BCI - Rapport d'activités 2022 by Etat de VAUD

Rapport d’activités 2022 Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI)

Graphsime : mashka.ch

Table des matières

4 Message de la déléguée 6 Faits & chiffres 2022 8 Organisation 10 Moments forts en 2022 12 Consultations en vue du Programme d’intégration cantonal (PIC) III et d’une politique publique vaudoise 14 Témoignages 18 Perspectives 19 Liste des organismes soutenus en 2022

BCI

Message de la déléguée Chaque année est marquée par des mots-clefs, parfois un seul, tellement le thème a dominé et s’est inscrit dans nos mémoires, somme toute assez sélectives. Tellement sélectives qu’elles ont tendance à nous faire oublier tout le reste, lequel n’en est pas moins important, au contraire. Sans surprise, le sujet omniprésent de l’année 2022, sous des angles très différents, aura été la guerre en Ukraine : émotions, mobilisations, interrogations, crispations, débordements, tous les ingrédients d’une situation de crise qu’il a fallu gérer dans un contexte très singulier, régulièrement évoqué : celui de la récente sortie d’une autre crise, celle de la COVID-19. À l’instar de la crise précédente, les actrices et acteurs du terrain ont fait preuve d’une remarquable réactivité. Non seulement les prestations habituelles n’ont pas souffert des ondes de choc de la crise ukrainienne, mais des forces se sont mises à disposition des autorités étatiques pour participer à l’effort commun. Le défi pour les cantons a résidé dans la canalisation et la coordination de forces vives et la mise en adéquation entre les offres et les besoins, tout cela dans un contexte de course contre la montre. Le dispositif qui en a finalement résulté – et encore constamment ajusté – offre un cadre duquel on peut tirer des enseignements pour l’accueil et l’intégration des autres publics, notamment issus de l’asile : la nécessité d’une rapidité dans la prise en charge, des moyens suffisants pour l’acquisition d’un niveau de langue permettant une certaine autonomie, un allègement de quelques barrières, une meilleure coordination des services de l’État. À ce jour, le recul n’est pas suffisant pour formuler des conclusions définitives mais les crises ont cela de bon qu’elles nous amènent à bousculer les agendas et à faire preuve d’innovation. Le défi est de poursuivre sur cette lancée. Car l’innovation et la créativité, nous en avons toujours besoin pour continuer à faire évoluer les différentes thématiques, notamment celle de la prévention du racisme. Autre moment marquant de ces dernières années, le mouvement Black Lives Matter, qui a inscrit fermement la lutte contre le racisme dans l’agenda politique. Au moins en termes de débats. Dans le canton de Vaud, cela s’est traduit par une visibilité plus grande à différents niveaux : une augmentation constante des cas de consultation pour des situations de racisme et de discriminations, des collaborations renforcées avec les services de l’État, la création d’une plateforme réunissant autour de sujets importants les polices et les acteurs de la société civile, coprésidée par le BCI et la Police cantonale vaudoise, avec la perspective de travailler ensemble sur des pistes concrètes.

Rapport d’activités 2022

En tant que Déléguée à l’intégration et à la prévention du racisme, ma mémoire ne peut être sélective. Au contraire. Elle se doit de mémoriser tous les autres objectifs que le BCI s’est fixé pour mieux les poursuivre : la mise en œuvre d’un PIC III co-construit sur une large consultation et qui se veut être le fer de lance d’une véritable politique publique de l’intégration et de la prévention du racisme, une attention toujours plus soutenue aux besoins du public pour des mesures pertinentes, une complémentarité et une accessibilité accrues des prestations, une coordination et une implication de toutes les actrices et de tous les acteurs pour un impact plus fort. Un programme ambitieux pour le BCI et ses partenaires mais un engagement sans faille de toutes et tous.

Amina Benkais-Benbrahim Déléguée à l’intégration et cheffe du BCI

BCI

Faits & chiffres 2022 55

5% Primo-information & Conseil

projets financés

516’554.-

Total des montants versés en CHF

13 % Protection contre la discrimination 15 % Employabilité

porteuses et porteurs de projets

27 % Vivre-ensemble

Projets subventionnés par domaine d'intégration en 2022

15 % Petite enfance

25 % Langue & formation

conventions de subventionnement pour un montant de CHF 4’695’392.–. 5% Services de l’Administration cantonale vaudoise

Permanences Info-Conseil Migration du Centre social protestant (CSP-Vaud)

lieux de consultation sur le canton de Vaud (hors Lausanne)

1'208 consultations collectives organisées sur ces sites

7% Commissions communales Suisses-étrangers 14 % Divers

17 % Associations de migrants

Porteurs de projets en 2022

38 % Associations

19 % Administrations communales

539

suivis personnalisés

1'353

bénéficiaires

33 publications disponibles 35’447 publications distribuées, dont 30’840 brochures « Bienvenue dans le canton de Vaud »

Au 31 décembre 2022, la population du canton de Vaud compte 831’327 habitant·e·s (+7’446 personnes ; +0,9% par rapport à 2021).

