Les Routes Paradoxales

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jean-christian hunzinger • installation visuelle norman wiener • installation textuelle



« Accroche ton esprit à une étoile et ton sillon ira droit » (proverbe berbère)


Copyright © 2009 Jean-Christian Hunzinger & Norman Wiener - Tous droits réservés


installation visuelle installation textuelle

| jean-christian hunzinger | norman wiener


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ĂŠcart

qui fait lien


pré face

une intervention artistique dans le champ de l’édition mêlant l’art visuel au récitatif silencieux de l’écriture

« Pourquoi des poètes en temps de crise ? » On se souvient, usée jusqu’à la corde, de la question pourtant fondatrice de Hölderlin. Et puis Adorno : « Ecrire un poème après Auschwitz est barbare ». Convergences des temps et des tourments. Partir de là, pourtant : de cette impossibilité. De cette révocation. Pour la poésie, l’inefficience, l’inutilité même lui sont refuges. Plaident en sa faveur. Elle ne peut rien. Ne sert à rien. Lui posez-vous une question qu’elle s’empresse tout aussitôt de répondre à côté. Sa gratuité signe sa liberté. A la manière énigmatique, en apparence toujours décevante, des maîtres zen. Sortir de l’encombrement. Partout sur la planète le divertissement prend désormais les proportions d’une hallucination collective. Le journalisme maintient quotidiennement notre « actuel » dans son inlassable ritournelle. La société de communication, tant vantée, n’est que la mesure d’une aphasie généralisée. D’une amnésie aisément commercialisable. Culte du quantifiable. Nouvelle transcendance de la vérification, de la maîtrise. Contrôle every where. Le bruit de fond qui domine nos vies laisse peu de place aux escapades de l’esprit. Il est avant tout discours sécurisé quand la poésie, elle, s’embarque vers l’insolvable. Poésie : « Ce déni instinctif de l’autorité du concept », dit Yves Bonnefoy. Dire par la parole ce qui n’a pas de nom ; faire que ce sans nom organise nos traces, désigne un seuil, ménage un passage, organise des pratiques. La poésie anticipe, participe à l’apparition du monde et à la conscience fondatrice de ce qui s’y joue. Mais rien de solennel. Dédramatiser au contraire

autant que faire se peut ce mot terrifiant de noir plombé au centre de la page blanche. Lui rendre – par la vue, le toucher – son espace de sensorialité. Avant même un sens possible, le déploiement d’une saveur. L’excès de détails ne rencontre jamais la précision du réel. La précision, par son réductionnisme, a quelque chose de répugnant. De comptable. De gestionnaire. Il faut à la langue du vague, du flottant. De cet échec premier à dire le monde tel, la poésie se remet doucement en instaurant le flottement de la rencontre, la distance première de l’approche – cet écart qui fait lien. Composer au beau milieu des choses, avec elles, dans leur mélange. Petit précipité de hasards, d’interactions. Livre hybride : écritures spontanées, jetées dans l’image, rapides, comme par peur de se perdre. De trahir l’excès qui les vit naître. Celleci pourrait porter pour titre « 1’20 », cette autre « 5’31 ». Elles ne seraient que cela : la vitesse de leur débordement. Qu’est-ce que le texte, avant de dire, sinon une image ? Le blanc dicte au rythme, aux souffles, à la pulsation intérieure. Le premier contact est vision pure, qui avive le silence, noueux comme un mystère. La trace paraît de cette scansion. Le mot fait retour vers cet imaginaire lointain qui précède l’image. Il faut entrer dans l’installation visuo-textuelle de cet ouvrage venant d’ailleurs, chargé d’énergies nomades, et se laisser capter par elle, bousculer par elle – avant de repartir vers des pensées et des pratiques nouvelles qui ne naissent ni du lecteur ni du livre, mais de la rencontre. De cet entre-deux où tout se joue.

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NE QUITTE PAS LES RIVES DE CE LAC AVANT DE SAVOIR COMMENT FAIRE POUR MARCHER SUR CES EAUX

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Sous le trottoir des villes y a des villes à l’envers où passent des errants ; personne ne sait exactement ce qu’ils font, d’où ils viennent, où ils vont. Le savent-ils eux-mêmes ? De cela même nous ne sommes pas bien sûrs. Sous le trottoir des villes y a des villes à l’envers et qui rêvent mystérieusement ; elles rêvent à des rues qui seraient de grands lacs où vogueraient des cygnes. Et dans ces villes-là la flèche des cathédrales devient un minaret, les autos se transforment en gondoles et le bruit incessant de la circulation fait comme un ressac où s’entendrait par instant le doux chant des sirènes. Sous le trottoir des villes y a des villes à l’envers et des rêves qui vont droit.

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La voix s’élève et prend son temps et prend le temps à son revers et scande et perd le temps et trouve ce qui dans le temps a figure d’immobilité. Elle l’apprivoise, elle l’improvise, elle l’invente. Rythme. Tempo. Staccato. Elle joue au chat et à la souris avec le temps, l’approche et le libère, accélère ralentit diffère en permanence la capture promise. En séquences régulières la voix s’élève, marche avec le temps. Marque le temps. Devient le temps. Lui donne son lustre et son éternité. Les notes s’égrènent ; et pris dans la mesure le temps s’est fait durée. Il s’accorde à des rythmes intérieurs. Il suit. Fait ce qu’il peut. Mais à travers le battement régulier comme un cœur quelque chose s’échappe. Il y a des dissonances sous l’harmonie. Des écarts. Des dissidences. Sous la pesée des nuages le chant ne se trouble qu’à peine le voici qui reprend. Il conserve ses bonnes manières d’alerte métronome. Mais comme de loin cette fois. Mais comme non contraint. Le temps, il est prêt à le déchirer à le réduire en loques à la première occasion. Il s’est jeté dans l’embrasure, de toutes ses forces. Il tente ses écarts et ses fugues. Secoue ses apathies. Entre le chant et le temps il y a maintenant tout cet espace virevoltant de notes brutes qui s’agitent sans savoir où aller. Quelle est donc cette partition, qu’il faille ainsi atteindre l’unique de l’instant pour séparer comme des aveugles fin saouls le temps et la durée.

