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b a ta i l l on d e ch a sse u rs a l p i n s
1 er
du
d'infanterie
1
E E
restera
attaché
à
la
prise de Maurepas le 24 août 1 91 6, et c'est justice. D'autres unités participèrent à cette attaque. Ce
fut
le
cas
du
63ème
bataillon de chasseurs
1 91 6, l'année des batailles Décembre Italiens,
1 91 5,
Anglais
Russes,
et Français
s'entendent pour mener des offensives après
devant
dix
apporter,
huit
d'impasse,
des
mois victoires
"Ma dernière vision de la Guerre" eauforte de Léon Broquet (1 869 1 935)
décisives . . . mais, en février 1 91 6,
c'est
prend
l'initiative
Verdun
l'Allemagne
pour
y
et
qui
attaque
"saigner
à
blanc" les Français.
La Somme L'offensive Somme
alliée
sur
la
avait pour objectifs
de rompre le front allemand en
Picardie
et d'obliger les
Allemands à dégarnir le front de Verdun.
"Orages d'acier" C'est le titre du premier livre d'Ernst
Jünger
Première Ce bien
titre
Guerre à
lui
l'humaine
sur
la
mondiale.
seul
résume
sauvagerie
industrielle qui se déchaînait il y a cent ans sur la Somme.
La si tu a ti on a u 2 4 a oû t 1 9 1 6
La première position allemande, en avant de Bapaume et Péronne, au nord et au sud de la Somme, jalonnée par les points d'appui solidement organisés de Thiepval, Ovillers-la-Boisselle, Fricourt, Mametz, Curlu, Frise, Dompierre, Fay, Soyécourt a été conquise du 1er au 6 juillet par l'offensive franco-britannique. Le 6 juillet commence la seconde phase de la bataille, la phase d'élargissement du terrain. Au nord de la rivière, le premier objectif est le mamelon nord d'Hardecourt, la croupe de Maurepas et sa voisine sud-est. Il est atteint le 20 juillet ; les lignes allemandes ont été
forcées sur un front de cinq kilomètres, depuis la cote 139 (huit cents mètres au nord. d'Hardécourt) jusqu'à la station du "Tortillard" de Combles. Le second objectif devient alors la position Maurepas-Cléry. L'importante redoute, dite de Tatoï, plantée sur une éminence et dirigeant ses feux de mitrailleuses vers le nord, l'ouest et le sud, est emportée le 2 août. L'infanterie française arrive à pied d'oeuvre. Le 12, après une intense préparation d'artillerie, l'attaque générale est déclenchée en liaison avec l'armée britannique ; tous les ouvrages et tranchées de
La s i tu a ti on a u 2 4 a oû t 1 9 1 6 (su i te )
l'ennemi sont enlevés sur une longueur de 6 kilomètres 1/2, une profondeur de 600 à 1 000 mètres. Les Français occupent la moitié de Maurepas et les deux croupes à l'ouest de Cléry jusqu'à la route Maurepas-Cléry. Le nom de ce village : Maurepas, va populariser les exploits français dans la Somme, lui conférant une légitime célébrité. Maurepas était devenu le glorieux et sanglant trophée d'une bataille de cinquante jours. Cinquante jours de travaux, de privations, de souffrances, de peurs et d'héroïsme pour des milliers d'hommes.
M a u re p a s
1
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j u i l l et
1 7 j u i l l et
1 3 s e p te m b re
3 0 n ove m b re
M AU RE PAS d a n s l e j ou rn a l " Le M i roi r"
P l u s i e u rs a rti cl e s su r M a u re p a s p a ra i s s e n t d a n s ce j ou rn a l i l l u stré .