Bon à savoir

Prestations

Source : StatVD

Environ 40’000 personnes touchées (suisses et immigrées) par 880 activités d’intégration et de prévention du racisme.

Langue & formation 371 cours de français 4’505 places 31’771 heures Coût : CHF 2’363’614.– (projets et conventions)

Dans le canton de Vaud, la proportion de personnes étrangères équivaut à 33,0% de la population totale, soit 276’514 personnes (31.12.2022). Source : StatVD

Nombre de nouveaux cas recensés lors des consultations en racisme par le BCI

collaboratrices et collaborateurs

44 Événements

34 Autres

équivalents plein temps (EPT)

187 Socialisation

244 Formations / Informations

Prestations par type d’activités (Mini-PIC inclus) en 2022

371 Cours de français

Au-delà de ses activités cantonales, le BCI copréside • la Conférence latine des délégués à l’intégration Et est membre : • du comité de la Conférence des délégués à l’intégration • du groupe national d’accompagnement PIC/AIS • de la commission consultative du Centre Suisse Islam et Société CSIS • de la table ronde pour la lutte contre les mutilations génitales féminines 7

Organisation

Le Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI) du canton de Vaud a été fondé en 2009. La Loi sur l’intégration des étrangers et sur la prévention du racisme (LIEPR) du 23 janvier 2007 constitue la base légale de son activité. Le BCI déploie son activité dans différents domaines de l’intégration et de la prévention du racisme, selon les priorités définies par le Conseil d’Etat vaudois, tout en coordonnant son action avec la politique d’intégration fédérale. Dirigé par la Déléguée à l’intégration, le BCI est le répondant cantonal pour toutes les questions liées à l’intégration des personnes étrangères dans le canton de Vaud. Sa mission consiste à piloter la politique d’intégration, ainsi qu’à mettre en œuvre des mesures concrètes visant à favoriser la coexistence des populations suisse et étrangère. Pour y répondre, le BCI offre trois types de prestations : conseils et sensibilisation, soutien aux projets, mise en réseau. Pour soutenir les associations et les communes, les antennes régionales représentent un maillon essentiel au fonctionnement du BCI. Cet ancrage local vise à faciliter le développement du réseau et à accompagner l’implantation de projets locaux.

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Une équipe engagée Rattaché au service de la population (SPOP) du canton de Vaud, le BCI travaille sous la responsabilité de la Déléguée cantonale à l’intégration. L’équipe se compose de chargé·e·s de projets thématiques, de responsables d’antennes régionales et d’un secrétariat.

2022 : changement de locaux Après plus de 10 ans à la rue du Valentin 10, le BCI a déménagé le 15 novembre 2022 dans de nouveaux locaux situés à l’Avenue de Sévelin 46, 1014 Lausanne, aux côtés de l’état civil.

Jusqu’au 31.03.2022

Dès le 12.08.2022

Dès le 01.08.2022

Dès le 21.02.2022

Jusqu’au 30.06.2022

Nom Prénom Fonction Taux de travail Abu El Hassan-Jorge Aurélie Chargée de projet Primo-Information et Conseil 70% Allenbach-Stevanato Tania Chargée de projet Formation 10% Amaudruz Tatiana Adjointe à la Déléguée à l’intégration 80% Benkais-Benbrahim Amina Déléguée à l’intégration, cheffe du BCI 100% Bourgnon Julien Chef de projet Agenda Intégration Suisse 100% Dessonnaz Prisca Secrétaire de direction 50% Egli Anselme Secrétaire 40% 80% Exquis Céline Chargée de projet Langue et formation et Petite enfance Iyigüven Yesim Chargée d’évaluation et de projets 80% Giacometti Katel Cheffe de projet Asile et Finances 100% Guermann Philippe Chef de projet Agenda Intégration Suisse 100% Kajtazi Migjen Responsable antennes Nyon, Morges, Ouest 100% lausannois et responsable des consultations pour les victimes de discriminations Laroche-Neji Sarah Responsable antennes Chablais, Riviera, 70% Pays d’En-Haut et répondante pour la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI) Rosset Leïla Chargée de projet Protection contre les 60% discriminations et Vivre-ensemble Responsable antennes Jura-Nord vaudois, Gros70% Sottas Marie de-Vaud, Broye-Vully, Lavaux-Oron, Est lausannois Tames Julia Vincent Marie-José

