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RUBIK’S CUBE
Sur le haut du site du complexe scolaire de Courtepin (FR), un nouveau pavillon vient compléter les di érents volumes qui s’égrènent sur la pente, réalisés au fil du temps depuis 1969.
Réalisé par l’Atelier Pulver Architectes, le tout récent pavillon F s’élève sur un site entièrement piéton regroupant déjà plusieurs bâtiments scolaires hétérogènes bâtis à différentes époques entre 1969 et 2012.
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Depuis l’automne dernier, ce dernier-né accueille dix salles de classes primaires et une salle d’appui. Il s’insère dans un système au caractère urbain qui fonctionne comme un quartier, avec ses places, ses placettes, ses cheminements. Le nouveau bâtiment s’insère entre la salle de gym et le complexe pavillonnaire réalisés dans les années 1970.
Rotations
Par un ingénieux jeu de pivots du plan d’un niveau à l’autre, tel un Rubik’s cube, chaque plan d’étage semble tourner autour d’un même axe central et s’être arrêté à 90° à chaque fois, adoptant chacun une orientation spécifique. L’effet étoilé du plan génère des vues différentes et des décalages créant toutes sortes de situations spatiales. Ce principe simple permet – sur un site particulièrement hétéroclite – de s’insérer en parfaite adéquation, en composant avec les diverses facettes du lieu, voire en les réunissant. Ainsi, les lignes directrices du bâti environnant sont reprises en façades selon leurs différentes orientations et un lien se met en place entre l’existant et le nouveau.
Le volume permet tout à la fois de requalifier l’arrivée par le haut du site, de ponctuer d’un point de repère fort les cheminements, de valoriser une place centrale en lien avec la salle de gym existante, ainsi qu’une place de jeux adjacente et une mini placette jusque-là presque laissée à l’abandon au pied du complexe pavillonnaire et même de proposer une nouvelle place de jeux liée à la pente sur l’un des côtés. Le langage architectural entre en résonance de manière indirecte avec celui de la salle de sport existante ou en tout cas en tire une forme d’inspiration.
Mouvements
À l’intérieur, un escalier monumental éclairé de manière zénithale occupe le centre et toutes les classes sont situées sur le pourtour avec systématiquement une double orientation. Les généreuses surfaces de distribution débouchent toujours sur une large vue cadrée sur le paysage, du sol au plafond. Les classes également bénéficient d’amples ouvertures sur le territoire environnant. Un dialogue fort entre l’intérieur et l’extérieur est ainsi créé, à l’image symbolique des valeurs que devraient porter une école. Les mouvements engendrés par le principe du plan tournant autour du grand pivot central de la circulation verticale alimentent une école vivante, les différents jeux visuels, les rencontres et la communication. Dans le cadre d’activités spécifiques par petits groupes, l’enseignement se fait parfois hors de la classe, sur les larges surfaces communes de distribution des étages, qui sont plus des espaces de vie que des couloirs. Du mobilier sur mesure en bois (tables fixes en porte-à-faux et tabourets) a été dessiné par les architectes et installé spécifiquement à cet effet. Les parties techniques sont, quant à elles, ingénieusement placées contre terre, dans la partie semi-enterrée du rez-de-chaussée.
BELLE -TERRE OU L’ART DU « FAIRE ENSEMBLE »
Entre ville et campagne genevoise à Thônex, la première étape du quartier Belle-Terre aux Communaux d’Ambilly, réalisée par quatre bureaux d’architectes, a été esquissée et construite de manière unie et concertée, d’un seul geste.
À gauche: Bâtiment Voirons, Jaccaud + Associés. À droite: Bâtiment Mont-Blanc Salève, Atelier Bonnet architectes.
Angleterre que Pierre Bonnet (de l’Atelier Bonnet Architectes, qui avait le rôle de chef d’orchestre du concept urbain) a visitée, ainsi que la Rade genevoise. Dans les deux cas, l’homogénéité, la minéralité et les teintes claires dominantes qui définissent un ensemble bâti fort, mais dont la perception varie en permanence, ont servi de toile de fond pour l’atmosphère unitaire recherchée aux Communaux d’Ambilly. C’est ainsi tout un imaginaire commun qui a été façonné autour de la minéralité du béton, de la richesse de variations des agrégats et des teintes recherchées. La préfabrication s’est alors profilée comme une manière de lier l’ensemble des concepteurs et le constructeur autour d’une même manière de faire, de construire, de façonner une matière. Tous les immeubles sont construits sur le même mode constructif, composé de panneaux sandwichs en béton préfabriqués en façades, réalisés exclusivement par l’entreprise de construction Prelco. La commande passée une année à l’avance a permis d’offrir de bonnes conditions à la production des éléments et de garantir la qualité sur l’entier de cette première étape. Cette démarche inédite a permis non seulement d’activer une source locale – genevoise – unique, mais également d’harmoniser l’identité de tout le quartier. L’image du quartier est ainsi liée à sa matière et à l’expertise des acteurs locaux.
Variations
Main dans la main, avec l’adage « un pour tous, tous pour un » comme credo, c’est toute une recherche très fine réunissant les différents savoir-faire qui s’est mise en place pour définir ensuite le caractère de chacun des bâtiments au sein d’un langage commun. Le long de l’artère principale sur laquelle s’étirent trois bâtiments conçus par trois des quatre bureaux d’architectes, un même composant de base a été utilisé partout : un granulat concassé de couleur ocre. Cependant, une formule spécifique