à droite les pages centrales du 1 0/09/1 91 6
cidessous (de gauche à droite) : page 1 2 du 1 7/09/1 91 6 ; la une et page 5 du 08/1 0/1 91 6
Pag e 2
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
M a u re p a s , p oi n t d ' a p p u i forti fi é
Les Allemands ont profité de la paix dans laquelle ils ont été laissés dans la Somme depuis 1914 pour y établir la position la plus solide du front Ouest (abris bétonnés, sapes, tranchées couvertes, câbles de téléphone souterrain, réseau de postes de mitrailleuses en surface couvrant tous les angles d'approche, barrières de barbelés). Dans ce dispositif, Maurepas est l'un des points les plus fortifiés de la seconde ligne allemande. Depuis le 12 août, un bataillon du 9ème zouaves tient la moitié du village. Il n'a pu le conquérir en entier. L'adversaire retranché dans la partie Nord-Est oppose une défense opiniâtre. Deux assauts des « zouzous » se sont brisés contre le déchaînement de ses mitrailleuses et le front de combat s'est stabilisé à la rue principale qui passe devant l'église. Maurepas est situé sur un éperon orienté du Sud-Est au Nord-Est. La partie méridionale du village, construite sur la pente descendante, s'offre au tir des canons français, mais la partie Nord se dérobe à leurs vues. Les défenses accumulées par les Allemands sont formidables et savantes : tranchées hérissées de fil de fer, "cages à poules", chausses-trappes, chevaux de frise, ... Chaque maison d'angle est transformée en fortin, flanquée de blockhaus à mitrailleuses. La résistance sera farouche ; ce qui reste de Maurepas devra être emporté retranchement par retranchement, en des corps M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
à corps sauvages.
forcenés
et beaucoup à l'effroi du pilonnage d'artillerie. L'obus est un brutal écrasant au Le 19 août commence la hasard, la mitrailleuse, elle, préparation d'artillerie. Les est une artiste qui choisit. batteries grosses et petites Entendre siffler ses balles est, entreprennent un marmitage pour chaque combattant, se méthodique et consciencieux. sentir très personnellement Chaque coin de terrain est désigné, ajusté par la mort. pilonné. Sous ce déluge les Allemands endurent ce que L'assaut est fixé au 24 août les Français ont enduré à à 17h45. Verdun. Le terrain n'est plus qu'une Un assaut d'infanterie est écumoire, les tranchées maintenant plus sombre que ouvertes sont certes ces attaques d'autrefois pour bouleversées mais les lesquelles on déployait le tranchées-abris résistent. Le drapeau et qui prévoyaient village, lui, disparait un peu une place pour la musique, à plus. Toutefois, les obus gauche de l'ordre de bataille. d'artillerie qui ne sont pas L'assaut en 1916 n'est plus encore équipés de une simple question de détonateurs hypersensibles, bravoure et d'élan. C'est une n'explosent qu'en touchant le entreprise à organiser dans sol, les bombardements tous ses détails, aussi visant les barbelés ne font exactement que furent réglés donc que les emmêler un peu pour elle les feux d'artiilerie, plus en barrière les avions, l'horaire des trains infranchissable. de vivres, les convois de Les avions français, eux, camions de munitions, les sillonnent le ciel nettoyé des abris pour les postes de fokkers et aviatiks allemands. secours et les parcs de La mitrailleuse est une arme prisonniers. terrible. Avec sa voix Mais c'est toujours la mort qui radoteuse, elle sait ajouter peut le stopper ! Pag e 3
46
èm e
d i vi si on d ' i n fa n te ri e " b l e u e "
Artillerie de tranchée : C on s ti tu e ́e la
46
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21
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1 91 6
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1 91 6
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re ́g i on
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1 91 6
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21
se p te m b re
M ou ve m e n t ve rs l e fron t.