Chargée de projet Communication et Employabilité Secrétaire

80% 40%

Dans le cadre de leur cursus de formation, deux apprenti·e·s ont passé respectivement six mois au BCI sous la responsabilité du secrétariat. En outre, le BCI a encadré en 2022 deux stagiaires universitaires. Deux collaboratrices (Mary Aude et Ruchti Sanchez Daniela) ont également été engagées en remplacement d’un congé maternité.

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Moments forts en 2022 Cette rubrique offre un tour d’horizon de quelques activités représentatives de l’année écoulée qui illustrent l’expertise du BCI en matière de politique d’intégration et de prévention contre les discriminations. Guerre en Ukraine Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine en violation du droit international public. Depuis, c’est plus de 75’000 ukrainiens qui ont obtenu le statut de protection S en Suisse, dont environ 7’300 dans le canton de Vaud. Grâce notamment à des financements fédéraux dédiés à l’intégration de ce public, ainsi qu’à un groupe de travail interdépartemental mené par le BCI, le Canton a rapidement pu mettre sur pied un dispositif d’accueil et d’intégration de personnes détentrices du statut de protection S. En évaluant chaque situation et en orientant les personnes vers des mesures adaptées, ce dispositif vise à répondre à des besoins et à des profils hétéroclites, tout en s’assurant que chaque service concerné de l’État est mobilisé. L’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) a ainsi réalisé un effort considérable, au-delà de l’hébergement et d’un accompagnement social pour les plus nécessiteux, pour rapidement offrir des cours de français aux personnes en provenance d’Ukraine qui en manifestaient l’intérêt. En 2022 c’est plus de 2’200 mesures d’intégration – en majorité des cours de français – qui ont ainsi été délivrées. En ce qui concerne les jeunes de moins de 25 ans, la plupart ont eu accès à des cours de français ou à des mesures d’insertion ; près de 200 d’entre eux ont commencé une formation post-obligatoire, au Gymnase ou à l’École de l’Accueil (EdA). Les personnes ayant rapidement atteint un niveau de français suffisant, ou ayant un niveau d’anglais avancé, ont pu bénéficier soit d’un accompagnement individuel à l’insertion professionnelle par l’EVAM ou par les Offices régionaux de placement (ORP), soit d’un accompagnement à la formation tertiaire par l’EVAM.

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Nouvelle publication : (dé)construire le racisme, 2ème édition de la revue du BCI Le BCI s’est engagé depuis sa création à informer la population suisse et étrangère sur les thématiques en lien avec les migrations. La revue (dé)construire a pour ambition d’explorer et d’approfondir une thématique en lien avec ses activités. Après une première édition traitant de l’asile, le deuxième numéro de la revue (dé)construire s’est penché sur le thème du racisme. Sujet complexe, évolutif dans les époques et les sociétés, cette revue propose un éclairage et des clés de lecture pour mettre en perspective de manière synthétique le phénomène du racisme et les formes de discrimination en Suisse.

Nouvelle édition de la brochure «Bienvenue dans le canton de Vaud»

Inauguration d’une plateforme d’échanges et de dialogue Dans le cadre de son programme d’intégra- entre la police et les tion et de sa politique d’accueil des nouvelles communautés étrangères et nouveaux arrivant·e·s, le Canton de Vaud publie une édition actualisée de « Bienvenue dans le canton de Vaud ». La vocation de cette publication éditée par le BCI, est d’orienter, guider et informer les personnes nouvellement installées sur le territoire vaudois. Les contenus de la nouvelle version de cette brochure ont été mis à jour et enrichis. Cette édition est disponible en seize langues : en albanais, allemand, anglais, arabe, dari (nouveau), espagnol, français, italien, kurde (nouveau), portugais, serbe, somali, tamoul, tigrigna, turc et ukrainien (nouveau).

