Alentour janvier 2013 - n° 1
Voyage autour du monde entre femmes Altlas de la sexualité, vues d’artistes Quizz : êtes-vous une femme libérée ?
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ET SI NOUS N’AVIONS TOUJOURS RIEN COMPRIS À LA SEXUALITÉ ?
Chères lectrices bonjour, voici le premier numéro d’Alentour, le nouveau magazine qui accompagnera vos pauses déjeuner. Tout d’abord, parlons si vous le voulez bien de ce qui vous pourrez lire si vous tenez ce magazine entre les mains. Toutes les femmes sont belles. Et oui chères lectrices, vous tenez dans vos mains le magazine qui vous est consacré, celui qui sera votre allié, celui qui vous met à l’honneur, ainsi que toutes les femmes de ce monde ! Dans ce premier numéro, vous saurez tout sur le sexe. Comment est-ce vu autour du monde, y a-t-il de vraies différences entre les pays, est-ce un sujet tabou en France plus qu’en Inde ? A travers des articles et des interviews, vous découvrirez tout ce qu’il est utile de savoir, et -gros avantagevous pourrez impressionner votre entourage masculin en montrant à quel point vous êtes cultivées. Magique, non ? Alors c’est parti, on lève la tête et on se serre les coudes... Soyez fières, mesdames !
Valentine et Eva.
Directeur de publication : Eva Iannetti ; Directeur administratif : Valentine Foulonneau ; Rédacteur et Chroniqueurs : Eva Iannetti, Valentine Foulonneau Illustrations : Malika Favre, Michel Loeb, Eva Iannetti, Valentine Foulonneau ; Photographies : Fotolia Infographie et Direction Artistique : Eva Iannetti, Valentine Foulonneau Remerciements : Judith Maclay, Malika Favre, Malanjoana, RakotomalalaBernardo, Bertolucc Linder
SOMMAIRE 4 - 5
Les lois les plus absurdes
6 - 7
Les meilleurs amants du monde
8 - 13
L’Inde
14 - 19
La Russie
20 - 23 La Chine 24 - 27
Le Maroc
28 - 29
Etats Unis versus France
30 - 31
Vues d’artistes
32 - 33 J’assume 34 - 37
Quizz
LES LOIS SEXUELLES LES PLUS ABSURDES DU MONDE
Il existe des lois très étranges qui régissent la vie sexuelle des gens à travers le monde. Petit tour d’horizon des plus insolites. Ils ne doivent pas être nombreux à suivre ces recommandations à la lettre !
CALIFORNIE A Bakersfield en Californie, si vous prévoyez de coucher avec Satan, vous êtes tenus d’utiliser des préservatifs.
MINNESOTA Au Minnesota, avoir des relations sexuelles avec un poisson mort est interdit. Il n’est pas précisé ce qu’il en est si le poisson est vivant...
MONTANA Au Montana, il y a une loi qui bannit toute activité sexuelle entre deux membres du sexe opposé dans une cour en face d’une maison après le coucher du soleil, s’ils sont nus.
BAHREIN
SANTA CRUZ
À Bahrein, un médecin peut légalement examiner les parties génitales des femmes, mais il lui est interdit de regarder sa patiente pendant l’examen. Il ne peut regarder qu’au travers d’un miroir. miroir sans tain, alors?
À Santa Cruz, en Bolivie, il est illégal pour un homme d’avoir des relations avec une femme et sa fille en même temps.
FLORIDE HONG KONG À Hong Kong, une femme trahie peut légalement tuer son mari adultère, mais uniquement de ses propres mains. En contrepartie, la femme adultère peut être tuée de n’importe quelle façon par son mari.
LIVERPOOL La loi autorise les vendeuses à être topless à Liverpool, mais uniquement dans les magasins de poissons tropicaux.
CALI À Cali, en Colombie, une femme ne peut avoir des relations sexuelles qu’avec son mari, et lorsque cela arrive pour la première fois, sa mère doit être dans la chambre pour témoigner de l’acte.
Il est illégal d’avoir des relations sexuelles avec un porc-épic en Floride.
SAN FRANSISCO À San Francisco, en Californie, il est illégal de nettoyer sa voiture avec des sous-vêtements usagés.
à savoir • Alentour
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LES MEILLEURS AMANTS DU MONDE
Selon un sondage réalisé par le cabinet YouGov pour le moteur de shopping Kelkoo, 38% des Français s’autoproclament les meilleurs amants d’Europe. VANITÉ QUAND TU NOUS TIENS Selon un sondage réalisé par le cabinet YouGov pour le moteur de shopping Kelkoo, 38% des Français s’autoproclament les «meilleurs amants d’Europe». A noter le verbe «s’autoproclamer»... Impossible pour moi de tester toutes les nationalités pour vous faire mon palmarés. En revanche, grâce à internet, j’ai trouvé qui était les meilleurs amants du monde ! Pour vos prochaines vacances, il faudra aller.... trop facile, il faut lire l’article en entier pour le savoir ! Dans ce merveilleux sondage, où les Français n’ont pas eu peur de se vanter, on apprend qu’à 43% ils pensent également être les plus romantiques du continent, 42% se considèrent comme étant les plus drôles, 33% comme les plus intelligents, 26% les plus élégants et 25% les plus généreux de toute l’Europe.Après de tels chiffres, il semble hors de question de sortir de nos frontières ! Mais comment font les autres nationalités qui vivent en France pour supporter une telle concurrence ? C’est déloyal ! Il faut le savoir les Français sont donc des amants incroyables, hyper romantiques, drôles à mourir, avec une conversation passionnante et le must, ils nous couvrent de cadeaux. Aah... Vive la France !
SAUF QUE ! Le bémol c’est que dans cette même étude, on a posé la question aux femmes... En tête des sondages, les Françaises et les Anglaises pensent que ce sont : les Italiens les plus attirants et les meilleurs au lit ( à 26%). Je sens que mon lectorat masculin français va commenter cet article... Après les matchs de foot France-Italie où les hommes rivalisent de «c’est nous les meilleurs», le conflit macho franco-italien n’est pas fini... C’est quand déjà la coupe du monde ?
à savoir • Alentour
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LES MEILLEURS AMANTS DU MONDE SERAIENT... Selon le site britannique onePoll.com les Espagnols arrivent en pole position, suivi par les Brésiliens, les Italiens et enfin les Français. L’Italien accède donc encore une fois au podium ! Notons que la place de 4ème ne donne pas droit à une médaille... Bref, le mythe du Latin Lover a la belle vie mais sans qu’on sache précisement pourquoi...
