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L’histoire de la salle de bain suisse, d’hier à aujourd’hui
La salle de bain version « Swiss made »
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↑ Chasse d’eau sur un réservoir en bois
Phoenix, Geberit,1905. ← Toilettes Nautilus de Laufen, 1865.
Réputée pour son industrie horlogère, ses banques, son chocolat, la Suisse est aussi un berceau du savoir-faire sanitaire. Si, dans ce domaine, la réputation de l’Allemagne et de l’Italie n’est plus à faire, notre pays n’est pas en reste avec bon nombre d’entreprises dont l’expertise remonte à plusieurs dizaines, voire à une centaine d’années. D’hier à aujourd’hui, tour d’horizon des plus belles marques de salles de bain helvétiques. Magali Prugnard
Pour appréhender cette longue histoire helvétique, il faut revenir à la seconde moitié du 19e siècle. La chasse d’eau a déjà été inventée et les familles les plus aisées d’outre-Manche commencent à décorer leur salle de bain dans le style victorien. Cependant, peu de foyers en Suisse (comme ailleurs) disposent de l’eau courante et encore moins d’une salle de bain. C’est pourtant à cette époque qu’une des plus grandes sociétés d’équipement sanitaire de notre pays voit le jour. En 1863 à Genève, la Fonderie Kugler (connue aujourd’hui sous le nom de Similor Kugler) devient effectivement la première entreprise suisse de fabrication de robinetterie à eau et à gaz.
Avec la généralisation des premiers systèmes modernes d’approvisionnement et d’évacuation des eaux usées (autour de 1890), d’autres entreprises suisses aujourd’hui mondialement connues se lancent sur le marché de la salle de bain. Le producteur de céramique Laufen propose ses toilettes Nautilus en 1895. Le fabricant de boîtes à musique KWC entame sa production de robinets en 1897 lorsque la demande pour ce type d’équipement augmente chez les particuliers.
En 1905, la plomberie de Geberit présente une innovation qui deviendra la pierre angulaire de la croissance de l’entreprise, aujourd’hui mondialement connue pour ses WC. Elle parvient à fabriquer la première chasse d’eau sur un réservoir en bois, avec revêtement intérieur en plomb.
En 1917, c’est au tour de la société Similor – qui fusionnera par la suite avec Kugler pour devenir le groupe Similor Kugler – de se lancer dans la production de robinets.
↑ Assortiment KWC en 1914.
← Mitigeur à levier, Neodomo, KWC, 1982.
40’s– 50’s
Dans les années quarante, de nombreux logements ne disposent pas encore de salle de bain. «Les premières installations sanitaires sont apparues dans les maisons privées au début du 20e siècle. Mais il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour qu’on les trouve également dans les campagnes», dixit Olivier Pauchard (L’eau au cœur de la ville, swissinfo.ch). À cette époque, la salle de bain est essentiellement conçue pour satisfaire aux nécessaires ablutions. Se développe alors une vision moderniste de l’aménagement de la pièce d’eau qu’illustre à merveille le lavabo Carina 5100, dessiné par le designer Hans Bellmann en 1953 pour Kera AG Laufenburg. Ainsi, pour répondre aux besoins fonctionnels des pièces d’hygiène, plusieurs entreprises suisses encore majeures actuellement sont créées dans le milieu du vingtième siècle.
En 1940, à Allschwil, Rudolf Bodenschatz crée la société Bodenschatz qui possède sa propre unité de galvanoplastie. L’entreprise initie, parmi d’autres articles, la production d’accessoires de salle de bain. Se spécialisant progressivement dans l’équipement des pièces dévolues à l’hygiène, Bodenschatz lance la série d’accessoires révolutionnaires Chic insérés simplement sur un support en plastique vissé au mur.
En 1947, Wilhelm Schmidlin fonde la première usine de baignoires en acier de Suisse, restant la seule de ce type à ce jour (Schmidlin). En 1953, W. Schneider devient le pionnier des armoires de toilette lumineuses à miroir, et ouvre la voie à d’autres fabricants de ce type de produits dans les années cinquante (Keller Spiegelschränke, Egrostar).
C’est aussi dans ces années-là que sont créées deux autres sociétés importantes. Tout d’abord Romay, qui fabriquait à l’origine des pièces détachées pour le secteur sanitaire. Ensuite, l’usine de robinetterie Wallisellen AG (Arwa AG), à qui l’on doit le robinet de toilette «arwatherm», un mitigeur innovant par la constance de la température de l’eau et par son insensibilité aux variations de pression.
60’s– 70’s
Partout en Europe, les années soixante-septante marquent un tournant. La salle de bain se généralise avec l’accès de la classe ouvrière à cette pièce de confort désormais jugée indispensable. Le décor s’enrichit. Des carrelages émaillés très décoratifs fleurissent dans la pièce d’eau. Les designers inventent des baignoires rondes.
Les WC vont également connaître quelques révolutions mondiales, grâce aux entreprises suisses. En 1964, Xaver Jermann, un employé de Laufen, invente les premières toilettes murales. La même année, Geberit lance le premier réservoir d’eau pour WC à encastrer. Ces nouveaux WC suspendus changent radicalement l’apparence de la salle de bain. Autre innovation d’origine suisse: les toilettes dites « à la japonaise»! En 1978 (soit deux ans avant les Japonais), Geberit commercialise avec succès son premier WC-douche sous le nom de Geberella; en reprenant l’idée du WC lavant Closomat, mis au point en 1957 par le Suisse Hans Maurer.
