EDITORIAL
Alternance en Afrique un idéal piégé? Editorial
Par Daouda Emile Ouedraogo L’alternance démocratique à la tête des Etats africains est un sujet récurrent dans les débats des politologues africains. Presque toutes les constitutions africaines, calquées sur les modèles des puissances colonisatrices, limitent le mandat présidentiel, généralement à deux consécutifs. Certains Etats ont opté pour cinq ans, d’autres sept ans. Selon l’évolution de la vie sociopolitique, des chefs d’Etats optent pour faire sauter le verrou constitutionnel de la limitation des mandats. Les pays qui en ont fait les frais ne manquent pas. Récemment le Niger (cela s’est soldé par un coup d’Etat), le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin, le Libéria pour ne citer que ces pays. Si dans certains pays, les clauses de la modification de la Constitution, sont incorporées dans la même loi fondamentale (cas du Burkina Faso) dans d’autres, le verrou est indéboulonnable (cas du Niger). De facto, lorsqu’on parle de reformes constitutionnelles en général et de la relecture de la Constitution en particulier, certains esprits s’échauffent sans prendre la peine de comprendre les différents enjeux africains. L’alternance en Afrique ne doit être perçue comme un droit de veto. De même qu’on ne fait pas de la politique par procuration, de même, les africains doivent prendre sur eux le pouvoir de diriger leur nation avec responsabilité et un sens élevé de l’intérêt général des populations. L’histoire de l’Afrique est une succession de civilisations qui s’est nourrie et se nourrit du socle d’une société ancienne organisée et disciplinée. L’Afrique, avant l’arrivée du colonisateur, était un agglomérat de peuples et de civilisations ayant pour richesses des valeurs politiques, morales et économiques en phase avec leurs réalités. Cheick Anta Diop (1) a démontré la profondeur et la noblesse de la civilisation égyptienne, mère de toutes les civilisations. Or, l’alternance, qui est un nouveau mot, sinon nous dirons la succession sur le trône du pharaon se faisait de père en fils. Un peu plus dans le sud du Sahara, existait le royaume mossi. L’une des sociétés les plus organisées et civilisées, selon des chercheurs blancs venus en Afrique au temps colonial. Là aussi, la succession sur le trône du Mogho Naba, l’empereur des mossi se fait de père en fils. Personne n’y trouve à redire. Aujourd’hui, on parle de société moderne; on parle d’Etats
indépendants et souverains; on parle de démocratie qui est le pouvoir du peuple pour et par le peuple. On a séparé la royauté de l’Etat contemporain. Mais la séparation a été mal faite dans la mesure où les souverains, les rois d’Afrique dont la succession se fait de père en fils, sont plus démocratiques que nos Etats. Et, pourtant, on n’y voit pas un cassus beli. L’alternance est un idéal piégé pour les Africains. Les statistiques des conflits en Afrique montrent un regain de conflits dans les Etats après l’avènement de la démocratie en 1990. Des constitutions ont été votées. Or à l’analyse, qu’est-ce qu’une constitution? C’est « un ensemble de règles suprêmes fondant l’autorité étatique, organisant ses institutions, lui donnant ses pouvoirs, lui imposant ses limitations, en particulier en garantissant des libertés aux sujets et aux citoyens». De facto, elle a été faite par des hommes et aucune loi n’est immuable sinon, ce serait tombé dans l’inertie. Toute entreprise, sujette à évolution, est obligée d’être reformée. Cela n’a pas pour cause d’ériger des dictateurs dans nos pays africains mais plutôt d’analyser les réalités africaines en phase avec l’histoire des origines africaines sous le prisme des sociétés dites modernes. Sous la troisième République française, Alexis de Tocqueville (2), d’abord adepte de la limitation du nombre de mandats présidentiels, est devenu, au vu des réalités un défenseur des mandats illimités, pourvu que le bénéficiaire en porte tout le mérite. L’Afrique n’est pas contre l’alternance mais, cette alternance ne doit pas être piégée. Ce serait faire du tort à l’Afrique et à ses enfants.
(1) Cheikh Anta Diop (1923-1986) est un historien et anthropologue sénégalais. (2) Alexis Henri Charles Clérel, vicomte de Tocqueville, fut un penseur politique, historien et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l’évolution des démocraties occidentales en général.
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SOMMAIRE FRIENDLY FOOT
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A qui le prochain Soulier d’Ebène? Par Persyde Doowo
POLITIQUE
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Neuf ans du NEPAD L’instrument africain du développement en marche
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Par Daouda Emile Ouedraogo
RD Congo - Belgique un partenariat gagnant?
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Par Cyrille Momote Kabange
Niger imposer le respect strict des mandats définis Par Noël Kodia
ACTUALITE
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SENEGAL CLASSIC 2010 Une randonnée au Sénégal au bénéfice des projets ruraux Par Kenza Garba
ECONOMIE
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On taxe ou on détaxe? Par Daouda Emile Ouedraogo
MAGHREB
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Yamila Idrissi Ecrire pour donner de l’espoir aux jeunes
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Propos recueillis par Kenza Garba
Nouvelles du Maghreb Par Jamal Garando et Kenza Garba
DIASPORA
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Dar El Ward Demain j’irai mieux
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Par Jamal Garando et Kenza Garba
La Fondation Boussoufa aide les enfants Par Kenza Garba
Mensuel d’informations
Un regard positif sur l’Afrique Directeur de publication: Cyrille Momote Kabange
MISSION STATEMENT
Rédacteur en chef:
La direction du magazine Le Nouvel Afrique porte l’Afrique dans son cœur et est
Daouda Emile Ouedraogo
désireuse de rassembler dans ce mensuel d’informations des nouvelles positives
Editorialiste:
sur l’Afrique. Le Nouvel Afrique se veut une porte d’entrée vers l’Afrique en offrant
Cyrille Momote Kabange
une information responsable et objective sur ce continent. Les sujets (politiques,
Comité rédactionnel:
sociaux, économiques, sportifs et culturels) abordent des thèmes sensibles, tout
Persyde Doowo, Abdellatif Khlale, Daouda Emile Ouedraogo, Cyrille Momote
en conservant néanmoins, une perspective positive. Le sous-titre du Nouvel Afri-
Kabange, Noël Kodia, Kenza Garba, Jamal Garando, Berthe Mobani, Alexandre
que est ‘Un regard positif sur l’Afrique’.
Korbéogo, David Commeillas Photographie:
Le Nouvel Afrique est fondé le 7 décembre 2006 à Bruxelles (Belgique) par Victor Olembo Lomami.
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lenouvelAfrique [n°19] 04 / 2010
Ronald Devaux, diasUndKompott Roland, Lukas Vermeer, Walterito, Joshua Bartz, Charles Heiman, Cheik Fita, David Commeillas, LNA
SOCIETE
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Pas demain le bout du tunnel La journée internationale de la femme en bref Propos recueillis par Persyde Doowo
ENVIRONNEMENT
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Mali Une technique innovante pour faire tomber la pluie Par Daouda Emile Ouedraogo
SANTE
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Le préservatif féminin en Afrique Par Berthe Mobani
CHRONIQUE
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La réforme du système de santé américain la dérive politicienne Par Cyrille Momote Kabange
SPORT
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Coupe du monde 2010 A la découverte du pays organisateur Par Alexandre Korbéogo
CULTURE
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MODE / Rosine Titalom Happi Créer une entreprise est un challenge
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Par Berthe Mobani
MUSIQUE / Victor Démé Un destin exceptionnel pour un chanteur mandingue
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Par David Commeillas
LIVRES
ADMINISTRATION & PUBLICITE Direction Générale: Le LNA est une publication de l’asbl Friendly Foot www.friendlyfoot.be Directeur adjoint: Christel Kompany Président: Augustin IZEIDI
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Mahamat Haroun
Site web: www.lenouvelafrique.net
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FRIENDLY FOOT
A qui le prochain
Soulier d’Ebène? Par Persyde Doowo
La onzième édition des African Awards ouvrira ses portes le lundi trois mai prochain à l’hôtel Conrad. Cette année, trois des cinq candidats ‘nominés’ proviennent du Royal Sporting Club Anderlecht. Cette soirée culturelle, qui met à l’honneur les Africains qui se sont distingués au cours de l’année, est organisée par les asbl African Culture Promotion (ACPRO) et Friendly Foot.
Les ‘nominés’ sont Mbark Boussoufa (Maroc), qui a déjà reçu deux fois le Soulier d’Ebène en 2006 et 2009, Cheikhou Kouyate (Sénégal) et Romelu Lukaku (Belgique) de Royal Sporting Club Anderlecht, Ibrahima Sidibe (Sénégal), évolue au Saint Trond, et Kouemaha Rostand Dorge (Cameroun) de FC Brugge. Lors de ce gala, trois prix sont décernés. Le Soulier d’Ebène récompense le meilleur footballeur africain ou d’origine africaine évoluant en Belgique, au sein des trois divisions nationales. Cette année le jury est composé de Dick Advocaat, d’entraîneurs des divisions nationales, de membres des rédactions sportives (presses écrite et audio-visuelle) et de membres du jury d’honneur présidé par Georges Heylens. Le prix du Mérite est, quant à lui, attribué au footballeur qui, au cours de l’année, s’est distingué par ses actions sociales ou humanitaires. Les Dunia récompensent les hommes et les femmes qui ont contribué à véhiculer une image positive et dynamique de la communauté africaine dans leur domaine d’activité.
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Rappelons que African Culture Promotion (ACPRO) a été créée en 1990 par un groupe d’amis qui s’était donné pour mission de promouvoir l’Afrique à travers la culture et le sport. Elle s’était fixé pour objectifs de partager avec un large public les richesses culturelles de l’Afrique, de mettre en avant la communauté africaine et offrir ainsi la possibilité de mieux connaître les Belges d’origine africaine. Aussi, de promouvoir le remodelage des relations humaines en vue d’une intégration équilibrée et harmonieuse des uns et des autres en Belgique et plus largement en Europe, d’être une vitrine du dynamisme de la diaspora africaine et enfin, faire l’écho de valeur telle que la tolérance, le partage et l’égalité des chances face aux défis de la vie. Friendly Foot, quant à elle, a été créée pour venir en aide aux enfants défavorisés en leur offrant des matériels scolaires pour faciliter leur apprentissage. Déjà opérationnelle en Belgique, au Tchad et en République Démocratique du Congo, l’asbl apporte son soutien à des jeunes issus des milieux pauvres par le biais du football.
Les 5 nominés au Soulier d’Ebène 2010
Par Abdellatif Khlale, correspondant sportif pour Al Bayane (Maroc)
«Parmi les favoris: M’Bark Boussoufa. C’est un artiste du ballon. De match en match il confirme sa maturité.»
«Cheikhou Kouyaté: c’est la tour de contrôle, style Fellaini. Il s’affirme de mieux en mieux mais il est encore jeune et a un bel avenir.»
«Le grand gabarit des buteurs, c’est Ibrahima Sidibe. Avec sa course de grande gazelle, il a fait le bonheur d’une petite équipe où sa présence est indispensable.»
«Kouemaha Rostand Dorge: Le robuste attaquant commence un peu tard. Avec sa force de buffle, il fonce dans les carrés adverses. Dans son équipe la concurrence est rude avec tous les meilleurs qui la composent.» «Romelu Lukaku, âgé seulement de seize ans et meilleur buteur de la Jupiler League, il est une nouvelle perle du football européen. Originaire de la RD Congo, né à Anvers, il est déjà international belge.»
Des talents à confirmer: affaire à suivre...
Le palmarès des Souliers d’Ebène 1992 Daniel Amokachi (Nigéria - FC Bruges) 1993 Viktor Ikpeba (Nigéria - RFC Liège) 1994 Daniel Amokachi (Nigéria - FC Bruges) 1995 Godwin Okpara (Nigéria - Alost) 1996 Celestine Babayaro (Nigéria - Anderlecht) 1997 Emile Mpenza (Belgique - Mouscron) 1998 Eric Addo (Ghana - FC Bruges) 1999 Souleymane Oulare (Guinée - RC Genk) 2000 Nzelo Lembi (RD Congo - FC Bruges) 2001 Ahmed ‘Mido’ Hossam (Egypte - La Gantoise) 2002 Beli Moumouni Dagano (Burkina Faso - RC Genk) 2003 Aruna Dindane (Côte d’Ivoire - Anderlecht) 2004 Vincent Kompany (Belgique - Anderlecht) 2005 Vincent Kompany (Belgique - Anderlecht) 2006 Mbark Boussoufa (Maroc - La Gantoise) 2007 Mohamed Tchité (Belgique - Anderlecht) 2008 Marouane Fellaini (Belgique - Standard) 2009 Mbark Boussoufa (Maroc - Anderlecht)
VOTER POUR SOUTENIR LE JOUEUR DE VOTRE CHOIX Le vote destiné au public est ouvert. Les fans du ballon rond sont invités à voter, parmi les cinq ‘nominés’, celui qui recevra le 3 mai prochain le Soulier d’Ebène 2010. Envoyez au 6630 (1€ par sms E/R) le numéro du joueur que vous voulez soutenir. 1) pour Boussoufa 2) pour Kouemaha 3) pour Kouyate 4) pour Lukaku 5) pour Sidibe Chaque participant à une chance de décrocher deux places VIP à la Soirée de gala du Soulier d’Ebène 2010 le lundi 3 mai 2010 dans l’Hôtel Conrad à Bruxelles. Ce sera l’occasion de rencontrer les joueurs et personnalités du football belge ainsi que d’autres vedettes.
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POLITIQUE
Neuf ans du NEPAD L’instrument africain du développement en marche Par Daouda Emile Ouedraogo
Il y a neuf ans, cinq chef d’Etats initiateurs ont pensé à un instrument de développement du continent africain, le NEPAD, afin de promouvoir un cadre socio-économique intégré de développement du continent. Près de dix ans après, l’odyssée continue.