ET LES PIRES ? Toujours selon la même étude, les plus mauvais amants seraient… les Allemands ! Selon le sondage ils auraient «une odeur corporelle désagréable», ils vont être ravis de l’apprendre. Les Anglais seraient «trop paresseux», au boulot messieurs ! Les Suédois seraient trop rapides, il faudrait définir «rapides» je pense... Les Russes seraient trop poilus, ce qui peut paraitre étrange quand on «sait» que les Espagnols arrivent numéro 1 des sondages... Je tiens à préciser que je ne prends pas parti sur le sujet... Je ne suis pas totalement folle non plus ! En revanche, qui serait dispo pour des vacances à Barcelone cet été ? Oooooh ça va, on peut rigoler !
I L’ N D E Malika Favre The Kamasutra Alphabet Sérigraphie, lettre «I» 2011
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Tabous et mythes en terre indienne La légende du Kamasutra
TABOUS ET MYTHES EN TERRE INDIENNE Ce que vous devriez savoir sur la sexualité en Inde. "L'Inde et les sociétés occidentales sont des sociétés qui tuent l'érotisme", affirme Sudhir Kakar, auteur et psychanalyste indien. Entretien.
QUELLES SONT EN INDE LES VALEURS MORALES EN MATIÈRE DE SEXUALITÉ ? Elles sont très conservatrices. La société indienne considère qu'il est strictement interdit d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, mais cet interdit vaut plus pour les femmes que pour les hommes. Ces derniers peuvent avoir des expériences sexuelles avant de se marier avec ce qu'on appelle pudiquement des "tantes" dans le voisinage, des femmes mariées, mais qui sont pas épanouies sur le plan sexuel. La classe moyenne juge important que les premières relations sexuelles ne se fassent que la bague au doigt. Sudhir KakarCela dit, on estime à 25 % le nombre d'hommes qui n'attendent pas le mariage, et à 10 % chez les femmes. Ces représentations morales ne dépendent pas de la caste à laquelle on appartient, on les trouve dans toutes les couches sociales. Mais l'Inde est un immense pays, et certaines régions sont plus libérales que d'autres. On constate aussi que la classe supérieure urbaine est moins regardante, permettant aux jeunes femes et aux jeunes gens de se "rencontrer" avant le mariage. Et qui dit "rencontre", dit bien sûr sexualité.
COMMENT LE THÈME DE LA SEXUALITÉ EST-IL TRAITÉ, PAR EXEMPLE DANS LES FAMEUX FILMS BOLLYWOOD ? La sexualité s'y affiche de plus en plus librement. Il y a peu, même un baiser était encore tabou. Parce qu'il s'agit d'un geste intime, qu'on ne montre donc pas en public. Dans la rue, même les couples mariés ne s'embrassent pas. Mais c'est maintenant admis dans les films. Pourtant, on remarque que les acteurs sont mal à l'aise au moment d'exécuter ces gestes, ils n'y sont pas encore accoutumés. Les films les plus récents abordent aussi des sujets tabous, comme l'adultère. Donc la tendance est à l'ouverture. Toutefois, la sexualité n'est pas montrée directement, même si les films sont à forte teneur sexuelle : cela saute aux yeux dans les dialogues allusifs, ou dans les scènes dansées, qui sont de la pure sexualité. Là, personne ne se cache derrière son petit doigt, c'est admis.
l’inde • Alentour
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25 Most Beautiful Indian Brides Photographie
QUELLES SONT LES DIFFÉRENCES ENTRE L’INDE ET
EN INDE, ON VOIT SOUVENT DES HOMMES SE
L’OCCIDENT EN MATIÈRE DE SEXUALITÉ ?
TENIR PAR LA MAIN. QUE SIGNIFIE CE GESTE ?
Je crois que l'une comme l'autre, elles tuent l'érotisme, même si la manière de le faire n'est pas la même. La société occidentale est permissive, ce qui fait que la chose manque de sel. Et l'érotisme a besoin de vibrations, de mystère, de romantisme. En Occident, le feu de la sexualité dénature l'érotisme. En Inde, je dirais que la société est figée dans une morale de glace, là, c'est la froideur de la morale conservatrice qui inhibe l'érotisme. Entre le feu de l'Occident et la glace indienne, l'érotisme n'a pas de place.
C'est un signe d'amitié, d'affection, jamais un signe d'homosexualité. Pourtant, le même geste est impossible entre les deux sexes. Les Indiens, eux, se demanderaient pourquoi en Europe, hommes et femmes se tiennent publiquement par la main. En Inde, on se tient également plus près de son interlocuteur. Caresser le bras de l'autre pendant la conversation est un geste relativement courant. Le fait de se tenir la main participe du même esprit.
QUELLES SONT LES INFLUENCES OCCIDENTALES
VOUS AVEZ ÉCRIT UN AUTRE LIVRE : "KAMASU-
ACTUELLEMENT À L’OEUVRE EN INDE ?
TRA OU L’ART DE SÉDUIRE". LE KAMASUTRA A T-IL
Aujourd'hui encore, env. 80 % des jeunes préfèrent les mariages arrangés aux mariages d'amour. Il faut savoir qu'en Inde, ce qui tient la famille, ce n'est pas le couple mais la cohabitation des parents et des fils. La relation du couple est même souvent vue comme gênante, car elle est perçue comme un lien d'ordre sexuel : ce lien n'aide pas le mari à être un bon frère ou un bon fils. Autre raison : dans le système des mariages arrangés, chacun est assuré de trouver chaussure à son pied, l'aspect physique importe peu. Cela élimine les angoisses. Troisièmement, les enfants sont habitués dès leur plus jeune âge à l'idée du mariage arrangé : de l'école à l'université, garçons et filles sont séparés. La pression hormonale est telle quand ils sont en âge de se marier qu'ils tombent presque à coup sûr amoureux du partenaire désigné, d'autant qu'ils n'ont aucun moyen de comparaison. Il est donc très probable que l'amour naisse, mais après le mariage des deux partenaires.
ENCORE DE L’INFLUENCE EN INDE ? (rire) Hélas non ! Le Kamasutra appartient à une culture disparue depuis longtemps. Mais il est encore présent dans la mémoire culturelle. La tradition du Kamasutra montre bien que la sexualité libérée n'est pas un produit occidental, dont il faudrait avoir peur, mais que la liberté sexuelle est présente dans notre propre culture et qu'elle ne demande qu'à être ravivée. Il ne s'agit aucunement de vouloir importer tout ce qui vient d'Occident. Dans le Kamasutra, la femme est beaucoup plus à égalité avec l'homme. Les quatre grandes étreintes sont par exemple pratiquées par la femme. Et puis il y est dit également que si l'homme ne satisfait pas la femme, elle doit alors le quitter.