C on voi Ad m i n i stra ti f 1 2 /6 3 . Ra vi ta i l l e m e n t Sa
com pos i ti on
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1 91 6
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1 91 6
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1 91 6
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1 3 21
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M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
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"V'la l'vingt-troisième, nom de Dieu ! Ça va barder !" est le refrain du 23ème bataillon de chasseurs alpins dont est issu le 63ème qui le reprend. Voici son parcours dans la Guerre : Début août 1914: Mobilisation du 63ème BCA, à Grasse 1914: Vosges (Châtel Nomexy), Picardie (Flaucourt, Péronne), Ile-de-France (Verberie-sur-Oise, Beaumont, Fontenay-en-Parisis, Vémars), Marne (Nanteuil-le-Haudouin, Bouillancy), Aisne (VillersCotterêts, Vic-sur-Aisne, Nouvron-Vingré, Cote 130, Chevillecourt, ferme Confrécourt, Vingré, plateau de Hautebraye), réorganisation du 63ème BCA, Aisne (Crouy, Missy-sur-Aisne, Vassemy, Vailly, Vregny) 1915: Aisne (cote 151, Bucy-leLong, Hautebraye, Chevillecourt), Alsace (Almatt,
Sillackerkopf, Gaschney, Petit Reichakerkopf, Braunkopf, Reichakerkopf, Tête des Faux, Ilienkopf , col de Wettstein, Barrenkopf, Tête des Faux, Lac Noir) 1916: Alsace (Sudelkopf, Goldbach, Barrenkopf, Tête des Faux, Lac Noir), Somme (Maurepas, bois de Ravin, le Forest, cote 121, Rancourt, bois de Saint-Pierre-Waast), Alsace (Hilsenfirst) 1917: Aisne (Muscourt, Ville-enTardenois, Loivre, la Neuville), Chemin des Dames (Plateau de Californie), Italie (MontecchioPrecalcino) 1918: Italie (Monte Tomba, Monte Fenera), Flandres (l’étang de Dickesbush, ferme Godezone, Ridge-Wood), Champagne (Perthes-lesHurlus, Mesnil-les-Hurlus), Picardie (Fescamps, Tilloloy, Beuvraignes, bois de Loges, Avricourt, Beaulieu-lesFontaines, Etreillers), Saint-
Quentin (tunnel du Tronquoy, Lesdins, Remaucourt), Bataille de Guise, Canal de la Sambre, Thiérache (Boué, Nouvion-enThiérache, Fontaine-desPauvres, Fontenelle, Floyon, Plouy, Etroeungt). 1919: Allemagne (Rhénanie). Dissolution en mars 1919. En 1916 c'est un bataillon méridional qui réunit dans ses rangs des anciens réservistes et des jeunes des classes 15 et 16. Depuis la mobilisation, à vrai dire, d'autres recrues se sont amalgamées dans ce bataillon de Grasse. Tous apportent à l'ensemble commun leur parts des vertus foncières de leur région, tous sont fiers d'être des chasseurs formés à la guerre elle-même et glorieusement consacrés dans les combats sur les crêtes vosgiennes, tous unis par ce lien puissant à l'assaut comme dans la vie des tranchées : l'esprit de corps. Officiers 63ème
du BCA
Gérardmer
à en
février 1916 1 er rang assis de gauche
à
Chichet,
droite
:
Mélizan,
Larrieu,
Ville,
Estrangin
E. ,
de
Faucher († 1 91 6), Faraut 2ème
rang
Perrottel, († 1 91 6),
Welsch,
Deslettres, Cabrol, (†
:
Bender
Billot,
Lecomte
1 91 6),
?,
Lagneau 3ème rang : Estrangin G. († 1 91 6), Guys († 1 91 6), Desbief, Davignon († 1 91 6), Tardieu († 1 91 6), Davier, Thibau († 1 91 6), de Coulomb († 1 91 6)
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
Pag e 5
Le l i e u d e l ' a tta q u e h i e r e t a u j ou rd ' h u i
Pag e 6
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
La p os i ti on d e s u n i té s a va n t l ' a tta q u e
Le s p e rte s (6 3
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M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
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B CA et 5
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Disparu
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B ri g a d e )
Blessés
Disparus
Pag e 7
Le ca p i ta i n e E ti e n n e E stra n g i n e t se s sou s offi ci e rs e n m a rs 1 9 1 5 à Va g n e y : 1 . S g t S e yn e t 2 . C a l F ou rri e r J a cq u e t, 3 . S g t B on a fou s , 4 . S g t P h i l i p , 5 . S g t D a u m a s , 6 . S g t B a b on , 7 . S g t Re ve l l o, 8 . S g t C h a u m e ry, 9 . S g t B a rb a rou x, 1 0 . S g t P é d oya , 1 1 . S g t P a s tre († 1 9 1 6 ), 1 2 . S g t Au s se n a c († 1 9 1 6 ), 1 3 . S g t G u i d i ce l l i , 1 4 . Ad j Th i b a u († 1 9 1 6 ), 1 5 . Ad c La croi x, 1 6 . C n e E stra n g i n , 1 7 . Ln t B e rn a rd i , 1 8 . S g tM j r Qu e i rol o
Le capitaine porte à son poignet la montre qui lui donna l'heure de l'attaque
Photo prise avant l'attaque (de gauche à droite) : Lnt Thibau, tué à l'ennemi le 24 août Lnt Bender, tué à l'ennemi le 24 août Cne de Faucher, commandant la 8ème compagnie, mort de ses blessures le 16 septembre S/Lnt Estrangin, mort de ses blessures le 25 août Cne Estrangin, commandant la 7ème compagnie S/Lnt Desbief, officier renseignement (blessé 2 fois, il devient observateur aérien en 1917. Il décèdera à Casablanca en 1923) Lnt Lagneau blessé le 24 août (de retour au bataillon il sera blessé une deuxième fois et finira la guerre en captivité.) Pag e 8
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
E ti e n n e E S TRAN G I N (1 8 7 9 1 9 7 1 ) I ssu
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bidon,
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tranchée
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un longs
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M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
