THE TIM'ES Mars 2009

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Editorial

Une crise «  sans précédent  »

des opportunités révolutionnaires

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Dossier : l’égalité des genres

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L’inégalité salariale entre

hommes et femmes en Belgique 4 La femme : un combat de tous les jours 6 Genre et environnement social 8 Histoire de l’histoire du genre et temps à venir 9 Et si les femmes venaient de Mars et les hommes de Vénus 11

ULB

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Belgique

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Europe & Monde

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Débats & Chroniques

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Le CEL et le principe de réalité EDITEUR RESPONSABLE : LORIS JUNOD, 131 AVENUE BUYL, 1050 BRUXELLES

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Links En Dan Vooruit Appellation d’origine africaine Elections européennes : avortement programmé du processus démocratique

Peut-on avoir un habitus

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de droite et être de gauche ? 26 La gauche et la droite reflètent-elles encore un choix politique 27 L’évolution de l’idéologie du PS de sa fondation à nos jours 29­

Les Articles dans ce journal n’engagent que leurs auteurs. Ont contribué à ce journal : Alexandre Bauwin, Letitia Beresi, Ludivine Biarent, Pierre Van Damme, Anastasia Demagos, Géraud Hougardy, Loris Junod Mounir Laarissi, Renaud Maes, Antoine Masquelin, Valérie Piette, Yves Schengen Mise en Page : Loris Junod


Par Loris Junod

P

ermettez-moi de revenir sur cette crise dont beaucoup disent qu’elle est sans «précédent». Cette affirmation est très souvent nuancée par la référence à 1929. Ainsi, l’inconnu nous apparaît moins incertain. Mais n’est-ce pas plutôt l’inverse   ? Croire à la similitude des deux crises, n’est-ce pas au fond refuser de comprendre ce qui est en train de se dérouler ? N’est-ce pas admettre notre incompréhension des événements actuels ? Alors en désespoir de cause, on se rattache aux précédents historiques.

On peut certes constater des analogies dans les symptômes de la crise, mais ce serait une erreur de croire que les mêmes effets ont les mêmes causes. On briserait tout élan d’inovation, l’on ne saurait au fond avoir prise sur ce qui caractèrise toute période de crise, sa nature chaotique qui ébranle l’ordre établi, fragilise et renforce les uns et les autres. Toute crise est caractérisée par sa nature d’accélérateur de l’Histoire. Sans réfléchir très loin, il n’y a qu’à penser aux différents plans de relance « verts », tous occupés à promouvoir le développement d’énergies durables. Combien de temps s’est écoulé depuis que les premiers cris d’alerte sur la catastrophe écologique ont été lancés ? Un temps bien trop long. Il y a quelques années encore, l’élite affirmait que le marché était efficient. Ceux qui s’alarmaient voulaient en fait, selon les libéraux, brider les forces du marché pour nous faire revivre un

âge primitif. Aujourd’hui, qui ose encore le prétendre, hormis le président tchèque, vieux bigot du tout marché ? Et pourtant, nul prêtre de l’écologie n’a converti nos dirigeants. Il ne s’agit pas pour moi d’affirmer que les plans de relance seront suffisant pour affronter les défis du changement climatique, loin de là. Nous ne sommes qu’au début d’un processus. Néanmoins, nul ne pourra nier que le monde avance désormais beaucoup plus vite. On ne s’en aperçoit pas forcément. On se contente pour l’instant de suivre les cours de la bourse qui, jour après jour, rajoutent son lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi noirs, autant que de descente en enfer pour les uns, et une indifférence, à défaut d’un sourire moqueur et joyeux pour d’autres. A la nature chaotique de la crise de société, on constate que la réponse apportée se veut technique, les discours


sur la « nécessaire » refondation du capitalisme n’ayant visiblement que pour unique fonction la mise en scène de leurs auteurs. D’ailleurs, y adhérer reviendrait à limiter les enjeux et par conséquent les acteurs «  légitimes  » à produire les changements qui doivent nécessairement avoir lieu. Cela revient à prétendre que le capitalisme est l’horizon de l’Histoire. Ou pour le dire autrement, que l’on peut enfermer l’esprit humain dans le prisme du profit et de la vénalité de toute chose.

entre le travail et le capital, du contrôle démocratique de nos institutions politiques, de la finalité des entreprises pour l’instant uniquement destinée aux actionnaires. Peut-être que ceux qui se prétendent socialistes pourraient regarder dans le placard des vieilles idées oubliées parce que soit-disant ringardes. Ces vieilles lunes qui n’avaient contre elles que l’intransigeance du capital à leur égard et qui symbolisent l’échec de la social-démocratie durant les trentes glorieuses.

Dans la bouche des politiques ne traînent souvent que le nauséabond discours technique, repu à la vieille affirmation de la fin des idéologies, à la victoire du tout marché, des forces soit disant modernes qui auraient pour elles la raison historique. S’insurger contre ces mensonges, revendiquer la nécessité d’une remise en cause du fonctionnement du système n’est que le premier pas - et pourtant bien loin d’être entamé.

Il faudra bien à un moment ou à un autre s’insurger contre ceux qui détiennent les leviers des pouvoirs économiques, sociaux, politiques et idéologiques. Combien de temps devrons-nous encore subir par exemple l’ostracisation de ceux qui se sont opposés au traité constitutionnel européen, qui s’opposent à sa presque parfaite copie du traité de Lisbonne, jugés sans recours comme des anti-européens par l’intelligenstia bien pensante des plateaux télé   ? Les abcès jusqu’alors indolores devront bien un jour ou l’autre être percés, sans quoi, tout médecin vous le dira, c’est l’organisme qui en subira les conséquences.

Ce n’est pas refaire la révolution culturelle que de prétendre cela. Il faudra en revenir à la question de la nature des entreprises, de la répartition des revenus

De la crise à la question du genre

La question de l’égalité des sexes se pose désormais dans ce contexte particulier de la crise. Là encore, beaucoup se disent que tout a été fait. Plus d’égalité   ? Les chiffres sont là pour le rappeller, l’égalité n’est pas encore acquise. Et à travers les préjugés à la vie dure, opposant la moto de monsieur au shopping vestimentaire de madame, qui osera prétendre qu’il y a égale dépense ? Souvenons-nous qu’il a fallu en passer par la Grande guerre civile européenne pour aboutir à la citoyenneté des femmes et à la reconnaissance de l’égalité des genres. La crise dans laquelle nous nous trouvons, plus durable que ce qu’on veut bien croire, peut être considérée comme une opportunité pour parvenir enfin à une plus grande égalité dans les faits. C’est en cela que la crise peut être qualifiée de période d’opportunités révolutionnaires, dans tous les sens du terme. n


de traitement entre hommes et femmes en ce qui concerne les conditions de travail.

A

l’heure actuelle, il existe un écart salarial de plus ou moins 15-18 pourcents entre femmes et hommes sur le marché du travail belge. L’écart salarial n’a diminué que très légèrement ces dernières années et a même stagné. Il semble d’ailleurs augmenter auprès de la nouvelle génération(25-30ans) bien que les femmes aient un niveau d’éducation plus élevé. D’un point de vue légal... L’égalité salariale est une obligation consacrée par la Constitution: « la jouissance des droits et libertés reconnus aux Belges doit être assurée sans discrimination. ». La non-discrimination salariale est régie par la loi du 7 mai 1999 qui garantit l’égalité

Les partenaires sociaux on également consacré le principe d’égalité des rémunérations dans la CCT(convention collective de travail) n°25 du 15 octobre 1975 qui explicite le fait que les systèmes d’évaluation des fonctions ne peuvent introduire des discriminations. Bref, l’égalité des traitements est garantie sur le plan juridique. Du point du vue des chiffres... La réalité est tout autre. Dans l’industrie, il apparaît que les ouvrières gagneraient 74,44 pourcents de la rémunération de leurs collègues ouvriers et en ce qui concerne des employées toujours en industrie, le chiffre serait de 70.07 pourcents. Le salaire des fonctions dirigeantes en entreprise connaît également un écart entre hommes et femmes puisque suite à une enquête du Sociaal Economisch Instituut du Limburgs Universitair Centrum il s’est

Par Anastasia. Demagos avéré que la rémunération des femmes s’élevaient en moyenne à 2.250euros contre 3.550 euros pour les hommes. A lors comment expliquer cet écart salarial? Cet écart peut s’expliquer par une approche scientifique et objective mais aussi par toutes sortes de mécanismes cachés tels que les stéréotypes et les préjugés. Plus précisément,la ségrégation horizontale sur le marché du travail est la première cause de l’écart salarial: la position différente des hommes et des femmes occupées dans le marché du travail pour des raisons socioculturelles peut l’expliquer(les femmes sont souvent actives dans le secteur du bien-être alors que les hommes le sont dans celui de la production). Il existe également une ségrégation verticale par laquelle les hommes et les femmes d’une même entreprise ou un même secteur se situent à des niveaux différents. De plus, il s’avère que les femmes sont plus absentes au tra-


vail (pour s’occuper de leurs enfants) ou recourent à un temps partiel ou à des interruptions de carrière.

tif de hiérarchiser les fonctions sur une base la plus objective possible pour fonder et justifier les différences salariales.

Néanmoins, ce sont les méthodes d’évaluation et de rémunération des fonctions qui constitueraient la cause première de l’écart salarial car elles contiendraient des éléments de discrimination et de préjugés vis-àvis des femmes.