Consultations pour victimes d’acte(s) raciste(s) Membre du réseau national de consultations pour victimes d’acte(s) raciste(s), le BCI offre une prestation de conseil, d’orientation et de suivi individuel pour toutes les personnes qui résident dans le canton de Vaud et qui ont vécu ou ont été témoin d’actes de discrimination raciale. À noter que le BCI subventionne le Bureau lausannois pour les immigrés (BLI) pour ses propres consultations lorsque l'incident se déroule à Lausanne. Pour les incidents qui ont eu lieu dans le canton de Vaud (hors région lausannoise), le BCI a été sollicité pour 71 nouveaux cas en 2022, un chiffre en augmentation par rapport à 2021 (+9,2%) amenant à 80 le nombre total de cas traités en 2022. Les plaintes rapportées concernent principalement des actes à caractère raciste dans le domaine du travail, dans les écoles et les lieux de formation, sur les réseaux sociaux ainsi que sur le lieu d’habitation (voisinage).

BCI

Une plateforme visant à promouvoir les échanges et le dialogue entre les institutions et les communautés étrangères présentes dans le canton a été inaugurée en mars 2022. Présidée par le BCI et par la Police cantonale vaudoise, elle s’inscrit dans le cadre de la politique de lutte contre le racisme et les discriminations et vise à favoriser le bien vivre-ensemble. En effet, celle-ci vise à instaurer une meilleure compréhension mutuelle des enjeux propres à chaque partenaire. Grâce à leur ancrage sur le terrain et leur expérience au contact des bénéficiaires, les membres de la plateforme sont ainsi appelés à remplir un rôle prépondérant en faveur du renforcement des liens sociaux. Dans un premier temps dédiée à la lutte contre le racisme, elle est toutefois susceptible de s’ouvrir à des problématiques liées à d’autres formes de discriminations. La plateforme ne dispose d’aucune compétence décisionnelle mais se veut un lieu d’échanges et d’ouverture. En 2022, trois séances ont eu lieu et l’objectif a été de délimiter des thématiques de travail (délits de faciès et diversité au sein de la police). L’année 2023 sera consacrée à la mise en œuvre par le biais de groupes de travail.

Consultations en vue du Programme d’intégration cantonal (PIC) III et d’une politique publique vaudoise Au printemps 2022, le BCI a lancé son processus consultatif auprès des partenaires œuvrant sur le territoire vaudois (administration cantonale, communes, institutions parapubliques et associations) afin d’identifier les angles morts de la politique d’intégration et de ses défis à venir, ainsi que de recueillir leurs propositions de mesures sur des thématiques clés. Ce travail de consultation engagé jusqu’au début 2023 s’est articulé autour de trois méthodes distinctes. Retour sur la stratégie de consultation menée et ses premiers résultats. Mis en œuvre en 2014, le premier PIC (2014-2017) a permis de développer et de consolider les bases d’une politique cantonale encore jeune, issue de la Loi sur l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (LIEPR) du 23 janvier 2007. Tout en prenant en compte les actions menées depuis plusieurs décennies sur le terrain par les communes et les associations, les objectifs fédéraux ont constitué une opportunité pour déployer de nombreuses mesures dans différents domaines, en accord avec les objectifs de la loi et en collaboration avec les partenaires de l’intégration. Le PIC II (2018-2021), prolongé par le PIC 2bis (20222023), a été indispensable pour ancrer les lignes directrices de la politique d’intégration. Pour le lancement du PIC III prévu en 2024, le BCI a souhaité associer un large panel d’actrices et d’acteurs à une réflexion commune dans le but, à la fois de proposer un programme qui correspond au mieux aux besoins des publics cibles, mais également pour construire une vision d’avenir.

Etat généraux de l’intégration et de la prévention du racisme, octobre 2022.

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Des méthodes consultatives plurielles Les consultations menées se sont déployées sur une période de dix mois (essentiellement en 2022) et différentes méthodes de récolte des données ont été mobilisées, à savoir : • L’envoi d’un questionnaire en ligne, élaboré par le BCI, aux actrices et acteurs de l’intégration (mai à juin 2022). Les répondant·e·s ont été sondé·e·s sur plus de 19 questions issues d'un triptyque mais également thématisées autour des domaines du PIC. 244 personnes ont répondu au sondage en ligne. • La conduite d’entretiens d’approfondissement semi-directifs et des focus group avec des délégué·e·s à l’intégration, des représentant·e·s de la Plateforme des prestataires des cours de français (PCF) et des membres de la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI), par l’équipe du BCI sur la base d’un canevas commun de questions (juin à juillet 2022). • La tenue des États généraux de l’intégration sur diverses thématiques clés abordées en ateliers, organisés par le BCI en partenariat avec la CCCI (6 octobre 2022) et rassemblant près de 200 personnes issues des secteurs de l’intégration. Madame Isabelle Moret, Conseillère d’État et Cheffe du Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine (DEIEP), et Monsieur Fathi Derder, Président de la CCCI, y ont prononcé un discours lors de l’ouverture de la journée. • L’organisation d’un événement intitulé « Développer la politique d’intégration et de prévention du racisme dans le Canton de Vaud : la place des acteurs et des actrices associatifs·ves » (25 février 2023) visant spécifiquement à rassembler les associations de migrant·e·s. Cette journée, organisée conjointement par le BCI et la CCCI, a réuni près de 50 personnes et avait pour objectif de favoriser des échanges non seulement autour de la question des besoins et des moyens des associations dans le dispositif d’intégration, mais aussi sur la visibilisation du précieux travail de terrain qu’elles fournissent.

