© Éric Dell’Erba
Les 13, 14, 15, 16, 20, 21, 22 et 23/03
Le 12/04 de 15 h à 18 h
Spectacle de Numa et Cie
Le 14/03 à 18 h Danse
Du 22 au 25/05 Comédie musicale
L’AIR DE RIEN
de Gauthier Rigoulot
Du 2 au 4/10 Musique
LE FESTIVAL DES MAISONS MUNICIPALES DE MUSIQUE
Les 27, 28, 29, 30/03 et 3, 4, 5, 6/04 Arts mêlés
LA FÊTE DES FOUS À LIER
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Cie Les Artgonautes du Pacifique (voir article pages 10-11)
Du 24 au 27/04 Danse
KALY GRAFFYK (CHAPITRE 1)
Cie Posuë (voir article page 14)
fête ses 10 ans. À cette occasion, le centre d’Art accueillera les différents groupes des huit maisons municipales de musique durant trois soirées.
CENTRE CULTUREL DE DUMBÉA Le 5/04 de 10 h à 19 h Arts mêlés
JOURNÉE PORTES OUVERTES
Babayaga de la compagnie Tandem, concerts, initiations gratuites (sculpture sur bois, dessin, peinture), exposition de l’artiste Aimé Nangard, démonstration de danses des compagnies de la commune et bien d’autres animations.
PACIFIC BREAKER EVENT BATTLE 1 VS 1
Une production de la Cie Street Force Mont-Dore
Les 20 et 21/03 à 20 h et le 22/03 à 18 h Danse
IDENTITÉ
Une production de la Cie Mado sur une chorégraphie de Thierry Bain
Le 28/03 à 20 h Les 29 et 30/03 à 18 h Danse
LE BERCEAU DES ESPRITS
Une production de la Cie de danse contemporaine de Nouvelle-Calédonie, chorégraphie de Sthan Kabar Louët
Les 3 et 4/04 à 20 h Le 5/04 à 18 h One Woman Show
LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE
Spectacle de Numa et Cie
EDITH BOINIER
Théâtre
LA PERRUCHE ET LE POULET
Les 29, 30/05 et le 1er/06 à 20 h et le 31/05 à 18 h Mime
ÂME EN APESANTEUR
© Quatuor DEK
Spectacle du quatuor ukrainien DEK, une production de la Cie du Caméléon.
CENTRE CULTUREL TJIBAOU
Cette année, la programmation est dédiée aux femmes du Pacifique. Le festival sera fortement ancré dans la région avec le retour de deux compagnies exceptionnelles : Mau (Nouvelle-Zélande) et Marrugeku (Australie), sans oublier la création calédonienne avec une carte blanche donnée à Liza Prouchandy.
CENTRE SOCIOCULTUREL DE LA FOA Le 1er/04 Théâtre
BABAYAGA
Théâtre d’ombres et de marionnettes par la Cie Tandem.
Du 15/03 au 15/06 Exposition
KANAK, L’ART EST UNE PAROLE
Les 24 et 25/04 à 20 h et les 26 et 27/04 à 19 h Théâtre
LES ÉCHOS DU MENSONGE
© AFMI
Une pièce de Pierre Gope, co-produite par l’AFMI et la Province Nord.
Les 5 et 6/06 à 20 h et les 7 et 8/06 à 18 h Danse
TRENGE EWEKË (LA PAROLE)
Une création de la troupe du Wetr Kréation
Du 15 au 26/04 Exposition
Le 11/04 à 20 h et le 12/04 à 18 h de Robert Thomas
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WAAN DANSE
Agenda
BLUES UP FESTIVAL
de l’association AMJ-BECA 3ème édition
CHEVALET D’ART
LE CHAPITÔ Du 5 au 20/04 FORMATION
En partenariat avec le centre d'Art, la Province Nord et le Gouvernement. Formation/création pluridisciplinaire, qui mêle danse, théâtre, marionnettes, musique, etc. L’objectif est de participer à un travail collectif, regroupant les artistes professionnels de l’ensemble du pays. Une occasion de rencontre à travers un parcours scénique de quinze jours sous la houlette d’un formateur extérieur à leurs pratiques quotidiennes. Une formation ayant pour but la création de petites formes vivantes, prêtes à partir sur les routes et à s’installer dans des lieux non-conventionnels.