Il s’agit donc d’évaluer les fonctions et non les personnes qui les pratiquent et sur base de critères établis et non discriminants. Les systèmes analytiques offrent généralement les meilleures garanties d’évaluation objective et sexuellement neutre et permet ainsi d’éviter des discriminations . Dans la pratique, il y a une implication des partenaires sociaux nationaux qui s’engagent dans les accords inteprofessionnels de 1999-2000 à insister sur la nécessité de se servir à des systèmes analytiques de fonctions. Mais seuls quelques secteurs ont remplacé leur système d’analyse désuet par un système d’évaluation analytique des fonctions moderne

Quid de la politique d’égalité salariale en Belgique... A la suite du Memorandum européen traitant du salaire égal pour un travail égal en prônant l’utilisation de système d’évaluation de fonctions « sexuellement neutres », la politique d’égalité salariale en Belgique s’est centrée sur la discrimination dans l’évaluation des fonctions Je m’explique. L’évaluation des fonctions a pour o b jec-

Cette évaluation des fonctions fait l’objet de critiques de la part des employeurs qui l’estime trop

rigide et pas assez liée aux réalités de l’entreprise à savoir la flexibilité, la décentralisation,... Il conviendrait donc d’utiliser l’évaluation des fonctions comme base objective de la structure de rémunération tout en valorisant les connaissances des travailleurs et leur proposant des formations pour leur permettre d’évoluer dans leur travail. Le risque d’individualisation ou de renforcement des discriminations seraient ainsi mieux évité. Un outil essentiel... Le projet EVA( Evaluation Analytique des Fonctions) a été développé en 2001 par l’ancienne direction des chances et des partenaires sociaux (FGTB, CSC, CGLSB et FEB) et est soutenu par le Fonds social européen. Il est un outil essentiel car il a pour objectif de sensibiliser les partenaires sociaux aux systèmes sexuellement neutres. En effet, la problématique des discriminations éventuelles dans les évaluations de fonctions n’était pas assez connue des interlocuteurs sociaux en général mais aussi par les négociateurs et travailleurs en particulier. En théorie « à travail égal, salaire égal »... A quand une pratique complète? n


et toujours pour conserver sa place ? Espère t-elle encore plus de liberté, d’égalité ? Quelles sont ses attentes par rapport aux hommes ?

Q

uel est le point commun entre un homme et une tasse à café ? Tous les deux tapent sur les nerfs.

«  On ne nait pas femme on le devient  » criait la féministe et l’écrivaine engagée Simone de Beauvoir. Il est vrai qu’à travers le temps et les âges, l’histoire de la femme en Europe est riche en combats pour l’égalité des sexes, pour la liberté, pour la liberté sexuelle, pour acquérir les mêmes droits civils que les hommes,.... Etre femme signifie bien des choses dans la mémoire collective. La liberté,qui est due aujourd-hui, est le fruit d’effort de plusieures générations pour s’émanciper de la société machiste qu’est la nôtre. Mais a-t-elle vraiment changé ? La femme doit-elle se battre encore

Qu'elle est la différence entre un homme et une prison ? Dans une prison, il y a des cellules grises.

L’évolution des moeurs et des mentalités dans notre société n’est pas quelque chose d’évident. La femme a du s’armer de patience et de courage pour affronter l’homme qui avait su, au fil du temps, s’octroyer une supériorité hierachique au sein du foyer, beaucoup d’avantages et le monopole des postes professionnels les plus avantageux. Bien sûr, il s’agit là d’un bilan général, il n’est donc pas applicable à toutes les classes sociales. Prenons également en compte que la situation était, et est encore, différente dans chaque pays d’Europe selon leurs évolutions respectives. Quelle est la différence entre un homme et un chat ? Aucune, tous deux ont très peur de l'aspirateur.

Au sein de son foyer on peut y constater que la femme a pour

Par Pierre Van Damme

mission l’éducation des enfants, le ménage et en plus travaille pour ramener un deuxième salaire, de ce fait, elle a une emprise sur les affaires familliales et son mot à dire. C’est dans les pays méditéranéens que l’on peut le plus observer ce phénomène, la «Mamma italienne», par exemple, est connue pour s’occuper des affaires de la famille, parfois au détriment de son mari. "C'est Jerôme qui dit à sa maman   : - Dis maman, t'as vu ? J'ai donné un sucre au chien et il a remué la queue ! - Super, va donner 2 sucres à ton père..."

La place que la femme occupe dans le milieu professionnel aujourd’hui est le résultat d’un combat de longue aleine. On peut encore aujourd’hui constater le fait que de nombreux métiers assez prestigieux ne sont effectués que par des hommes par l’absence d’équivalent féminin (comme «médecin» «procureur»,...). Heureusement on peut remarquer des réformes linguistiques à cette égard avec l’apparition de métiers mis au feminin dans le dictionnaire ou dans le langage courant. Dans le monde du travail, les femmes ont dû faire face


à plusieures injustices : l’inégalité des salaires à travail égal par rapport aux hommes, l’inégalité lors du recrutement (places plus vite données aux hommes), travaux plus accablants et plus harrassants leur étaient donnés. Aujourd’hui, l’évolution des mentalités permet davantage à la femme de s’épanouir, d’apporter à la société le raffinement à travers son travail, d’occuper des places importantes dans les sociétés et même de diriger ou de former des hommes. Quelle est la différence entre un jeune marié et un chien ? Après un an, le chien est encore excité en vous voyant rentrer.

Le combat n’est malgré tout pas fini car, en Europe, subsiste encore des inégalités injustifiées qu’il faut combattre. Aussi faut-il conserver ce combat dans nos mémoires pour ne pas faire marche arrière et garder toute la richesse qu’apporte les femmes dans le quotidien de nos vies. N’oublions pas que ce n’est pas seulement une lutte feminine, la gente masculine se doit également d’aider cette cause. Il ne faut pas nécéssairement être une femme pour être féministe. Nous avons tellement à apprendre les uns des autres. Cette lutte pour un monde plus juste et plus parfait envers tous ses citoyens ne pourrait que nous rapprocher. Pour conclure cet article, une pe-

tite blague féministe. Un peu de dérision ne fait pas de mal.

Le barbecue C’est dans cette activité qu’on reconnaît les talents de cuisine d’un homme, un vrai. Dès qu’un homme se porte volontaire pour faire ce type de cuisine, la chaîne d’événements suivante est actionnée : 1. L’homme sort le barbecue et le charbon de bois. 2. La femme nettoie la grille. 3. La femme va à l’épicerie. 4. La femme va chez le boucher. 5. La femme va chez le pâtissier. 6. La femme prépare la salade et les légumes. 7. La femme prépare la viande pour

la cuisson 8. La femme la place sur un plateau avec les ustensiles nécessaires, les épices et les herbes. 9. La femme apporte la grille propre et le plateau à l’homme qui est étendu à côté du barbecue en train de prendre une bière. 10. L’homme place la viande sur la grille. 11. La femme va à l’intérieur mettre la table. 12. La femme vérifie la cuisson des légumes. 13. La femme prépare le dessert. 14. La femme revient à l’extérieur pour dire à son mari que la viande est en train de brûler. 15. L’homme enlève la viande trop cuite de sur la grille et l’apporte à la femme. 16. La femme prépare les assiettes et les apporte sur la table.


17. L’homme sert à boire. 18. La femme dessert la table et prépare le café. 19. La femme sert le café et le dessert 20. Après le repas, la femme range la

table et la nappe. 21. La femme fait la vaisselle et range la cuisine. 22. L’homme laisse le barbecue en place car il y a encore des braises. 23. L’homme demande à la femme

à la violence donc au caractère sanguin. Cela a duré jusqu’aux années 1960.

«

On ne nait pas femme, on le devient »... c’est ce qu’apporte le livre « Du coté des petites filles ». On peut alors en voir plusieurs aspects. Historiquement les bébés des deux sexes étaient au départ emmaillotés entièrement. Jusqu’au début du XXème siècle, tous les enfants portaient une robe que les garçons abandonnaient vers 6 ans. En ce qui concerne les couleurs, de nos jours le rose est plutôt pour les filles et le bleu pour les garçons. Or ça n’a pas toujours été le cas. Le blanc et le bleu revenaient aux filles en référence à Marie mère de Jésus. Quant au rose et au rouge, c’était pour les garçons en référence

A partir de là les choses ont bien changé puisqu’on assiste à une norme plus « unisexe » même si des différences sont évidentes comme par exemple avec la mode du jeans. La gamme de couleurs pour les garçons a vu réapparaitre le bleu, vert, kaki ou brun. C’est à dire des couleurs de teintes foncées et sobres. Les filles doivent avoir des couleurs plus claires dont les couleurs « sanguines ». Mais le caractère unisexe tend à être ébréché par les magasins de vêtements ou tout est classé selon le sexe de l’enfant. Certes le rose revient pour les garçons en ce début de XXIème siècle mais les réticences sont encore bien grandes. Ainsi les vêtements font aussi le genre et la différenciation est alors évidente. Actuellement on voit même des parents mettre immédiatement une robe rose à leur fille alors qu’elle vient de naitre. C’est ainsi dès la naissan-

si elle a apprécié de ne pas faire la cuisine aujourd’hui. 24. Et devant son air dubitatif, l’homme conclut que les femmes ne sont jamais satisfaites. n

Par Antoine Masquelin ce que l’on devient une femme, autrefois on attendait un peu. Une expérience amusante est d’aller voir dans les magasins de jouets. Lorsque l’on demande des renseignements sur un jouet sans préciser le sexe mais juste l’âge et éventuellement un peu ses gouts on se fait harceler jusqu’à ce qu’on dise si c’est une fille ou un garçon même si on cherche quelque chose d’unisexe. Lorsque l’on se trouve dans le rayon garçons devant des jeux « violents », et qu’on finit par dire que l’enfant est une fille insidieusement le ou la vendeur/ euse, tente de nous ramener par tous les moyens vers le « bon » rayon. Les jouets sont un agent important de la socialisation du genre. C’est au milieu du XXème siècle que les garcons ont commencé à avoir des jouets évoquant le transport et le monde extérieur. Les filles ont eu droit à des jeux d’intérieur ou il faut s’occuper de la maison et des enfants. On le voit toujours, il est très faci-


le de trouver dans le rayon des filles, des balais, des aspirateurs, ou encore un seau avec un torchon. Si on recherche des produits ménagers autant aller dans un magasin de jouets c’est aussi efficace. Certes les jeux de société ont amené une certaine neutralité du genre. Mais les jouets traditionnels inculquent un rôle à chacun. Les jeux des filles font l’éloge de l’imitation plutôt que de l’innovation. Dans les jeux proposés avec des poupées du genre Barbie, on retrouve Barbie s’occupe des gosses, Barbie boniche de Ken, Barbie fait la bouffe, ou encore Barbie s’occupe du petit

poney. Jamais on ne verra par exemple Barbie présidente, Barbie sur le front, Barbie policière, Barbie agent secret. Non, alors que les garçons peuvent rêver, les filles sont contraintes à réfléchir à leur rôle de future mère et de femme au foyer. Barbie doit rester à faire la bouffe et la vaisselle pendant que Ken va boire un coup au bar et voir un match. La Noël actuellement voit les enfants passer leurs commandes au vieux bonhomme barbu en rouge (non pas Marx). Mais les parents (et oui désolé mais le Père Noël n’existe pas), font très attention à recadrer les commandes vers la norme en vigueur. Ils

font attention à ne pas donner des jouets trop « déviants » pour que l’enfant ne paraisse pas mis à mal dans sa socialisation extra-familiale. A travers ces quelques exemples, j’ai voulu illustrer l’intégration du genre à travers un certain environnement social. J’aurais pu illustrer cela aussi par les médias, dans les publicités on voit souvent la femme qui fait la vaisselle ou son linge mais à ses cotés une petite fille qui apprend en regardant sa mère. Le père? Sans doutes au boulot, et c’est limite que j’aurais envie de rajouter, son frère est à l’école. n