On l’avait presque enterré, il renaît tel un sphynx de ses cendres pour booster le développement de l’Afrique. Avec le NEPAD, créé par l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, le Nigeria et le Sénégal, le développement du continent a pris un nouveau visage. Lusaka a posé les jalons du NEPAD. Depuis 2001, que de chemins parcourus? L’on avait cru en hibernation, mais aujourd’hui avec les différentes transformations opérées par l’Union africaine sous
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l’impulsion du Secrétaire Exécutif du NEPAD, le Dr Ibrahim Assane Mayaki, un réel espoir est né. Nous le savons tous, le NEPAD est une initiative et un processus encore jeunes. Depuis le sommet de Lusaka en 2001 qui a vu sa naissance, un travail gigantesque a été accompli. L’ambition du NEPAD est grande et le chantier vaste. Souvent, les plus impatients pensent que cela ne va pas assez vite. En neuf ans, des plans d’action à court terme dans
les principaux secteurs prioritaires du NEPAD sont déjà disponibles. Ceci est très important et montre que le NEPAD avance dans ses objectifs en offrant aux partenaires intéressés, une plateforme pour investir en Afrique. La Revue des Pairs, qui garantit la bonne gouvernance politique et économique en est à sa phase de mise en oeuvre avec les premières missions qui ont démarré depuis le debut de l’année 2004.
Dr Ibrahim Assane Mayaki, le CEO du Nepad Afrique du Sud
Poursuivre avec efficacité le développement Depuis neuf ans, le NEPAD poursuit avec efficacité le processus de développement de l’Afrique. Aujourd’hui, suite au dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, le NEPAD a été transformé en l’Agence de planification et de Coordination du NEPAD (APCN) avec comme élément déclencheur son processus d’intégration à l’Union africaine. Comme bilans, non moins exhaustifs, le NEPAD aujourd’hui a réalisé des projets à court et moyen terme. En témoigne, l’accord de siège signé avec le Gouvernement d’Afrique du Sud qui a réglé le problème du statut juridique et diplomatique. L’érection au Burkina Faso du siège du Réseau africain en biosécurité, crée un pôle de recherche en biosécurité sur le continent africain. Les multiples formations en renforcement des capacités des journalistes sur tout le continent africain. Le NEPAD se conjugue avec l’Union africaine dans sa phase et son désir de donner un nouveau visage à l’Afrique. Le nouveau modèle opérationnel pour le NEPAD a été alimenté par la nécessité de réaliser des objectifs, entre autres, la redirection de l’institution vers la réalisation de son nouveau mandat en phase avec l’Union africaine, l’alignement de ses activités sur celles de l’UA, l’amélioration de l’efficacité, de l’efficience dans la conduite des programmes et des projets. Le NEPAD,
depuis sa création, ne s’est jamais éloigné de ses objectifs originaux. Il a su s’adapter, grâce au dynamisme de son équipe conduite par le Secrétaire Exécutif, Dr Ibrahim Assane Mayaki, à l’évolution du monde actuel. Ses différents projets, disséminés à travers l’Afrique, ont pour seul but, de participer à l’atteinte des Objectifs pour le Millénaire. C’est pourquoi, depuis neuf ans, il poursuit et poursuivra les objectifs qui consistent à éradiquer la pauvreté, à placer les pays africains, individuellement et collectivement, sur la voie d’une croissance et d’un développement durables. Le NEPAD veut mettre aussi un terme à la marginalisation de l’Afrique dans le contexte marqué par la mondialisation afin de promouvoir l’intégration complète du continent dans l’économie mondiale. Enfin, l’institution panafricaine veut accélérer le renforcement des capacités des femmes afin de promouvoir leur rôle dans le développement socio-économique.
oeuvre et de la co-direction de la coordination, des relations extérieures et de la communication et celle des services ministériels et le Bureau du directeur général. Ce, dans le but de mettre l’accent sur l’exécution du programme, la mobilisation stratégique des ressources et des systèmes de soutien efficaces pour assurer une prestation efficace des programmes. Ce sont donc cinq directions opérationnelles pour mener à bien le combat du développement de l’Afrique. Au vu de la progression du NEPAD, sa stabilité et sa gestion professionnelle des projets et programmes de développement, il est évident que si cet instrument de développement n’existait pas en Afrique, il aurait fallu le créer. www.nepad.org
Cinq directions pour un même combat Pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, le NEPAD s’est doté de cinq directions, à savoir les directions de la stratégie et de la gestion des connaissances, celle des politiques d’alignement, celle du développement et du programme, celle du programme de mise en
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POLITIQUE Boulevard du 30 juin Kinshasa la capitale de la RD Congo
RD Congo Belgique un partenariat gagnant? Par Cyrille Momote Kabange
A l’orée du cinquantenaire de l’indépendance du Congo, particularisé par le séjour à Kinshasa dès le vingt-neuf juin du Roi Albert, des courants centrifuges agitent le landerneau belge et les cercles qu’ils décrivent semblent englober depuis longtemps l’envol des relations belgo-congolaises vers un partenariat équilibré.
Le clivage flamand-wallon La polémique qui est née depuis l’annonce de la visite du Roi Albert II au Congo sous prétexte, pour les uns, que celle-ci constituerait une caution à la mauvaise gouvernance avérée de l’Etat congolais et pour les autres, qu’il serait une grave erreur de manquer, de la part de la Belgique, un rendez-vous historique, donne la mesure du challenge auquel sont confrontés les deux pays dans un futur proche. Au-delà d’une relation passionnelle, dont l’évolution a échappé aux féroces appétits des colons et autres dirigeants en métropole sans oublier le contexte international dans lequel la Belgique apparaît comme tributaire de sa colonie congolaise, il y a également le fait de la naissance et de l’existence de la Belgique
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elle-même Nation. Les belges sont des braves gens industrieux et munis d’une capacité d’adaptabilité peu commune. Ils damment le pion à leurs voisins en matière d’ouverture d’esprit tourné vers le progrès. N’en déplaise à ceux parmi leurs lointains cousins qui cultivent l’ironie au point de se gausser du propos célèbre de Jules César dans ‘Les commentaires des guerres de Gaule’: «De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves». Ceci dit, ils ne sont pas sans défauts. Le plus significatif est qu’ils sont querelleurs, un peu butés. Ces traits de caractère expliquent probablement qu’ils ont vécu longtemps dispersés sur des petites étendues et qu’ils ont eu à se retrouver groupés sous des suzérains étrangers. Le localisme est cette doctrine qui aurait pu leur être attribuée.
En 1908, lorsque le Roi Léopold II cède «son bien personnel» à la Belgique, le Congo sera des années durant, le théâtre des effluves d’un atavisme socio-éthnique qui met aux prises des identités exclusives évoluant sous le même drapeau: les Wallons latins et les Flamands germaniques. Même si Anicet Mobe (chercheur en sciences sociales à Paris) a écrit dans ‘Le Monde diplomatique’ de janvier 2008 que «le Congo n’a occupé qu’une place assez marginale sur la scène politique intérieure belge, sauf lors de la reprise de la colonie personnelle du Roi Léopold II par l’Etat, pendant les deux guerres mondiales et la décolonisation en 1960», les divisions qui agitaient la Belgique (la guerre scolaire) et les questions linguistiques ont été exportées dans les années 1950 vers la colo-
nie; du moins leur impact a été très important. Notamment l’interruption brutale dans le programme des études secondaires au Congo dès 1958 du cours de néerlandais à l’arrivée à la tête du ministère des colonies d’un politique wallon. La décolonisation est venue compléter un clivage wallon-flamand dont le Congo servait, au fil des crises de nerfs entre dirigeants belges et congolais (zaïrois), d’exutoire sans remonter au déluge. On signalera, en passant, que sous Mobutu, l’amitié affichée entre le Président zaïrois et Sa Majesté le Roi Baudouin, n’a pas empêché que les leaders politiques flamands et leurs thuriféraires surfent sur les désordres de régime pour faire la nique aux responsables francophones qui tenaient à la ligne diplomatique classique et pour réorienter, contre tout bon sens, les flux des capitaux vers les Indes néerlandaises apparemment pour une simple proximité linguistique. En ce qui concerne la situation actuelle, les choses sont en l’état. Et l’envoyée spéciale de l’hebdomadaire ‘Jeune Afrique’ à Kinshasa décrit avec raison le face à face un peu surréaliste entre mouvance francophone et mouvance néerlandaise dans leurs positions respectives «Le Congo fait la politique belge». Traditionnellement, les socialistes flamands prennent position contre le régime de Joseph Kabila. Ils dénoncent entre autres les viols par l’armée, la situation humanitaire pitoyable à l’est du pays et la corruption. Leur conclusion: aider le Congo (premier destinataire de l’aide belge), c’est dilapider les ressources de la Flandre qui génère la majorité du PIB belge (57% environ contre 23% pour la Wallonie et 20% pour la région de Bruxelles Capitale). Le Congo creuse aussi la faille entre flamands et wallons (francophones). Quand les premiers sont intransigeants, les seconds sont bienveillants. «...Lorsque les trois communautés belges ont obtenu le droit d’ouvrir des représentations diplomatiques distinctes, après une longue réforme institutionnelle entamée en 1970, les wallons ont ouvert leur première «délégation», l’équivalent d’une ambassade à Kinshasa».
Pour un droit d’ingérence
Une cooperation entre adultes
Parmi tous les sujets à conflit qui ont émaillé les relations sinueuses entre le Congo et la Belgique, il y a eu le fameux «devoir ou droit d’ingérence» d’abord énoncé par le médecin Bernard Kouchner à l’époque de son engagement humanitaire et qui pouvait déjà prendre son envol sauf que l’échec de l’opération «HOPE» des États-Unis en Somalie est venu lui briser les ailes. Puis est venu «le droit de regard», annoncé par Monsieur Karel De Gucht, alors Ministre belge des Affaires Étrangères. Celui-ci en corrige même l’énoncé justifiant sa position par un propos qui en a hérissé plus d’un: «lorsqu’on aide quelqu’un, on a de ce fait un droit de regard sur lui». Le Congo a reçu, en effet, 122 millions d’euros d’aide de la Belgique en 2008 mais celle-ci était de 155 millions en 2007. Pourtant, le Ministre est seulement à demi couvert et une réflexion sur la validité d’une pensée qui utilise la force (argent donné à quelqu’un) contre le droit (la capacité dont dispose un individu à s’autodiriger) n’est pas nécessaire. D’aucuns lui trouvent déjà un mobile qui fait remonter à la surface quelques poncifs. Selon Marianne Meunier de ‘Jeune Afrique’: «En parlant du Congo, le personnel politique se ménage des retombées médiatiques. C’est d’ailleurs l’une des raisons aux provocations de Karel De Gucht. Elles lui ont valu de jolis scores dans les sondages».
Depuis 1908, les visites des souverains belges se suivent mais ne se ressemblent pas. Il y a sans doute celles intervenues pendant la colonisation marquées par un contexte qui les plaçait dans la droite file de simples «tours du propriétaire» comme l’indique l’ énumération qui suit: le Roi Albert Ier en 1928, le Roi Baudouin en 1955 et le Roi Léopold III en 1957 en qualité de Chef du Gouvernement. Les périples royaux post-coloniaux commencés en juin 1960 ont chacun leur particularité. Celui de 1960 est comme la décolonisation assez banale. Certains symboles nous donnent à réfléchir mais les signes ne trompent pas. C’est ainsi que le Roi Baudouin, que le gouvernement belge a envoyé un peu trop rapidement à trancher sur le vif alors que la situation au Congo Belge exigeait un certain recul, n’avait pas non plus une vision nette des rapports futurs entre la Métropole et son ancienne colonie. Sinon son discours n’aurait pas eu ce parfum d’amertume comme si le Roi concédait à regret ce qui aurait pu se réaliser selon ses propres dires «en plein accord et amitié avec la Belgique». L’hommage appuyé à son ancêtre Léopold II, le paternalisme suintant des passages où il recommande aux congolais «de ne pas se débarrasser des institutions ou formes d’ organisations leur laissées s’ils ne sont pas sûrs d’avoir à les remplacer». Sous le Maréchal Mobutu, les voyages du Roi Baudouin en 1970 et 1985 avaient plus un caractère protocolaire. Dans l’intermède, on notera la présence du Prince Albert, l’actuel Roi, à l’inauguration du premier barrage d’INGA en 1972. A la vue de ce qui précède, on ne peut que souhaiter que les rapports entre la Belgique et le Congo échappent aux pesanteurs malsaines du passé et qu’ils entrent dans une ère de maturité au bénéfice des deux peuples.
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POLITIQUE
Niger
imposer le respect strict des mandats définis Par Noël Kodia
Le Président Mamadou Tandja devait en principe quitter le pouvoir au mois de décembre de l’année dernière; mais faisant fi de l’avis de la Communauté internationale et se mettant en porte-à-faux avec l’Assemblée nationale et l’opposition du pays, il avait fait voter un référendum en août 2009 pour adopter une nouvelle Constitution qui devait lui permettre de briguer un troisième mandat. L’armée aurait peut-être profité de cette situation pour «s’intéresser» de nouveau à la politique. Une fois le coup d’état réalisé, le chef d’escadron Salou Djibo, Président du Conseil Supérieur pour la Restauration de la Démocratie (CSRD) a déclaré qu’il devait restaurer la démocratie et le bonne gouvernance que le Président Tandja n’a pas pu préserver. Ferait-il comme Ahmadou Amani Touré en 1991 au Mali qui avait relancé quelques années après la démocratie pluraliste après avoir écarté son prédécesseur?
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Le non respect de la constitution Après la chute du mur de Berlin, la donne politique sur lecontinent fondée en général sur des coups d’état, se voit bouleversée. Avec l’avènement de la démocratie pluraliste, les dirigeants africains se voient imposés des élections multipartistes fondées sur des Constitutions, une nouvelle ère qui devait permettre l’alternance démocratique au pouvoir. Rares sont les pays qui ont respecté le principe car, après deux mandats préconisés par la Constitution, la majorité des dirigeants, pour se pérenniser au pouvoir, ont eu à réviser leur Consitution, remettant une fois de plus en cause l’alternance au pouvoir qui devait se réaliser par les urnes. Quelques années d’expérience démocratique sur fond d’élections pluralistes, l’alternance au pouvoir a provoqué des soubresauts sur le continent avec confrontations entre minorités et majorités ethniques quand il fallait aller aux élec-
tions. Car en général, les Africains ne sont pas encore ‘mûrs politiquement’ en ce qui concerne la démocratie; on ne vote pas le programme des candidats mais plutôt le parent de la région ou de la tribu. Puisque l’Union africaine n’arrive pas à imposer le respect strict des mandats dictés par les Constitutions, en dehors des condamnations qui souvent n’ont pas d’effet dissuasif, les populations abusées semblent se tourner ver les hommes en treillis. On condamne toujours la prise du pouvoir par des voies non constitutionnelles, tant bien même que ceux qui sont au pouvoir ne respectent pas la Constituiton et on appelle au dialogue tous les acteurs politiques, y compris les militaires pour trouver une solution. Dernièrement, en Côte d’Ivoire, une partie de la population a ouvertement demandé à l’armée d’intervenir quand le Président Laurent Gbagbo a dissout le gouvernement et la Commission Electorale Indépendante, remettant en cause, une fois de plus, la date de la présidentielle qui
Niamey, capitale du Niger, la nuit © diasUndKompott Roland
devait se dérouler fin mars-début avril 2010. Ce qui vient d’arriver au Niger risque de donner des idées aux militaires ivoiriens.