Michel Loeb L’éléphant Illustration 2008
POURQUOI LE KAMASUTRA N’EST-IL PLUS D’ACTUALITÉ ? Ma réponse verse dans la spéculation : en Inde, la tradition érotique du Kamasutra est souvent entrée en conflit avec la tradition ascétique du contrôle absolu de la sexualité. La tradition érotique a été très dominante du 3e au 12e siècle, avant de céder la place à la tradition ascétique. Au cours des 200 dernières années, cette dernière a été encore renforcée sous l'influence des colons britanniques et de leur pruderie victorienne. Ces deux facteurs ont exercé une influence considérable sur la société. Il me semble que depuis 30-40 ans, la tradition ascétique est en régression, que la tendance générale est à plus de sexualité. Ce mouvement est aussi l'effet de la mondialisation. Les jeunes de chez nous qui vont à L'Ouest y voient la liberté qui était celle de leur propre culture autrefois. Ils se demandent pourquoi maintenir la tradition ascétique et non l'autre.
DANS QUEL ENVIRONNEMENT SOCIAL LE KAMASUTRA EST APPARU EN INDE IL Y A 2000 ANS ? Il a été écrit dans une phase d'urbanisation due aux grandes routes commerciales qui se mettaient en place avec Rome et la Chine. Le commerce faisait prospérer même les petites villes. Les gens, plus riches, avaient aussi plus de temps libre, plus de temps pour l'érotisme. Cela concernait surtout les classes sociales telles que les commerçants, où les gens qui vivaient à la cour, là où on avait le loisir de réfléchir à la sexualité et à la poésie.
QUEL ENSEIGNEMENT PEUT-ON TIRER DU KAMASUTRA ? Le Kamasutra nous dit qu'érotisme n'est pas synonyme de sexualité. La sexualité relève de la nature, l'érotisme, de la culture : la sexualité se nourrit de culture. Le Kamasutra nous apprend comment changer la sexualité en érotisme, par exemple par l'abstinence. Et dans le Kamasutra, il y a l'idée que sexualité et érotisme doivent investir beaucoup plus de domaines de la vie quotidienne. Je pense à un chapitre qui indique comment se comporter après l'acte sexuel : il conseille de monter sur le toit, de regarder la lune, que l'homme montre à la femme les différentes constellations. L'acte sexuel ne s'arrête pas à l'éjaculation. L'idée, c'est que l'érotisme est une chose qui dure beaucoup plus longtemps, qui prend beaucoup plus de place que la sexualité.
13 l’inde • Alentour
Un des chapitres du livre indique aussi comment la femme peut se débarrasser de son mari : quand il fait de l'humour, elle ne doit pas rire.
LA R U S Malika Favre The Kamasutra Alphabet Sérigraphie, lettre «R» 2011
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S I E «Nous n’avons pas de sexe en URSS»
Il a toujours flotté autour du sexe, une aura d’interdit
LE SEXE, CET INTERDIT Il a toujours flotté autour du sexe, en URSS, une aura d’interdit. Bien sûr que le sexe existait. En quantité énorme - pas moins qu’aujourd’hui. En Union soviétique, c’est autre chose qui n’existait pas le discours sexuel : parler de sexe était considéré comme extrêmement honteux et déplacé. Tous se souviennent de cette femme qui avait déclaré lors du télé-pont Leningrad-Boston : « Nous n’avons pas de sexe en URSS ». Mais c’est une erreur : elle disait, en réalité, qu’il n’y avait pas de sexe à la télévision. Pourtant, rien n’arrive par hasard : si ça n’avait été qu’un simple lapsus, on ne s’en serait pas emparé. Plus tôt, en 1977, il y avait déjà eu une brèche : la parution du livre de Georguiï Stepanovitch Vassiltchenko, Sexopathologie sociale, où il synthétisait son expérience et décrivait divers cas cliniques de couples venus le consulter. Il en ressortait que beaucoup de dysfonctionnements sexuels venaient de ce que les gens ne savaient en parler. Pour qualifier l’acte et les organes sexuels, on n’avait que l’argot obscène ou des termes médicaux – ni l’un ni l’autre n’incitant à la franche conversation. Il y a eu un autre scandale, en 1978, avec la sortie du film Une femme étrange, qui contait une histoire d’amour entre un jeune homme et une femme mûre. Komsomolskaïa pravda en avait publié une critique, qui disait notamment : Qu’y a-t-il là d’étrange, puisqu’en Union soviétique, un mariage sur trois s’effondre ? Comment alternaient libertés sexuelles et interdictions
« MICHEL FOUCAULT DISAIT QUE LA SEXUALITÉ EST UN INSTRUMENT À L’AIDE DUQUEL LE POUVOIR DIRIGE LE PEUPLE »
1. Alimentchiks Ce sont les pères de famille qui quittent le foyer et qui, de ce fait, doivent payer une pension alimentaire à leur femme.
Dans les années 1920, le pouvoir soviétique a lâché les rênes sexuelles. Libération de la sexualité et affranchissement des femmes s’inscrivaient dans le cadre de ce même combat qui s’attaquait à la religion, aux lycées, à l’enseignement du grec et du latin, aux uniformes, au tableau des grades. Au même moment, on a décriminalisé l’homosexualité. Les divorces sont devenus absolument libres : on pouvait divorcer sans même en informer son partenaire. Ensuite, sous Staline, ce fut le début d’une politique impériale – on a interdit les avortements, criminalisé l’homosexualité, et fait du divorce une affaire terriblement longue. Jusque dans les années 1960, si vous vouliez divorcer d’avec votre femme, il fallait publier une annonce dans le quotidien Moscou-Soir. Seuls les gens très influents pouvaient se permettre de divorcer discrètement.
APRÈS LA GUERRE, ON MANQUAIT TERRIBLEMENT D’HOMMES On a donc aboli les pensions alimentaires, et la question de la reconnaissance de paternité ne se posait même pas : aucune mention relative au père n’était inscrite sur le certificat de naissance d’un enfant des femmes non mariées. On plaisantait à l’époque en disant que la natalité augmentait grâce à la circulation des bonshommes. Par la suite, quand la situation a commencé à se rétablir dans les années 1950, on s’est relancé dans la consolidation de la famille. C’était le début du célèbre feuilleton Le salopard papillonnant, sur un homme qui avait fait des enfants partout et ne payait pas les pensions alimentaires – alors que, seulement cinq ans plus tôt, ce même « salopard papillonnant » était stimulé par l’État. Ce fut aussi l’apparition des alimentchiks1 – ces mauvais payeurs de pensions alimentaires. La chasse aux alimentchiks a remplacé dans les années 1960 un autre divertissement populaire très prisé – la chasse aux ennemis du peuple. La milice et les tribunaux s’occupaient des alimentchiks, leur envoyaient au travail des titres exécutoires. Pour un enfant, il fallait payer 25 % de son salaire, pour deux, 33 %, et 50 % pour trois et plus. Les hommes trouvaient exprès des emplois au salaire le plus bas possible, et gagnaient leur propre vie dans des travaux au noir. Tous les alimentchiks en étaient solidement persuadés : leur argent servait à nourrir un fainéant – le nouveau mari de leur femme.