Synthèse des résultats et suite du processus Bien que le processus consultatif ait impliqué des actrices et acteurs aux profils diversifiés, le BCI a pu dégager de principaux axes et les reformuler de manière générique sous forme de mesures : • Favoriser davantage les coordinations régionales et cantonales • Créer des plateformes et des structures communes d’échanges et de partage en matière d’intégration • Valoriser la multiculturalité et lutter davantage contre les préjugés et les discriminations • Sensibiliser et former davantage aux enjeux posés par la digitalisation • Valoriser les compétences des personnes migrantes et le travail des relais communautaires • Étendre la régionalisation des prestations en matière d’intégration • Sensibiliser et former davantage aux enjeux de la multiculturalité • Renforcer l’accompagnement individualisé des personnes migrantes • Renforcer le soutien du BCI auprès des organismes partenaires Ces mesures ont été traitées selon trois temporalités et font encore actuellement l’objet d’analyse au sein du BCI. Elles seront intégrées, autant que faire se peut, dans les mesures du Programme d’intégration cantonal III (2024-2027) qui sera finalisé à la fin 2023. Le BCI travaillera également en parallèle sur leur mise en œuvre dans une perspective à long terme. Le BCI tient à remercier une nouvelle fois tous les partenaires qui se sont impliqués dans la création de cette future politique d’intégration et de prévention du racisme vaudoise.

BCI

Témoignages

Le BCI interagit au quotidien avec de nombreux partenaires en soutenant des projets portés par les milieux associatifs. Soutenues par le BCI en 2022, trois organisations partagent leurs expériences, leurs succès et leurs prochains défis.

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Association whatSport, d’accueillir en intervenant externe une personne issue de la migration travaillant à l’EVAM projet «République des Sports» qui a partagé son histoire en étant arrivée en L’association whatSport a été créée initialement en 2019 par un groupe de passionnés de sport souhaitant s’impliquer dans le domaine de la migration. Avec une volonté de se baser sur la santé psychique, physique et sociale et une énergie issue des Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2020, l’association organise différentes activités sportives auprès d’un public de jeunes migrant·e·s via le projet de République des Sports. Entretien avec : Mattia Piffaretti, Président de l’association whatSport

Pourriez-vous nous faire un retour d’expérience sur vos activités en 2022 ? Durant 2022 nous avons réalisé cinq initiations dont trois en patinage artistique, une en ski et deux en fitness directement dans les foyers EVAM. Nous nous sommes rendu compte avec les initiations fitness qu’il y a beaucoup à faire sur les lieux de vie des jeunes migrant·e·s afin de partager des fondamentaux. L’initiation au patinage artistique était bienvenue notamment face à la demande de réfugié·e·s ukrainien·ne·s. Concernant l’intégration dans les clubs, nous avons intégré 47 jeunes en volleyball, natation, lutte, boxe, football, gymnastique, cirque, basket et en fitness. Des migrant·e·s ont pu être bénévoles dans quatre manifestations sportives comme le tour de Romandie à Echallens, le Panathlon Family Games, le tournoi FIBA, puis Athletissima. Nous avons organisé notre camp multisport en août 2022 avec un accueil de 24 jeunes migrant·e·s encadré·e·s par sept membres et six intervenant·e·s externes. Ce camp a permis de réaliser des activités surtout sportives mais nous avons également proposé un cours de secourisme. Nous avons eu la chance

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Suisse en qualité de joueur de basket. Ce témoignage était un super exemple d’intégration au travers du sport.

