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p. 12 Grande interview

À FLEUR DE PEAU

LANDRY,

DE LA CRÉATION AU PUBLIC : LE LONG CHEMIN DE LA RECONNAISSANCE

p. 32 Enquête

p. 24 Portraits Julie, Jill et Janice : les visages de la culture

p. 28 Genre idéal Le café-théâtre

p. 42 Questions à Christophe Ventoume

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

GRATUIT


ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

Soyons

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édito

4 LA CULTURE BOUGE 7 CULTURE WEB 8 CHRONIQUES D'AILLEURS 10 LaÉVÉNEMENT Fête de la musique vue par les artistes 12 LA GRANDE INTERVIEW Landry

15 LIRE UN PAYS 16 PORTRAITS Véronique Nave, langage du corps

Blue Hau, du folk made in Iaai Jean Guiart, transmission de passé Les Solitaires de Wanéé, un groupe soli(d)taire San and Tac, Monkey Beat RelatiV', le souffle drehu

PORTRAITS CROISÉS 24 Julie, Jill et Janice, la culture aux trois visages PORTRAIT D'AILLEURS 26 Pierre-André Ballande, le théâtre dans la peau KANEKA 27 «ERA Alo Zawe », Edou IDÉAL 28 LeGENRE café-théâtre

30 L'ART AUTREMENT

QUESTIONS À 42 Christophe Ventoume, directeur du Mouv’ FICHE PRATIQUE 44 Préparer sa tournée à l’export CRITIQUES 46 Musique

Close connection, Darling & Co Les Solitaires de Wanéé, Les Solitaires de Wanéé Che.p, Cherryl Peters Ka Je Hinyen, Blue Hau Littérature Le secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo, Yannick Prigent Allée simple, Roland Rossero Spectacle La Fête des fous à lier Exposition Kanak, l’Art est une Parole Vous êtes propriétaires !

MÉTIER 56 Diffuseur littéraire

57 LE CRI DU CAGOU PARCOURS 58 BB4 Production

59 LIEU

Centre culturel de Dumbéa

IL ÉTAIT UNE FOIS... 60 L'AFMI

L’art contre l'illettrisme

32 ENQUÊTE

De la création au public : le long chemin de la reconnaissance

PALABRES D'ÉCRIVAIN 38 L'abécédaire de Firmin Mussard

62 AGENDA SUIVRE... 64 LeÀFestival des arts mélanésiens 66 ANNUAIRE

Du regard souriant de Marithé Siwene au profil saillant de Kydam, en passant par l’attitude détendue de Vincent Vuibert, les couvertures d’Endemix se suivent mais ne se ressemblent pas. Chaque photo est une œuvre à part entière, née de la collaboration de l’artiste et du photographe. Suivre une voie, opter pour un autre chemin, sortir des sentiers battus, votre magazine culturel essaye d’éviter les méandres de la platitude et du commun. Un éphèbe torse nu en Une ? Un shooting plus mode que nature avec les trois visages de la télévision culturelle ? Pour ce numéro, Endemix dévoile les dessous (sexy) du succès et espère en avoir un peu de son côté - avec vous. Tous les ingrédients sont réunis pour vous satisfaire : de la musique, du théâtre, des personnalités marquantes, des critiques et des conseils pratiques. La culture est à votre porte ; et elle est plutôt jolie, non ? Gaëlle Perrier rédactrice en chef

Endemix est publié par : Le Poemart : Pôle Export de la Musique et des Arts de NouvelleCalédonie 27, rue de Sébastopol Le Central 310, 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie Tél. : (687) 28 20 74 contact@poemart.nc www.poemart.nc

La Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie 21, route du Port-Despointes Faubourg-Blanchot 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie Tél. : (687) 28 65 10 accueil@maisondulivre.nc www.maisondulivre.nc

La bibliothèque Bernheim 41, avenue du Maréchal Foch 98800 Nouméa Nouvelle-Calédonie Tél. : (687) 24 20 90 bernheim@bernheim.nc www.bernheim.nc

Directeur de la publication : Chris Tatéossian Rédactrice en chef : Gaëlle Bessaudou-Perrier (perrier.gaelle@gmail.com) Coordinatrice : Claire Thiebaut (claire@poemart.nc) Rédaction : Léna Quillier, Frédérique de Jode, Aurélie Cornec, Claire Thiebaut, Sylvain Derne, Jean-Marc Estournès, Anne Bihan, Stéphane Camille, Coralie Cochin, Virginie Grizon, Virginie Soula, Théo Rouby Photographies : Éric Dell’Erba, Niko Vincent, Aude-Emilie Dorion (couverture) Corrections : Jean-Marc Estournès Publicité : Rezo, tél. : 25 50 90 Maquette, réalisation et couverture : Push&Pull, tél. : 24 22 49 Impression : Choice Company Tirage : 15 000 exemplaires Distribution : Totem ISSN : en cours Le Pôle Export de la Musique et des Arts de Nouvelle-Calédonie est une association à but non lucratif créée en décembre 2007. Il a pour mission de promouvoir la création locale à l’intérieur et à l’extérieur du territoire en accompagnant collectivement les artistes et en mettant à leur disposition des outils et un réseau-ressources local et international.


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© NiKo VinCent

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La culture bouge Du stylo au micro

à tous les jongleurs

de mots !

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e grand concours de slam 2014 de la bibliothèque Bernheim sera officiellement lancé le 3 juillet à l’espace Jeunes de la Province Sud à 18 h. Financé par la Maison bleue et organisé par la bibliothèque Bernheim et le Rex, il permet chaque année la révélation de nouveaux talents. Les parrains sont d’ailleurs les deux lauréats 2013, à savoir Kuby et Israela.

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Deux catégories à nouveau : les ados et les adultes. La grande finale se tiendra le 31 octobre au Rex et sera précédée de trois jours d’atelier afin de bien roder la prestation des participants. C’est Natasha Kanapé Fontaine, slameuse, chanteuse et auteure canadienne d’origine amérindienne, qui animera ces sessions de préparation. Elle présidera aussi le jury de la finale. À vos agendas !

ittérature

La lecture en partage

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epuis dix-sept ans, l’opération « Livre, mon ami » n’a qu’un seul but : susciter l’envie de lire chez les petits Calédoniens. Dès le mois de mars et jusqu’à fin août, les enfants – encouragés et encadrés par leurs enseignants ainsi que par les documentalistes – participent à des lectures, des animations dans les bibliothèques, les médiathèques, les centres socioculturels pour élire le meilleur livre parmi dix œuvres présélectionnées. Petite nouveauté : un concours de lecture à voix haute, parrainé par les Nickels de l’Initiative. « Dans un monde qui comporte de nombreuses distractions pour les jeunes, où le matériel numérique est si présent, il nous paraît important de valoriser la lecture sur un mode différent de celui traditionnellement promu », peut-on lire sur le livret de présentation de l’événement. Les élèves inscrits au prix « Livre, mon ami » seront ainsi invités à lire en public – seul ou à deux – un court texte de leur choix pendant trois minutes maximum. La grande finale sera organisée à Nouméa à la fin de l’année.

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usique

Libérer la parole

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e Chapitô a lancé sa radio itinérante et éphémère en mai dernier. Ce projet a pour ambition de favoriser les échanges entre les communautés calédoniennes et propose des espaces d’expression à la population. Tout au long de l’année, l’équipe de « Radio éphémère » part à la rencontre des spectateurs et des habitants de la commune où le Chapitô plante ses piquets. Témoignages, transmissions, coups de gueule, « l’objectif de cette radio est de dynamiser les territoires où l’on se pose et d’utiliser la parole partagée comme un outil de développement. Notre but est que les communautés se reconnaissent, s’identifient comme un groupe de citoyens au-delà des a priori liés à l’histoire de la Nouvelle-Calédonie », précise Anne-Sophie Conan, directrice du Chapitô. Si vous avez raté le premier rendezvous sur le thème du quartier du FaubourgBlanchot en mai, vous pouvez vous rattraper le 26 juin sur NC1ère. « Radio éphémère » s’arrête à Magenta puis à Hienghène, Houaïlou, pour finir à la Vallée-du-Tir.


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C

anal+ Calédonie, en co-production avec Open Tuning, propose pour la deuxième année consécutive Muzik Mix, une émission présentée par Janice et tournée au centre culturel Tjibaou. « C’est une production de très bonne qualité qui met vraiment en avant la création musicale de la Nouvelle-Calédonie », nous explique Philippe Buston, directeur de Open Tuning, à l’origine du projet. Deux nouvelles émissions ont été tournées en mars dont une « spéciale femmes » avec quatre chanteuses du pays : Auré, Michèle Molé, Tyssia et Julia Paul. Chavi, Ekoten, Ykson et Otonando composeront la première émission. Pour que la musique locale aille encore plus loin, une diffusion hors du territoire a été annoncée. Reste à savoir où les invités de Janice poseront leurs notes. L’info en + : NC1ère diffusera dans le courant de l’année les trois premiers Muzik Mix.

L IndonEsie sur scènE

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es 21, 22 et 23 juin, le centre culturel du MontDore accueille le spectacle imaginé à l’occasion des 30 ans de l’Association indonésienne de Nouvelle-Calédonie. En partenariat avec le consulat général de la République d’Indonésie, l’association a orchestré la création d’un spectacle chorégraphique et musical. Près de soixante-dix amateurs répètent depuis plus d’un an. Au programme : musique et danses traditionnelles, mais également hip-hop et danse contemporaine. C’est une véritable fusion que nous propose Thierry Timan à l’origine du projet. « Nous avons eu envie de reprendre de vieilles chansons du patrimoine populaire, de les revisiter et de leur donner une tonalité moderne », explique-t-il. Et dans un souci de représenter la population indonésienne d’aujourd’hui, l’association proposera également des arts martiaux et du théâtre. Un spectacle étonnant qui s’annonce riche et divertissant.

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a

rt scénique

Qui est

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DORa ?

our à tour fixe et en mouvement, DORa prend corps et devient image photographique, sculpture, poupée jusqu’à n'être qu'un ersatz d’elle-même en trois dimensions par le jeu de la comédienne, Charlotte Collomb de la compagnie Les Pêcheurs de lune. Entre exposition et jeu théâtral, l’expérience vécue propose d’interroger notre subjectivité et l’influence du regard de l’autre sur l’image de soi.

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estival

ittérature

Les Cinq Fantastiques

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es auteurs calédoniens sont des super-héros! Du 15 mai au 13 septembre, lisez les ouvrages proposés par Les Cinq Fantastiques et votez dans les médiathèques de la province Sud pour rencontrer votre auteur préféré ! Plein d'autres surprises sont à gagner ! Cette opération est organisée par la Bibliothèque Bernheim.

Fiesta à Nouméa

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our célébrer les 160 ans de la fondation de la ville de Nouméa et les 20 ans du service Culture et Fêtes, un village festivalier s’installera du 22 au 29 juin sur le terrain Lagarde à Magenta. Un ciné-concert, un art’péritif décentralisé, le Chapitô et le spectacle Le berceau des esprits y sont programmés pour accueillir le public. Trois expositions d’art prennent également place dans différents espaces de la capitale.

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pectacle

La culture bouge

muzik mix

© Muzik Mix/ADCK-CCT/RPBW

édias

© Justine Collomb

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La culture bouge

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Les dernières Flèches de la musique ont eu lieu en 2012.

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érémonie

Elles reviennent ! Par Léna Quillier

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E

n octobre 2013, lorsque le Poemart annonce son intention de reporter les Flèches de la musique à l’année suivante, les artistes se demandent si cela ne sonne pas le glas de cette cérémonie qui récompense les chanteurs et les groupes calédoniens depuis 2008. En coulisse, il s’agissait surtout d’offrir aux Flèches la possibilité de représenter un vrai tremplin dans la vie des lauréats. Chris Tatéossian, le directeur du Poemart, a jugé indispensable d’élargir le rayonnement du concours en proposant un jury composé de personnalités influentes du milieu musical métropolitain et du Pacifique (programmateurs, diffuseurs et médias). « Leur implication est importante, tant pour l’objectivité de leur jugement que pour le réseau qu’ils représentent », explique-t-il. Conséquence sympathique de cette nouveauté : une optimisation des retombées médiatiques et une amélioration des liens entre la NouvelleCalédonie et les différents pays représentés.

Accompagner l’export Comme chaque année, le concours est ouvert à tous les artistes et les groupes locaux, sociétaires de la Sacenc, qui ont sorti (en édition ou en autoproduction) un ou plusieurs albums entre le

© Eric Dell’Erba

Les Flèches de la musique 20 Absent en 2013, le concours des Flèches de la musique revêt en décembre prochain son nouvel habit de lumière avec deux inédits : un prix « export » et un jury international. De quoi rassurer les artistes et leur offrir une belle opportunité, celle de se faire remarquer par des professionnels de la musique. 1er octobre 2012 et le 31 juillet 2014 (single et best of exclus). En plus des catégories dites « classiques », comme par exemple les prix « reggae », « kaneka » ou « musique du Pacifique », le prix « export Maison de la NouvelleCalédonie / Mairie de Paris » fait son entrée. Il sera cependant réservé aux artistes ayant déjà sorti un album, justifiant d’au moins 15 dates de concerts et qui auront fait la démarche d’envoyer avant le 31 juillet 2014 au Poemart ou à la Sacenc une fiche d’inscription remplie accompagnée de huit titres (maximum) sur CD ou clé USB. Six groupes parmi toutes les candidatures seront sélectionnés par le jury international et devront performer en live devant ce même jury à la fin du mois de novembre à Nouméa et à Koné. « Pour ce prix, chaque membre du jury international s’engage à “parrainer” dans la mesure du possible le lauréat en le soutenant à travers l’institution dont il est le représentant. » L’heureux vainqueur se verra garantir une série de concerts en France et dans le Pacifique en 2015 avec l’aide du Poemart et de ses partenaires. Une belle opportunité pour les artistes.

Faire vivre la musique Chaque lauréat, toutes catégories confondues, bénéficiera d’une mise en avant de son album dans tous les

magasins participant à l'opération, ainsi que d’un accompagnement promotionnel (mise à jour de la biographie et des outils Internet), sans oublier le traditionnel trophée dessiné par Paula Boi et réalisé par Adjé. Ces prix seront décernés le vendredi 5 décembre. La soirée promet d’être distrayante et rythmée, ponctuée par des lives, des interventions comiques et dansées. Captée par NC1ère, la cérémonie sera diffusée aux téléspectateurs de tout le pays dès le lendemain. Le public calédonien aura aussi son mot à dire en votant en ligne et en octroyant à son artiste ou son groupe favori le « prix du public ». En 2014, le concours des Flèches de la musique ouvre ses portes au monde pour de plus belles aventures musicales ! Pour tout savoir sur le règlement, consultez le site Internet www.poemart.nc.


t e n

e ardi, Janic Chaque m eek-end . V T b e du w lance sa W maine et e Endemix ts de la se -vous : l’animatric n e m En juillet, e n é v z é e s d » n le e c r re su eau ndan reviendra roits « te e ce nouv ginalité d main, dans les end ri actualité ’o l’ L e d s. s lé écou ps fort ro à la m P o te s G , oniens le e r n e è g des Caléd nes e tr vous emm chés » pour parta n o c n on la re s ces pers et « bran . Partez à J, de toute s. Ambiance nocturne D e s ll e d re u s, lt e te cu plus festiv t, des artis tion qui sorten t les nuits toujours onté en collabora n m e aux d st n e n e s’ re ti t i u u je q r son so ! Ce pro u e o p ti n e u. u ra n a n con und g du Caillo Froid, bie undergro ents live e m L e t! n té le é ié il v c é dès ju avec la so e le Web m c n m a t. r fl a n e m w.poe s, Janice w té w c e n n o .n mix c Restez c om/Ende .c k o o b e .fac ou www

se décline Endemix Concerts, en appli. re, s, littératu spectacle s u o Tenez-v cinéma... ie v la t de au couran toute la de e ll re cultu Ne alédonie. -C e ll e v u No l u se n plus u là manquez st e ix m e End ré bon plan, g u s guider a pour vou soirée vies. Une de vos en cle ta c e Un sp reggae ? raine o p m te con de danse nnelle ? ou traditio z e Un rend ire ? ra é tt vous li st ndemix e L’appli E e d n ra g e m la deuxiè tr o de v e nouveauté ement – iqu ement un ge, télécharg n lture bou e u z c re a e L v u ). o ïd tr ro la d n s e! re (A ! Vou le Playsto s votre smartphon magazine ent – sur a p m z o e m li b le u pour s, et n’o chez vou sortez de droïd. n le sur A Disponib

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n live ? r d’un bo te fi ro p r r pou musicaux ? Où alle nements ir é v so é le e ts c n ir nstat que s différe cert chois sur ce co ations de st m ce Quel con ’e n m C re . ra g fé te , il ré les pro casse-tê spécialisé us a Connaître peut être un vrai o d n n e « g is A a . aine itale, m été créé p a a c c la .n r s ts de la sem n r uis da le certs su et conce es villes p us les con tr u to et a t site Intern s n e le s m o dan musicien pour le m notre offre llonneau, s r A e le ff ic ir v to o é o v d ir u u ouvo ure L t promo u to t n a espérons p chainement », ass a d v gen . eut a pro nction d’a éos rce qu’il v fo a le p p t Nord très E m t. si otos, vid pas à la du proje e avec ph antonne c e initiateur ir o se it e rr n te un group site s du présentera concert. artistes, le édiées aux artiste o é id v e n e d ou d ois, u s sont chaque m te de répétition et/ oncerts.nc Des page phies, et, x .c te ra w g n w o io c w b n t e dans u

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Inter

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Culture web


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Chroniques d'ailleurs

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Ia orana Les Kidams !

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a compagnie Les Kidams s’envolera au mois d’octobre pour Tahiti. Le spectacle Ha la la ! Quelle histoire ! a été programmé par le Club polynésien de la francophonie sur plusieurs scènes du pays. « L’ambition du club est d’enrichir les relations avec les autres communautés francophones du Pacifique et en premier lieu avec les Calédoniens à travers des échanges culturels et artistiques », explique Catherine Dinevan, comédienne et directrice artistique de la compagnie. Un lien qui sera sans doute amené à se consolider au fil des projets et du temps.

oufiane Karim mène à bien depuis 2013 son projet Kalygraffyk qui réunit des danseurs de Nouvelle-Calédonie, de Malaisie et d’Indonésie. De juin à août 2014, le jeune homme, accompagné de son partenaire scénique Simane Wenethem, se rendra à Jakarta puis à Bali afin de poursuivre la création et la diffuser. Escale après escale, le spectacle se construit au gré des rencontres et collaborations artistiques, avec au final, un grand dialogue culturel, entre tradition et modernité, entre Calédonie et Asie du Sud-Est.

© Cie Posuë

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Posue sur les routes

rt contemporain

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© Adrien Porcu

’association l’Artothèque de Nouméa œuvre pour la création et la diffusion de l’art contemporain de Nouvelle-Calédonie en local et à l’international. En 2014, elle a eu envie de construire des ponts entre les océans, de relier les artistes et les étudiants des antipodes. C’est ainsi que les artistes et étudiants corses sont venus rendre visite à leurs condisciples en Nouvelle-Calédonie du 5 au 20 avril. La délégation calédonienne les retrouvera au début de l'année 2015 à Ajaccio et Porto-Vecchio pour partager une nouvelle fois leur culture.

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Paul Wamo poursuit son chemin

© Nemo Perier Stefanovitch

ArtothEque

A Le plasticien Adrien Procu a présenté Le masque.

u mois de mars, le poète Paul Wamo a participé au Salon du livre de Paris et au Salon du livre océanien de Rochefort. Tables rondes et prestations ont rythmé ces quelques jours au cœur de la littérature du pays et d’ailleurs. L’artiste a également participé au Babel Med à Marseille afin de profiter de l’importante concentration de professionnels des musiques du monde pour présenter son travail. Ces événements sont propices aux rencontres et peut-être… au lancement de nouveaux projets. Il a surtout rencontré des réalisateurs pour son prochain album qui devrait sortir en France et en Calédonie à la fin de l’année 2014.


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anse contemporaine

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© Justine Collomb

a Compagnie de danse contemporaine de NouvelleCalédonie jouera son spectacle Le berceau des esprits du 5 au 27 juillet à la Chapelle du Verbe Incarné, également au Festival Off d’Avignon. Sthan KabarLouët commente ce choix : « C’est un ballet que j’avais très peu tourné et que j’ai décidé de réactualiser ». Six danseurs seront sur scène pour au moins vingt représentations.

Chroniques d'ailleurs

Sur le pont d Avignon...

San & Tac

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ébut 2014, le jeune musicien électronique Tristan Guillaume, alias San, a été programmé dans plusieurs festivals australiens. L’artiste devrait continuer sur sa lancée avec une tournée en Lituanie, en Allemagne, en Russie et en République tchèque jusqu’à la fin du mois d’août (lire son portrait page 20).

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© LIGHTSOULJA IMAGE

all over the world

culpture

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e groupe Celenod part en tournée en Métropole de juillet à août. De festivals en fêtes estivales, les artistes de Maré présenteront leur dernier album Nengone ri 1841 ?. Ils sillonneront la Bretagne pour une dizaine de dates.

© DR

nengonebreizh

À la conquête de la Chine

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e sculpteur Jean-Marie Ganeval a représenté la Nouvelle-Calédonie au Wood Carving Festival (festival de sculpture sur bois) dans la commune de Fujian en Chine du 18 mars au 4 avril. Lors de cet événement, l’artiste a présenté deux œuvres et participé à un concours international de sculptures sur bois.

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© Éric Dell’Erba

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La voix

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s e t s i t r a s e d Fête de la musique

Par Théo Rouby

des Le 21 juin est incontournable sur les calendriers. Les cert mairies, des provinces ou des salles de con s de tout centres culturels, les places publiques, les bar de la le pays promettent de vibrer au rythme de la Fêteartistes musique. Mais c’est surtout l’occasion pour les de donner de la voix et de se faire connaître.

Sachlesabacs, Lines, et un second en cours

Un album dans d’enregistrement, 13

« Il manque une véritable effervescence »

que j’ai faite à Toulouse. « Je garde en tête la Fête de la musique les trottoirs et à tous Ça jouait pendant toute la nuit sur tous plus organisé, moins les coins de rue. Ici on va dire que c'est ine niche. Il manque une certa répandu... Le public se limite à une rait surtout, c’est ne pas faud qu’il ce véritable effervescence. Mais en Irlande. Là-bas, la musique se limiter au 21 juin. J'ai passé un an ement le soir de la Saintest partout, tous les jours et pas seul » Patrick ou de la Fête de la musique.