Par Loris Junod célébration de l’Histoire reste essentielle dans la conservation de la mémoire. Dans un entretien avec Mme Valérie Piette, historienne à l’ULB, et spécialiste reconnue de l’histoire du genre, nous sommes revenu sur l’étude de l’histoire des femmes.

I

l y a soixante ans, Simone de Beauvoir affirmait dans « Le deuxième sexe » la construction sociale du genre. Hier comme aujourd’hui, la

« J’ai débuté mes recherches sur l’Histoire du genre à la fin des années quatre-vingt à l’occasion d’une thèse sur l’histoire de la domesticité, thèse dirigée par Mme Gubin. Elle était alors une des pionnières de l’Histoire des femmes à l’ULB ». Ces étu-

des, alliant les sciences sociales, les sciences du travail et l’histoire sont alors relativement nouvelles en Belgique. « L’Europe continentale est alors en retard sur le monde anglo-saxon. Dans les années soixante, les mouvements d’émancipation trouvent un écho dans le monde universitaire, avec les ethnic studies, les Afro-Americans studies. ». La dimension militante, très présente dans l’étude des femmes, comme pour maintes recherches en sciences humaines, d’ailleurs, a constitué un frein pour l’histoire du genre, raillée


à l’image du féminisme dans la société dès la naissance de ce mouvement d’émancipation. Il était, et reste d’ailleurs, de bon ton de s’affirmer « antiféministe, mais… ». Cette dévalorisation d’une revendication d’émancipation n’est donc pas liée à des rapports davantage égalitaires entre les hommes et les femmes, mais trouve ses racines dans un mouvement morcellé politiquement, notamment. « Pour vous donner un exemple des difficultés, un groupe de recherche s’est crée à la fin des années nonante, le Groupe interdisciplinaire d’études sur les femmes (GIEF). Sur les dix personnes, seuls deux hommes, ce qui montre assez bien la difficulté à introduire cette recherche qui inévitablement aborde l’homme, le père. Les résistances, sans compter les moqueries ont été nombreuses au départ, à tel point que l’essentiel des moyens à disposition résidait dans du papier à lettres.» Alors, quel regard porté sur ces dernières décennies, sur le combat des femmes pour obtenir la reconnaissance de leur égalité, du droit au divorce, de la reconnaissance de leur sexualité ? L’impression d’une relative égalité n’est-elle pas écornée par les différences salariales qui restent du Nord au Sud de l’Europe importante, variant de

10 à 25 % selon les États ? « Il faut d’abord noter que des progrès immenses ont été réalisés, notamment dans la sexualité, dans la reconnaissance formelle de l’égalité. Ainsi, pour ce qui concerne la période de scolarisation et de formation, les filles peuvent désormais suivre librement leurs études. « En ce qui concerne la sexualité, qui constitue un marqueur identitaire important durant cette période, on ne peut que constater les changements intervenus depuis quelques décennies. Nous allons d’ailleurs consacrer une exposition à la dimension de la sexualité à l’occasion des 175 ans de l’ULB. Elle aura pour titre « Pas ce soir chéri(e) ? ». Ce sera une opportunité pour développer des recherches en réunissant des spécialistes de différentes disciplines, des sciences humaines à la médecine. En histoire, par exemple, des travaux sont en cours sur l’importance du contrôle de l’intimité pour la Belgique au Congo. Pour en revenir au temps présent, l’impression d’une certaine égalité entre les sexes que je viens d’évoquer est dans cette mesure assez juste, et dans tous les cas, compréhensible. C’est avec l’arrivée dans le monde du travail et avec la maternité que cela se complique. ».

« C’est davantage dans ce second temps de la vie que bien des progrès doivent encore avoir lieu. Par exemple, en ce qui concerne les instances de pouvoir, vous constaterez que les heures de réunion sont souvent fixées le soir… Ce qui n’est pas sans poser problème pour les mères… et d’ailleurs également pour les jeunes pères. » Avec la crise, c’est à la fois des risques et des opportunités qui se présentent aux femmes. «   Les femmes sont dans une situation de fragilité par rapport aux hommes. Que ce soit par rapport au temps partiel, largement dominé par les femmes, par rapport à la maternité, où beaucoup de femmes se retrouvent seules avec leurs enfants, la crise représente un potentiel dévastateur pour leur condition. J’ajouterai que, même si les femmes bénéficient aujourd’hui d’une formation égale aux hommes, il faut tenir compte de la dimension dévalorisatrice des branches qui ont connu une féminisation importante. Le DULBEA a réalisé plusieurs recherches en la matière montrant que la féminisation s’est souvent accompagné d’une dévalorisation de la profession. La féminisation est donc souvent perçue comme négative » Pourtant, on constate que les femmes abordent davantage des


formations souvent réservées aux hommes. Ainsi en est-il de l’ingénierie environnementale, où les femmes sont de plus en plus présentes. Or, c’est une formation qui risque bien de s’avérer essentielle, si l’on songe aux défis climatiques des prochaines décennies. « C’est peut-être là l’occasion d’une féminisation positive. Sur cette question de l’environnement, la femme est vue comme une actrice des changements nécessaires en la matière. Prenez l’exemple des publicités sur les énergies, les voitures : l’idée reçue selon laquelle les femmes sont sensi-

bles à ces questions de la préservation de la nature y est très présent. Le fait que les charges domestiques leur incombent le plus souvent n’y est pas étranger. » Comment alors percevoir l’avenir ? «  La mémoire est importante à cet égard, c’est le constat que je tire comme historienne avant tout. Le fait que le cours d’histoire du genre soit particulièrement suivi, ce que nous n’avions pas prévu, est révélateur de l’importance de l’intérêt qui est porté à la dimension de la connaissance de ce passé. Les

Quand les différences biologiques créent les différences et les différences justifient les inégalités… s’est fortement accélérée. Avec la politisation de la question féminine et la problématisation de la question du genre comme discipline des sciences sociales, l’égalité sexuelle ne peut dorénavant plus être ignorée.

A

u cours du 20ème siècle, la marche vers l’égalité hommes/ femmes en matière de droits civils, politiques et du travail

Néanmoins, c’est avec l’effacement des inégalités en droit que sont devenues évidentes les inégalités de fait qui continuent de caractériser le « paysage sexuel   » de notre société. L’égalité des chances ne garan-

progrès ont été très importants, il convient d’en être conscient, tout comme du chemin qu’il reste à parcourir. Le cas de la Belgique est à cet égard assez exceptionnel. En une quinzaine d’années, des progrès considérables ont eu lieu, avec la légalisation de l’avortement, le mariage pour les homosexuels pour ne prendre que ces exemples. Tant de choses ont changé en si peu de temps en comparaison avec d’autres États. Évidemment, il ne faudrait pas s’endormir sur ses lauriers… ». n

Par Letitia Beresi tira jamais une égalité de fait si l’on continue à nier le facteur des « mentalités » comme déterminant clé du changement. En effet, les inégalités en droit ont, de tout temps, puisé leurs arguments dans les différences a priori « naturelles » entres les sexes. Ces différences, considérées comme « naturelles », feraient en sorte que certaines sphères seraient l’apanage des hommes et d’autres, celui des femmes. Grosso modo, aux hommes la sphère publique et aux femmes la sphère privée.


Ces différences deviennent des inégalités à partir du moment où ces domaines dominés par les hommes sont les sphères liées à un enjeu de pouvoir, de richesse et de prestige. Les sphères de domination vont être masculinisées. Le masculin va « l’emporter ». Dans l’installation de cette domination masculine, la femme ne sera plus différente face au dominant mais tout simplement dominée. La sphère privée sera dévalorisée et dévalorisante. M ais quelles sont ces différences? Les grandes différences entre les sexes ne sont ni tellement biologiques ni vraiment naturelles. Ces différences de sexe sont en réalité surtout construites socialement. Elles sont donc culturelles et acquises au cours de la socialisation. Mais elles vont être justifiées par des arguments biologiques et donc, naturalisées. Ces divergences nous semblent tellement innées qu’on oublie qu’elles ont été édifiées. « On ne nait pas femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir. La féminité et son corollaire, la virilité, sont deux concepts qui servent à différencier socialement les sexes. On a associé certains traits de caractère aux femmes – la douceur, la bienveillance ou l’hystérie, d’autres aux hommes – la force, l’affrontement, l’autorité. Ces

traits de caractère associés justifient des attitudes, des manières de se tenir et des positionnements du regard différents. Avant qu’elle n’entre sur le marché du travail, la femme n’était associée qu’au travail domestique, au bénévolat et aux pratiques religieuses. A partir de la fin des années 60 et de l’entrée massive des femmes sur le marché du travail, on peut entrevoir certaines spécificités féminines dans l’orientation socio-professionnelle -psychologues, enseignantes ou infirmières. Ces différences ont toujours été interprétées comme étant la « conséquence » de la fonction féminine de protection et d’éducation des enfants. L’orientation scolaire diffère également comme le clivage sciences humaines/ sciences de la nature l’atteste. De même, des métiers typiquement féminins ou masculins se sont créés. Les tâches domestiques sont attribuées aux femmes car on leur associe certains « dons » pour le rangement et la propreté. De même, on invente des qualités, compétences, sphères d’intérêt et personnages « naturellement » masculins. Le genre est créé. Ces différences vont se construire et s’imprégner dans des structures qui ritualisent cette division sexuelle. La séparation des