Quel a été votre plus beau succès en 2022 ? Chaque moment qu’on a le privilège de passer avec une personne a une valeur très grande. Le succès se définit dans le sentiment d’avoir pu contribuer à l’intégration des jeunes au travers d’une activité sportive. Le succès a aussi été dans notre capacité de nous organiser en interne étant donné que certains membres ont cessé leur engagement et de nouvelles personnes ont amené une certaine fraicheur au sein du comité, où nous souhaitions un équilibre entre les hommes et les femmes. Également en 2022, nous avons commencé notre réflexion concernant des offres spécifiques pour le public des jeunes femmes migrantes ayant plus de difficultés d’accès aux activités sportives. Cette réflexion a pu être déployée en 2023. Quels sont les prochains défis pour votre association ? Un des premiers défis est de répondre à une augmentation importante des demandes avec l’afflux de nouvelles migrations venant d’Ukraine et d’autres pays où la situation politique reste tendue. Répondre à une demande croissante questionne sur comment procéder et avec quels partenariats. Un défi à l’interne est de continuer à être présent mais aussi d’agrandir notre base de membres pour intégrer davantage de personnes issues de la migration, notamment au comité. L’objectif à moyen terme est que l’association soit portée par des migrant·e·s pour des migrant·e·s. Cela ne signifie pas qu’on veut se désengager, au contraire, mais cette perspective ferait beaucoup de sens avec les concepts d’autonomisation et d’empowerment que nous avons envie de promouvoir.

Association Groupe d’accueil des migrants de la Vallée de Joux (GLAMVJ), projet « PasserElle » Le projet « PasserElle » faisant actuellement partie du Groupe d’accueil des migrants de la Vallée de Joux a été créé il y a 5 ans. À la suite d’une formation d’un petit groupe de bénévoles ayant fait le constat que peu d’activités étaient proposées dans cette région pour les femmes migrantes et qu’il était difficile pour ces personnes de se rendre aux cours de français, Karine Richard et Solenne Berktold ont souhaité créer un espace d’échanges. Une rencontre est organisée chaque semaine pour sensibiliser les femmes à la langue française, pour se familiariser avec les acteurs principaux de la Vallée de Joux et devenir ainsi plus autonomes. Entretien avec : Karine Richard, co-responsable Solenne Berktold, co-responsable

Pourriez-vous nous faire un retour d’expérience sur vos activités en 2022 ? Il existe un certain nombre d’activités à la Vallée de Joux. Les femmes n’ont pas forcément accès à ce qui est possible ou gratuit. PasserElle offre cette accessibilité par la transmission de l’information. Pour certaines femmes, patiner sur le lac a été une première expérience : début 2022, le lac de Joux était gelé et nous avons profité d’organiser une sortie. Un des objectifs est de rendre accessible des activités quotidiennes pratiquées par des Combières et Combiers aux participantes. Elles étaient très contentes. Nous sommes allées visiter de nombreuses fois les expositions proposées à la galerie de l’Essor, une des membres propose dans ce cadre des médiations culturelles. Il arrive que les participantes proposent également des activités : nous avons mis en place un atelier créatif sur plusieurs semaines avec une professionnelle pour réaliser des personnages confectionnés avec différents matériaux. Nous avons aussi comme activité la visite régulière à l’office du tourisme. La démarche est que chacune prenne un flyer puis pose une question à la réceptionniste, ce qui permet alors de pratiquer le français et de s’intégrer en ayant accès à l’information et la comprendre. On leur donne la possibilité d’oser et de parfois se tromper pour les rendre plus confiantes.

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Quel a été votre plus beau succès en 2022 ? Tous les moments passés avec ces femmes sont très touchants. Chaque partage nous renvoie l’importance d’un espace comme celui-ci. Chaque rencontre est un moment privilégié pour se retrouver. Quels sont les prochains défis pour votre association ? À court terme, le prochain défi sera celui de célébrer les cinq ans de PasserElle, le 25 novembre. Les participantes seront impliquées dans la réalisation de cet événement. Nous souhaitons faire quelque chose de participatif. L’occasion de présenter tout le travail effectué durant toutes ces années, mais aussi de convier la population pour échanger et faire plus ample connaissance. Aujourd’hui, les défis sont multiples : Maintenir l’équilibre du groupe – il est important de prendre soin de sa dynamique, de soigner l’accueil, de continuer à se réunir autour de la cause commune – et l’apprentissage du français en s’intégrant à la Vallée de Joux. Poursuivre des activités de partenariat reste un challenge notamment en termes de collaborations externes. Enfin, améliorer l’orientation des femmes reste un défi car il n’est pas toujours très clair de voir ce qui existe comme cours et les dispositifs actuels sont assez mouvants.