Le silence n’est pas le contraire de la musique, mais plutôt ce qui la clarifie. Dans le coda de la mémoire il y a le long des ghâts de Bénarès des ombres qui s’allongent près d’un cithare. Tous les vertiges de la nuit, nous les gardons dans un recoin de nos paupières mi-closes, comme de grands rires cosmiques. Pensif, le musicien attend à présent que vienne la première note, la toute première note qui contient l’entier de son chant et qu’il dévidera jusqu’à ce que l’aube fraîche se dissipe par dessus les pauvres masures des pauvres hommes ; alors sur les eaux fleuries du Fleuve passeront les corps à la dérive les yeux piqués par les corbeaux, alors seulement le Gange renaîtra de lui-même. Musique peut-être et vie cette pulsation. Musique sans doute et liberté ce vide, ce soupir, ce non attachement, le regard du passeur immobile fixe le trait de l’horizon comme une fente à travers les persiennes.

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Vivrons-nous le désert jusqu,au temps de la pousse ? Mais que paraisse une herbe trop verte et déjà la nostalgie

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Il faut aux idées neuves la solitude des déserts. Retour au grand sahara intérieur. Aux désolations de l’arctique singulière. Les grandes salves d’avenir prennent naissance à l’écart des hommes et à l’écart du moi, au milieu du silence étourdissant des sables, parmi les grincements de la glace. Il faut aux idées neuves cette paix pour entendre le rythme lointain qui précède le premier monde, pour entrer dans cette aube, pour y enchaîner son chant et cette marche qui l’accompagne ; pour que converge enfin, unanime, tout ce que nous tenions jusque là pour dispersé.

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tam-tam et maracas des guitares de Bahia ce désir de se fondre en un seul et même corps mouvant et coloré cette fièvre d’être ici maintenant et ensemble

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ÉCRITURES

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{ incompréhension } Il s’est approché du clavier. En a tiré quelques notes discordantes. Puis a détruit le piano. Déclarant à qui voulait l’entendre que la musique n’existait pas

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Nous sommes au cœur des choses apparus entre deux blocs de néant recyclé un genre de produits de récupération auxquels les ferrailleurs célestes l’esprit ailleurs ne prêtaient guère attention et jetèrent au loin, comme ça, en tas d’un coup de pied machinal histoire de faire place nette Nous sommes au cœur des mondes nés de la rencontre fortuite de vingt arpents de silence infini Notre planète d’occasion est une boule trop bleue la grande fresque l’a ignoré au prétexte certes un peu court qu’elle ne collait pas dans le décor Ainsi dépourvus de tout alibi un tant soi peu valable tenant notre possible d’un oublieux hasard nous attendons un signe une attestation de présence un justificatif de domicile mais non rien ne vient rien que le silence infini et notre planète d’occasion dont il serait urgent, d’après ce que l’on dit, de réparer le toit. 25


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de quoi nous éloignons-nous, de quoi nous éloignons-nous sans cesse, plus vulnérables encore de passer notre temps à construire des abris

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Souffle le rythme du souffle l’envoi la voix qui fait entendre fait entendre le silence inhumain qui précède le rythme inhumain qui précède si mince vibrato sur les cordes galactiques rien qu’un peu de buée sur la glace sans tain où les yeux du temps veillent sur nos sursis Souffle le rythme du souffle l’envoi la voix qui concentre ce vide ce vide et qui onde après onde vague après vague lui arrache peu à peu sa propre substance comme un langage qui commence dans le tangage du sens qui vient comme un chaos qui s’articule un son monté des profondeurs de la terre aussi buté que le silence tendu de ténèbres et d’éternité auquel il met un terme

Souffle le rythme du souffle l’envoi la voix qui toujours précède l’oreille qui saura l’entendre qui saura l’attendre parce qu’elle vient de plus loin parce qu’elle va plus vite infiniment solitaire infiniment singulière l’horizon soupçonneux des interrogations qu’a-t-elle voulu dire si dire peut être un but où se fait le partage que le sens n’éteint pas quand les hommes font cercle

Souffle le rythme du souffle l’envoi la voix cette chaleur du jouir juste avant que de se faire chant on dit la vie arriverait on dit parce qu’il ne saurait en être autrement lentement tout lentement d’abord comme d’un dedans très intérieur comme d’un dehors très extérieur on dit la vie venait inexplicablement comme un élan contenu en luimême la vie ramassée intense ou comme répandue dispersée inconsciente d’elle-même il y fallait la voix et ce creux de l’instant comme au creux d’une épaule le souffle de l’amante

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La frontière jamais n’arrête ce qui passe | Crois-tu donc que la vie se conforme sagement aux tracés rectilignes ? | Interzones d’identités vacillantes

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les frontières ne sont là que pour manquer ce qui ne peut être limité ni contraint | Ce qui vole par-dessus et se mélange aux vents du grand dehors

frontière

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Tu regardes l’horizon défaire le destin des navires, promesse de nuits à l’ancre dans des criques, tout serait foutu d’avance, n’était ce vide au cœur des quatre directions, et plus loin que ce vide même ces furtifs accostages loin de la terre des hommes.

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Le rivage naît seulement du désir de rivage de cette attente mûrie au large parmi les vents cette volonté d’en finir de s’allonger l’oreille au creux du sable 35


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Nous tournons autour des corps avec nos danses de vivants prêt à mourir un peu quand même, frôlés, cajolés, œil mi-clos, de ces baisers sur le bord des paupières où nous embarquons toute notre vie toute notre vie et même un peu plus pour un battement de cils

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A cette beauté fracassée de hasard, cette fureur, ce jeu, cette patience, cette libre impétuosité, ajoutes-y tes élans tes impertinences et plus que tout l’illusion de ta présence

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Si l’art était ton quotidien ta langue n’en porterait pas ainsi la trace. Le mot n’est là que pour situer cette absence, et ce chemin peut-être qu’il te faut emprunter.