Boagan

Un single dans les bacs, Retour aux

ie »

« Sensibiliser à ce qui se fait en Nouvelle-Calédon

plus belles « La Fête de la musique est l'une des soient connus ou s qu'il tes, artis les pour s consécration de sensibiliser le n moins connus. Et puis c'est l’occasio ie. Mais il reste édon -Cal velle public à ce qui se fait en Nou le monde tout ion, Réun La à vois Je encore du travail. écoutent n'en qui danse le sega ou le maloya, même ceux pays où du arts les ier pas tous les jours. Il faut s'appropr de plus oir d’av ple, exem par l'on vit. Et ce serait bien, iques polit les que rait faud Il l. loca en x tremplins musicau parle on d quan surtout se penchent davantage sur tout ça, he touc qui art un est de construire un pays. La musique tout le monde. »

sources

« Sans objectif, c'est un feu de paille »

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Rémy

albums : Human Soul Sindikate & Dub Trooper, trois SupaGreen et ble) (dou ston Project, Nouméa King

. La musique est partout, « J'aime bien l'idée de marquer le coup Fête de la musique, la elle touche tout le monde. Mais pour ntage ! L'an dernier à dava ent lâch je voudrais que les gens se instruments et on a joué au Koné, le conservatoire a ramené ses gens nous regardaient et nous milieu du village. Au feu rouge, les s gros camions. leur souriaient, même les routiers avec l'on veut faire derrière. que ce de tion Il faut aussi se poser la ques à l'objectif, c'est un feu de Monter un événement sans réfléchir gâcher de l'argent. La Fête paille, et c'est la meilleure façon de n de mettre en place un asio de la musique serait peut-être l'occ me le Womad. Est-ce com val, festi un tremplin pour participer à d'ici ou amener des gens de que l'on veut promouvoir la musique des groupes de la région l'extérieur ? L'an dernier on a joué avec on était en fusion. On a fin À la qui ne s'étaient jamais rencontrés. r ensemble par la aille trav pu ont ins échangé nos e-mails, certa e ! » suite, ça a créé une vraie dynamiqu

Lors de la dernière Fête de la musique, on a pu

écouter le groupe Trias...


p. 11 Événement © Eric Dell’Erba

Chaque année, le public se rend nombreux pour écouter les artistes dans les rues de Nouméa. ... et la formation d'Ekoten.

Ykson

Un album, Tu es mon soleil

« Une belle reconnaissance pour le métier »

LES GRANDS RENDEZ-VOUS

> 16 juin Koumac : cinq journées consacrées à la musique, avec des projections vidéo à la mairie. > 20 juin Yaté : des musiciennes à l'honneur à la médiathèque. > 21 juin Nouméa : de 10 h à 23 h, groupes de tous styles aux abords de la place des Cocotiers et du quai Ferry. Festival Ramdam du café musique le Mouv'.

Parc de la Rivière bleue : journée familiale. Koné : rendez-vous à la mairie et au centre Pomemi. > 22 juin Nouméa : concert Disney avec la chorale Vocal sous le Chapitô, face au stade de Magenta. > 28 juin Païta : marché musical et concerts de toutes influences sur la place du centre-ville.

* À l'heure du bouclage, le centre culturel du Mont-Dore et la ville de Dumbéa n'avaient pas arrêté leur programmation.

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« C'est une très belle reconnaissance pour le métier d'artiste et je tiens à . insister sur cet aspect professionnel nt aille trav qui Il y a beaucoup de gens eur vect un c'est , ique autour de la mus économique. Mais la vie est parfois très très difficile pour les artistes. J'ai fait des tournées pour 10 000 francs... es Heureusement, sur les dernières anné es ctur stru de plus en plus de s nous avon Mais qui ont émergé pour nous soutenir. , pour revenir à la Fête de la musique trer mon de tout t c'est l'occasion avan notre travail, de donner envie aux gens de voir des concerts. »


© aedphoto

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La grande interview

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Land ry

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« J'aimerais pouvoir représenter toutes les cultures du pays » Propos recueillis par Virginie Grizon

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« Je ne m’arrête pas sur un style ; c’est variable en fonction des périodes. » Landry est un touche-à-tout, un amoureux de la vie, de la musique et de la bonne humeur. Et si dans la vie de tous les jours il écoute de la soul et du jazz, il a préféré la kizomba pour son premier EP (Extended Play). Indécis ? Non, simplement ouvert. Tête-à-tête avec cet ambassadeur de la musique.

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mor, ton EP, est dans les bacs depuis avril. Tu peux nous en parler ?

Landry : L’EP devait sortir fin 2013 et finalement, suite à quelques problèmes techniques, nous avons dû repousser son lancement à avril. Il comprend cinq compositions propres et une reprise de Cabrel en version acoustique. J'ai pris le temps de travailler dessus, j'en suis content.

Je dirais qu'il est représentatif de la musique que j'avais envie de faire à ce moment-là, mais ce n'est pas forcément ce que j'ai l'habitude d'écouter. J'aime le jazz, les sons un peu pointus, tandis que la musique de l'album est plus tropicale avec un soupçon de zouk.

« J'aime découvrir de nouveaux sons, je suis sans arrêt en recherche »

Pourquoi es-tu sorti de ton univers musical habituel ?

Quand je me suis senti assez mûr pour enregistrer mon album, je n'avais pas d'idée préconçue sur ce que je voulais faire. Au même moment, les BB4 (producteurs de l’EP, NDLR), que je connais depuis longtemps,

Un album, c’est bien, mais le live est une étape importante pour Landry. « Je mets un point d'honneur à ce que mes concerts soient impeccables et j’y travaille dur », nous confie-t-il.


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Je pense qu'à travers la musique, on véhicule une image positive et c'est à ma génération de construire ça

La grande interview

m'ont proposé de travailler avec eux. Ils m'ont fait écouter un style de musique auquel je n'avais jamais fait attention : le zouk, le son des tropiques. J'ai écouté, j'ai aimé, alors je m'en suis inspiré pour faire l'album. J'ai d'abord composé la musique puis les paroles sont venues ; une nouvelle façon de travailler pour moi, car avant ça, tout me venait d’un coup. Quoi qu’il en soit, en ce moment, c'est le style qui m'inspire.

Du coup, peut-on te demander si tu as un style de musique ?

Le kaneka fait-il partie de tes influences ? J'aime le kaneka, j'ai grandi avec, mais je ne suis pas un grand fan. Je n'en joue pas beaucoup non plus car de nombreuses personnes s'y sont mises. C'est pour ça que j'ai fait de la musique tropicale sur mon album : ici, personne ne compose du zouk. J'aime vraiment cette différence, j'adore aller vers les autres et échanger.

En France, j'ai travaillé avec un percussionniste africain. Il a commencé à taper quelques rythmes, j'ai ajouté quelques notes de jazz et on s'est dit que ça se mariait super bien. J'aime ce genre de fusion.

quand on parle de la NouvelleCalédonie à l'extérieur, ce n'est pas toujours en bien. Je pense qu'à travers la musique, on véhicule une image positive et c'est à ma génération de construire ça.

Quels artistes t'inspirent le plus ?

Ton père est chanteur, quelle influence exerce-t-il sur toi ?

Il y en a plein : Frankie Beverly, Kool & the Gang... J'adore cette culture un peu soul américaine noire, la musique que j'écoutais quand j'étais petit. À cette époque, c'était de la vraie musique. Aujourd'hui, on a tendance à faire dans la simplicité. Mais il y a aussi des gens comme Beyoncé qui commencent à me plaire. Elle a mûri et ses albums sont de plus en plus techniques.

Quel serait ton rêve musical le plus fou ? Jouer dans un grand festival avec des milliers de personnes. J'aime rassembler des gens aux goûts différents. Quand ça arrive, je me sens riche. J'aimerais pouvoir représenter toutes les cultures du pays. Le kaneka en représente une certaine partie mais pas tout le monde. En revanche, si on le combine avec d'autres styles musicaux, il s'enrichit. Il faudrait trouver un style musical calédonien qui représente l'identité calédonienne, un peu comme le zouk aux Antilles. Aujourd'hui,

BIO EXPRESS

Landry est un enfant de la balle. Il baigne dans l'univers musical depuis l'enfance grâce à son papa, le chanteur Mya. Originaire de Lifou (du district de Lössi), Landry a grandi à Nouméa. À 6 ans, il suit des cours de piano au conservatoire et dès 10 ans commence à jouer dans le groupe de son père. Vers l'âge de 13 ans, il s'essaye un peu au hip-hop avec des cousins. C'est à cette période qu'il crée, avec des amis,

Mon père a été très important car c'est lui qui m'a éduqué dans la musique, mais la personne la plus influente dans ma vie reste ma mère. Elle est la voix de la raison, sait quoi dire au bon moment. Elle se met toujours à la place des gens, alors que mon père et moi avons tendance à rester dans notre monde.

Tu étais souvent en Métropole ces dernières années, comment envisages-tu l'avenir maintenant ? Je ne peux pas choisir entre la Nouvelle-Calédonie et la Métropole, je ne sais pas laquelle des deux me plaît le plus. Quand je suis ici, je profite de la famille, de la culture, de la mer, des paysages. Quand je suis en Métropole, je découvre de nouvelles personnes, de nouveaux endroits, d'autres cultures. Quand je suis là-bas, je ne pense pas à ce que j'ai ici, et inversement. Un univers nourrit l'autre et j'ai besoin des deux.

le groupe Wi-fi Konnection dont le premier album est sorti en 2011. Landry doit s'éloigner de la formation pour mener des études de musicologie à Toulouse. Il devrait d'ailleurs décrocher sa licence cette année, quelques mois seulement après la sortie de son premier album solo intitulé Amor. 2014, c'est un peu l'année de la consécration.

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J'aurai en effet du mal à répondre à cette question. D'ici deux semaines, j'aurai encore changé d'avis ! En fait, je ne m’arrête pas sur un style ; c'est très variable en fonction des périodes. J'aime découvrir de nouveaux sons, je suis sans arrêt en recherche. En ce moment, j'aime bien travailler sur le contraste entre les paroles et la musique. Avec une mélodie plutôt triste, j'aime parler de choses joyeuses et inversement. J'aime aussi le mélange. Par exemple, avec un ami, nous avons découvert que le kaneka et le swing vont très bien ensemble. Je suis persuadé que lorsque les Américains vont découvrir ça, ils vont nous piquer l'idée !


Juin - Juillet - Août 2014

PROGRAMME

SPECTACLES AU THÉÂTRE DE POCHE Conte théâtralisé

Festival cinéma

PEAU D’ÂNE

Adaptation théâtralisée du conte de Perrault par la compagnie Les Pêcheurs de Lune. Le projet d’écriture théâtrale est né du désir d’aborder le thème de la quête d’identité. 19 et 20 juin à 20h 21 et 22 juin à 18h Tout public à partir de 11 ans Danse

MIROIR C’est à travers le mouvement, la lumière et le son que le prochain spectacle de la compagnie MAADO vous présentera sous formes de « reflets » plusieurs tableaux chorégraphiques. 3, 4, 10 et 11 juillet à 20h 5, 6, 12 et 13 juillet à 18h Tout public

4e ÉDITION DU FESTIVAL REFLETS DU CINÉMA IBÉRIQUE ET LATINO-AMÉRICAIN Programmation signée ACCES Film d’ouverture : Flamenco, Flamenco (Espagne) comédie musicale/ documentaire de Carlos Saura.

Mar Adentro (Espagne) drame d’Alejandro Amenabar. Tony Manero (Chili) comédie dramatique de Pablo Larrain. Enfance Clandestine (Argentine), drame de Benjamin Avila.

Du 29 juillet au 10 août Public averti selon la séance. Programmation détaillée sur www.centredart.noumea.nc

EXPOSITIONS

SOIRÉES ART’PÉRITIFS

DORa

De 18h30 à 20h, deux à trois mardi par mois, des spectacles gratuits en plein air accompagnés d’une collation. Prochaines soirées les mardi 10 et 17 juin, 1er, 15 et 22 juillet, 5, 19 et 26 août. Thème des soirées disponible sur le site www.centredart.noumea.nc En extérieur, sous réserve d’annulation selon les conditions météorologiques.

SÉANCE CINÉ ART

INSTALLATION ET PERFORMANCE Vidéos, photographies, mots du collectif Les pêcheurs de Lune donneront corps au personnage de DORa, enfant étrange et dérangeante, héroïne des Névroses Sexuelles de nos Parents de Lukas Barfüss. Jusqu’au 3 juillet, aux horaires d’ouverture du centre. Durant l’exposition, des performances théâtrales seront également proposées. Entrée libre et gratuite pour tout public. Plus d’infos sur www.centredart.noumea.nc

TREMPLIN DE LA CRÉATION EXPOSITION COLLECTIVE

Un mardi par mois, diffusion d’un film ou d’un documentaire en VOSTF. Prochaines séances les mardi, 8 juillet et 12 août. Détail de la programmation de la séance disponible un mois avant la date sur www.centredart.noumea.nc Entrée libre et gratuite sur présentation d’un ticket à retirer en billetterie.

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Operacion E (Colombie) drame de Miguel Courtois Paternina. Les vieux chats (Chili) drame de Sebastian Silva et Pedro Peirano. Padre Nuestro (Argentine) thriller, drame de Christopher Zalla. Depues de Lucia (Mexique) drame de Michel Franco. Grupo 7 (Espagne) thriller d’Alberto Rodriguez.

Renseignements au 25 07 50. Plus d’infos sur www.centredart.noumea.nc

Cette exposition sera constituée des œuvres des douze lauréats ayant remporté l’appel à concours lancé par le centre d’Art. À l’issue de l’exposition, deux prix seront remis : « sélection du jury » et « sélection du public ». Du 31 juillet au 21 août, aux horaires d’ouverture du centre. Entrée libre et gratuite.

1854-2014


Lire un pays

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Pour l’ouverture du Salon du livre de Rochefort, le vendredi 28 mars 2014, les délégations océaniennes, représentées par Mme Dewé Gorodé, ont été accueillies par la première adjointe au maire de la ville de Rochefort et le comité organisateur du salon.

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De aris à

Par Anne Bihan

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Rochefort

Des voix au singulier pluriel

Anne Bihan, auteure et chargée de mission pour la Maison du livre, revient sur le premier Salon du livre océanien de Rochefort. Elle offre son point de vue sur ces trois jours de rencontres et de partages.

estes qui témoignent du chemin parcouru, regards qui s’épaulent, voix qui s’entrecroisent, paroles qui déplacent les lignes des croyances, des représentations, des savoirs : il arrive qu’un événement parvienne à conjuguer tout cela. L’évidence alors vous saisit : quelque chose fait date, au lendemain duquel plus rien ne sera tout à fait comme avant. Pour quelque temps vous savez quoi et comment répondre à ceux qui s’interrogent sur l’intérêt de tel ou tel colloque, salon, soirée littéraire, rendez-vous artistique, et ce bien au-delà de celui des seuls participants.

Une grande première Le Salon du livre océanien de Rochefort aura, les 28, 29 et 30 mars, été un événement de cette nature. Grâce à l’engagement sans faille de la petite équipe de bénévoles réunie par Michel Degorce-Dumas – à qui l’on doit déjà le Festival du film océanien de Rochefort –, il a ouvert un espace de partage et de parole d’une rare intensité. Au fil des tables rondes, lectures, rencontres avec les élèves et le public rochefortais, mais aussi d’échanges plus informels, il a donné la mesure de la formidable capacité des écritures et des lectures océaniennes du monde à proposer des réponses singulières et plurielles aux défis du XXIe siècle. Qu’elles soient littéraires, anthropologiques, linguistiques, sociologiques, qu’elles soient portées par des écrivains et des chercheurs autochtones, ou non autochtones mais habités de longue date par l’Océanie, ces réponses (et les

questionnements qui les accompagnent) bâtissent un horizon de relations, de dialogues, sans concession mais sans rejet des apports de chacun : un horizon peuplé d’écritures anciennes et inédites ; abritant des trésors de documents à explorer, recouper ; et où se dressent des récits que plus aucun pouvoir, jamais, ne fera taire. « Nous apportons avec nous nos ancêtres, affirmait l’immense écrivain maori Witi Ihimaera, ancêtres qui sont avant nous, pas derrière nous », avant d’en appeler au « partage des passés » pour qu’adviennent nos avenirs.

Rencontres du Pacifique De Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Vanuatu, Nouvelle-Zélande, Australie ou encore des Samoa, ils auront été nombreux durant trois jours à faire vivre cette invitation, au premier rang desquels trois grandes dames dont l’œuvre et l’engagement ont ouvert et défriché bien des chemins : Déwé Gorodé pour la Nouvelle-Calédonie bien sûr, mais aussi l’anthropologue aborigène Marcia Langton, et Flora Aurima Devatine, poète, fondatrice de l’incontournable revue Littera mao’hi en Polynésie. Ce salon aura été une belle manière en somme de terminer un mois de mars marqué par la sortie du somptueux roman de Frédéric Ohlen, Quintet, chez Gallimard Continents noirs, une soirée littéraire qui a fait salle comble à la Maison de la Nouvelle-Calédonie et un Salon du livre de Paris ayant amorcé en douceur cette affirmation flamboyante et déterminée des voix d’Océanie dans la belle lumière maritime des Charentes. Pour en savoir plus http://www.rochefortpacifique.org/

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© Christine Choffey

ittérature


Langage du corps

© Eric Dell’Erba

Danseuse et chorégraphe, Véronique Nave signe, avec sa compagnie Troc en jambes, Cemel...er. Une création sur la thématique du tressage, de la natte, où se mêlent plusieurs styles de danses pour n'en faire plus qu'un.

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anse

VéroniQUE

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Portraits

Véronique Nave a placé le dialogue des cultures et des styles au centre de ses créations chorégraphiques.

Par Frédérique de Jode

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ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

l y a parfois des destins tout tracés comme celui de Véronique Nave. Toute petite, elle sentait que sa vie serait liée à la danse qu'elle découvre à l'âge de 4 ans à Lyon, sa ville natale. « Ensuite, tout s'est enchaîné, constate-t-elle. À partir de la sixième, j'ai effectué ma scolarité en études aménagées au conservatoire national de région à Lyon, puis après le bac j'ai intégré le conservatoire national supérieur de musique et de danse ». Quatre années intenses où chaque jour l'élève se perfectionne, pousse les limites de son corps. Corps qui devient le moyen d'expression privilégié d'une jeune fille plutôt timide. Alors que Véronique se rêve en danseuse classique sur pointes, c'est vers le style contemporain qu'elle se tourne, sur les conseils de ses professeurs. « Ils ont eu raison. Cette danse me correspond car elle permet une créativité et une liberté stimulantes. » Diplômée en 2008, la jeune femme intègre en tant que stagiaire la compagnie du chorégraphe Denis Plassard, court les auditions et enchaîne les petits boulots. Une année de remise

en question qui la pousse un jour de 2009 à prendre un billet aller simple pour la Nouvelle-Calédonie. « J'avais envie de changements. Ce fut le bon choix puisque j'ai eu le coup de foudre pour ce pays. »

Partages À l'inverse de la Métropole, le parcours professionnel de Véronique sur le Caillou est fluide et riche en belles rencontres. Richard Digoué et la compagnie Nyian pour qui elle interprète plusieurs spectacles (Pomémi, Portraits). Delphine Lagneau et la compagnie Origin' avec qui elle danse dans La baie des dames, présenté en Avignon en 2011. L'artiste ne s'arrête pas là. Elle fonde sa propre compagnie, Troc en jambes – référence au partage et à l'échange –, enseigne la danse en milieu scolaire, signe en 2011 Je, tu, nous…, une collaboration avec le comédien et danseur Gauthier Rigoulot qui conjugue le théâtre et la

Chaque danseur symbolise une tige mais également une communauté qui apporte à l’autre sa richesse et sa culture

danse. Sans oublier Troc en jambes, un spectacle éponyme qui allie hiphop et danse contemporaine. En 2013, elle chorégraphie La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf pour la compagnie Mœbius, et L'air de rien, une comédie musicale. Une nouvelle création se prépare pour cette toute jeune maman de 28 ans. Cemel...er, un jeu de mots entre le terme drehu cemel (signifiant “vivre ensemble”) et le verbe se mêler. Le spectacle présente différents styles, de la danse traditionnelle, contemporaine, du hiphop et du modern jazz. « Le concept est de créer une danse commune autour de la thématique de la natte, chaque danseur symbolisant une tige mais également une communauté qui apporte à l’autre sa richesse et sa culture. »

REPRÉSENTATIONS

Cemel...er débutera sa tournée à Koné, le 25 juin. En août, à Voh avec le Chapitô. En septembre, au Mont-Dore, lors du festival de danse de la commune.


p. 17 © Eric Dell’Erba

Portraits

Le groupe est aux couleurs de son île. Dans un mélange d’anglais et d’iaaï, blue pour le bleu et hau pour le blanc, il porte haut les teintes emblématiques de la tribu de Wadrilla.

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Blue Hau

usique

Du folk made in Iaai

Par Virginie Grizon

Un album en janvier, une première place dans le Top 20 calédonien en mars, Blue Hau a de quoi sourire. Rencontre avec le groupe d’Ouvéa qui fait danser le Caillou. Un pont entre sagesse et jeunesse Si Blue Hau a été créé en 2005, les musiciens ont quant à eux fait leurs premiers pas bien avant, dans un groupe nommé Lakon Ien. « Ce sont nos grands frères, ils nous ont tout appris », rappelle Wilfrid. À l'époque, le groupe se produisait lors des fêtes sur Ouvéa, mais lorsque les plus jeunes sont venus dans la capitale pour faire leurs études, les choses ont évolué. « C'est à ce moment que l'on a créé Blue Hau. Au départ, c'était pour se retrouver car ça nous manquait. On avait grandi ensemble dans une vie communautaire, et à Nouméa tout était différent. » Ils ont ensuite commencé à répéter dans la maison de musique de Tindu, puis à Rivière-Salée. Quelques anciens ont intégré le groupe, comme la chanteuse Bisso, « l'une des premières Kanak à avoir enregistré un album dans les années 90 », précise Wilfrid. Ses mélodies s'inspirent du folk traditionnel, mais Blue Hau met un point d'honneur à ne pas s'y enfermer. D'ailleurs, depuis 2009, l’année du premier album, le style s'est diversifié. Aujourd'hui, Blue Hau souhaiterait passer à la vitesse supérieure et pourquoi pas faire une grande scène, « le centre Tjibaou ou l'Arène du Sud par exemple ». L’appel est lancé.

Au départ, c'était pour se retrouver [...]. On avait grandi ensemble dans une vie communautaire, et à Nouméa tout était différent.

