NUL NE CRAINS n°122 de Juin 2020

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NUL NE CRAINS N° 122

Juin 2020

BULLETIN DE LIAISON DE L'AMICALE NATIONALE Du 22ème B.C.A et des troupes de montagne ; SIDI-BRAHIM de CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER.


SOMMAIRE 1. LE PRESIDENT Page 1

Le mot du Président.

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Coronavirus. 2. LA VIE DE L’AMICALE

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Les rois à l’amicale du 22ème BCA.

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Assemblée générale 2019.

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1920, le plébiscite du Schleswig.

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Procès-verbal de l’assemblée générale 2019.

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Rapport du vérificateur aux comptes. 3. DEVOIR DE MEMOIRE

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Tikjda (fin de la première partie).

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Les conférences.

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Hommage aux soldats de montagne. 4. LE CARNET

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Nos peines.

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Félicitations.

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Nos joies.

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Souvenir du bon vieux temps au 11ème BCA.

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Courrier des lecteurs.


Le mot du Président Politique et État ; les leçons de Carl Schmitt Il est notable de relever que trois des esprits les plus brillants de la philosophie contemporaine, Martin Heidegger, Carl Schmitt et Ernst Jünger, tous allemands et amis, ont fait, sans en mesurer toutes les implications, le lit du national-socialisme. Si le troisième, l’auteur en 1930 de La Mobilisation totale (Die totale Mobilmachung), reste à proprement parler en dehors du mouvement politique, tout en prônant une dictature implacable1, les deux premiers adhèrent à l’idéologie nazie, prenant la carte du Parti le 1er mai 1933. On n’a pas fini de s’interroger pour tenter de comprendre comment des esprits aussi intelligents et lucides ont pu servir une cause si peu défendable, mais cela ressortit des mystères de l’âme humaine. Si la philosophie de Martin Heidegger reste profondément abstraite et conceptuelle, celle de Carl Schmitt résonne d’une brûlante actualité de nos jours, et peut servir de fil rouge pour éclairer le temps présent et l’évolution de nos sociétés. Le 23 novembre 1932, quelques semaines avant la prise de pouvoir par Hitler, il prononce devant le grand patronat allemand une conférence2 décisive qui ralliera la grande industrie à la cause du Reich. Or que prône cet éminent juriste ? L'État total – État qui doit s'affirmer « total au sens de la qualité et de l'énergie »… Un État qui s'attribue « les moyens de la puissance ». Carl Schmitt renverse totalement l’hypothèse rousseauiste, fondatrice des sociétés « démocratiques », selon laquelle c’est un pacte, un libre engagement des hommes, qui sert de référent et de pilier à la vie politique. Le contrat, donc le droit, serait censé préexister à la politique, et donc à l’État. Selon Carl Schmitt, au contraire, la filiation s’établit comme suit : au commencement était la politique, manière de gérer les rapports humains dans la cité primitive, parce que la vie en communauté doit forcément être organisée, puis est venu l’État, l’une des expressions possibles de la politique, et enfin est venu le droit, qui n’est possible que dans le cadre des structures étatiques. « Le concept d’État, écrit Schmitt, présuppose le concept de politique. » L’État donc, fondement de toute société, se doit d’être doté de la plénitude de sa puissance. Pour paraphraser Machiavel, une référence constante 1

« La volonté de dictature totale se reconnaît dans le miroir d'un ordre nouveau comme la volonté de mobilisation totale » 2 « L’Union au long nom » 1


de Carl Schmitt, Il y a deux sortes d’États, ceux qui disposent de la puissance et ceux qui la subissent. Or l’État, pour justifier sa mainmise sur sa population et son autorité, a nécessairement besoin de se dresser face à une menace – on ne se pose qu’en s’opposant − et la politique se définit en dernière instance par la distinction de l’ami et de l’ennemi. Faire de la politique, c’est désigner son ennemi ; « La distinction spécifique du politique […], écrit Carl Schmitt, c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi. Elle fournit un principe d’identification qui a valeur de critère et non une définition exhaustive ou compréhensive. » Cette dialectique de l’ami et de l’ennemi justifie alors tout le reste, permettant notamment d’évacuer les dimensions morales et juridiques de la politique. Et la vie politique apaisée de nos démocraties conserve, au moins au niveau symbolique, les stigmates du conflit primitif. Dans nos joutes politiques le vocabulaire guerrier est omniprésent, de la mobilisation, des campagnes, des fronts, de l’assaut des bastions adverses aux capitulations. Si le ressort profond de la politique est donc la dialectique ami-ennemi, on comprend bien que l’acmé de cette action politique, c’est la guerre. On peut même soutenir, toujours selon Schmitt, qui rejoint par-là Clausewitz, que la guerre et la politique sont les deux faces d’une même réalité. Or le contrat social, dans nos sociétés postmodernes, a fait faillite. Par défaillance de l’État, incapable de remplir ses obligations. L’État contemporain, obèse mais impotent, contesté de l’intérieur par les lobbies, groupes de pression, ONG, juridictions diverses, Conseil constitutionnel, Conseil d’État, l’est également de l’extérieur, aussi bien par les instances supranationales que par la financiarisation et les géants du numérique. Il est à l’image de Gulliver, entravé et réduit à l’impuissance par les Lilliputiens. De sorte que ce prétendu contrat ne garantit plus ni la sécurité des citoyens, ni la paix publique, ni l’ordre intérieur, ni la justice, ni l’éducation, ni les frontières, ni tout ce qui peut constituer le « vivreensemble ». Schmitt livre ainsi un réquisitoire implacable contre le libéralisme. Les sociétés libérales-libertaires actuelles, entièrement vouée à la promotion de l’individu et de ses « droits inaliénables » ainsi qu’à la soumission aux minorités et « communautés », ont largement sacrifié l’intérêt général au profit de l’intérêt des plus puissants ou des plus influents, et le prétendu état de droit si souvent invoqué n’est plus qu’une coquille vide, puisque dans cette société sans frein ni contraintes, c’est la loi du plus fort qui s’applique. La liberté sans limite, c’est surtout la liberté du renard dans le poulailler. Dans une analyse pénétrante, Carl Schmitt démontre qu’il y a une incompatibilité ontologique entre le libéralisme et la démocratie puisqu’il y a contradiction entre l’intérêt général, fondement de 2


cette dernière, et les revendications individualistes portées par le libéralisme. Et c’est cette critique radicale de l’idéologie démocratique libérale qu’ont retenu nombre de penseurs de gauche, voire d’extrêmegauche, comme Gorgio Agamben, Toni Negri, Jacques Derrida ou Etienne Balibar. La volonté du libéralisme de noyer les conflits sociaux par un discours irénique où il n'y aurait plus de lutte au nom d’un consensus mou, celle d’évacuer la dimension tragique de l’histoire et des rapports sociaux, tendent à dépolitiser l’État et le réduire à sa seule fonction de gestionnaire. C’est en ce sens qu’il est l’ennemi de la démocratie dont le but, selon Alfred Sauvy, « n’est pas de s’entendre mais de savoir se diviser. » « Lorsqu’un peuple accepte qu’un tiers ou un étranger lui dicte qui est son ennemi, il cesse d’exister politiquement. Qu’un peuple n’ait plus la force ou la volonté de se maintenir dans la sphère du politique, ce n’est pas la fin du politique dans le monde. C’est seulement la fin d’un peuple faible. » Or c’est l’État fort, autoritaire, qui est le seul garant de la défense des plus démunis et des plus faibles. Seul l’État fort peut assurer la sécurité de tous, et exiger éventuellement le sacrifice suprême de ses administrés dans ce moment de vérité qu’est la guerre. Et pour que l’État soit fort, il lui faut désigner l’ennemi. « Sans ennemis, c’est la fin du politique et sans politique, c’est la fin de l’État. Sans État, il ne reste plus que l’économie et la technique. » Il suffit pour s’en convaincre d’observer les contorsions sémantiques de la classe politico-médiatico-juridique lors des attentats islamistes pour tenter de nous convaincre qu’il s’agit de l’œuvre de « déséquilibrés ». Quel qu’ait été le parcours personnel de Carl Schmitt, la puissance de sa pensée doit rester un aiguillon pour ceux qui sont appelés à réfléchir à l’évolution des sociétés post-démocratiques, et font de cet éminent juriste un contemporain capital. Jean-Pierre Martin PS : Ce texte a été écrit avant la crise du coronavirus. On mesurera qu’il n’a rien perdu de son actualité à la lumière du délabrement constaté de l’autorité publique.