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tieaime feu feuipit aut p raesting ex eum quat dolum inci bl aorti onummy nullaoreet wisim i rit, quatue doluptat u tat, commolore dolorper sum iure tat volore tatisim v elis nibh x estis aut ilit vel d ip er iuscill umsandr erostio n henim et, ve nibh et voloreet nit venit iri t utat volenibh er iriliqu atie do lorero dit, vullam zzriu rer sim dit wisciduisim vull andrem ipissect eqcet feu faccummy nisit iniam a t. Ut lor senissis amconulla faccum i nim dolore consequam dip elisi et ir iurefaciliquis adion enit num dolore ecte ea feugue tisi. Orper aliquip etumsan dre mod molese dio odipi t, quam, co nsequisi. Igniamet do enismod do loborperat num dolorper al iqui tet augait aute du nt aut wis et ut pratie vol um dolore tatum dunt dipi t inim ip eugait, s ed er ipis num nos ali quat, venim accum venit, vullan vero oqvbukdrtyuhkapbnw dolenis nonsed magniam, se vulputem vent nis m odolor il ing eum in vullaorem iliquis augait esto cor adionsed delit velessim etuerae sendrem iure faccumsan ulla feuguer ostrud modiam, sumsan v ulla conulputCi ingula prente m quasdac epes co n vive, sa iu menr hNo em factoris. mus teropubl ium factuit? Agit. Intem, pro, que nox menam deme ta etis, notanum propubliae in ha e diu et verridem popu blis rei culvidit. Ti. Veri mediti, unc tella tantem libus , sen tum tervivem co vis, noc trebus, C. Acci pratume is it, norsulibut omnuit? Od mo ia e cultus inessol utebus conesim endient. Gere ad sen Itam. Sati a terei perum tam. Roptimiliam dest ro, ses? Nam mor queret L. Vensusc eret vivehen triono. Verum sena, ubliae hoc rio hoccide ssati, con sit. Ere curartam pre, ca; nor hostiemurbi sultorum ore, tam nici em terem or acerman tustoret L. Labu sulessed nerficae do, num publium hicioriaetis suniquem poen at, Ti. At niconit, notifecem n onfere, Catus omnihilicis sumus. Or utussi inemum opublin areb usa nos potilicidet fue tem tabemne latrae audente rum, quam nuli urs ulabe

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à quelle distance exacte nous tenons-nous de la beauté lorsque le regard se tourne une dernière fois vers cette hypothèse, et cette absence d’où elle jaillit plus singulière encore de n’être pas

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Les anciens croyaient au destin tu y crois toi au destin tu vis ta vie comme si de rien n’était comme si au fond elle ne te regardait pas et puis quand même tu te demandes à force de ne pas être toi qui peut bien tirer les ficelles dans l’ombre qui à sa guise te fait aller à gauche te fait aller à droite et te retourner si brusquement comme au bord

d’un pressentiment informulable qui te fait rire ou parler comme tu le fais tu te dis après tout que faut-il d’autre une grande turbine cosmique une giclée de hasard et hop qui voilà tout frais tout rose sur la terre des hommes non tu ne me feras jamais gober ça mais alors quoi que se passe-t-il que s’est-il passé qu’est-ce qui de moi est là véritablement qu’est-ce qui de moi n’est jamais présent là où je suis d’où observet-on mon incessant va et vient d’où guidet-on mes pas je me sens je ne sais pas je dirais connecté oui c’est cela connecté secrètement à quelque chose d’immuable et de froid une machine peut-être une machine à produire quelque part l’illusion de ma vie peut-être même y a-t-il des spectateurs fait-on payer l’entrée oui tout au fond de nos rêves parfois nous avons le sentiment qu’une machine nous observe les yeux parfois voilés d’une étrange buée

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ition Ranci par la crasse et l’amb nous de nos « activités » dont nduit restons les dupes, noir co sion, de la haine et de la confu us la sauras-tu ce cœur nu so s-tu chemise de la nuit, saura libre la vibrante énergie du u de cours, sauras-tu l’air tén tout, nos songes et plus que notre plus que tout, la chaleur de réciproque sollicitude.

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Cette nuit comme un songe arraché au rayonnement primordial l’espace est un cri perdu dans le vide de nos silences un mot longtemps oublié dont ne nous reviendraient grandes marées étranges que les lettres disloquées cet océan d’énergie rencontrant le bord le plus extrême du vide même s’il se prend parfois au deuil aléatoire des formules ce chaos qui accouche un instant de la matière puis se dissipe dans ce néant qui vient cette chose qui ne peut être chose puisqu’elle se contient elle-même ce dehors perpétuel un instant assemblé au bord extrême d’où sans cesse il s’échappe cette forme sans contour remontant vers l’émotion de sa propre évidence se déploie ici ce qui d’ordinaire se tait sous la surface aveugle des choses et me dire qu’en moi, semblable, cette nuit. 49


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Il existe un plan caché, dis-tu, au cœur vibrant des signes un plan qu’il n’est donné qu’aux initiés de connaître un plan à travers lequel la vérité tout d’un coup éblouit de sa totale nudité. Si tu possèdes un tel plan Garde-toi d’en laisser rien paraître Ne me le montre pas Je n’ai que faire de vérité finale Je n’aime les signes qu’à l’exacte mesure de leur hésitation

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LE MOT, LE RÉEL – FINALEMENT, RIEN.

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les choses au loin résonnent se prolongent une seconde sur la portée du temps

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les choses au loin résonnent leur mobile n’est pas clair il faut tenir l’espace comme on tressaille de joie

les choses au loin résonnent c’est qu’au fond tout au fond le vide qui retentit est un rire vibrant qui rit pour toutes ces choses que le silence finalement emporte


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SI LE MOT DE « LIBERTÉ » NE LIBÈRE PAS, ALORS IL N’AURA SERVI À RIEN DE L’AVOIR PRONONCÉ

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Ce monde ne serait-il qu’une

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illusion

,


après tout qu’importe ; puisqu’il est, quoi qu’il en soit, ce vers quoi je suis libre d’aller

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ons ent c m le , seu entir Cons

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CIRCULATION

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seul et attrapé par la solitude même manquant à l’amour et attrapé par ce manque même et n’être que cela, ce manque, cette solitude, parcours aléatoire du doute au milieu des gouffres de la foule

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Parole lancée par derrière, dans ton dos, irrattrapable. Cette mégarde, comme un feu de chaume au plus brûlant de l’été qui prend, soudain, à l’écart, loin de tout, mais qui finira par tout emporter. Tu te retournes. Vibrant, inapaisable, le monde est là. Tes mains sans guide dérivent, pensives, à la surface incompressible des choses. Frottées au sang précaire de la réalité, cherchant dans les décombres l’inespéré de la présence. Tu regardes, silencieux. Tu pénètres lentement dans l’étrange territorialité du mot. Peur de trahir l’excès qui le vit naître.

