RR e n c o n t r e
Inès de la Fressange
Travelling 44 ● 30/3/2011
Caban en feutre, Chanel, 3 630 €. Robe en soie, Céline, 1 470 €. Ballerines Chips, en cuir verni, Roger Vivier, 450 €. Coiffure par Katia Mordacq pour L’Oréal Paris. Shampooing et spray décolle-racines Elsève Volume Collagène, laque Elnett Fixation forte.
Photos : Stefano Galuzzi pour L’Express Styles. Réalisation : Barbara Loison
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Inès de la Fressange Travelling parisien
La renversante Inès de la Fressange nous entraîne dans une promenade mode entre Saint-Germain-des-Prés, les quais de Seine, l’Opéra et Montmartre. Elle a confié au réalisateur de documentaires Loïc Prigent toute la « mythologie » de la Parisienne.
E
lle a un grain et de la beauté. Inès de la Fressange est le nouveau visage de L’Oréal et, à une échelle un peu moins globale, mais très parisienne, elle prête son énergie et un peu de son carnet d’adresses aux Galeries Lafayette (1), tandis que son livre La Parisienne, coécrit avec Sophie Gachet (Flammarion), est déjà un best-seller. Ambassadrice de la marque d’accessoires de luxe Roger Vivier, elle est aussi l’un des visages de la campagne printempsété du prêt-à-porter Chanel. Voilà pour les contrats. « J’ai changé, j’arrive à entrapercevoir de temps en temps que je peux avoir des défauts. J’ai du mal à l’accepter, mais la plupart de mes défauts, je les ai transformés en boulot. » Pour ce qui est de la personnalité, elle est toujours en ébullition, relativement folle, complètement inattendue, toujours prête à une bonne péripétie. Son premier livre, Profession Mannequin, en 2002, reste le plus drôle qui ait été écrit sur la mode. Inès de la Fressange, Parisienne ultime, connaît toutes les fines adresses, mais quel est son rapport à la vie de l’autre côté du boulevard périphérique ?
des bateaux. J’avais le rêve de Paris, l’impression que c’était là-bas que ça se passait. Quels sont vos premiers pas dans la capitale ? 왘 A l’époque, c’était plus difficile pour les provinciaux de venir à Paris que l’inverse. A l’école, à Mantesla-Jolie, les filles écoutaient Mike Brant et lisaient le magazine Fleur bleue. Moi, je prenais le train pour aller écouter J. J. Cale et les Stones à Paris : la culture n’était pas la même, alors qu’aujourd’hui les rapports Facebook lissent tout. Quelle Parisienne êtes-vous en province ? 왘 La Parisienne vient de province : les vrais Parisiens sont ceux qui ont rêvé de Paris, les Sud-Américains, les Italiens. Quand on a désiré Paris, on l’aime encore plus. Les premières fois que j’y suis venue, j’empruntais systématiquement l’axe Champs-Elysées et j’ai mis très longtemps à comprendre que ce n’était pas un passage obligé ! Quelle est votre province ? 왘 Le vendredi soir, je prends pendant deux heures quarante le Paris-Tarascon, une ligne inaugurée par Mireille Mathieu… J’y vais avec toute la smala : deux chiens, deux enfants, les copines des enfants. Les wagons silence sont interdits aux D’Urso-Fressange ! On campe près des porte-bagages, on apporte des sandwichs olive et tomate qui s’émiettent partout… Et à Tarascon, vous êtes toujours parisienne ? 왘 Le problème, c’est que les gens pensent que la Parisienne est à Paris : erreur, c’est un état d’esprit. Elle peut avoir 65 ans, avoir tout vu, mais elle garde un peu de frivolité pour dire des bêtises avec ses copines.
“La Parisienne vient de province. Les vrais Parisiens sont ceux qui ont rêvé de Paris”
On vous associe toujours à l’essence de la Parisienne, mais êtes-vous née à Paris ? 왘 Je suis née à Saint-Tropez, qui est un peu une banlieue de Paris ! Je vivais à Septeuil, dans les Yvelines. Pas du tout une enfance de Parisienne, je jouais au foot avec les garçons, j’avais les mains de la fille qui s’est trop frottée à l’écorce des arbres en y creusant
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“Les gens dans la rue m’appellent Inès, même quand ils ne me connaissent pas. Mais c’est sans la moindre agressivité”
Vous employez le mot copine ? 왘 Je le préfère à « amie », qui m’évoque « les amis des temps difficiles », qu’on peut appeler à 4 heures du matin, quelle horreur ! Moi, je suis Shiva. S’ils se comptent sur les doigts d’une main, j’ai 22 doigts ! J’ai très peu de problèmes avec les gens, et ça ne sert à rien de vieillir si on n’a pas un peu d’indulgence. A quoi ressemble votre bande parisienne ? 