Vers un autre type de coups d’état Depuis deux décennies, les présidents-militaires qui avaient lamentablement échoué dans leur fonction de Chef d’Etat ont quitté la scène politique à cause de la nouvelle donne fondée sur des élections pluripartistes. Ceux qui se sont entêtés à rester au pouvoir ont carrément quitté leur trillis pour le costume ou la djellaba en s’entourant des cadres de la société civile pour gouverner. Depuis ce bouleversement politique, les militaires sont retournés dans leurs casernes, l’Union africaine s’étant opposée catégoriquement aux coups d’état sur le continent. Mais à l’allure où vont les choses, l’on constate que la démocratie est dans cer-
tains pays, confisquée par des dirigeants encore allergiques aux changements imposés par la démocratie pluraliste. Ces derniers veulent se pérenniser au pouvoir par tous les moyens comme l’a fait dernièrement le Président Mamadou Tandja. A ce rythme, l’on ne sera pas surpris que la décennie qui commence inaugure un autre type de coups d’état ‘démocratiques et populaires’ qui seraient même souhaités par les populations désabusées à qui l’on empêche de choisir librement leurs dirigeants par le biais des élections libres et transparentes. Aussi, allonsnous vivre bientôt des transitions militaires qui prépareraient le retour aux affaires des vrais démocrates qui respecteraient enfin la limitation de mandats prévue par les Constitutions. Avec l’entêtement des dictateurs qui voudraient se maintenir au pouvoir par tous les moyens, l’Afrique va bientôt inaugurer les coups d’état salutaires à l’instar de celui d’Ahmadou Amani Touré au Mali en 1991. Mais le coup d’état ‘sa-
lutaire’ du capitaine Dadis Moussa Camara, qui s’est transformé en désenchantement pour le peuple guinéen, sème le doute dans l’attitude des militaires à respecter les principes élémentaires de la démocratie pluraliste. L’Union africaine doit s’imposer le respect strict des mandats définis par les Constitutions, comme le voulait Alpha Konaré, pour éviter des alternances par coup d’état qui souvent entraînent des troubles populaires. Et si l’on pouvait signifier dans la Chartre de l’Union Africaine que «le non respect de cette clause amènerait l’exclusion des pays récalcitrants de l’instance panafricaine»?
Noël Kodia est essayiste et critique littéraire.
www.unmondelibre.org
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ACTUALITE
SENEGAL CLASSIC 2010 Une randonnée au Sénégal au bénéfice des projets ruraux Par Kenza Garba
Le bureau régional (VECO) du Sénégal et de la Gambie de l’ONG belge Vredeseilanden, organise une randonnée VTT de sept jours au Sénégal entre le 2 et le 11 avril 2010. De cette façon, Vredeseilanden souhaite contribuer au développement de moyens de subsistance viables aux profits des agriculteurs familiaux organisés, au Sud comme au Nord, et a choisi les agriculteurs familiaux comme point de départ pour la mise en oeuvre de sa mission.
Le ‘Sénégal Classic’ offre aux coureurs VTT et à leurs supporters une manière unique et originale pour soutenir les projets de Vredeseilanden au Sénégal. La randonnée mènera les participants par un parcours VTT inédit à travers le Sénégal et visitera quelques projets de Vredeseilanden. Le cadre unique et le paysage magnifique en feront un événement inoubliable pour ceux en Flandre qui peuvent et veulent faire la différence.
leurs familles, amis, collègues, d’organiser des fêtes ou de vendre les kilomètres à parcourir au Sénégal.
Les sept étapes uniques auront une distance de cinquante à cent km et seront parcourues en groupe. Le VECO Sénégal/Gambia tracera et préparera la randonnée, avec l’accompagnement depuis la Belgique par e.a. Filip Meirhaeghe, l’ancien champion du monde de VTT et vainqueur de la médaille d’argent aux Jeux Olympiques.
L’organisation Aprovag est une association de paysans qui cultivent des bananes. Dans une première phase, ils ont travaillé à l’amélioration de la qualité, afin de s’armer contre la concurrence des bananes de la Côte d’Ivoire. Entretemps, les bananes sont devenues ‘bio’ et plusieurs chaînes de vente ont été développées. Pour visiter les membres d’Aprovag, les randonneurs rouleront jusqu’à Tambacounda, quelques centaines de kilomètres dans l’arrière-pays du Sénégal.
Pour pouvoir participer à la randonnée, les randonneurs VTT doivent se procurer une somme de minimum de trois mille euros, pour soutenir les projets de Vredeseilanden. De ce fait, ils seront obligés de collecter cet argent auprès de
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L’objectif de la randonnée est de combiner un défi sportif et la collecte de fonds pour les différents projets de Vredeseilanden en Afrique. Pendant la randonnée, les participants visiteront trois organisations partenaires au Sénégal: Fonio Djendé, Pellital et Aprovag.
Le CNCR est l’organisation paysanne nationale du Sénégal. Vredeseilanden a différents
programmes avec les départements locaux de CNCR, avec la coupole nationale CNCR, tout comme avec la coupole régionale pour l’Afrique Ouest (ROPPA). Avec ROPPA, Vredeseilanden collabore intensivement pour avoir une meilleure image des flux commerciaux transfrontaliers entre les différents pays de la région. Pendant la randonnée les coureurs auront l’opportunité de rencontrer les représentants de CNCR à Dakar. Pellital est la Fédération des horticulteurs de Sofaniama Djimara, une association sénégalaise qui, à l’origine, rassemblait différents acteurs qui voulaient trouver des solutions pour produire dans des zones sèches et qui voulaient chercher une solution à la dégradation constante de l’environnement et aux mauvaises circonstances de vie des habitants de la région de Kolda. Entretemps, ils font beaucoup plus que l’horticulture: leurs activités se sont étendues au domaine plus large de l’agriculture et des secteurs de base socio-économiques, comme l’éducation et la santé. Pendant cinq ans, Vredeseilanden a soutenu Pellital par un renforcement organisa-
Vredeseilanden
L’ancien champion du monde en VTT, Flip Meirhaeghe accompagne la randonnée
tionnel, un développement du leadership et a accompagné le processus d’indépendance de l’organisation. L’organisation Réseaux Fonio de la Communauté Rurale de Djendé (région Sédhiou) est en réalité composée de trois réseaux qui regroupent au total 860 producteurs de fonio dans seize villages. De toutes les céréales, le fonio est de loin le plus savoureux. Fonio est de nature sans gluten, extrêmement sain et facile à digérer. Vredeseilanden soutient ces réseaux depuis 2007 dans différents domaines: l’amélioration de la qualité du fonio pour une meilleure commercialisation, le renforcement organisationnel, l’aide dans le processus de reconnaissance et de structuration des réseaux, l’intervention dans l’achat d’équipements de production. Vredeseilanden vise une amélioration globale de la chaîne de fonio. Les revenus générés par l’agriculture durable sont un élément essentiel de l’amélioration des moyens de subsistance. Pour contribuer
à l’amélioration de la situation des exploitations familiales, l’approche de la chaîne agricole a été adoptée, allant de la production à la consommation. La demande des consommateurs et les marchés sont les principales forces régissant ces chaînes. Dès lors, Vredeseilanden facilite les initiatives de commercialisation identifiées et définies par les agriculteurs. Par le biais de sept bureaux régionaux (des VECOs), Vredeseilanden soutient des programmes de développement en Afrique, Asie et Amérique latine et coopère étroitement avec 152 organisations spécialisées dans le développement dont le tiers est constitué par des organisations paysannes. Pour l’avenir, Vredeseilanden espère organiser cet événement annuellement. C’est une expérience sportive unique, pour la bonne cause, avec un bon sentiment. Ainsi, chacun peut apporter quelque chose de bien au monde. http://www.senegalclassic.be/ http://veco.vredeseilanden.org/fr
Le nombre de personnes malnourries et pauvres dans le monde est toujours intolérablement élevé. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce sont souvent les familles d’agriculteurs qui souffrent le plus. La récente crise alimentaire ne fait que renforcer l’urgence à investir dans une agriculture durable à l’échelle planétaire. L’association Vredeseilanden veut aider les petits agriculteurs du Sud à devenir autosuffisant en matière alimentaire et à augmenter leurs revenus, pour survivre et pour améliorer leurs conditions de vie. Le siège central de Vredeseilanden est situé à proximité de Bruxelles, au cœur de l’Europe. Leur principale préoccupation est cependant l’hémisphère Sud. Ils y collaborent avec des organisations agricoles, des sociétés privées, des instituts de recherche et différents acteurs de la chaîne alimentaire. Grâce à votre don, ils peuvent faire la différence. Il vous est loisible de verser votre contribution sur le compte suivant de la ‘Banque de la Poste’ en Belgique. Une attestation fiscale vous sera envoyée au début de l’année après votre donation.
Account: 000-0000052-52 IBAN: BE64 0000 0000 5252 BIC: BPOT BE B1 Veuillez mentionner la référence: ‘Filip Meirhaeghe, nr 38’.
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ECONOMIE
On taxe ou on détaxe? Par Daouda Emile Ouedraogo
Les différentes taxes sur les produits ou sur les services semblent donner le vertige aux populations africaines ces derniers temps.
Si ce ne sont pas les Ivoiriens qui crieront à un délestage monstre alors qu’ils payent des taxes sur les factures d’électricité, ce sont les chauffeurs maliens et burkinabé qui battent le pavé contre les tracasseries policières, avec comme lit de souffrance, la multiplicité des barrages policiers sur les tronçons routiers. Où encore, les syndicats burkinabé qui débrayent avec des milliers de manifestants pour crier leur ras-le-bol contre la taxe de développement communal (TDC). Bref, en Afrique, on taxe ou on détaxe? La question mérite d’être posée parce que lorsque certains considèrent les taxes comme une source de financement des actions de développement, d’autres, en revanche, les perçoivent comme un tombeau des danaïdes pour les populations. La question est cruciale, l’enjeu est de taille lorsqu’on parle des taxes. C’est le terme le plus haï dans le vocabulaire des hommes, riches ou pauvres, petits ou grands. Que ce soit aux îles Feroé ou sur les glaces des îles de l’océan Atlantique, l’on paie des taxes. La taxe la plus universellement payée par tous les hommes est celle qui est sur la valeur ajoutée (TVA). Elle varie de 15 à 20%, sinon plus, sur
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le prix des biens de consommation et des services. Que ce soient les impôts, les taxes sur les salaires, celle sur les produits pétroliers, il existe une multitude de taxes. Mais là n’est pas le problème. Autant il est vrai que les taxes contribuent au développement du pays qui l’impose, autant trop de taxes tue la taxe. L’Afrique a construit des édifices grâce aux différentes taxes récoltées sur différentes prestations. Même la Banque mondiale et le FMI ont bénéficié des taxes versées par les pays africains lors des différents prêts pour construire le développement de certaines nations. Il est avéré que le civisme fiscal impose à chaque citoyen de payer ses taxes pour contribuer au développement de son village, de sa ville, de son pays. Mais, le hic dans cette affaire est que certains Etats confondent vitesse et précipitation. En Afrique, certains pays ont tellement imposé de taxe sur les revenus des salaires de leurs fonctionnaires qu’à la fin du mois, ceux-ci tirent le diable par la queue. Et, ce n’est pas l’Afrique seulement. Les Suisses pleurent les taxes comme des enfants. Est-ce social de payer quelqu’un, pour qu’il
vive comme un esclave? C’est là toute la problématique des taxes dans les pays africains. On ne sait qui fait quoi avec ce qu’on a payé. Autre problème majeur, le chevauchement des taxes. En Afrique, avec les regroupements régionaux, certaines taxes sont payées deux fois dans deux Etats faisant partie d’un même regroupement régional. Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) on a le Tarif Extérieur Commun (TEC). Il se trouve que dans certains Etats de ce regroupement régional, ce même TEC est payé par les usagers sous diverses appellations. La taxe doit servir à construire la planète et non à la détruire. Et, il faut qu’on ait le courage de le dire, il est bon de payer ses taxes par amour pour sa patrie mais, il est aussi bien de ne pas asphyxier son peuple avec une multitude de taxes. Les temps sont durs, hélas! Cependant, on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Et, le sage Confucius le dit si bien «nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut avoir l’expérience sans épreuves».
MAGHREB
Yamila Idrissi Ecrire pour donner de l’espoir aux jeunes Propos recueillis par Kenza Garba
Elle est belge et marocaine. Elle veut écrire pour donner de l’espoir aux jeunes générations issues de l’immigration en Belgique. Elle s’appelle Yamila Idrissi. «Lorsque nous posons des questions sur l’immigration et les immigrants, nous en arrivons immanquablement à nous interroger sur ce que nous sommes et ce que nous voulons être». La réponse sur cette interrogation individuelle et toutefois commune, se trouve dans son livre ‘C’est par l’autre que l’on se connaît soi-même’.
Yamila Idrissi est avocate et parlementaire en Belgique. Elle a écrit son livre conjointement avec la journaliste belge, Tessa Vermeiren. Les deux femmes que tout semble séparer de prime abord, se rencontrent et parlent de leur trajectoire personnelle d’ascension sociale. Il s’est avéré lors de leurs conversations que le processus d’émancipation d’une femme, issue d’un milieu très défavorisé, est entravé par les circonstances socio-économiques, et non pas par la tradition ou la culture. Dans ‘C’est par l’autre que l’on se connaît soi-même’ Idrissi et Vermeiren racontent leurs histoires, leurs combats pour l’égalité des chances, leurs engagements dans la vie politique et leurs batailles pour défendre leurs convictions.
