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UN RÊVE CALIFORNIEN SUR LA CÔTE D’AZUR

Cette villa des années 60 s’inspire des villas modernistes de Richard Neutra.

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La piscine s’intègre au cœur de l’architecture.

Coin de fraîcheur sous la toile, à l’ombre des pins.

Chaise originale de Verner Panton, bureau Booomerang.

Vue sur l’eau de la piscine par le hublot du studio.

C’est à Palm Springs sur la côte ouest des États-Unis que le premier propriétaire de la villa Aloha découvre les villas modernistes de Richard Neutra. Tombé amoureux de cette architecture d’après-guerre, il revient en France avec l’idée de se faire construire un havre de paix sur la Côte d’Azur. Il mandate alors Jean Reitz, jeune architecte fraîchement diplômé, pour dessiner une villa dans les codes de l’architecte américain. Le projet de Jean Reitz repose sur l’intégration de la piscine en forme de diamant au cœur de l’architecture du bâtiment. Construite en 1965 près de la réserve naturelle de l’Estérel, la villa Aloha n’a subi aucune transformation dénaturant le lieu. Lorsque les architectes du studio genevois B29 la découvrent en 2020, elle est entièrement d’origine.

« Le défi de la restauration consistait à trouver une continuité, à sélectionner les bons matériaux jusqu’au mobilier, sans tomber dans le kitsch et la caricature d’une époque », annonce Thomas Bregman, fondateur de B29 en charge du projet.

La toiture plate fédère l’ensemble bâti et connecte le garage et les différents patios. Les croquis originaux dessinés à la main indiquent qu’à l’origine le bâtiment était conçu sur la base d’un plan en forme de U, devenu ensuite un L. Les façades en crépi brossé sont traitées sobrement ; les matérialités intérieures et extérieures se fondent. Un jeu voulu par Reitz pour effacer la limite entre le dedans et le dehors et rendre ainsi la maison plus grande. Les sols en granito, une variante du terrazzo de l’époque, recouvrent autant les grandes terrasses que les espaces intérieurs, tout comme les plafonds revêtus de bois lambrissé et les mosaïques d’origine de la piscine qui, restaurées, se retrouvent aussi dans les salles de bain.

Déployée sur près de 170 m2 avec un niveau principal, la typologie du bâtiment fonctionne en une zone jour, ouverte, et une aile nuit constituée de chambres-cabines. Une grande cheminée de pierre marque l’axe central de la maison et se prolonge à l’extérieur jusque dans la piscine.

Témoignant de la passion mécanique du premier propriétaire, la villa fut équipée avec les technologies dernier cri, les premiers panneaux solaires dans les années 1980, les échangeurs de chaleur pour chauffer la piscine, et, surtout, une grande baie vitrée montée sur un rail motorisé. Totalement innovant pour l’époque, ce système de 1962 encore fonctionnel permet à la vitre de 6 m de s’ouvrir entièrement avec une commande et de coulisser pour disparaître dans un galandage extérieur.

Le Jardin

Dans leur parc de 2000 m2, les propriétaires ont créé un jardin bas, côté mer, avec 50 pieds de lavande, et un jardin haut à l’entrée avec 25 espèces de cactus différentes ainsi qu’un ensemble de pins qui parfois s’inscrivent dans les patios existants. Année après année, ce décor naturel a enveloppé de plus en plus la maison jusqu’à devenir une vraie jungle nécessitant un travail de réorganisation.

R Novation Compl Te

Le mandat confié à B29 a été de réparer, maintenir et développer le projet en cohérence avec la construction d’origine dont les plans de 1962 et les croquis de l’architecte ont été retrouvés. Le défi a consisté à raviver la belle endormie sans la dénaturer, garder l’esprit des années 60, tout en posant çà et là des touches contemporaines.

Dans la partie basse de la villa, là où se trouvait l’ancienne salle de jeux, un studio complet avec séjour, salle de bain et kitchenette a été créé. Depuis cette suite on voit à travers le hublot la piscine et les gens qui y nagent, un détail qui fait, selon l’architecte Thomas Bregman, « très sixties et Playboy style ! »

Également confiés à B29, l’ameublement et la décoration ont été choisis avec soin. Y figurent les premières séries de chaises Eames, le canapé Togo de Michel Ducaroy pour Ligne Roset, les fauteuils scandinaves de 1960 et la table basse du salon signée Roger Capron. Des clins d’œil contemporains ponctuent le mobilier vintage, comme les objets en céramique et le tableau de Ronan Bouroullec qui exalte la salle à manger.

Aujourd’hui la villa constitue un véritable décor cinématographique utilisé pour des tournages et des clips et se loue à des connaisseurs et amateurs d’architecture. b29.ch

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