왘 Les amis de mes amis deviennent mes amis et quand, entre eux, ils deviennent amis, je suis fière d’eux ! Je ne suis pas possessive du tout. Je réalise que je vois des personnes qui ne sont pas forcément de ma génération ou de mon cercle. Je n’ai pas de clan Inès. A l’étranger, vous incarnez la Parisienne type… 왘 La recette est sans doute de mélanger le cher et le pas cher, le neuf et l’ancien, le teeshirt Monop’, le bracelet de joaillier, les sandales de Rondini qu’on ne trouve qu’à Saint-Tropez. Toutes ces associations qui nous paraissent évidentes et qu’on ne voit pourtant qu’ici. Veste en cuir, 1 196 €, On vous saute dessus dans top en soie, 1 241 €, la rue ? et jean en coton, Chloé, 295 €. A g., bracelet Serrure Ruban, 왘 Les gens m’appellent Dinh Van, 2 100 €, et bracelet Inès, même quand ils ne personnel. Bague en or et me connaissent pas. Sur améthyste, Adelline, 1 820 €. les tickets de pressing, il n’y a jamais écrit « de la Fressange » mais « Inès ». Les gens me parlent comme s’ils me connaissaient et je dois me concentrer pour savoir si c’est le cas ou pas. Mais c’est sans la moindre agressivité. J’ai une vie effectivement privilégiée, j’ai toujours dit que je détestais faire la cuisine et je n’ai jamais essayé de prétendre que j’étais comme tout le monde. En tant que Parisienne, qu’est-ce qui vous déplaît dans les villes de province ? 왘 Avoir H & M et la Fnac dans l’avenue principale, c’est très bien, mais une boutique qui n’existe nulle part ailleurs, c’est beaucoup plus fort. C’est dommage, ces enseignes où tout le monde achète la même
chose. Qu’on soit dans un centre commercial à Arles ou à Avignon, eh bien, c’est identique, alors que ces villes sont deux mondes en elles-mêmes ! Que n’aimez-vous pas chez la Parisienne en province ? 왘 Trop de meubles en teck dans le jardin avec de grands parasols blancs, vouloir mettre absolument plein d’herbe verte partout, l’énorme 4 x 4 alors qu’on n’est pas à la montagne, aller dans les marchés pour acheter des souvenirs, des chapeaux, les signes extérieurs de milieu social comme le short beige pour les hommes avec des chaussures bateau, l’abus de photophores : tout ça m’agace ! Tout comme les épiceries fines encouragées par les Parisiens en vacances : une épicerie, c’est une épicerie, mais la moutarde qui vient de la place Vendôme, ça m’énerve un peu. Le Parisien, mais l’Anglais aussi, peuvent encourager ça. Les barrières et les portails pour marquer la propriété, c’est aussi pénible. Quand ils rachètent une maison, le premier truc, c’est d’installer une grille avec un interphone, ça devient James Bond… Quel est le défaut de la Parisienne que vous pardonnez volontiers ? 왘 La façon de garer la voiture à la hussarde. Ça peut être agaçant, mais ça correspond à ma vision assez « kirazienne » de la Parisienne. Je l’imagine en double file, parce qu’elle a besoin d’un shampooing qu’on ne trouve que dans un endroit très précis, et que c’est une priorité absolue. En revanche, je n’aime pas ce besoin de dire qu’on a lu le dernier truc, vu le dernier film. De toute façon, je n’ai jamais vu ce dernier film et je ne comprends pas cette obsession selon laquelle il faut avoir un avis sur tout. ● Propos recueillis par Loïc Prigent
(1) Evénement « La Parisienne » aux Galeries Lafayette, dans toute la France. Du 30 mars au 26 avril.
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Parapluie, Guy de Jean, aux Galeries Lafayette, 55 €.
Veste en coton, Boss Black, 450 €. Marinière en coton, Claudie Pierlot, 130 €. Jean Butler, APC, 190 €. Ceinture Etrivière, en veau, Hermès, 685 €. Casquette Aby, en tweed noir, Maison Michel, 275 €. Maquillage par Jacques Clémente pour L’Oréal Paris. Fond de teint Infaillible pinceau n° 140, blush Accord parfait n° 240, crayon khôl n° 135, mascara Cil Architecte 4D, rouge à lèvres n° 381, poudre Glam Bronze mono Soleil universel.
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Trench en agneau, prix sur demande, pull en cachemire, 700 €, ceinture Etrivière, en veau, 685 €, le tout Hermès. Jean Butler, APC, 190 €. Pochette Diligence, en croco, prix sur demande, et ballerines Gomma, en daim, Roger Vivier, 350 €. A g., bracelets Etrivière et Colisée, en veau, Hermès, 414 € et 570 €. Maquillage par Jacques Clémente pour L’Oréal Paris. Fond de teint Infaillible pinceau n° 140, blush Accord parfait n° 240, crayon khôl N° 135, mascara Cil Architecte 4D, rouge à lèvres n° 381, poudre Glam Bronze mono Soleil universel. Coiffure par Katia Mordacq pour L’Oréal Paris. Shampooing et spray décolle-racines Elsève Volume Collagène, laque Elnett Fixation forte.
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Veste en toile de coton brodée, prix sur demande et manchettes en métal doré, 445 €, Lanvin. Chemise d’homme en coton, APC, 180 €. Pantalon en coton, Yves Saint Laurent, 650 €.
Sandales en cuir, Yves Saint Laurent, aux Galeries Lafayette, 615 €.
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Pull en laine, Chanel, 1 750 €. Tee-shirt en coton, Jil Sander, 160 €. Jean en coton, Gérard Darel, aux Galeries Lafayette, 135 €. Sac Hobo Miss Viv’, en cuir, Roger Vivier, 1 600 €. Lunettes en acétate, Chanel, 295 €. Sandales en cuir à plate-forme en bois, Chloé, 530 €. A g., bracelet Léa, en or jaune, Marc Deloche, 990 €. A dr., montre personnelle.
Coiffure : Katia Mordacq pour L’Oréal Paris. Maquillage : Jacques Clémente pour L’Oréal Paris. Assistant photographe : Lorenzo Del Francia. Assistante styliste : Pauline Roze. Production : Ghislaine Peraria.