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eur troisième album intitulé Ka Je Hinjen, sorti en janvier, est un véritable succès. Pourtant, les musiciens de Blue Hau gardent la tête sur les épaules. Ils n'ont rien changé à leurs habitudes et chaque mercredi soir, ils se retrouvent à la maison de quartier de Rivière-Salée où ils répètent et « partagent des moments ensemble ». Ils sont une quinzaine dans la formation, « avec les remplaçants, comme au foot », sourit Wilfrid, le porte-parole du groupe. « Certains disent que je suis le leader mais c’est faux. Je suis plutôt un chargé de communication. » Car chez Blue Hau, tout le monde a la parole. Chaque idée est la bienvenue, musicalement ou personnellement. Et la recette semble fonctionner. En mars dernier, le titre « Jeewah » de leur dernier album a décroché la première place du Top 20 calédonien. C'est un peu la consécration pour ces musiciens originaires de Wadrilla à Ouvéa. « Bien sûr, on est content, mais on n'oublie pas qu'il y a beaucoup de gens qui n'ont pas Internet et qui n'ont pas pu voter. Parmi eux, certains nous suivent depuis le début. »


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Jean

Portraits

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thnologie

© Virginie Soula

GUIART Transmission de passé Par Virginie Soula

Jean Guiart nous accueille sous la véranda de sa magnifique demeure des années 1930, reconstruite après l'incendie qui l'avait ravagée lors de la période des Événements. Chenu mais toujours alerte et d'une vivacité d'esprit exceptionnelle, l’homme – à presque 90 ans – fait forte impression. Portrait d'une figure majeure de l'ethnologie océanienne. Jean Guiart a reçu Endemix dans sa maison d’époque, rue de la République à Nouméa, lors de son dernier séjour en février 2014.

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isciple de Maurice Leenhardt et « expédié » par ce dernier à Ouvéa en 1948 alors qu’il n’a que 23 ans, Jean Guiart a consacré sa vie à l'étude des sociétés kanak et vanuataise. Son lien à la Nouvelle-Calédonie est particulier, indéfectible. Pourtant, rien ne le prédestinait à devenir l'océaniste que l'on connaît. Né en 1925 à Lyon, son père est professeur de médecine, conformément à la tradition familiale ; mais la guerre et l'occupation allemande bousculent la vie de ce jeune homme de bonne famille qui, ayant perdu toute illusion, n'aspire désormais qu'à un ailleurs. « Brouillé avec la physique et la chimie », il rompt avec cette carrière toute tracée et cherche une discipline originale : ce sera l'ethnologie. Au sortir de la guerre, Jean Guiart, toujours étudiant, rêve de voyages à Madagascar ; mais sa rencontre avec Maurice Leenhardt* éveille son intérêt pour un archipel plus lointain, en Océanie. Son premier terrain, il l'effectuera à

Ouvéa demeurée encore inexplorée alors que la double origine de sa population – polynésienne et mélanésienne – présente un grand intérêt ethnologique. Jean Guiart deviendra ainsi locuteur de iaai puis de bislama en étendant ses recherches aux Nouvelles-Hébrides (aujourd'hui Vanuatu) avant de revenir et d'explorer une partie importante de la Grande Terre et des Îles Loyauté. Lors de son séjour à Ouvéa, il épouse Joséphine Pawé Wahnyamala qui scellera définitivement son lien avec le peuple kanak et la Nouvelle-Calédonie.

Scientifique reconnu Après une dizaine d'années passées à parcourir l'archipel à pied ou à cheval, à observer la société mélanésienne et à collecter des témoignages par centaines, Jean Guiart rentre à Paris pour diriger l'Ecole pratique des hautes études. Il enseigne ensuite l'ethnologie générale à la Sorbonne avant de devenir, en 1973, directeur du laboratoire d'ethnologie du musée de l'Homme. Il y élabore une nouvelle politique d'exposition : mettre les objets en relation les uns avec les autres. De retour en Nouvelle-Calédonie,

en 1997, il fonde le Rocher-à-la-Voile, sa propre société d'édition, et y fait paraître une vingtaine d'ouvrages. Travailleur infatigable, Jean Guiart compte aujourd’hui comme l’une des plus grandes figures de l’ethnologie kanak. * Maurice Leenhardt (1878 -1954) est un pasteur et ethnologue français, spécialiste du peuple kanak

UN PATRIMOINE EN OFFRANDE

Résidant désormais à Tahiti, Jean Guiart a tenu, lors de son déplacement à Nouméa en février dernier, à léguer à la bibliothèque Bernheim ainsi qu’à l’Académie des langues kanak (ALK) une partie de ses documents. Plusieurs centaines d'ouvrages et de revues ayant trait à l'art océanien et à l'ethnologie ont été confiés à la bibliothèque tandis que l’ALK a reçu les cahiers de terrain de l’ethnologue, comportant notamment des textes en langues (ajië, iaai, paicî, etc.) collectés des années 1940 aux années 1970. Jean Guiart souhaite transmettre ses archives, les rendre accessibles au grand public comme aux chercheurs et, ainsi, restituer à la Nouvelle-Calédonie un fonds patrimonial de premier ordre.


p. 19 Portraits

Les Solitaires de Wanéé ont tous moins de trente ans et pourtant le groupe a été créé en 1978. Ont-ils découvert l'élixir de jouvence de Nicolas Flamel* ? En quelque sorte. Mais à la place de la pierre philosophale, c’est la passion de la musique qui traverse les générations pour arriver avec un album en 2014. Perpétuer et rajeunir les traditions…

© Les Solitaires de Wanéé

Un groupe

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artagé entre Maré et Nouméa, le groupe des Solitaires de Wanéé fait partie de ces formations discrètes qui pèsent pourtant lourd dans l’histoire musicale du pays. En 1978, le jeune Moïse Wadra, guitariste amateur depuis de nombreuses années, souhaitait raconter sa vie en chanson. Rencontre providentielle à Nengone avec Jean-Pierre Swan, artiste renommé de Lifou et accessoirement l’une des idoles du jeune autodidacte. Aux côtés de son mentor, Moïse apprend comment enregistrer une cassette audio. Il monte ainsi sa formation avec deux cousins guitaristes et un contrebassiste et ils se baptisent les Solitaires de Wanéé, du nom de leur quartier et du surnom de la tribu de Nece. Concrétisation tant attendue : ils enregistrent leur première cassette à Nouméa à la toute fin des années 1970. Les mélodies sont résolument acoustiques. « Les responsables du studio ont ajouté une batterie pour dynamiser notre son, mais c’était à elle de se caler sur nos rythmes traditionnels », raconte le fondateur du groupe.

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aussi. On parle toujours de la vie de la tribu, mais on la confronte avec l’extérieur et les apports culturels importés en NouvelleCalédonie », précisent les autres membres du groupe. Peu à peu, les Solitaires – doux oxymore – sont de plus en plus nombreux, jusqu’à arriver en 2014 à dix membres.

Toutes les premières fois

* Alchimiste du XIVe siècle

Par Claire Thiebaut

Dans la vie d’un musicien, rien n’est plus important que la première scène. Pour les Solitaires, il y a eu au moins deux premières fois. Et la dernière, c’était celle des jeunes ! « C’était pour la Fête de l’avocat en 2013, se souvient Synode, un des guitaristes. On a voulu faire honneur aux vieux, qui étaient tous étonnés et heureux qu’on ait réussi à faire repartir la bande ». Toujours en 2013, un nouvel album est enregistré. « À la sortie du disque, on est rentrés à la tribu pour faire un geste coutumier envers les anciens et les familles des artistes. Un moment très important pour nous, car il marquait vraiment le lien entre les vieux et les jeunes Solitaires. »

La jeune relève Le succès se savoure lentement. Après cette première cassette, le groupe prend le temps de se produire, d’écrire, d’inventer d’autres formules. De cette équipe originelle, il n’y aura finalement qu’un seul enregistrement. En 1997, une nouvelle formation rajeunie, fils et neveux des « vieux solitaires », se rassemble à nouveau à l’initiative de Moïse Wadra. Nouvelle ère, nouveaux instruments : la guitare reste la base, mais on ajoute un bassiste, un batteur et un clavier. « Les textes changent

OREILLE MUSICALE

« Aucun d’entre nous n’a été à l’école de musique. On a tous appris avec nos vieux, à l’oreille. Et pour le chant, c’est grâce aux cérémonies religieuses », expliquent les jeunes artistes. La musique, ils la composent ensemble, lors des répétitions, mais elle n’est jamais écrite. Tous retiennent la mélodie et le rythme, mais à chaque spectacle, les morceaux sont toujours un peu différents. « Il n’y a que nos textes que nous écrivons pour les déposer à la Sacenc, mais le reste, c’est dans notre tête ! »

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On a voulu faire honneur aux vieux, qui étaient tous étonnés et heureux qu’on ait réussi à faire repartir la bande


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San and Tac est un artiste complet. Formé au graphisme, il réalise la majorité de ses visuels, comme celui-ci, destiné à son EP.

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Portraits

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Monkey Beat

Par Frédérique de Jode

© San and Tac

Nom de ville : Tristan Guillaume Nom de scène : San and Tac Un univers : la psytrance Un unique rêve : être booké avant ses 30 ans dans tous les plus grands festivals de la planète. Rencontre.

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an, c'est lui, Tristan. Tac, c'est un singe. Un singe facétieux en peluche, l’ami du musicien depuis qu'il est enfant. « Je lui racontais des histoires imaginaires quand j'étais gosse », explique San. Aujourd'hui, ce duo pour le moins audacieux et original court les festivals en Australie. Tac est même devenu une star à part entière sur les dancefloors. « Il a une page Facebook ! », précise le jeune producteur avec un sourire.

Du cinéma...

J'aimerais pouvoir encourager et représenter le mouvement electro psy, techno, glitch calédonien

Avant de se faire un nom sur la scène psytrance, Tristan s'est d'abord tourné en 2006 vers des études de cinéma à Brisbane. « Lorsque je réalisais des courts-métrages, je me suis rendu compte que je me focalisais énormément sur la création et la composition de l'environnement sonore. » Des compositions en résonance avec son univers émotionnel, ses voyages intérieurs, qui le dirigent doucement vers l’électro. Mais percer dans la musique lui paraît – à cette époque – hors de portée.

... à la psytrance

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connaître, Internet est la meilleure opportunité. On peut espérer être booké ensuite dans différents festivals. » C'est ce que vit actuellement le jeune homme de 27 ans qui a participé en mars dernier en Australie au Maitreya Festival, une référence dans le monde de la trance. Aujourd'hui, Tristan imprime sa « Caledonian touch » en faisant bouger les freaks sur ses créations, qu'il qualifie de « full-on », à la fois mélodieuses et aventureuses. Il a aussi fondé son propre label Bowlba Records, pour défendre ses productions, mais aussi celles d'autres artistes locaux. « J'aimerais pouvoir encourager et représenter le mouvement electro psy, techno, glitch calédonien. » Son défi : parcourir le monde avant 30 ans dans les plus prestigieux spots trance.

En 2010, de retour sur le Caillou, Tristan, formé aussi au graphisme, débute une carrière au sein d’une agence de communication. « Je revenais en mode “je me pose, j'achète une maison et je me case pour de bon !” », explique-t-il en riant. Un programme trop classique pour quelqu'un de résolument créatif, attiré par la musique et la bohème. Très vite, il est rattrapé par sa passion et lance San and Tac sur le devant de la scène electro calédonienne. Il compose des morceaux dans la mouvance psytrance, des tracks que l'on peut écouter gratuitement sur des sites comme SoundCloud, ou acheter sur Beatport grâce à Kinematic Records, son label officiel tenu par son mentor et ami, l'Australien Terrafractyl. « Pour se faire

VERS UN EUROPEAN TOUR ?

Après avoir embrasé les nuits australiennes, San and Tac a pour projet de partir en Europe pour jouer dans plusieurs festivals. Il aimerait d'abord enflammer le Freqs of Nature de Berlin en juin, avant de partir ambiancer les scènes de Lituanie et de République tchèque. Pour découvrir sa musique : sanandtac.bandcamp.com

PETIT DICO BILINGUE DE L'ELECTRO

Tracks : morceaux Caledonian touch : touche calédonienne Freaks : terme utilisé pour désigner les fans de la trance Full-on ou morning trance : désigne une trance psychédélique plus dynamique et entraînante venue d'Israël fin des années 1990-début 2000. Glitch : L'esthétique glitch est caractérisée par un usage délibéré de “défauts” sonores. Psytrance : la trance psychédélique est une forme de trance apparue au début des années 1990 à Goa, Inde, d'où le nom de "Goa" ou "trance-Goa" donné au départ à ce courant musical.


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Portraits

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© NiKo VinCent

Le souffle drehu Par Virginie Grizon

Ils se sont fait connaître grâce à leur titre phare, « Corsika ». Deux jours après sa diffusion sur Internet, le tube avait été « cliqué » 1 700 fois. Puis, le 10 mars exactement, l'album de Relativ' était dans les bacs et le succès immédiat. Pour les huit musiciens de la tribu de Kejënyi à Lifou, c'est la récompense d'un travail au long cours.

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réé il y a cinq ans dans la tribu du district de Lössi, Relativ' a évolué au rythme des îles. Un peu comme Le souffle du temps, le nom de son premier album. « Au départ, nous avons monté ce groupe de musique comme on crée une équipe de sport. Nous voulions occuper les jeunes », se souvient le pasteur Jean-Paul, chanteur du groupe et co-leader de Relativ'. Avec son ami Jean-Claude, l'un des musiciens, il motive les jeunes de la tribu. Peu à peu, de véritables talents apparaissent. « On ne jouait pas très souvent, une fête par-ci, une kermesse par-là. Ce n'était pas très régulier, mais ce n'était pas grave, nous avons continué à répéter entre nous, à la tribu. »

Au départ, nous avons monté ce groupe de musique (...) pour occuper les jeunes

Inspiration

Ils composent leurs propres titres et fidélisent le public de Lifou. « Jean-Claude commence le travail. Il arrive avec une mélodie à la guitare et chante un air. J'écris ensuite les paroles en fonction de ce qui m'inspire. Des fois c'est dansant, d'autres fois moins », explique le pasteur. Les textes sont en langue, « sauf pour “Corsika” afin que les gens de Corse comprennent ». Ce titre est inspiré de l'histoire du groupe

Lorsqu’ils sont tous à Nouméa, les membres du groupe Relativ répètent à la maison de musique de Rivière-Salée.

de danse de la tribu de Kejënyi. Il y a trois ans environ, plusieurs personnes sont parties en Corse dans le cadre d'un échange culturel. « Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé là-bas, mais leur souvenir est tellement fort que les gens en parlent encore. C'est pour cette raison que j'ai décidé d'en faire une chanson. » Pour le reste, l'inspiration lui vient de la vie quotidienne. Les paroles délivrent des messages d'amour, de paix et de partage. « Évidemment, il y a de la souffrance dans la vie, mais cela nous rend plus forts. En fait ce que je dis à l'intérieur du temple ou dans mes chansons, c'est la même chose. Mais la musique me permet de toucher encore plus de monde », affirme l’homme de foi.

Le temps de la maturité Après quelques années, Jean-Claude estime que le groupe est assez mûr pour enregistrer un premier album. Il convainc les autres membres et se met en quête d'un producteur sur Nouméa. « Les studios Mangrove nous ont fait confiance et nous avons trouvé un créneau de deux semaines pour l'enregistrement. » Deux semaines, c'est court pour regrouper l'ensemble des musiciens, « entre ceux qui font leurs études à Nouméa et ceux qui sont à Lifou, il fallait être vraiment motivés pour se retrouver ». Finalement, le challenge a été relevé et le résultat est là. Quelques semaines après sa sortie, Le souffle du vent se hisse en tête du Top 20 calédonien. Un premier succès. Sûrement pas le dernier.


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© aed photo | Make up : Karine “Saphira” Coen | Stylisme : Birdies

Portraits croisés

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Julie, édias

Qui a dit que la culture n’était pas sexy ? Elle possède en tout cas trois ambassadrices de charme.


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La culture aux trois visages

Portraits croisés

JiLL & Janice Par Virginie Grizon

Trois femmes, trois personnalités, trois “J”. Janice, Jill et Julie représentent la culture sur le petit écran calédonien. Amoureuses des arts, de musique et de communication, elles mettent en valeur les artistes et décryptent leur message. Pour Endemix, elles se sont prêtées avec humour et enthousiasme à une séance photo.

Julie, zébulon de l'animation La benjamine de la bande semble parfaitement à l'aise devant l'objectif. Julie enchaîne les poses avec un naturel déconcertant. « Je viens du monde de la mode », justifie-t-elle entre deux clics. Après des études en Australie, elle s'aperçoit que ce monde ne correspond pas vraiment à son éthique personnelle et s'oriente vers d'autres voies. « Je me sens très à l'aise avec les gens, j'adore discuter avec eux et j'aime l’idée de rendre la culture accessible à tous. » Cette année, elle co-anime l'émission Endemix avec Jill. « La formule ayant changé depuis la rentrée, j'ai dû trouver ma place et chercher un équilibre avec Jill », confie l'animatrice. Du coup, son emploi du temps lui permet de travailler davantage ses projets personnels. « Je me remets à l'écriture de scénarii, j'aimerais jouer à nouveau au théâtre et j'ai le projet de créer ma propre boîte… Mais pour l’instant, c’est une surprise. » En privé, Julie se dit plutôt casanière. « Contrairement à ce que beaucoup pensent, je ne suis pas une fêtarde. J'adore mon canapé ! »

Jill, la fibre artistique Jill est arrivée il y a un peu plus d'un an sur nos écrans. L'ancienne chroniqueuse de Jill by night d’Endemix co-anime désormais l'émission. « J'aime discuter avec les artistes pour

comprendre ce qu'ils cherchent à exprimer. » Diplômée des Beaux-Arts, elle cultive sa fibre artistique depuis toujours. « J'ai fait de la photographie mais je ne suis pas photographe », précise la plus timide des trois. Elle s'est aussi mise à la vidéo et a remporté l'an dernier avec son équipe le premier prix au Marathon de l'image avec un court-métrage à couper le souffle. On peut également découvrir ses œuvres dans des expositions collectives : une sculpture à Ko Névâ (au centre culturel Tjibaou), une installation vidéo et des projections de sons à Paris pour l'exposition Le corps à l'œuvre en février 2013... Jill est sur tous les fronts. Et même si elle débute devant la caméra, la plasticienne rôdait déjà sur les plateaux télé puisqu'elle s'occupait des décors et des accessoires pour des émissions et des fictions. Elle a notamment travaillé pendant cinq ans sur le programme court Chez Nadette.

Janice, la musique dans la peau Quant à Janice, c'est la plus expérimentée des trois. Depuis quelques années, elle partage une belle relation avec les artistes et son public. « C'est vrai qu'ici, on me connaît beaucoup par la musique mais j'aime plein d'autres choses. Je me verrais bien travailler pour le théâtre par exemple. » Journaliste de formation, Janice a toujours été attirée par la radio. Cette année, elle anime une chronique quotidienne de 13 à 15 h sur Océane ainsi que La Vintage, une émission musicale diffusée tous les samedis entre 16 et 18 h. Sur le petit écran, on la retrouve le dernier samedi du mois dans Lakoustic. « Ça faisait très longtemps que j'avais envie d'animer une émission style Taratata comme celle-ci », savoure-t-elle. À partir de juillet, Janice présentera également une Web TV de cinq, six minutes, intitulée Endemix by Janice underground people. Tout sera filmé en mode alternatif à l'aide d'une GoPro. « J'ai envie d'aller explorer le côté underground du monde de la nuit à Nouméa, de parler aux artistes, mais aussi d'aller voir les gens qui les écoutent. » Cette émission, appuyée par Bar en live, sera diffusée sur Facebook (Poemart, Endemix) et sur différents sites Internet. Janice ne compte pas s'arrêter en si bon chemin et réfléchit à d'autres projets sur la toile. Inutile d'insister, nous n'en saurons pas plus.

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undi, neuf heures. Sourire aux lèvres, Julie, Janice et Jill montent l'escalier de la maison Célières et affichent une bonne humeur communicative. La séance photo va durer toute la matinée mais les filles sont détendues. Entre les essayages et le maquillage, elles plaisantent autour d'un café et se racontent leur week-end. Rien de plus normal entre copines. On oublierait presque que ce sont elles les ambassadrices culturelles du paysage audiovisuel calédonien. Complémentaires, respectueuses du travail de chacune, les trois filles reconnaissent néanmoins avoir des personnalités bien distinctes.


Le théâtre dans la peau

Pierre-AndRé

héâtre

Par Sylvain Derne

« Pour l'instant, je sens que j'ai encore besoin de galérer en France, de me prendre des murs... Plus je m'en prends, plus je serai solide et je saurai quoi dire ! », lâche Pierre-André Ballande avec une tranquille conviction. Pourtant ses expériences métropolitaines dans le monde du théâtre relèvent plus du parcours initiatique que de l’impasse : riches en rencontres et en défis vaillamment relevés.

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Il a moins de 10 ans, est tranquillement assis sur les bancs de l’école quand il assiste à un spectacle d’Isabelle de Haas. C’est à ce moment précis que Pierre-André attrape le virus du théâtre. Pas question de se soigner, direction la première promotion théâtre du lycée Lapérouse, au début des années 2000. Après le bac, la traversée des océans et une étape en Deug de Lettres

Le temps des planches Ensemble, ils montent Cuisine et dépendances, la pièce de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, qu'ils joueront près de 300 fois. Pendant trois mois, la petite troupe prend même le risque fou de présenter deux pièces tous les soirs, dans deux théâtres différents de Paris. « On jouait Cuisine et dépendances à 19 h au Guichet Montparnasse. À 21 h 30, à peine sortis de scène, on filait à la Comédie des 3 Bornes, dans le 11e arrondissement, pour interpréter Il y a foutrement longtemps, une comédie médiévale déjantée. C'était d'autant plus athlétique que pour le second spectacle nous interprétions chacun huit personnages différents ! Parallèlement, on travaillait tous comme serveurs dans la journée. À la fin des trois mois, on était épuisés mais heureux d'avoir relevé le défi. »

d'intermittent du spectacle lui permet d’aller où bon lui semble. « Il y a un lieu que j'adore, raconte Pierre-André, c'est le théâtre Les 50, dans le pays de Gex, à la frontière suisse. C'est une “maisonthéâtre”. La scène est dans le salon et peut accueillir quatre-vingt dix spectateurs sous une hauteur de plafond d'au moins six mètres. On y est reçus comme des membres de la famille et le public est génial ! ». La découverte pour le jeune acteur, pas encore trentenaire, de ce type d'endroits atypiques, conforte certainement son souhait à long terme : ouvrir un espace culturel de formation professionnelle en Nouvelle-Calédonie, pour y transmettre son incurable passion des arts vivants…

UN PIED SUR LE CAILLOU

Si Pierre-André Ballande écume les salles de théâtre métropolitaines, il n’oublie pas pour autant la Nouvelle-Calédonie. Il a participé au spectacle Le plus beau jour de ma vie, qu’il a co-écrit avec Sam Kagy et Myriam Sarg, collègue de promotion, qui jouait encore récemment ce one-woman show. Quelques-uns de ses textes ont également été repris lors du dernier festival des Fous à lier. Mais surtout, Pierre-André espère jouer une pièce (une adaptation encore en projet) en Nouvelle-Calédonie.