Une technique mixte, abstraite, un travail de la couleur et des fonds pour laisser apparaître volume et lignes, rythmes et surface. Chacun peut donner libre cours à une figuration sensible, y trouver sa propre interprétation, y accrocher ses rêves...
GALERIE LABEL IMAGE Du 1er au 31/08 Exposition
STOCKMEN DE STÉPHANE DUCANDAS
Les Stockmen de Nouvelle-Calédonie, hommes et femmes, appartiennent à un univers rude, atypique et surtout fascinant. Pour la plupart, les « cowboys du Pacifique » sont des descendants de colons et d’anciens détenus. Aujourd’hui, le cheval fait partie intégrante de la culture calédonienne. Les stockmen sont encore bien présents notamment dans la région de Bourail, au Nord de la Grande Terre mais aussi le Sud avec Dumbéa, Tontouta, Boulouparis et La Foa.
LEC LEC TIC Du 19/03 au 20/04 Festival
8E SALON DE L’ESTAMPE
Gravures d’artistes locaux et internationaux. Une estampe est une œuvre originale, au même titre qu’une peinture ou une sculpture. Elle est conçue et fabriquée par un artiste qui réalise la matrice, imprime ou fait imprimer un certain nombre d’épreuves et approuve l’impression par sa signature autographe. Les innombrables techniques qui s’offrent à eux peuvent donner à leur création des possibilités infinies et ainsi nourrir et enrichir leurs expressions.
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
Musique
Du 28/08 au 14/09
© Stéphane Ducandas
Les 13, 14 et 15/06 à 18 h
p. 56 Agenda
Du 21/04 au 10/05
THÉÂTRE DE L’ÎLE
Exposition
AXELLE DROUIN
(Aide à l’exposition de la Province Sud 2014)
Du 19 au 31/05 Exposition
JEAN-JACQUES POIWI
(Aide à la création de la Province Sud 2012). Sculptures sur bois et sur pierre
LE MOUV’
Les 20 et 21/03 à 20 h, les 22 et 23/03 à 18 h Théâtre
L’HOMME SEMÉ - LOOKING FOR ŒDIPE TRAGICALLY De Dominique Wittorski Cie La Question du Beurre
Les 17 et 26/05 à 18 h, les 18 et 27/05 à 18 h Théâtre
ÊTRE OU NE PAS ÊTRE
Le 21/06
De Luca Franceschi
Festival
LE FESTIVAL RAMDAM
Le 14° Festival Ramdam aura lieu à nouveau le jour de la fête de la musique. Il se décline en une soirée concert avec une brochette de groupes et d’artistes d’ici.
LE REX Le 4/04 à 18 h Soirée
LA MEGA-REX PARTY 2014
Au programme danse (hip-hop/Ragga/ Contempo/New Style) et live (slam et rap avec les slameurs du Rex et le collectif Ina Di Street).
Le 25/07 Soirée
ECLEKTICAL PARTY
Du 1er au 3/08 Théâtre
GOLDEN JOE
Texte d’Eric-Emmanuel Schmitt Par la Cie Les Incompressibles. Pitch : de nos jours, au cœur de la City, Golden Joe, requin de la finance, froid, résolu et dépourvu de toute sensibilité, se retrouve au cœur d’un thriller psychologique après l’apparition spectrale de son père sur son écran d’ordinateur. Il lui demande de le venger de son assassinat. Après une série de bouleversements inattendus, lui pour qui « avoir » était la seule raison de vivre va finir par comprendre l’importance « d’être ». Mais cela en vaut-il la peine?
Du 9 au 11/10 Théâtre
LA DANSE DES ABEILLES
Le 5/09 Danse
LE REX CONTEST
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
4e édition du concours de chorégraphies, mélangeant différents types d’expression corporelle comme le hip-hop, le modern’Jazz, la danse traditionnelle, la capoeira, le contemporain, etc.
Le 21/11 DJ
LE DJ REX CONTEST
Pour la deuxième fois, le REX de Nouméa organise un concours de DJ’s ouvert aux amateurs et à tous les styles de musique.