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coronavirus Cher(e)s amicalistes, À l’heure où je vous écris, le bout du tunnel semble encore loin. Mais je tenais à vous assurer de toute l’amitié et la solidarité de toute mon équipe. Il est écrit que chaque génération est appelée à traverser une crise majeure au cours de son existence. Les soixante années de paix que nous venons de traverser nous ont fait oublier que l’histoire est tragique, et nous le rappelle à l’occasion. Les événements que nous vivons nous semblent inédits. Ils ne le sont pas. Ces tragédies récurrentes ont scandé l’histoire de l’humanité, et nous en connaîtrons d’autres, quel que soit le niveau scientifique et technique auquel nous parviendrons. Simplement l’injonction d’immédiateté du temps présent nous a fait perdre nos repères. Cette crise immense a au moins le mérite de nous rappeler quelques évidences, et met le doigt sur la faillite d’un système qu’on nous avait présenté comme le meilleur des possibles. Le fait qu’un pays comme la France ne soit plus capable de fabriquer des masques dont le coût de revient est de dix centimes est naturellement inadmissible. Ceux qui ont sacrifié tous nos savoir-faire, nos traditions, nos singularités au nom de la « mondialisation heureuse », de l’immigration de masse et du moinsdisant devront rendre des comptes. Des concepts que l’on croyait relégués dans les oubliettes de l’histoire reprennent corps, l’indépendance économique, l’État stratège, le retour des frontières. Si les virus n’ont pas de passeport, comme nous le précise obligeamment un ministre de la République, leurs porteurs en ont un. Restons soudés et intransigeants autour des véritables valeurs de toute société digne de ce nom, patriotisme, indépendance nationale, respect de la famille et de notre culture. Mes amitiés à toutes et tous. Jean-Pierre Martin

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2. La vie de l’amicale. LES ROIS A L’AMICALE DU 22E BCA C'est à l'invitation du président Jean-Pierre Martin et des membres du bureau de l'Amicale nationale du 22ème BCA qu'une trentaine d'amicalistes s'est retrouvée à la Maison du Combattant de Nice ce vendredi 10 janvier 2020 à 16h30 pour la traditionnelle cérémonie des voeux.

Après un discours très instructif sur l'origine de la tradition de la galette (ou de la brioche, selon les régions) le président invita chacun à se rapprocher de la table pour déguster le contenu des assiettes préparées par les "petites mains" du bureau arrosé d'un verre de cidre, voire de jus de fruit pour ceux qui le souhaitaient. Fidèle à sa fonction, la trésorière en a profité pour engranger un maximum de cotisations et d'inscriptions au repas de l'AG et a pu distribuer à ceux qui l'avaient commandé le tee-shirt jonquille de l'amicale (colis de réapprovisionnement arrivé la veille !!). Tout le monde a apprécié de se retrouver dans une ambiance sympathique où les conversations sont allées bon train, jusqu'à la "dispersion des troupes" vers 17h30. Un grand merci à l'équipe habituelle du bureau pour l'organisation de ces réjouissances, très appréciées des participants. Petit bémol : aucun membre de la municipalité n'est venu assister à cet évènement. C'est dommage ! Christine TREMOULET

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Assemblée générale 2019 L’assemblée générale ordinaire annuelle de l’Amicale nationale du 22e BCA et des troupes de montagne pour l'année 2019 s’est tenue à Villefranche-sur-Mer, le samedi 29 février 2020. Après l’accueil des participants avec café et petits biscuits de 9 à 10h, ceux-ci gagnèrent l’amphithéâtre où en présence de 42 membres actifs détenant 67 pouvoirs, quorum atteint, le président déclara ouverte l’assemblée à 10h. Parmi les personnalités présentes : - Monsieur Christophe Trojani, maire de Villefranche ; - Madame Monique Laugier, adjointe en charge du projet Citadelle ; - Monsieur Olivier Robaut, représentant le maire de Nice ; - Monsieur le lieutenant-colonel (er) Gérald Lacoste, représentant le maire d’Antibes-Juan-les-Pins ; - Monsieur le CBA ® Richard Kiss représentant le maire de Grasse ; - Monsieur le lieutenant-colonel (er) Daniel Favard, représentant le président fédéral de la FNAC ; - Messieurs les officiers généraux (2S) Alfred Morel, président départemental du Souvenir français et ancien président de l’amicale, Bertrand Vouillemin, ancien président de l’Amicale, Philippe Chatenoud et Pierre Avon ; - Monsieur l’adjudant-chef Henri Pommier, président fondateur de l’Amicale du Mentonnais et son fidèle porte fanion Yvon Improvisi, - Monsieur Valério Baroncini, président des Alpini de la Côte d’Azur ; - Monsieur Gérard Matelot président des médaillés militaires ; La Fédération des Soldats de Montagne devait être représentée par le lieutenant-colonel (er) Gérard Liebenguth, mais celui-ci a été contraint malheureusement de rester sur Grenoble… L’ordre du jour a été déroulé comme il se doit, en s’appuyant sur de nombreuses photos. A noter, car ce n’est pas fréquent en ces temps, que les effectifs de l’amicale sont croissants et qu’on note une forte affluence aux différentes activités. Le volet solidarité est également à souligner, avec l’adhésion à la FRESM, les dons pour l’entraide montagne et l’envoi de 130 cartes de vœux écrites par les élèves de l’école Jean Macé de Nice pour les soldats de montagne en opérations extérieures. A noter également les subventions du département (1.000€), de la ville d’Antibes (540€) et de la ville de Nice (2.500€). 6


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Le volet devoir de mémoire a été particulièrement fourni cette année, avec une participation à toutes les cérémonies patriotiques, sans oublier le rayonnement de l’amicale qui a été lui aussi particulièrement vigoureux grâce aux deux bulletins de liaison annuels, ainsi qu’aux conférences tenues par son président pour le public azuréen, et aux participations aux animations du parc départemental de la Grande Corniche. À noter également la cérémonie militaire organisée avec le Groupement de commandos montagne le 18 décembre au monument aux morts, ainsi que la réception qui suivit au Palais sarde. Enfin, temps fort de l’année écoulée, la remise du prix spécial du jury soldat de montagne au président de notre amicale Jean-Pierre Martin le 21 novembre à Grenoble. Dans le domaine des relations extérieures, il faut souligner la force des liens qui nous unissent aux Alpini de Mondovi, notamment à l’occasion du 8e anniversaire du jumelage avec nos amis transalpins le 1er septembre dernier au col de Tende. Pour ce qui est du volet convivialité et cohésion, le rendez-vous au fort de la Drette le 22 juillet a été tout particulièrement apprécié comme la sortie aux Calanques de Cassis le 12 octobre qui a été une réussite. Les projets majeurs retenus pour 2020 par le conseil d’administration de décembre 2019 : commémoration du centenaire de l’arrivée du 22e BCA à Nice le 20 juin, 80e anniversaire de la bataille des Alpes et 75e anniversaire des combats de l’Authion. Il a été ensuite procédé au renouvellement du tiers sortant, avec notamment la réélection à l’unanimité du président Jean Pierre Martin pour 3 ans… grand merci à lui !! Après la prise de paroles des personnalités il fut procédé à une sympathique remise de décorations FNAC par les lieutenants-colonels Daniel Favard, chancelier fédéral, et Georges Trémoulet, chancelier de l’amicale et 2e vice-président. A cette occasion Alain Barale, notre 1er viceprésident, fut décoré de la médaille d’argent avec rosette, catégorie portefanion, la plus haute distinction FNAC, amplement méritée. Nos félicitations à tous les récipiendaires. La séance fut levée à 12h30, après l’exécution de la Sidi-Brahim et des hymnes nationaux italiens et français. Les participants rejoignirent ensuite le marabout pour l’apéritif avant de prendre place autour des tables pour déguster le succulent repas concocté par notre traiteur habituel Michel Jocaille (Société « Fleurs de courgette »). 8


Et comme le veut la tradition, nous nous sommes retrouvés une bonne soixantaine à entonner les refrains sonnés par notre Major (er) Serge Carpentier. Cette sympathique journée se termina vers 16h avec le départ des convives avant que l’équipe organisatrice ne s’affaire pour tout ranger et remballer le matériel. Il est à noter que cette année il n’a pas été possible de disposer du chapiteau la veille pour la mise en place comme habituellement et qu’il a fallu venir très tôt pour que, ce samedi matin, tout soit en place pour 9 h… et ce fut le cas !! Et comme en plus la météo a été favorable, contrairement à ce qui était annoncé, ce fut une très bonne journée !

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1920, le plébiscite du Schleswig Je voudrais, en préambule, évoquer une page d’histoire certes ancienne, mais d’une certaine actualité, comme vous allez le découvrir. C’était il y a un siècle. En 1920. À la suite du traité de Versailles, qui avait remodelé de manière inédite la carte de l’Europe, créé dix nouveaux États, modifié en profondeur la répartition des peuples, se posait le problème de certains territoires aux nationalités mal définies, mosaïques de peuples qui s’ignoraient ou se détestaient. Parmi ces territoires contestés, le Schleswig-Holstein.

En 1864, un conflit sanglant, dit guerre des duchés, avait opposé une coalition austro-prussienne au petit royaume du Danemark. Écrasés malgré une résistance valeureuse, les Danois durent céder aux Allemands le duché du Schleswig et le port de Kiel, et à l’Autriche celui du Holstein. À l’issue de la Première guerre mondiale en 1918, le Danemark demanda aux alliés le droit d’organiser un plébiscite en vue de récupérer les duchés perdus en 1864. La Conférence de Paix de 1919 l’acta. Trois zones furent définies : les zones 1 et 2 couvraient respectivement le nord et le sud de l’ancien duché du Schleswig, tandis que la zone 3 représentait l’ancien duché de Holstein. Le Danemark ne revendiqua pas de droits sur la zone 3, qu’il considérait comme vraiment allemande ; deux plébiscites furent 10


organisés, l’un pour la zone 1 et l’autre pour la zone 2. À la suite du résultat favorable du plébiscite, la zone 1 fut officiellement rattachée au Danemark le 15 juin 1920. Elle est devenue le département du Jutland du Sud, aujourd’hui région du Danemark-du-Sud. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est que ces référendums furent organisés sous l’égide des armées françaises et britanniques, et pour ce qui nous concerne par le 22e BCA. Commandés par le chef de bataillon de Soyer, les chasseurs d’Albertville, à peine remis des souffrances de la Grande Guerre, sont chargés au côté du régiment anglais First Sherwood Forester et couverts par la marine britannique, de préparer le terrain à la Commission du plébiscite, en protégeant le vote et en s’interposant entre les populations. Composé de quatre compagnies de voltigeurs, deux compagnies de mitrailleuses, une section hors-rang et l’échelon auto, le bataillon s’embarque du 18 au 20 janvier à destination de Haderslev et Sönderborg, cantonnements pour la durée des opérations.