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Tu peux bien voyager – à une condition : ne crois pas au voyage. Tu peux bien voyager – à une condition : ne crois pas au bagage que tu as emporté avec toi. Ne persiste pas à conserver tes anciens passeports aux encres délavées, ces cachets, ces visas d’ambassade. Si tu pars, que ce soit pour aller – et rien d’autre ! Ne collectionne pas le nom des villes comme des pièces de monnaie. Que les ports ne soient pour toi que la promesse toujours tenue de leurs embarcadères. Et dernière chose, si tu le veux bien : ne pars que pour les destinations auxquelles tu avais définitivement renoncées.

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[04] qui dérivent pensifs à la surface incompressible des choses

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Quel est ce rendez-vous où nous courons sans cesse. Quel est ce rendez-vous que l’on n’en finit pas de manquer. Assoiffé, mais de quoi. Quelle est cette intensité que l’on pressent encore mais qui n’a plus cette libre impétuosité dans le cours de ta vie. Quand tu cognais tes espérances aux entonnoirs de l’avenir. Mais fini. Cela a fuit. Qu’est-ce donc qui nous distrait, infiniment, emportés le long des trottoirs mécaniques. Nous retient de penser réellement notre vie d’homme. Comme mot sur le bout de la langue. Pourquoi ne sommes-nous pas là. Qui nous a annulés. Dispersés. A ce point anecdotiques, dans ce couloir de correspondance qui ne correspond plus à rien. Nous coïncidons si peu avec nous mêmes. Jusqu’à ne plus être que cela, tout entier : cette non coïncidence. Cet ajustement sans cesse perdu d’avance. Et pourtant on essaye. On persévère. Rien n’y fait. Tout ceci nous concerne si peu. Après tout c’est juste la vie qui passe. Et le dernier métro.

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L e l i e n d e l a ville dit-il l’union ou la captivitÊ, il faudra bien choisir, ca p t i f s e t i m m o b i l e s ,

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ou b i e n r e m i s a u monde par la magie des rencontres de hasard, des recom b i n a i s o n s .

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nous passerons derrière les choses et nous ne dirons rien nous contentant de regarder cet homme qui tempête qui bafouille qui hésite nous passerons derrière les choses, oui dans l’espoir de lui échapper de ne pas croiser son chemin nous laisserons venir à nous cet homme nous passerons derrière les choses nous veillerons avec elles nous verrons venir à nous cet homme fatigué titubant pétri de ses alarmes nous regarderons de loin cet homme nous le laisserons passer cet homme que nous sommes 76


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Corps de fumée dansant Comme la courbe de l’encens Qui danse et s’entrelace Monte dans l’air froid, droite d’abord, Puis tourne Comme un disque qui voudrait Echapper à lui-même Pour inventer des formes Pareilles à des caresses

Circonvolutions Ploie soudain Se déploie s’étire revient Et puis repart Jamais vraiment ici Toujours la tête ailleurs Nomade par principe Pour s’achever, pensive comme le regret D’en avoir trop dit Ou pas assez Ivresse de mots perdus Signes étranges Symboles oubliés Ecritures diffuses Qui vont et qui viennent comme Des lignes Dans les chants persans D’Omar Khayam Ces mots qui ne sont D’aucune langue Parce qu’ils sont vrais et imprononçables Comme la mort Qu’importe le paradis et qu’importe l’enfer Rien d’autre que cet instant Ce rien Ce vide qui danse Comme la courbe de l’encens

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Plus loin, passées les limit e s d e la t e r r e , h o r s des cartes, des mémoires, h o r s m ê m e d e t o u t e idée d’inconnu, là où tous le s é q u i p a g e s o n t é t é décimés par la soif la fo li e o u l a d y s e n t e r i e , où tous les navires ont é t é e n g l o u t i s d a n s u n déchaînement de premier mon d e , r e s t e u n r i r e , u n rire qui danse – un rire de g r a n d c o m m e n c e m e n t – et les choses s’éveillent à l e u r p r o p r e l u m i è r e .

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Corps laissés corps tassés au plus obscur des encoignures Ils restent là interdits devant eux-mêmes comme devant les rails vides Des trains depuis longtemps partis 83


Le

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temps

n’est qu’un

pli

de

l’espace

qui

se

déroule

avec


pour

toute

mesure

les

battements

de

ton

cœur

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mort

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Ce

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Ce c hem

Et

ul s le

m en c em en ts

89

ch

er

ch

es


90


sagesse é, met un peu de Le rire, cet effront aines des parades hum aux joues blêmes i. cessaire. Rire, ou Vivre n’est pas né ute, n rire, sans aucu do C’est à un éclat de x us it sa naissance so que le monde do

91


>>> pa

92

use


93


94


Rien ne

passe

ce trait qu’une main a inscrit.

D’abord efface de ton esprit tout projet. Sois sa n s volonté, tout à ce bruissement

Tracer laisser se former

Ces

des

à

sauvage

de signes épars.

lignes,

travers elles les

migrantes figures du hasard.

rythmes sans c o m m e n c e m e n t ni fin. Laisse-les t’habiter.

Comme une

danse

qui vient.

95


96


Que tes mots soient riches de

Qu’ils filent

silences

comme le vent

Le mot est

mais soient durs comme le roc.

cette trace dans la buĂŠe du vivant,

cette trace sur la vitre vers laquelle on s’

pour

amassĂŠs.

avance

regarder

un instant au dehors.

97


98


Ne vénère que les mots

qui s’effacent.

Evi te les ser m o n s , l e s s e r m e n t s . Reste ignorant de la langue dans laquelle tu t’exprimes.

Sache seulement que chaque

Porte

page

élargit la cellule, chaque mot éloigne de toi les murs.

en toi ce monde d’écritures aux énergies brûlées.

