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Avant-propos

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Conclusion

Conclusion

Avant d’arriver à l’ENSACF et étudier l’architecture, j’ai longtemps hésité à poursuivre un cursus d’ingénierie étant à la base quelqu’un d’assez pragmatique et aimant la dimension « concrète » apportée par les sciences. L’architecture était pour moi un alliage parfait entre les sciences et l’art bien qu’au début je pensais l’architecture comme, avant tout, une démonstration technique de ce que l’on pouvait penser, concevoir et construire en poussant l’ingénierie dans ses retranchements à l’instar du Musée des Confluences à Lyon de Coop Himmelblau ou de la Fondation Louis Vuitton à Paris de Franck Gehry.

Musée des Confluences, Lyon

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Cultured Creatures, URL: http://www.culturedcreatures.co/wp-content/uploads/2016/03/01Cover_MuseumLyon01.jpg

Thermes de Vals, Vues extérieur et intérieur

Pinterest et Modular, URL: https://i.pinimg.com/564x/9b/21/ca/9b21caeca6001bff41715d9702f59045.jpg; https://cdn.modlar.com/photos/7421/img/s_1920_x/atz_thermevals_0003_5862572e281ec.jpg

Néanmoins, en première année d’étude de l’architecture, j’ai vite pu constater que l’approche « artistique » et sensible du projet était primordiale dans sa conception. Le travail de l’ambiance, de la lumière et de la perception des espaces influence, en effet, notre manière de vivre une expérience singulière au sein d’un bâti. J’ai ainsi pu apprendre à approcher l’objet architectural comme on pourrait approcher une sculpture que l’on habite et qui nous fait ressentir des émotions, des sensations, des sentiments… La découverte de l’œuvre de Peter Zumthor avec, notamment Les thermes de Vals construits entre 1993 et 1996, et le travail effectué dans les Grands Ateliers de GAIA ont par conséquent été particulièrement marquant pour moi et cruciaux dans mon changement de vision de l’architecture. Au cours de ce dernier, elle est, en effet, devenue le sujet d’un travail sur la lumière, la matérialité et l’ambiance générale qui s’y dégage afin de nous faire vivre une expérience unique en son sein, bien loin de mes anciens a prioris purement techniques.

J’ai aussi pu apprendre l’importance de la maquette dans la conception architecturale au-delà des plans et des coupes à l’heure où les logiciels informatiques deviennent omniprésents. En effet, la maquette permet de tester « réellement » notre projet, à savoir l’ambiance qu’il créé mais aussi les matériaux qu’il emploie, comment il peut être habiter et comment il s’intègre à son milieu. La maquette rend compte des formes, des espaces et des volumes en concrétisant des représentations en deux dimensions ou même des modélisations bien souvent insuffisantes pour visualiser le projet.

Au cours de mon cursus, j’ai de plus réalisé que le rôle de l’architecte est celui d’un touche-à-tout. Celui-ci va devoir prendre en compte une multitude de paramètres relatifs à des domaines d’études très divers allant de la philosophie à l’étude de la structure afin de concevoir le projet. Les études d’architectures sont donc plurielles et riches de cultures. Elles permettent de s’ouvrir sur une grande diversité d’approches et de points de vue. Cela m’a permis de m’enrichir grandement et de m’ouvrir sur de multiples disciplines dont j’ignorait parfois même le sens et l’importance telle que la théorie architecturale que j’affectionne tout particulièrement.

Ainsi, j’ai pu réaliser que l’architecte avait un rôle prépondérant dans notre future et notamment dans la manière d’appréhender la ville, le construit mais aussi de les faire évoluer afin qu’ils s’adaptent à un monde prenant de plus en plus conscience des enjeux environnementaux, économiques et sociaux. En effet, par sa richesse culturelle et son rôle de concepteur/théoricien, l’architecte doit adapter ses bâtis à ces derniers en innovant et en prenant appuis sur ses connaissances et relations avec les disciplines actrices de l’habitat, l’environnement, l’Homme… C’est donc à lui que va être confiée la charge de repenser l’habitat dans une période marquée par une crise économique et environnementale qui tend à s’aggraver.

De plus, la crise sanitaire remet en question un système consumériste omniprésent en nous forçant à vivre avec l’essentiel, le nécessaire tant matériel que relationnel. Le logement y est revu comme un refuge coupé du monde extérieur où l’on s’y sent en sécurité. Il devient aussi le lieu d’activités diverses qu’on ne peut plus ou qu’on évite désormais de faire en extérieur tandis qu’il ne sert bien souvent que de lieu de repos où l’ont y mange et dors avant de retourner travailler.

Vue de mon appartement, à la fois espace de travail et de vie

Je me suis donc demandé si l’architecture et plus particulièrement le logement devait donc évoluer vers la création de bâtis plus sobres, visant une manière d’habiter simple et privilégiant un rapport direct avec le site en le mettant en valeur plutôt qu’en « l’envahissant ». De plus, je pense crucial de diriger le plus possible la construction de nouveaux projets vers l’emploies de matériaux naturels et brut au lieu du béton, largement majoritaire malgré son impact important sur l’environnement.

Le refuge des Ecrins avec vue sur la Barre des Ecrins

Uniscovered mountains, URL: https://undiscoveredmountains.com/uploads/gallery/135/Refuge-des-Ecrins-in-the-Undiscovered-Alps1-full.jpg

Me questionnant de la sorte, je me suis intéressé à ce qui, pour moi, représentait parfaitement la matérialisation de cette vision : le refuge de Montagne. En effet, ce dernier illustre, selon moi, totalement le logement réduit au nécessaire comme lieu de repos temporaire et construit en s’intégrant parfaitement dans son environnement très contraignant. Le refuge emplois ainsi bien souvent des matériaux bruts et réponds aux besoins les plus sommaires mais nécessaires au quotidien tout en offrant un confort de plus en plus important pour ses visiteurs, le tout, dans un espace minimal. On s’y rend pour se vivre une expérience unique et apprécier le milieu atypique, sauvage et remarquable qui l’entoure, en plein cœur des sommets.

J’ai donc choisi de traiter des refuges présents dans le Parc national des Ecrins, un lieu que je connais très bien depuis ma plus tendre enfance et dans lequel j’ai l’habitude de m’y ressourcer personnellement en m’y rendant régulièrement. Je souhaite ainsi me questionner sur leurs devenir, leurs évolutions architecturales et sociétales tout en mettant en valeur leur histoire, leurs acteurs et les débats qui leurs sont liés aujourd’hui.

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