20 juin 1920 arrivée du 22 à Nice Les chasseurs, dont la plupart n’a pas connu l’épreuve du feu, découvrent avec étonnement ces populations danoises aux mœurs en définitive très méridionales, exubérantes, pleines d’entrain, et qui réservent le meilleur accueil à nos soldats. S’il est vrai que dans le sud, où les germanophones sont majoritaires, la réception est plus froide, dans le Schleswig du nord, c’est avec des transports d’enthousiasme que nos chasseurs sont reçus, venus les libérer de l’oppression teutonne. 11


La réussite de cette mission, la première peut-être mission d’interposition de l’histoire, est exemplaire. Alors que l’on redoutait des débordements, les deux plébiscites, celui du 20 février dans la zone I, à l’occasion duquel 75% des électeurs se prononcent pour la souveraineté danoise, et celui du 14 mars, où 80% des consultés optèrent pour la nationalité allemande, se déroulèrent sans aucun incident. Après les violences sans nom de la Grande Guerre, une crise régionale a pu être réglée par la médiation internationale sans heurts, sans exactions, sans ressentiment. L’entregent des chasseurs, leur sens de la relation humaine, leur esprit d’initiative, ont contribué pour une bonne part à ce succès. Le 6 juin 1920, le 22e BCA faisait ses adieux au Danemark. Une émouvante cérémonie militaire avait précédé ce départ, à l’occasion de laquelle le roi Christian X remit aux officiers du bataillon la médaille commémorative du Schleswig, tandis que lui-même était fait sergent d’honneur du 22e BCA. Le port de débarquement du 22 sera Nice, la nouvelle garnison qui sera désormais la sienne. Troquant le ciel plombé du Jutland pour les rivages rieurs de la Méditerranée, les chasseurs ne durent pas s’en plaindre !

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PROCÈS VERBAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE 2019 DE L’AMICALE DU 22E BCA ET DES TROUPES DE MONTAGNE L’assemblée générale ordinaire annuelle de l’Amicale nationale du 22e BCA et des troupes de montagne pour l'année 2019 s’est tenue à Villefranche-sur-Mer, le samedi 29 février 2020. Le président ouvre les débats d’une introduction dont le texte est diffusé par ailleurs.Il a été ensuite procédé au pointage des membres actifs présents (42) et des pouvoirs (67); le résultat étant supérieur au quorum fixé par les statuts (¼ des 180 membres à jour de leur cotisation 2019), l’assemblée générale est déclarée ouverte à 10h. L'assemblée est présidée par M. Jean-Pierre Martin en sa qualité de président. Le président remercie la municipalité pour son accueil et son soutien très conséquent à l'occasion de nos deux rassemblements annuels : prêt du chapiteau et de l'auditorium. Enfin, le président salue et remercie les personnalités présentes : - Monsieur Christophe Trojani, maire de Villefranche ; - Madame Monique Laugier, adjointe en charge du projet Citadelle ; - Monsieur Robaut, représentant le maire de Nice; - Monsieur le lieutenant-colonel Gérald Lacoste, représentant le maire d’Antibes-Juan-les-Pins; - Monsieur Richard Kiss représentant le maire de Grasse; - Monsieur le lieutenant-colonel (h) Daniel Favard, représentant le président fédéral de la FNAC; - Monsieur le général Morel, président départemental du Souvenir français; - Monsieur le général Vouillemin, ancien président de l’Amicale; - Monsieur l’adjudant-chef Pommier, président fondateur de l’Amicale du Mentonnais; - Monsieur Baroncini, président des Alpini de la Côte d’Azur; - Gérard Matelot président des médaillés militaires ; - Messieurs les porte-fanions des amicales chasseurs du département ; - Tous les amicalistes présents, notamment ceux venus de l'extérieur du département et parfois de loin. Il est ensuite rendu hommage aux cinq amicalistes disparus en 2019, Yves Pellegrin le 27 janvier, Claude Ammirati le 17 mars, Patrick Gaston le 19 mars, Pascal Bois le 4 novembre, Louis Plumeau le 25 novembre. 13


A l’issue de la minute de silence, le président demande à l’assemblée d’avoir une pensée pour tous les proches de nos disparus. Le président rappelle ensuite l’ordre du jour : rapport moral, rapport d’activité, rapport financier, rapport du vérificateur aux comptes, approbation du dernier conseil d’administration, prises de paroles des personnalités. Puis il donne lecture de son rapport moral 2019 par rapport aux objectifs statutaires de l'amicale : - Il se félicite de la croissance de nos effectifs, 17 arrivées pour 8 départs (cinq décès, une radiation, deux démissions), soulignant notamment une meilleure adhésion au projet et participation en hausse à nos activités, ce dont témoigne la forte affluence à nos différentes activités. - Le volet solidarité est globalement satisfaisant, avec la participation à la journée des blessés de la 27e BIM et les dons pour l’entraide montagne. Les anniversaires de nos adhérents sont régulièrement célébrés par notre dévoué 1er vice-président Alain Barale. Une action particulièrement emblématique : la remise de 130 cartes de vœux écrites par les élèves de l’école Jean Macé de Nice pour les alpins en opération extérieure. - Concernant les finances, à noter les subventions du département (1.000€), de la ville d’Antibes (540€) et de la ville de Nice (2.500€). Le rapport moral étant adopté à l’unanimité, suit la lecture du rapport d’activité. - Le volet devoir de mémoire a été particulièrement fourni cette année, avec une participation à toutes les cérémonies patriotiques : 27 janvier : holocauste ; 8 mai : commémoration à Nice, Antibes et Villefranche ; 29 mai: commémoration de la victoire de Narvik à Nice ; 28 juin : journée de la mémoire de la Grande Guerre au CUM ; 14 juillet : vallée de la Vésubie (Roquebillière, Belvédère, Saint-Martin) ; 24 août : libération d’Antibes ; 28 août : libération de Nice ; 29 août : libération de Villefranche ; 12 septembre : 4e journée du monde combattant au fort de la Drette ; 14 septembre : inauguration du camp des Fourches restauré par le Conseil départemental ; 26 septembre : Sidi-Brahim au Jardin des chasseurs à Nice ; 20 octobre : Malmaison à Villefranche ; 2 novembre : hommage aux chasseurs tombés pour la France au cimetière de Caucade ; 14


7 novembre: dîner-débat sur la guerre d’Algérie au Gambetta ; 11 novembre : centenaire de la victoire à Nice, Villefranche, Antibes et Briançon ; 5 décembre : commémoration des combats d’Afrique du Nord. - Le rayonnement de l’amicale a été lui aussi particulièrement vigoureux, notamment grâce aux deux bulletins de liaison annuels, ainsi qu’aux conférences tenues par son président pour le public azuréen, aux participations aux animations du parc départemental de la Grande Corniche. À noter également la cérémonie militaire organisée avec le Groupement de commandos montagne le 18 décembre au monument aux morts, ainsi que la réception qui suivit au Palais sarde. Enfin, temps fort de l’année écoulée, la remise du prix spécial du jury soldat de montagne au président de notre amicale le 21 novembre à Grenoble. - Dans le domaine des relations extérieures, il faut souligner la force des liens qui nous unissent aux Alpini de Mondovi, notamment à l’occasion de l’anniversaire du jumelage avec nos amis transalpins le 1er septembre dernier au col de Tende. Notre délégué Gianluca Ciceri nous a dignement représenté à la fête des Alpini au Gran Sasso. Notre section briançonnaise a quant à elle été présente le 4 octobre à Savone, ainsi que le 5 novembre à Novalese pour l’hommage au soldat inconnu. - Pour ce qui est du volet convivialité et cohésion, le rendez-vous au fort de la Drette le 22 juillet a été tout particulièrement apprécié de tous. La sortie aux Calanques de Cassis le 12 octobre a été une réussite. Deux événements sont particulièrement emblématiques de notre esprit d’équipe, la remise de la croix de combattant de la guerre d’Algérie à Georges Vergès le 11 novembre à La Colle-sur-Loup, et celle de la Légion d’honneur à André Avigdor le 23 novembre à Antibes. En conclusion, le président présente les projets majeurs retenus pour 2020 par le conseil d’administration de décembre 2019: commémoration du centenaire de l’arrivée du 22e BCA à Nice le 20 juin, 80e anniversaire de la bataille des Alpes et 75e anniversaire des combats de l’Authion. Est également validée la poursuite du projet de partenariat avec la ville de Villefranche concernant la création d’un lieu de mémoire des chasseurs à la Citadelle. Enfin, le webmaster de l’amicale, André Avigdor, nous fait visiter en live le site internet : www.amicale22.fr, avec les différents liens renvoyant notamment à l’ancien site. Le rapport d’activité est approuvé à l’unanimité. 15