© Cie Les Incompressibles
d'Alain Mardel
Comédie dramatique écrite et mise en scène par Alain Mardel. Distribution : Delphine Mahieu, Lorna Paladini, Sophie Guerin. Pitch : ce huis clos se déroule dans l’appartement de Jeanne, un 1er janvier. Elle attend ses deux sœurs. L’une, Mathilde, qu’elle n’a pas vue depuis trois ans, médecin sans frontière qui parcourt le monde, et la plus jeune, Sarah, apicultrice. Cette dernière
est partie chercher Jeanne, la mère meurtrière, à sa sortie de prison, après huit ans d’absence. Les rires de l’enfance et de l’adolescence vont resurgir, mais il va falloir abattre les cloisons du passé, faire réapparaître les fantômes et les non-dits, percer la poche des secrets. Recoller les morceaux. Mais comme souvent, les premiers jours de l’année augurent de nouvelles espérances, on peut y croire.
Province Nord Le 7/05 à l’auditorium de l’école de musique de Koumac
Le 8/05 à l’auditorium du complexe de Koné Musique
IPAREKE
Un spectacle jeune public créé par le Département des musiques traditionnelles et des chants polyphoniques océaniens (DMTCPO)
Du 26/05 au 8/06 à Pouebo
…EKoooO… de Paul Wamo, LE DESTIN DE COWADIS d'Anne-
Sophie Conan
PEIWEC de Richard Digoué Trois artistes pour une semaine danse théâtre et musique + la Cie du Caméléon ÂME EN APESANTEUR
Spectacle de mime des Ukrainiens du quatuor DEK, lauréat du festival mondial des arts du cirque de Moscou en 2011 et du festival de clown et mime d’Odessa en 2011
Du 21 au 27/10 Festival
FESTIVAL/FORUM KANEKA WIPA
à Kouaoua
Début novembre Festival
2E ÉDITION DU FESTIVAL DES MOINS GRANDS à Houaïlou
Province des Iles 21, 22 et 23/11
FESTIVAL AKA WAN WENEKUKE À XODRE, Lifou
One women show
Danse
LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE
KALY GRAFFYK – CHAPITRE 1
Présenté par la compagnie Numa et Cie Un one woman show sur la grossesse et l’accouchement. 13, 14, 20 et 21 mars à 20h 15, 16, 22 et 23 mars à 18h Tout public à partir de 12 ans
Présenté par la compagnie Posuë 24 et 25 avril à 20h 26 et 27 avril à 18h Tout public
Arts mêlés
Poésie, slam, théâtre
LA FÊTE DES FOUS A LIER Présenté par la compagnie Les Artgonautes du Pacifique Avec trois spectacles à l’affiche, la fête des fous à lier est un espace où humour et irrévérence sont de mise. LE CABARET DES FOUS À LIER (artistes locaux) 27, 28, 29, 30 mars et 3, 4, 5 et 6 avril à 18h
EKOOOO Présenté par Paul Wamo 15 et 16 mai à 20h 17 et 18 mai à 18h Tout public Comédie musicale
PACO CHANTE LA PAIX (Arnaud Aymard, artiste invité métropolitain) 27, 28, mars et 3, 4 avril à 20h
L’AIR DE RIEN
L’OISEAU BLEU (Arnaud Aymard, artiste invité métropolitain)
29, 30 mars et 5, 6 avril à 20h Tout public à partir de 14 ans
SOIRÉES ART’PÉRITIFS De 18h à 20h, chaque 1er, 3e et 4e mardi du mois, des spectacles gratuits en plein air accompagnés d’une collation. 18 mars : Scène Jam Session 1er avril : Scène musicale avec groupes invités 15 avril : Scène musicale avec groupes invités 22 avril : Danse à l’école avec Quentin Rouiller et l’association En danse 6 mai : Scène musicale avec le Dispositif musique municipal 13 mai : Art’Pérouse : scène pluridisciplinaire avec les élèves du lycée Lapérouse 20 mai : Radio éphémère avec le Chapitô En extérieur, sous réserve d’annulation selon conditions météorologiques.