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«Mon cadre de référence est très large», explique Yamila Idrissi qui ne veut pas être cloisonnée dans une identité de flamande ou d’origine marocaine, de juriste, de politicienne ou de femme mais tout cela à la fois. Tessa Vermeiren a, quant à elle, travaillé pour diverses maisons d’édition et journaux belges. Elle a été, jusqu’en 2008, rédactrice en chef et directrice de la publication de Knack Weekend. Elle est aussi présidente de Telenet, dont la mission est de contribuer à la réduction de la fracture numérique, en particulier, auprès des jeunes issus de famille défavorisées. «Ce qui entraîne la réussite ou l’échec,» poursuit Idrissi, «c’est d’arriver ou non à vaincre ces démons et d’avoir ou non la chance de rencon-
trer des gens qui décident de faire une partie du chemin à vos côtés. Que la balance penche dans un sens ou dans l’autre, c’est souvent une question de hasard. La ligne de démarcation est extrêmement subtile. Et puis, en dépit des origines, de la classe sociale et de la chance, intervient aussi le choix personnel. À la condition, bien sûr, que l’on soit disposé à en payer le prix.» Quant à son affinité avec la journaliste belge, Yamila est de l’opinion que l’appartenance à la classe ouvrière, dont elles sont toutes les deux issues, est à l’origine. «Je ressens une affinité de ce type avec Tessa Vermeiren. Je m’identifie facilement à son histoire, celle d’une femme qui, malgré sa naissance en milieu ouvrier, a osé
suivre, à ses propres risques, la voie qu’elle s’est tracée. Elle ne se soumet pas ce semble être sa voie prédestinée. La classe sociale ouvrière flamande de la jeunesse de Tessa a évolué vers le haut. À présent, un autre groupe socio-économiquement faible a pris sa place: les allochtones défavorisés.» «Je suis d’origine marocaine, j’ai été élevée dans la religion musulmane, je viens d’un milieu ouvrier et je suis une femme. Ce sont quatre facteurs qui m’ont rendu la vie difficile lorsqu’il s’est agi de remporter un diplôme d’assistante sociale et ensuite un diplôme universitaire de Droit. Ce sont ces mêmes facteurs qui ont compliqué mon ascension dans l’échelle sociale. Mon histoire n’est pourtant pas le récit romantique d’un succès. C’est une histoire d’échecs et de persévérance, une histoire de grandes
l’on hérite de son passé familial ou que l’on se construit soi-même. J’ai toujours le sentiment que ce n’est pas moi qui ai la maîtrise du jeu. Il n’y a pas que le contenu... Tant dans mon métier d’avocate que plus tard, en politique, j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec de fortes personnalités. De gens qui m’ont appris beaucoup, que j’ai pris pour guides et devant lesquels j’étais en admiration. Et auxquels j’ai donné le statut inconfortable de ‘Dieu le Père’.»
douleurs et de joies intenses. De désaffection et de solidarité. D’envies de laisser tout tomber et d’obstination dans la poursuite. Je crois que tous ces éléments caractérisent tant mon récit que celui de Tessa. Ce sont des histoires d’inégalité des chances et d’injustices sociales. D’émancipation et de libération. Des histoires où il fallait oser faire des choix.»
notre place en Belgique. J’entends souvent dire que nous étions ‘des enfants belges sans foyer’ et que nous étions ‘coincés entre deux cultures’. Ce n’est pas vrai. Nous avons au contraire eu plus de facilités que nos parents. Pour eux, la Belgique était un pays étranger et il était très difficile d’avoir le sentiment d’appartenir à une société. Pour être acceptés. Surtout si l’on est né ailleurs, si l’on y a vécu une grande partie de sa vie et si l’on a l’intention de retourner un jour… Mais lorsqu’ils ont été ici, beaucoup y sont restés pour de bon parce qu’ils ne pouvaient plus retourner à cause des enfants, du travail… Quand ils ont vieilli, ces immigrants ont constaté qu’ils ne s’étaient pas construit leur propre foyer en Belgique. Leur pays d’origine leur manquait trop et ils avaient toujours considéré la Belgique comme une étape intermédiaire de longue durée. Mais pas comme la dernière demeure qu’elle a fini par devenir. À présent, j’ai un nouvel espoir. Le pays est vieux, un jour, je serai vieille et le pays sera peut-être nouveau.»
«Aujourd’hui, je me mets en colère lorsque j’entends des réflexions telles que ‘Yamila a cessé d’être une allochtone car elle a réussi’, ou ‘Elle n’a gardé que bien peu d’affinités avec la classe ouvrière parce que c’est une intellectuelle’. À cela je réponds: ‘La jeune fille est sortie de son quartier populaire, mais le quartier populaire n’a jamais quitté la jeune fille.’ Dans ma fonction publique, en tant que femme politique, j’ai tenté de créer autant que possible un cloisonnement avec ma vie privée. Je crois fermement qu’il est possible de façonner la société. Je voulais exercer une influence, mettre au point des lignes politiques et faire des propositions. Je ne voulais pas utiliser ma propre histoire à cet effet. Et si, aujourd’hui, je le fais quand même, c’est que je suis convaincue qu’il s’agit de politique personnelle.» «Je suis arrivée à ce que je voulais», déclare Yamila Idrissi dans son livre. «C’est du moins ce que je pensais lorsque j’ai enfin pu remporter mon diplôme de Droit. J’avais posé mes choix personnels, à l’opposé de toutes les normes en vigueur. À ce moment, on a l’audace de se dire: ‘I made it!’ Aujourd’hui pourtant, je me rends compte qu’il ne suffit pas d’avoir un diplôme. Il s’agit surtout de mettre ses compétences sur l’échiquier humain. Il s’agit de réseaux que
«C’est par l’autre que l’on se connaît soi-même», traduit en français grâce au concours du Conseil de la Communauté Marocaine de l’étranger (CCME) et du ministère chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l’étranger, a été publié aux éditions Le Fennec. ‘C’est par l’autre que l’on se connaît soi-même’, Yamila Idrissi et Tessa Vermeiren, 206p, 2010, édition de poche, Editions Le Fennec, ISBN 9954167243
Idrissi conclut son livre en paraphrasant Hanif Kureishi (1): «On a dit que nous ne savions pas à quoi nous appartenions, que nous n’étions ni chair ni poisson. Nous avons souvent été désignés comme ‘la deuxième génération d’immigrants’, parce qu’il ne pouvait surtout pas y avoir de malentendu sur le fait que nous n’avions pas
www.siel2010-migration.com/
(1) Hanif Kureishi: fils d’une Anglaise et d’un Pakistanais, Kureishi a étudié la philosophie à l’université de Londres. Ses livres
«Dans le pays qu’on laisse derrière soi, la vie peut tout simplement se poursuivre mais, dans la diaspora, elle reste souvent suspendue d’une curieuse manière, comme si le seul fait de l’avoir quittée avait déjà provoqué bien assez d’inquiétude.»
traitent essentiellement de l’immigration, du racisme et de la sexualité. Il est un des représentants les plus connus de la nou-
Hanif Kureishi
velle ‘école’ d’écrivains britanniques d’origine étrangère.
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MAGHREB
Nouvelles du Maghreb Par Jamal Garando et Kenza Garba
Une nouvelle liaison maritime vers le Maroc Pour tous ceux qui pensent passer un séjour au Maroc, 2010 s’annonce comme une année de nouveautés au niveau de transferts. Des nouvelles liaisons maritimes et aériennes entre le vieux continent et le Maroc ont été annoncées par la Royal Air Maroc (RAM) et par la compagnie espagnole Acciona Trasmediterranea (AT). Ce renforcement facilitera les aller-retour entre le nord de l’Espagne et le Maroc et entre le Maroc et l’Allemagne. La ligne maritime passagers et fret entre Barcelone, la capitale catalane, et Tanger au Maroc, sera opérationnelle à travers le ‘Albayzin’. Ce navire est doté d’une capacité de 575 passagers et 200 véhicules. Les départs de Barcelone auront lieu tous les lundis et vendredis à partir de 12h00 et de Tanger, tous les mardis et samedis à minuit. La RAM a annoncé la création prochaine des lignes entre Marrakech et Munich ainsi que Casablanca et Berlin. Déjà au mois de janvier la AT avait présenté l’arrivée d’un nouveau cargo, le ‘José María Entrecanales’, sur la ligne Agadir-Barcelone via Alicante, Las Palmas et Santa Cruz de Tenerife. Jusqu’à présent, la AT n’assurait pas le transport par ferry entre le Maroc et le sud de l’Espagne.
Pour un plan solaire marocain Oui ou non, le Maroc sera-t-il le principal, ou en tout cas le premier fournisseur d’énergie solaire de l’Euromed? C’est l’objectif avoué, mais parfois aussi chahuté, d’un plan solaire qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Apparemment, et n’en déplaise aux sceptiques, il semble pourtant bien prendre forme. Ainsi la France et le Maroc viennent de décider la mise en place d’un partenariat institutionnel, technique et financier afin précisément d’assurer le succès de ce plan solaire marocain, soit l’objectif de deux Giga Watts d’énergie solaire d’ici à 2019. Un premier appel d’offre sera d’ailleurs lancé dès cet automne pour construire et exploiter plusieurs centrales d’une capacité chacune de cinq cent Méga Watts. Globalement les objectifs du plan solaire marocain sont cohérents avec ceux du plan solaire méditerranéen; l’un des volets importants, rappelonsle, de l’Union Pour la Méditerranée (UPM), projet qui vise à développer des centrales électriques utilisant des sources d’énergies renouvelables sur les rives sud et est de la Méditerranée, pour une production additionnelle totale de vingt Giga Watts d’ici 2020. En clair, le plan franco-marocain vient donc prendre place face ou à côté de celui développé par le gouvernement allemand. Berlin a en effet l’intention d’appuyer le projet appelé Desertec, projet porté par un consortium d’entreprises et de banques allemandes et qui a pour objet d’installer dans les pays d’Afrique du nord des centrales solaires et des parcs éoliens qui couvriraient à terme 15 % des besoins énergétiques européens. Mais là aussi il faudra revoir les partenariats et pis surtout les sources de financement en espérant la collaboration d’autres sociétés et banques, notamment françaises, italiennes, néerlandaises mais aussi marocaines et tunisiennes. Les premiers chantiers, quoi qu’il en soit du réseau énergétique afro-européen, pourraient commencer dans moins de dix ans, et son bon fonctionnement nécessitera alors obligatoirement la création d’un nouvel itinéraire d’acheminement de l’électricité. Source: http://maghrebinfo.actu-monde.com
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Edupartage.com, un nouveau site éducatif tunisien Le paysage éducatif tunisien en ligne vient de se renforcer par un nouveau site éducatif ‘edupartage.com’, un espace multifonctions destiné principalement aux Tunisiens, toutes catégories confondues et conçu pour être non seulement un espace éducationnel, mais également un réseau social. Le nouveau site éducatif est lancé avec le soutien notamment de l’Office national de la famille et de la population (ONFP), le journal ‘Le Temps’ et Radio ‘Mosaïque Fm’. Optant pour une tendance 2.0 avec une interface simple et des couleurs gaies, le site invite ses visiteurs à découvrir ses différentes ‘communautés’ partant de la frange trois à cinq ans’ jusqu’aux ‘professionnels’ tout en passant par les élèves, les étudiants, les enseignants et voire même les parents. Le site éducatif comporte également des espaces d’échange et de collaboration, des cours, des formations, des jeux éducatifs, d’autant plus qu’il propose, au plaisir de ses visiteurs, des experts à l’écoute des préoccupations des parents et des élèves. S’agissant du contenu du site, il est principalement en langue française avec quelques articles et informations en langue arabe. Pour ne citer que les deux communautés, ‘élèves’ et ‘parents’, le site aborde des thématiques variées et d’actualité dont celle de la lutte contre la violence à l’égard de la femme, outre les examens marquant la fin du deuxième trimestre de l’enseignement secondaire. Source: www.infotunisie.com
DIASPORA
Détail de la mosquée HassanII Casablanca, Maroc © Lukas Vermeer
Dar El Ward Demain j’irai mieux Par Jamal Garando et Kenza Garba
Suite à des demandes individuelles de soutien pour l’achat de médicaments souvent non commercialisés au Maroc de la part de parents d’enfants atteints du cancer, l’association Dar El Ward s’est engagée à apporter son aide à ces enfants en créant le projet: ‘Demain j’irai mieux’.
Par ce projet, Dar El Ward veut à la fois travailler sur le volet de l’information et de la sensibilisation car le cancer des enfants se répand de plus en plus, mais veut également mener des actions afin de collecter des fonds et pouvoir offrir aux enfants malades et complètement démunis au Maroc, un ou plusieurs traitements. Ce projet a vu le jour en janvier 2006. L’association Dar El Ward a alors organisé un dîner de gala qui remporta un vif succès et qui leur a permis d’acheter des médicaments non commercialisés au Maroc pour une valeur de douze mille euros, lesquels ont été distribués aux deux unités hospitalières qui accueillent la majorité des enfants cancéreux au Maroc. A ce jour, Dar El Ward est très heureux de cette collaboration, car nombre d’enfants ont pu bénéficier de ces médicaments, et voient peutêtre leur vie sauve. Malheureusement, les cas ne cessent d’augmenter et la demande se fait toujours plus grande. L’objectif pour 2010, est d’arriver à acheter deux produits (sur huit) non commercialisés au Maroc, pour un budget de vingt-cinq mille euros.
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«Cette somme peut sembler impressionnante, mais rien n’est impossible quand tout le monde apporte sa modeste pierre à l’édifice», dit Najat Saadoune, présidente de l’association. «Nous proposons de trouver au moins deux cent cinquante partenaires qui collecteront cent euros auprès de leur famille, mosquée, association ou milieu commercial. Chaque partenaire s’engagera à collecter jusqu’au mardi 27 avril 2010 cette somme, ensuite la versera sur le compte en banque ou l’apportera à la soirée de clôture de cette campagne qui aura lieu ce même jour. Nous clôturerons avec une soirée théâtrale accompagnée par la Troupe de Meknès, en nous présentant la pièce ‘Almazroube’, ‘le pressé’, qui se jouera au profit des enfants atteints de cancer au Maroc. Pour chaque montant versé sur notre compte (égal ou supérieur à trente euros par an), une attestation fiscale déductible d’impôts vous sera envoyée dans le courant du mois de février suivant.»