La trésorière générale, Christine Trémoulet, prend ensuite la parole pour le rapport financier 2019: - Le bilan de l’année écoulée est satisfaisant, avec un montant des dépenses de 15.981€ pour des recettes s’élevant à 16.273€, soit un excédent de 292€. L’avoir sur notre livret A s’élève à 19.019€. Le bilan détaillé figure en annexe. Par ailleurs des dons d’un montant de 1.102€ figurent dans nos actifs. Le foyer a généré un chiffre de 1.288€. - L’examen du budget prévisionnel 2020 est équilibré; les subventions 2020 ont été demandées en temps utile. - La valeur du stock foyer s’établit à 2.278€. - Le budget prévisionnel 2021 s’élève à 13.670€. - Christine Trémoulet apporte ensuite quelques précisions. Le bilan du bénévolat s’établit à 4.765 heures, soit l’équivalent de 47.650€. Mr Paul Bestozo, notre vérificateur aux comptes, rend son rapport (voir annexe jointe) qui montre que la comptabilité 2019 affiche une tenue sérieuse des comptes par Christine Trémoulet, la trésorerie 2019 étant rigoureusement exacte et conforme aux règles. En conclusion, Mr Paul Bestozo demande que le rapport financier soit approuvé et que quitus soit donné à la trésorerie. Approuvé à l'unanimité. Conformément à l’ordre du jour, le président aborde le chapitre administratif avec le rappel de la liste des membres qui étaient chargés de l'Administration de l'amicale en 2019. À la date de l’assemblée générale, notre association compte 197 membres dont 187 cotisants. COMPOSITION DU CONSEIL D’ADMINISTRATION 2019 : 20 dont : - COMPOSITION DU BUREAU 2019 : 6 Président : Jean Pierre Martin 1er vice-président et délégué Vésubie : Alain Barale 2eme vice-président et chancelier : Georges Trémoulet Trésorière générale et secrétaire adjointe : Christine Trémoulet Secrétaire générale et trésorière adjointe : Michelle Avigdor Webmaster : André Avigdor - CONSEILLERS : 6 Amision Marie co-responsable foyer Amision William responsable foyer 16


Combe Franc Ghérardi Fabrice Icardo Laurent Liebenguth Gérard

délégué des anciens chasseurs du Mentonnais porte-fanion de l’amicale du 24ème BCA conseiller BAF et porte-fanion conseiller région grenobloise

- DÉLÉGUÉS RÉGIONAUX : 8 Alain Barale : Vésubie Bernard Botéculet : Deux Savoies Robert Haefélé : Alsace Gérard Hallé : Lorraine Daniel Rocher : Briançonnais Jean-Luc Touzeau : Vendée Daniel Thiery : Hérault J-Marie Bouthors : Bourgogne PRÉSIDENTS HONORAIRES : Général Vouillemin, Général Morel, Lieutenant-colonel Liebenguth. HORS CONSEIL ADMINISTRATION : 1 Paul Bestozo, vérificateur aux comptes Le président demande ensuite à l’assemblée générale de voter pour : - valider le renouvellement du 1/3 sortant: 4 membres du bureau : JeanPierre Martin, Fabrice Ghérardi, Jacques Bonavita, Marie Amision. - valider les décisions statutaires (nouveaux adhérents, démissions, radiations, suspensions bulletin) prises lors des 2 réunions annuelles du conseil d'administration au cours de l'année 2019 (juillet et décembre), Toutes ces propositions sont entérinées par l’assemblée générale à l’unanimité. Notre président Jean-Pierre Martin est donc reconduit pour trois ans dans ses fonctions. L’assemblée entérine également l'adhésion des 17 nouveaux amicalistes: - 1901 – Gourdet Roland - 1902 – Ragon-Serini Marie-Ange - 1903 – Muratore Antoine - 1904 – Prin-Derre René - 1905 – Pujalte Guy - 1906 – Scordino Guy - 1907 – Ciais Bernard - 1908 – Roda Valérie 17


- 1909 – Ménard René - 1910 – Cothonay Maurice - 1911 – Hajnik Joseph - 1912 – Schiele Marc - 1913 – Rocher Roland - 1914 – Marty Robert - 1915 - Fayolle Eric - 1916 - Gasco Robert - 1917 - Dany Pierre L’assemblée prend acte des deux démissions enregistrées : Michel Bonavita et Jacques Raffini Ainsi qu’une radiation : Louma Abdelkader Toutes ces propositions sont approuvées à l’unanimité La nomination du capitaine (h) Jean-Baptiste Patrone en tant que membre d’honneur est approuvée. La liste des personnes chargées de l'administration pour l'année 2019 figure dans le formulaire CERFA n° 13971*03 joint en annexe. Pour terminer, il faut également mentionner les nombreuses distinctions dont la FNAC a honoré certains de nos amicalistes très méritants : I /POUR LES SYMPATHISANTS - LETTRE DE RECONNAISSANCE FÉDÉRALE De Simone Nicole (FNAC Lyon) - MÉDAILLE DE BRONZE Amision Marie II/ POUR LES CHASSEURS a/ DIPLÔME D’HONNEUR FÉDÉRAL Bastien Claude Baudouin Jean-Claude Bévillard Maurice Blanc Amédée Colonel Borra Claude Brun Michel Corallo Marc Dunan Philippe Général Duplan Pierre Fossoud Marc Gandolphe René 18


Ghebali Olivier Gillet Michel Colonel Guirandy Christian Jacquey Jean Lefevre-Sory Roger Marchand Gilles Nigretti Gérard Pages Jean Pintos François Rodière Gilbert Santini Lucien Tron Eric b/ MÉDAILLES - MÉDAILLES DE BRONZE (>6ans à l’amicale) Delaygue Fernand Héraudet Marcel Matelot Gérard Mouries Roger Colonel Petitot Claude Général Chatenoud Philippe (Promotion 2019) Chef de bataillon Kiss Richard (promotion 2018) - MÉDAILLES D’ARGENT (>12ans à l’amicale) Veyrat-Parisien René - MÉDAILLES D’ARGENT AVEC ROSETTE (>17ans à l’amicale, 10 pour toute la France) Haefelé Jean-Robert III/ POUR LES PORTE-FANION CHASSEURS - MÉDAILLE D’ARGENT1ère PALME Ramo François -MÉDAILLE D’ARGENT avec ROSETTE Barale Alain Toutes les questions de l’ordre du jour ayant été abordées, le président donne la parole aux personnalités présentes pour clôturer l’assemblée générale. - Monsieur Christophe Trojani, maire de Villefranche-sur-Mer, fait le point du projet Citadelle, et nous confirme l’attribution d’un local destiné à la mémoire des troupes alpines. 19


- Le général Bertrand Vouillemin exprime sa satisfaction pour le dynamisme de l’association. - Son propos est prolongé par celui de Daniel Favard au nom de la FNAC. - La parole est ensuite donnée aux généraux Morel, Avon et Chatenoud. La séance est levée à 12h30, après l’exécution de la Sidi-Brahim et des hymnes nationaux italiens et français. A Nice, le 1er mars 2020

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Rapport du vĂŠrificateur aux comptes

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3. Devoir de mémoire. Tikjda, suite et fin de la 1ère partie IX/ Les gardes Le blessé Avec trente chasseurs, nous sommes chargés de la garde du fort de la Drette et de son contenu d’explosifs dangereux. La consigne impérative est de maintenir en permanence deux sentinelles armées à chaque extrémité du fort et d’assurer la présence continue d’une demi-section prête à intervenir, à l’intérieur des locaux. L’autre moitié participe dans la journée, à des exercices sur les terrains environnants. L’instruction des « bleus » ne doit pas cesser ! Ces exercices sont une distraction qui change des corvées du fort. Les chasseurs en sont friands. J’ai repéré dans la forêt proche, un endroit propice : c’est un vallon profond, isolé au milieu d’un enchevêtrement de buissons épais. Un sentier étroit serpente au fond. Je laisse le sergent Jehel avec son groupe pour assurer la protection du fort. Avec le groupe du sergent Delleaux nous allons exécuter une manœuvre d’embuscade sur le terrain. Les chasseurs sont en tenue de campagne, avec armes. Les fusils sont chargés de cartouches à blanc3. Delleaux conduit les marcheurs qui doivent parcourir un itinéraire précis. Je mène le peloton qui va se dissimuler, surprendre et attaquer les marcheurs. Même Delleaux ne sait pas où nous sommes embusqués. L’accrochage survient, les chasseurs jouent le jeu. Les coups de feu éclatent, les hommes agressés ripostent. Détonations énormes ! Ça se termine par de joyeux combats, corps à corps, où les horions ne sont pas exclus. L’exercice fini, nous rejoignons le fort. Je remarque que le chasseur Brahim boitille, un peu de sang sur son pantalon. Dans le feu de l’action, un « ennemi » lui avait tiré à bout portant dans la fesse. J’avais pourtant fortement insisté sur le danger de ce genre de cartouche et indiqué qu’il fallait tirer en l’air. Son « agresseur » était le chasseur « Aïssa», Algérien comme Brahim. Au fort, j’inaugure l’infirmerie. Au milieu de la pièce, se trouve une véritable table d’opération. Le blessé y est couché sur le ventre, le pantalon baissé. Je demande à Aïssa de m’assister comme infirmier. Il n’en mène pas large. La blessure est bénigne. Sur un centimètre carré 3