WC entre hommes et femmes est un bel exemple de division ritualisée des sexes. Goffman, selon qui « le genre est l’opium du peuple », se demandait, à l’instar de Bourdieu, pourquoi les différences biologiques non pertinentes entre les sexes provoquaient une différenciation sociale si grande. Les femmes et les hommes sont tous prisonniers de cette construction. Et nous souffrons tous parfois de ces rôles rigides que bon gré mal gré nous devons adopter. Un homme peut ne pas être « assez viril » ; une femme, « pas assez féminine ». Néanmoins, une différence importante existe. La femme peut également être « trop » féminine. Elle peut facilement être étiquetée de « putain ». L’homme ne sera jamais trop viril. Casanova et Don Juan ne se conjuguent pas au féminin. La femme cherche constamment un équilibre entre des « excès » dans lesquels elle ne veut pas tomber : ni nonne ni catin, ni soumise ni castratrice. Il n’est donc pas étonnant que dans l’imaginaire collectif, les qualificatifs « hystérique » ou « lunatique » soit associés aux femmes. La société oublie souvent que les femmes vivent dans un monde d’hommes.


La culture masculine est devenue « la culture ». Le masculin est devenu le genre humain. Les pronoms personnels ils/elles ou encore « l’homme » considéré comme représentatif des deux sexes illustrent cet état de fait. Une domination masculine symbolique règne inconsciemment sans que ni l’homme, ni la femme ne s’en rendent compte. Avez-vous déjà observé dans une conversation que les femmes se faisaient beaucoup plus facilement couper la parole que les hommes ? Cette domination est intégrée. Les femmes y consentent et la reproduisent inconsciemment en cherchant à atteindre leur rôle social de femme. Les hommes aussi ! Ne nous méprenons pas. Cette domination arbitraire se met en place à partir du moment où la femme est présentée comme un enfant fragile et l’homme comme son protecteur. Moralement, il est considéré comme plus juste de protéger les faibles. La domination n’est donc plus arbitraire. Elle devient légitime. Si les différences justifient les inégalités, doit-on supprimer les différences pour supprimer les inégalités? Les rôles sexuels ont été créés de toute pièce mais les rapports de domination sont tellement intégrés qu’on refuse de les remettre en question. Comme si à l’époque coloniale on avait pro-

posé que le Congo devienne la métropole et la Belgique la colonie. Il ne s’agit pas de supprimer ces différences mais de comprendre les mécanismes de la création du genre. Nous pourrions par exemple dénaturaliser les différences sexuelles sans pour autant changer nos rôles sexuels afin de supprimer les inégalités sans supprimer les différences. Cette prise de conscience com-

mune est indispensable pour que la « question des femmes   » ne soit plus vue comme un problème uniquement féminin mais concernant les deux sexes. L’évolution doit se faire dans les deux sens. La société pousse la femme à pénétrer les sphères traditionnellement masculines. Mais pourquoi n’encouragerait-elle pas l’homme à conquérir les domaines traditionnellement féminins ? n


Par Géraud Hougardy de priver des étudiants d’outils indispensables à leurs études. » Ca fait sérieux, on dirait qu’ils se sont renseignés. Les étudiants d’éducation physique seraientils en chômage technique ?

I

l y a peu, la Dernière Heure publiait dans ses colonnes une information d’une rare qualité : le communiqué du Cercle des Etudiants Libéraux de l’ULB. Ainsi, le lecteur a pu prendre connaissance de l’opinion des Etudiants Libéraux par rapport à l’occupation du Hall des sports.

Ce communiqué commence par cette phrase forte : « Une telle action (…) ne peut plus continuer. » Alors évidemment, dit comme ça, ça parait un peu pauvre au niveau de l’argumentation. Pourquoi une telle action ne peut plus continuer ? Parce qu’elle a « pour conséquence

Et bien, pas de chance, ils ont été recasés sur le campus Erasme. A vrai dire, l’ULB réussit à gérer l’ensemble de ses cours sans ce hall des sports. Rassurerons les Etudiants Libéraux : les cours d’éducation physique se donnent toujours dans notre Alma Mater ! Donc, si « pénalisation » des étudiants il y a, ça reste très supportable puisque les missions d’enseignement sont assurées. Quant à savoir si les sans-papiers sont pénalisés eux d’être des personnes illégales, on n’oserait pas poser la question au CEL de peur de paraître désagréable. Bon, mais cette occupation sur notre Campus, ça fait quand même tache, et après tout on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Ce point est la deuxième ligne force du communiqué de presse du CEL :

« Car, s’il s’agit de venir en aide aux personnes sans logement, pourquoi dès lors, ne pas prendre en charge l’ensemble des sans-abris de Bruxelles, sans discrimination ? » Et la suite : « C’est pourquoi, afin que l’Université Libre de Bruxelles soit consistante avec elle-même, nous l’invitons à accueillir dans ses locaux, chaque jour, de 22h00 à 6h00, l’ensemble des personnes qui n’ont pas la chance d’avoir un toit. » De nouveau un lourd argument à disséquer. Laissons le soin de la digestion au lecteur. Ah voilà, la suite : « Le laissez faire de l’ULB est une prise de position politique qu’elle n’assume pas. » Cette fois, faisons preuve d’un peu de charité herméneutique et interrogeons réellement la phrase. « Laissez-faire » ? Ha bon, il me semblait que le CA avait créé un Comité chargé de faire la liaison et de soutenir les sans papiers. Doit-on accuser ce Comité de ne rien faire ? Et les étudiants ? Tous absents ? Mais que font les libéraux ?


« Prise de position politique » … oui… vous êtes allergiques ? Le CA devrait retirer ses motions de soutien à la cause des sanspapiers ? Ou vous voulez dire que l’ULB devrait s’occuper de ses parts de marché plutôt de que « politique » ? « Qu’elle n’assume pas. » Généralement quand on n’assume pas quelque chose on en fait pas des communiqués de presse, mais soit. Continuons. « Le CEL invite chacun, et particulièrement les groupes idéologiques et politiques de l’ULB, à ne pas instrumentaliser les drames humains qui se cachent souvent derrière cette appellation de sans-papiers. » On notera évidemment que les étudiants qui soutiennent activement les sans-papiers sont forcément des manipulateurs qui ne cherchent qu’à instrumentaliser la douleur des autres, mais surtout on

appréciera que les Etudiants Libéraux, entrepreneurs de morale, dénoncent ces « groupes idéologiques » pour le bien même des sanspapiers. La condamnation de ceux qui se bougent le cul, se fait, et on verserait bien une larme, justement parce que les libéraux, eux, savent le drame qui se joue et savent prendre la défense des démunis, sans-abris, sans-papiers… enfin tant qu’on les voit pas sur notre campus naturellement. Bref, « cessons cette surenchère qui n’aura pour conséquence que de crisper les positions des parties en présence. » Cessez de luttez pour vos droits, cessez de vous sentir solidaire, vous allez braquer le gouvernement. Rentrez chez vous bonnes gens ! Et maintenant, la partie la moins pourrie du communiqué. Le CEL exhorte le gouvernement à

PROJ ECTION DE :

Mercredi 25 Mars à 20h30 Au 131 Avenue Buyl Entrée gratuite

prendre une position ! Allelujah, quand même une phrase sensée dans un océan d’inepties. Chers amis Libéraux, le libéralisme ça a aussi été les droits de l’homme, l’égalité de tous les citoyens et le rêve d’une société plus juste. Vous n’auriez pas pu vous en rappeler au lieu de céder à cette rhétorique antigauchiste puante ? Pourquoi ne pas avoir mis le MR face à ses responsabilités ? Estce que vous manquez de courage politique ou bien vous n’avez simplement rien compris ? n


Par Ludivine Biarent

U

n séjour à Gand dans le cadre du programme Erasmus Belgica m’a donné envie d’écrire un petit article sur la politique flamande. Tout d’abord, une brève explication du titre trouvé sur le site du sp.a rood dont je vais vous parler plus bas. «   Vooruit  » signifie «  en avant  » et est par ailleurs le nom de la célèbre coopérative socialiste gantoise aujourd’hui reconvertie en centre culturel (concerts, théâtre, fêtes, etc.). « Allez de l’avant », voilà une pensée qui devrait en inspirer plus d’un... En tant que socialiste, la vue du paysage politique flamand peut paraître décourageante (c’est un euphémisme). Avant tout, il est important de rappeler que celui-

ci est caractérisé par une grande fragmentation que l’éclatement des cartels n’a fait que confirmer. Il n’y a actuellement plus de parti dominant comme ce fut le cas par le passé. Où en sont les « socialistes » dans tout cela? Telle est la question que je me pose dans cet article. Je me limiterai ici pour des raisons de temps et d’espace au sp.a mais cela ne signifie bien entendu pas que je lui donne le monopole du socialisme en Flandre. Un accès de pessimisme me ferait répondre  : nulle-part. Les dernières tensions suite à l’arrivée du tout sauf socialiste Bert Anciaux n’ont rien arrangé à la situation déjà difficile. Le changement de signification du sigle du parti peut paraître anodin, il est cependant révélateur. Circonstance aggravante, si j’ose dire, il est intervenu sans consultation des militants et sans congrès. Pour rappel l’acronyme «  Socialistische Partij Anders  » (Parti Socialiste Autrement) devient «  Socialisten en Progressieven Anders  » (Socialistes et Progressistes Autrement). Quel est le problème me direz-

vous  ? «  Progressistes » n’est pas un mot à rejeter pour ce type de parti. Certes, mais nous l’avons constaté à plusieurs reprises, le nom d’un parti ne peut être interprété au sens strict. Il y a une logique sousjacente derrière tout cela. En l’occurrence, il s’agit d’accroître le poids de Bert Anciaux dans le parti. Ce dernier est passé par différents petits partis nés à la suite de l’explosion de la Volksunie, au sein de laquelle il appartenait à l’aile « gauche ». Je vous passe les détails relatifs aux tensions en sein de Spirit, devenu Vlaams Progressieven et ensuite Sociaal-Liberale Partij. Celles-ci venaient par exemple de la volonté ou non de collaborer plus ou moins étroitement avec le sp.a. Le résultat de tout cela est l’arrivée d’Anciaux au sein des socialistes flamands. L’homme a l’habitude de la jouer «  personnel  » et son arrivée n’apportera à mon sens rien de positif. Ses déclarations provocatrices dans la presse n’amènent rien de constructif. Voilà donc un personnage encombrant dans une situation déjà délicate. Le parti semble aphone.