En route ! Aujourd’hui, Pierre-André collabore avec différentes troupes au gré des projets. Il privilégie désormais les représentations en province, où le public se révèle plus réactif, sans doute parce qu’il est moins sollicité qu'à Paris. Dernièrement, le Calédonien jouait Sganarelle dans le Médecin malgré lui de Molière avec une troupe basée à Figeac, dans le sud de la France, mais son titre

© Naomi Wu

BallANde

p. 26 Portrait d'ailleurs

t

modernes à Bordeaux, il pose ses valises dans la capitale et intègre l'école Jean Périmony qui délivre un enseignement classique de la discipline et de la diction. Il y restera de 2005 à 2009, créant de nombreuses affinités avec plusieurs de ses camarades. Affinités qui serviront de ciment à la naissance d'une troupe, Les dix sous d'l'heure.


hant

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o z aw e Ca i wamine tu

chant de kanekA

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© Éric Dell’Erba

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Era Kaneka /

Par Virginie Soula et l’Académie des langues kanak

Ca i wamine tu* E calojë e Jope a xome Ia waka, Alo alo zawe Ekölö iaue.

Une petite "princesse" est née Là à Jope vers le Sud, Oh Zawe, Oh Zawe.

Lozati Joxu Hane hi lo la nyima ne atrunyi nyipëti, Alo alo zawe Ekölö iaue.

"Princesse" Loza, Voici un chant pour t’honorer, Oh Zawe, Oh Zawe.

* Ca i wamine tu signifie littéralement « un brin de brède-morelle ».

Nous la connaissons tous. Nous avons chanté et dansé sur cette chanson d’Edou. « Alo Zawe » fait partie du patrimoine musical calédonien. Mais connaissons-nous vraiment sa signification et son origine ? Décryptage.

Du chant choral au kaneka Ce chant ancien a été rendu très populaire grâce à son adaptation par Edou (Edouard Wamai), dans l’album Waanegejë sorti dans les bacs en 1999. Originaire de la tribu de Drueulu, chef-lieu du district de Gaica, Edou est imprégné très tôt par cette chanson, comme tous les membres de sa chefferie. Son originalité et son air entêtant le poussent à l’intégrer dans son répertoire.

Edou travaille la mélodie à l’aide d’une instrumentation moderne, il modifie les arrangements et lui donne un rythme nouveau, plus chaloupé, plus conforme aux codes du kaneka. Le texte, quant à lui, est demeuré intact depuis sa version d’origine. Dans Waanegejë, Edou introduit le morceau par un court extrait d’un enregistrement de la version traditionnelle de la berceuse, réalisé en 1978.

Joie universelle Cette nouvelle variante devient très vite un succès populaire ! La réputation d’Edou, cet air qui « sonne si facilement à l’oreille » vont emporter cette chanson au-delà des rivages de Lifou pour être fredonnée sur toutes les lèvres de Nouvelle-Calédonie, dans tous les mariages et toutes les fêtes ! Car la joie autour de la naissance d’un enfant est universelle ; une joie communicative qui dépasse les langues et les cultures.

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Berceuse créée dans les années 1940 en l’honneur de la naissance de Loza, la sœur aînée de Pierre Zeula, actuel grand chef du district de Gaica à Lifou, « Alo Zawe » est à l’origine un chant choral drehu. Il fait partie des traditions qui accompagnent les événements marquants de la vie des chefferies de l’île. La venue au monde du premier enfant du grand chef, qu’il soit garçon ou fille, constitue une étape importante, célébrée par l’ensemble de la communauté. Par ce chant, les “sujets” font l’éloge de ce premier né et lui prêtent allégeance en tant que descendant du grand chef. Le suffixe “ti” accolé au nom de Loza dans le chant en langue marque le respect et se traduit par le terme “princesse”, induisant que la petite fille descend d'une haute lignée.


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Genre idéal

En mars dernier, la compagnie Nez à Nez a donné un bel exemple du genre avec Les comédies Loufoques au Théâtre de Poche.

Nez à nez

c

afé-théâtre

avec le public Par Coralie Cochin

© Cie Nez à Nez

Comique et populaire, le café-théâtre a pris ses marques depuis quelques années dans la capitale. Plus particulièrement au Théâtre de Poche, où l’exiguïté des lieux renforce l’intimité avec le public. Zoom sur un genre dont les Calédoniens raffolent.

L

Marithé Siwene, Sam Kagy et Myriam Sarg, les trois comparses du Free Women Chaud ont marqué le genre du café-théâtre d’une belle touche de féminité.

© Eric Dell’Erba

e café-théâtre, ça vous dit quelque chose ? Commencez par oublier le café, car en Calédonie, contrairement aux villes métropolitaines, les salles de théâtre ne font pas bistrot. En revanche, si vous aimez l’humour un poil caustique, les petits sketches qui égratignent les travers de notre société dans une ambiance conviviale et confinée, le café-théâtre est pour vous. André Lusarga, de la compagnie Nez à Nez a monté un atelier de café-théâtre au centre d’Art. Avec ses comédiens amateurs, « mais de très bon niveau », il a présenté en mars Les comédies loufoques au Théâtre de Poche. Avec toujours cet humour « burlesque, clownesque », qui lui colle à la peau.

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« J’aime quand le théâtre comique a des choses à dire » Quand le comédien pose ses valises à Nouméa en 1999, ce genre n’existe pas encore. Il y a bien des one-(wo)man-show, comme ceux de Laurent Gerra, venu six fois amuser la galerie entre 1996 et 2006. Mais la jauge de 500 personnes de la FOL, les gradins de l’Arène du Sud ou l’espace plein air du centre culturel Tjibaou sont bien loin de l’atmosphère intimiste du café-théâtre. Ce genre ne fait réellement une percée qu’à partir de 2011, avec Arnaud Cosson et son spectacle Tout est bon dans le Cosson, mais aussi avec le Best of, au Théâtre de Poche, de Manuel Pratt, dont l’humour au vitriol n’épargne ni la politique ni la religion – ni les Calédoniens d’ailleurs. « J’aime quand le théâtre comique a des choses à dire, avec un sujet profond, une revendication. C’est aussi notre rôle, nous, les bouffons de la scène, de pouvoir dire nos vérités et dénoncer les travers de la société », estime André Lusarga. En 2012, le public découvre les frontières du genre avec l’artiste controversé Didier Super, invité du festival les Fous à lier*. Les artistes calédoniens commencent, eux aussi, à surfer sur la vague. En 2011, Marithé Siwene et son Wanamat’show font un tabac dans la petite salle du Théâtre de Poche. « Sur une heure de spectacle, elle a dû faire une demi-heure d’impro, se souvient André Lusarga. C’est du direct, c’est sans filet. Le public adore ça quand on joue sur une corde qui peut casser à chaque instant ». Marithé a d’ailleurs tourné ce spectacle dans toute la Calédonie, avec souvent pour seul décor une simple natte. L’année suivante, la jeune humoriste récidive avec deux comparses, Sam Kagy et Myriam Sarg. Les trois filles font

carton plein avec leur Free Women Chaud. Une galerie de portraits de femmes, « parfois un peu caricaturaux mais avec un fond réel », souligne Myriam Sarg. En mars, la jeune humoriste a rejoué sur la scène du Théâtre de Poche son tout premier spectacle en solo, Le plus beau jour de ma vie, dans lequel "l’état de grâce" de la femme enceinte est mis à rude épreuve. « Dans une société où tout ne se dit pas, le café-théâtre aide les gens à déculpabiliser », se réjouit la comédienne. * Didier Super avait provoqué une vague de protestations suite à une vidéo postée sur YouTube avant son départ où il comparait, entre autres, les Kanak à des singes. Il s’en était excusé, expliquant que cette vidéo corrosive avait pour seul but de dénoncer. De nombreuses vidéos d'autodérision avaient suivi avec la participation de la commune de Canala. À voir sur le YouTube de Didier Super.

DÉFINITION D’UN GENRE

Chris Tatéossian est l’une des premières personnes à avoir misé sur le caféthéâtre en Nouvelle-Calédonie. Il dirigeait alors le centre d’Art : « Le caféthéâtre est un espace populaire, un espace où l'on rit, où l'on se moque de soi, des autres, parfois de ce qui ne va pas, de ce qui inquiète, etc. Cet espace d'expression est important en Nouvelle-Calédonie parce qu'il est une tribune ouverte, il permet à chacun de prendre du recul (et du plaisir) pour mieux s'interroger sur notre société, sur soi-même aussi. Il permet de rire de l'autre pour mieux finalement l'accepter... ».


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L'art autrement

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L’art de lire, l'art pour lire

ittérature

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illettrisme touche l'ensemble de la population, les jeunes comme les vieux. Selon une récente étude de l'Isee (Institut de la statistique et des études économiques), entre 16 et 24 % des Calédoniens âgés de 25 à 44 ans ne savent ni lire ni écrire. Les écarts sont particulièrement impressionnants entre le Sud et les Îles concernant l'écrit. Par ailleurs, les personnes dont le français n’est pas la langue maternelle sont nettement plus en difficulté que les francophones de naissance. Face à ce constat préoccupant, il est difficile de rester les bras croisés.

Briser l’isolement

Par Virginie Grizon

La première assurera le relais avec l'ensemble des associations travaillant sur ce thème. Elle devrait organiser prochainement un concours d'écriture de livres pour enfants, en français et dans cinq des langues kanak. Le Rex, quant à lui, ouvrira ses activités aux jeunes en situation d'illettrisme qui pourront également bénéficier d'un dispositif de tutorat. Des futurs instituteurs deviendront leur “grand frère”. Ensemble, ils disposeront d'un passeport culture qui leur donnera accès gratuit à des spectacles, concerts et musées.

La culture est au cœur du programme de lutte contre l'illettrisme

Hmej, Adjé, Digoué

Plusieurs artistes se mobilisent dans cette lutte contre l'illettrisme. Le chanteur Hmej est l'un des plus investis. Il participe aux réflexions et envisage de s'engager dans ses textes. Richard Digoué, danseur et chorégraphe, interviendra dans des ateliers au Rex. Le sculpteur et slameur Adjé et le photographe Patrick Hamm devraient aussi mettre leur art au service de cette cause. « Nous devons également chercher des appuis dans l'art maori ou aborigène. Au-delà des cultures, il y a la culture disait Bourdieu », insiste Gaëlle. L'ensemble de ces actions devraient débuter l'année prochaine à Nouméa avant d’être diffusées en Brousse et dans les Iles.

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© NiKo VinCent

Depuis octobre 2013, Gaëlle Le Vot est chargée de mission pour la prévention et la lutte contre l'illettrisme. Son premier challenge fut de dresser un état des lieux permettant de définir des priorités d'actions et d'établir un avant-projet de plan territorial de prévention. Mission accomplie puisqu'elle vient de définir trois axes de travail dont l'un s'appuie sur une politique culturelle forte et solidaire. Concrètement qu'est-ce que cela signifie ? Plusieurs actions culturelles vont être mises en place afin de briser la spirale de l'isolement dans laquelle se trouvent les personnes en situation d'illettrisme. La Maison du Livre et le Rex sont au cœur de ce dispositif ambitieux.

L'art est un passeport pour l'éducation. « La culture est au cœur du programme de lutte contre l'illettrisme – sans doute l'un des grands fléaux du pays », affirme Gaëlle Le Vot, chargée de mission pour le gouvernement. Un plan sur cinq ans vient d'être établi pour venir en aide à ces personnes qui ne savent ni lire, ni écrire.

Gaëlle Le Vot et Hmej travaillent côte à côte pour lutter contre l'illettrisme. Le chanteur est aussi instituteur spécialisé en Clis (Classe d’insertion scolaire).


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Le catalogue de Book’In invite à découvrir le patrimoine littéraire calédonien, les éditeurs, les écrivains, les auteurs et les artistes îles. En voici une petite sélection.

historique et livre d’aventures… Frédéric Ohlen Éditions Gallimard, collection Continents noirs, Paris, 2014

Après avoir fui leur ville natale quasiment détruite par un gigantesque incendie, deux citoyens de Hambourg s’installent à Paddonville, à 20 km du chef-lieu. Des colons atypiques, et un couple qui ne l’est pas moins ! Il y a d’abord Maria, sage-femme qui sillonne ces terres rouges, sans lumières et sans routes. Puis survient Heinrich, lui qui, sans le connaître, a fait pour ce Nouveau Monde un grand rêve : créer ici la première école laïque.

L’épreuve du masque

Nouméa, 2014

Les incroyables aventure d’Ely Christine Rousselle et Maurine Morel Éteek éditions,

Pour sauver ses parents, l’intrépide Ely se lance à la recherche d’un masque enchanté, dissimulé aux tréfonds de l’étrange cité de Tigak. Un album dans lequel les jeunes lecteurs (de 6 à 10 ans) retrouveront un univers océanien magnifiquement illustré et se laisseront emporter dans une aventure haletant et mystérieuse.

Le prêtre et le juge .

Le père Roch Apikaoua s’entretient avec le magistrat Jean-Paul Briseul Éditions Le Corridor bleu, Saint-Pierre, 2014

Les entretiens contenus dans cet ouvrage retracent l’itinéraire du prêtre kanak, Roch Apikaoua, au cours de ce dernier quart de siècle de l’histoire calédonienne.

De l’autre côté, ce qu’il y a…

La NouvelleCalédonie en 6 films AAA production, Paris, 2012

Ce coffret de six DVD retrace un siècle d’histoire en Nouvelle-Calédonie, vu à travers l’œil du cinéaste Gilles Dagneau. Pendant le tournage de Prisonnier du Soleil, Gilles Dagneau s’est aperçu que ses films formaient un tout, une chronologie de l'histoire de la NouvelleCalédonie

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Quintet , roman


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Enquête

De la

création

Le long chemin

L’ingrédient principal du succès : le talent. Mais pour réaliser une bonne recette, il est indispensable que ce talent soit entouré d’une bonne rasade de conseils, de trois petites cuillères de communication et de 15 cl d’administratif, une pincée d’originalité, mais surtout de plusieurs heures de travail pour une cuisson optimale. Endemix enquête dans les cuisines de l’art !

A

ujourd'hui, les rares toiles de Vincent van Gogh s'arrachent à des sommes indécentes dans les salles de vente. Le peintre néerlandais est ce que l'on appelle un artiste bankable. Oui mais postmortem. À son époque, il était plutôt considéré comme un artiste maudit, sans le sou. Il n’a pu vendre qu’une seule toile de son vivant, quelques mois avant son suicide. À l'inverse, dans un autre registre artistique et à une autre époque, la sortie du 6e album de Michael Jackson, Thriller, est un succès planétaire qui n'a toujours pas été démenti. Comment analyser et expliquer ces deux trajectoires opposées alors que le talent était au rendez-vous ? Et si Vincent van Gogh avait été mieux conseillé, s'il avait eu un plan de communication, un agent qui croyait en lui ? Avec des si...

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Attirer l’œil Outre la qualité de leurs productions, les artistes doivent mener parallèlement une réflexion sur les moyens à mettre en place pour percer sur un marché où on ne les attend pas forcément. Pour y parvenir, tous les ingrédients comptent : façonner son image, soigner sa promotion, être présent sur les réseaux sociaux. Seul hic, comme le souligne le compositeur et musicien Stéphane Fernandez,

« nous travaillons en flux tendu entre la composition, les répétitions, l'enregistrement et la production (l'autoproduction) ; une fois l'album sorti, après quelques concerts, on se remet aussitôt au travail pour un nouvel opus ». Pourtant cette constatation ne change pas la formule du succès : il faut attirer l'œil du public, lui donner envie de se déplacer pour voir un spectacle de danse, une pièce de théâtre, un concert, ou encore d'acheter un livre, un CD. Mais avant toute chose, il est indispensable que l’artiste transporte le spectateur dans un univers musical, livresque, plastique, qui tienne la route. Un sacré challenge, surtout que les personnes en face sont de plus en plus exigeantes.

Professionnaliser l’art Et qui dit exigence dit aussi professionnalisme. « Je remarque que certains artistes dans la musique manquent de cette touche de perfectionnisme, témoigne Chris Tatéossian, directeur du Poemart. Un artiste talentueux n'a pas a fortiori l'audience à laquelle il peut prétendre si son projet n'est pas tout à fait abouti, s'il est mal présenté, s’il n’a pas les bons outils pour communiquer ou si la pochette de son CD frôle l'amateurisme. De surcroît, il est difficilement défendable, en particulier à l'export où la concurrence est rude ». C'est aussi sur cet aspect qu'insiste le réalisateur de

NI 28, Terence “Tesch” Chevrin, dont le premier opus de la trilogie a été non seulement un succès sur le territoire, mais a aussi été primé dans plusieurs festivals aux États-Unis. « Je suis évidemment ravi que mon premier long-métrage ait été récompensé, tout en étant conscient de ses imperfections. Les deux prochains volets devront avoir une autre envergure pour avoir une réelle dimension internationale. » Pourtant la problématique doit être nuancée selon Alain Lecante, directeur du studio Mangrove : « C'est plutôt un tube qui permettra ensuite à un album de marcher. Le fait qu’un artiste tourne et fasse parler de lui aide, bien sûr. Mais j’ai vu aussi pas mal de cas où des albums ont marché sans


public :

Enquête

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au

de la reconnaissance Par Frédérique de Jode

de diffusion, il devient par contre indispensable de se distinguer, de véhiculer une touche d'originalité qui va faire toute la différence. Le groupe Sky Vola l'a très bien compris. Afin de promouvoir la sortie de son album Hang On en avril 2013, il a opté pour un support peu usité en NouvelleCalédonie. « Nous n’avons pas voulu utiliser un CD, mais une clé USB non protégée afin de susciter la surprise », précise Sandrine, la chanteuse. Toujours dans le but de créer le buzz, Sky Vola a eu la bonne idée de s’associer au WWF NouvelleCalédonie pour son premier concert au centre culturel du Mont-Dore, invitant les spectateurs à venir planter un arbre juste avant le show. Si tous les bénéfices ont été reversés à l’association, Sky Vola, lui, a joui d’un support médiatique de belle ampleur. « Je reconnais que le fait d'avoir eu un relais dans les médias, et en particulier au JT de NC 1ère, a contribué aussi à cette réussite. » Résultat : une salle comble. Ne pas négliger non plus la dimension “médias” sous une forme ludique. « Pour Le plus beau jour de ma vie de Myriam Sarg, le webzine Mademoiselle L a proposé un jeu pour gagner des

Je remarque que certains artistes dans la musique manquent de cette touche de perfectionnisme Choisir l’originalité

© NiKo VinCent

Pourtant, même si les artistes locaux évoluent sur un petit marché où il peut paraître aisé de tisser son réseau, de trouver des lieux

« Nous n’avons pas voulu utiliser un CD, mais une clé USB non protégée afin de susciter la surprise », explique Sandrine, la chanteuse de Sky Vola

places. Cette initiative marketing a très bien fonctionné. Une place gagnée est souvent égale à une place achetée car on va rarement seul à un spectacle », constate la rédaction du site Web. Le professionnalisme, la communication et l'imagination seraient-ils les clés qui ouvrent les portes de la célébrité ? Les artistes peuvent-ils aujourd’hui se suffire à eux-mêmes pour y parvenir ?

SE FORMER POUR SE PROFESSIONNALISER

Le Poemart organise en novembre prochain deux formations ouvertes aux artistes et aux professionnels de la culture. > Une formation en management orchestrée par Christian Bordarier, ancien directeur artistique de Wagram. Les thématiques abordées seront : le rôle de l'éditeur, du producteur, du manager, les outils pour développer sa carrière, et les clés essentielles pour démarcher les maisons de disques. > Une formation sur l'utilisation des outils de communication numériques dirigée par Fabrice Absil, éditeur et spécialiste du numérique. La formation abordera la mise en avant et la monétisation d'un projet sur Internet ainsi que l'utilisation des réseaux sociaux pour se faire connaître. Renseignements et inscriptions au 28 20 74

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aucune promotion, juste le fait d’avoir le “tube” suffit ! Ceci est valable seulement pour le marché local où l’accès aux radios est plutôt facile ».


p. 34 Enquête

Le temps de création d’un artiste Les artistes calédoniens partagent souvent leur temps de création avec les contraintes administratives, la recherche de subventions ou encore les plans de communication liés à leur actualité. Une situation désagréable que dénonce Dominique Jean, créateur de la compagnie de l’Archipel : « Outre mon travail de comédien et de metteur en scène, je dois également m'occuper des costumes, du décor, réfléchir sur l'affiche de la pièce, en faire la promotion. Ce qui me demande d'endosser différentes casquettes ». Beaucoup d’artistes aimeraient donc s’entourer de professionnels, mais qui sont-ils ? Trouve-t-on ces perles rares en Nouvelle-Calédonie ?

AGENTI MANAGER Trouver un manager sur le territoire est un véritable sacerdoce. L’espèce est rare et l’alchimie entre l’artiste et l’agent doit être sincère, comme l’explique Ronny Pelage, manager du groupe I&I. « Pour défendre vraiment un artiste ou un groupe, il faut d'abord aimer et respecter son travail, être son premier fan, croire en son potentiel, faire partie intégrante du projet musical. Le manager doit avoir un excellent relationnel et doit installer – en priorité – une relation de confiance avec le groupe qu'il défend. » Indispensable puisqu'il va gérer sa carrière, le conseiller dans ses choix artistiques et professionnels, élaborer son image, sa visibilité, prospecter, négocier les contrats, les tournées, s'occuper des relations avec les journalistes et du marketing. Une collaboration de chaque instant où l'agent fait aussi office de coach pour booster les troupes. La pénurie de professionnels dans ce domaine explique peut-être aussi pourquoi les artistes ont du mal à s’exporter. Difficile d’y parvenir sans l’aide d’un professionnel du secteur qui croit en leur potentiel. Cette pénurie s’applique aussi au domaine de l’édition, des arts vivants et plastiques.

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ADMINISTRATEUR Autre accompagnement précieux, l'administrateur. Nadège Lagneau se charge de cette fonction pour le danseur et chorégraphe Richard Digoué. « Je prends en charge toute la partie administrative et logistique pour soulager Richard afin qu'il puisse se concentrer sur ses créations. Ce qui consiste à monter le projet, établir des dossiers de subvention auprès des institutions et des lieux de diffusion, préparer des dossiers de presse pour solliciter les médias. Mais je ne me charge pas de trouver des contacts dans la mesure où Richard est reconnu, il a déjà son propre réseau. » Des associations comme le Poemart par exemple peuvent aider les artistes sur les formalités administratives s’ils viennent les solliciter.


p. 35 Le producteur de musique va prendre en charge de A à Z la réalisation d'un album. Alain Lecante qui travaille notamment avec Dick & Hnatr et Edou, artistes de référence, les accompagne sur le travail de promotion et de tournées, tout en leur laissant une grande latitude sur la création. « Mon rôle de producteur consiste à juger de la qualité du travail, précise le directeur du studio Mangrove. En amont, je demande une maquette pour savoir si le groupe est bien prêt à entrer en studio. Pour un artiste en solo, je peux choisir avec lui les musiciens qui l’accompagneront. Le studio Mangrove s’occupe généralement du mixage, tandis que le mastering est souvent envoyé à l’extérieur. Quant à la promotion, j’organise, avec l’aide d’une attachée de presse, les communiqués de sorties d’album, les interviews, les campagnes de pub TV et si possible le tournage de clip, qui n’est pas systématique et dépend du potentiel commercial de l’album ».