LE MARCHÉ NOIR DE LA PORNOGRAPHIE
quinistes, autour de la statue d’Ivan Fedorov en face du magasin Detskiï mir, où se bousculaient tous les vendeurs de livres, il n’y avait pas de littérature pornographique. Le début des années 1970 a marqué une autre percée : on a commencé de vendre en URSS des albums pornographiques, des séries avec sujets, des comics pornographiques. On les reproduisait, on les imprimait la nuit, certains, sans doute, les vendait. À la toute fin des années 1970 est arrivé le cinéma sur de la pellicule huit millimètres amateur. Les films étaient étrangers, industriels d’ailleurs, à en juger par la qualité. Ces pellicules étaient importées majoritairement d’Allemagne. Les films étaient tournés comme du cinéma muet – c’est-à-dire que le son n’était pas nécessaire pour comprendre le sujet. Car il y avait des sujets ! Tous les enregistrements vidéo des années 19601970, et même 1980, avaient un sujet ingénieux ou amusant, ce qui les rendait intéressants et joyeux à regarder. Ce que l’on fait aujourd’hui est stupide et vulgaire.
« LES GAYS A MOSCOU ET L’ AFFAIRE PARADJANOV » Je me souviens d’une plaisanterie célèbre : un homme arrive dans le square près du théâtre Bolchoï, il s’assoit sur un banc, et là, un homme lui met la main sur le genou ; il change de banc, et quelqu’un lui prend l’épaule ; sur le troisième, on essaie de l’embrasser, il s’approche du milicien et dit :«Camarade sergent, je me fais accoster par des pédérastes» Et le milicien lui dit comme ça, tendrement : « Mais qu’est-ce que tu es venu faire dans notre petit jardin ? » Il y avait parmi les gays d’assez célèbres collectifs de musiciens et de comédiens.
Les photographies obscènes étaient très répandues. Elles étaient vendues dans les trains par des gens qu’allez savoir pourquoi, on appelait des Biélorusses. J’en ai croisé pour la première fois Je me souviens de mes parents, quand on citait le nom de fadans le train Moscou-Kaliningrad en 1965, et c’est vrai qu’ils mille d’une certaine personne, qui disaient : « C’est notre péavaient quelque chose des Biélorusses – blondins, déarque », c’est-à-dire le gay en chef. Une de les pommettes saillantes, les yeux bleu clair pro- « Les photographies nos connaissances, notre voisine d’appartement fondément enfoncés. Ils prétendaient être sourdscommunautaire, s’est fait prendre son mari par muets, ce qu’ils n’étaient pas. Ils s’approchaient obscènes étaient très un gay. Elle avait la quarantaine passée, son mari de vous, vous bousculaient du coude et sortaient avait 30 ou 35 ans, il a commencé à disparaître. répandues. » les photographies pornographiques. Les cadres Elle a décidé de le surveiller et l’a suivi jusque se divisaient en deux parts inégales : la plus petite était constidans un appartement. Bon, elle s’est dit, il est parti voir une tuée de reproductions de photos étrangères, la plus grande, bonne femme, elle regarde – et là, une compagnie de solides évidemment, du délicieux home made bien de chez nous. bonshommes, qui boivent. Elle s’est dit : des beuveries, les cartes, on ne sait jamais : « Vadik, viens, on rentre à la maison, tu n’as rien à faire ici » Soudain, un homme âgé, presque un vieillard, Le tout se passait sur des lits en métal aux crochets coubien habillé, avec des diamants en boutons de manchettes, se met leur nickel, avec oreillers en dentelle et tableaux de la série à genoux devant elle et dit : « Ne me prenez pas Vadik, il est ma Les ours de Chichkine aux murs. Il n’y avait pratiquement pas de dernière joie. » Elle a ensuite raconté cette histoire dans la cuisine séries de photos – chacune représentait une scène à part. de l’appartement communautaire. Après ça, elle a divorcé d’avec À titre de comparaison : un paquet de cigarettes Stolitchnye valait Vadik, naturellement. 40 kopecks, une bouteille de vodka, trois roubles, une place de théâtre, un rouble cinquante…Parfois, les photographies étaient vendues comme des paquets de cartes à jouer, au dos de chaque On parlait des gays tranquillement, ils ne choquaient pas. Il n’y image, il y avait alors encore un signe – une dame de trèfle, par avait de procès que dans les cas où il était question de viol. Certes, exemple. Il y avait aussi les récits pornographiques manuscrits, de on a lancé un procès contre le réalisateur Paradjanov, pour lequel production locale, sur des thèmes russes. Plus tard, on a vu apil a fait de la prison. Mais c’était lié au fait qu’il occupait une paraître des traductions de l’anglais – notamment le célèbre livre position de dissident ; en outre, on disait qu’il était extrêmement Vacances en Californie. Le Kâmasûtra, imprimé sur machine à riche. écrire, était aussi répandu à l’époque. Mais sur le marché noir du livre en URSS, on ne vendait que des choses respectables – Kafka, Pasternak, Tsvetaeva ; il y avait des marchés où se vendait du fantastique, d’autres réservés à la littérature religieuse. Près des bou-
On racontait des légendes disant que son père était un marchand qui avait collaboré avec le pouvoir soviétique, aidé à acheter du pain à l’étranger. Et on avait prétendument tenté de lui fabriquer des procès liés à l’or, mais sans réussir à l’attraper. Finalement, ils lui ont manigancé ce procès pour homosexualité, un garçon quelconque a rédigé une plainte. Mais ensuite, toute l’opinion mondiale est intervenue pour lui, et le pédéarque européen en chef, Louis Aragon, lauréat du prix Lénine international, a personnellement convaincu Brejnev de libérer Paradjanov.
Dans la Russie contemporaine est apparu le culte du corps en plastique, photoshopé. C’est comme un autre totalitarisme – le totalitarisme de la publicité, de la mode. Le dictat du style omni-pénétrant. En URSS, c’était différent, sans doute aussi parce tout le monde était pauvre et faisait l’amour sans arrière-pensée. C’est aussi pour cela qu’il y avait bien moins de prostituées. C’était l’époque de la gratuité universelle, et elle ne pouvait pas ne pas se transmettre au sexe. À quoi bon payer des prostituées ? Viens plutôt au bal.
CONTRACEPTIFS SOVIÉTIQUES
PROSTITUÉES ET INTELLECTUELLES
Les préservatifs se vendaient tranquillement dans les pharmacies. Mais il n’était pas convenable de discuter tout haut de préservatifs et de lubrifiants. La majorité des hommes, à la pharmacie, soit chuchotaient presque, soit disaient «Un paquet », soit carrément « Un petit Pyramidon », mais avec un clin d’œil. Il y avait un tas de blagues là-dessus : « Un homme arrive dans une pharmacie et chuchote Vesshhh. La pharmacienne : Hein ? Comment-comment ? L’homme chuchote : Je voudrais de la vaseline. La pharmacienne Aaah ! Mais dites, s’il vous plaît, et pourquoi ces chuchotements ? L’homme (toujours en chuchotant) : «J’en ai besoin pour le sexe» Il était impossible de s’imaginer, à l’époque, une énorme armoire en verre au beau milieu de la pharmacie, ou bien que les clients demandent conseil aux pharmaciens sur la qualité, le goût, la couleur et l’odeur.