Comment en sortir ? Je vais vous parler d’une tendance souvent méconnue au sein des socialistes flamands : le sp.a rood. Il est né suite au positionnement de la tête du sp.a par rapport au Pacte des générations en 2005 et les discours contre les syndicats prononcés par des leaders du parti à ce moment là. Cette faction est certes minoritaire mais elle a le mérite d’exister. Il n’est pas question pour moi de vous en faire la propagande. Je pense simplement qu’il est intéressant pour tout socialiste de s’interroger sur cette voie, une parmi d’autres. ROUGE et non rose pâle, cela en dit long. Il s’agit de « revitaliser   » le parti en regardant vers la gauche plutôt que vers le centre. L’idée est que les tentations centristes ne mènent généralement pas aux objectifs censés être défendus par les socialistes. C’est pourquoi il est nécessaire de rappeler les fondamentaux du socialisme parfois (sic) oubliés par le sp.a.

Ce type d’initiatives nécessite un certain courage dans le contexte dans lequel nous sommes. Vous l’avez certainement constaté, dès qu’une solution « un peu trop à gauche » est avancée, elle est immédiatement taxée d’ « utopiste », d’« irréaliste   », de « dangereuse » et j’en passe. Cela change t-il suite à la crise économique et financière ? Fort peu semble t-il… Et oui, le capitalisme sauvage a produit ses effets mais peu de gens semblent avoir la volonté de le réformer en profondeur au-delà des discours. Vouloir le c o r s e t e r ne signifie pas vouloir introduire une

économie planifiée. Ce débat mérite de la nuance. Investiguer des solutions différentes me semble être la moindre des choses. Ceci est délicat en Belgique car nous nous trouvons dans un système de coalition pluripartite où le mot compromis rime bien souvent avec compromission pour la « gauche ». Mais soit, il existe encore des personnes refusant de s’inscrire dans cette logique. Que l’on soit d’accord ou non avec les idées qu’elles défendent, elles méritent un minimum d’intérêt et d’attention. Une attention que j’espère avoir éveillé chez vous dans ce bref article. n


Presse: Quand vous dites dans votre livre «  Appellation d’origine Africain » que les élus Afro-Bruxellois jouissent de leur mandat sans rendre des comptes, à qui pensez-vous   ?

A

l’approche des élections en Belgique, de nouvelles figures inconnues de la scène politique apparaissent curieusement au grand jour. Suivant de près cette réalité, j’ai été amené à faire la rencontre d’un jeune homme atypique de par son parcours personnel et également de son engagement. Ce jeune bruxellois, employé en journée et dramaturge dans un groupe de théatre «  les Piroguiers  » nous livre à travers son livre «  Appellation d’origine africaine  » sa vision de Bruxelles et le sens de son engagement. J’ai voulu à travers cet article sous la forme d’entretien en conférence de presse vous donner un aperçu de la personne

Olivier Kayomo: Je ne pense pas. Je constate et j’affirme qu’aucun n’a un discours, ni un projet pour notre composante (ou communauté). Jusque là, les Afro-Bruxellois se présentaient aux élections avec comme seul argument la visibilité. Nous disons que cette visibilité d’apparence ne nous aide pas, il est temps de passer à autre chose, à l’essentiel du combat politique au sens noble du terme; les idées, le message, le contenu, les projets, la vision. C’est pour cette raison que nous venons avec un projet basé sur les 12 propositions qui ne sont que des idées simples, concrètes et pragmatiques que nous soumettons à la sanction de tous les Africains de Bruxelles en toute humilité mais dans la détermination. Ne craignez-vous pas d’être taxé de communautariste  ? Pas du tout car vouloir organiser son groupe d’appartenance démocratiquement n’a rien de

Par Yves Schengen communautariste, c’est un travail citoyen. Je me considère comme le griot, l’apôtre de la multiculturalité et mon discours est très pragmatique. Le public doit savoir que j’en appelle à un sursaut culturel et politique africain pour apporter notre plusvalue à Bruxelles. Nous sommes venus d’Afrique et Bruxelles nous a accueilli, il n’y a pas de mal à vouloir lui rendre la monnaie de sa pièce en valorisant et en apportant notre richesse culturelle et humaine afin que Bruxelles brille de toutes ses couleurs. Les entrepreneurs, les artistes, les étudiants, les jeunes, les sportifs, les contribuables et les politiques d’origine africaine doivent porter à Bruxelles notre dynamisme, notre compétitivité. Et puis, il faut que les jeunes issus de cette composante puissent s’identifier à Bruxelles au travers de la culture africaine, c’est un message pour la multiculturalité et donc cela ne peut être communautariste, au contraire. Notre composante (communauté) n’existe pas structurellement parlant, il faut changer cela. Si nous ne faisons rien pour nous, personne ne le fera à notre place. Par exemple, il existe un mal-être chez une partie de notre jeunesse et nous pensons


qu’une partie de la reponse à ce problème se trouve dans notre capacité ou non à transmettre notre culture à la dite jeunesse, qui est un peu perdue. En outre, Bruxelles est un arc-en-ciel culturel, nous voulons juste redorer sa couleur jaune qui symbolise pour nous le soleil d’Afrique et prendre place à la multiculturalité qui est le nouveau visage de Bruxelles. Qu’avez-vous de différent des autres  ? D’abord le discours clair et ouvert aux critiques, un projet pour notre avenir ici, je propose une réflexion, un débat d’idées sur nous-mêmes pour qu’une vraie discussion, une vraie compétition s’engage pour l’intérêt et l’avenir de nos enfants et de tous les Bruxellois. Et c’est pour la première fois qu’un AfroBruxellois va proposer à son électorat naturel une autre vision des choses, tout cela écrit noir sur blanc dans mon livre « Appelation d’origine africaine » et résumé dans les 12 propositions pour lancer le changement. C’est un projet de société que je livre à ma composante. C’est une alliance que je propose aux Afro-Bruxellois. Nous devons nous organiser autour d’un discours, d’une vision. L’heure du changement a sonné! Je voudrais que ceux qui sortirons de

nos rangs pour nous représenter puissent les mériter, après échange d’idées et non parce qu’ils nous «   ressemblent » simplement. Il faut que cela change! Il faut que cela change maintenant!

pas très connu, ne craignezvous pas que le message ne passe pas ?

Il y a à peu près 2 ans, Barack Obama n’était pas connu du grand public américain et aujourd’hui, c’est le monde enLa force de notre visibilité, tier qui parle de lui. Les bonnes doit être dans le contenu de nos idées ont une force, c’est comme projets et non dans l’apparence un vent qui souffle et devant cet comme ça a été le cas jusqu’à ouagan de l’histoire personne ne présent. C’est là notre diffé- résistera. Cela s’appelle la force rence, notre volonté politique de l’argument et non l’argument pour faire avancer les de la force. Pro Bruxsel choses. C’est fini apporte du sel, du “ L’Afril’époque où on vent nouveau, que est mon bervotait pour du changement une visibilité pour Bruxelceau, Bruxelles est ma d’apparence! les. Pro Bruxmère adoptive; les deux Nous devons sel se bat pour oser, espérer, supprimer la font partie de moi. ” provoquer le discrimination Olivier Kayomo destin avec des entre Bruxelidées nouvelles, lois fondée sur la des idées du chanlangue qu’ils parlent gement en tenant compte et ça touche tout le monde nos réalités quotidiennes et de à Bruxelles et c’est absurde culturelles. Nous devons cesser d’autant plus que cela se passe d’être des candidats attrape- au cœur de l’Europe, dans la voix, ça a été le cas par le passé, capitale même. Pro Bruxsel est cela ne doit plus se répéter à l’unique parti à Bruxelles où les l’avenir. Dans un groupe social, néerlandophones, les francophochaque génération doit prendre nes, les turcophones, les arabosa responsabilité devant l’histoi- phones, les Africains et toutes re pour résoudre les problèmes les sensibilités culturelles de de son époque, aujourd’hui nous Bruxelles, se retrouvent ensemprenons la nôtre et nous invitons ble pour Bruxelles et à l’image l’opinion à faire de même en de la ville de Bruxelles actuelle. nous soutenant. Pro bruxsel propose aussi que l’enseignement à Bruxelles reVotre parti Pro Bruxsel n’est vienne à la région et non aux


communautés comme c’est le cas jusqu’à présent. C’est du jamais vu et je sais que les Bruxellois méritent ce nouveau regard car Bruxelles aujourd’hui est une diversité unique. Pro Bruxsel est une force pour Bruxelles comme Bruxelles, est une chance pour les Bruxellois et même pour le pays. Même si votre message de changement porte, les électeurs risquent de craindre le fait que votre parti ne soit pas une force, que vous ne soyez élu ? Premièrement, mon parti Pro Bruxsel a un message fort, un message fédérateur pour tous les Bruxellois, un message bruxellois. Il faut que ça change à Bruxelles et la multiculturalité bruxelloise est un atout pour ce changement. Pro bruxsel veut que l’on cesse avec un débat stérile et communautariste entre partis néerlandophones et francophones. Il faut résoudre les vrais problèmes des gens, le logement, l’emploi, la scolarité de nos enfants etc... Savez-vous qu’à Bruxelles il y a 28.000 familles qui attendent un logement décent et qu’à côté de cela il existe 1 million de mètres carré soit 26.000 logements inoccupés car totalement délabrés? Au lieu d’inonder la ville avec les travaux des trottoirs, il serait plus judicieux de réhabiliter tous les