les
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souterrain
faite
de
série
de
chemin; devant,
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de
parallèle,
P. C.
de
le
un
avec
boche,
plusieurs
chambres profondes. par
Tuyaux
où
les
l’on
plateau le
dans
champ.
nuit,
l’argile,
Derrière
descend,
P. C.
du
du
dans
nous
une
chat,
crêtes.
le
route,
d’autres
Un
chaos
indescriptible. "Dimanche, mercredi,
la
rebord
la deuxième
diverses
batteries et entend les avions. "A
le
Je
division
d’aération
dans
autres.
le
dans
distingue
boyaux de l’avant, le P. C. du marmites
de
de
craie,
Général
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commandement, le Talus, les bataillon
du
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aimaient et qui les aimaient" . . .
trous non rejoints. Le P. C. un rentre
corps,
marmité, et
fois
de
vivres
du
"Débarquement chemins
compréhensif à leurs chefs qu'ils
courage calme et leur solidarité
en
tenue
revolvers, 1 couteau, etc.
carrefour
dévouement
N ote s d u C a p i ta i n e E S TRAN G I N
avec
autour
intelligente
leur
ou
la
aije
cantonnement,
musette,
al pi n es
com b a ts
de
6
en
l es
l es
août 1 91 6 Départ à du
trou p e s
Il
40
d on t
a va i e n t com p osé
g u e rre " .
j ou rs
leur
et
fu t
P ré si d e n t
Rh ôn e
e n ve rs
p l u s i e u rs
com p l é ta
initiative
heures
C a i sse s Tou t
con s i d é ra i t a voi r con tra cté
p rove n ça u x
1 91 6,
dramatiques,
aux
par
d ’ a g ri cu l tu re
du
intrépidité
1 940.
d e voi rs
a oû t
e tc.
fu t
leur
M u tu e l l e s
an n ées Il
et
com m u n a u x,
a cci d e n ts,
C h a m b re
Il
p rod u cti on
cré d i t,
1 965.
B ou ch e s
Il
fa i t
q u 'i l
limousine de
a
j u sq u ’ à la
ou
dans l'attente de jours meilleurs
d es
».
cré è re n t,
de
p re m i è re s
ses
de
a g ri col e s
qui
de
l ’ U n i on
P rove n ce
S yn d i ca ts
i n ce n d i e
son
com m e
de
d ’ a p p rovi si on n e m e n t,
d es
p rofon d é m e n t
une
s u i vi re n t,
ées dig
24
pl u s
de
C oop é ra ti ve s
cou rs
l ' a tta q u e
M AU RE PAS ,
et
d i za i n e s,
d es
p ou r
fou g u e
g é n é ra l
il
d ' a cti ve
1 91 9
a ve c
ce u x
s ou s
ord re s on t fon d u troi s foi s .
l ' a rm é e
S yn d i ca ts
l oca l e s
1 91 8
de
B a ta i l l on ,
d ' a va n tg u e rre
Al p e s
de
a oû t 1 9 1 4
B a ta i l l on
«
de
s e p te m b re
re p re n d re
d es
s on p rom u
form é
où
p a rti ci p a
en
de
ca p i ta i n e e n j a n vi e r 1 9 1 5 Il
d é m i s s i on n a
S e cré ta i re
fu t
Ra p p e l é à l ' a cti vi té e n i n té g ra
Ch ef
form a ti on
l i e u te n a n t d e ré s e rve e n 1 9 0 8 .
il
P rom u
a cti vi té
p ou rs u i vi t
sous le feu, leur longue patience
a n s p l u s ta rd .
réunion
des
lundi,
mardi,
préparation.
creuse,
on
On
dispose,
on
commandants de compagnies
patrouille pour voir ce que l’on
du 62ème et moi retour aux
a
tranchées.
matériel
La
compagnie
devant
:
arrive, relève rapide. En face
vivres,
de nous, un plateau avec un
téléphones,
champ d’avoine et un champ
pistolets
de
suppléments
luzerne.