Les prostituées étaient sur les quais des grandes gares de banlieue. Elles étaient assises, étendant les jambes, et le prix était inscrit sur leurs semelles : tu passes à côté et tu regardes – elle et le prix. Il y avait deux prix pour les prostituées à Moscou : 3 et 5 roubles. Les filles se baladaient autour du métro Prospekt Mira. Elles se faisaient des petites bagues de billets de trois ou de cinq – vertes ou bleues, pour qu’on sache le prix. Mais peu de gens allaient chez les prostituées : utiliser les services d’une prostituée, c’était pareil que payer pour de l’eau potable quand elle coule de chaque fontaine. Il y avait, même sans ça, surabondance de filles qui étaient prêtes à s’adonner avec toi, gratuitement, aux joies du sexe.
UN PAQUET COÛTAIT DEUX KOPECKS Ils étaient fabriqués dans l’usine Bakovskiï d’articles de résine, dans le quartier de Peredelkino. Il y avait trois tailles. Les préservatifs étaient saupoudrés de talc, il fallait les lubrifier : soit avec de la vaseline, soit en crachant dessus – chacun avec ce qu’il voulait. Les préservatifs d’import sont apparus vers le milieu des années 1970. Au début, il n’y en avait que des indiens, et ensuite, on en a vu arriver d’autres. Par ailleurs, les autres contraceptions étaient les mêmes qu’aujourd’hui, simplement en plus mauvais pour la santé. Les lionnes sexuelles expérimentées expliquaient aux copines qu’il fallait poser « là » une tranche de citron. Et elles en mettaient, carrément avec la peau. Ça devait sans doute marcher – l’acidité. Et aussi, les femmes s’injectaient du permanganate de potassium : elles sautaient du lit et couraient dans la salle de bains – là, la bassine était déjà toute prête avec ce petit liquide rose.
LIBETRÉ DU CORPS EN URSS ET TOTALITARISME SEXUEL CONTEMPORAIN Il y avait en URSS une liberté du corps intérieure, secrète. C’était un des moyens de résister au totalitarisme. Ce n’est pas par hasard qu’Orwell a écrit que la mission d’un État totalitaire était de soumettre le corps, d’abolir le plaisir sexuel. Nous sommes aujourd’hui en présence d’un nouvel impératif sexuel – épilation, peeling, fitness. Chez nous, les filles étaient très diverses : grassouillettes, maigrichonnes, aux jambes arquées – personne ne complexait. Le culte du corps athlétique ne dérangeait personne parce que c’était clair pour tout le monde : c’étaient des sportifs, des professionels.
Bien sûr, il y avait la peur des infections. On craignait la blennorragie, la syphilis qui étaient très répandues. On y reliait beaucoup de mythes ; les gens savaient, par exemple, que la syphilis faisait tomber le nez, mais très peu étaient au courant que ça n’arrive qu’au bout de dix ans, si on ne se soigne pas. Et alors, les gars, le matin, après une nuit joyeuse, se palpaient le nez tout à fait sérieusement. Ces problèmes étaient liés aussi à l’absence d’hygiène : on se lavait rarement, et mal. Dans le peuple, on disait que les filles débauchées se lavaient plus souvent, alors que les intellectuelles, elles, changeaient de sous-vêtements une fois tous les quatre jours, et se lavaient à ce moment-là. Jusque dans les années 1970, une étudiante qui louait une chambre en appartement communautaire et prenait une douche tous les jours passait, auprès des voisines, pour une prostituée. On considérait à l’époque qu’il n’y avait que les prostituées qui se lavaient chaque jour.
la russie • Alentour
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Paradise’s girls Photographie 2012
L A C I H N E Malika Favre The Kamasutra Alphabet Sérigraphie, lettre «C» 2011
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A bord des villes vitrines Sex toys et discrétion
A BORD DES VILLES VITRINES : FINI LE TEMPS DU SEXE MARITAL ET AUSTÈRE
Bar à hôtesses, « salons de coiffure » aux néons roses, sex shops de luxe et escapades dans des hôtels à l’heure, les Chinois sont de moins en moins réservés face au sexe.
Aujourd’hui, 60 à 70% d’entre eux ne se marient plus vierges, alors qu’ils n’étaient que 15% en 1989, selon les chiffres officiels. Toutefois, le mot reste encore tabou et certaines pratiques sont toujours aussi honteuses. Dans les villes vitrines telles Shanghai et Pékin, il est loin le temps ou le sexe était un acte purement marital et austère. Aujourd’hui, les jeunes affichent en public des démonstrations de tendresse encore considérées comme pornographiques il y a peu. Des vibromasseurs sont en vente libre à côté des préservatifs dans les magasins ouverts 24/24h. Mais cette révolution sexuelle reste timorée et évoquée dans la clandestinité et avec pudeur, même entre amis. Conséquence : l’évolution des pratiques sexuelles n’a pas été suivie par une éducation sexuelle adéquate, entraînant une hausse des avortements, sans compter l’augmentation des MST, notamment chez les lySi le sexe céennes, très peu informées.
Le sexe est-il censuré en Chine ? Si on s’arrête aux films pornographiques qui ne franchissent pas le « great firewall» on notera tout de même l’émergence des films érotiques («Lust, Caution» de Ang Lee par exemple) vue par une grande majorité de Chinois, en version censurée et non censurée à Hong Kong. La féminité est aussi très différente de celle observée en Occident. En Chine, aucun problème pour une femme habillée sexy. Un héritage de la Chine de Mao qui avait imposé l’égalité hommes/femmes, mais dans un registre plus asexué. La censure sur Internet ne s’exerce pas en priorité sur le mot « sexe». Les mots crus sont mal vus et les métaphores sont volontiers employées pour parler de sexe, tant dans les conversations courantes que dans les films. Il semble tout de même que les attitudes se sont libéralisées lorsque l’on parle de sexe et de relations; il y a de plus en plus de couples avec des aventures pré et extra maritales (le scandale des concubines revient à la mode), de divorces, de démonstrations d’affections publiques…etc.
est aussi peu abordé dans les discussions, c’est que le sexe hors mariage est reprouvé.