bâtiments abandonnés à Bruxelles. C’est là la priorité pour les citoyens! A Bruxelles il y a 20% des chômeurs et dans ces 20%, près de 80% ne sont pas bilingues. Pour réduire ce chiffre, nous préconisons un enseignement bilingue dès le bas âge afin de donner la même chance à tous les enfants bruxellois. Deuxièmement, mes propositions de changement en direction de la composante africaine sont une attente réelle car ces idées simples viennent de l’observation et de l’écoute des Africains de Bruxelles qui veulent réorganiser notre composante afro-bruxelloise sous l’impulsion d’un leadership responsable. Et comme aucun des élus Afro-Bruxellois n’a pu apporter une réflexion, une proposition concrète depuis toutes ces années avec les partis traditionnels, il est temps pour une nouvelle génération d’Afro-Bruxellois de présider aux destinées de notre composante et de la nouvelle Bruxelles, au sein d’un nouveau mouvement, véritablement multicuturelle. Nous voulons mobiliser les gens autour des valeurs, des idées nouvelles pour un avenir radieux et ensemble, autour de la richesse de notre diversité culturelle. Le changement est un risque positif qu’il faut prendre car qui ne risque rien n’a rien, n’est-ce pas?

Concrètement, comment comptez-vous organiser les états généraux de la jeunesse africaine ? Si je suis élu, je commencerai par le recensement des associations de jeunes à Bruxelles, prendre contact avec certaines écoles (Athénées, écoles catholiques, communales et autres). Les sociologues et les psychologues de l’ULB et VUB nous apporteront leur expertise, quelques artistes bruxellois sont d’accord pour nous emboiter le pas, les associations qui aident les jeunes, les différents groupes de jeunes, l’aumônerie catholique des Africains de Bruxelles, quelques responsables d’églises, les cercles d’étudiants, la presse et bien entendu, les associations de parents d’élèves seront de la partie. Une représentation de la police de Bruxelles sera un plus afin de comprendre le phénomène des bandes. Ensuite, nous trouverons un lieu, nous pensons à l’ULB ou au théâtre Saint Michel. Nous pensons qu’une soixantaine de délégués (le nombre reste à déterminer) suffira pour une durée allant de 3 à 5 jours pour réfléchir ensemble et tirer les leçons sur les difficultés que rencontre notre jeunesse au quotidien et essayer d’apporter des réponses afin de changer notre démarche pour une intégration réussie.


Nous pensons réaliser cela entre 3 et 6 mois après les élections. Et si les autres « élus » d’origine africaine vous traitent de populiste ou de démagogue, que répondez-vous ?

foi ne peut qu’encourager une telle initiative. Notre discours est globalisant pour Bruxelles et en nous assumant par nous-mêmes, le reste n’est que poursuite du vent.

S’ils le disent cela démontrera qu’ils n’ont rien à dire d’autre. Rien à proposer. La culture n’est pas populiste, elle est populaire. On ne peut pas être le griot, l’apôtre de la multiculturalité et être populiste. Je parle du sursaut culturel africain afin de le mettre à la disposition de la nouvelle Bruxelles multiculturelle, c.-à-d., que la composante afrobruxelloise fasse un bond en avant pour ne pas être le maillon faible de l’arc-en-ciel et ensuite, une composante africaine forte, organisée, galvanisée par une culture riche et redorée va rédynamiser également Bruxelles. Tant que nous resterons désorganisés, sans un leadership politique engagé et progressiste, nous serons toujours le maillon faible de la chaîne, nos enfants ne pourront envisager l’avenir avec optimisme, nous ne pourrons être compétitifs; ça c’est la fatalité dans laquelle nous baignons depuis des années, il est temps de mettre un terme à ce système qui fait de nous des perdants. C’est ça que que nous disons dans notre livre « Appelation d’origine africaine ». Toute personne d’origine africaine ou autre qui est de bonne

Pourquoi n’avez-vous pas choisi un des partis démocratiques traditionnels plus connus comme le Cdh, le PS, le MR ou Ecolo ? Connaissez-vous un seul candidat afro-bruxellois membre de l’un de ces partis et qui vous parle de nos problèmes au quotidien, de notre jeunesse qui se déchire? De l’avenir de nos enfants, de notre double identité? De la nécessité de valoriser notre culture et de la partager avec tous les Bruxellois? Qui vous invite à discuter sur une proposition politique qui nous concerne? Qui prend position lorsque nous sommes en difficulté, cas de la guerre du Kivu? Qui pense à revaloriser le quartier Matongé qui doit être considéré comme le patrimoine culturel des Africains de Bruxelles? Qui en appelle à un débat d’idées, autour des projets, des réflexions, des propositions concrètes pour içi et pour l’Afrique? Moi, je n’en connais aucun, voilà pourquoi j’ai opté pour le changement avec Pro Bruxsel, parce qu’il m’écoute. Pro Brux-

sel est le seul parti acommunautaire qui tient compte des multiples cultures qui composent Bruxelles d’aujourd’hui. Pour moi, la plupart de ces partis sont enfermés dans leurs idéologies respectives. Très souvent chez eux, l’Homme vient après, c’est le parti qui compte avant tout, son idéologie. La refléxion est orientée vers l’intérêt du parti. Pro Bruxsel, donne la parole aux gens, encourage la discussion autour des problèmes concrets en tenant compte de la sensibilité culturelle de tous. C’est une sacrée différence et une très bonne motivation. Votre mot de la fin ! Je serai candidat député Bruxellois sur la liste PRO BRUXSEL aux régionales 2009 pour le changement dans la confiance, les débats sont organisés chaque mois afin d’expliquer notre vision. Merci Olivier Kayomo C’est moi qui vous remercie.

Le journal des ES ayant pour but de sensibiliser la jeunesse de notre pays sur différents aspects, il m’a semblé important de pouvoir partager à travers cet interview accordé à Rétro actuel magazine, une autre approche de la politique bruxelloise. n


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A

u mois de juin de cette année auront lieu les élections pour élire les députés européens. A bien des égards, le contexte dans lequel elles ont lieu devrait leur donner une couverture et un intérêt sans commune mesure avec les précédentes. Ne sommesnous pas en pleine crise financière, économique, social requiérant une action au niveau de l’Union européenne.   ? L’effondrement financier des pays de l’Europe de l’Est, l’interdépendance de leur système bancaire avec des pays tels que l’Autriche, l’Allemagne ou la France, montre à quel point ce qui se passe est digne d‘un jeu de domino, au sein duquel seule une action coordonnée de l’UE serait apte à prendre en compte les conséquences.

Pourtant, ces élections européennes ne passionnent guère. Bien des éléments de réponse sont du ressort des partis européens, qui faute de cohérence interne, de leadership sur leurs sections nationales, de couverture médiatique aussi, ne politisent guère ces élections qui rassembleront pourtant le même jour tous les citoyens européens dans le rituel démocratique d’élections de leurs représentants.

Une europe dynamique ? La présidence française, conduite par un autocrate bien connu, a certes relevé le moral de bien des pro-européens. Enfin une Europe qui réagit, nous a-t-on dit, qui joue son rôle sur la scène internationale. On ne le niera pas, l’agenda était bien chargé, entre la guerre géorgeo-russe, des Jeux olympiques controversés, et un effondrement spectaculaire des marchés. L’égo surdimensionné de Nicolas Sarkozy n’en demandait pas tant, au point qu’on imagine sans peine sa joie sourde, prise dans son fantasme de vivre un nouveau krach digne de 1929. Peut-être se prenait-il pour le nouveau Roosevelt lorsqu’il en appelait à une refondation du capitalisme. Gare aux comparai-

Par Loris Junod

sons historiques, en lieu et place du célèbre président, il pourrait avec bien plus de chance n’être que le prédécesseur, le malheureux Hoover. A bien y réfléchir, et sans aller très loin dans la réflexion, qu’était-ce cette Europe, sinon celle honnie depuis longtemps, cette Europe des chefs d’Etats. Ce Conseil européen, qui ressemble au Palement du Moyenâge, est au fond une sorte de sénat, représentant les pouvoirs en place des différents membres de l’UE. Nul n’ira prétendre que sous les monarchies de droit divin, ce type d’assemblée puisse revendiquer un caractère démocratique.

Un avortement programmé

?

Dans ces conditions, quelle est la valeur du bulletin de vote que le citoyen mettra dans l’urne ? La nouvelle assemblée, comme les précédentes, verra un compromis entre les deux grands partis, le PPE et le PSE. On imite les grandes coalitions des pays germaniques dans le cadre de la pensée unique libérale. Et qu’importent les décisions que ces parlem-


taires prennent, la Commission européenne et le Conseil européen se chargeront de censurer le législatif si d’aventure l’orthodoxie ne s’y retrouvait pas . Après les résultats viendra l’élection du président de la Commission européenne. Tout d’abord, le Conseil européen se réunira pour proposer un candidat, qui sera sans surprise M. Barosso. On se souviendra qu’en 2004, le Conseil européen divisé par la guerre en Irak n’avait pas su trouver un candidat. De guerre lasse, Barosso a finalement contenté tout le monde. En difficulté dans son pays, il rallia l’unanimité par son profil correspondant au critère essentiel depuis la présidence de Jacques Delors : la faiblesse requise pour ne pas donner davantage de poids à la Commission. En lui offrant une issue honrable à la très probable déconfiture qu’il risquait aux prochaines élections portugaises, il n’était pas en situation de faire de l’ombre à ses pairs. Bien que le Parlement européen soit en situation de refuser le candidat prévu, le rapport de force fait qu’il l’adoube. Barosso devint donc président de la Commission en 2004. On avait compris que les élections nationales n’avaient que peu de poids à l’échelle euro-

péenne. Alors que onze Etats étaient au main des « socialistes   » à la fin des années nonantes, aucune politique ne pouvant être revendiquées comme de gauche n’émergera. A fortiri, à quoi bon des élections européennes si les réprésentants des citoyens européens composent une simple caisse enrengistreuse ?