Enquête

PRODUCTEUR

EDITEUR En littérature, l’éditeur est aussi présent à toutes les étapes du processus qui aboutit à la commercialisation d'un livre. « Lorsque je reçois un manuscrit, je relève ses faiblesses et le retravaille, en accord avec l'auteur pour arriver à un livre plus achevé », indique Gilbert Bladinières, directeur de Madrépores, qui édite, entre autres, Déwé Gorodé, et a publié le best-seller calédonien de 2013 Les chroniques de la mauvaise herbe de Vincent Vuibert. « Un manuscrit, c'est une pierre précieuse sur laquelle l'éditeur est censé enlever les scories afin de la rendre brillante. » Firmin Mussard, écrivain jeunesse, avoue avoir besoin de « travailler avec un éditeur ; je considère qu'un texte accompli doit passer par le crible d'un comité de lecture et je n'ai pas honte de dire que la majorité des textes que j'ai publiés ont bénéficié à un moment ou un autre des conseils avisés d'un éditeur » (voir la rubrique “Palabres d’écrivain” p. 38). En aval du travail de l’éditeur, le diffuseur prendra le relais (voir la rubrique « métier » p. 56).

Ultime étape avant la mise sur le marché d'un CD, d'un livre ou la représentation d'un spectacle : la création de la pochette, de la couverture, de l'affiche. Ici encore, rien ne doit être laissé au hasard dans ce monde où l'image est omniprésente. Si la pochette du CD donne envie de fuir alors que les titres valent au contraire que notre oreille s'y attarde, les ventes ont des chances de faire un flop. Mieux vaut faire appel aux qualités d'un graphiste qui saura traduire votre univers. « Il est essentiel de s'imprégner de la personnalité d'un artiste ou d'une oeuvre, relève Leina de l'agence Push & Pull, pour retranscrire au mieux l'image et le message à faire véhiculer. Au graphiste ensuite de proposer des pistes créatives, en fonction aussi de sa sensibilité et de son interprétation. »

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LA FINITION : LES GRAPHISTES


p. 36 Enquête

Dossier de presse :

le sésame des médias

La promotion d'un album, d'un livre, d’une exposition ou d'un spectacle passe par la communication auprès des rédactions qui, selon leur bon vouloir, relaieront ou non l'information. Pour capter l'attention des journalistes, le dossier de presse est un outil indispensable. Mode d’emploi.

N

i argumentaire marketing, ni plaquette publicitaire, le dossier de presse doit à la fois refléter l’univers de l’artiste et susciter l'intérêt en livrant une information complète, vérifiable et rigoureuse. S'il est solide et soigné, qu'il contient le message essentiel, il deviendra une référence pour les journalistes. « Chaque détail compte : le titre, l'accroche, la mise en page, les visuels, le nom de l’expéditeur et les contacts, explique Gaëlle, gérante de la société de communication Pipelettes.com’. C'est pourquoi il doit être réalisé par un professionnel de l'écrit, une belle plume qui ne donne pas seulement les informations essentielles, mais qui sait aussi les enrober avec du chocolat ». Il faut mâcher en amont le travail des journalistes afin d’éviter que le dossier de presse ne passe à la trappe !

Une biographie Essentielle, car c'est le premier document qu’un journaliste voudra lire pour en apprendre davantage sur le parcours de l’artiste. La bio doit mettre en avant carrière, démarche artistique et créations (albums, livres, spectacles, films...). Une version bilingue est appréciable si l’export est envisagé.

Un synopsis Cette partie doit résumer en quelques lignes le projet de l’artiste. Il s'agit de susciter l’intérêt, de donner envie d'en savoir plus. Savoir doser l'information, voilà le secret d'une communication réussie.

Revue de presse

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Elle reprend les derniers articles de presse sur l’artiste et peut éventuellement mettre en avant des liens vers des émissions de radio ou de télévision.

Une interview courte Elle donne du dynamisme au dossier de presse. L'interview permet de lever le voile sur l'image artistique que vous souhaitez transmettre tout en apportant des éléments sur la création que vous défendez.

Des visuels Un photorama des différents visuels que l’artiste possède permet au journal de faire son “marché”. S’il existe de belles photos, le magazine ou le journal aura plus de facilité à venir vers vous. Important : il est indispensable de proposer d’envoyer, sur demande, les photos en excellente qualité pour les besoins d’une impression. Sans oublier le visuel de l’album, du spectacle, du concert, du livre que vous désirez promouvoir.

Coordonnées Sur la dernière page, on retrouve l’affiche ou la jaquette du projet ainsi que les coordonnées de l’artiste ou du manager. Email, numéro de téléphone, adresse du site Web ou d'espaces susceptibles de rassembler du contenu : Facebook, MySpace, ReverbNation, BandCamp, SoundCloud, Twitter…

Pièces à inclure Si le projet à défendre est un livre ou un CD, envoyez – en plus du dossier de presse – un extrait (pdf ou mp3). Si c’est un spectacle, une vidéo sera appréciée, et pour l’art plastique une photo d’œuvre suffira.

Les petits + : Si vous envoyez des mails personnalisés aux rédactions, il y a plus de chance d’avoir un retour positif. Si le temps manque, n’hésitez pas à utiliser la fonction Cci de votre mail. Elle permet de conserver les adresses mails cachées. Le dossier de presse doit se décliner en deux formats. En bonne qualité pour l’impression et une version Web, plus légère, pour ne pas encombrer les boîtes mails. Le dossier de presse imprimé – sauf exception – est de moins en moins utilisé. Il est aussi possible de télécharger votre dossier de presse sur Issuu ou Calaméo pour une consultation en ligne.


p. 37

S’il y a bien un lieu où l’artiste peut communiquer sans l’aide d’un spécialiste, c’est sur la toile. Cependant, il ne faut pas avoir peur de passer des heures sur le Web à la recherche du blog qui pourrait s’intéresser à votre travail ou encore en quête de la plate-forme parfaite pour parler de votre œuvre. La visibilité 2.0 ? Accessible oui, mais elle demande une certaine pugnacité. Revue non exhaustive des canaux de communication sur fond de codes binaires.

SoundCloud, BandCamp ou encore ReverbNation : les trois plates-formes musicales qu’il faut retenir. Elles permettent aux utilisateurs de créer une page, d’y insérer du contenu et font office de réseau social organisé autour de la musique uniquement. ReverbNation et BandCamp offrent la possibilité de vendre vos morceaux, tandis que SoundCloud propose uniquement de l’écoute en streaming gratuite. Si ces outils sont bien maîtrisés, il est possible de se retrouver dans les classements du site et peut-être de taper dans l’œil du tourneur. www.soundcloud.com www.reverbnation.com www.bandcamp.com Autres sites : www.deezer.com www.spotify.com

YouTube

Aucun artiste ne peut bouder YouTube, la plate-forme numéro un de vidéos sur Internet et l'un des sites les plus visités au monde. Créer sa propre chaîne permet de partager ses vidéos et d’avoir accès aux différentes options proposées par YouTube (commenter, créer des playlists, etc.). YouTube se révèle la solution la plus performante car les vidéos sont temporairement hébergées sur des serveurs de cache locaux, évitant l’écueil des sempiternelles interruptions pour problème de connexion. www.youtube.com

Issuu et Calaméo

Le premier est en anglais, le second en français. Ce sont deux services gratuits qui permettent de publier en ligne un document sous la forme d’un livre virtuel à feuilleter. Votre document Word, Powerpoint, OpenOffice ou pdf est transformé en livret Web. Avantage : une communication sans coûts d'impression ni de diffusion. www.issuu.com et fr.calameo.com

APPLICATIONS Vine

Nouvelle tendance, la vidéo courte pour promouvoir votre art. L'application gratuite de Twitter héberge de courtes vidéos de 6 secondes qui tournent en boucle et peuvent être partagées sur tous les réseaux sociaux. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui du contenu spontané. https://vine.co/

RÉSEAUX SOCIAUX Facebook

Une page Facebook permet de partager votre actualité et de communiquer. Il faut la considérer comme un lieu de rencontre, de discussion, d'échange, accessible au plus grand nombre. Les internautes vont vous “liker” pour vous suivre et pourront être au courant des mises à jour et des nouveautés.

Twitter

S'il s'agit d'un service de microblogging, Twitter est aussi utilisé pour de la promotion, le lancement de nouveaux produits, des opérations événementielles… Il est souvent utilisé par les marques internationales pour créer le buzz (avec l’aide du fameux #). www.twitter.com

Médias sociaux

Les webzines locaux vont vous apporter une couverture médiatique non négligeable. Votre actualité peut être relayée – par exemple – sur Le Cri du cagou qui offre une belle visibilité aux artistes. lecriducagou.org www.poemart.nc caledosphere.com

SITES OFFICIELS ET BLOGS

Un site officiel marque votre différence et maximise votre audience en étant bien référencé sur Google. Il concentre vos propres informations, images, chronologie, CV, extraits d'albums, vidéos, etc. Autre solution : le blog qui se crée en quelques minutes gratuitement (Tumblr, Blogger, Over-blog, Wordpress, etc.). Mais c’est surtout sur les sites spécialisés qu’il faut concentrer ses efforts si l’on souhaite – notamment – briller à l’export. Musiquesdumonde.fr ou encore Mondomix.com ont déjà consacré de beaux articles à la Nouvelle-Calédonie. Le groupe Soul Sindikate & Dub Trooper a été récompensé par le site Internet reggae.fr. Le Web est un vivier sans fin pour l’artiste en mal de reconnaissance ; il faut en revanche savoir faire le tri et choisir les bons sites pour obtenir un vrai retour auprès du public.

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LES PLATES-FORMES Musicales

Enquête

Tisser sa toile


p. 38

Palabres d'écrivaIn l

L'abécédaire

ittérature

de

Par Jean-Marc Estournès

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© Eric Dell’Erba

Écrivain voyageur, Firmin Mussard dévoile La dernière Jeep. L'occasion de découvrir le parcours et l'œuvre de l'auteur : de A comme addictions, à W comme Wallis ou whisky (qui coule à flots dans ce nouveau roman jeunesse), en passant par M comme médecine.

Amateur de polars, Firmin Mussard publiera bientôt un roman noir dont l'action se situe en Nouvelle-Calédonie.


p. 39 dition

F

ondamentaux

G

uadeloupe

H

emingway

« Je ne veux pas faire mon prétentieux, mais l'autoédition je refuse d'en croquer ! Personnellement j'ai besoin de travailler avec un éditeur, je considère qu'un texte accompli doit passer par le crible d'un comité de lecture et je n'ai pas honte de dire que la majorité des textes que j'ai publiés ont bénéficié à un moment ou un autre des conseils avisés d'un éditeur. »

Palabres d'écrivain

E

L'écriture. Le voyage. La mer. « Ils font partie des fondamentaux de mon existence. » Malgré sa richesse sur le plan humain, son métier de médecin représente moins une fin qu'un moyen. Il aimerait publier davantage, mais la vie file. Firmin est bien parti pour « rester un éternel amateur ».

ddictions

Cannabis, alcool… des thèmes récurrents, au fil de ses fictions. Ses addictions à lui s'appellent café et écriture. Pas la phase de gestation, parfois « nébuleuse », mais le passage à l'acte devant son ordinateur, de loin le plus excitant. « Un moment de plaisir intense. »

B

althazar

Conduites à risques, « grand écart identitaire » des ados océaniens, perdus entre langue maternelle et tradition d'un côté, français et société marchande de l'autre, « loupé dans le dialogue parental »... Ces constats ont servi de toile de fond au roman policier jeunesse Balthazar est en pétard. Un beau succès de librairie devenu support de discussion entre enseignants et élèves. En tournée dans les collèges, l'auteur a passé du temps à « dynamiter un certain nombre de mythes » liés au cannabis, en particulier sa réputation d'innocuité.

C

hasse sous-marine

Elle a guidé ses pérégrinations. De La Réunion, où le poisson se faisait de plus en plus rare, aux Tuamotu, puis au lagon calédonien. Difficile aujourd'hui d'aller trouver plus beau sous d'autres tropiques. « Être obligé de rester ici est une condamnation que j'accepte de bon cœur », confesse celui qui, sur ses « vieux jours », devient « contemplatif » en troquant le harpon pour la plongée bouteille.

D

ernière Jeep

Son dernier ouvrage. Soane, personnage principal de ce roman pour adolescents, « picole, fume, vole des bagnoles » à Nouméa. Ses parents l'expédient chez son “pépé” à Wallis, afin qu'il retrouve quelques repères. L'occasion pour Firmin de renouer sept ans après Jade et les petits farceurs avec les Éditions du Cagou.

Saint-Exupéry, Kundera, puis Hemingway, London, et plus récemment Ruffin, figurent parmi ses auteurs de référence : « Je suis assez fasciné par ces écrivains qui sont arrivés à mener des vies dans lesquelles ils puisaient de quoi faire de grands romans. »

I

nfernal

J

ade

Sale, épouvantable… On parle de son caractère. « C'est mon principal défaut, mais passé la cinquantaine on ne se refait pas. J'assume ! » Sinon ? « Psychorigide aussi, tendance au perfectionnisme. » Et côté qualités ? « Ténacité, je ne lâche pas prise facilement. Lié à mon caractère… ça fait un mélange parfois redouté… »

Inspiré de personnages de la mythologie kanak, Jade et les petits farceurs est un conte fantastique contemporain qu'il a écrit pour ses deux filles (13 et 10 ans), ses premières lectrices, tout acquises à sa cause. Sa recette de la fiction : « “Métaboliser” la réalité, la passer à la moulinette, la digérer et la transposer avec des matériaux et des mécanismes extrêmement intimes ».

K

untz

Détective privé, vétéran de la guerre du Golfe et alcoolique notoire, Franck Kuntz est le fil conducteur de ses deux premiers polars adultes, Retrait du percuteur et Fausse passe. Dans le dernier opus (Nickel Plomb) d'une trilogie indopacifique, Kuntz, « de plus en plus pochtron », traînera dans les rues de Nouméa.

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A

C'est là qu'il a vécu de 10 à 17 ans. Lui, tant inspiré par les océans Indien et Pacifique, n'a-t-il jamais souhaité rendre hommages aux Antilles de son enfance ? « Mauvaise question ! Ça a été mon premier roman. Mais il était tellement mauvais qu'aucun éditeur n'en a voulu ! » Une erreur de jeunesse, quoi !


p. 40 Palabres d'écrivain

L

égendes

M

édecine

Firmin est « fasciné » par les contes et les légendes d'Océanie. Dans La dernière Jeep, le “temonio” (assimilé à un démon depuis l'arrivée de l'Evangile) et les “leka” (lutins) qui hantent les eaux glauques du lac Lalo Lalo sont des créatures mythiques empruntées à l'univers de l'auteur wallisien Malino Nau.

Généraliste, puis urgentiste, l'auteur œuvre désormais dans la médecine légale. Une discipline vers laquelle sa passion pour le polar l'a aspiré en 2012 (il ne s'en cache pas) et où il flirte, comme dans la littérature policière, avec « l'aspect obscur de l'âme humaine ». Mais pas toujours facile de cloisonner deux existences parallèles.

N

ouvelle-Calédonie

« C'est une terre d'une richesse historique insoupçonnée et une source d'inspiration absolument inépuisable. » Comme le prouve sa prochaine fiction, au titre provisoire de Nickel Plomb.

O

ppel

« Complètement fortuite », sa venue dans le cercle des auteurs d’ouvrages pour moins de 18 ans est née de la rencontre à Nouméa avec Jean-Hugues Oppel, à la fois « polardeux » et auteur jeunesse. « Cet illustre collègue m'a soufflé l'idée de prendre le créneau du polar jeunesse. Ce qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. »

P

olar

Une drogue. Aux Tuamotu, il a terminé son polar réunionnais. En Calédonie, il a sorti son polar polynésien. « C'est plus facile et plus prudent d'écrire quand on est loin, sous d'autres cieux ! », s'amuse-t-il. Mais promis, il assumera pleinement son polar calédonien. « Et y'en aura pour tout le monde ! »

Q

uinzième

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Il est né dans le 15e arrondissement de Paris en 1961, « une année excellente pour les bordeaux », et a mené à Montpellier des études achevées par la soutenance d’une thèse de médecine exotique consacrée aux premiers cas de paludisme résistant à la nivaquine en Afrique de l'Ouest. « Je me destinais déjà à sévir outre-mer. »

R

éunion

Parti à 25 ans comme VAT (volontaire à l'aide technique), il y devient médecin remplaçant. C'est à La Réunion qu'il publie son premier ouvrage, De lave et d'écume, nouvelles un tantinet friponnes à la croisée du fait divers et du fantastique. Il restera onze ans dans l'océan Indien.

S

tratégie

T

héâtre

U

rgences

V

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Littérature jeunesse et fiction adultes, Firmin a l'intention de mener les deux de front. Pour la première, la demande du marché est « énorme ». Ça se complique pour la seconde. Sa stratégie : tenter d'être publié chez un éditeur métropolitain avec une diffusion ultramarine. Mais envoyer son manuscrit par la poste du bout du monde reste hasardeux, même si la manœuvre lui a déjà souri à trois reprises. Partir démarcher les éditeurs à Paris ? « On va me demander d'acheter une péniche et de l'amarrer sur les quais de Seine, à l'image des écrivains voyageurs. Et entre les rivages parisiens et ceux du lagon calédonien, mon choix est vite fait ! »

Son père et sa mère en vivaient, il a fait avec eux ses premières armes. Avant de tourner de longues années au sein d'une troupe semi-pro. « Même si ça paraît aujourd'hui incroyable, j'étais le jeune premier de service ! » Molière, Feydeau, théâtre de boulevard… une activité qui ne dépassera jamais le stade de hobby.

Une opportunité s'offre au Samu de Nouméa, il quitte les Tuamotu en 2002. Accidents, prise en charge des blessés et constats de décès constituent pendant dix ans son pain quotidien. Une sensibilisation à la violence routière dont le médecin urgentiste témoignera « par le véhicule de la fiction », notamment dans Balthazar est en pétard.

Trois ans en poste isolé sur un atoll de Polynésie française. Agréable, accueillant, mais qui n'a rien d'idyllique pour un Européen. En naîtra Fausse passe, roman noir « résolument iconoclaste » où, « à coups de casse-tête », il enfonce le mythe polynésien, selon lui « une belle entourloupe ».

W allis

Suite à la publication de Jade et les petits farceurs, il est invité à Wallis. L'accueil des élèves reste indélébile. « J'ai eu envie d'écrire pour eux. » D'où La dernière Jeep, qui se déroule là-bas, avec la bouteille carrée pour carburant de prédilection.

BIBLIOGRAPHIE DE FIRMIN MUSSARD > De lave et d’écume (L’Harmattan, 1997) > Retrait du percuteur (Baleine-Le Seuil, 2001) > Fausse passe (Actes Sud, 2005) > Aux Éditions du Cagou : Balthazar est en pétard (2004), Jade et les petits farceurs (2006), La dernière Jeep (2013) Par ailleurs, Firmin Mussard alimente en nouvelles des ouvrages collectifs, comme ceux de l'association Ecrire en Océanie dont le dernier recueil, Paysages, est sorti en mars 2014.


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p. 42

Questions à

Christophe « Nous sommes pour une culture populaire » Propos recueillis par Coralie Cochin

En juillet, cela fera deux ans que le Mouv’ accueille le public à nouveau. Avez-vous eu des difficultés à retrouver votre rythme de croisière ? Christophe Ventoume : Il a fallu relancer la machine, réhabituer les organisateurs de concerts à venir au Mouv’, car une bonne partie de la programmation est assurée par des partenaires extérieurs. Ce que nous produisons ne représente que 10 à 15 %. Hors les murs notre capacité de programmation est plus importante : Art’péritifs au centre d’Art, lives au Kiosque à musique… Cette année, nous sommes plus ou moins revenus à ce que l’on pouvait offrir précédemment : une soixantaine de groupes à l’année sur la scène du Mouv', sur environ vingt-cinq soirées. Désormais, il faut inciter de nouveaux acteurs culturels à se lancer.

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Quelle est la politique musicale de l’établissement ? Nous encourageons principalement les productions locales, même s’il peut arriver qu’un organisateur propose un groupe de l’extérieur. Sur l’année dernière, on a tourné à 75 % de taux de remplissage en entrées payantes, avec 65 % de kaneka-reggae au niveau de la programmation. Ça montre que le concept peut correspondre à une certaine demande...

Une demande qui se confirme dans les ventes de disques. C’est clair que les groupes programmés par les tourneurs ont souvent une actu. Il se trouve que le marché du disque a évolué. Les jeunes artistes ont maintenant la possibilité d’enregistrer rapidement. Sur la scène du kaneka, il y avait les “dinosaures” qui occupaient le haut du pavé. Mais depuis, beaucoup ont ralenti leurs activités et les producteurs ont été obligés d’aller chercher de nouveaux talents. On retrouve toutes ces tendances au niveau du live. Aujourd’hui, on a repris plus ou moins la place qui était la nôtre : celle de diffuseurs de musique locale, même s’il y a toujours des points négatifs.

Que faudrait-il améliorer ? Le Mouv’ est à l’image de la société : on peut accueillir tout le monde mais de manière séparée. Il faut œuvrer pour que la musique soit davantage un vecteur de lien. Au Mouv’, c’est notre raison d’être. Nous ne sommes pas un lieu pour “cultureux”. Nous sommes pour une culture populaire.

Comment est née l’idée de créer une salle de quartier ? Le point de départ du Mouv’, c’est l’incendie du centre commercial Barrau,

© Coralie Cochin

Après deux ans de travaux interminables, le Mouv’ a rouvert ses portes en 2012, des projets plein les coulisses. Plus qu’une salle de concert, l’établissement de Rivière-Salée mise aujourd’hui sur la formation et sur plus de mixité au niveau des publics.

en mars 1992. Les institutions ont pris conscience pour la première fois de l’entité “jeunesse” dans la capitale. Deux choses sont ressorties auprès des jeunes : le sport et la musique. Depuis, près de huit maisons de musique ont été construites pour permettre aux groupes de répéter. Vous ne verrez ça dans aucune ville de Métropole ! Début 2000, on a créé le Mouv’ pour mettre en place un lieu de diffusion. Pour vous donner un chiffre, environ 45 % des groupes qui montent sur la scène sont des utilisateurs de ces fameuses maisons.