Solidarité Afrique Farafina Fondée en 2016, l’association Solidarité Afrique Farafina située à Baulmes souhaite créer un lien entre le Mali et la Suisse. L’association dirigée par Mireille Keïta-Gilgien intervient à la fois pour financer divers soins à des enfants malades au Mali, et propose également des projets de vivre-ensemble et de mixité des cultures en Suisse. Entretien avec : Mireille Keïta-Gilgien, Présidente de l’association Solidarité Afrique Farafina

Pourriez-vous nous faire un retour d’expérience sur vos activités en 2022 ? Au cœur du festival Yelen, nous avons la journée Badegna (signifiant lien) consacrée aux élèves pour qu’ils tissent des liens avec leur propre culture et en découvrir d’autres. Il y a la présence d’artisan·e·s qui présentent plusieurs activités. Les enfants représentent les générations futures et avec Badegna nous essayons en douceur d’enlever la barrière de la peur de l’autre. Pour ce qui est du festival Yelen, il a pour but de montrer l’Afrique sous son meilleur jour et pas seulement la version négative. Nous voulions valoriser l’Afrique et montrer les coutumes. Également 12 familles ont participé au film documentaire « Bienvenue chez moi » permettant de tisser des liens entre les familles migrantes et les familles suisses. Le but est de partager un repas dans chaque famille puis de réfléchir à un plat de la mixité. Étant donné qu’avec la journée Badegna nous ne pouvons pas accueillir tous les élèves, nous avons construit le projet « Raconte-moi le racisme » où je me rends au sein des établissements scolaires. Ce projet permet de recueillir des témoignages des élèves, mais aussi d’être à l’écoute. Nous parlons beaucoup de compassion et de la question du rejet de l’autre, puis nous dansons.

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Quel a été votre plus beau succès en 2022 ? Le choix est difficile car tout a été extraordinaire. Le clip « Raconte-moi le racisme » avec les élèves tourné au marché était un projet magnifique. Le festival Yelen était également incroyable où les gens étaient heureux de venir, les enfants ne voulaient plus repartir. Avec le projet « Bienvenue chez moi » nous avons eu 350 personnes l’an passé. Je dirais qu’un projet est réussi quand on n’attend rien en retour, lorsqu’il est fait par amour et par l’entraide. Quels sont les prochains défis pour votre association ? Les prochains défis sont dans la continuité des projets précédemment évoqués. Nous souhaitons continuer les projets dans les écoles, continuer l’intégration en améliorant ce qui est mis en place et en se posant les bonnes questions. Également, avec le documentaire on essaie de rendre visible le partage et l’échange et qu’il faut oser aller les uns avec les autres. Globalement, le succès de nos projets se tient dans la remise en question constante pour amener une amélioration à notre niveau et qu’il est nécessaire de rester dans le respect, le partage et la confiance.

Perspectives

2022 a démontré une nouvelle fois l’efficacité des actrices et des acteurs vaudois de l’intégration et de la prévention du racisme pour répondre à des besoins extraordinaires et soudains en cas de crise. Au moment d’écrire ces quelques lignes, le statut de protection S a déjà dû être prolongé jusqu’en mars 2024, il restera à déterminer si ce dernier s’allongera encore. On réagit, on s’adapte puis on avance. Dans ce même but d’avancer, le BCI a mené en 2022 un large processus de consultations en vue de l’élaboration du PIC III. Là encore, les partenaires ont répondu présents et ont permis au BCI de façonner la future politique d’intégration vaudoise, en tenant compte des enseignements passés, des enjeux actuels et des défis à venir. Si le PIC III induit une évolution de la politique d’intégration sur le court terme, il pousse également à la nécessité de se projeter sur le long terme. En effet, force est de constater qu’aujourd’hui, les questions autour de la politique d’asile prennent une place croissante dans les débats publics, politiques et sur le plan médiatique. En parallèle, on observe un durcissement progressif du cadre législatif et une baisse de la participation financière fédérale avec des conséquences réelles en matière d’intégration, notamment pour le public relevant de la LEI et directement touché par le PIC.