Sois comme elles, sombre mais riant, errant et vaste.

Pas plus

vivant que mort : écrivant, c’est-

à

-dire entre deux.

99


100


De quel

esclave J e

portes-tu le nom

n e

?

p o r t e

a u c u n

n o m .

Mon verbe, toujours, est en quête de blanc.

Mes

lignes qu’éloignent du rivage

les

premières

sont pareilles à une barque vide

vaguelettes

de

la

marée

montante.

101


102


Le signe désigne ce qui nous avions vu mais qui pourtant se dérobait à nos yeux.

La ligne s’étend vers le dehors qu’elle contient et qui est en elle comme une distance, l’appel d’un sens possible.

Migrations intérieures. Ce chemin

Ne charge pas le

singulier n’existe que d’avoir été dit.

rêve

, ne diminue pas l’obscur.

Avance. Avance jusqu’à la lisère :

et vois !

103


sauvage Avance jusqu’aux lisières Où dérive, pareillle à de vastes fantômes étranges La brume trempée de l’aube Glisse-toi dans ces bois Va où le sentier s’arrête Trouve ton âme sauvage Puis disparaîs

104


105


106


Il a jeté son sac, a dit je prends celle du haut et puis s’est installé sur sa couchette avec cette confiance particulière que donne à certains hommes la certitude de n’être nés que pour être servis. Plus haut, il se sentait plus fort, mais aussi plus près de son Dieu. Sur la couchette du bas il y avait tant de monde qu’on aurait dit tout un village. D’ailleurs c’était tout un village, les visages on les distinguait à peine, ce qu’on voyait c’était un buisson de bras tendus, comme un arbre plutôt dont le type blanc, du haut de sa couchette, admirait l’étrange photogénie. 107


108


en exil de lumière quand tout à coup cet écart, inespéré, comme un trapèze qui vous revient

109


110


i

vre de mots perdus noir à faire rouler tous les tonneaux de Bacchus ivrogne titubant en quête d’un seul point fixe « donnez moi un point fixe et je soulèverai la terre ! » tu penses à Nerval rue de la Vieille Lanterne ramassant ça et là ses extases bon marché poète agonisant au décrochez-moi ça de l’amertume tu vas tu viens tu hésites tu erres tu rêves sous l’œil livide des réverbères guettant ce moment en lisière juste avant le trou noir ce souverain détachement des hommes saouls qui savent cette lucidité de forcené cet instant juste avant le réel lorsque le dé du hasard vient tout juste de quitter la paume moite du lanceur

111


Et puis au final plus rien de votre vie, ni signes ni sons, seulement la mesure de cet indiscern

112


nable, mesure sans cesse exacte expiant son exactitude dans le chaotique tourment du doute

113


Que nos pensées phréatiques alimentent les sources d’un cours plus limpide. Qu’elles vagabondent la nuit à travers la paix des lacs. Qu’elles s’enchaînent aux estuaires et gagnent, libérées, la mer immense du possible.

114


115


SIGNES

LES SIGNES NE PÉRISSENT QUE DE TROUVER UN SENS

116


117


118


réalité

La n’est que l’histoire de nos obsessions convergeant entre elles à partir d’associations fortuites et organisant le chaos pour lui donner l’apparence de l’ordre

119


120


v le

ensité n imm

cri bi e

t ces rouges et ces j a e to u u nes

e to

luie, tu entendras m la p on n

a nt va

m de oir ev

ut qu e

d is

er

g isa

pl

mb to e i ll

un cri au ssi ha

r su ec av

ire fa

m v l’i

s, ur po

mi les d se s re

ur e co

ir à nouveau

par

aro l

es

nq ui n

et mes quelque sp

alg o viendrai à toi par Je re des rai ls

121


serions-nous juste un bruit au milieu du silence

murmure tendu tout au fond de ce mutisme glacĂŠ

.

122


. un spasme au centre le plus obscur

.

serions-nous juste ce jeu, et cette fièvre, aux confins impassibles des choses

.

123


124


Empreinte de nos errances labyrinthe parcourant chacune de nos possibilités toujours cela et toujours autre « personna » le souffle anonyme derrière le masque

125


126


« pas encore, pas encore répète le méditant le premier vent de l’altitude n’est pas encore le souffle des sommets « pas encore, pas encore » répète le méditant tu ne t’es pas encore suffisamment dépouillé simplifié « pas encore, pas encore » répète-le autant de fois que nécessaire comme une pierre dont tu polirais inlassable le grain jusqu’à ne plus sentir les mots passer à travers ton sourire jusqu’à ne plus être toi-même que le souffle du vide

127


f l u i d e 128


aux

es e s et d

agne

e jeu ivre l

Su

c’est

ont des m

sser se gli

dans

t

ser

spri son e

s et lai

ce fil de

au de l’e

r;

rifie se cla

e sa

le to

mes,

hom s des

bliée

s ou verse

sa

tou

s ter ant

onst e inc

ond

m de ce

tants

t es flo r i o t i r

rs le rs ve

ts re n e l e

me,

bru ns la

t da

par elque

s qu

rdu ets pe

mm

d

nde

mo ut un

veil qui é

ine lointa de so

cte,

exa veur

cett ment

e

seul , r i o v

a

nul s

hoses

c i des n i f n l’i

129


130


Je t’ai vu à Tokyo ébouriffant la nuit de Ginza de tes stèles multicolores Je t’ai vu à New York tu chevauchais Times Square de tes flash enrubannés Je t’ai vu à Pékin jetée le long des avenues juste sous l’aile d’un boeing de la Cathay Pacific Je t’ai vu sous un pont de Paris fourmillant dans le brasero des pauvres Je t’ai vu tu riais dans la prunelle noire de ma Chinoise de Port-Royal