Nous
creusons
deux tranchées, l’une dans la
on
répartit
pièces, on
plante on et de
le
grenades, des affecte couteaux, cartouches.
Notre artillerie prépare,
mûrit Pag e 9
N ote s d u C a p i ta i n e E S TRAN G I N
(su i te )
les défenses allemandes. Les
l’empêcher de travailler. Celle
dispositions
«
qui
fatigantes. Ils n’ont pas dormi
Lourds
»
tirent
dans
le
dessert
mon
secteur
a
vallon en arrière de la crête,
une pièce pointés trop court
le
et toutes les minutes environ,
75
arrose
fureur.
C’est
moments, qui
partout à
certains
une nappe d’obus
passent.
Les
répondent
Allemands
fréquemment,
d’une
façon
désordonnée fusées de
assez
d’ailleurs.
demande
allongez le font
avec
tir;
je
de
suis
obus
arrive
rasant
de la nuit et sont très las.
mon
"Le 75 recommence son tir
trou et frappant aux alentours
très dangereux pour nous la
de ma tranchée. Un de mes
première
sergents
est
en
encore
dirigeant
un
Un
blessés.
éventré travail.
Le matin les boches d’en face avaient pu faire par le 1 05 un
« Allongez »
réglage
! Le téléphone
nuit, un quart de l’effectif part
par «
de
en
interpellé
de
vivres,
ravitaillement
en
eau,
en
que
dans
grand
zone
mètres,
de
1 500
complètement
moi,
brigade finit
par
le
tir cesse. repos.
perpétuel
Ce
Cette
danger,
parallèles,
d’ailleurs,
mais
nombreux coups passent
devant
ou
derrière
nos
éléments.
fut un nuit
de
de
"A
heures,
liaison
arrive
mes
l’heure
un
agent
de
m’apportant
boyaux
démolis,
hommes frappés, ou j’ai failli
« H » : 1 7. 45 h .
pentes
glissantes,
barrages
moimême sur le bord de ma
notre
tranchée,
Lourde ou de campagne font
21 0,
1 50,
hommes
205,
88,
marchent
calibres 77.
Nos
sans
se
plaindre et ce qui m’ahurit
trois être enlevé à
hauteur de avait
de
15
voir
de
tous
quelquesuns
mes
boues,
de
d’obus,
par
La
sur
succès
perforés
fréquents
trous
passer ».
obtenir à 7 heures du matin
munitions. Corvées très dures une
reçoit plusieurs
toutes les fusées qui restent :
sans
corvée
:
tir : La
On
fois
lance
»
tué.
tranchée
une
chasseur est
qu’on répare sans cesse finit
en
et
Les là.
fureur par moment.
un
incommodes
taille
été
une
par un très
75,
les
l’heure
Le tir de
est
infernal.
rage. C’est vraiment fou.
fatigue.
"A 1 6 heures je mes
chefs
de
fais revenir
section
pour
"Il a fallu disposer les quatre
répéter avec eux les derniers
inévitables d’orientation dans
vagues
détails,
des
et
d’où
privés de point de repère, la
Cela
nuit.
jour,
terrains
erreurs
artillerie
et
grande
arrivent, malgré les difficultés formidables,
définitive
bourbeux
d’assaut
elles dura
à
l’endroit
déboucheraient. deux
heures.
Au
revoir la direction de
marche. état
Ils
moral.
sont Joie
en et
parfait énergie
tout était néanmoins en
contenues, ils vont à l’attaque
place pour l’attaque du soir. Il
le coeur haut. Je leur serre la
"Le jour « J » arrive. L’heure
ne restait plus qu’à réunir les
main, leur dit de se confier à
« H » sera dans la soirée du
chefs de section et à recevoir
la Providence, je leur dit que
jeudi.
Dernière
l(heure « H ». Au petit jour, je
j’ai pleine confiance en eux et
mise
au
reçois
l’ordre
je les renvoie à leurs postes.
d’attaque,
un plan et l’heure
à
dans
23 des
de
chez
le
62ème .