Si le sexe est aussi peu abordé dans les discussions, notamment en direction des plus jeunes, c’est que le sexe hors mariage est reprouvé car il entraînerait des problèmes de société. Le prix dérisoire d’un avortement (1000 yuans, soit environ 95 euros) est préféré à une solution contraceptive et à la grossesse honteuse d’une adolescente. Quant à l’homosexualité, elle reste largement taboue, comme la masturbation, mais s’affiche de plus en plus dans les médias et dans les grandes villes. On retiendra, en plein JO de 2008, le portrait d’une mère chinoise qui donnait des conseils pour faire face au «coming-out» de son enfant ainsi que l’émergence de clubs ouvertement pro LGBT.
Un seul mot d’ordre émanant du gouvernement : vivez comme vous le voulez, discrètement, mais laissez-nous vous gouverner comme nous l’entendons. Ainsi va la Chine, même en matière de sexe.
la chine • Alentour
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Helena Frank Little girls rule 2013
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Malika Favre The Kamasutra Alphabet Sérigraphie, lettre «M» 2011
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Les marocaines et la sexualité Tabous et religion
LES MAROCAINES ET LA SEXUALITÉ Préjugés, non dit, malgré un grand mystère autour du sexe, les marocaines s’ouvrent de plus en plus à la sexualité. Comment les couples marocains le vivent-ils ? COMMENT LES MAROCAINES VIVENT
LES TABOUS INHIBENT UNE RELATION SEXUELLE
LEUR SEXUALITÉ
ÉPANOUIE
Il n’est pas d’être humain adulte sur la planète qui ne pense au Pour tenter de cerner la sexualité des Marocains, la manière dont sexe, c’est inscrit dans nos gènes et la rapport à la sexualité est ils la vivent, nous avons interrogé les trois sexologues précités, conditionné par plusieurs facteurs : religion, éducation, culture en leur posant les mêmes questions : comment les Marocains locale, vécu.. La sexualité est source de procréation et de vie, mais vivent-ils leur sexualité ? Quels sont ces interdits, ces tabous, qui pas uniquement, elle est aussi source de plailes empêchent de vivre pleinement et avec bonheur « Il n’est pas d’être cette sexualité ? Un couple qui vit un trouble sexuel sir…ou de dégoût ; de bonheur…ou de malheur ; d’amour…ou de désamour ; de paix… consulte-t-il un spécialiste pour connaître l’origine humain adulte ou de guerre dans un couple. du blocage ? Et si les Marocains consultent, pour sur la planète quels troubles exactement ? Enfin, que faut-il faire Tout dépend de la manière avec laquelle on qui ne pense au sexe » pour vivre pleinement l’acte amoureux ? vit et on partage sa sexualité. «Personne dans le couple ne devrait juste imposer ses idées. Cela créera avec le FAITS DIVERS temps des ressentiments et des frustrations, et donc forcément un éloignement physique ou émotionnel… Réfléchissez et vous saurez que la sexualité est le pilier fondamental de toute vie Trois adolescents ont été arrêtés pour avoir publié sur Facebook heureuse», écrivait, Amal Chabach, sexologue et thérapeute de des photos où ils s’embrassaient. Tollé dans le pays, manifestacouple, dans un livre intitulé «Le couple arabe au XXIe siècle». tions de soutien... et procès ce vendredi. Pour atteinte à la pudeur. Le premier ouvrage en son genre au Maroc, qui établit un diaIls risquent deux ans de prison. gnostic tiré d’histoires vécues et de «confessions» de couples, et Leur crime ? Avoir publié sur Facebook des photos d’eux en train en même temps un mode d’emploi pour vivre pleinement et de s’embrasser sur la bouche. Trois adolescents, âgés de 14, 15 et sans complexe sa sexualité. C’est connu, deux choses peuvent 16 ans, comparaissent ce vendredi devant le tribunal de première construire ou déconstruire, bâtir ou démolir un couple : l’argent instance de Nador, dans le nord du Maroc. A peine avaient-ils et le sexe. Ce dernier, insistent nombre de sexologues, est la base publié sur Facebook leurs photos de baisers, jeudi dernier, que la sur laquelle repose un couple. S’il est mal vécu, il peut être source police les avait arrêtés. Mouhsin, 15 ans, et sa petite amie Raja, 14 de malheur. ans, ainsi que le photographe, Oussama, 16 ans. Ils ont passé le week-end en prison, et ont finalement été relâché lundi, dans l’atMais là, quand on parle d’une relation sexuelle, ce n’est pas de tente de leur procès. Ils comparaissent pour atteinte à la pudeur, l’acte copulatoire mécanique qu’il s’agit, mais de l’acte amoureux, et risquent en théorie deux ans de prison. Mais ils devraient être celui fondé sur l’écoute de l’autre, le partage du plaisir avec son relaxés - sans doute grâce à la mobilisation qui a suivi. partenaire. Car il y a «une grande différence entre avoir une relation sexuelle et faire l’amour», nuance le sexologue Aboubakr Pendant cinq jours, des centaines de Marocains ont protesté en Harakat. publiant, eux aussi, des photos de baisers sur Facebook. Toujours via Facebook, un Kiss-in géant a été organisé mercredi à MoUne chose est sûre, enchaîne Abderrazzak Moussaïd, médecin hammedia. Et, plus basiquement, une page de soutien a recueilli sexologue psychosomaticien, et président de l’Association maroplus de 11.000 soutiens.Et une campagne de soutien se tient sur Twitter, sous le mot-dièse #freeboussa (baiser libre). caine de sexologie, «au Maroc, les femmes, en général, vivent mal leur sexualité à cause de la frustration qui en découle, pour la simple raison que la sexualité féminine est mal connue, aussi bien des hommes que des femmes elles-mêmes».
27 le maroc • Alentour
Mariée berbère (Maroc) Photographie 2009
ETATS UNIS VERSUS FRANCE
Etant donné que Paris est la ville la plus romantique du monde, il est logique que nos homologues françaises en sachent long sur l'art de l'amour. Cet été, l'auteur française Sophie Fontanel a révélé qu'elle a passé 12 ans sans faire l'amour. Dans son livre L'Envie, que le New York Times a qualifié de "très français", elle raconte tout ce qu'elle a appris sur la sexualité et la sensualité durant cette période. Alors, en quoi exactement la sexualité des Françaises diffère-t-elle de celle des Américaines ? Quelles sont les influences culturelles qui les façonnent, et quelles leçons les Américaines peuvent-elles en retirer ? Ce qui est différent n’est pas toujours mieux, mais nous pouvons peut-être apprendre quelque chose de l’art de l’amour à la française. Voici 7 choses que les femmes françaises peuvent nous enseigner à propos de la sexualité et de l’amour.