Présenté par la compagnie Origin 22 et 23 mai à 20h 24 et 25 mai à 18h Tout public à partir de 12 ans
SÉANCE CINÉ ART Chaque 2e mardi du mois, le centre d’Art propose gratuitement au théâtre de Poche la diffusion d’un film ou d’un documentaire en VOSTF. Une seule séance prévue pour ce premier trimestre : le mardi 8 avril à 18h avec My architect, un film documentaire de Nathaniel Kahn sur l’œuvre et la vie de son père l’architecte Louis Kahn. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles (100). Présentation obligatoire du ticket d’entrée délivré par la billetterie du centre d’Art (les détenteurs de la carte Pass sont prioritaires).
EXPOSITIONS VOUS ÊTES PROPRIÉTAIRES
NOUMÉA ENTRE CHIEN ET LOUP,
FONDS D’ART DE LA VILLE DE NOUMÉA Une vingtaine de tableaux de la collection municipale sur le thème de la ville et du territoire. Certaines œuvres sont accompagnées du texte d’un acteur de la construction de la ville. Jusqu’au 15 mai, de 9h à 17h et 1h avant le début de chaque spectacle. Entrée libre et gratuite.
VOYAGE CONTEMPORAIN DANS LA VILLE À L’AUBE ET AU CRÉPUSCULE CRÉPUSCULE Une série de photographies en grand format réalisées par l’association CALEDOPHOTO habilleront les murs extérieurs du centre d’Art (à l’angle du boulevard Extérieur et de la rue de Metz).
Renseignements billetterie au 25 07 54. Plus d’infos sur www.centredart.noumea.nc
1854-2014
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
Mars - Avril - Mai 2014
PROGRAMME
SPECTACLES AU THÉÂTRE DE POCHE
p. 58
Annuaire CENTRES CULTURELS CONTACT
TÉL.
LIEU
SITE INTERNET
Centre culturel de Dumbéa
Alice Pierre
412307
Dumbéa
alice.pierre@mairie-dumbea.nc
www.mairie-dumbea.nc
FOL (Fédération des Œuvres Laïques)
Pascal Hebert
272140
Nouméa
folnc@canl.nc
Centre culturel provincial de Hienghène Goa ma Bwarhat
Édouard Wamai
428074
Hienghène
culturehienghene@mls.nc
Centre culturel provincial de Koné
Pélagie Nerhon
471106
Koné
asso.pbvt.cac@canl.nc
Centre socioculturel de La Foa
Jean-Pierre Lafay
443301
La Foa
jplafay@canl.nc
Centre culturel du Mont-Dore
Grégory Louzier
419090
Mont-Dore
gregory.louzier@ville-montdore.nc
www.mont-dore.nc
Dock socioculturel de Païta
Marc Richer
354404
Païta
marc.richer@ville-paita.nc
www.ville-paita.nc
Centre culturel Tjibaou
Guillaume Soulard
414535
Nouméa
g.soulard@adck.nc
www.adck.nc
Centre culturel Yeiweine Yeiweine
Noël Guanere
450137
Maré
www.alk.nc
www.pomemi.nc
LIEUX DE DIFFUSION ET DE FORMATON Académie des langues kanak
Weniko Ihage
286015
Nouméa
alk@alk.nc
Antenne du Conservatoire de musique et de danse de Koumac
Alfred Haïno
423304
Koumac
antenne-koumac@afmi.nc
Centre musical Mêre â gâârâ
Renaldo Nérhon
424221
Houaïlou
renaldo.nerhon@mereagaara.nc
Complexe culturel/Annexe du Conservatoire de Koné
Hervé Lecren
473033
Koné
h.lecren@afmi.nc
www.afmi.nc
Conservatoire Hnime ulane, antenne de Lifou
Marie Hnanganyan
454575
Lifou
antenne-we@afmi.nc
www.afmi.nc
Conservatoire de musique et de danse de la Nouvelle-Calédonie Francis Gaillot
