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Le nombre de trophées avec lequel pourrait partir l’entraîneur du Barça, Pep Guardiola, si son équipe venait à remporter la Coupe du Roi face à l’Athletic Bilbao, ce soir (22h). Hasard du sport, le premier trophée de cette longue série remporté par Guardiola avait d’ailleurs été une Coupe du Roi, conquise le 13 mai 2009 face à ... l’Athletic Bilbao (4-1).
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14 Vendredi 25 mai 2012
Une carrière qui l’a mené de l’OM aux D2 belge, suisse, en Espagne Des agents «mafieux» L’itinéraire du Cognaçais Saïd Mhoudini, c’est toute une (triste) histoire.
Voile François Gabart: «Je suis ravi!»
François Gabart. photo AlfredFarre.com / FNOB
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A 27 ans, Saïd Mhoudini reprendra la route une fois achevée la saison de Cognac. Pour une destination inconnue.
Photo Alexis Berg
Saïd Mhoudini, un ballon pour tout baluchon Julien PRIGENT j.prigent@charentelibre.fr
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e déménagement ne lui prendra pas plus d’une paire de minutes. Dans une dizaine de jours, une fois la saison de l’UAC achevée, Saïd Mhoudini remplira son sac de sport de ses quelques vêtements et de sa Playstation - «Les seules choses que j’aies» - et quittera son petit appartement du centre de Cognac pour une destination inconnue. Comme il a pris l’habitude de le faire deux fois par an, l’attaquant de 27 ans démarchera des agents. Pour trouver un point de chute, un club qui lui proposera un nouveau contrat. Le dixième de sa carrière. Parce que le foot «c’est (sa) vie», parce que c’est ainsi qu’il «vit de (sa) passion». «Je ne me plains pas. Je suis croyant: ce qui doit arriver arrive, c’est comme ça.» L’itinéraire de Saïd Mhoudini, c’est celui de centaines de jeunes footballeurs issus de centres de formation. Des rêves de Ligue 1 ou Ligue 2 aux galères au sein d’improbables clubs belges, suisses ou espagnols. Des transferts avortés. Des blessures. Des intermédiaires véreux. Une vie d’intérimaire du ballon rond. Prolétaire du foot à 1000 € par mois. Sur la route, toujours. Sans vie de famille, loin des amis. Cette histoire un peu triste débute
dans les quartiers nord de Marseille. Une famille modeste débarquée des Comores que quitte trop vite son papa, décédé deux ans après la naissance de Saïd. Une scolarité sans histoire, qu’il prolonge jusqu’au bac G. Et puis le foot, le foot. «Mon premier club c’était Le Canet, un quartier de Marseille. Ma sœur m’avait offert la licence», raconte le jeune home de son accent chantant. Le petit Mhoudini se débrouille bien balle au pied. Assez pour intégrer le centre de formation de Martigues et rêver d’une carrière pro. Un beau parcours en coupe Gambardella - «on est allé jusqu’en demi-finale et j’ai marqué à presque tous les matches» - lui ouvre les portes de l’équipe première, alors en National... mais rétrogradée en CFA à l’été 2004. Et là, ô surprise, c’est l’OM, le grand OM, le club de son cœur qui
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Je n’ai jamais eu de nouvelles de l’Italie (...) Quand j’ai tenté de joindre mes agents, j’ai appris qu’ils étaient en prison.
le démarche. «José Anigo (aujourd’hui manager) entraînait alors l’équipe réserve. Il me dit qu’il est en manque d’attaquants, me propose un contrat, certes amateur, mais rémunéré quand même. J’ai dit oui tout de suite, évidemment. Vous imaginez le pied? J’avais 20 ans, j’étais chez moi, je jouais à l’OM, j’avais un bon truc (une bonne paye).»