Najat Saadoune Dar El Ward asbl 140, rue Anatole France 1030 Schaerbeek e-mail: darelward@live.be mobile: 00 32 (0) 475 212 303 La soirée de clôture se tiendra le mardi 27 avril 2010 à 19h au Conservatoire Royal de Bruxelles, rue de la Régence, 30 à 1000 Bruxelles. Le numéro de compte en banque: 733-0323538-73
DIASPORA
La Fondation Boussoufa aide les enfants Par Kenza Garba
Les œuvres associatives liées aux enfants lui tiennent à cœur depuis toujours. Car M’Bark Boussoufa n’est pas qu’un pro de foot. Il est un homme engagé. Au début de cette année il a créé la Fondation Boussoufa. La Fondation Boussoufa aide d’une manière structurelle et permanente des enfants trisomiques de l’école de football «‘t Vosje» à Vilvorde.
LNA: La Fondation Boussoufa est une initiative récente. Pourquoi avez-vous voulu créer la Fondation? M’Bark Boussoufa: J’ai créé la Fondation Boussoufa au début de cette année. La mission est d’apporter une aide aux associations s’occupant de personnes affectées d’un handicap et des orphelins. J’interviens modestement au niveau du sponsoring pour aider d’une manière structurelle et permanente des enfants. Le but est de leur offrir les moyens nécessaires pour pratiquer leur passion qui est le football. Il s’agit entre autres de leur équipement, des ballons et de leurs moyens de transport. LNA: Où est-ce que votre association est-elle active? MB: Le projet est d’être actif tant en Belgique qu’au Maroc. En Belgique j’aide entre autres l’association «‘t Vosje» à Vilvorde. C’est une
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association sportive offrant différentes disciplines de sport à des personnes à partir de huit ans. Depuis deux ans, avant la création de la fondation, j’avais déjà apporté une aide financière annuelle. Je trouve que c’est mon devoir en tant que footballeur de m’engager au niveau humanitaire. LNA: Qu’est ce qui vous a touché quand vous avez visité les enfants à Vilvorde au mois de février? MB: J’étais très touché par les marques d’amour dont sont capables les enfants, en l’occurrence. Bien que sensible aux situations difficiles, c’est le football qui m’a permis de m’impliquer concrètement. Il y a un an j’étais invité à un tournoi de minifoot de cette association et j’ai été très touché du caractère sympa et chaleureux qui caractérisait les enfants. Chaque enfant réagit selon ses moyens d’expression
mais leur enthousiasme non feint et leur naturel ne peut que toucher le cœur. LNA: Quelle importance cette démarche a-telle dans votre vie privé et professionnelle? MB: Cette implication me tient vraiment au cœur. Elle m’apporte beaucoup sur le plan humain et relationnel et permet de m’affirmer personnellement et non pas uniquement d’un point de vue performance. LNA: Qui sont vos idoles dans votre vie? MB: Je n’ai pas d’idoles. Je suis très attaché à ma Foi et aux valeurs familiales. C’est là que je puise les exemples qui guident ma vie. Mais j’accorde beaucoup d’importance aussi aux personnes qui s’occupent des enfants qui fréquentent le club. J’admire leur travail et leur persévérance. Pour elles, la Fondation Boussoufa est un encouragement.
«‘t Vosje» - Vilvorde En avril 1988, quelques parents de jeunes handicapés mentaux ont décidé de créer un club de sport pour handicapé mental, sous la protection de l’association d’athlétisme bruxellois. A la fin de 1990, le moment est venu pour le club de voler de ses propres ailes, et l’asbl «‘t Vosje» a été créée. Il est apparu rapidement que c’était une bonne idée, car à partir de ce moment le club a connu une croissance rapide. Actuellement le club compte soixante-quinze athlètes provenant de Vilvoorde et de sa région. Pendant les entraînements, les entraîneurs consacrent beaucoup de leur temps. Pour alléger légèrement leur tâche, le club obtient l’aide d’étudiants de première année en kinésithérapie de l’Université Libre de Bruxelles (VUB). A côté de l’athlétisme et de la natation, les enfants du club s’entraînent également à la pratique du cyclisme, du bowling et du football. Par l’enthousiasme des membres, des entraîneurs et des parents, les succès n’en sont pas restés là. «‘t Vosje» est allé participer aux Jeux Olympiques pour Handicapés Mentaux, ‘Les Spécials Olympics‘. La première fois, ce fut aux Spécials Olympics Belgium en mai 1989 à Woluwé-St-Pierre. Avec quatre athlètes, le club est déjà directement rentré à la maison avec huit médailles. A partir de 1991 et depuis lors, chaque année, l’association est chaque fois présente aux Spécial Olympics Belgium, et chaque fois avec un nombre croissant d’athlètes. En mai 2001 à Hasselt, avait lieu les vingtièmes Spécial Olympics en Belgique. Avec dix-sept athlètes participants, «‘t Vosje» a gagné douze médailles d’or, quatre médailles d’argent et cinq médailles de bronze. Au niveau international, le club est également de la partie.
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SOCIETE photo: © Walterito
Pas demain le bout du tunnel La journée internationale de la femme en bref Propos recueillis par Persyde Doowo
Droits égaux entre l’homme et la femme. Opportunités égales. Progrès pour tous. Mais dans ce marathon, la femme qui court aussi bien que son partenaire peine à voir la ligne d’arrivée. Le huit mars, journée internationale dédiée à la femme, le ton est une fois de plus monté d’un cran à travers le monde pour dénoncer les inégalités et les obstacles qu’on tend à la femme et qui conditionnent sa situation d’aujourd’hui.
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A travers le thème ‘Droits égaux, Opportunités égales: Progrès pour tous’, la femme a voulu en 2010 interpeller les instances nationales et internationales pour que cessent les injustices à son égard et que les discours officiels vantant sa promotion se concrétisent en acte. Plusieurs pays ont abordé la question suivant les problèmes spécifiques des femmes de leurs Etats.
De ce fait près de quatre mille militantes et militants ont manifesté le six mars dernier dans les rues de Bruxelles pour défendre le droit des femmes au cours de la troisième marche mondiale des femmes. Plusieurs associations, des syndicats et des partis politiques ont été représentés à cette marche, qui s’est inscrite également dans le cadre du 100e anniversaire de la journée internationale des femmes.
En Belgique, les femmes sont confrontées à différentes problématiques de façon plus criante que les hommes: difficulté d’accéder à un logement, surtout pour les familles monoparentales, victimes de violences, victimes du non-paiement des pensions alimentaires, difficulté d’accéder aux soins de santé, garde d’enfants et l’exclusion du chômage par le statut de co-habitante. Les femmes représentent 80% des salariés pauvres. Elles occupent majoritairement des emplois précaires et sont contraintes à des emplois à temps partiel.
Quatre thèmes ont été évoqués au cours de la manifestation. A la Bourse, lieu de départ de la marche, c’est l’autonomie économique et financière de la femme qui a été revendiquée. Place Saint-Jean, les manifestantes ont réclamé la paix et la démilitarisation. Le thème abordé place de la Chapelle était les services publics et les biens communs. Enfin, au Palais de Justice, c’est la violence faite aux femmes qui a été abordée. «Nous voulions montrer notre volonté de se battre contre l’impunité face aux violences faites aux femmes et au silence qu’il y a autour», a déclaré Pierrette Pape,
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porte-parole de la marche mondiale des femmes. Un cahier de revendications a été remis à Joëlle Milquet, Ministre fédérale de l’Emploi, Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen, Joke Schauvliege, Ministre flamande de la Culture et Bruno De Lille, secrétaire d’Etat bruxellois à l’égalité des chances.
La pratique ne suit pas les textes du droit de la femme Quinze ans après la quatrième conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995, qui a fait œuvre de pionnier, la communauté internationale a fixé des normes juridiques claires pour interdire la discrimination et promouvoir activement l’égalité hommesfemmes et l’émancipation des femmes. Ces normes sont acceptées dans tous les pays du monde dans le cadre de la législation sur les droits de l’homme. La communauté internationale s’est aussi dotée d’organes qui peu-
vent effectivement suivre la mise en œuvre des droits des femmes. Il s’agit notamment du Comité des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW) et du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, récemment nommé, pour la violence sexuelle dans les conflits armés. Pourtant, la mise en œuvre est lente dans de nombreux pays du monde. Une nouvelle étude menée dans dix pays au sujet de la santé des femmes et la violence domestique par l’Organisation mondiale de la santé montre que 15 à 71% des femmes font état de violence physique ou sexuelle de la part de leur mari ou de leur partenaire. Entre 4 et 12% des femmes indiquent avoir été frappées durant leur grossesse. Chaque année, ce sont environ cinq mille femmes qui, dans le monde, sont assassinées par des membres de leur famille au nom de l’honneur. Dans ces conditions, les mécanismes de protection des droits de la femme demeurent sous exploités et la plupart des femmes ignorent qu’en tant que victimes, elles peuvent, chacune, adresser une plainte aux Nations unies par exemple. Il s’agit là des problèmes clés que doit traiter la politique de l’Union européenne (UE) en matière de droits de l’homme dans les pays tiers. À Bruxelles, l’UE œuvre dans ce sens en appliquant les normes les plus élevées. Le Conseil de l’UE adoptera des conclusions sur «l’éradication de la violence à l’encontre des femmes dans l’Union européenne». L’UE doit également être un leader en montrant l’exemple dans ses politiques internes.
Cérémonies autour du huit mars Pérou: Le quatre mars dernier, l’Ambassadeur de France, Madame Cécile Pozzo di Borgo, a participé à l’inauguration du forum organisé à l’initiative de Médecins du monde, sur les ‘Droits sexuels et Reproductifs des adolescentes au Pérou’, en présence notamment de représentants de la Délégation de la Commission européenne, du Ministère de la Santé, et du Collège d’obstétriciennes péruvien. Les différentes présentations ont ainsi permis de présenter les enjeux actuels de cette question au Pérou. Le six mars dernier, la Consul de France, Madame Camille Pauly, a participé à l’hommage organisé par le Congrès péruvien pour la Journée Internationale de la Femme. Elle a ainsi présenté les principaux enjeux pas-
sés et contemporains de la place de la femme au sein de la société française et en Europe. Cameroun: le réseau ‘More women in politics’ a donné le cinq mars dernier une conférence publique sur le thème «égalité des droits civiques et politiques comme outil souverain de lutte contre l’apathie électorale», en partenariat avec les ministères de la promotion de la femme, de la famille et de la communication. Solidarité toujours au féminin. Les dames des ministères de l’industrie, des mines et du développement technologique, ainsi que celles des travaux publics tendent la main aux couches défavorisées. Elles ont tour à tour visité le quatre mars dernier le Centre mère Térésa de Simbock et le centre d’accueil des enfants en détresse de Yaoundé. Ces différentes actions, qui rentrent dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme, ont eu pour objectifs d’apporter du réconfort et une aide matérielle aux nécessiteux. Burkina faso: ‘Femme, alphabétisation et éducation non formelle’, tel a été le thème que le Burkina a choisi, cette année, pour mener des réflexions sur l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes. Diverses activités ont marqué la commémoration de la journée de la femme tenue le huit mars dernier. Plusieurs femmes ont mobilisé leurs soeurs des treize régions. Présidé par Céline Yoda, ministre de la Promotion de la femme, ce panel dont, l’ouverture a connu la présence de Ousséni Tamboura, Ministre délégué chargé de l’éducation non formelle, et Priscille Zongo, épouse du Premier ministre, a permis de faire l’état des lieux des politiques et programmes d’alphabétisation et d’éducation non formelle des femmes et des jeunes filles. Il a également permis d’identifier des actions et mesures à prendre pour accélérer l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement y afférent. Guinée-Conakry: Madame Mariam Béavogui, Ministre des Micro-finances a souligné le caractère particulier de cette journée à cause des événements malheureux que son pays avait connus l’année dernière au cours de la cérémonie organisée à l’occasion de la journée de la femme. Elle a mis l’accent à ce propos sur l’implication des femmes dans le processus de prise de décision qui, a-t-elle dit, «pourrait contribuer à booster l’économie nationale». La ministre a aussi dénoncé la discrimination dont sont victimes les femmes dans certains
milieux sociaux. Elle a rappelé au passage que les femmes ont joué un grand rôle dans la lutte pour les indépendances. La représentante du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Madame Marcelle Chevalier, a parlé pour sa part de la nécessité de rendre les femmes plus autonomes dans leur vie de tous les jours, tout en revendiquant l’égalité des sexes. Centrafrique: la Première Dame, Madame Monique Bozizé, a présidé le huit mars dernier à l’hémicycle de l’Assemblée nationale à Bangui, la cérémonie commémorant la Journée Internationale de la Femme, en présence de la Représentante du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Madame Thérèse Zeba, et de la Ministre des Affaires Sociales, de la Solidarité Nationale et de la Famille, Madame Bernadette Sayo. Il s’agit de convaincre les décideurs de la nécessité de promouvoir les considérations du Genre au plan national, d’amener les parlementaires à adopter des lois en tenant compte des intérêts des femmes et des minorités sociales, d’inciter les membres du Conseil économique et social à rendre les programmes de développement sensibles aux besoins vitaux et stratégiques des femmes et des minorités sociales et enfin d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité de produire le rapport national sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes exigé par les Nations unies. RD Congo: le thème national choisi a été ‘le progrès pour tous par la parité homme-femme dans un Congo cinquantenaire’. Cette année, le gouvernement est déterminé, d’après la ministre du Genre, Famille et Enfant, à apporter des changements significatifs dans le vécu quotidien de la femme congolaise. Marie-Ange Lukiana a annoncé à cet effet, la création de deux structures dans le cadre du cinquantenaire de la République, à savoir l’AVIFEM, Agence de lutte contre la violence faite à la femme et le FONAFEN, Fonds national pour la protection de l’enfant et de la femme. Pour commémorer cette journée du huit mars, plusieurs manifestations ont été organisées à travers le pays.