246315/240206
Nouméa
contact@cmd.nc
www.conservatoiremusique.nc
Ecomusée du Café de Voh
José Kabar
473736
Voh
ecomusee.cafe@gmail.com
FB/ecomuseeducafe.voh
EMI - École du Multimédia et de l'Image
Pascale Gery
471275
Koné
coordination@emi.nc
www.emi.nc
Le Chapitô de Nouvelle-Calédonie
Anne-Sophie Conan
275636
Nouméa
lechapito@gmail.com
www.lechapito.unblog.fr
Le Rex
Manuel Touraille
282629
Nouméa
org.adamic@gmail.com
www.noumea.nc/espace-jeunes/culture/ le-rex-noumea
Café concert le Mouv'
Christophe Ventoume
411518
Nouméa
contact@lemouv.nc
www.lemouv.nc
Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie
Jean-Brice Peirano
286510
Nouméa
accueil@maisondulivre.nc
www.maisondulivre.nc
Musée territorial de Nouvelle-Calédonie
Solange Neaoutyine
272342
Nouméa
smp@gouv.nc
www.museenouvellecaledonie.nc
Théâtre de l'Île
Marie-Ève Delatte
255056
Nouméa
dcl.tdi@mls.nc
www.theatredelile.nc
Théâtre de Poche (Centre d'art de la Ville de Nouméa)
Lydie Gardet
250750
Nouméa
lydie.gardet@ville-noumea.nc
www.noumea.nc/le-centre-dart
Association de Formation de Musiciens Intervenants (AFMI)
Alain Guarese
462000
direction@afmi.nc
www.afmi.nc
Art'Café
Olivier Petit
278003
Nouméa
artcafe@mls.nc
La Barca
Thierry Frottier
772903
Nouméa
labarcanoumea@yahoo.fr
La Bodega Del Mar
Jean-Luc Deroin
261153
Nouméa
www.bodega.nc
286600
Nouméa
FB/leboheme
BARS
Le Bohème
www.restocity.nc
Le Bout du Monde
Eric Napierai
277728
Nouméa
La Fiesta
Eddy
262133
Nouméa
lafiesta.nc@lagoon.nc
Le Flex Club
Elisa Pulpito
Nouméa
flex.nc@gmail.com
FB/flex.nc
FB/mvlounge
L'Imprévu
241145
Nouméa
Le Malecon Café
Antony
282805
Nouméa
Le MV Lounge
Elodie et Romain
78 97 67 / 78 57 35
Nouméa
mvlounge@canl.nc
Le Château Royal
230140
Nouméa
restauration.atr@ncdl.nc
Le Sweet Café
Roxanne Hugeaud
442930
Bourail
chezroxanne@gmail.com
Le Toucouleur
Zakia
765845
Koné
Les 3 Brasseurs
Patrick Hogan
241516
Nouméa
3brasseurs@canl.nc
Le Groove
Michel Trabelsi
26 28 80
Nouméa
legroove.nc@gmail.com
Andemic Art Gallery
Éric Morarin
286990
Nouméa
andemicartgallery@gmail.com
Arte Bello
Patrick Vaudelle
253100
Nouméa
artebello@mls.nc
Artifact/DZ Galerie
Didier Zanette
241385
Nouméa
tribalpassion@gmail.com
www.art-tribal-online.com
Bibliothèque Bernheim
Christophe Augias
242090
Nouméa
c.augias@bernheim.nc
www.bernheim.nc
Galerie 11 & 1/2
Franck Chan San
289115
Nouméa
onze.5@hotmail.com
www.onzeetdemi.com
Le Chevalet d'Art
Eric Valet
249242
Nouméa
chevalet@lagoon.nc
www.lechevaletdart.nc
Lec Lec Tic
Hélène Janet
825601
Nouméa
leclectic@lagoon.nc
Médiathèque du Nord
Nicole Grochain / Marguerite Waly
426700
Poindimié
info@mednord.nc / n.grochain@bernheim.nc / m.waly@mdnord.nc
www.mednord.nc
Tieti Tera Beach resort
Stéphane Brun
436400
Poindimié
info.tieti@tera.nc
www.tera.nc
Médiathèque / complexe culturel de Koné
Morgane Goromoedo
472065
Koné
n-m.goromoedo@bernheim.nc
www.bernheim.nc
FB/LeGroove
ENDEMIX n° 06 mars - avril - mai 2014
LIEUX D’EXPOSITION
ENDEMIX n째 06 mars - avril - mai 2014