Quelques faibles lumières dans les ténèbres europénnes

Si la Commission européenne, le Conseil européen se font les garants de la nature antidémocratique des institutions européennes, quelques éléments nourrissent un, pourtant bien maigre, espoir. Il y a tout d’abord les tentatives de politisation de l’élection, fort peu médiatisées par ailleurs. La candidature du Parti libéral européen au poste de président

du Parlement européen, chasse gardée du Parti socialiste et du Parti populaire en est un exemple, anecdotique certes, mais qui montre que désormais en lieu et place de l’indifférence, on assiste à une compétition, critère essentiel des bases d’une démocratie. En revanche, ce qui est beaucoup moins anecdotique, c’est la possible candidature de Poul Rasmussen au poste de président de la Commission européenne. Lors de l’élection en 2004 du Président du Parti socialiste européen, il était le partisan d’une politisation accrue et d’une compétition interne plus importante pour recentrer ce qui reste encore à beaucoup d’égard un attelage très disparat. Constatez donc : entre les partis travaillistes affichant sans honte aucune leur appartenance au centre-droit, et des partis socialistes tiraillés par leur gauche, il n’est pas évident


d’en tiré une unité politique. Opposé à un candidat du statu-quo, sa victoire a démontré qu’une majorité était prête à le soutenir dans son projet. Tout la difficulté du PSE, largement partisan de renvoyer Barroso à la retraite politique qu’il mérite, est le soutien que les chefs d’Etats socialistes affichent à l’égard de Barroso. Sans parler de Brown, peu suspect de soutenir un parti européen de par son euroscepticisme, on peut citer José Socrates, qui n’aimerait pas revoir son compatriote revenir à la politique nationale. Il y a aussi Zappatero qui affiche là sa solidarité ibérique, solidarité bien étrange pour un pro-européen qui cherche à faire figure de socialiste moderne.

A bien des égards, ce qui s’illustre dans la bêtise affligeante de ces chers camarades dirigeants, c’est bien davantage ce refus d’un renforcement de la présidence de la Commission européenne. Faut-il le souligner, si d’aventure Poul Rasmussen remportait la présidence, victoire qui s’illustrerait par une victoire de son parti évidemment, soit les chefs d’Etats feraient fi de la démocratie, soit son élection conduirait à un réel bicéphalisme de l’exécutif européen. Dans les deux cas, la démocratie n’en serait pas pour autant acquise, loin de là, mais de ce coup de force résulterait une dynamique de démocratisation.

De surcroît, revêtu de sa légitimité, Rasmussen pourrait composer une commission bien plus politisée, et pourrait forcer l’accouchement, au forcept et sans péridurale évidemment, du clivage gauche-droite qui manque cruellement à l’Europe pour progresser. Ce ne sera pas sans douleur, encore moins rapide. Il se peut aussi que la fonction fasse l’homme, qu’il se retrouve coincé dans l’habit du gardien de l’orthodoxie libérale. C’est une possibilité, mais l’opportunité est trop belle pour qu’on manque l’occasion de porter le clivage gauche-droite au niveau européen. n


Par Alexandre Bauwin

P

ar hasard, dans le courant de la semaine, je regardais sur dailymotion une vidéo de Pierre Bourdieu, sociologue qui a toute mon estime, intitulée - gauche/droite. Vous l’aurez peut-être vue, elle circulait énormément au moment de la présidentielle française car il y disait que Ségolène Royale n’était pas de gauche. Le plus intéressant ne réside, cependant, pas dans cette anecdote. Il y affirmait surtout que personne ne pouvait être vraiment de gauche s’il avait un habitus de droite. Sentence lourde de conséquences pour la gauche cultivée et aisée adepte des bonnes manières et des bonnes choses. Affirmation fataliste et répétitive, également, car elle avait comme un air

de déjà vu. L’an passé, à la Sapienza, Paolo Guarini me disait : «  La gauche, la droite, ce n’est plus une affaire d’idéologie. Il suffit de regarder ce que les gens achètent pour savoir s’ils sont de gauche ou de droite  » . A l’époque, je m’insurgeais contre cette vision que je jugeais pour le moins rigide et définitivement déterministe. Mais quand Bourdieu tenait exactement les mêmes propos, la question méritait davantage de réflexions qu’un simple rejet instinctif. Et si c’était vrai ? Et si Bourdieu et Guarini visaient juste   ? Comment classer la gauche caviar, les bourgeois bohèmes ou, tout simplement, des gens de gauche à fort capital culturel et économique ? Sont-ils de droite même s’ils tiennent des propos de gauche et agissent en faveur des opprimés ? Pas si simple ! Dans l’absolu, cette question appelle directement une définition claire de la gauche et, même avant ça, de la politique. Heureusement, sur ce dernier point, le doute ne se pose pas. La politique exige une vision

sociétale claire basée sur des valeurs, des actions et des idées. Dès lors, comment une position (être de gauche ou de droite) qui s’applique à la société peutelle dépendre exclusivement d’un comportement individuel (habitus de droite ou de gauche) ? Psychologie et politique ne formeraient qu’un   ? Etrange. Quant à la définition de la gauche, le moins qu’on puisse dire est qu’elle soit floue et donc d’autant plus difficile à manipuler conceptuellement. Le magnifique numéro «  anniversaire » des dix ans de notre revue belge Politique consacrait justement son thème principal à la question   : « La gauche peut-elle encore changer la société ? ». Via cette question, les 51 contributions nous avaient rappelés à quel point cette question était difficile mais surtout à quel point la sémantique détermine toutes les réponses possibles. Dans ce numéro spécial, la définition la plus argumentée et réfléchie était celle d’un certain Christian Arnsperger qu’il exposait dans son article   : « Etre de gauche, c’est être anticapitaliste ». Raffermie dans ces conditions et sous


ce prisme, l’affirmation de Bourdieu acquiert davantage de pertinence. Désormais, elle pourrait être reformulée comme suit : « un gagnant du système capitaliste peut-il renoncer à sa position sociale dominante pour des idées égalitaristes   ?   ».

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ien que la dyade gauche-droite soit de plus en plus souvent contestée, en ces temps de confusion généralisée, les termes « droite  » et «  gauche   » continuent à avoir cours dans le langage politique. Les systèmes démocratiques pluralistes sont encore représentés comme des demi-cercles allant de la droite vers la gauche, ou viceversa. Des expressions comme «droite parlementaire», «gauche parlementaire», «gouvernement de droite», «gouvernement de gauche» n’ont rien perdu de leur force d’évocation. C’est un fait.

Ou pour reprendre l’expression d’une amie : « Sont-ils capables de scier la branche sur laquelle ils sont assis ? ». Ici, fondamentalement, la réponse est nettement moins facile à trancher de prime

Au sein des mêmes partis, les différents courants qui luttent pour s’emparer de la direction en fonction des moments et des opportunités historiques continuent d’être appelés «   courant de droite » et « courant de gauche ». Quand nous parlons d’hommes politiques, nous n’avons aucune hésitation à classer, par exemple, Olivier Besancenot à gauche et Nicolas Sarkozy à droite. Une bonne partie du discours politique de ces dernières années tourne autour de la question suivante   : « où va la gauche ? ». Les débats sur les thèmes comme « l’avenir de la gauche » ou « la naissance d’une nouvelle droite décomplexée » se sont multipliés au point de devenir lassants et ennuyeux. D’un côté, on ne cesse de régler les comptes à l’ancienne gauche communiste et collectiviste pour tenter de fonder une « gauche nouvelle » qui pourrait combattre la droite dans un monde

abord. Et je serais même tenté de prétendre que ces personnes sont rarissimes. Finalement, la gauche aurait peut-être cessé d’être de gauche… Bourdieu aurait-il eu raison ? n

Par Mounir Laarissi désormais « mondialisé   ». Ces recherches ont abouti en Angleterre à la « troisième voie   » de Tony Blair et aux positions de Gerhard Schröder en Allemagne. D’un autre côté, parallèlement à la persistance de la vielle droite républicaine ou conservatrice, une « nouvelle droite » animée d’un désir de revanche et d’expansion a fait, quant à elle, son apparition. Son appellation la plus courante est la droite « néolibérale ». Elle veut privatiser tous les secteurs de l’économie et à comme principe clef la libre concurrence. Il n’est pas surprenant que dans un univers comme celui de la politique, constitué de rapports d’antagonisme entre groupes (partis, lobbies, factions et, dans les relations internationales, peuples, ethnies, nations), le mode de représentation le plus naturel, le plus simple et le plus commun soit la dyade ou la dichotomie. En fonction du point de vue, on est « ami » ou « ennemi ».