J’y
point
commandant vais
réunion
du
heures, trous
rencontre,
je
tombe
d’obus,
cherchant
blessés,
l’abbé
détaillé
officielle.
des
ordonnance
bazar.
je
TURGIS,
Mon
Il
reste
plie
mon
encore
30
minutes. "Dans
la
heures,
matinée,
j’appelle
vers
10
mes quatre
"A H moins cinq, tout est prêt,
aumônier divisionnaire tué le
chefs de section.
lendemain par un obus.
en rampant ou en bondissant.
équipement,
Dans le P. C. qui abrite aussi
Dans
bidon de deux litres,
un poste de secours, c’est un
dans le parapet, je les reçois,
de toile de tente, deux sacs à
tohubohu.
deux à droite, deux à gauche,
terre, revolver libre dans mon
à genoux ou accroupis dans
étui,
conversation, un dernier coup
le
dans ma poche, un fusil sous
d’oeil sur photos d’avion,
THIBAU,
tout
Les 21 0 frappent
autour.
Une
dernière on
mon
MAZEL.
est,
dernière
creusé
LAGNEAU, HEULHARD,
Nous
causons
une
je
la
suis
enroulé
dans
musette
pistolet
main.
Deux
mon
pleine, rouleau
automatique obus
de
75
arrivent ensemble à quatre ou
de
heure. Je leur donne tous les
cinq
confiance
détails, les mets à même de
sergent,
du commandant H. , et retour
renseigner exactement tout le
en sang vient me dire : « X
à
monde.
n’a
main, la
poignée
fauteuil,
boyau.
prend l’angle de marche 75’
Ils arrivent
"Le 75 fait rage sur nos têtes.
paroles
de
tranchée.
frappent
Pag e 1 0
sur
le
Nos batteries boche
pour
courage,
Ils
travaillent dans
avec des
mètres
plus
de
moi.
HEULARD, de
tête
!
Un
la figure 3
autres
blessés ». Tout est couvert de
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
N ote s d u C a p i ta i n e E S TRAN G I N
(su i te )
Croquis de l'attaque de la main du Capitaine Etienne ESTRANGIN kilomètre les capotes sortent
l’un à l’autre les incitant à tuer
Dans le boyau je me mets à
alignées.
tout
genoux
et
sort devant moi,
peu.
prie
poussière
de
Je
qui me
ont
recueille
THIBAU en
ce
trous.
qui
reste
Plusieurs
tête ; déjà plusieurs hommes
balaient
tombent
La
miracle
que
je
mes
petits
première
disparaît
touché.
Les
deux
succès
sur
le
parapet.
vague
le
dans
les
mitrailleuses
force
pour
besoin
un
La première vague
la
pour le
l’attaque,
dont
tourbillonne.
plateau. ne
C’est
sois
pas
chefs
de
et
moi
derrière la crête, la deuxième
section (3ème et 4ème vagues)
qui
vont
suit. Je sors de mon trou avec
arrivent. Ils n’ont presque plus
mon ordonnance et ma liaison
personne autour d’eux. Je les
et m’arrête dans la première
oriente,
plus
tranchée. La deuxième vague
à
rien à faire ; je m’agenouille à
dépasse la crête et disparaît.
pente, une mitrailleuse et des
nouveau.
Je me porte au devant.
fusils balaient le chemin 557
chefs
de
même,
section
pour
ceux
tomber. "«
H »
deux
moins deux.
minutes.
Je
Je
Encore
n’ai
m’abandonne
Des
l’un en avant,
droite.
l’autre
Au changement de
entre les mains de Dieu. Les
boches sortent de leurs trous.
et
trois dernières minutes, le feu
Une
progresse. Je saute dans un
des
batteries
notre
doit
être
de
intensité, en «
campagne
plus
puis faire
avant courir
de la
et
nous
après
les
grande
un
bond
devons obus
»,
selon les ordres.
dizaine
descend
point
de
J’aperçois que
vers
départ.
des trous au
arrêtent
grand
trou
tout de
ce
qui
tirailleurs
boches où sont deux de mes
ras du sol, qui sont disposés
sousofficiers.
dans
liaison viennent me demander
l’avoine,
certains
ont
retiré sur les vagues qui ont
des
dépassé.
d’eux
Les
nettoyeurs l’autre,
Un
parlemente
L’un
signaleur
d’un
hésitent
à
un
groupe qui nous fait signe de
des tranchées sur plus d’un
gros quart d’heure, je vais de
se rendre. Il veut les amener.