Rapport d’activités 2022

L’intégration est une tâche étatique essentielle, portée par la Confédération, le Canton et les communes en collaboration avec les partenaires sociaux, les organisations non gouvernementales et les organisations d’étrangers. À présent, avec des objectifs fédéraux qui peuvent se révéler limitatifs et des fonds qui ne sont pas amenés à évoluer, il devient fondamental de développer, d’ancrer, de sécuriser et de pérenniser les mesures d’intégration à l’échelle locale. Lors du processus de consultation PIC III, dans lequel l’on souligne une participation remarquable de la part des communes, l’on constate que ces dernières sont unanimes quant au fait qu’une plus grande mutualisation, sous la forme d’une plus importante régionalisation des prestations, pourrait servir de levier pour encourager les municipalités à développer leurs actions dans le domaine de l’intégration. C’est là l’une des pistes pour encourager et développer des politiques locales mais on ne pourra parler véritablement de politique publique que lorsque tous les acteurs concernés, notamment institutionnels, inscriront l’intégration comme un levier transversal à toute mission étatique. Un véritable travail collaboratif et collectif où le BCI ambitionne de se placer comme un soutenant, un accompagnateur dans le déploiement d’une plus forte politique communale d’intégration.

Liste des organismes soutenus en 2022 Les appels aux projets du BCI ont pour vocation de soutenir différentes initiatives visant à favoriser la cohésion sociale, l’intégration des personnes étrangères et la prévention du racisme. En 2022, 85 organismes ont été soutenus par le BCI. • Appartenances • Commission d’intégration Roche • Accueil de jour des Enfants du (CIRoche) Nord-Ouest Lausannois (AJENOL) • Commission d’Intégration • Association Afrique cinémas Suisses-immigrés de Prilly (CISIP) • albinfo.ch • Commission d’intégration Villeneuve (CIV) • Association AMIS • Commission intercommunale • Association ARC-Echange d’intégration Suisses-étrangers • Association Alteritas et de prévention du Racisme • Association Belles Pages Orbe-Chavornay (CISEROC) • Association BienVenue • Commune de Bex • Association Découvrir • Commune de Château-d’Œx • Association du SemoNord • Commune de Cha• Association Ebene Suisse vannes-près-Renens, Service de • Association Entrelaçar la cohésion sociale • Association Fleur de Pavé • Commune de Cossonay • Association Groupe d’Accueil des Migrants de la Vallée de Joux • Commune de Montreux • Commune de Nyon (GAMVJ) • Commune de Payerne • Association Les Lents • Commune de Renens • Association Kalam • Commune de Vallorbe • Association Mots en Partage • Association Nouvelles Perspectives • Commune d’Orbe • Commune du Chenit • Association Palabres • Commune Les Clées • Association pour le Français à • Conseil & Accompagnement proClarens fessionnel (CAP) • Association Pouvoir d’Agir • Association Powerhouse Romandie • Corref • ECAP Vaud • Association reCYCLO • Entraide Protestante Suisse (EPER) • Association SPES-Lavaux • Établissement primaire de Vevey • Association Verso • Établissement primaire et secon• Association whatSport daire de Villeneuve • Caritas Vaud Haut-Lac • Centre de ressources en éducation de l’enfance (CREDE) • Établissement vaudois d’accueil • Centre Social Protestant Vaud des migrants (EVAM) (CSP-Vaud) • Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton • Centre socioculturel Pôle Sud de Vaud (FEDEC-VD) • Commission Communale Suissesimmigrés de Payerne (CCSI Payerne) • Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO) • Commission consultative d’intégration Suisses-étrangers de • Français en jeu Rolle (COCISE) • Globlivres

• Association pour la promotion du Fonds Kurde Ismet Chérif Vanly (AFKIV) • Groupe de Liaison des Activités de Jeunesse (GLAJ-Vaud) • Groupe suisses-étrangers de Moudon et région • Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM) • La Bourse à travail • L’Association pour la Jeunesse Aiglonne • Le Relais, centre de formation continue (CEFIL) • Ligue des enseignants et parents albanais d’Yverdon (LEPA) • Lire et Écrire • Observatoire romand du droit d’asile des étrangers (ODAE romand) • Ostara • Partenaire Enfance & Pédagogie (PEP) • Pro Junior Arc jurassien • Rainbow Spot • Commission consultative d’intégration Suisses-Étrangers de Morges (CCISE) • Sésame, centre socioculturel de l’arrondissement scolaire de Rolle • Solidarité Afrique Farafina • Syndicat Unia • Taekwondo Humanitarian Foundation • Ville de Gland • Ville de Lausanne, Bureau lausannois pour les immigrés (BLI) • Ville de Morges, Service cohésion sociale, logement et sécurité • Ville de Vevey, Direction des affaires sociales et familiales • Ville d’Ecublens

Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI) Avenue de Sévelin 46, 1014 Lausanne T 021 316 49 59 I info.integration@vd.ch I www.vd.ch/integration © 9e édition, août 2023