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Ruralité, frugalité et petites villes vivantes
Les bouleversements de 2020 amplifient l’attrait pour le rural. En même temps que cette attirance se développe, les maux des bourgs et petites villes d’aujourd’hui* s’amplifient : dépendance à la voiture, mitage, perte d’attractivité, dévitalisation, paupérisation, développement des zones commerciales qui concurrencent les centres-villes, manque de mise en valeur du patrimoine et des espaces publics, déclin démographique et commercial en centre-bourg, forte présence du minéral.
La campagne est automobile. L’accès aisé à la voiture éclate et disperse l’espace rural, ses services, ses commerces puis dévitalise les centres et dissout les relations sociales.
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La construction de l’espace rural doit s’inscrire dans une démarche vivante, écologique et sociale. L’urbanisme durable passe par un urbanisme frugal : réparer en étant résilient, réactiver en utilisant le déjà-là, rendre accueillant, vivant, désirable, joyeux, être économique et créatif, écologique et social, renverser les dépendances, réactiver le local, placer le vivant, l’animal, l’humain, le végétal au cœur des considérations.
La frugalité est un enjeu contemporain, un outil méthodologique de transformation des communes rurales vivantes. La frugalité est une stratégie économique support de créativité au service d’une éthique et d’une esthétique du projet. C’est autant une mise en valeur du déjàlà que des usages, une recherche d’économie de ressources et de foncier favorisant le confort, la fluidité ainsi que le plaisir. Penser rural et frugal c’est penser un développement et un aménagement non standardisé, c’est s’insérer dans une construction socio-écologique cohérente qui a le souci du détail, de la sobriété, de la simplicité, du minimum. Comment faire plus avec moins tout en développant une stratégie économique en même temps qu’ une vision du projet qu’il faut inventer ?
La frugalité est multiscalaire et, avant tout, se pense à l’échelle du territoire, du paysage.
Revitaliser les communes passe par l’ancrage dans le contexte patrimonial et paysager, il convient de penser les transformations en partant du socle, en imaginant le prolongement des lignes topographiques, des espaces naturels et agricoles au cœur de la construction ou de la réhabilitation des communes comme de leurs espaces publics et bâtis. Les centres historiques sont déjà construits selon des implantations géographiques stratégiques et évidentes. Le développement des communes, la création de nouveaux espaces, l’aménagement d’espaces publics doit passer par ce double lien au paysage et au centre urbain. Tous deux se prolongent pour accueillir les nouveaux programmes. Le caractère routier signe la perte de lien au paysage. Il apparaît nécessaire de fonder les projets d’aménagement sur le lien à la géographie combiné aux usages pour des projets d’architecture, d’urbanisme et de paysage vivants, frugaux, qui trouvent leur inspiration dans le déjà-là. Une approche imbriquant les échelles tout en articulant le contexte paysager et géographique au contexte urbain, social, architectural, permet de trouver les bases de la morphologie urbaine en offrant une structure solide aux espaces en transformation. Ainsi, la géographie, le tissu historique et le paysage ne font plus qu’un avec l’urbanité au profit de la qualité de vie, du plaisir urbain, de la fluidité et de la fonctionnalité. La trame qui découle du contexte devient un outil de structuration et de fabrique urbaine. De même qu’elle permet la lecture, la réorganisation et le partage des sols et des usages, elle veille aux transitions ville-campagne, installe une charpente pérenne. Le rural doit se construire autour du frugal, et répondre à la nécessité de créer du lien et de la cohérence.