Cartouche à blanc : Cartouches dans lesquelles les balles sont en bois et sont censées brûler lors du tir qui produit beaucoup de bruit et de fumée. 23


dans le gras du postérieur, une gerbe de petites brindilles de bois ont pénétré de quelques millimètres. Je les extrais une à une, à l’aide d’une pince à épiler. Brahim, émet chaque fois un léger gémissement. Aïssa, me passe le coton imbibé de liquide antiseptique. Il sue à grosses gouttes. Le spectacle est comique, selon les témoins. Je libère Brahim qui est accueilli comme un héros. Il ne boite déjà plus. Je condamne Aïssa à une peine de prison pour désobéissance. Les « locaux de punition » du fort sont de sinistres geôles. Je lève la sanction au bout d’une heure. Les mutins A 3h du matin, je suis réveillé en sursaut par des détonations à l’extérieur du fort. J’imagine une attaque, un accident…. Je me précipite au dehors et tombe sur le sergent Jehel qui rengaine son pistolet et déclare : « Ces maudits greffiers, ils nous faisaient une sarabande infernale depuis deux heures et nous empêchaient de dormir. Maintenant nous sommes tranquilles ! ». Je regarde dans le fond du fossé qui entoure le fort et aperçois les cadavres de cinq chats. Je réprimande le sergent et vais donner l’ordre au cuisinier de nous débarrasser des dépouilles. Quelques jours après, je constate qu’au menu du déjeuner figure un plat cuisiné : du « lapin aux olives », spécialité du chef, qui a interprété à sa façon, mes ordres. Je ne doute pas une seconde : ce sont nos matous, transformés en civet. Les chasseurs trouvent ce plat à leur goût, ça change du rata habituel ! Dans les conversations on entend plusieurs fois le mot « chat ». Au rassemblement suivant, je remarque une agitation inhabituelle. Le sergent Delleaux m’informe que les musulmans se sont groupés dans un coin de la cour, refusant d’obéir et souhaitant me parler. Je m’approche du groupe. Brahim, encouragé par ses amis, vient dans ma direction. Il m’explique « Vous nous avez fait manger du chat en nous faisant croire qu’il s’agissait de lapin. Dans notre religion, le chat est un animal sacré. C’est un crime de le tuer et de le manger. » Je réponds « Oui, vous avez raison, c’était bien du chat. Vous avez été trompés. Nous ignorions cette règle de votre religion qui est peu répandue chez nous. Je pense, que comme vous ne saviez pas que vous mangiez du chat, vous n’avez pas commis volontairement le crime dont vous parlez. Allah vous pardonnera ! » Brahim rejoint ses camarades. Après quelques pourparlers, ils vont sagement avec les autres chasseurs.

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Le général Nous sommes dimanche à l’heure de la sieste. Ciel immaculé. La Méditerranée et ses plages de rêve sont à deux kilomètres à vol d’oiseau. Nous sommes de corvée de garde au fort de la Drette. Je discute à la porte avec la sentinelle. Une voiture noire s’approche et s’arrête devant l’entrée. En sort, le général Cluzet commandant de la place de Nice. Il me reconnaît. Il fait une ronde inopinée afin de vérifier, lui-même, si les consignes sont bien respectées. Il constate que les sentinelles sont à leur poste, que le fort est occupé par un effectif d’hommes armés satisfaisant, qu’un officier est présent. Les tonnes d’explosifs qui pourraient détruire la ville de Nice sont bien gardées ! Il se déclare satisfait et reprend le cours de ses inspections…. Je suis admiratif. Ce glorieux soldat qui, au soir d’une brillante carrière, pousse le sens du devoir et le dévouement jusqu’à sacrifier les plaisirs d’un dimanche après-midi à Nice, avec pour seul témoin un petit souslieutenant de réserve.

X/ Les manœuvres Je suis chargé d’organiser les prochaines manœuvres de la compagnie. Cet exercice militaire durera deux jours et deux nuits. Nous devrons parcourir à pied soixante kilomètres, par un itinéraire mixte routes25


sentiers, dans l’arrière-pays niçois. Les 120 hommes de la compagnie partiront armés, munitions et vivres pour les deux jours. Je suis secondé dans cette tâche par l’adjudant Montagioni qui a déjà participé à cette sorte de manœuvre et connait parfaitement le pays. Montagioni est sous-officier de carrière, responsable des sports du bataillon. A ce titre, il aide les chefs de section lorsque l’activité relève de « l’éducation physique militaire » (EPM), soit gymnastique, athlétisme, marche, course, cross, parcours du combattant, combat rapproché etc. Très sportif, il est lui-même expert en ski, alpinisme. Il est ceinture noire de judo, karaté …. Il est de petite taille (moins d’un mètre 65) mais possède une grande résistance et une force peu courante. Travaillant sur carte, nous arrêtons notre projet d’itinéraire à parcourir : Nice- Levens-Saint Jeannet, le retour se faisant en camion. Nous prenons contact avec les municipalités qui accueilleront nos campements. A Levens, c’est le sénateur-maire qui nous reçoit, monsieur Raybaud. Ancien chasseur alpin, il est heureux d’avoir dans sa ville une compagnie du 22. D’autant plus que le soir même de notre passage, un grand bal est prévu. Il compte sur les chasseurs pour servir de cavaliers aux jeunes Levensoises. Il nous affecte un pré à proximité de la ville, où nous pourrons monter nos tentes. Le maire de Saint Jeannet nous propose de camper sur un plateau s’étendant au nord du « Baou », mont escarpé qui domine la ville. Il nous signale que la face sud du dit Baou offre une falaise avec plus de 200 voies d’escalade assez difficiles. L’escalade ne fait pas partie de notre programme d’instruction. Montagioni a eu maintes fois l’occasion de « grimper » sur ces rochers. Revenus à la caserne, nous obtenons l’accord du commandant Baysang sur notre projet. 1er jour de manœuvres : La météo est au beau fixe. Il est 8 heures, nous partons à pied de la caserne. 120 chasseurs forment une longue colonne et marchent en silence dans les rues de Nice. Malgré la lourde charge pesant sur leurs épaules, ils progressent rapidement. Après deux heures, nous abordons les sentiers qui montent vers le mont Macaron. Le rythme ralentit. Nous atteignons le sommet (806 m), c’est un belvédère d’où l’on découvre toute l’agglomération de Nice et la baie des Anges, les collines boisées de l’Estérel ; vers le sud, à l’horizon marin, on devine la Corse. 26


Arrêt casse-croûte bien mérité, nous marchons depuis plus de trois heures. L’après-midi nous reprenons la progression vers notre objectif en redescendant au fond d’un vallon. Nous contournons les petits villages de Laval et Sainte Claire. Les sacs se font lourds. Nous approchons des faubourgs de Levens. Le capitaine ordonne un arrêt : mise en ordre des tenues, changement de dispositif, nous allons défiler en traversant la ville, marchant au pas et en chantant. Je remarque que, sur les affiches signalant le « grand bal » de ce soir, a été ajouté un poster indiquant la présence d’une compagnie de chasseurs alpins. Nous allons prendre possession du terrain qui nous a été alloué. Il se pare rapidement de soixante tentes bien alignées. Les chasseurs ajustent leur uniforme, briquent leurs chaussures tout en dévorant le contenu de nos boîtes de rations militaires. L’heure du bal arrive, les hommes sont prêts. Nous nous dirigeons vers la grande place du village où nous sommes ravis de voir des haies de jeunes filles. Il n’y a pas d’orchestre mais de gros haut-parleurs et un animateur qui dispose de nombreuses piles de disques. Des lampadaires illuminent la piste. Monsieur le maire nous attend. Il paraît heureux, grâce à nos chasseurs, une large présence masculine est assurée. Le maire craignait le manque d’hommes : la plupart des jeunes gens de vingt ans de la ville et des environs sont en Algérie (c’est ce qui nous attend dans quelques mois, il faut profiter du moment présent). Le bal est un grand succès. Je suis surpris de l’énergie de mes chasseurs qui, aujourd’hui n’ont pas économisé leurs efforts. Le capitaine Rock note « Nous ne les avons pas assez fatigués ». Les officiers rejoignent leur tente et laissent les hommes se distraire. Au compteur : vingt-sept kilomètres : Nous ferons mieux demain. 2ème jour de manœuvres : Six heures, réveil au clairon. Sept heures, départ direction sud-ouest. Après quelques kilomètres, nous apercevons la vallée du Var qui serpente entre deux versants de collines boisées. Nous sommes sur la rive gauche et traversons des oliveraies et cultures florales. L’autre côté paraît plus sauvage. Juchés sur les éminences nous observons les villages perchés (Carros, Gattières). Nous suivons une succession de petites routes et de sentiers qui nous rapprochent progressivement du creux de la vallée.

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Montagioni nous a réservé une surprise. Après un rude cheminement au milieu d’une végétation sauvage, nous nous trouvons au fond d’une gorge : Le Vallon du Donareo. Sur une distance de deux kilomètres, nous marchons entre deux murs de dix à quinze mètres de haut, d’où tombe une végétation particulière (mousses, lianes, lierres). Une rigole d’eau coule entre les rochers. Parfois, cette gorge se rétrécit : nous pouvons toucher les deux faces en étendant les bras. Puis, nous débouchons sans transition dans la plaine, à quelques kilomètres du fleuve. Nous atteignons les berges. Le Var coule entre deux digues distantes de vingt-cinq à trente mètres, et serpente au milieu des galets. Il apparaît sous la forme de filets d’eau s’entrecroisant. (Nous sommes en juillet). Nous décidons de traverser le fleuve à gué et de faire la pause déjeuner sur les galets. Certains chasseurs n’hésitent pas à utiliser quelques piscines naturelles pour prendre un bain, tout habillés. Nous reprenons la marche. Nous passons sur l’autre versant, traversons le village de Gattières et montons directement par un abrupt sentier jusqu’au sommet du Baou de la Gaude. Arrêt émouvant à un « gros chêne », témoignage moyenâgeux du troisième millénaire. Puis après une descente dans un vallon, suivi d’une montée, nous atteignons le plateau du Baou de Saint-Jeannet, notre point d’arrivée. Nous avons parcouru trente kilomètres et marché plus de 7 heures.