Parmi les entreprises nées pendant cette flamboyante vingtaine, citons encore la société helvético-allemande Duscholux fondée en 1967. Elle doit sa notoriété à l’invention de la paroi de douche pliante en verre acrylique.
Plus tard, en 1975, apparaît la société Bekon Koralle, spécialisée dans les ferrures puis dans les parois de douche. En 1976, à Romont, naît la société Framo qui produit des meubles de salle de bain et crée des systèmes d’armoires distribués dans toute la Suisse. Enfin en 1978, l’entreprise industrielle Fraefel se lance sur le marché des meubles dévolus à l’hygiène, en partenariat avec le grossiste Sanitas Troesch.
↑ Fondée en 1967, Duscholux doit sa notoriété à l’invention de la paroi de douche pliante en verre acrylique.
Paroi de douche Walk-in Air 3 de Duscholux, fixée sans perçage. duscholux.com
↑ Le robinet KWC Ava 2.0 à jet orientable. kwc.ch. ↑↑ Ligne d’accessoires en acier, disponible en finition brossée ou satinée. bodenschatz.ch
Aujourd’hui
De simple lieu voué à l’hygiène, à la toilette, est devenue un espace hyper hygiénique. Les murs s’habillent de carrelage antibactérien. Afin de faciliter l’entretien apparaissent des plans de toilettes avec un minimum de jointures et des cuvettes de WC sans rebord de chasse. Chez les fabricants historiques comme chez le nouveau venu LaPreva (fondé en 2011), les WC-douches se perfectionnent offrant des systèmes de détartrage automatique et des absorbeurs d’odeur. Geberit vient, par ailleurs, de sortir une nouvelle innovation permettant de rincer régulièrement les conduites d’eau potable reliées aux WC. Ce dispositif intégré à la chasse d’eau lutte contre la prolifération des germes et micro-organismes les conduites.
En parallèle, la salle de bain s’est transformée en espace de soin et de relaxation. Les fabricants suisses répondent en cultivant des solutions tournées vers le bien-être et la décoration. Le développement de ciels de pluie aux multiples couleurs en est une illustration.
L’écologie est également devenue le fer de lance de nombreuses sociétés suisses spécialisées dans la salle de bain. Sur les robinets, des aérateurs perfectionnés réduisent la quantité d’eau passant par le goulot; des réglages de levier permettent d’éviter l’écoulement inutile d’eau chaude. Côté douche, d’ingénieuses rigoles d’évacuation récupèrent l’énergie thermique de l’eau chaude utilisée (voir les produits de la marque Joulia créés il y a une dizaine d’années). Et on a même récemment inventé des toilettes capables de canaliser l’urine pour la transformer en engrais : les fameux WC «Save!» de Laufen.
En matière de planification et d’installation, là aussi de nouveaux développements ont lieu et permettent davantage de praticité. Le robinet KWC Ava 2.0, par exemple, s’adapte, aux différentes exécutions de lavabos. Doté d’un aérateur spécifique, son jet d’eau peut être orienté à l’envi, évitant ainsi les éclaboussures.
Bekon Koralle propose, quant à lui, un nouveau système de montage des parois de douche uniquement par collage au mur et au sol nommé Glue Tec (GT) : sans profilé apparent, sans profilé encastré et sans barre de stabilisation! Parallèlement, la société Duscholux s’intéresse aussi au montage des parois de douche sans perçage ni vis. Les parois de Walk-in Air 3 sont scellées dans le mur et le sol par des ancrages invisibles et une technique de montage par collage des profilés.
Enfin, la personnalisation des produits et la qualité des services à la clientèle font partie des axes de développement actuels des entreprises suisses. Pour mieux accompagner chaque projet, le fabricant de meubles de salles de bain romand Framo propose ainsi de nombreuses prestations: la direction des travaux par un chef de projet ; la conception des plans techniques pour différents logiciels CAO ; la visualisation du projet en réalité virtuelle ; la modélisation du projet grâce à des imprimantes 3D et l’intervention de spécialistes pour le montage ou la formation au montage.
Dernier exemple, celui de la société Schmidlin, qui conçoit des gammes de lavabos, des receveurs de douche et des baignoires en acier-titane émaillé de première qualité. L’entreprise propose de nombreuses options se traduisant par d’innombrables possibilités de configuration au sein de la gamme standard. Une offre rendue possible grâce à son approche de la production en One-Piece-Flow (pièce par pièce). Elle permet à l’entreprise de fabriquer facilement à l’unité et dans des délais très courts. Une raison de plus d’opter pour la fabrication locale!
← Save! de Laufen, des toilettes permettant de recycler l’urine. laufen.ch ↙ Svelto, un programme de meubles de salle de bain signé Framo. framo.ch ↙↙ La vasque Iris de Schmidlin avec cachebonde interchangeable, récompensée d’un iF Award 2021. schmidlin.ch ↓ Le Geberit AquaClean Mera est le WC lavant le plus vendu en Europe. geberit.ch