Notons que c’est par pur accident que, dans la vision duale de la politique, les deux parties de la dyade ont pris le nom de « droite » et de « gauche ». L’usage de ces deux mots remonte à la Révolution française. Il s’agit d’une banale métaphore spatiale dont l’origine est tout à fait fortuite et dont la fonction consiste seulement à donner un nom, depuis plus de deux siècles, à la persistance de certaines valeurs et actions politiques. Le nom pourrait changer mais la structure essentiellement et originellement dichotomique de l’univers politique demeure. Outre la métaphore spatiale, l’allégorie temporelle occupe une grande place dans le langage politique. Elle permet de distinguer les progressistes et les conservateurs, ceux qui re-

gardent vers le soleil de l’avenir et ceux qui avancent guidés par l’inextinguible lumière du passé. Enfin, bien qu’il soit essentiel de prendre soin d’employer les mots avec toutes les précautions nécessaires, les enquêtes confirment la présence toujours opérante de la dyade. Pourtant même s’il est acquis que ces deux termes soit encore employés et font appels à des référents connus, de plus en plus de citoyens avertis ne voient de plus de réelles différences entre les politiques de l’une et de l’autre. La gauche ne remet plus en cause l’économie de marché en tant que moteur de création de richesse (comme mode de production et de diffusion). La défense de valeurs est perçue par

l’opinion publique comme désuète. Elle refléterait une politique pauvre parce qu’elle n’aurait plus rien à proposer de concret. Ce constat, loin d’être totalement infondé, ne veut pas dire que la gauche a définitivement perdu face à la droite. Il lui reste à se recentrer dans un premier temps sur ses points forts et organiques trop longtemps oubliés comme l’amélioration de la qualité de la vie, le renforcement du bien-être des travailleurs et la défense des plus démunis (sanspapiers, chômeurs, handicapés, exclus…). Ce progrès, dont elle doit être la locomotive pour la société, aboutira alors dans un second temps à réanimer un débat sur son avenir à long terme et ses combats contre les inégalités. n

S oirée I nformelle & C onviviale des etudiants socialistes de l’ ulb sur

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Nous avons eu l’opportunité lors de notre dernière Soirée Informelle & Conviviale de discuter des diverses évolutions du corpus idéologique du Parti socialiste belge francophone. Alexandre Bauwin, auteur d’un mémoire sur cette thématique et ancien président du cercle, a parcouru avec nous l’ensemble des changements doctrinaux que connut le Parti ouvrier belge (POB), devenu le Parti socialiste après la seconde guerre mondiale. Il nous a semblé opportun de vous en livrer une synthèse, qu’Aleandre a bien voulu nous écrire. Par Alexandre Bauwin sont très nombreuses et reflètent appropriation des moyens de sa position géographique au cen- production par les ouvriers pour tre de l’Europe. En effet, le POB se libérer de leur domination   ; sera influencé par les socialistes l’égalitarisme dans les faits ; le utopiques, le républicanisme, le collectivisme organisé   ; l’autoprogressisme libéral et bien sûr gestion des ouvriers et la défenle marxisme qui est à l’époque se de tous les opprimés du sysla référence conceptuelle princi- tème (les femmes, les minorités pale. L’unification de toutes ces religieuses, les peuples colonitendances montre dès le départ sés, etc.). Cependant, très vite, un fort esprit de synthèse et un le POB concentrera son action art évident du compromis. Cette au sein de l’arène parlementaire e POB naît en 1885 capacité à se concentrer sur des et essaiera le plus possible de à la Grand-Place de revendications concrètes comme contrôler les soulèvements réBruxelles afin de réu- l’obtention du suffrage universel guliers de la masse ouvrière. nir en un seul parti toutes aura comme corolaire négatif un les organisations ouvrières très faible intérêt pour les ques- Déjà avant la première guerre du pays. Dès l’origine, il est tions idéologiques. mondiale, il aura l’intention identifié en Europe comme d’accéder au gouvernement en «  réformiste » dans la mesure Ce n’est que 9 années après sa coalition mais les conditions où jamais le POB n’eut l’inten- création que le POB se dote politiques ne rendront son désir tion de mener une révolution d’une déclaration de principe possible qu’après la première violente. Le choix de l’appel- appelée communément la Charte guerre mondiale. Pendant l’enlation en parti « ouvrier » et de Quaregnon. Elle représente à tre-deux guerre, le POB acnon « socialiste » révéla cette merveille l’éclectisme du POB à cèdera au gouvernement dans tendance. cette époque. Cette déclaration un contexte marqué par l’unité de principe stipule l’existence nationale. Son président Henri Ce réformisme impliqua direc- de deux classes sociales anta- de Man, avant de collaborer tement et implicitement un lé- gonistes – les prolétaires et les avec les nazis et de dissoudre galisme et un gradualisme. Les bourgeois ; la lutte des classes le parti, élaborera son « plan du origines du socialisme belge qui en découle ; la nécessaire travail   ». Idéologiquement, ce

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texte rompt avec les idées promues jusqu’alors et proclame l’avènement d’une économie mixte où le secteur privé a un rôle moteur dans l’économie nationale. Un grand congrès idéologique a lieu juste après la seconde guerre mondiale : « le congrès de la victoire ». Il entérine le changement de nom du POB en Parti socialiste belge et réaffirme son attachement à la Charte de Quaregnon. Un programme d’essence socialiste est adopté. Toutefois, ce congrès met en lumière son attachement au droit et au droit international en particulier. Il célèbre également l’affection du PSB pour la démocratie parlementaire. La question royale (de 1945 à 1950) et la guerre scolaire (de 1950 à 1958) vont marquer l’agenda politique à tel point que le PSB ne va réfléchir à son positionnement idéologique qu’en 1959 à l’issue de quatre année de gouvernement violet décevant à tout point de vue. Ce congrès appelé « des réformes de structures » énonce sa fidélité aux messages de Quaregnon mais modifie néanmoins énormément le corpus idéologique du PSB. Le PSB abandonne le collectivisme au profit d’une économie planifiée - sorte de contrôle diffus des objectifs économiques de l’Etat. Il adopte une vision

heureuse de la croissance économique dont les fruits devraient être redistribués. Il renonce au principe d’autogestion pour une simple protection accrue des travailleurs dans les usines. En réalité, le PSB devient un parti qui est favorable au capitalisme régulé et recentre son attention sur la classe moyenne naissante et sur ses valeurs autoproclamées plutôt que sur son identité de classe. Il marque son accord tacite avec le keynésianisme et devient un parti d’Etat qui propose un régime d’économie mixte.

1974 souscrira une seconde fois au programme des « réformes de structures ». L’issue de ce congrès ressemble au précédent. De nouveaux thèmes apparaissent comme l’émergence de la pensée écologique, une nouvelle morale sexuelle et l’égalité des chances. Le PSB réaffirme son soutien à une gestion sociale du capitalisme.

De nouveau, il attendra de longues années avant d’organiser une réactualisation de ses thèses et subira deux défaites électorales et les grèves de l’hiver 1959-1960 entre-temps. Le climat interne du congrès est favorable à un repositionnement à gauche par rapport aux actions du parti. Le congrès du « socialisme d’aujourd’hui » en

keynésiennes ne réussissent pas à l’endiguer. Face à cette incompréhension, il organise un grand congrès idéologique sensé « faire face à la crise ». Ce nouveau congrès idéologique, « Rénover et Agir », verra le jour en 1982 dans un contexte économique désastreux. Le PS modifiera profondément ses socles de pensée promulgués jusqu’alors.

La fin des années 70 voit la propagation d’une grave crise économique aux conséquences sociales terribles. Le PSB (devenu PS en 1978) ne sait ni comment réagir ni pourquoi les politiques


Pour la première fois, le PS dit qu’il faut impérativement s’adapter aux exigences du marché. Parallèment, son conceptclef lors de ce congrès, « la Relance Sélective », pioche dans la boîte à outils néolibérales. Le PS se prononce enclin à la rigueur budgétaire, à la modération salariale, à la flexibilité du travail, aux bienfaits supposés de la concurrence et aux méthodes de gestion du secteur privé. Son programme se repositionne vers la défense de la sécurité sociale et des acquis sociaux comme l’indexation automatique des salaires. Dans un même temps, le PS continue son ouverture aux nouveaux mouvements sociaux et aux questions éthiques comme l’atteste son soutien à l’avortement. Le « Socialisme du Possible » prend son essor. Les années 80 sont traumatisées par les gouvernements Martens-Gol qui symbolisent en Belgique l’avènement du tournant néolibéral. La Chute du Mur réveille le PS à l’aune de la décennie 90 avec un défi immense sur les

épaules : retrouver un sens à son existence et suffisamment de crédit pour continuer son action. De ce défi, émerge la Convention-Forum, 5ème congrès idéologique depuis la seconde guerre mondiale. Ce congrès adopte des positions très tranchées par rapport aux thèses de la fin des idéologies. Le PS doit devenir le créateur d’un environnement favorable pour l’activité économique, soutenir les libéralisations et se tourner vers la réduction des inégalités et la prévention des dérives du capitalisme. Le PS se proclame le garde-fou de l’économie de marché. La fin des années 90 et de l’ère Busquin au PS influencent le congrès idéologique de 1998   : « le congrès d’actualisation ». Les positions adoptées par le précédent congrès ne changent pas mais s’adoucissent. L’économie sociale est le nouveau concept-phare sensé guider les actions du PS. En fait, ce n’est rien d’autre que la volonté affichée de répartir plus justement les fruits de la croissance et la

pression fiscale entre les revenus du travail et du capital. L’importance des valeurs dans les discours et les résolutions qui n’avaient, d’ailleurs, jamais cessé de croître depuis « Rénover et Agir » prend une autre tournure. Elles constituent désormais l’essentiel de l’identité idéologique du PS. Depuis lors, c’est le silence radio au PS. Il a échangé les remises à plat conceptuelles par de vastes forums qui n’accouchent d’aucune prise de position idéologique tels que les ateliers du progrès, chantiers de demain et dernièrement les artisans du progrès. A titre d’exemple, son programme concernant les heures de travail connaissait les 32h/semaine en 1999, les 35h en 2003 et un statuquo législatif peu courageux en 2007. Le PS a connu une lente déchéance idéologique ininterrompue depuis la fin de la seconde guerre mondiale et aucun signe actuel ne permet d’en proclamer la fin. n

Plus d’inFo sur le cercle des Etudiants Socialistes de l’ULB

www.ulb.ac.be/students/e s

Les Es tiennent une permanence à leur local tous les mercredi de 12h à 14h. N’hésitez pas à passer pour poser vos questions ou venir discuter avec nous autour d’un café !


COMITé du cercle des étudiants Socialistes Président Loris Junod Vice-présidente Anastasia Demagos Secrétaire politique Ludivine Biarent Secrétaire à la promotion Mounir Laarissi Trésorier Antoine Masquelin Coordinatrice Lyn Schmitz Webmaster Pierre Van Damme Infographiste Benjamin Janssens

Comment nous Joindre ? Site web ? www.ulb.ac.be/students/es Mail ? es@ulb.ac.be Téléphone ? 25 28 (en interne uniquement) 0478/ 711 079 (président) Adresse ? « Maison de l’Assoc’», Avenue Buyl n°131 Campus du Solbosch - 1050 Bruxelles


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