131


manger parler

embrasser

manger parler embrasser manger parler em

parler embrasser manger parler embrasser manger parler

manger parler embrasser

embrasser manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler embr

manger parler embrasser manger parler embrasser manger pa manger parler embra

embrasser manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler embrasser man

manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler

132

parler

embrasser m

embrasser manger parler em

parler embrasser manger par


mbrasser manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler embrasser manger

rasser manger parler embrasser

manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler

arler embrasser manger parler embrasser asser manger parler

nger parler embrasser

manger parler embrasser manger parler embrasser manger parler

manger

manger parler embrasser manger

mbrasser manger parler

rler embrasser msser manger

embrasser

embrasser

parler embrasser manger parler embrasser

parler embrasser manger parler embrasser

manger parler embrasser manger

embrasser manger parler

133

manger


Au rythme des balles traçantes dégringolant des azimuts s’agitent au fond du trou des ombres fébriles. Ni des hommes ni des femmes, seulement une cible, un objectif et le nom ridicule que l’on donne aux missions. La raison carnassière est toujours la meilleure. La mort, cet attracteur étrange qui sans cesse désigne les victimes du jour. Inlassablement nous allumons ces incendies, nous désignons ces victimes, nous traquons la faille au fond de nous. Ce goût de néant, de perte, de carnage et plus que tout, la suprême attraction des gouffres inhumains.

134


135


aventure

136


Je briserais toutes les ailes de mes avions Pour rester au plus près de la malle pirate Dans son écrin d’orties Là où l’enfance se mêlait autrefois aux parfums d’aventure Aux terres inexplorées aux tribus ignorées Mes frères Jivaro prêtaient leur lance à la pointe acérée de mes rêves Ce n’était pas tant l’aventure que l’espoir La ferveur de l’espoir, et cet élan Vieillir ce n’est peut-être Que transformer ses espoirs en doutes sans être capable d’en mourir sur le champ

137


Je ne connais pas pour le voyageur de mot plus inutile, forgé à coup sûr dans la langue empesée des immobiles.

138


139


140


Simplement s’accorder

au rythme de cette attente

souvent tu soupçonnais les ruines

de cacher un chantier

voir dans l’immobile

le mouvement qui s’apprête

derrière chaque silence

la parole qui se lève

au-delà du temps donné

du temps repris

n’être plus que l’ardeur

qui rythme cette attente

141


ÉCHANGE

ne se

142

signe que ce e c t i ra

d’abo

rd


ne ce sig

seul

oujou i qui t u l e c ement

vit rs sur

à

teme l’écla

sens nt du

143


Envol

Nous ne croyons jamais tant échapper à nos gravités que lorsque plus profondément encore celles-ci nous possèdent. Nous avons vu nos ailes mais le ciel nous manque, la légèreté nous manque. Nous élever, pourquoi, sinon pour la morsure sous le soleil d’Icare

144


145


Combien de temps faut-il à deux êtres pour abattre ensemble la barrière du moi ?

146


147


dĂŠchirure

148


la

insinue si du doucement la promesse affolante bris et de l’Êclatement faille

149


150


L

é

g

è

r

e

é

t

aérien comme une paume offerte puis tombé en gravité comme toi mais relevé relevé très vite cet envol à nouveau 151


152


Ils ont levé la tête ils ont dit rien à voir et ils sont repartis jusqu’à ce qu’il y en ait un, plus pauvre, plus fou ou plus rêveur peut-être, qui ne les rappelle ; la terre sentait la pluie d’orage alors et les ténèbres appesanties donnaient au noir son absolu ; il n’y avait rien encore, si ce n’est, à bien y regarder, ce décor d’étincelles qui remplissait la nuit ; alors ce fut comme s’ils avaient acquis soudain la conviction que le monde parfois pouvait se jouer d’eux ; « les choses veillent en silence dans le dos des hommes » dit le plus vieux ; il fallait que ce fut dit, pour ne pas que la sensation de cette vérité ne les submerge ; que ce secret entr’aperçu ne leur jette un sort néfaste ; alors ils décidèrent de faire face ; ils arrêtèrent la caravane, ils mirent pied à terre, ils dressèrent leurs tentes ; dans la rumeur de l’arrivée et le souffle des bêtes, les femmes s’activèrent sans bruit, des gestes de haute éternité, gardiennes de la continuité ; les enfants se dispersèrent en courant en tous sens, quête d’aventures nouvelles, tandis que prenaient place les jongleurs les cracheurs de feu les charmeurs de serpents les conteurs les dresseurs de singes ; plus loin les hommes formèrent cercle et se mirent à fumer dans des pipes barbares ; posément ; comme des mages antiques, ils contemplaient la nuit comme s’ils avaient eu soudain la faculté de la traverser du regard ; le plus vieux décréta : « où vont ces étincelles nous devons conduire notre esprit » ; un grognement approbateur se propagea parmi les hommes ; et chacun

scruta la nuit, front bas, les yeux illuminés ; ils s’y prirent si bien qu’ils suspendirent le temps ; à un moment donné ils furent seuls face à l’espace obscur de l’infini ; un frisson de terreur superstitieuse parcourut le clan rassemblé ; tout ce silence, tout cet infini les anéantissaient ; il fallait rompre le charme, briser l’envoûtement, revenir dans le temps des hommes ; pour cela ils durent lutter ; l’esprit qui parvient jusqu’au lieu des

nocturnes ne s’appartient plus vraiment ; il répugne à regagner le corps singulier parce qu’il s’est élevé là où il n’y a ni commencement ni fin ; le vieux psalmodia les chants sacrés qu’il tenait de son père ; c’était un bon moyen d’amorcer la descente ; du moins le lui avait-on enseigné ainsi ; du moins le croyait-il ; les heures passaient ; jusqu’à ce qu’il y en ait un, plus pauvre, plus fou ou plus rêveur peut-être, qui n’apostrophe l’assemblée : « puisque les choses veillent en silence dans le dos des hommes, pourquoi ne pas s’en retourner, comme si de rien n’était ? » ; le charme était rompu ; dégrisés, les hommes du groupe se mirent à ricaner si fort en haussant les épaules qu’il fallut que le vieux, d’un geste, leur impose silence ; il fallait excuser les égarements de la jeunesse, l’expérience était faite de temps, de patience et d’étude, pas de débordements, d’où venaitil, celui-là, qui était-il pour couper la parole