Source: yahoo actu & google
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ENVIRONNEMENT
Mali
Une technique innovante pour faire tomber la pluie Par Daouda Emile Ouedraogo
Par le truchement du bombardement des nuages, les Maliens ont pu acquérir une technique innovante pour faire tomber la pluie, baptisée «opération Sandji». Soutenue par des pays expérimentés dans ce domaine, les résultats de cette forme d’obtention de la pluie ne se sont pas fait attendre sur l’agriculture.
En 2006, le programme de pluies provoquées a débuté. Baptisé «opération sandji» (1) ce programme, d’un coût global de vingt-deux millions d’euros, vise à faire face aux déficits pluviométriques. Entre 2006 et 2008, l’opération a effectué respectivement soixante-huit, cent vingt-sept et deux cent cinq sorties par année. Résultat: une augmentation significative de 22% (atteignant 45% par endroits) de la pluviométrie et une meilleure répartition de cette manne du ciel sur le territoire national. Le procédé utilisé consiste a ensemencé les nuages par l’iodure d’argent et le chlorure de calcium.»Si tous les facteurs sont réunis, le
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petit avion de type Piper Cheyenne II équipé d’un labo de physique de l’atmosphère monte au ciel pour ensemencer les nuages. L’avion, doté de cartouche pyrotechnique, libère des produits chimiques à base de sulfate de sodium. Les sels distillés dans les nuages s’agglutinent autour des particules qui forment les nuages et contiennent de la vapeur d’eau. L’opération est toujours suivie d’effet et fait provoquer immédiatement de la pluie dans les vingt à quarante minutes qui suivent», a expliqué Mama Konaté, le Directeur général de la Météo au Mali. A cet effet, deux avions et une station d’imagerie satellitaire ainsi qu’un ré-
seau de quatre radars météorologiques (dans les villes de Manantali, Bamako, Mopti et Gao) ont été nécessaires pour mener à bien cette mission. La stratégie a été payante. Ces opérations ont contribué non seulement à réduire l’impact néfaste du déficit pluviométrique mais aussi à favoriser le bon remplissage des barrages hydro-électriques.
sés n’ont débouché sur aucune conséquence négative détectée et prouvée». La pertinence de cette opération a permis au Mali de faire face aux difficultés liées à l’accès à l’eau potable et à celle des cultures irriguées. Le Mali peut s’enorgueillir d’avoir fait œuvre utile pour les populations. L’Etat, au vu des résultats probants, a formé des agents compétents, aptes à relever le défi, en lieu et place des experts étrangers. D’où une satisfaction générale: la technique de la pluie provoquée ou encore de l’augmentation des précipitations par ensemencement des nuages, semble tout indiquée pour un Sahel qui souffre de la raréfaction des précipitations.
Aucun impact négatif sur la santé L’une des interrogations majeures qu’a suscitée l’opération «Sandji» a été de savoir si elle avait des impacts négatifs sur la santé des populations. Pour le Directeur général adjoint de
la météorologie du Mali, Djibrilla Maïga «l’opération Sandji n’a aucun impact négatif sur la santé humaine, ni sur l’environnement». Pour étayer ces propos, le coordonnateur du programme, Mamadou Adama Diallolève évoque: «Au plan environnemental, les produits utili-
(1) Sandji signifie en langue nationale bambara pluie
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SANTE photo: © Walterito
Le préservatif féminin en Afrique Par Berthe Mobani
Selon l’association ONUSIDA, l’Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée par le VIH dans le monde. Les femmes africaines ont trouvé un nouveau moyen, avec ce préservatif féminin, de maîtriser leur protection.
Selon l’association ONUSIDA, l’Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée par le VIH dans le monde, et représente plus des deux tiers de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH et près des trois quarts des décès liés au sida en 2008. On estime qu’en 2008 1,9 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH en Afrique subsaharienne, ce qui porte à 22,4 millions le nombre des personnes vivant avec le VIH. Le préservatif féminin est en fait une sorte de gaine munie d’un anneau souple à chaque extrémité. L’anneau intérieur, situé du côté fermé, sert à l’insertion et au maintien du préservatif. L’anneau extérieur, plus grand, recou-
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vre les organes génitaux externes. En polyuréthanne, il est plus fin mais néanmoins plus résistant que le latex utilisé pour le préservatif masculin. Il est lubrifié et à usage unique. Plus à risque, les femmes ne bénéficient que depuis peu d’un moyen de protection contre le VIH et les maladies sexuellement transmissibles (MST). Les femmes africaines ont trouvé un nouveau moyen, avec ce préservatif féminin, de maîtriser leur protection, c’est l’un des avantages de ce préservatif; un autre avantage est que lorsqu’il est bien utilisé, ce préservatif développe une surface de protection des zones génitales bien plus étendue que la capote. Une
vaste étude réalisée par ONUSIDA en Afrique du sud montre que 84% des femmes interrogées étaient prêtes à utiliser le préservatif dans l’avenir.
Contraintes de ce préservatif Les hommes refusent souvent de se protéger et d’assurer celle de leur partenaire, c’est pourquoi les femmes le considèrent comme un plus pour leur protection. Plusieurs femmes pensent, malgré cette envie d’utiliser ce préservatif, qu’il existe trop de contraintes concernant celui-ci, la difficulté de le mettre en premier lieu, mais celles qui l’usaient correctement la première
fois décidaient de l’adopter. Deuxièmement, sa taille, il est très grand et il gêne une fois mis en place. Troisièmement, son coût, il coûte plus cher que celui du préservatif masculin.
A qui est-il destiné? Lors de sa découverte pour la première fois, ce préservatif n’était destiné qu’aux travailleuses de sexe, et aux femmes considérées comme exposées au risque de contracter le VIH. Mais pour le moment toute la population féminine est concernée par ce préservatif.
L’efficacité du préservatif féminin Très peu de méthodes de prévention sont efficaces à 100%. Les préservatifs peuvent de temps en temps glisser ou se déchirer, bien que ceci se produise rarement. Les préservatifs qui sont périmés, conservés dans des conditions inadaptées, qui ont des défauts de fabrication, ont plus de chances de se déchirer. En général, si les préservatifs se soldent par un échec, il y a de fortes chances qu’ils n’aient pas été employés comme indiqué. En réalité, les préservatifs sont extrêmement efficaces en ce qui concerne la prévention d’une transmission du VIH quand ils sont utilisés. Comme les rapports sexuels sont souvent spontanés, c’est une bonne idée d’avoir toujours avec soi un préservatif en cas de besoin. Plusieurs personnes hésitent encore sur la fiabilité de ce préservatif en tant que méthode de contraception et de protection contre les MST. Le préservatif féminin a d’ailleurs passé ces tests avec succès: 99,2% d’efficacité contraceptive pour une utilisation systématique et correcte, barrière efficace contre les agents responsables des MST.
Cette pratique a été signalée dans plusieurs régions pauvres. Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) condamne sa réutilisation, elle a pourtant déclaré en juillet 2002 que «la décision finale quant au réemploi du préservatif féminin doit se prendre au niveau local». L’OMS continue à recommander néanmoins l’usage d’un nouveau préservatif masculin ou féminin à chaque relation intime pour éviter tout risque de grossesse non désirée ou de contraction d’une infection.
La désinfection et ses risques L’agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) a financé une étude sur la réutilisation du préservatif féminin dans des conditions réelles. Elle a permis de comparer les couples ayant employé cinq fois le même spécimen en le soumettant chaque fois à une désinfection suivie d’un lavage, d’un séchage et d’une lubrification à des couples ayant utilisé un nouveau préservatif à chacun des cinq rapports sexuels. L’incidence des infections observées au niveau du vagin, du col de l’utérus ou du pénis était comparable dans les deux groupes. Cette étude a été menée par FHI en collaboration avec une faculté de médecine américaine (Eastern Virginia Medical School, Norfolk, Virginie). Elle a fait appel à la colposcopie (examen de paroi vaginal et du col de l’utérus avec une loupe spéciale) et, chez les hommes, à un examen optique du pénis. Selon les pays, le produit est connu sous des noms commerciaux différents: FC female condom, reality, Femidom, Dominique, Femy, Myfemy, Protectiv’ et care.
ONUSIDA: Par le biais d’objectifs, de résolutions et de déclarations adoptés par les Etats Membres des Nations Unies, le monde s’est doté d’un ensemble d’engagements, d’actions et d’objectifs pour stopper et inverser la propagation du VIH et intensifier notablement l’accès universel à la prévention du VIH, au traitement, à la prise en charge et au soutien.
Déclaration politique sur le VIH/ sida (2006) Une Déclaration politique sur le VIH/sida a été adoptée à l’unanimité par les Etats Membres des Nations Unies lors de la réunion de haut niveau sur le VIH célébrée en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en 2006. Cette déclaration constitue un mandat solide devant permettre une meilleure riposte au sida, en particulier en matière d’accès universel à la prévention du VIH, au traitement, à la prise en charge et au soutien. Elle renouvelle également la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et les Objectifs du Millénaire pour le développement de 2001, en particulier l’objectif de stopper et commencer à inverser la propagation du VIH/sida d’ici à 2015.
L’accès à ce préservatif Suite au manque d’accès au préservatif féminin en Afrique, certains experts estiment que sa réutilisation dans de bonnes conditions d’hygiène pourrait réduire son coût et augmenter le nombre des rapports sexuels protégés. Une pratique qui a des conséquences préoccupantes en matière de santé des femmes, surtout dans des milieux ruraux où l’accès à l’eau potable n’est pas facile.
Source : Family Health International
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CHRONIQUE
La réforme du système de santé américain:
la dérive politicienne Par Cyrille Momote Kabange
Aux allures d’une saga, la réforme du système américain de santé a révélé la face ombragée de la société et de ses valeurs qui se sont imposées au monde entier comme les étalons de la morale universelle.
Aux allures d’une saga, la réforme du système américain de santé a révélé la face ombragée de la société et de ses valeurs qui se sont imposées au monde entier comme les étalons de la morale universelle. Sauf que les valeurs qui ont comme axes principaux, l’exaltation de l’individu pris comme personne à laquelle la liberté confère un statut presque divin et l’utopie de la justice sociale selon laquelle les chances sont mieux réparties dès lors que chacun est placé devant ses responsabilités d’où l’antienne de «enrichissez-vous sans limites», l’atavisme s’enracine au contraire dans l’humus d’une histoire et d’une géographie bien précises. D’abord, en ce qui concerne les EtatsUnis, sur le plan historique, un ensemble de colonies dont les pionniers portaient en eux les sédiments des révoltes ancestrales contre les possédants -c’est le cas principalement des Irlandais sous la domination anglaise- et qui rêvaient d’horizons lointains (la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb) où ils n’auraient plus faim (souvenons-nous de la maladie de la pomme de terre et des grandes
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famines qui s’abattirent sur l’Irlande entre le dix-septième et le dix-huitième siècle). Les massacres perpétrés contre les indigènes, les tribus indiennes en particulier, permettront qu’ils marquent leur appropriation des territoires sur lesquels va s’opérer un long processus de peuplement. Celui-ci va progressivement se diversifier au fur et à mesure du développement des rapports de production, celui-ci entrainant le peuplement des négro-africains arrivés là-bas comme esclaves utilisés à l’instar d’objets- machines, étant donné leur haut niveau de productivité en opposition aux Indiens affaiblis physiquement et qui mettaient en danger la rentabilité des exploitations à cause de leur irrédentisme. Les Etats-Unis ont été formatés, à l’aune d’une conscience aiguë chez les Blancs devenus socialement et politiquement majoritaires, que les discriminations sont utilisées à leur hégémonie, à départ vis-à-vis des Indiens, ensuite des Noirs, même affranchis de l’escla-
vage, enfin des Hispaniques que leur relative pauvreté économique a jetée sur les routes du puissant voisin. De même le système économique qui va sceller l’alliance des colons avec l’ancienne Métropole insulaire (Grande-Bretagne) va s’alimenter aux nouvelles idéologies qui asservissent davantage les minorités citées en suscitant une nouvelle ligne de rupture entre riches et pauvres, les derniers étant naturellement pour leur majorité, accessibles aux moyens décents d’existence. Malheureusement, les plus pauvres, parmi les membres des minorités, sont assez réceptifs aux arguments idéologiques diffus dans la société globale et n’ont pas, plusieurs décennies durant, montré la moindre conscience de classe.
La réforme, qu’apporte-t-elle? C’est ce qui explique, probablement qu’un système aussi inique ait résisté vaillamment à l’usure du temps et que ni Théodore Roosevelt, l’homme du New-Deal lui-même, ni John
Barack Obama lors du rally ‘health care’ Minneapolis, Minnesota, 2009 © Joshua Bartz
Kennedy, ni Bill Clinton, n’ont pu l’ébranler. Jusqu’à l’avènement d’un Obama, un pur produit de l’esprit américain, métis ou noir, sorti du sérail par ses grands parents maternels. Il est un Américain bien particulier, une sorte de deus-ex-machina, qui serait, cependant, un homme de sang et d’eau, à l’intelligence exceptionnelle.
Mais en quoi consiste cette réforme? Selon le numéro du 26 mars 2010 du «Nouvel Observateur», cette réforme qu’on peut qualifier d’historique «qui devrait coûter 940 milliards de dollars, permettra de couvrir 95% des Américains, contre 83,5% actuellement» et aider à minimiser les exclusions. «Les assureurs n’ont plus le droit de refuser des clients sous prétexte qu’ils sont atteints d’affections sérieuses (diabète ou cancer). La loi limitera les surprimes actuellement appliquées aux catégories à risques: les vieux, les fumeurs, les femmes». D’autres détails concernent l’obligation de plafonnement d’une couverture à 5.950 dollars pour un individu et 11.900 dollars pour une famille en 2010. «Les dépenses de santé sont plafonnées en fonction des revenus. Les sociétés de plus de cinquante employés qui ne proposent pas d’assurancemaladie encourent des amendes. Certaines
PME. bénéficieront d’un crédit d’impôt, pour les aider à couvrir leurs employés». Bref, l’administration Obama ouvre une brèche dans un système qui reposait sur un socle idéologique, celui du «Chacun pour soi» et du minimum d’intervention étatique dans un champ d’action qui devait au contraire privilégier un droit de regard du gouvernement. Faute de quoi, on en est arrivé à ce constat affolant: dans un pays considéré comme la Nation la plus puissante économiquement, la démocratie sociale bat de l’aile. 46 millions de ses citoyens sur 300.000.000 sont sans couverture médicale. L’image même d’un pays du Tiers-Monde.