Le Mouv’ a entrepris d’importants travaux, dix ans après son ouverture. Quels sont vos nouveaux objectifs ? Au-delà de la diffusion, nous voulions développer des projets de formation et d’enregistrement. Depuis notre réouverture, il y a deux ans, nous avons relancé le live mais nous sommes aussi une école de musique. Une trentaine d’élèves y sont formés à la basse, à la


p. 43 Questions à

Il faut œuvrer pour que la musique soit davantage un vecteur de lien. Christophe Ventoume est aussi bassiste. Il a créé les groupes Triban Klan et Kapa Kapa.

Qui peut s’inscrire dans votre école ? Nous misons déjà sur les jeunes que nous avons repérés. Mais on peut aussi s’inscrire ici directement, même s’il est vrai qu’il y a un quota de places. Nous sensibilisons les parents sur le fait que l’enfant doit être motivé car nos moyens sont limités. Les cours coûtent 2 000 francs par mois, en plus d’un abonnement de 2 000 francs à l’année.

Où en est le projet de studio d’enregistrement ? On est en train de le remonter. Il faut qu’on s’attaque dès cette année à l’enregistrement du volume 2 de Prémices*. Cette compilation sera gratuite. Elle permettra aux jeunes groupes d’avoir un outil pour démarcher les radios et élargir leur audience.

Pouvez-vous nous parler du festival Ramdam, en juin ? C’est un projet que l’on soutient depuis la création de l’Association pour la promotion des musiques actuelles**, en 1998. L’idée est toujours de mixer les styles pour mélanger les publics. Le festival aura lieu le 21 juin pour la Fête de la musique. L’an dernier, nous étions sur le quai Ferry, avec une retransmission sur NC 1ère. Nous aimerions bien rester sur ce site ou jouer sur la place des Cocotiers, parce que l'un et l'autre drainent un public familial qui n’est pas simple à faire venir en salle.

BIO EXPRESS > Christophe Ventoume est né le 10 mai 1970, d’un « papa caldoche et d’une maman de Lifou ». > À Lyon, il suit des études de géographie et monte le groupe de kaneka fusion Tchimado, avec d’autres étudiants calédoniens. > En 1993, il entre à la mairie de Nouméa comme animateur socio-éducatif et s’attèle à la création des maisons de musique. > ll est aujourd’hui directeur du café musique le Mouv’, qui a ouvert en 2001 à Rivière-Salée, le quartier où il a grandi.

* Le vol. 1 de Prémices est sorti en 2008. On y retrouve des groupes et des chanteurs de tout horizon comme, Sumaele, Zool, Tévita ou encore Sénéty. ** Nom de l’association qui gère le Mouv’

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guitare, à la batterie, au piano et au chant. Nous avons également des cours collectifs. Maintenant, il nous faut passer à la vitesse supérieure. Il y a notamment un suivi des meilleurs éléments à peaufiner, tout en continuant à faire le travail de masse. L’idée est de réduire cet écart entre la façon de jouer dans les maisons de musique et le jeu sur scène. Mais ce n’est pas en baissant nos conditions de travail qu’on va y arriver. La musique est aujourd’hui l’activité culturelle numéro un. Il faut mobiliser davantage de moyens.


© Éric Dell'Erba

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Fiche pratique Se prEparer a l export PARTIR EN TOURNÉE EN MÉTROPOLE, EN EUROPE OU DANS LE PACIFIQUE NE S’IMPROVISE PAS. ENTRE LA PRÉPARATION DU VOYAGE, LE DÉROULEMENT DES SPECTACLES SUR PLACE ET LE BILAN DU RETOUR, CERTAINES ÉTAPES SONT CONSEILLÉES POUR TRANSFORMER L’ESSAI EN SUCCÈS. Par Aurélie Cornec

Construire le projet L’artiste ou le groupe doit avant tout bien roder son spectacle en Nouvelle-Calédonie et bénéficier d’une réelle expérience de scène afin de proposer au public extérieur un projet de qualité. Une fois cette étape maîtrisée, il faut trouver des dates. Cela implique de solliciter les réseaux de tourneurs selon le pays choisi et le contenu du spectacle. Plusieurs solutions sont envisageables : utiliser son propre réseau, demander conseil aux artistes déjà partis à l’étranger, se renseigner auprès du Poemart (ouvrages en consultation gratuite) ou encore contacter des associations qui organisent des festivals. L’idéal est d’envoyer une biographie à jour, accompagnée de photos, de vidéos et/ou de liens YouTube, voire Facebook. Le plus professionnel – et sans doute le plus efficace – reste de faire parvenir aux tourneurs et aux salles un dossier de presse bilingue en version numérique. Lors du montage du dossier, aucun aspect budgétaire ne doit être négligé : coût des transports sur place, hébergement, locations...

Financer le projet

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Partir pour plusieurs dates – au moins trois ou quatre représentations par pays – permet d’optimiser les retombées financières ainsi que sa visibilité. Il est possible de solliciter les provinces et la Coopération régionale (Gouvernement de la NouvelleCalédonie) – uniquement lors d'une tournée dans le Pacifique – pour obtenir des aides, sans oublier bien sûr le Poemart. Enfin, la Mission aux affaires culturelles (ministère de la Culture) peut aussi soutenir les tournées internationales des artistes calédoniens si ces dernières concernent des échanges avec la Métropole, le Pacifique et les pays ultra-marins.

Organiser le départ En raison des coûts de voyage élevés, l’idéal est de partir en formation réduite afin de rentabiliser le projet. Le conseil s’applique également aux instruments de musique et autre matériel. Bien se renseigner auprès des compagnies aériennes en ce qui concerne le poids des bagages autorisé et surtout le montant des franchises en cas de dépassement. Selon le pays de destination, les compagnies peuvent exiger que tous les instruments soient ignifugés, traités contre les parasites, etc. Le listing de chaque instrument et matériel nécessaires au bon déroulement du spectacle doit être minutieux. La fiche technique, rédigée en français et en anglais si besoin, doit répertorier tout le matériel apporté par les artistes eux-mêmes et tout ce dont ils auront besoin sur place. Il est important de contacter le régisseur de tous les lieux qui accueillent la tournée. Penser à apporter suffisamment de matériel de rechange (comme des cordes de guitare) peut éviter de nombreuses déconvenues. Une fiche technique pour les éclairages sera aussi demandée si un “plan feu” précis est prévu pour le spectacle.

Sur place Profitez de chaque moment, mais pensez aussi à poster des photos et des vidéos sur la toile, pour promouvoir votre aventure et impliquer un maximum le public calédonien qui vous suit. Pensez déjà à votre prochaine tournée et échangez un maximum avec les professionnels et les autres artistes pour étoffer votre carnet d’adresses.

Dresser un bilan Lors du retour, un compte-rendu peut être remis aux institutions qui ont participé au financement du projet, afin d’obtenir de nouvelles aides à l’avenir.

L’INFO EN +

Pour plus d’informations et de conseils, contacter le Poemart : Site : www.poemart.nc Mail : contact@poemart.nc


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ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

UN ARCHIPEL D’EXCEPTION


p. 46

Critiques m on Air usique

Endemix a sorti sa chaîne et ses enceintes pour écouter les nouveautés du marché musical calédonien. Verdict ?

A

mélodique et puissant, balisés par de glorieux aînés comme Pink Floyd ou Pearl Jam, le groupe séduit par la cohérence de son univers. Peutêtre faut-il chercher les raisons de cette maturité dans l'expérience antérieure de tous les membres du groupe : Thierry Maillot, Gilbert Séliman à la basse et Patrick Eriale, incisif à la batterie (qui officiaient ensemble dans Shotgun), Fred Mazoyer à la guitare (ancien Ashtray) et Jérôme Goffin au clavier. L'alchimie opère comme avec la présence marquante des chœurs dans certains morceaux. Le travail est visible ; les arrangements ont été peaufinés aux studios Lab Recording d'Auckland. Avec Close Connection et ses refrains entêtants, le groupe livre là un nouveau gage de la qualité de la scène rock calédonienne. Par Sylvain Derne

e vous parle d'un temps que les plus de 30 ans auront peut-être connu... C'était à la fin des années 70, le kaneka n'existait pas encore en tant que style musical, mais un jeune groupe originaire de Maré, Les Solitaires de Wanéé, enregistre une cassette de folk mélanésien (lire le portrait du groupe p. 19). Parmi ses membres, Moïse Wadra, l'un des futurs initiateurs du mouvement kaneka. Avec un parrain de cette trempe, et des musiciens-compositeurs qui gravitent autour de Celenod (à l'instar de Gutacene Wadra ou Georges Nemia), le retour des Solitaires en 2014 promettait des sensations de haut vol... Défi relevé ! Servies par une virtuosité tant instrumentale que vocale, les mélodies façonnent un album subtil – enregistré au studio Skarabée. On retrouve les arpèges rapides à la guitare qui contribuent au « son Celenod » de l’opus.

Le travail choral, alternant voix féminines et masculines, est remarquable tout au long des dix morceaux – citons le très entraînant « La Nengoce », les magnifiques refrains de « Hnoresa » ou l'introduction envoûtante de « Ma puzelu ore ten ore aw ». Les textes, majoritairement en nengone, évoquent notamment la religion mais aussi des problématiques sociétales, parfois liées au district de Guahma dont sont originaires les musiciens – qui se succèdent tous au chant. Mais quelques incursions en français, comme sur les morceaux « Lolan » ou « Wanéé », apportent un réel plus. Avec un album de cette qualité, il faudrait peut-être simplement prévenir les Solitaires que de nombreux fans risquent de troubler leur retraite ! Par Sylvain Derne

DARLING & Co

CLOSE CONNECTION

peine plus de deux ans après sa formation, Darling & Co nous balance un sacré électrochoc, de quoi recharger les batteries grâce à ces six compositions qui oscillent entre la noirceur et la fougue. Close Connection est un premier E.P. plein de maîtrise, tout comme la voix contrastée du chanteur Thierry Maillot aka « Pinpin ». Il évoque principalement en anglais les éléments naturels (la grosse vague sur l'explosif « Massive Day ! »), les relations humaines (« Black Label »), les questions liées à l'avenir de l'humanité (« Wrong Lines »). De rares couplets en français permettent de donner plus de relief à certains messages. Explorant les territoires voisins d'un rock parfois psyché et d'un métal

LES SOLITAIRES DE WANÉÉ

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J


p. 47 Critiques

CHERRYL PETERS Che.p

BLUE HAU KA JE HINYEN

Le tutoiement sert tantôt au réquisitoire (« Confiance », et surtout « Une seule voie », particulièrement cinglant), tantôt au témoignage d'affection (« Si tu veux », « Entre nous »). Ce dernier morceau fait partie des belles réussites instrumentales que compte l'album, grâce sans doute à l’originalité des instruments proposés, à savoir le banjo et l’harmonica. Tandis que « la chanson de Gaby » nous emporte sur la route en empruntant ses codes au reggae et au rock, « Here with you », dont le refrain rappelle la verve des so british Kinks et reste en mémoire, se démarque par son rythme enlevé. Il faut enfin noter la présence discrète

L

e groupe Blue Hau, qui fédère trois générations de musiciens, tire son nom des couleurs (bleu et blanc) de la tribu de Wadrilla sur l'île d'Ouvéa, dont il est originaire. La conception d'une musique pratiquée dans le contexte communautaire, reposant sur des chœurs omniprésents et un effectif important d'une quinzaine de membres, nourrit les différents albums de la formation. Ka je hinyen (ce titre célèbre la femme), comme ses deux prédécesseurs, a été concocté en autoproduction. Blue Hau reste attaché à son leitmotiv initial : souffler sur les braises d'un folk mélanésien que les vents des années 1990 et 2000 ont quelque peu éteintes. D'où cette référence constante aux champions du genre, Bethela, et à la trame mélodique et rythmique

et subtile des voix qui accompagnent Cherryl, l'un des points forts de l'opus. Malgré tout, Che.p laisse un peu sur sa faim, les thèmes parfois trop personnels de la chanteuse ne nous permettent pas de nous retrouver dans ses chansons. Par Sylvain Derne

assurée par les guitares et le ukulélé. Les chants, empreints d'une nostalgie caractéristique, évoquent la religion, le quotidien tribal ou l'avenir de la société. Bien qu’agréable à l’écoute, ce nouvel album semble malheureusement pécher par une certaine difficulté à renouveler ses propositions musicales. À certains moments les refrains en deviennent parfois monotones, emportés par une orchestration-fleuve qui aurait peut-être mérité un peu plus de concision. En revanche, des morceaux comme « Batehnyinyöng » ou « Christ mon sauveur » bonifient cet album, dès lors que des motifs mélodiques comme ceux d'une guitare électrique aux slides parfois hawaïens ou des refrains aux intonations différentes nous surprennent les tympans. Par Sylvain Derne

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D

ix ans après la sortie du très remarqué Libellule, Cherryl Peters propose enfin un nouvel album, Che.p, le deuxième de sa courte discographie solo. Se voulant moins dépouillé que le précédent, mais par contre plus instrumental, il reste dans la continuité d'une formule chère à Cherryl : chansons « à texte » souvent en français, parfois en anglais, portées par des guitares aux accents folk... L'auditeur est guidé dans le jardin secret de la chanteuse ; neuf titres (dont une reprise vocale de « Si tu veux ») déclenchent la catharsis d'une foule de sentiments aigres-doux.


p. 48 Critique

l

Le notou a encore frappé !

ittérature

Par Virginie Soula

Du bout de sa plume, il nous envoie (oui à nous, petits et grands) un très joli conte d'ici avec Le Secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo.

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se délectent de cette façon qu'a Yannick Prigent de tourner en dérision le classicisme même du conte.

Plumes colorées Et le notou a plus d'une plume dans son sac pour nous faire aimer cet album : un joli format, une maquette soignée pour un livre résolument contemporain. L'ouvrage présente une belle série d'illustrations réalisées en technique mixte. Dominique Berton, mêlant, entre autres, des collages, des pochoirs et des tampons à la peinture, donne à ses dessins la juste dose de modernité dans son évocation des traditions picturales océaniennes. Autre très belle trouvaille de l’illustratrice : l'insertion de cartes géographiques et topographiques dans ses collages semble, à y regarder de plus près, particulièrement symbolique car l'histoire est bien, au final, celle d'un voyage, d'une migration à travers l'océan Pacifique.

L’INFO EN +

Le Secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo a été sélectionné dans le cadre du “contrat lectures” organisé par la Fête du livre et de la lecture des Îles Loyauté, pour promouvoir la littérature jeunesse calédonienne dans une cinquantaine d'écoles.

Vous l'aurez compris, des contes comme celuici, on en voudrait tous les jours pour le plaisir de lire, de rire, de s'instruire, mais aussi de rêver aux princesses océaniennes, aux pirogues portées par des bancs de poissons volants, aux temps anciens où les anguilles du lac Lopolopo n'étaient pas aveugles.

Des contes comme celui-ci, on en voudrait tous les jours pour le plaisir de lire, de rire, de s'instruire...

Le Secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo de Yannick Prigent (texte) et Dominique Berton (illustrations) aux Éditions Plume de notou.

© Editions Plume de notou

C

onte océanien mais contemporain, l'histoire est une re-création « librement inspirée de trois légendes anciennes : celle de la pirogue de Lomipeau, celle des anguilles du lac Lalo Lalo et celle de l'arrivée des premiers Polynésiens sur l'île d'Ouvéa ». Certes, les puristes des mythologies océaniennes pourraient crier au scandale mais, si cette démarche est assez originale en NouvelleCalédonie, elle ne l'est pas tant en matière de littérature jeunesse. Et ça fonctionne ! À merveille même, car tous les ingrédients pour faire un conte sont réunis : un royaume de l'océan Pacifique peuplé « d'hommes gigantesques aux corps bleuis de signes mystérieux », un roi toutpuissant, une princesse dont, bien entendu, la beauté n'a d'égale que l’espièglerie, un interdittabou-tapu et des anguilles, fées océaniennes du lac Lopolopo. L'intrigue est classique mais efficace, servie par la plume, non pas du notou cette fois, mais bien de Yannick Prigent (à qui on devait déjà La Petite tresseuse kanak et L'origine des lignes de la main). L'auteur confirme avec cet ouvrage son talent d'écrivain pour la jeunesse. Les lecteurs découvrent avec plaisir l’histoire d’Asipapasavesa (dites-le à haute voix pour sourire), la jolie princesse d’Uvuvéa-en-haut et


ENDEMIX n掳 07 juin - juillet - ao没t 2014


p. 50 Critique

Allée Roland simpleRossero

l

ittérature

de

Par Stéphane Camille

De temps en temps

Il n’y a pas que les sorciers qui peuvent remonter le temps. Il y a aussi les historiens, les archéologues, les médecins légistes... Mais vivre à l’envers, depuis le futur vers le passé, seuls les grands sorciers en sont capables. Et les écrivains.

M

ême les héros, tel Orphée, ne parviennent pas à réécrire l’histoire. Celui du roman de Roland Rossero est un Orphée moderne, brouillon, têtu, postchrétien. Il va retourner, en Nouvelle-Zélande, chercher son Eurydice océanienne à plusieurs reprises, la perdre et la reperdre ad nauseam, revivre la douleur, jusqu’à ce que... Le lecteur découvrira. En tout cas, les voix de la mythologie “rosserienne” sont pénétrables.

À rebours Voilà trois livres désormais que l’auteur s’égare avec délectation dans le labyrinthe du temps, mais aussi avec une sourde angoisse : celle de l’oubli, celle qui nous étreint lorsque, brusquement frappés par un éclair de conscience, nous réalisons l’insignifiance de notre passage sur terre, la fugacité des souvenirs, fussent-ils les meilleurs. L’angoisse aussi de l’Alzheimer, qui frappe les gens âgés.

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Course folle Aux strates temporelles correspond d’ailleurs la multiplicité des voix dans ses romans. Dans Allée simple, la narration se partage entre un conteur non identifié, les deux personnages principaux – Christophe le Calédonien et Angela la métisse maorie via leurs carnet et journal respectifs – et une énigmatique intervention (sous forme de plusieurs chapitres) nommée “Flash”. Des flashs qui semblent traduire directement le sentiment et les hésitations de l’auteur, de l’homme derrière l’auteur lui-même. Éclairs d’inspiration,

au sens dionysiaque du terme, ils dévoilent un peu maladroitement le tâtonnement fébrile, la mécanique fragile, le labeur suant qu’est l’écriture dans ses coulisses, en des moments du récit où, malgré une entrée en matière laborieuse (par rapport à Nomade’s Land, par exemple), on est bien installé dans la grande salle de bal où valsent les époques et les personnages. Ce n’est pas pour autant qu’on se lassera de poursuivre Angela vu que, à ce stade, on est déjà au moins aussi amoureux d’elle que Christopher, capable de descendre dans une tombe et d’affronter ses pires démons pour tenter de la ressusciter.

Jeux littéraires

Côté style, il ne faut pas s’attendre à une révolution, mais plutôt à un accompagnement. L’auteur s’appuie autant sur le lecteur que l’inverse. Un style prudent. Agréable une fois qu’on en a perçu le rythme pas évident. Aucunement fanfaron et pas tapageur. Cette louable sobriété se voit cependant régulièrement mise à mal par le péché capital de Roland, l’irremplaçable chroniqueur culturel que les lecteurs de la presse calédonienne connaissent bien sous le pseudonyme de Rolross : l’amour du jeu de mots et de la contrepèterie, où il excelle. On en aura compté près de vingt dans ce roman, en plus du titre principal et des titres de chapitre. Dans des atmosphères de deuil et de regret, ces jeux d’esprit tombent comme des cheveux sur la soupe. Allée simple de Roland Rossero, Édition Noir au Blanc


juin

juillet

ns ir de 14 a

ThéâTre à part

ThéâTre classique

L’impromptu de VersaiLLes pas de mariage, un enterrement par La

de moLière par La Cie de L’arChipeL

7 et 8 juin - 18h

ThéâTre d’ombre/marionneTTe

à partir de 3 ans

La Caresse du Vent

Compagnie Les argonautes du paCiFique

4 juillet - 20h • 5 juillet - 18h au petit théâtre ThéâTre

août

ThéâTre à partir de

Free woman show ii par numa et Cie

31 juillet - 20h • 1er août - 20h • 2 août - 18h ThéâTre d’ombre/marionneTTe

hôteL paradizio par La Cie

musique blues/jazz

11 juillet - 20h • 12 et 13 juillet - 18h

musique

par L’assoCiation amJ BeCa

i and i & shaman duB

7 et 14 juin - 15h et 18h au petit théâtre

FamiLie FLÖz une produCtion Cie du CaméLéon

BLues up FestiVaL 2014

musique reggae

13 juin - 20h • 14 et 15 juin - 18h

18 juillet - 20h

ThéâTre conTe

par La Cie FamiLie FLÖz une produCtion Cie du CaméLéon

de La Cie FariBoLe

hôteL paradizio 27 juin - 20h • 28 et 29 juin - 18h

e 3 ans

à partir d

ThéâTre

Le Voyage de sourikiki 18 juillet - 18h • 19 juillet - 15h et 18h au petit théâtre

à partir de 3 ans

BroCant’art de La Compagnie

mik-mak théâtre

de La Compagnie mik-mak théâtre

12 ans

8 août - 18h • 9 août - 15h et 18h au petit théâtre

Chœur gospeL 8 août - 20h musique

hommage à serge gainsBourg 14 août - 20h • 15 août - 20h

musique rock/alTernaTive/méTal

mont-dore roCk FestiVaL

25 juillet - 20h • 26 juillet - 18h

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

Renseignements : 41 90 90


p. 52 Critique

t

La Fete ^ des fous à lier Les Calédoniens manquent-ils d’humour ?

héâtre

Par Virginie Soula

La question se pose lorsqu’au deuxième soir de la Fête des fous à lier, programmée au centre d’Art, on compte à peine plus d'une trentaine de spectateurs ! Pourtant le programme est assez alléchant, présentant lors d’une même soirée (c’est à souligner) une création locale avec le Cabaret des fous à lier et un spectacle d’Arnaud Aymard, artiste venu de Métropole qui a travaillé aux côtés d’Edouard Baer et de François Rollin (rien que ça).

Premier degré s’abstenir Allez ! C'était juste pour rire ! Mais les Calédoniens semblent encore bien trop timides alors qu'il s'agit simplement de rire et de soutenir la création humoristique locale. Car à l’origine de cette fête, on

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Il faut s’autoriser à rire de tout, à rire de rien et même peut-être à mourir de rire

La fête des fous à lier a réuni des artistes de tous bords, comme Erwan Botrel, Marithé Siwene, Dominique Jean et Kydam.

doit aussi à Sylvain Lorgnier une belle initiative : « Lâchezvous ! », un concours d’écriture lancé en 2013 pour recueillir des textes décalés ou irrévérencieux sur des thèmes de société et, peut-être soyons fous, faire émerger de nouveaux auteurs calédoniens. Le pari est relevé puisque plus de cinquante textes ont concouru. La compagnie des Artgonautes du Pacifique présente donc les quatorze meilleurs sur scène, se prêtant au jeu au maximum jusqu’à transformer le Cabaret des fous à lier prévu à l’origine en « Cas barrés des fous à lier ».