IL N’Y A PAS QUE L’ORGASME DANS LA VIE En 2012, le psychiatre et sexologue Philippe Brenot a publié un rapport de trois cents pages sur la sexualité des femmes françaises, intitulé : Les Femmes, le Sexe et l’amour. Brenot a interrogé 3404 femmes hétérosexuelles âgées de 15 à 80 ans, qui étaient mariées, pacsées, ou qui vivaient avec leur compagnon. 74 % des sondées ont déclaré qu’elles n’avaient pas de problème à ressentir désir et plaisir, mais seules 16 % d’entre elles atteignaient l’orgasme à chaque fois. Ces résultats montrent que la majorité des femmes françaises trouvent que le sexe est source de plaisir, qu’il y ait ou pas orgasme. Bref, peut-être que tout ce qui compte c’est le voyage, pas la destination.
CE N’EST PAS PARCE QUE VOUS VIEILLISSEZ QU’IL FAUT RALENTIR Selon des données de 2008, 90 % des femmes françaises âgées de plus de 50 ans sont sexuellement actives, contre 60 % des Américaines, selon estimation. Des études ont démontré que les femmes de plus de 50 ans appréciaient autant de faire l’amour à cet âge qu’à 20 ans, alors qu’est-ce que vous attendez ?
FLIRTER EST UN MODE DE VIE ET NON, CE N’EST PAS FORCÉMENT SEXUEL Dans son livre La Séduction : Comment les Français jouent au jeu de la vie , Elaine Sciolino explique comment la séduction est un élément crucial de la culture française. Mais la séduction n’a pas vraiment le même sens pour les Français que pour les Américains. «La séduction est une conversation», a expliqué Sciolino dans une
L’ART DE L’AMOUR QUI DURE En 2001, John Gagnon et Alain Giami ont publié un article comparant la sexualité aux Etats-Unis et en France. Ils ont ainsi établi que les Français faisaient l’amour plus souvent et avaient plus tendance à avoir de longues relations monogames. Lors d’une interview réalisée en 2003 pour Salon, Giami a déclaré : «On peut résumer ainsi la différence majeure entre les femmes françaises et américaines : les Françaises sont des marathoniennes tandis que les Américaines sont des sprinteuses.» Parfois, ralentir a du bon.
LE MARIAGE N’EST PAS LE BUT ULTIME Selon l’étude de Gagnot et Giami, les Français ont plus tendance à vivre en couple, mais sont moins enclins à se marier. Giami a expliqué à Salon : «Les Français pratiquent plus la ‘cohabitation maritale’, la ‘cohabitation non maritale’, et même les ‘relations à long terme sans cohabitation’. Qu’est-ce que ça veut dire ? Peutêtre que les Français ont moins tendance à considérer le mariage comme l’étape naturelle suivant - ou parfois même précédant - le fait de s’installer ensemble. «Le mariage n’est pas la seule façon sincère et responsable de se lier l’un à l’autre» explique Giami.
NE PAS TOUT RÉVÊLER PEUT ÊTRE TRÈS SEXY Dans son interview avec Forbes, Elaine Sciolino rappelle un conseil que l’actrice et chanteuse française Arielle Dombasle lui avait prodigué : «Ne vous promenez jamais nue devant votre amant.» Alors que nous pensons plutôt qu’être bien dans sa peau quelle que soit la situation est une bonne chose, ne pas tout révéler a aussi ses avantages. «Tout ça a à voir avec le fait de s’habiller et de se déshabiller, avec le secret, avec le fait de cacher et de révéler», précise Sciolino.
C’EST BIEN DE PRENDRE L’INITIATIVE Selon une étude de 2008 sur la sexualité en France, les femmes françaises deviennent «de plus en plus décomplexées avec leurs habitudes sexuelles.» «La bonne vieille dichotomie (les prédateurs mâles, les femmes attendant patiemment le retour du guerrier devant l’entrée de la caverne) a du plomb dans l’aile» a commenté le magazine français Le Nouvel Observateur. Nous sommes assez contents de voir ces stéréotypes disparaître. Si une femme souhaite initier une relation sexuelle, elle ne devrait pas hésiter.»
29 le combat du mois • Alentour
interview pour Forbes en 2011. «Cela peut être une conversation entre odeurs, entre regards. Cela peut être une conversation de mots : cela peut être une une conversation entre deux diplomates. Il s’agit avant tout d’établir le contact avec l’autre personne et de parler ou partager ce que vous avez en commun. Décider de ce fond commun et puis, ensuite, le développer.»
VUES D’ARTISTES Sexe, une syllabe. Art, pareil. Deux syllabes enlacées depuis la nuit des temps, depuis que l'homme dessine du bout des doigts sur les parois humides de grottes obscures. LITTÉRATURE
LITTÉRATURE
GRAPHISME Le Kama Sutra Alphabet est un projet personnel de l’illustratrice française, expatriée à Londres, Malika Favre. En 2011, Paul Buckley commande pour Penguin Edition une série de graphismes représentant des hommes et des femmes pratiquant certaines positions du mythique Kama Sutra, formant ainsi des lettres de l’alphabet.
Les villes de l'Imerina (hautes terres centrales) sont le théâtre d'une querelle permanente entre ce qui est pensé comme moderne et le traditionalisme. La diversité du comportement est telle que des Malgaches originaires de la région ne se reconnaîtront pas dans certains passages de cet ouvrage, d'autres y verront un miroir déformant de la réalité, alors que d'autres encore y entreverront leur profil ou s'y découvriront...
Qui fait quoi, où ? Combien de temps, en moyenne, les habitants de chaque pays consacrent-ils à leurs ébats érotiques ? Comment, ici ou là, les partenaires se rencontrent-ils, se choisissent-ils ? Dans quelles proportions se marient-ils, se trompent-ils, divorcent-ils ? Où en est l'éducation sexuelle dans les écoles, dans les familles ? Découvrez tout cela et bien plus encore dans l’Atlas de la sexualité dans le monde.
Judith Maclay
Atlas de la sexualité dans le monde Littérature 2000
Malanjoana Rakotomalala Malika Favre The Kamasutra Alphabet Sérigraphie 2011
A coeur ouvert sur la sexualité merina Littérature 2012
EXPO
CINÉMA La France du Général en surchauffe. La Cinémathèque, foyer précoce de contestation. Un jour de manif contre l'éviction de Langlois, un jeune Californien timide rencontre ainsi deux faux jumeaux parisiens, dont le dandysme et l'arrogance étudiée le séduisent intensément. Pour ces trois-là, ce sera un Mai 68 en chambre, tire-au-flanc et voluptueux, avec mille références cinéphiles pour aphrodisiaques
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente la première rétrospective consacrée à l’artiste britannique Linder Sterling dite Linder. Prélevant ses éléments aussi bien dans les magazines érotiques que dans les revues automobiles, culturelles ou culinaires, toutes époques confondues, Linder réalise des œuvres dans lesquelles la femme n’est qu’un objet commercial, voire un « sex toy », dénonçant ainsi toutes les violences qui lui sont faites.