O! Civilisations, je sais que vous êtes mortelles!
tions, les injures et dernièrement les menaces de mort proférées contre certains parlementaires démocrates qui ont voté la loi, comme une manie typiquement américaine? Est-ce de bonne guerre d’ériger, dans une société démocratique, en principe d’action que tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins? En tout cas, nul doute aujourd’hui, que les propos de Paul Valéry interpellent les Nations qui se sont placées au-dessus d’autres peuples par les méthodes obscures qui leur confèrent l’empire pendant un certain temps. Ce que quelques-uns continuent d’appeler impérialisme et qui se traduit concrètement par le désordre du monde. En tout cas, le grand poète français disait à peu près ceci: «O! Civilisations, je sais maintenant que vous êtes mortelles».
Pourtant, le Président américain n’a pas convaincu une bonne moitié de ses compatriotes remorqués par les tenants du Parti républicain lesquels en dépit du bon sens, racollent en utilisant la méthode loué - Plus, c’est grossier, moins ça révulse. On aurait du mal à débrouiller l’écheveau des velléités politiciennes des leaders politiques accrochés à leurs mandats et soumis aux lobbys des assurances et des industries pharmaceutiques qui, elles, faussent carrément le jeu démocratique. Faut-il voir dans les provoca-
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SPORT
Coupe du monde 2010 A la découverte du pays organisateur Par Alexandre Korbéogo
Lorsqu’on évoque la coupe du monde 2010 (dont le début est prévu pour le 9 juin), on se retrouve dans un pays niché au sud du continent africain. Pays ensoleillé, l’Afrique du Sud accueille cette année la plus grande manifestation sportive au monde. A Jour J - 3mois, le Nouvel Afrique, dans une série d’articles veut vous retracer les temps forts des préparatifs. Acte I: la découverte de ce pays continent qu’est l’Afrique du Sud.
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Stade Peter Mokaba Polokwane, Afrique du Sud © Charles Heiman / iMedia8
L’évocation du nom ‘Afrique du Sud’ est indissociable du nom de ce grand homme qui a passé vingt-sept ans en prison: Nelson Mandela. Et, cet homme se rapporte à une lutte. Donc, à un peuple. C’est en 1910 que les Anglais créèrent l’Union sud-africaine. Cette Union rassemblait toutes les anciennes colonies britanniques et les anciens Etats Boers. C’est à partir de cette époque que les Boers furent dorénavant appelés Afrikaners. Ils constituèrent un groupe majoritaire parmi les Blancs d’Afrique du Sud. Dès les premières élections, l’ancien commandant de l’armée Boer, Louis Botha, devint premier Ministre et chef du Parti sud-africain. Les noirs et les métis, bien que rassemblant plus de deux tiers de la population, furent systématiquement écartés de la vie politique. Les nouveaux maîtres du pays d’une superficie d’un million deux cent dix neuf mille neuf cent douze kilomètres carrés (1 219 912 km2), ne pouvaient accepter d’associer les Noirs à la gestion du pays. D’où la création des premières réserves pour les Noirs qui occupaient 7 % du territoire. Les élites noires comprirent qu’il fallait faire quelque chose pour éviter d’être dominées. Le premier parti bantou (ethnie majoritaire en Afrique du Sud) fut créé. Il deviendra en 1923, le Congrès national africain (en anglais: National Democratic Congress ANC). Et, le 31 mai 1961, l’union sud-africaine devient officiellement la République sud-africaine avec pour capitale Johannesburg.
Le seul pays au monde avec onze langues officielles
Une des économies les plus performantes
L’Afrique du Sud est un pays exceptionnel. Après de dures batailles pour l’abolition de l’apartheid, le pays aura son premier président noir en 1994, Nelson Mandela. Une nouvelle constitution est rédigée qui reconnaît officiellement onze langues: le sepedi, le sotho, le tswati, le venda, le tsonga, l’afrikaans, l’anglais, le ndébélé, le xhosa et le zoulou. Mieux, l’Etat, les provinces et les autorités locales doivent promouvoir l’usage des onze langues officielles en rédigeant tous les actes administratifs dans au moins deux des langues mentionnées. Et, toutes les langues doivent être traitées de façon équitable y compris l’anglais et l’afrikaans. Pour montrer toute la diversité de sa culture et sa tolérance envers les autres langues en usage dans le pays qui accueillera la Coupe du monde 2010, l’Etat a décrété la protection de certaines langues étrangères. Notamment, l’allemand, le grec, le gujarat, l’hindi, le portugais, le tamoul, le télougou et l’ourdou, ainsi que l’arabe, l’hébreu et le sanskrit.
En Afrique, au sud du Sahara, le pays de Nelson Mandela possède l’une des économies les plus performantes. Premier producteur d’or dans le monde, son produit intérieur brut par habitant en 2008 était de 10000 dollars US. Quant à sa croissance, elle atteint 5% par an. Ces dernières années, avec la construction des nombreux stades devant abriter le Mondial, le pays a connu un regain de vitalité économique, créant du coup un autre problème: celui de l’électricité. C’est la fausse note de ce géant d’Afrique. A part cette donnée, il est clair que le pays de Nelson Mandela réussira cette Coupe du monde car il a déjà organisé des coupes du monde dans d’autres disciplines. Il a organisé avec succès la Coupe du monde de rugby en 1995. Son équipe mythique ‘les Boers’ ont même remporté la coupe face à l’Angleterre. En 2003, le pays a organisé la Coupe du monde de Criquet et en 2005 et 2008, celle de la coupe du monde féminine de golf. C’est donc un pays, nanti d’une expérience sportive qui fera vibrer le monde du football mondial dans trois mois chrono.
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CULTURE / MODE photo: © Cheik Fita
Rosine Titalom Happi Créer une entreprise est un challenge Par Berthe Mobani
Rosine Titalom Happi née Medouk, originaire du Cameroun, est une passionnée du stylisme et de la mode. Après avoir vécu ses vingt-six premières années au pays, elle finit par s’installer en France. Elle décide en 2006 de partager son goût pour la mode et l’élégance par le biais d’une entreprise. L’agence Tisiah voit le jour. Rosine a un rêve, celui d’exporter sa formule en dehors de la France et surtout en Afrique.
Rosine est mariée et mère de trois enfants. L’histoire de son agence Tisiah commence en décembre 2006 avec le coup de foudre de Rosine pour la collection BCBGMAXAZRIA de Max Azria, un couturier français d’origine tunisienne. De ce fait, elle décide de partager son goût pour la mode et l’élégance par le biais d’une entreprise. Tisiah est une agence spécialisée dans le coaching événementiel et vestimentaire. Le concept ‘Tisiah’ se fonde sur la conviction des clients qui sont d’une plus haute importance. L’équipe travaille pour combler les besoins des clients. Cela soigne leur image et garde une bonne réputation. L’équipe se compose entre autres de mannequins, hôtesses, gardes du corps, esthéticiennes, coiffeurs, maquilleurs, traiteurs, photographes, cameramen, décorateurs, fleuristes et stylistes. LNA: Quelle est l’origine de Tisiah? RTH: Pour la petite histoire, Tisiah tient son origine du titre de noblesse de mon ancêtre (Ti-Siyam), qui signifie ‘graine qui bourgeonne’. Cette noblesse est la caractéristique même
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des concepts ‘Tisiah’. Tous ceux qui, jusque là, ont bénéficié de nos services, que ce soit lors des Soirées d’Elégances ou des représentations privées, peuvent en témoigner. LNA: Quelles sont les spécialités de Tisiah? RTH: Conseils en gestion, élaboration et mise en place de tous types de cérémonies (professionnelles, privées et familiales), relooking personnalisé et animations diverses. Nous offrons également des cérémonies, clé en main, à notre clientèle. Recherches et locations des salles de réception, décorations, choix du menu avec un service traiteur, choix des tenues vestimentaires des hôtes et de leurs invités, animation de la cérémonie. Avec ce désir de rendre absolument irréprochable tout ce à quoi nous touchons, j’ai été ramenée à ma première passion, le stylisme et la mode. Sur les besoins recueillis auprès de ma clientèle, je leur propose des vêtements de différents couturiers que je customise et leur offre selon leurs goûts. J’ai présenté ma première collection lors de la soirée élégance que nous avons
organisée à Paris, le 1er mai 2009. Nous en organisons une fois l’an, dans les salons des hôtels Accor en France. LNA: Qu’est-ce qui caractérise votre clientèle? RTH: Ma clientèle cible est comme moi, cosmopolite et ne saurait se réduire ni à une couche sociale, ni à une race particulière. J’offre à ma clientèle (femmes, hommes, adolescents) un nouveau style dans les tons chauds et flamboyants, essentiellement des tenues et accessoires de cérémonie. LNA: En quoi consiste le coaching? RTH: Le coaching consiste à prendre en charge un client lors des recherches particulières concernant soit un vêtement, l’organisation d’une réception, une réunion, une soirée de gala ou un départ en retraite pour les entreprises. Choisir un style d’habillement pour une cérémonie, est souvent pour nombreux d’entre nous, un parcours du combattant. Bien choisi, un vêtement peut nous rendre célèbre, important, admiré, bref être la ‘star d’un soir’.
photo: © Cheik Fita
Fidèle à ma philosophie et convaincue que tout ce qui est beau soit le travail appliqué et soigné attire beaucoup plus d’attention qu’autre chose. Je ne pense pas rencontrer plus de difficultés que l’autochtone qui débute juste dans sa région natale. Bien au contraire, la nouveauté culturelle que j’apporte est plutôt un atout. En outre, satisfaire ma clientèle va bien au delà d’une appartenance, fusse t-elle raciale, régionale ou sociale. Un client satisfait vous reste fidèle, malgré vos origines. LNA: Est-ce facile pour une personne issue de l’immigration de créer et développer une entreprise en Europe? RTH: Créer une entreprise en Europe est en soi un challenge pour une personne issue de l’immigration. Pour moi, il s’agit là d’une belle aventure dans laquelle je m’épanouis en tant que femme, mère et chef d’entreprise. J’ai la chance d’avoir un mari qui me soutient énormément dans mon projet, ce qui me permet de travailler sereinement en profitant au maximum du fruit de mon travail. Ma famille est mon énergie renouvelable. C’est elle qui me permet d’avancer, de continuer, de satisfaire aux besoins et aux rêves de ma clientèle. LNA: Que prévoyez-vous pour les mois à venir? RTH: Je compte étendre le concept Tisiah au delà des frontières européennes, lors des soirées de gala, de promotions, fêtes nationales. Par ailleurs, à l’occasion de la Fête du travail, nous organisons sur la région du Sud-ouest, un spécial Showroom avec différents partenaires professionnels du monde de l’évènementiel (décoratrice florale, esthéticienne, coiffeuse, photographe professionnel, maquilleuse). LNA: Que pensez-vous du thème du mois de la femme retenu cette année par les Nations Unies qu’est «Droits égaux, opportunités égales et progrès pour tous». En Europe, les femmes peuvent bénéficier de cette égalité, est-ce possible pour les femmes africaines? RTH: Bien évidemment, nous pouvons, nous, femmes africaines, prétendre à l’égalité entre hommes, sur multiples domaines tels l’emploi, la famille et j’en passe. Cependant, nous naissons avec une culture différente de celle des femmes européennes, ce qui nous cantonne inévitablement dans un second rôle, concluant à l’existence d’une inégalité persistante et visible dans notre société.
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CULTURE / MUSIQUE photo: © David Commeillas
Victor Démé
Un destin exceptionnel pour un chanteur mandingue Par David Commeillas
Il y a deux ans, Victor Démé atterrit à l’aéroport de Paris, en provenance de Ouagadougou. Le chanteur de 47 ans vient de prendre l’avion pour la première fois de sa vie. Il débarque dans la capitale pour donner son premier concert en Europe. Ce concert n’est que le début d’une longue série de spectacles à travers la France d’abord, puis sur le vieux continent. L’atelier de couture Victor Démé est né Seybou Victor Démé. Il hérite tout jeune de l’amour de la musique par sa mère, une griotte sollicitée pour les grands mariages et les baptêmes à Bobo-Dioulasso dans les années soixante. Mais c’est dans le petit atelier de couture paternel en Côte d’Ivoire, à Abidjan, que Victor s’exile à l’âge de l’adolescence. Le jour, il travaille à la boutique, et la nuit, il fréquente les clubs de la ville. À vingt ans, il se forge une réputation sur les scènes de la capitale ivoirienne, notamment au sein du fameux orchestre Super Mandé, mené par Abdoulaye Diabaté. Puis il rentre au Burkina en 1988 où il gagne plusieurs prix musicaux, e.a. le concours du CCF en 1989 et le premier prix de la Semaine Nationale de La Culture en 1990. Il est alors successivement recruté par de grands orchestres, dont l’Echo de l’Africa et surtout le Suprême Comenba qui rythme les nuits de Ouagadougou.
Le destin éloigne Mais alors que Victor Démé est devenu un chanteur populaire, le destin l’éloigne de la musique
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pendant plusieurs années. Lorsqu’il tente de revenir après une longue absence, rien n’est facile, et pour gagner sa vie, il doit souvent se plier aux exigences des propriétaires de clubs et maquis qui lui réclament surtout des classiques de Salif Keita ou de Mory Kanté. Heureusement, Victor continue en parallèle d’affiner ses propres compositions. En 2007, quatre français, dont Camille Louvel, David Commeillas et les activistes de Soundicate, décident de fonder le label Chapa Blues pour soutenir sa musique. À quarante-six ans, il enregistre donc son premier album dans le studio de l’association Ouagajungle, résidence d’artistes à Ouagadougou.
ceaux traditionnels mandingues. Ce premier album éponyme présente ainsi au public toute la richesse du répertoire de ce chanteur hors pair. C’est un disque produit de façon complètement indépendante avec deux mille euros de budget seulement. Mais c’est un succès au-delà de toute espérance: Il est sélectionné parmi les dix albums de l’année dans le fameux mensuel anglais Songlines, puis élu «album de l’année 2008» par les auditeurs de France Inter. Son clip passe au Grand Journal de Canal +, ses chansons culminent en tête des playlists de entre autres Radio Nova et France Inter.