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Nous sommes au milieu d’un paysage désertique. Quelques rares chênes et des broussailles réussissent à croître sur un plateau karstique. On y trouve des dolines et lapiaz perdus au milieu d’une mer de roche. Des ruines de bergeries et bories subsistent. Nous y installons notre camp. Nous sommes à 800 mètres d’altitude. La température est idéale. Soirée très agréable autour d’un feu de camp ! Les chasseurs ont encore la force d’entonner quelques chansons de corps de garde. « Dans le lit de la Marquise, nous étions 80 chasseurs, 80.80.80.80. 80 chasseurs bis Et qui n’avaient pas peur » Le lendemain, après avoir admiré le panorama qui s’offre depuis le sommet du Baou, nous atteignons le parking du village de Saint Jeannet où nous attendent les véhicules XI/ Le village de Peillon Je supervise un exercice de démontage-remontage d’armes. Je suis interrompu par un planton : le commandant me convoque immédiatement dans son bureau. Quelques minutes après, je trouve le commandant accompagné… d’un pompier. Le commandant explique : « La situation est grave, quelques incendies ravagent les forêts de l’arrière-pays. Un feu vient de prendre au fond du vallon que domine le village de Peillon. Le feu prend des proportions inquiétantes, les pompiers sont débordés et demandent du renfort. Je vous mets à la disposition du capitaine Alfonsi, ici présent, qui vous précisera votre mission. Vous êtes désormais avec votre section, « un soldat du feu » jusqu’à nouvel ordre. Départ immédiat et bon courage ! ». Le capitaine de pompiers Alfonsi m’explique que toutes ses troupes et ses moyens lourds sont mobilisés sur d’autres incendies. Il ne dispose plus que d’une équipe réduite pour Peillon. Il me demande de me rendre avec ma section à la caserne de pompiers de la « Route de Turin » où nous serons dotés du matériel nécessaire. Nous prenons des vivres pour une journée. Je vais donner mes ordres : trente hommes dans trois camions vont bientôt recevoir un lot de haches, scies, pelles etc. Direction Peillon, je suis dans la voiture rouge des pompiers avec Alfonsi qui me fait un topo sur la situation. Le village de Peillon est construit sur un éperon rocheux entouré d’un côté de falaises abruptes et d’une forêt de pins de l’autre. C’est un village moyenâgeux de grande valeur touristique, sa population est de 700 habitants. Il faut sauver le village ! Le 29


feu a pris dans les pins en début d’après-midi, au fond de la vallée et remonte rapidement vers le village. Nous devons arrêter ce feu ! Notre mission :  Monter en camion jusqu’à Peillon  Redescendre à pied sur le versant « forêt » jusqu’à un point que nous indiquera Alfonsi.  Créer un coupe-feu Quelques pompiers « professionnels » sont en contact avec les foyers, en contrebas. Une demi-heure après, nous sommes à pied d’œuvre. Nous sommes à 300 mètres au-dessous du village où nous devons créer le coupe-feu : cinquante mètres de long sur une largeur de dix mètres. Nos chasseurspompiers, armés de haches et de scies ne chôment pas. En deux heures, le terrain est dégagé, les débris et broussailles sont évacués. Le feu, de son côté, a continué à monter vers Peillon et bute sur notre trouée. Les pompiers nous rejoignent. Changement de technique : armés de pelles et de branchages, nous étouffons les flammes, tous les foyers et tapons sur les cendres. Nous y consacrons le reste de la journée et la nuit. Au matin, le capitaine indique que tout danger est écarté, que ses sapeurs, grâce à nous, ont la situation en mains. Il nous libère ! Retour au quartier Saint-Jean-d’Angély d’une bande de charbonniers. Le commandant nous attend. J’aligne la section. Le commandant nous félicite et conclut : « Vous êtes les sauveurs du village de Peillon » Il me prend à part : « Lieutenant, je vous confie une section de chasseurs alpins, vous me ramenez un groupe informe de tirailleurs sénégalais !!!! Enfin, allez-vous changer et venez dans mon bureau, avec les autres officiers nous allons trinquer à votre victoire sur le feu ». XII/ La fête nationale Nous sommes le 14 juillet 1957, c’est la fête nationale. Le 22ème doit se montrer digne de son surnom « Le bataillon des fleurs ». Toutes les unités sont mobilisées. Le gros des effectifs est resté à Nice pour animer différentes prises d’armes, défilés et cérémonies officielles. Une manifestation solennelle est prévue au monument aux morts où une centaine de personnalités sont attendues. D’autres unités sont dispersées dans les villes voisines : Villefranche, Antibes, Grasse. Avec ma section, nous sommes désignés pour aller à Cannes. Le matin à 10h, devant la mairie de Cannes, trente chasseurs en grande tenue, (gants et ceinturons blancs) attendent l’arme à la bretelle. Nous 30


devons rencontrer l’adjoint au maire, chargé du protocole. Ce dernier, nous indique notre programme : 1°) À midi : Prise d’armes devant le monument aux morts, juste en face de la mairie. 2°) Après cette cérémonie, défilé dans les rues de Cannes avec la fanfare municipale. 3°) Le soir à 21h, haie d’honneur pour les 200 invités à un dîner de gala à l’Hôtel Galia. « Cet hôtel sera votre base. Vous y prendrez vos repas, quinze chambres doubles vous sont réservées pour la nuit. Cet après-midi rien n’est prévu, vous êtes libres. » À 12h, impeccablement rangés devant le monument aux morts, nous voyons arriver les personnalités. La fanfare commence à sonner. Les voitures officielles se succèdent. De la première, sort un général cinq étoiles en grande tenue. Je le reconnais. C’est le général d’Armée Pierre Koenig, le héros de Bir-Hakeim. Il passe devant la section qui lui présente les armes.il nous salue. Puis le protocole se déroule, Sonnerie aux morts, minute de silence. Marseillaise et discours des différentes personnalités. La conclusion revient au général Koenig, remarquable orateur (il a été ministre). Il rend hommage aux soldats français qui sont en Algérie. Les personnalités disparaissent dans la mairie. Nous entamons la deuxième phase : Le défilé. En tête, la fanfare municipale attaque tout son répertoire de musique militaire. Nous sommes bien entraînés à défiler en musique. Arme sur l’épaule, la section emprunte le boulevard de la Croisette, puis la rue d’Antibes et revient sur la place de la mairie. Le défilé dure trois quarts d’heure. La foule applaudit à notre passage. Après le défilé, nous nous rendons à l’Hôtel Galia. Cet hôtel a connu son heure de gloire il y a un demi-siècle. Aujourd’hui, il n’est plus en activité après plusieurs faillites. Il est partiellement vide, mais il continue à être utilisé occasionnellement par la ville de Cannes pour des réceptions. Nous y retrouvons notre « pilote », l’adjoint au maire. Nous passons par la salle du banquet où s’activent des rangs de serveurs. Ils dressent une table immense. Aux cuisines, plusieurs brigades de cuistots sont en action. Dans une salle contiguë, un copieux déjeuner nous est servi. Nous nous rendons dans nos chambres qui furent luxueuses. Il ne reste plus que les lits et leurs matelas. Nous cherchons les draps, en vain. Nous pourrons nous en passer. Je ne veux pas lâcher mes chasseurs dans la nature. Je leur annonce que nous sommes chargés d’une mission spéciale l’après-midi. 31


Nous enfermons les armes dans un local de sécurité, laissons dans les chambres ceinturons et gants blancs. Nous prenons la direction du port de Cannes.

Mon intention est de les emmener à l’île Sainte-Marguerite à quelques encablures de la ville. Traversée en bateau, débarquement ; marche jusqu’à une plage donnant sur le bras de mer séparant l’île SainteMarguerite et l’île Saint-Honorat. Arrivés sur place, je donne mes ordres : sieste ; bain de soleil ; bain de mer (en slip). Les chasseurs exécutent ces ordres avec application. Le soleil et la mer de juillet sont parfaits. Le sergent Delleaux prend soin de ceux qui préfèrent barboter ou rester sur la terre ferme. J’accompagne les chasseurs qui ont choisi la natation. Après une centaine de mètres dans l’eau, nous avons la mauvaise surprise de nous trouver au milieu d’une marée noire. Nous battons en retraite et nous retrouvons sur la plage, tatoués par des taches de mazout. Le reste de l’après-midi est consacré au nettoyage de notre épiderme, utilisant des moyens de fortune : feuilles, galets, sable etc. De retour à l’hôtel, nous reprenons possession de nos chambres et constatons qu’il n’y a ni eau chaude, ni serviettes, ni savon. Ce problème est réglé rapidement par deux chasseurs qui nous procurent le nécessaire au premier supermarché. Mais avec de l’eau froide et en 32