Compagnie facétieuse L’irrévérence est poussée au maximum et le spectateur est mis immédiatement dans l’ambiance car les comédiens font du bruit en coulisse l’air de rien, se font rappeler à l’ordre par le metteur en scène pour enchaîner les saynètes et installer les décors. Astucieuse mise en scène pour créer du liant entre les sketches dont les textes sont, malgré tout, assez inégaux. Écueil vite oublié car nous savons bien qu’il s’agit là de jeunes plumes, peut-être même de premiers textes dont il faut quand même saluer l’audace. Vite oublié encore car les comédiens sont à la hauteur du défi lancé par Sylvain Lorgnier, donnant vie aux textes avec beaucoup de drôlerie. Il y a donc de l’humour en Calédonie ! Mais il faut, à l’instar de cette joyeuse troupe, le cultiver et s’autoriser à rire de tout, à rire de rien et même peut-être à mourir de rire.

© NiKo VinCent

Q

uoi de mieux donc pour fêter l’humour décalé, faire la part belle à l’irrévérence ? Des fous et un fou ! D’autant que Sylvain Lorgnier, grand manitou de cette opération, et les Artgonautes du Pacifique ont plus d’un tour dans leur sac : des vidéos déjantées, un plaidoyer hilarant pour organiser un concours de fusillades le 1er mai, des jeux (« Qui est-ce qui a dit ? », « Allez jusqu’au bout !! » ou « Qui qui parle ? ») pour réviser vos classiques de bons mots ou de répliques qui tuent : du Coluche, du Desproges, en veux-tu en voilà, et tout cela sur un air de Brassens, de Didier Super ou de Boby Lapointe.


INSCRIPTION AU PRIX « SPÉCIAL EXPORT » Maison de la Nouvelle-Calédonie / Mairie de Paris Cette fiche d’inscription doit être remplie en LETTRES CAPITALES et retournée accompagnée de : - 8 titres maximum sur CD ou clé USB avec le nom du groupe et les titres des morceaux - Une biographie - Une photo du groupe - Un plan de scène - Une fiche technique

A RENVOYER IMPÉRATIVEMENT AVANT LE 31JUILLET POEMART 27, avenue de Sébastopol Boîte aux lettres n° 310 – Immeuble Le Central – 3ème étage 98 800 Nouméa (tel : 282.074)

SACENC 16, rue de l’Alma 98 853 Nouméa (tel : 263.264)

Nom du groupe : …………………………………………Date de création : ....…………………………... Nom et prénom du responsable : …………………………………………………………………………… Les membres participants du groupe :……………………………………………………………………… ………………………………………………………. ………………………………………………………… …………………………………………………………………………………….………………………..... Style musical : ………………………………………………………………………………………………... Discographie : ………………………………………………………………………………………........… ………………………………………………………………………………………………………………… Distribution : ……………………………… Production : …………………………………………………… …………………………………….…………………………………………………………………………... Les quinze dernières dates de concert : …………………………………………………….........……… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………….........……………………………………….………………………………………………… …………………..……………………………………………………………………………………………… ………………… ……………………………………………………………………………………………… N° de tel : ……………………… Adresse mail :…………………………………………………………… Site internet : ………………………………………………………………………………………………… J’ai lu et j’accepte le règlement du concours (disponible sur www.poemart.nc) …………………………………………au prix « SPÉCIAL EXPORT » organisé par le Poemart. Date Signature

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

Je soussigné(e) …………………………………………………… inscrit mon groupe


e

xposition

Kanak,

l Art est une Parole Émouvants objets voyageurs Par Frédérique de Jode

Après son succès parisien, l'exposition Kanak, l'Art est une Parole a pris ses quartiers à Nouméa pour trois mois. Manifestation très attendue, elle a su refléter la richesse du patrimoine kanak à travers ses cent soixante pièces.

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

L'

événement a fait grand bruit à Paris où trois cents objets exceptionnels ont été présentés au musée du quai Branly. Le fruit d'un travail minutieux de recherche et d’inventaire du patrimoine kanak dispersé entrepris dans les musées français et européens par les deux commissaires de l'exposition, Emmanuel Kasarhérou et Roger Boulay. À Nouméa, il ne s'agit pas de faire un copier-coller de l'exposition parisienne ; mais au contraire de s'imprégner de l'espace muséal du centre culturel Tjibaou afin de souligner la puissance des objets. Ici, la scénographie se divise en trois parties pour recevoir cent soixante pièces. Certes, il s’agit de la moitié des œuvres visibles à Paris, mais heureusement, les plus remarquables ont voyagé jusqu'à leur terre première.

Deux visions Lorsque l'on pénètre dans la salle Beretara consacrée aux Reflets et visages,

c’est une douzaine d'impressionnants chambranles du XIXe siècle – témoins de la présence des défunts parmi les vivants – qui nous accueillent au son d'une flûte ancienne. Des visages sereins qui invitent au recueillement. Presque sans transition, on est confronté à la vision des Occidentaux du monde kanak. Ko mèè, le reflet. Gravures, dessins, photographies prises lors de l'exposition universelle de Paris. Des représentations stéréotypées et dévalorisantes alimentant l'imaginaire de la France coloniale qui tranchent avec la présence forte d’œuvres d'art kanak anciennes, comme cette hache ostensoir d'une finesse parfaite de la région de Pouébo. La deuxième partie de l'exposition nous plonge, elle, dans cet épisode sanglant de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie : la grande révolte kanak de 1878 menée par Ataï, le grand chef de Komalé. Là aussi, deux regards portés sur une même réalité : celui du colonisateur et celui du peuple colonisé.

Remarquable Le parcours se poursuit dans la salle Komwi, “la maison des richesses” où l'univers de la culture kanak se déploie véritablement sous nos yeux. Une remarquable réunion d'objets usuels et rituels qui prennent sens par la parole et dévoilent leur dimension immatérielle et spirituelle. Des haches ostensoirs à lame de jade, des têtes de monnaie, des masques cérémoniels saisissants, des massues, des casse-têtes, des sagaies témoignent d'une grande variété d'expression artistique. Une coiffe de guerre rare prêtée par le Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle interpelle par son esthétisme. Tout comme cette belle collection de flèches faîtières, sculptures ô combien majestueuses dont certaines proviennent du musée de Bâle. On quitte l'exposition imprégné par la portée symbolique de ces œuvres, par la présence de ces « objets voyageurs » selon l'expression chère à Jean-Marie Tjibaou, venus se régénérer sur leur terre d'origine.

UNE SALLE DES MÉCÈNES

La case Bwenaado est dédiée aux mécènes principaux de l’exposition : le groupe Eramet, la Société Le Nickel, ainsi que la Fondation BNP Paribas qui a en particulier contribué à la restauration de douze masques anciens, dont certains exposés au centre culturel Tjibaou. Un film et des illustrations retracent le travail de restauration.

©ADCK-CCT, photogr. Marc Le Chélard

Critiques

p. 54

Lors du vernissage de l’exposition le 15 mars, les invités ont pu découvrir des pièces présentées pour la première fois en Nouvelle-Calédonie.


p. 55

xposition

« Vous êtes propriétaires : la ville et ses territoires » © centre d’Art

Par Virginie Soula

Critiques

e

Nouméens, Nouméennes, vous êtes propriétaires, sans le savoir peutêtre… d’un fonds d’œuvres d’art. Alors, emparez-vous en !

De l’art et de la construction Autre belle idée du commissariat d’exposition : l’implication de professionnels de l’urbanisme car il s’agit bien entendu d’évoquer la ville, l’évolution de ses territoires et de ses aménagements, à travers l’art. Urbanistes, géographes des services d’aménagements publics ou architectes ont été invités à commenter plusieurs toiles. Si l’initiative est intéressante, on regrette cependant que certaines explications mais aussi quelques indications sur les personnes impliquées manquent de clarté.

Un beau patrimoine La variété des œuvres exposées impressionne et laisse présager de la richesse et de la variété du fonds d’art municipal. D’une lithographie de Paul Mascart, datant de 1935 et représentant les flamboyants de la place des Cocotiers, on passe à « Une œuvre du centre-ville », peinture numérique sur toile de 2013 de Kim Seung Taek, qui donne à voir le bric-àbrac des bâtiments de la rue Foch. Au milieu de ce grand écart pictural, on se délecte de retrouver un si beau panel de points de vue sur la capitale.

on, il ne s’agit pas là de l’extrait d’un des discours politiques remâchés à longueur de meetings, de JT ou autres débats médiatiques, pendant la campagne des élections municipales ! Il s’agit avant tout d’art et de culture. De politique un peu malgré tout, car l’existence d’un fonds d’art appartenant à la ville de Nouméa résulte bien d’une “politique d’acquisition” menée depuis de nombreuses années. Et c’est bien la richesse de ce fonds que le centre d’Art nous laisse entrapercevoir avec l’exposition Vous êtes propriétaires. Dix-sept œuvres sont exposées sur les deux cents que compte la collection de la mairie pour cette préfiguration du 160e anniversaire de la ville. Espérons alors que le service culturel de la ville de Nouméa nous donnera à en voir davantage à partir de ce mois de juin, lors des célébrations autour de la fondation de la capitale. Cette sélection, proposée entre mars et mai, nous a mis l’eau à la bouche.

Nouméa sous toutes les coutures Détails de trottoir usé, de portail ordinaire devant lesquels on passe sans s’arrêter, ou Nouméa vue du ciel, aquarelles, huiles sur toile ou technique mixte, les artistes nous livrent leur point de vue sur la ville, qu’il soit réaliste, naïf, abstrait ou futuriste. Impossible pour nous de les citer tous et encore moins de décrire leurs œuvres, mais la composition de l’exposition est extrêmement juste et représentative à double titre. D’abord parce qu’elle constitue un bel aperçu (bien que limité) de l’art contemporain calédonien, mais aussi dans ce qu’elle révèle de Nouméa, ville contrastée, en mutation, où tout tourne autour du nickel (et notamment une série de toiles de Franck Fay, de Stéphane Foucaud et de Johannes Wahono), où l’on rêve désormais d’une usine verte et de fumées de pétales de roses. ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

Johannes Wahono fait partie de ces artistes qui produisent des œuvres qui interpellent le public, notamment avec cette rêverie de « Doniambo écolo ».


p. 56

Métier

Manné

© Théo Rouby

Cathie

Agent du livre

Par Théo Rouby

Cathie a rejoint l'aventure Grain de sable en 1994, avant de fonder sa propre société de distribution, en 2001.

« Il faut que les gens lisent calédonien, qu'ils s'approprient les livres du pays. » Le mantra de Cathie Manné résonne dans le cœur de tous les acteurs de la filière littérature. Cette passionnée de lecture a réussi un pari un peu fou : lancer sa propre société de distribution littéraire, Book’in, en 2001. Rencontre avec une chef d’entreprise pugnace et téméraire.

N

i auteure, ni éditrice, Cathie Manné joue pourtant un rôle fondamental dans le petit monde de la littérature calédonienne : celui de trouver un public aux livres. « Pour les vendre, il faut que l'auteur ait produit un bon texte, que l'éditeur ait su le mettre en valeur, mais il faut aussi une bonne médiation », estime la fondatrice de Book'in, diffuseur spécialisé dans les ouvrages du pays. Présenter le contenu des nouveautés aux libraires ou aux bibliothèques, raconter les auteurs et leur démarche pour leur donner une petite chance dans les rayonnages face aux pointures internationales, voilà l'important travail de médiation de Cathie. Un boulot de VRP du livre, animé par la libre circulation des idées.

Défendre le livre, c'est participer à la construction de l'identité et de la culture du pays ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

Les différentes couvertures du métier Une bonne partie du métier consiste à faire tourner les stocks qui s'empilent dans le dock ou à tenir la comptabilité. Un travail « très pragmatique » qui s'accommode à merveille avec sa maîtrise de gestion et de développement marketing. À cette aptitude commerciale s’ajoute son amour invétéré pour la lecture. « Je ne pourrais pas vendre du camembert à la place », souligne Cathie. Arrivée dans le monde littéraire en 1994, elle prend part à la création de la maison d’édition Grain de sable,

avant de se lancer en solo avec Book’in. « J'ai l'impression qu'il y a un sens dans ce métier. Défendre le livre, c'est participer à la construction de la culture du pays. » Pour cette même raison, la distributrice met un point d'honneur à promouvoir l'un des derniers produits du moment : Kaneka, musique en mouvement*. « La publication du premier ouvrage qui traite de musique calédonienne, c'est un événement », se réjouit-elle. Et toutes les causes sont bonnes à défendre, pourvu qu’elles soient locales. Son catalogue distribue ainsi Plume de notou pour la jeunesse, Île de lumière pour les ouvrages historiques, Madrépores pour la littérature, ainsi que quelques éditions d'auteurs, comme Photosynthèse du botaniste Bernard Suprin. Sans compter toutes les maisons qui traitent du Pacifique (Au vent des îles, L'Harmattan…).

Local à tout prix Quant aux grosses machines commerciales, elle les laisse volontiers à Hachette. Depuis la création de Book'in en 2001, elle note une augmentation constante de son chiffre d'affaires. Les ouvrages jeunesse se vendent de mieux en mieux. Mais le petit marché local reste difficile à convertir, notamment dans le domaine du roman. Les Chroniques de la mauvaise herbe de Vincent Vuibert font office de best-seller... avec environ 1 000 exemplaires vendus l'an dernier. Le lectorat est encore trop peu nombreux pour faire vivre durablement une filière du livre calédonien, selon Cathie Manné. Pour preuve : Grain de sable a fermé en 2013 et la librairie Montaigne il y a deux ans. Alors la commerciale n'est pas prête à vendre sa fibre militante. * Kaneka, musique en mouvement, édité par le Pôle d'export de la musique et des arts (Poemart) et l'Association pour le développement de la culture kanak (ADCK).


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LE cri du cagou présente... Les membres du Cri du Cagou se sont emparés d’une page d’Endemix pour parler, à chaque numéro, d’un thème qui leur tient à cœur.

Le

vent

Ô

vent, surprends nos tôles. Quand Le Cri du Cagou choisit le vent comme thème d'inspiration, les mots s'envolent comme les tôles pendant les cyclones.

Si peu de mots nous sont parvenus, les images, elles, ont traversé les océans du numérique pour se poser sur cette page de papier glacé. Le vent est tantôt synonyme de malheur, tantôt porteur d'espoir et de découverte, et nous pouvons le saisir à l'instar de nos vieux, l'usant pour traverser les océans.

Retrouvez les jeux sur le Cri du Cagou : www.lecriducagou.org

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

© Virginie Kleitz

© Nancy K

Mais quel bon vent vous amène ? Aquilon ? Autan ? Brise ? Zéphyr ? La réponse en un souffle, l'alizé n’est plus seul à faire frémir les lecteurs du Cri…


© BB4

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PARCOURS

m

BB4, production

Dernier venu dans le studio de BB4, Landry pour l’enregistrement de son EP Amor, au début de l’année.

usique

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

E

n 2009, deux cousins, Robert Kakue et Neil Bolo, alors étudiants en Métropole, postent en dilettante quelques compositions instrumentales sur les réseaux sociaux. Par la magie de la fibre optique, la Calédonie reçoit leurs ondes, une nouvelle vibe venue du Cap Vert et du Portugal. Mordus de zouk et de kizomba, les deux beatmakers composent et produisent des arrangements au rythme lent, languissant, teinté de Rn’B. « On a commencé pour le plaisir, et on s’est aperçu que les artistes locaux étaient curieux de ces mélodies d’ailleurs », se rappelle Robert Kakue. De retour au pays en 2011, il est contacté par le rappeur Doshkilla qui lui propose un featuring sur son titre « Sava être sale ». Les cousins entrent alors dans la cour des grands…

De l’amateur au pro Les collaborations s’enchaînent : Dyna, RastaVinz’, Waawinina… Les jeunes artistes hip-hop, rap et Rn’B de l’île se retrouvent chez BB4. En guise de QG,

Les cousins se font label

Il y a comme un goût d’Antilles en Calédonie. Comme une ambiance zouk love, un coupé-décalé dans l’air… En cherchant bien, on trouve le responsable de cette intrusion du collé-serré en terre de kaneka : le prometteur label BB4. Entre compos électroniques et kizomba, la jeune production fait chavirer le Caillou. Par Claire Thiebaut Robert ouvre et insonorise sa maison. « De plus en plus de monde venait nous voir. On a commencé à travailler le soir car la journée, on a nos “vrais” boulots. » En 2012, les cousins réunissent un collectif d’artistes calédoniens et enregistrent leur premier album, Vybz collect. Première réalisation qui marque le lancement officiel du label.

L’exception acoustique Si BB4 compose principalement avec l'aide d'un ordinateur, il n'oublie pas pour autant les instruments... « Pour ne pas perdre la réalité dans des créations totalement virtuelles, on intercale des mélodies réelles, enregistrées à la guitare ou sur de petites percussions, qui rajoutent une touche acoustique et adoucissent les sons trop mécaniques de l’ordinateur. » C’est plus de travail, car il faut composer et enregistrer, mais le résultat en vaut la peine.

La Calédonie et au-delà « On veut mélanger nos sons ! » La force du label, ce sont ces partages

avec les artistes de Calédonie et d’ailleurs. Toujours sur le Net, le groupe néerlandais KP2Music repère les beats de BB4 et lui propose une collaboration. Belle opportunité pour la jeune formation calédonienne qui aimerait se lancer en Europe. « Ils sont déjà connus, grâce à leur titre “Nakupenda”. Travailler avec eux ne peut être que bénéfique pour nous. On leur a aussi proposé un projet de clip qu’on pourrait tourner en Métropole ou aux Pays-Bas, ou carrément au pays pour boucler la boucle de notre coopération.»

UN DREHU AMÉRICANISÉ

On est tenté de prononcer les noms des labels de beatmaker en anglais. Pourtant, le tout premier sens de BB4 vient de Lifou. « Le 4 fait d’abord référence au suffixe qatr en drehu, qu’on applique au prénom d’une personne âgée en général, dont on souligne la sagesse. » En opposition avec cette maturité, BB symbolise la jeunesse des créateurs. « Mais comme on travaille avec beaucoup d’anglophones, ils posent leur accent sur notre BBqatr qui devient ainsi BBfour ! »


Par Aurélie Cornec

A

près trois ans d’interminables travaux, le public a pu enfin découvrir le centre culturel de Dumbéa dans sa nouvelle version lors de la journée portes ouvertes du 5 avril 2014. Une salle de spectacle à vocations multiples et un conservatoire entièrement rénové font partie des grandes nouveautés du lieu. « La salle dispose d’une scène modulable et l'espace peut recevoir au maximum 240 personnes assises », précise Sébastien Holdrinet, chef du service Culture et Fêtes de la commune.

© NiKo VinCent

Dumbéa

CENTRE CULTUREL de

Après l’ouverture de la Villa des arts en 2013, Dumbéa était ravi de présenter son nouveau centre culturel, le 5 avril dernier. Une inauguration attendue par tous les habitants qui promet une belle année de programmation artistique.

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Lieu

Ouverte depuis 2013, la Villa des arts est dédiée aux arts plastiques et propose de nombreuses expositions ainsi que des résidences d’artistes.

compte aujourd’hui cinq salles insonorisées. Cette rénovation permet – en plus de l’amélioration évidente du confort – d’accueillir plus d’élèves au cours de l’année.

Une programmation outdoor* Même si Dumbéa possède désormais un lieu physique pour faire vivre l’art, pas question de mettre en berne « notre vocation d’externalisation. Nous continuons par exemple à proposer des concerts ou des séances de cinéma dans les quartiers. Il s’agit de donner envie au public de s’intéresser à la programmation ou tout simplement d’aller à la rencontre de personnes qui ne viendront jamais au centre ». D’ici 2015, le réaménagement du centre devrait être finalisé, avec l’agrandissement du parking et l’installation de la billetterie et de l’accueil. « Ces différents dispositifs poursuivent le même objectif : inscrire le centre dans une démarche de proximité avec la population », conclut Sébastien Holdrinet. * Hors les murs

La proximité avant tout

L’AGENDA DU CENTRE

- 21 juin, 9 août et 25 octobre : cafés concerts (musique) - 28 juin : Histoire de fable (danse) - 4 et 5 juillet : Le plus beau jour du reste de ma vie (humour) - 2 août : Pas de mariage et un enterrement (théâtre) - 14 août : Là et rien (cirque) - 29 et 30 août : La perruche et le poulet (théâtre enfant) - 5 et 6 septembre : concert découverte de groupes dumbéens (musique) - 13 septembre : championnat de body-building (sport) - 27 septembre : Brocant'art (théâtre) - 3 et 4 octobre : Free Women Chaud 2 (humour) - 7 et 8 novembre : gala de danse de la troupe Matareva - du 2 au 13 décembre : premier festival des émergents (exposition arts mêlés, jeunes talents et concours de musique groupes émergents).

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2014 sera donc l’année de l’expérimentation pour ce centre qui représente un investissement de 125 millions de francs. Il accueillera différents événements comme des conférences, des expositions et des représentations scolaires. « Le challenge aujourd’hui, c’est de faire venir le public, notamment les personnes qui n’ont pas l’habitude de fréquenter ce type de lieu », souligne Sébastien Holdrinet. À cette fin, la programmation se veut éclectique et accessible à tous. Par exemple, tous les deux mois, des cafés concerts gratuits sont organisés. Quant aux prix des tickets pour les autres représentations, « ils se veulent incitatifs : 2 000 francs en plein tarif, 1 500 francs en tarif réduit et 1 000 francs pour les détenteurs de la carte Multipass, un dispositif mis en place par la commune », commente le chef du service. Par ailleurs, le grand dock du conservatoire a été entièrement réaménagé, pour un montant de 15 millions, et il


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Il était une fois

L’association aux MILLE ANTENNES

Par Claire Thiebaut

Tentaculaire AFMI qui, depuis treize ans, arpente tout le territoire pour répondre aux attentes des musiciens calédoniens. Enseignement, gestion de salles, diffusion, l’association de formation de musicien intervenant est une structure « caméléon » incontournable en Nouvelle-Calédonie. S’il existe un acteur culturel qui a une vision pays, c’est bien elle.