Son premier album
De troubadour mésestimé à l’artiste international
Sur ce premier album il offre une mosaïque singulière de mélodies folk-blues aux influences latines. En langage dioula, une chanson comme ‘Burkina Mousso’ est un hommage à toutes les femmes burkinabés «qui ont construit ce pays de leurs mains». Ses textes appellent à la solidarité nationale, prônent la tolérance envers son prochain et tissent des hymnes à la grâce féminine. Le disque s’achève par deux mor-
Alors que sa réputation enfle au fil des mois, Démé et son groupe sont conviés dans les plus prestigieux festivals en France et à l’étranger: Le Printemps de Bourges, Jazz-Sous-Les-Pommiers, le Festival du Bout du Monde, les Suds à Arles, le Womad en Espagne et en Angleterre, Couleur Café et Sfinks en Belgique, le Womex à Copenhague, et bien d’autres. En moins de deux ans, Victor Démé passe du statut de trou-
badour mésestimé et sans un sou, chantant Marley et Salif Keita dans les petits clubs africains, au rang d’artiste international reconnu de Londres à Paris pour la finesse de ses compositions originales. Ce succès fut pour lui si soudain, si inattendu, si fulgurant, si vertigineux que... Rien. Enfin, presque rien. Certes, avec l’argent que sa musique lui a rapporté, il a pu regrouper sa famille. Il a fait revenir ses filles de Cote d’Ivoire pour les élever lui-même au Burkina. Dans la grande cour familiale de son père, il a installé l’eau courante, ainsi qu’un compteur électrique sur lequel les voisins viennent aussi se brancher. Ce confort moderne n’est pas un détail pour lui et les siens, loin s’en faut. Mais dans le fond, tout cela n’a pas changé le caractère bien trempé du personnage: après avoir goûté la fine cuisine de quelques restaurants étoilés à Rome ou à Paris, il continue de préférer manger du tô, un plat populaire du Burkina à base de farine de mil. Et lorsqu’il voyage plus de quelques semaines à l’étranger, il ne rêve que de rentrer à Bobo-Dioulasso pour retrouver ses six filles, ses amis, et ses vieux compagnons de route avec qui il passe ses soirées à jouer de la guitare et à boire du chapalo dans les cabarets du quartier.
Ma guitare et moi Pour son nouvel album non plus, Victor Démé n’a pas souhaité bousculer ses habitudes. Les studios fastueux de Londres ou de Paris ne l’ont jamais vraiment impressionné. «Pour composer de nouveaux morceaux, je n’ai besoin que de ma guitare et de me sentir bien. J’aime être dans ma cour à Bobo, et j’enregistre au studio à Ouagadougou, je suis tranquille. Chez nous, on dit toujours: «Le poulet qui est dans ta cour, c’est ton poulet!». Ça veut dire qu’il faut composer avec ce que tu as. Le Burkina n’est pas très riche, mais nous avons un peuple de valeur. On peut construire de grandes choses. Victor a donc enregistré ce second disque dans le même studio, le Ouagajungle, en compagnie de la même équipe de musiciens que pour le premier album. Issouf Diabaté d’abord, reste son arrangeur et chef d’orchestre, son guitariste virtuose, irrésistible lorsqu’il se lâche sur le solo de Banaïba ou sur celui de Deén Wolo Mousso. Comme d’habitude, les deux frères Diarra l’accompagnent également à la kora, aux percussions et aux chœurs. De nombreux autres talents de la scène ouagalaise ont aussi participé à l’enregistrement: Adama Dramé au tamani, Ablo Zon aux caisses claires et cymbales, Levy Kafando aux claviers.
en partie le cachet authentique du son, brut et direct, travaillé en studio avec la volonté de ne jamais le dénaturer, ni de l’aseptiser.
Un incroyable destin
Un nouvel album On retrouve sur ces quatorze nouvelles chansons la voix unique de Démé, sa générosité, et son sens imparable des mélodies toujours sur le fil entre les folklores mandingues et le blues-folk américain. En comparaison au premier album, quelques instruments additionnels viennent enrichir les compositions: les cordes se marient allégrement avec le piano à bretelle de Fixi (du groupe Java) sur une valse étrange, un tourbillon d’accordéon hypnotique intitulé «Meka Déen». Le violon de Dimitri Artemenko enlumine des titres sobres et poignants («Hinè Ye Deli Lé La», «Teban Syala»), puis il louvoie avec espièglerie entre les lignes de basse de «Sina». Après une dizaine de chansons blues mandingues, l’épilogue de ce second album dévoile aussi d’autres inspirations de Victor Démé, un côté plus dansant, festif, et même des refrains country assez cocasses. Car si Victor a grandi en écoutant Mory Kanté et en chantant dans l’orchestre d’Abdoulaye Traoré en Côte d’Ivoire, il a aussi toujours admiré le jeu de jambe d’Elvis Presley à la télévision, ainsi que les B.O. de Sergio Leone, et les westerns «avec les maisons en bois» comme il aime lui-même le préciser. Dans le bus pendant les tournées, il regarde en boucle des classiques comme «Le Bon, La Brute et le Truand» et «Il Etait Une Fois Dans L’Ouest». Sur ce nouveau disque, l’harmonica de Damien Tartamella appuie ces ambiances de saloon africain («Kéeba Sekouma»). Le tracklisting alterne donc entre des morceaux purement traditionnels, («Tanikele») et des titres plus surprenants, telle la pulsation afro-beat de Wolo Baya Guéléma, tunnel de basse et de guitare funk abrasive sur lequel Femi Kuti souffle avec ardeur au saxophone. Réalisé par Camille Louvel à Ouagadougou, édité avec David Commeillas en France, l’album fut finalement mixé au studio Zarma par Sodi, le producteur et ingénieur du son de Fela autrefois, de Femi Kuti aujourd’hui. Tout cela explique
La sortie du nouveau disque de Victor Démé est synonyme de seconde campagne internationale pour le chanteur et son groupe. Après plusieurs mois passés au pays, Victor doit momentanément laisser sa famille, ses assiettes de tô, et ses maquis burkinabès pour reprendre la route. Cette fois, les avions en provenance du Burkina ne se poseront pas seulement en France ou dans les grandes capitales européennes: des concerts au Summer Stage dans Central Park à NYC et au Montréal Jazz Festival sont déjà prévus pour le mois de juillet, alors que le Japon se profile en automne. L’incroyable destin de Victor Démé se poursuit.
http://www.myspace.com/victordeme 25 avril 2010 à Amsterdam, Bimhuis (NL) 30 avril 2010 à Anvers, Zuiderpershuis (B) 1 mai 2010 à Cologne, Stadtgarten (D)
Quelques chansons *Méka Déen/Les enfants Méka «J’appelle les jeunes de notre ethnie à perpétuer nos traditions de respect, d’intégrité, de sincérité, et surtout de bienveillance envers les parents et les anciens.» *Teban Siyala/Je ne renie pas mon ethnie «On m’a toujours regardé et considéré différemment car je suis issu d’une famille griot. Pourtant, depuis la nuit des temps, le griot a un rôle essentiel à jouer pour l’Afrique et mérite le respect. Je suivrai donc avec fierté le chemin ouvert par mes ancêtres.»
Chapa Blues Records Le ‘Chapalo’ ou ‘Chapa’ désigne la bière de mil servie dans les calebasses des cabarets burkinabés, et qui se déguste en écoutant les chanteurs de quartier. Les cabarets sont des lieux populaires où les racines folk et blues vibrent toujours aussi fort. Comme le blues américain a son bourbon et son scotch, le blues africain a son chapalo et son dolo. http://chapablues.com/
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CULTURE / LIVRES
Un regard tendre sur le Maghreb Le Soulier d’Ebène récompense le meilleur joueur africain, ou d’origine africaine, évoluant en Belgique, dans les trois premières divisions nationales. En cette édition d’avril, consacré au Soulier d’Ebène, nous rendons hommage au Maghreb, étant donné que Mbark Boussoufa, le lauréat du Soulier d’Ebène de 2009 est originaire du Maroc. Profitons-en pour explorer contes, poèmes, romans et histoires donnant un regard tendre sur le Maroc et l’Egypte cette fois-ci.
Kerivel, Charles
El Ayoubi, Mohamed,
95p, 2004, relié, illustrations en n/b et
243p, 2000, bilingue français-berbère,
couleur, éditions Gallimard, 29.8 €
illustrations en couleurs, carte, édition M.
Grand Sud Marocain. Carnet de voyages
Les merveilles du Rif. Contes Berbères Th. Houtsma Stichting,18 €
Charles Kerivel parcourt depuis plus de vingt ans le Grand Sud marocain: d’abord Marrakech, la ville rose, qui ouvre ses portes sur l’Atlas, puis les gorges du Dadès et du Todra, les plaines du Tafilalet et l’immense Djbel Saghro, Zagora et les premières dunes de sable, jusqu’à la magnifique vallée du Draa. Il retranscrit ses rencontres avec les tribus Aït Haddidou du Haut Atlas, celles des Aït Yazza et des Aït Brahim et la grande histoire orale des tribus berbères Aït Atta. En termes de transparence et de lumière, il rend compte de la fragilité de l’instant et de la souveraine évidence du beau.
Chraibi, Driss
Le Monde à côté 212p, 2001, livre de poche, éditions Folio, 6.1 €
‘Le Monde à côté mérite bien son titre: c’est un roman autobiographique déjanté, chargé d’éclats de rire et de tendresse. Fuyant la conformité, privilégiant la vie, sa passion pour les femmes, Driss Chraïbi y relate son périple, depuis son arrivée en France en 1945 jusqu’à la fin du deuxième millénaire, les rencontres professionnelles, en Alsace, à l’ile d’Yeu, au Canada, à Paris, partout où il a vécu et écrit, au confluent des cultures. Ludique et pudique, sans fard, le livre se termine par ces mots: ‘La vie continue. Bonjour la vie!’
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L’auteur a réuni sous ce titre 15 contes merveilleux, collectés chez les Ayt Weryaghel dans le Rif central entre 1990 et 1997, une conteuse rifaine, agée de 90 ans. Ces récits, relevant de la tradition orale berbère, présentent plusieurs caractéristiques de la réalité socio-culturelle rifaine traditionnelle. L’ouvrage ouvrira de nouvelles perspectives aux chercheurs qui s’intéressent à la culture berbère, en général, et à celle du Rif en particulier: d’une part, il peut constituer un outil de travail précieux, notamment aux linguistes berbérisant, d’autre part, il permet de sauver ces merveilles de la littérature orale rifaine de l’oubli et de les transmettre aux générations à venir sous une forme écrite tout en gardant leur vivacité et leur fraîcheur orale qui transparaît au travers de ces contes magnifiquement narrés. Malgré cette spécificité, les thèmes de ces contextes sont universellement connus. On peut retrouver quelques versions de ces derniers dans la tradition orale méditerranéenne. Le recueil est précédé d’une présentation, de la biographie de la conteuse, d’une notice sur le Pay et le parler de Ayt Weryaghel, et des remarques sur le système de notation. La transcription et la traduction sont présentées en vis-à-vis.
www.blacklabel.be est une librairie par correspondance et la maison de culture du livre africain. Chez Blacklabel, vous trouverez des livres en néerlandais, en français et en anglais à propos de l’Afrique. Vous pourrez même en commander certains en langue africaine. La plupart des livres que nous offrons sur ce site est difficile à trouver en librairie. www.blacklabel.be offre 10% de réduction aux lecteurs de Le Nouvel Afrique (adresse postale en Belgique). Contactez info@blacklabel.be pour toute information.
Ait Lemkadem, Youssef
Atlassiennes d’amour et de paix 123p, 2000, poésie, livre de poche, éditions
Aslân, Ibrahim
Equipe de nuit 84p, 2000, roman, relié, éditions Actes Sud, 10.5 €
Jacques Lévrat, 14 €
Loin des théories, des idéologies, des sectarismes, la culture amazighe apparaît ici bien enracinée dans son terroir: libre, spontanée, ouverte, fière d’ellemême. En nous offrant des poèmes ‘d’Amour et de Paix’ comme l’indique le sous-titre de ce livret, cette culture apparaît vraiment libre de s’intégrer dans des ensembles plus vastes, sans frustration ni agressivité, apportant son originalité, sa note spécifique à la culture humaine.
Avec un sens de l’observation nourri par ses propres expériences de jeunesse, Ibrahim Aslân trace d’une main inspirée les délicats motifs d’une fresque chargée d’émotion à la manière de Tchekhov, quand la poésie des lieux se double d’une infinie tendresse pour les humbles.
Aslân, Ibrahim
Kit-Kat Café 215p, 2004, roman, relié, éditions Actes Sud, 21 €
Al-Kharrat, Édouard
Les pierres de Bobello 168p, 1999, roman, relié, éditions Sindbad,15.5 € Edouard al-Kharrat rejoint la patrie des morts, territoire peuplé de silhouettes pétrifiées auxquelles la mémoire, et l’écriture redonnent vie. Récit des inquiétudes de l’adolescence, qui conduit, par instant, aux rivages de l’illumination poétique, ‘Les Pierres de Bobello’ est un jalon de plus sur la voie résolument moderne que s’est choisie un des maîtres de la littérature arabe d’aujourd’hui.
Dans un quartier populaire du Caire situé au bord du Nil, l’écrivain Youssef enNaggâr côtoie chaque jour des hommes et des femmes tout entiers occupés par les soucis et les menus plaisirs de la vie quotidienne, et pourtant si pittoresques avec leurs disputes interminables, leurs amours contrariées et les petites combines qui leur permettent de survivre. Tenté d’en faire les personnages d’un roman, de décrire par le détail les activités, les ruelles, les vieux bâtiments du quartier, dont le fameux café Kit-Kat jadis fréquenté par le roi lui-même, il se trouve soudain happé par une autre réalité, celle des manifestations étudiantes contre la corruption et la vie chère. KitKat Café a été jugé à sa parution comme le chef-d’œuvre du ‘nouveau roman’ en Egypte et a valu à l’auteur sa notoriété. En 1991, Daoud Abdel Sayed, un cinéaste égyptien de la nouvelle vague, en a tiré un très beau film.
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