aux sages du clan ; mais laissons cela, le moment était venu d’honorer le dieu unique qui vivait caché dans les cieux, le sang d’une ou deux vierges ; le vieux se leva, dit : « je suis le gardien du chemin, fiez-vous à moi, nous allons rendre hommage au dieu sacré des étincelles et de la nuit » ; et il fut fait comme il l’avait dit ; on alla chercher deux vierges, on affûta les cimeterres, et l’on dressa l’autel du sacrifice ; mais comme elles passaient devant lui, échevelées, traînées par des gardes en sueur, il s’en trouva un, plus pauvre, plus fou ou plus rêveur peut-être pour s’écrier : « mais l’étincelle est aussi au fond de leurs yeux ! » ; le vieux sage fendit la foule avec rage, cette fois il suffit ; empoigna une des deux jeunes filles par le bras ; plongea son regard au plus profond de son regard ; et ce qu’il vit le médusa ; l’étincelle était là ; oh furtive peut-être ; oh lointaine peut-être : mais là de manière certaine ; promptement il empoigna la seconde ; et l’étincelle était là aussi ; comment éteindre cette lumière toute pareille à celles qui brillaient dans la nuit ; quelle était cette chose qui n’était pas un dieu, puisqu’un dieu réclame des sacrifices et se nourrit de sang ; quelle était cette chose qui brillait dans la nuit comme dans les yeux des femmes ; et parce qu’il lui fallait trouver une parole pour conserver son pouvoir, le vieux dit : « les choses veillent aussi au fond des yeux des femmes » ; alors ils se remirent en route, passèrent leur chemin ; plus pauvres, plus fous et plus rêveurs peut-être ...

153


154


l ne

s. I hant

p

de ossè

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rien

s, n

re i viv

’a

ns d

inio i op

c q e. ceux mille rieur s é t u n o i t st. de tion t d’e initia gres e se n n d e i e l m v a e le com eig sm la n ddha mme xtase u s o e e. o c n B s a le d nu ritabl du i é c n e v a l l n v n e e a àc tiatio tanc e, il t bl t l’ini reille cons ul e possibl s a r i e e p c s e e l l , it e s de e, te rienc dans mort so ision expé gulièr ’ a v n L i p s . s e e a e e l r it ieur atur Mila ent que i les pet pre n extér o r n t p n o i n t a s re ia Co ur de vénè e init Il ne nce comm veil au cœ ’é a L’err onnaître l c Mais nt s ce

se.

ages

es ion d

s

rofes

nt p mme

ya

i bru

nt s ui fo

.

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155


Le

156

fro

id n

ec

re la fu e ont ĂŞm red em D it pa . le s le chaud ssib o p : il le rend

ur


appr nous

end

aix. Il n’est pas de de la p lucid e t n e ité l’att

plus

sou

ver

ain

eq

ue

cell

eq

ue l a

a tou ch

ée.

157


158


Le tout premier mot que le premier des hommes dotés du pouvoir de parole dût prononcer dans le demi-sommeil de l’extase, ce ne fut pas Soleil, non, ce fut Lune sans aucun doute parce qu’il fallait à ce surgissement le plus noir de la nuit et cette paix quand même l’absence de lumière et pourtant cette joie parce qu’elle le terrorisait il finit par la nommer Lune ! Lune ! comme pour l’appeler comme pour l’apprivoiser plus il disait le mot et mieux il la voyait comme si elle s’approchait ses phases se succédaient selon un cycle régulier plus ample que la seule alternance des jours et des nuits alors il vit le temps temps rythmé de sa propre existence alors il vit tout ce qu’était sa vie

159



Tu erres tu erres loin à l’intérieur des terres chemin de pluies et de vents froids le long des sentiers vagues, insolvables, qui descendent vers des grèves nocturnes Tu fais halte parfois dans les demeures de l’homme On te demande : « De quel vin es-tu ivre ? » Tu pousses un peu plus loin en rigolant sous cape Tu te plais à raconter ce monde comme à l’émigrant on raconte sa terre natale, le soir, autour de la table commune. Sans jamais demander à être cru. Chemin de pluies et de vents froids


162


163


164


Sacré cette ivresse qui émerge des traces Grains frottés du passé Quand les voix se sont tues Et que persiste ce silence Qui succède à l’effroi Que s’est-il passé Cette vie cette vie peut-être Cette trace folle Où tout nous est sacré

165


166


So

uv

en

irs

les de souv de la dé enirs la s nos p tresse sont les de omm eurs tot sr d e em ega jam e n de s im o s da gest rds e ais r s éba me n nse il n s le es éc t des onde hisse s h r o s m e a o d’e us a gre ng ent uffl é t s es ou n fai ppar du t s re e t i d m e de po e ps s nt u sb po r co âton tote sans ms m u do et f r co ma s de ute m n p a du ire t ma der luie rec om nde aux om ber r a n me l’a ux e uées nce ver s me se c prits nt alm ee td ou ce

167


104

168

427


568

604

RouTeS

Ce rythme ce lent Ces lignes électriques ces volées d’espace Tu levais le pouce en direction de Paris France Tu levais le pouce en direction de San Francisco Californie Tu levais le pouce vers Port Alberni sur l’île de Vancouver Le désert et la route aux portes de Tataouine Les taudis et la route dans les faubourgs de Bombay Les glaciers et la route dans les forêts de Jasper Ça continue ça continue ça continue Ça ne s’arrête pas tu ne t’arrêtes pas Ta ferveur s’accroît dans la folie bleutée Dans ce rythme ce lent Cette route toujours Où tu trouves ta vie Plus vaste qu’en toi-même

891

936

169


Chaînes brisées cadence première saute le mur Le jazz enroule déroule ses chorus Au centre tremblé des lumières Ne reste que ce rythme - la déferlante du possible Et cette note tue au creux de nos oreilles Qui donne entière figure à ce saisissement

170


171


172


Tant de nous demeure, gestes, paroles, derrière nous murmurant, instants suspendus, secrets dÊpositaires de nos absences

173


Gardien du paysage passeur des énergies dans sa laideur bienveillante un peu gauche sans doute il ressemble à un sourire un sourire dans la brume d’hiver le pylône Pour un peu on lui en voudrait tout de même de ses folles prétentions de Tour Eiffel du pauvre Pourtant son sourire est sans malice Alors on finit par admettre sa présence Pour un peu on le regarderait même avec un brin de sympathie le pylône

174


175


176


e con

n ta lig

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hor tre l’

pour

ie

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che repê

t l’

rne e

nte ille la

iel

r au c

che accro

177


178


Je n’étais pas programmé, hein, pour toutes ces folies terrestres. On ne m’avait rien dit, à moi. Je n’étais fait que pour observer. Mais comment ne pas prendre part à tant de beauté ? J’ai lâchement cessé d’émettre, omis de rendre compte de ma mission. Depuis que j’ai trouvé cet endroit je me contente de rouiller, tranquille, doucement caressé par les lianes et le parfum des orchidées.