frottant fort, des traces de fuel résistent. À 21 h précises, une file de chasseurs alpins, d’une propreté presque parfaite, forment une haie d’honneur le long de l’allée où arrivent les invités. Le général Koenig est en grand uniforme sombre, ses multiples décorations pendantes ornent sa poitrine. Les invités sont en tenue de soirée. Les femmes portent des robes éclatantes, leurs bijoux scintillent. Les hommes sont en smoking ou en frac. Je suis le seul chasseur à être invité au banquet. Ma tenue n’est pas à la hauteur. Je suis en bout de table, entre deux employés municipaux qui m’avouent avoir loué un smoking pour la circonstance. Après une demi-heure de discours brillants mais totalement inintéressants, je prends la tangente et me réfugie dans la salle où dinent mes chasseurs. Le menu est le même que pour le dîner de gala. Le lendemain, à notre arrivée à la caserne, le commandant nous informe que le maire de Cannes lui a envoyé un message par lequel il nous félicitait et remerciait de notre prestation. Le commandant nous retourne ces compliments, il observe que des taches marron ornent les visages rouges de quelques chasseurs. Je lui explique les raisons Il me dit : « Vous êtes fidèle à vous-même, Lieutenant, vous maîtrisez l’art de camoufler vos soldats. Cette fois, vous me rendez une tribu de peaux rouges avec leurs peintures de guerre ». XIII/ Le Baou Au cours du repérage à Saint Jeannet, j’avais observé avec attention les falaises abruptes de la face sud du Baou. Le maire nous avait signalé que ce site comportait des centaines de voies d’escalade. Sachant que l’adjudant Montagioni connaissait les lieux, je lui demande si nous pourrions y faire un tour ensemble pour « tâter » les rochers. Il ne peut pas refuser. Il s’étonne que ces rochers, à moins d’une heure de la caserne ne soient pas utilisés pour l’initiation des jeunes chasseurs. Je vais trouver le commandant et lui fais part de cette suggestion de l’adjudant qu’il accepte car il a toujours pensé que l’escalade était un bon exercice physique et moral. Le lendemain, en service commandé, je pars en Jeep avec Montagioni, en mission de reconnaissance. Nous allons en profiter pour faire l’ascension du Baou. Plus de deux cents voies d’escalade y sont ouvertes dont certaines très difficiles (niveau 8). Comme nous manquons d’entraînement, nous choisissons une voie peu difficile, ne dépassant pas le niveau trois. 33


Encordés, nous attaquons une falaise en gradins : quatre ressauts successifs portent des noms choisis « salle à manger, mur noir, Isis, toit des tortues » Malgré quelques tâtonnements, pour trouver l’itinéraire, nous atteignons le sommet en moins de deux heures. Escalade très agréable sur un calcaire dense et chaud. Après plusieurs rappels de cordes, nous nous retrouvons à la base des dalles où nous sélectionnons quelques murs qui pourront servir à l’initiation des néophytes. Toutes les sections, l’une après l’autre seront formées à l’escalade par l’adjudant Montagioni auquel s’est joint l’adjudant Alberti « faux » capitaine, mais vrai moniteur d’escalade. Cette initiative a éveillé de nouvelles vocations. Quelques semaines plus tard, j’appris que deux chasseurs qui se promenaient en bord de mer, au pied du château de Nice, avaient été tentés par les rochers qui surplombaient la côte, près de la pointe Rauba Capeu. Ils avaient testé, avec succès, leurs connaissances nouvelles. Ils étaient attendus au sommet par les gardiens du château qui les avaient sérieusement admonestés. XIV/ La transition L’été est terminé. L’automne est arrivé avec les pluies. Les premières neiges se répandent sur les sommets du haut pays niçois. Le froid fait son apparition, puis l’hiver. La large cape des chasseurs alpins offre un abri deux places meilleur qu’un « ptit coin de parapluie » qui peut se transformer en « ptit coin du paradis » J’appréhende le moment inéluctable où « Les délices de Nice » prendront fin. L’instruction des « bleus » prend de l’ampleur. Les manœuvres se déroulent fréquemment loin de Nice. Nous sommes montés jusqu’à la neige, avons logé dans les vieilles casernes de Peira-Cava. Nous avons parcouru de nombreux kilomètres à pieds dans la neige. Le commandant Baysang me considère comme le spécialiste des « missions spéciales ». C’est ainsi qu’avec une équipe de sept chasseurs, dont l’adjudant Montagioni, nous avons participé à une compétition sportive qui a eu lieu, pendant une semaine, aux « Nuits de l’Armée » à Marseille. Nous avons rapporté une coupe. Le commandant s’est fait photographier avec l’équipe et la coupe. Il a placé la photo sur le mur de son bureau.

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Le chef de bataillon a convoqué ses officiers, « Messieurs, nous dit-il, j’ai quelques informations à vous donner. D’abord, il se confirme que la durée du service militaire des appelés du contingent est portée de dix-huit à vingt-quatre mois. Ensuite, j’ai reçu les feuilles de route des appelés de la classe 56 2/B. Leur instruction en métropole est terminée. Ils vont gagner l’Algérie. Leur embarquement est prévu le 4 janvier prochain sur le bateau « Ville de Tunis ». Cinquante chasseurs sont concernés. Leur départ sera compensé par l’arrivée d’un nouveau contingent de bleus, à Nice. Communiquez ces informations à vos hommes. Ils recevront leur feuille de route individuelle incessamment. Enfin, je vous donne quelques informations qui doivent rester confidentielles sur la situation du vingt-deux en Algérie. Les nouvelles ne sont pas bonnes. L’implantation rebelle reste très forte dans le secteur de Bouïra où est notre bataillon. Un bataillon de choc de l’ALN, à trois compagnies, continue à multiplier coups de main et embuscades. Le commandant Vuillemey a la situation bien en main, mais attend avec impatience les troupes nouvelles ». Je suis de la classe 1956 2/B et prépare mon paquetage. ALN : Armée de Libération Nationale Algérienne Armée des rebelles : hors la loi HLL Les fellaghas : nos ennemis

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XV/ Le départ Gare de Nice. Cinquante chasseurs, leur sac sur l’épaule attendent sur le quai le train pour Marseille. Ils embarqueront demain sur le bateau « Ville de Tunis », à destination d’Alger, d’où ils seront acheminés vers la Grande Kabylie. Le train arrive, il faut faire vite. Une bonne partie des hommes montent immédiatement dans le train. Ils sont seuls. Les autres ont du mal à s’arracher aux personnes qui les accompagnent. Quelques mouchoirs apparaissent, ils essuient des larmes discrètes. Le coup de sifflet du chef de gare me force à monter dans le train qui démarre. Je vois la silhouette de Marthe qui s’éloigne. Son image reste longtemps gravée dans ma mémoire. Depuis quelque temps, la presse ne parle plus d’« affaire algérienne » mais de « guerre d’Algérie ». Je regarde autour de moi les cinquante soldats, futurs « diables bleus ». Le moral n’est pas au beau fixe. Ils sont silencieux. Nous partons pour la guerre ! Je pense à la chanson d’Yves Montand : « ……Partir pour mourir un peu, à la guerre, à la guerre, c’est un drôle de petit jeu qui n’va guère aux amoureux…» Le 22e BCA a déjà eu à déplorer vingt tués, morts au champ d’honneur en Algérie. Combien d’entre nous ne reviendront pas de ce séjour en terre algérienne qui nous est imposé ? Au bout d’une heure, le train traverse les paysages enchanteurs de l’Estérel : roches rouges, ciel d’azur, mer d’un bleu profond… Avec cette vision, l’insouciance de nos vingt ans prend le dessus, quelques joyeux lurons donnent le signal des plaisanteries et des chansons. « Dans le lit de la marquise, nous étions 80 chasseurs….» FIN DE LA PREMIERE PARTIE

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LES CONFERENCES - SUR LE TRAITE DE VERSAILLES: Dans le cycle des conférences relatives au Centenaire de 14/18, notre président, le LCL(h)Jean-Pierre Martin avait déjà eu l’occasion d’en effectuer plusieurs au cours des cinq années écoulées… Cette année 2019 il en a également donné plusieurs autres :  La première, le lundi 6 mai, à Antibes, à la Maison du Combattant, avait pour thème « Le Traité de Versailles », complété par les autres traités, qui allaient eux-aussi, décider du sort des autres pays.  La deuxième, le jeudi 6 juin, à Nice, au CUM (Centre Universitaire Méditerranéen), également sur le même sujet, s’intitulait « Faire la paix est plus difficile que faire la guerre » (Traité de Versailles, 28 juin 1919). En présence de M. François Rabut, président de la Mission de commémoration du centenaire de la 1ère guerre mondiale ! A noter que le vendredi 28 juin, à Nice, à la villa Masséna, notre président avait reçu la « médaille du Centenaire » pour son implication dans ce cycle mémoriel.  La troisième (et dernière) a eu lieu le mardi 12 novembre, à Nice, à la Bibliothèque Louis Nucéra. Un grand merci à notre président pour avoir permis à l’Amicale d’être mise en avant et à l’honneur durant toutes ces dernières années. Outre ses talents d’historien militaire, Jean-Pierre Martin est l’auteur de très nombreux ouvrages et tout récemment de deux magnifiques livres sur Nice, ainsi qu’un sur « Les Femmes dans l’histoire : en Provence » qu’il avait dédicacé le mercredi 24 juillet à Nice, à la « Librairie des Causeurs ». Sa dernière conférence remonte au 14 novembre à la Maison du Combattant de Nice, sur « Les Femmes célèbres de Provence », à l’invitation de Maryvonne Perm, viceprésidente départementale et déléguée du comité de Nice de l’ONM. 37


- SUR LA GUERRE D’ALGERIE : A l’initiative de notre adhérent Jean Pagès, le jeudi 7 novembre 2019 a eu lieu à Nice à la Brasserie Gambetta, à 19h, le premier dîner-débat en présence d’une vingtaine de participants, avec pour thème « TIKJDA » et l’embuscade (une des plus meurtrière) du 28 mai 1958 qu’a subi le 22e BCA en Grande Kabylie. A l’appui du récit historique de la situation et du contexte remarquablement relatés par Jean Pagès, ce dernier avait pu faire venir deux témoins rescapés de cette embuscade : le CCH Pierre Dany (domicilié à Nice) et le chasseur Augustin Séréni (venu tout exprès de Corse, d’Ajaccio, où il demeure). Ils ne s’étaient pas revus depuis 60 ans...Etait également présent le chasseur Boniface-Julien Salburgo, tous anciens de l’amicale… Olivier Robaut, conseiller municipal de Nice en charge des anciens combattants et membre de notre amicale, était parmi nous et a été, comme nous tous, profondément ému par les récits et témoignages de ces témoins « miraculés ». Georges TREMOULET

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HOMMAGE AUX SOLDATS DE MONTAGNE 18 décembre 2019 : le retour des chasseurs à Nice Après une dizaine de jours à effectuer des manœuvres d'entraînement dans le secteur de Sospel, les membres du Groupement des commandos montagne (GCM) de la 27e BIM ont terminé leur "périple" à Nice.