Le Bétis Séville, Les Comores... Entre la Coupe d’Afrique et les blessures, l’équipe première est en rupture de stock d’attaquants. Les coaches Philippe Troussier puis Albert Emon demandent à Saïd de faire le nombre à l’entraînement. «J’y suis allé une dizaine de fois. Il y avait Barthez, Taïwo, Hemdani. Nasri débutait...» L’aventure prend fin l’été suivant. Saïd rebondit à Istres. Rebondit, c’est vite dit. Quelques bouts de matches en D2, beaucoup de CFA. Des agents le contactent. Rendezvous est pris dans un luxueux hôtel marseillais. A la table voisine Pape Diouf et Baky Koné concluent le transfert de l’Ivoirien à l’OM. «Les agents m’ont proposé un transfert à Locarno, en D2 suisse, qui devait me prêter aussitôt à un club italien. Je devais toucher 8000 € par mois. Puis le double l’année suivante.» Mhoudini signe. L’offre est alléchante. Trop alléchante.
«Je n’ai jamais eu de nouvelles de l’Italie. A Locarno je m’entraînais mais je ne jouais pas. Quand j’ai tenté de joindre mes agents, j’ai appris qu’ils étaient en prison...» Saïd pige quelques mois à Angoulême en pleine déroute en CFA 2, comme un wagon de joueurs arrivés cet hiver 2008. File en Espagne où un club de D3 lui promet un contrat avant de se raviser. Un échec. Une blessure à l’âme. «Pourtant j’avais fait un bon match amical contre le Betis Séville. La presse en avait parlé.» Et l’attaquant de nous adresser, quelques jours plus tard, une copie de l’article, effectivement laudateur, d’un quotidien régional andalou. Saïd, VRP de sa propre vie, qui conte dans un sourire ses quatre sélections avec l’équipe des Comores dont «un match face à la Zambie qui est devenue championne d’Afrique peu après. On les avait accrochés et perdu 1-0.» Le garçon échoue à Gardanne (CFA 2). Tente une aventure en Belgique avant de débarquer à Cognac cet hiver. A chaque transfert interviennent des intermédiaires mystérieux. Ils sont loin les rêves de Ligues 1 ou 2. Saïd Mhoudini a sans doute intégré à la longue, un principe de réalité, des ambitions à la baisse. Une certitude: même si ses seuls loisirs sont «des parties de Playstation», même si sa petite amie vit si loin de lui, à Marseille, Saïd Mhoudini «ne regrette rien».
rançois Gabart a pris mercredi soir au Portugal la deuxième place de la première étape de l’Europa Warm-Up remportée par Jean-Pierre Dick (VirbacPaprec 3) en 4 jours 3 heures et 44 minutes. Le Charentais et son équipage sont arrivés 4 minutes plus tard à bord de Macif et 53 secondes devant Vincent Riou (PRB) après «un sprint qui ressemblait à une étape de la Figaro», s’amusait-il hier, «ravi. ça a été une belle course à rebondissements au cours de laquelle on a pris beaucoup de plaisir, et qui nous a permis d’avoir la confirmation qu’on a un bateau rapide, qui va bien et est dans le coup». François Gabart a également profité de ces quatre jours en mer pour «prendre des repères notamment sur les voiles et les réglages, de façon à aller à l’essentiel quand je serai tout seul à bord». L’hiver prochain sur le Vendée Globe, l’objectif ultime, mais avant cela dès demain au départ de la longue deuxième étape qui mènera la flotte du Portugal à La Rochelle, via les Açores et le Fastnet en Irlande. Soit une bonne dizaine de jours de mer que le skipper de Macif se sent prêt à attaquer le couteau entre les dents. «J’ai profité de la présence de l’équipage pour me reposer un peu, raconte-t-il. Les premiers jours de course ont été sports, mais une fois passé Gibraltar, le bateau allait bien et je n’avais pas grand-chose à faire. Sinon préparer l’étape suivante. Anticiper». Mentalement d’abord, «parce qu’il faut se mettre dans la tête cet exercice toujours particulier qu’est de naviguer en solo». Tactiquement ensuite: «J’ai regardé la météo, étudié les différentes options stratégiques. Il devrait y avoir une dorsale et du petit temps les premiers jours, et pas mal de vent ensuite jusqu’au Fastnet», se projette-t-il avec appétit. Car il y a une course à gagner et une belle bataille en perspective. Eric FILLAUD