Houaïlou, premier repaire de l’AFMI

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Assez rapidement, élus, administrations et artistes se mobilisent pour répondre à cette attente. Au début des années 2000, Houaïlou accueille le premier centre de pratique musicale. Puis, en 2001, l’AFMI est fondée sur volonté politique. L’association permettra d’organiser le schéma de développement culturel

du Nord. « Trois ans plus tard, forte de la confiance des institutions, elle reçoit une délégation de service public du conservatoire qui lui confie la gestion des antennes de formation décentralisées et par la suite du DMT (Département des musiques traditionnelles) ainsi que des salles de spectacle de Koné et Koumac », rapporte Alain Guarèse.

Diffuser pour étendre sa toile

département voit le jour, un visage de plus pour l’AFMI. « Nous avons dû développer de nouvelles compétences comme celle de régisseur technique afin d’assurer des diffusions clés en main à nos clients. » Aujourd’hui, la structure représente un réseau solide d’enseignants et diffuseurs qui se sont donné les moyens techniques et humains nécessaires à un développement culturel raisonné et Alain Guarèse, le directeur de l'AFMI, donne efficace dans tout le lui aussi des cours aux élèves pays.

En 2008, suite à une demande des directions culturelles des provinces Nord et Sud, l’association de formation de musicien intervenant se lance dans la diffusion. Ses premières armes ? De grandes manifestations à l’image de la Fête de la musique (en province Nord et Sud) ou encore Jazz en tribu. Un nouveau

DMT : SAUVEGARDE D’UN PATRIMOINE EN DANGER

Le Département des musiques traditionnelles (DMT) – l’une des “antennes” de l’AFMI – sillonne le territoire à la recherche de traditions musicales à préserver. Au bout d’un an d’observation de terrain, le DMT a pu dégager des enjeux artistiques et culturels, mais aussi politiques, économiques et sociaux. « Le partage d’une culture va plus loin qu’une simple expression artistique. Il est la base d’une reconnaissance identitaire, d’une cohésion sociale forte autour de valeurs communes », explique Georgy Touyada, régisseur général du département.

© AFMI

T

out commence par un constat de terrain dressé par Alain Guarèse, directeur de l’AFMI : la musique en province Nord a besoin de structuration. « Quand j’étais professeur au collège de Nédivin à Houaïlou en 1995, je voyais des gosses qui pratiquaient tous les jours d’un instrument, parfois depuis leur plus jeune âge, mais qui n’avaient jamais pensé pouvoir en vivre. » L’enseignant crée alors AC2N, l’Association culturelle de Nédivin, une petite chorale de chants traditionnels. Petite certes, mais au succès grandissant. La direction de la Culture de la province Nord entend ainsi parler de l’association et dans sa volonté de dynamiser également le secteur musical, elle commande à Alain Guarèse une étude sur les besoins des musiciens. « Quelques années après la création de l’AC2N, la demande était toujours la même : formation et professionnalisation », se souvient-il.


À L’AFFICHE AU

CENTRE CULTUREL TJIBAOU JEUDI

24 JUILLET à 20h, salle Sisia SAMEDI

ET VENDREDI

25 JUILLET

26 JUILLET

« Voix, percussions : le maloya de Danyel Waro est une folie en soi, une série d’éclairs lumineux à haute énergie (...) Cet acte absolument anticommercial, et beau, signe la force d’AouAmwin, auquel la palette toujours surprenante des percussions du maloya - bois, peau, graines, sons rauques, sons profonds, sons secs - impose le rythme rural comme pulsion vitale. » Véronique Mortaigne à propos de l’album AouAmwin – Le Monde

à 18h, salle Sisia

musique

DANYEL WARO

Il aurait dû venir depuis bien longtemps et enfin nous allons l’accueillir chez nous. Cet homme n’est pas seulement un musicien de grand talent mais aussi et avant tout, un militant investi depuis de nombreuses années dans l’action culturelle. Il est certainement de ceux qui ont fait qu’aujourd’hui le maloya est classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

A l’issue des concerts au centre culturel Tjibaou, Danyel Waro sera en tournée : au centre culturel de Pomemi Koné, le jeudi 31 juillet - Contact : 47 11 06 dans la commune de Canala Fête de la musique en province Nord, le vendredi 1er août - Concert gratuit Contact : 42 31 02

À PARTIR DU MARDI

05 AOÛT Salle Bérétara

EXPOSITION

DE L’ART OU DU POCA ACCROCHAGE DU FONDS

Imaginons qu’au détour de quelques aventures, Tonton Marcel, Dédé, Tathan, Mémé Yéyette, Joinville et les autres se retrouvent au milieu de notre collection d’art contemporain. C’est ce qui va se passer cette année car ce sont bel et bien tous les personnages de la Brousse en folie et leur créateur, Bernard Berger, qui vont s’emparer des oeuvres et nous les révéler avec un regard bien de chez nous... « Et le poca dans tout ça !!! Tshhh, c’est pas du cochon c’est du lard... ! » Riche de près de 1 500 oeuvres, le FACKO* représente une collection unique en son genre, qui offre une multitude de lectures possibles.

Renseignements : Tél. 41 45 45 ngan jila, la maison des richesses www.adck.nc - adck@adck.nc

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

D’ART CONTEMPORAIN KANAK ET OCÉANIEN *


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Agenda

JUIN Exposition

P EINTURES ET OBJETS ABORIGÈNES DU NORD ET DE L'OUEST DE L'AUSTRALIE

Les 21, 22 et 23/06 Spectacle cette fois. Une collection d’abstractions minérales qui vous fera voyager dans les univers surprenants et chatoyants de l’infiniment petit.

Du 18 au 28/06

LE CHAPITÔ EST À NOUMÉA

À l’occasion des 160 ans de la ville.

Le 20/06 à 18 h Musique © Lec Lec Tic -Emily Kame Kngwarreye

à la galerie Lec lec tic

LA PROVINCE SUD FÊTE LA MUSIQUE

Concert avec deux artistes féminines

à Yaté.

Du 5/06 au 3/07 Exposition

DORa*

au centre d'Art

Installation et performance Vernissage le mardi 5 juin à partir de 18 h * À partir de 16 ans

Les 20 et 21/06

INAUGURATION DU CENTRE CULTUREL POMEMI

Le 13/06 à 20 h, les 14 et 15/06 à 18 h

DARI MANA KE MANA

au centre culturel du Mont-Dore

À l’occasion des 30 ans de l’Association indonésienne de Nouvelle-Calédonie, soixante-dix artistes amateurs présentent un grand spectacle de fusion artistique entre musique et danses traditionnelles, hip-hop, danse contemporaine, théâtre et arts martiaux.

Du 27/06 au 4/07 Cinéma

FESTIVAL DU CINÉMA DE LA FOA 16e ÉDITION

au cinéma de La Foa

Au programme : > Concours Groupama de courts-métrages > Concours Société Générale Jeunes Talents > Concours Sacenc de clips (dont le prix du jury Sacenc-Poemart) > Une sélection de 20 longs-métrages internationaux > Projections en plein air de clips locaux et courts-métrages de fiction nationaux > Exposition photos sur les tournages des clips

Musique blues/jazz

LE BLUES UP FESTIVAL 3e ÉDITION

au centre culturel du Mont-Dore

Du 16 au 20/06

Vidéo Cinq journées consacrées à la musique, avec des projections vidéo

à Koumac

Du 17 au 28/06 Exposition

VOYAGE AU CENTRE DE LA PIERRE

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

à la galerie Chevalet d'Art

Après l’exposition Songes numériques au Méridien, et ses 1 500 visiteurs, Lilite Dumont vous invite à un Voyage au centre de la pierre au Chevalet d’Art, en peinture © Lilite Dumont acrylique

Le 25/06 Danse © Éric Dell'Erba

Avec le 21 juin un plateau musical composé de Taina Gee, Dick & Hnatr, KBB, Espoir, etc.

À Koné

Le 21/06 à 14 h Musique

LA PROVINCE SUD FÊTE LA MUSIQUE

Parcours musical au sein des allées du parc forestier ; à 18 h 30 concert reggae

au château Hagen

Le 21/06 de 10 h à 23 h FÊTE DE LA MUSIQUE

à Nouméa

Groupes de tous styles aux abords de la place des Cocotiers et du quai Ferry. Festival Ram-Dam du Mouv'.

CEMEL…ER

Une production de la compagnie Troc en Jambes Cemel...er est une création contemporaine pour cinq danseurs, chacun pratiquant une technique de danse à part entière. L’un est classique, l’autre contemporain, jazz, traditionnel ou hip-hop. L’idée de cette création est de mêler différents styles de danses présentes sur le Caillou à travers la thématique du tressage de la natte.

à Koné, centre culturel Pomemi

JUILLET Le 3/07 à 18 h Slam

LANCEMENT DU CONCOURS DE SLAM DE LA BIBLIOTHÈQUE BERNHEIM

à l'espace Jeunes de la Province Sud


Danse-théâtre

PORTRAITS (SUITE)

au centre culturel Tjibaou

Célébration

LES 160 ANS DE LA VILLE DE NOUMÉA

Le centre d’Art participe à l’événement en exposant sur ses murs intérieurs et extérieurs une partie des 160 portraits de Nouméens réalisés par l’association Nice To Meet You dans le cadre du projet Inside Out Project – Nouvelle-Calédonie.

Du 31/07 au 10/08 Cinéma

FESTIVAL REFLETS DU CINÉMA IBÉRIQUE ET LATINO-AMÉRICAIN

au centre d’Art

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Du 22 au 27/07

Agenda

Les 3 et 4/07 à 20 h, les 5 et 6/07 à 18 h

Programmation signée par l’association Acces

Le 1er/08 Musique

De la compagnie Nyian, chorégraphie et mise en scène de Richard Digoué

Le 23/07 à Koohnê et le 24/07 à Koumac à 20 h Comédie musicale

L'AIR DE RIEN

Du 3 au 16/07 Festival

FESTIVAL DES ÎLES SOUS LA TOILE

Le Chapitô est à Lifou et accueille Dans tes dents de la Cie Les Kidams, Mimésia de la Cie Traversée, Duo avec un moustique de la Cie Par les temps qui courent, Histoires de fables de la Cie Moëbus, et …EkoooO… de la Cie Shok ?!

Le 8/07 à Houaïlou (salle Paul Nedja), le 9/07 à Koné (auditorium) et le 10/07 à Koumac (auditorium) One Woman Show

LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE

One woman show de Myriam Sarg

C’est par une journée pluvieuse que les proches de Marcel pleurent son décès. Comédien raté mais optimiste, il n’a qu’une trentaine d’années lorsque Marie Gilbert, jeune médecin, jolie et dynamique, lui annonce qu’il est atteint du virus du Sida. Paul son frère de cœur le soutient coûte que coûte dans cette épreuve.

Le 25/07 à 20 h et le 26/07 à 18 h Musique

MONT-DORE ROCK FESTIVAL

au centre culturel du Mont-Dore

AOÛT

Le 10/07

Du 30/07 au 14/08

Musique

PLATEAU ACOUSTIQUE DE TÎLË

LE PIKININI FESTIVAL

à Koné, centre culturel Pomemi,

au centre culturel Tjibaou

Du 15/07 au 2/08 Exposition

AMBIANCES

Du 31/07 au 21/08 Johanes Wahono partage ses “Ambiances” calédoniennes

à la Galerie Chevalet d'Art

Le 18/07 à 20 h Musique

I AND I & SHAMAN DUB

au centre culturel du Mont-Dore

Exposition collective

TREMPLIN DE LA CRÉATION

Le centre d’Art soutient la création en lançant un concours aux talents émergents de 15 ans ou plus, n’ayant jamais exposé sur et hors le territoire.

DANYEL WARO

à Koné, centre culturel Pomemi

Chanteur de l’île de La Réunion

Du 3 au 10/08

LE CHAPITÔ EST À VOH…

… et donne carte blanche à la compagnie Troc en Jambes dirigée par Véronique Nave, chorégraphe et danseuse

Le 6/08 Musique

OUTRE-TERRES

à Koné, centre culturel Pomemi

Avec Carine Bonnefoy Outre-Terres est une création qui concrétise le souhait de Carine Bonnefoy de réunir des musiciens de différentes cultures, de mélanger des couleurs, de marier des sonorités dans une aventure musicale unique. L’ensemble est une illustration orchestrale qui nous invite au voyage, un libre cours à notre imaginaire, mettant en valeur quelques richesses du patrimoine musical des îles du Pacifique.

Le 8/08 Cirque

LÀ ET RIEN

au Dock socioculturel de Païta

Du 28/08 au 14/09 Danse

FESTIVAL WAAN DANSE

au centre culturel Tjibaou

au centre d’Art

Du 29/08 au 7/09 Du 31/07 au 31/08 Exposition

COCO NATURE

Proposée par Maeva Bochin

à la bibliothèque Bernheim

Chorale

FESTIVAL LES VOIX DU SUD

Cette année ce sont les 10 ans de ce festival de chant choral organisé par la Province Sud

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©ADCK-CCT


p. 64 © ADCK-CCT, photogr. Marc Le Chélard

À suivre ...

Le 4e Festival des arts mélanésiens avait eu lieu en Nouvelle-Calédonie, en 2010. Une coutume entre les différents pays avait été présentée lors de la cérémonie d’ouverture.

Festival des

arts mélanésiens L’art festif, l’art fédérateur Par Claire Thiebaut

Du 28 juin au 11 juillet prochain, le 5e Festival des arts mélanésiens s’installe en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Moments de partage et occasions inestimables de découvrir la diversité artistique des îles noires* du Pacifique.

D

epuis 1988, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Fidji, le Vanuatu, les Îles Salomon et la NouvelleCalédonie forment le groupe du Fer de lance, alliance permettant une meilleure représentativité politico-économique de la région. Partageant une identité culturelle forte, les cinq membres créent en 1997 un festival pour la promotion de la culture et des arts (traditionnels et contemporains) des peuples originels des terres de la Mélanésie. En Nouvelle-Calédonie, troupes de danse et musiciens, maîtres de l’artisanat kanak et scène émergente travaillent dur depuis 2013 pour faire partie de la 5e édition de ce Festival des arts mélanésiens. Afin de sélectionner les représentants calédoniens qui prendront l’avion le 28 juin prochain, les communes de tout le territoire ont organisé de grands événements (durant le festival des arts du pays notamment), invitant les artistes à présenter leur création face à un jury, majoritairement issu du gouvernement.

230 artistes calédoniens s’envoleront pour Port Moresby, le 28 juin 2014

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

Une riche délégation calédonienne Deux cent trente artistes du pays s’envoleront pour Port Moresby. Quatre d’entre eux reviennent sur leur sélection et la fierté qu’ils ressentent à l’idée de devenir les représentants du pays durant ce festival. La troupe de danse Mwayen de Moindou a été sélectionnée lors de la fête communale du bossu doré en novembre 2013. Tous issus de la même lignée, les femmes et les jeunes « sont heureux de porter haut les couleurs de

leur famille, de leur commune et du pays ». Ils présenteront deux danses : celle de la tortue, totem de leur clan, et la danse de la mouette, représentative de leur appartenance au bord de mer. Ces amateurs, habitués des scènes calédoniennes, offriront une prestation qu’ils souhaitent « détendue et conviviale ». Leopold Hnacipan, auteur bien connu du Caillou, partira représenter la littérature calédonienne. Pour lui, c’est comme un rêve qui se réalise. « J’avais prévu d’aller en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a quelques années. Mais à cette époque, la vie y était trop dangereuse et j’avais dû annuler mon voyage. » À l’occasion du festival, l’écrivain essaie de traduire sa nouvelle Manger du rat en anglais afin de la faire partager. Il participera aussi aux différents moments d’échanges, notamment au symposium « Célébrons la diversité culturelle ». Au nom de toute la troupe Cangöne Epa, de Lifou, Robert Truijij exprime sa joie de mettre son pays à l’honneur. « Nous présenterons un spectacle consacré à la danse guerrière bua. La compagnie a remis cette tradition au goût du jour, en la transmettant aux nouvelles générations. » Cette danse fait partie du patrimoine culturel de leur tribu de Kedeigne et du district de Lössi, et la pratique actuelle de cet art guerrier est un bel exemple de « combat » pour la sauvegarde des traditions. Le jeune slameur bouraillais, Fabrizio Bottaro, sera aussi du voyage. « J’ai été sélectionné pendant le festival des arts du pays en octobre 2013, dans la catégorie “slam/hip-hop”. » Inattendu, ce voyage se présente comme une expérience culturelle hors du commun. « Ce sera sûrement le plus grand rassemblement d’artistes auquel j’aurai participé. Les échanges vont être très riches ! » * En grec, Mélanésie signifie “îles noires”.


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Annuaire CENTRES CULTURELS CONTACT

TÉL.

LIEU

EMAIL

SITE INTERNET

Centre culturel de Dumbéa

Alice Pierre

412307

Dumbéa

alice.pierre@mairie-dumbea.nc

www.mairie-dumbea.nc

FOL (Fédération des Œuvres Laïques)

Pascal Hebert

272140

Nouméa

folnc@canl.nc

Centre culturel provincial de Hienghène Goa ma Bwarhat

Édouard Wamai

428074

Hienghène

culturehienghene@mls.nc

Centre culturel provincial de Koné

Pélagie Nerhon

471106

Koné

asso.pbvt.cac@canl.nc

Centre socioculturel de La Foa

Jean-Pierre Lafay

443301

La Foa

jplafay@canl.nc

Centre culturel du Mont-Dore

Grégory Louzier

419090

Mont-Dore

gregory.louzier@ville-montdore.nc

www.mont-dore.nc

Dock socioculturel de Païta

Marc Richer

354404

Païta

marc.richer@ville-paita.nc

www.ville-paita.nc

Centre culturel Tjibaou

Guillaume Soulard

414535

Nouméa

g.soulard@adck.nc

www.adck.nc

Centre culturel Yeiweine Yeiweine

Noël Guanere

450137

Maré

www.alk.nc

www.pomemi.nc

LIEUX DE DIFFUSION ET DE FORMATON Académie des langues kanak

Weniko Ihage

286015

Nouméa

alk@alk.nc

Antenne du Conservatoire de musique et de danse de Koumac

Alfred Haïno

423304

Koumac

antenne-koumac@afmi.nc

Centre musical Mêre â gâârâ

Renaldo Nérhon

424221

Houaïlou

renaldo.nerhon@mereagaara.nc

Complexe culturel/Annexe du Conservatoire de Koné

Hervé Lecren

473033

Koné

h.lecren@afmi.nc

www.afmi.nc

Conservatoire Hnime ulane, antenne de Lifou

Marie Hnanganyan

454575

Lifou

antenne-we@afmi.nc

www.afmi.nc

Conservatoire de musique et de danse de la Nouvelle-Calédonie Francis Gaillot

246315/240206

Nouméa

contact@cmd.nc

www.conservatoiremusique.nc

Ecomusée du Café de Voh

José Kabar

473736

Voh

ecomusee.cafe@gmail.com

FB/ecomuseeducafe.voh

EMI - École du Multimédia et de l'Image

Pascale Gery

471275

Koné

coordination@emi.nc

www.emi.nc

Le Chapitô de Nouvelle-Calédonie

Anne-Sophie Conan

275636

Nouméa

lechapito@gmail.com

www.lechapito.unblog.fr

Le Rex

Manuel Touraille

282629

Nouméa

org.adamic@gmail.com

www.noumea.nc/espace-jeunes/culture/ le-rex-noumea

Café concert le Mouv'

Christophe Ventoume

411518

Nouméa

contact@lemouv.nc

www.lemouv.nc

Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie

Jean-Brice Peirano

286510

Nouméa

accueil@maisondulivre.nc

www.maisondulivre.nc

Musée territorial de Nouvelle-Calédonie

Solange Neaoutyine

272342

Nouméa

smp@gouv.nc

www.museenouvellecaledonie.nc

Théâtre de l'Île

Marie-Ève Delatte

255056

Nouméa

dcl.tdi@mls.nc

www.theatredelile.nc

Théâtre de Poche (Centre d'art de la Ville de Nouméa)

Lydie Gardet

250750

Nouméa

lydie.gardet@ville-noumea.nc

www.noumea.nc/le-centre-dart

Association de Formation de Musiciens Intervenants (AFMI)

Alain Guarese

462000

direction@afmi.nc

www.afmi.nc

Art'Café

Olivier Petit

278003

Nouméa

artcafe@mls.nc

La Barca

Thierry Frottier

281540

Nouméa

labarcanoumea@yahoo.fr

La Bodega Del Mar

Jean-Luc Deroin

261153

Nouméa

www.bodega.nc

286600

Nouméa

FB/leboheme

BARS

Le Bohème

www.restocity.nc

Le Bout du Monde

Eric Napierai

277728

Nouméa

La Fiesta

Eddy

262133

Nouméa

lafiesta.nc@lagoon.nc

Le Flex Club

Elisa Pulpito

Nouméa

flex.nc@gmail.com

FB/flex.nc

FB/mvlounge

L'Imprévu

241145

Nouméa

Le Malecon Café

Antony

282805

Nouméa

Le MV Lounge

Elodie et Romain

78 97 67 / 78 57 35

Nouméa

mvlounge@canl.nc

Le Château Royal

230140

Nouméa

restauration.atr@ncdl.nc

Le Sweet Café

Roxanne Hugeaud

442930

Bourail

chezroxanne@gmail.com

Le Toucouleur

Zakia

765845

Koné

Les 3 Brasseurs

Patrick Hogan

241516

Nouméa

3brasseurs@canl.nc

Le Groove

Michel Trabelsi

26 28 80

Nouméa

legroove.nc@gmail.com

Andemic Art Gallery

Éric Morarin

286990

Nouméa

andemicartgallery@gmail.com

Arte Bello

Patrick Vaudelle

253100

Nouméa

artebello@mls.nc

Artifact/DZ Galerie

Didier Zanette

241385

Nouméa

tribalpassion@gmail.com

www.art-tribal-online.com

Bibliothèque Bernheim

Christophe Augias

242090

Nouméa

c.augias@bernheim.nc

www.bernheim.nc

Galerie 11 & 1/2

Franck Chan San

289115

Nouméa

onze.5@hotmail.com

www.onzeetdemi.com

Le Chevalet d'Art

Eric Valet

249242

Nouméa

chevalet@lagoon.nc

www.lechevaletdart.nc

Lec Lec Tic

Hélène Janet

825601

Nouméa

leclectic@lagoon.nc

Médiathèque du Nord

Nicole Grochain / Marguerite Waly

426700

Poindimié

info@mednord.nc / n.grochain@bernheim.nc / m.waly@mdnord.nc

www.mednord.nc

Tieti Tera Beach resort

Stéphane Brun

436400

Poindimié

info.tieti@tera.nc

www.tera.nc

Médiathèque / complexe culturel de Koné

Morgane Goromoedo

472065

Koné

n-m.goromoedo@bernheim.nc

www.bernheim.nc

FB/LeGroove

ENDEMIX n° 07 juin - juillet - août 2014

LIEUX D’EXPOSITION


ENDEMIX n掳 07 juin - juillet - ao没t 2014



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