Linder Femme objet Exposition 2013
Bernardo Bertolucci The innocent - The dreamer Film 2003
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J’ASSUME Depuis toujours, la femme fait l’objet de toutes les attentions. Rendant les hommes fous d’amour, devenant des muses, elles restaient cependant souvent dans l’ombre des grands maîtres. Mais ces dernières années, les femmes se sont masculinisées et ont commencé à se montrer à nu. Plus sures d’elles, elles osent maintenant porter les habits dont elles ont toujours été privées, elle osent être sexuelles. Le marché du sex toy est en pleine expansion et les femmes prennent enfin les choses en main, quitte même a effrayer leurs compagnons ! Soyez fières mesdames, vous êtes belles.
QUIZZ : ETES-VOUS UNE FEMME LIBÉRÉE ? Si on peut être une femme libérée dans son travail, sa vie de famille ou ses sorties, cela n’est pas toujours le cas au lit. De votre côté, donnez-vous raison au tube des 80’s de Cookie Dingler, ou êtes-vous un peu coincée ?
QUESTION 1
Vos parents vous parlaient de sexe… A- Souvent. La sexualité était un sujet presque comme les autres dans votre famille. B- Jamais. Le sexe était un sujet tabou dans votre foyer. C- De temps en temps, et en restant très soft. D- Naturellement, mais vous étiez davantage avides des conseils des émissions et magazines.
QUESTION 3
Quand vous ne prenez pas de plaisir au lit.. A- Résignée, vous ne le dites pas, par peur de vexer votre partenaire. B- Bonne actrice, vous simulez sans vergogne. C- Pas question de passer pour une personne frigide. D- Directe, vous le dites à votre compagnon et le guidez pour lui montrer la marche à suivre.
QUESTION 2
Quand un article vous donne des idées pour pimenter votre vie sexuelle A- Vous gardez en tête quelques conseils et lisez les autres, amusée. B- Vous y piochez un maximum d’idées. C- Etre curieuse peut aider à la découverte de nouveaux plaisirs. D- Vous ne lisez pas ce genre d’articles.
QUESTION 4
Vous parlez de sexe A- Jamais, c’est un sujet qui vous met terriblement mal à l’aise. B- A vos amies, mais jamais en parlant directement de vous. C- Avec votre compagnon, pour lui expliquer ce qu’il faudrait améliorer et ce qui vous plait. D- Très souvent et surtout en public. Vous adorez choquer.
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QUESTION 5
QUESTION 7
Votre partenaire vous propose une nouvelle position qui ne vous met pas à votre avantage. Votre réaction :
Votre homme vous propose de regarder un film coquin. Votre réaction :
A- Vous acceptez, mais lui demandez de tamiser la lumière. B- Vous refusez ! Pourquoi se compliquer la tâche alors que tout fonctionne si bien ? C- Vous vous mettez immédiatement en place, histoire de luimontrer de quel bois vous vous chauffez. D- Curieuse de découvrir un nouveau plaisir, vous acceptez malgré votre gêne..
A- Vous acceptez mais vous laissez la possibilité à tout moment d’arrêter. B- Outrée par sa perversité, vous quittez la pièce. C- D’accord pour un film érotique, mais pas plus. D- Non seulement vous donnez suite à sa demande, mais lui proposez de reproduire en vrai tout ce que vous voyez à l’écran.
QUESTION 8 QUESTION 6
Dans la vie, de manière générale, êtes-vous partante pour de nouvelles expériences ? A- La nouveauté vous fait plus peur qu’elle ne vous attire. B- Vous préférez vous en tenir à ce que vous connaissez. C- Si c’est un domaine qui vous tente, vous êtes partante. D- Presque toujours. Vous adorez la nouveauté.
Quand vous rencontrez un nouvel homme, combien de temps attendez-vous avant de passer à l’acte ? A- Au moins un mois, et c’est peu dire. B- Quelques heures, pour l’attirer dans vos filets et marquer son esprit. C- Quelques jours, pour ne pas faire l’amour avec un parfait étranger. D- Quelques semaines, le temps de vous sentir à l’aise avec lui.
Réponses
Si on peut être une femme libérée dans son travail, sa vie de famille ou ses sorties, cela n’est pas toujours le cas au lit. De votre côté, donnez - vous raison au tube des 80’s de Cookie Dingler, ou êtesvous un peu coincée ? UN MAX DE A ?
Vous êtes…un peu coincée On ne peut pas dire que vous soyez vraiment libérée. S’il ne faut pas se forcer à faire ce dont on n’a pas envie pour plaire aux autres, rien n’empêche de découvrir de nouvelles choses pour pimenter sa propre vie. Affrontez vos blocages, ouvrez-vous à la nouveauté, discutez avec vos amies, votre conjoint. Cela ne pourra que vous faire du bien.
UN MAX DE B ?
Vous êtes…curieuse, mais pas trop Libérée, mais pas trop. Voilà ce que l’on peut dire de votre profil. Si vous êtes intéressée par les nouvelles expériences et que vous écoutez les suggestions de votre compagnon, vous savez dire non quand il le faut. Un bel équilibre qui ne peut que vous protéger des déviances, mais que vous pouvez parfois vous permettre de briser, pour plus de surprise et d’imprévisibilité.
UN MAX DE C ?
Vous êtes…une femme libérée Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes une femme libérée. A l’écoute de vos désirs, vous n’hésitez pas à les communiquer à vos partenaires et êtes ouvertes à ses propositions. Quelle bonheur ! Une recommandation, toutefois : prenez garde de ne pas choquer un compagnon éventuellement moins libéré que vous. Si vous avez la chance d’être bien dans votre corps et votre tête, ce n’est pas le cas de tout le monde.
UN MAX DE D ?
Vous êtes…faussement libérée En apparence, vous paraissez extrêmement libérée. Seulement voilà, votre volonté de tout essayer reflète davantage un besoin maladif de plaire à son partenaire ou de suivre les dictats de la société, qu’un véritable épanouissement. Vouloir tout essayer, c’est bien quand on obéit à ses propres envies. Mais lorsqu’il s’agit de vouloir séduire à tout prix, il ne s’agit pas de liberté. Bien au contraire. Recentrez-vous sur vos propres envies et vous serez bien plus épanouie.
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LE MOIS PROCHAIN DANS ALENTOUR...
préparez-vous • Alentour
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Au moins quinze pays continuent d'interdire aux femmes de travailler sans l'accord de leur mari en dépit de certains progrès réalisés dans l'égalité des sexes, indique un rapport de la Banque mondiale (BM) paru aujourd'hui. "De nombreuses sociétés ont accompli des progrès, s'engageant petit à petit à supprimer les formes tenaces de discrimination contre les femmes, mais il reste encore beaucoup à faire", souligne le président de la BM, Jim Yong Kim, en préambule du rapport sur les "Femmes, les affaires et le droit".
Alentour juillet 2014 - n° 1
We Can Do It JOB la dure loi de la jungle
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