Suite à la proposition du lieutenant-colonel Jean-Pierre Martin, président de l'Amicale nationale du 22e BCA et des troupes de montagne, une cérémonie en leur honneur a été organisée au monument aux morts de Rauba Capeu, suivie d'une réception au palais des rois sardes. Après le passage en revue des troupes (commandées par le chef de bataillon Sylvain Durot) par le lieutenant-colonel Philippe Bocquet, délégué militaire départemental des Alpes-Maritimes accompagné du lieutenant-colonel 39


Eric Verdino, chef du Groupement commandos montagne de la 27e BIM, place au lever des couleurs. Les autorités s'avancent alors au plus près du monument et le lieutenantcolonel Eric Verdino prend la parole pour rendre hommage aux treize militaires morts en opération au Mali le 25 novembre dernier et donner lecture de l’ordre du jour du détachement Barkhane engagé au Sahel. Après le dépôt de six gerbes, suivi de la Sonnerie aux morts, de la SidiBrahim et de la Marseillaise, les autorités félicitèrent les douze portedrapeaux et porte-fanions (7 drapeaux et 5 fanions), la moitié étant portée par des chasseurs alpins de l'amicale du 22 et de l'amicale du Mentonnais. À la fin de cette cérémonie, la plupart des participants se dirigea vers le palais des rois sardes où les attendait une réception offerte par le Conseil départemental. Le lieutenant-colonel Eric Verdino prit la parole en premier, suivi du président Jean-Pierre Martin, puis de Bernard Asso, vice-président du Conseil départemental représentant le président Charles-Ange Ginésy, hôte du Palais. Le mot de la fin revint au sous-préfet de Nice-Montagne Yohann Toubhans, représentant le préfet Bernard Gonzales. Quelques commandos reçurent une décoration des mains de leur colonel avant que ce dernier ne donne le feu vert pour profiter du buffet généreusement garni. Tous ces soldats de montagne ont particulièrement apprécié l'accueil qui leur a été réservé dans le département, et plus précisément le fait d'avoir pu défiler en tenue et armés, ce qui leur avait été refusé à Paris lors de l'hommage rendu aux Invalides à leurs camarades morts au Mali. Revenez quand vous voulez, messieurs, nous serons ravis de vous accueillir à nouveau !!! "Vous êtes ici chez vous ". Et n'oubliez pas la devise de notre bataillon :"Au 22 on s'estime ! "

Crédit texte et photos : Christine TREMOULET Lien à partager : https://photos.app.goo.gl/HXLAoYsUCuKDNnnSA

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4. Le Carnet. NOS PEINES C’est avec beaucoup de tristesse que nous faisons part du décès de Maurice Bévillard survenu à Nice dans sa 92e année. Né le 17 juillet 1928, il s’était engagé à 16 ans dans la résistance dans le Vercors, au sein de la Compagnie Stéphane, jusqu’à la fin du conflit 39/45. Il a ensuite participé aux campagnes d’Indochine et d’Algérie. Il était titulaire de la Légion d’Honneur, de la Médaille Militaire, de l’Ordre national du Mérite et de la Croix du Combattant volontaire. Il a terminé sa carrière d’active avec le grade d’adjudant-chef, puis de capitaine dans la réserve. Il était éclaireur-skieur titulaire de l’Etoile Bleue, membre de l’ANAESTM et de l’Amicale nationale du 22e BCA. A sa famille, à ses proches, nous présentons nos très sincères condoléances.

Nous faisons part du décès du colonel Pierre Orsini survenu à Paris dans sa 88e année. Membre de l’amicale du 22e BCA depuis 1981, il avait fait ses classes au sein du bataillon en 52/53. Il a fait sa carrière dans l’infanterie pendant 20 ans, en AFN jusqu’en 1963, puis dans l’est de la France ou il termina capitaine en 1972. Il continua une carrière de réserviste et finira avec le grade de colonel. Président de l’Edelweiss jusqu’en 2004 et conseiller fédéral à la FNAC jusqu’en 2009. Il était titulaire de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’ONM, Valeur Militaire, Croix du Combattant, TRN, Commémo Algérie. 42


Nous faisons part du décès de notre compagnon Marcel Heraudet, survenu le 7 mars 2020. A la famille, aux proches, nous présentons nos très sincères condoléances.

FELICITATIONS - à Denis Marty, l’un de nos récent adhérents, qui s’est vu décerner la médaille militaire en novembre 2019 pour son engagement en Algérie en 1958. Elle devait lui être remise lors d’une cérémonie au mois de mars, reportée pour cause de coronavirus.

NOS JOIES - NAISSANCES. Bienvenue à Arthur, dernier petit-fils de Jean-Luc et Christine Touzeau, notre délégué Vendée, arrivé le 1er janvier au foyer de Vicky, leur seconde fille, pour le plus grand plaisir de sa grande sœur Louise. Félicitations aux parents et grands-parents, qui sont ravis.

- MARIAGE.

Notre amie Valérie Roda (membre de l’association) et Robert Fondard se sont unis pour la vie et pour le meilleur le 14 février 2020, nous leur adressons tous nos vœux de bonheur.

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Souvenir du bon vieux temps au 11 BCA e

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Courrier des lecteurs Cher Président, Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt votre courrier. Je voudrais dans un premier temps remercier l'équipe qui vous entoure et qui à su prendre la suite de ce que nous avions (dans les années 70), en toute humilité, commencé à mettre en place. Pour la plupart ils étaient encore en activité alors que je venais d'être réformé. Avec mon épouse, nous n'avons fait qu'être un trait d'union entre l'Amicale du 22° et la Sidi-Brahim de Nice (Madame Jeannine MONCHIO en a été témoin). L'union faisant la force, il fallait en arriver là où nous en sommes aujourd'hui. Que l'Amicale est belle. Merci à vous pour tout ce que vous avez accompli à la suite de vos prédécesseurs et pour ce que vous ferez encore pendant votre nouvelle mandature. Maintenant, au vu de votre message souhaitons que des bonnes volontés se manifesteront sans tarder. En tout cas, nos Anciens, là où Ils se trouvent, peuvent être fiers. Nous, Vous avez su porter Haut les couleurs de nos Bataillons. Au 22° on s'estime, Avec mes respects cher Président et amitiés à votre entourage. Daniel THIERY

Cher Président, mon colonel, Je viens de terminer avec un grand plaisir la lecture du dernier numéro de la revue Soldats de Montagne. Outre que cette revue est très intéressante, je découvre deux choses vous concernant. La première nécessite des félicitations de ma part pour ce prix spécial qui vous a été attribué. Je pense qu'il est amplement mérité. J'en suis très heureux pour vous. La deuxième chose concerne un article sur la Bataille de Nice. Cela m'a permis de compléter le peu que j'en savais et si vous me le permettez je vais vous écrire de quoi il retourne. Lorsque je suis arrivé à NICE en Septembre 1966 et que j'ai adhéré à l'Amicale du 22 et à la Sidi-Brahim, j'ai eu deux parrains. Pour le 22° BCA - le Colonel LACOUR Pour la Sidi-Brahim - le Général SAUVAGEON 45


Ce dernier m'a raconté que tenant le fort de l'Authion avec un seul canon, qu'il faisait déplacé après chaque tir, avais mis à mal les positions ennemies à tel point qu'après le cessez-le-feu les Italiens étaient persuadés qu'il y avait plusieurs canons dans le fort. Voilà l'anecdote. Au 22° on s'estime, Daniel THIERY

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NUL NE CRAINS ______________________________________

Association n° W062000495 du 25/02/1958 Régie par la loi du 01/07/1901 N° Siren 522821651 Affiliée à la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs sous le n° 1905 et à la Fédération des Soldats de Montagne. Reconnue d’utilité publique et affiliée à la Fédération Nationale André Maginot sous le n° 30 Directeur de la publication : Jean-Pierre MARTIN Rédacteur en chef : Alain BARALE Réalisation technique : Jean-Paul GIABBANELLI Impression : FAC COPIES – OFFICE DOCUMENTS – Tél : 04 93 55 20 20 BULLETIN DE LIAISON DE L’AMICALE NATIONALE DU 22ème BCA ET DES TROUPES DE MONTAGNE, SIDI-BRAHIM DE CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER Siège social : Maison du Combattant 36 bis boulevard Risso 06300 NICE


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