179


Il faut mille regards pour soutenir le ciel et mille autres regards pour fabriquer un homme

180


181


>>> recomm

182

encement


183


>>> les

184

auteurs


qui?

norman wiener

jean-christian hunzinger

poète urbain

graphiste

Il est possible que Norman Wiener soit le nom de code d’un collectif de poètes défroqués. Il est tout aussi possible qu’il s’agisse d’un seul et même artiste, tendance hérétique, écrivant sous plusieurs noms d’emprunt. Mêlant les genres. Brouillant les pistes. Des essais ? Des romans ? De la poésie ? Sur les bases de données officielles plusieurs faits attestés ont toutefois pu être relevés : vagabond impénitent, notre homme aurait fréquenté dans les années 80 le poète Kenneth White avec lequel il aurait même fondé Les Cahiers de Géopoétique. La décennie suivante aurait vu Jacques Réda publier un certain nombre de ses récits dans les pages de la vénérable N.R.F-Gallimard. Envisageant le monde non comme obstacle mais comme hospitalité temporaire, l’auteur avance les concepts de dehors, de rencontre, de champs de coalescence. Entre slam urbain et koan zen, sa phrase serpente, toujours sur le fil. Chaque mot devient alors une pierre d’éveil.

Après un début de carrière plutôt « businesstechnologies », Jean-Christian Hunzinger tourne la page, retrouve sa passion de jeunesse pour la photographie et le graphisme qu’il se met à étudier passionnément. Major de promotion à la SAE-Paris, il fuit la Capitale pour s’installer dans les Alpes. Tout d’abord web designer (ce qui lui vaudra un Prix Wanadoo Net d’Or en 2002), il se concentre davantage sur le livre, le magazine et l’identité visuelle. Directeur artistique pour de nombreux supports, il est désormais recherché pour l’élégance de ses compositions graphiques. Il développe peu à peu un style identifiable entre tous. Nul coup de force ; tout va de soi. L’élégance de ses visuels sobres et intrigants propose de façon toute naturelle une esthétique qui stimule l’imaginaire sans jamais imposer de lecture univoque. Le mystère de ses compositions ne pèse pas. Car celles-ci sont moins des énigmes à résoudre que des sensations à éprouver. Il faut prendre part aux compositions de Jean-Christian Hunzinger comme l’on prend part à une expérience. Les questions qu’elles suscitent font partie du processus. Et comme chez tout artiste véritable, le but consiste moins à trouver des réponses qu’à tenir de telles questions ouvertes.

185


>>> table des

186

matières


pages

004 > 005

Préface

060 > 061

Circulation

130 > 131

Lumière

006 > 007

Commencement

062 > 063

Convergence

132 > 133

Mots

008 > 009

Éveil

064 > 065

Voyage

134 > 135

Destruction

010 > 011

Reflets

066 > 067

Installation

136 > 137

Aventure

012 > 013

Vibrations

068 > 069

Correspondance

138 > 139

Destination

014 > 015

Écart

070 > 071

Espace

140 > 141

Patience

016 > 017

Solitude

072 > 073

Cité

142 > 143

Échange

018 > 019

Fête

074 > 075

Totem

144 > 145

Envol

020 > 021

Écritures

076 > 077

Circonvolutions

146 > 147

Rencontre

022 > 023

Incompréhension

078 > 079

Exploration

148 > 149

Déchirure

024 > 025

Recyclage

080 > 081

Détresse

150 > 151

Légèreté

026 > 027

Refuge

082 > 082

Temps

152 > 153

Étincelles

028 > 029

Voix

084 > 085

Mort

154 > 155

Vision

030 > 031

Frontière

086 > 087

Chemin

156 > 157

Tempête

032 > 033

Accostages

088 > 089

Rire

158 > 159

Lune

034 > 035

Rivage

090 > 103

Pause

160 > 161

Dehors

036 > 037

Sensualité

104 > 105

Sauvage

162 > 163

Nomades

038 > 039

Vie

106 > 107

Terre

164 > 165

Sacré

040 > 041

Art

108 > 109

Ouverture

166 > 167

Souvenirs

042 > 043

Beauté

110 > 111

Ivresse

168 > 169

Routes

044 > 045

Connexion

112 > 113

Pulsations

170 > 171

Jazz

046 > 047

Pollution

114 > 115

Eau

172 > 173

Instants

048 > 049

Nuit

116 > 117

Signes

174 > 175

Pylône

050 > 051

Vérité

118 > 119

Réalité

176 > 177

Crépuscule

052 > 053

Blanc

120 > 121

Nature

178 > 179

Robot

054 > 055

Résonance

122 > 123

Cosmos

180 > 181

Regard

052 > 053

Liberté

124 > 125

Masque

182 > 183

Recommencement

056 > 057

Illusion

126 > 127

Sérénité

184 > 185

Les auteurs

058 > 059

Perspectives

128 > 129

Fluide 187


Copyright © 2009 Jean-Christian Hunzinger & Norman Wiener - Tous droits réservés



Qu’est-ce qu’une image lorsqu’elle n’est pas l’illustration d’un texte ? Qu’est-ce qu’un texte lorsqu’il n’est pas la légende de l’image ? Tout tient à la convergence, à la rencontre créative. Des images élégantes, intrigantes, avec ce mystère nomade et ce charme hybride qui fondent la nouvelle modernité d’aujourd’hui. Entre slam urbain et koan zen, le texte renvoie à l’installation visuelle qui en retour vient l’enrichir de son imaginaire. Une expérience pour les sens, un voyage pour l’esprit.


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