Pendant
debout
tombe.
courent
tuer.
à
renseignements.
"« H ». A droite et à gauche
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
trou
Les agents de
avec
un
Pag e 1 1
N ote s d u C a p i ta i n e E S TRAN G I N Un cri et il s’affaisse avec une
L’un
balle dans le côté. Plus tard il
heurté, sans explosion, par un
descend
obus
dans
le
trou,
puis
d’eux,
plus
dans
sa
s’écrase
part à l’arrière à la nuit.
dans
tourbillon
d’avions que
plus
choses
les
impressionnantes
naturellement,
tranchées,
plus
tard au
corse,
nettoyeur noir,
décharge
son
acharnement.
En
"Le lapin qui, d’un galop fou,
derrière
les
deux
longe
je
croise
ma
moment
du
tant
de
horrible,
grimaçant va de trou en trou et
calme.
et
des rencontres
sont inévitables. "Un
reviennent que
plusieurs
l’atmosphère
passent et se succèdent tout des détails ne
et
Il y a tant d’obus
"Le cinéma de la bataille. Un les
est
course
en
morceaux. où
loin,
parallèle
au
vagues,
départ
de
mes
sergents
fusil
avec
passant premières deux
blessés
de qui
l’attaque, un de mes sergent
rampent
qui tire en l’air. Je regarde un
Plusieurs
petit avion
crachent souvent tout autour
qui nous
survole
l’arrière. mitrailleuses
très bas et nous tire dessus
de
avec
sort de son trou, je l’ajuste, il
sa
mitrailleuse.
Une
nos
vers
groupes. net.
Un
Un
(su i te )
boche
nuée d’avions français à 4 ou
tombe
500 mètres évolue sur nous.
venant vers moi, tombe tué.
"En
arrivant
tranchée pente
à
la
deuxième
conquise,
sur
la
descendante,
tout
le
panorama positions déploie.
des
nouvelles
allemandes Il
est
écrasé
se sous
nos obus gros et petits. C’est une poussière et une fumée intense. ce
La nuit descend sur
vacarme.
partent de
Les
fusées
chez les boches,
nerveusement.
Des
plaintes
montent des trous d’obus où sont les
blessés
français
et
allemands.
Ma septième était liquidée. "
compagnie
sergent,
S a ci ta ti on à l ' ord re d e l ' Arm é e
Le général FAYOLLE, ème Commandant le VI Armée, cite à l'ordre de l'Armée n°398 le Capitaine ESTRANGIN Louis Joseph Etienne du 63ème Bataillon de Chasseurs Motif de la citation : "Commandant de compagnie hors de pair, d'une haute tenue morale. A su imprimer à son unité un sentiment très élevé du devoir. Pendant l'attaque du 24 août 1916, après une sérieuse avance a pu maintenir ses hommes au combat corps à corps, auquel il a participé luimême, jusqu'à ce qu'il restât plus qu'une poignée de braves avec lesquels il s'est cramponné sur le terrain conquis"
Pag e 1 2
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
Ré
4 1 95
en
ées dig
N ote s d u C om m a n d a n t E S TRAN G I N
L'attaque était menée par la
brancardiers
46ème
d'infanterie
étant montés me rejoindre, je
composée
passe la plus grande partie de
division
"Division
Bleue",
de 1 2 bataillons de chasseurs
la
alpins. Le combat se situe au
étoiles,
sud
hommes.
de
(Somme).
MAUREPAS Ce
attaqué
et
occupé
par
village
déjà
dont
attaquaient, étant en
les
de
mes
1 00
sur le
tués
terrain.
régiment
râle, une balle dans la tête, le
63ème
du
la
mienne
deux
réserve.
des
reconnaître Plus
sont allongés
sergent
Deux compagnies
à
lumière
Mon cher lieutenant THIBAU
d'infanterie de Lille. BCA,
sous la
bataillon
partie
en
1 er
le
était
nuit,
du
autres
Nos
compagnies
d'attaque
que
compagnie
AUSS,
fracassée
la
ne
machoire
veut
laisser relever.
pas
se
J'ordonne
de
l'enlever. . . Il ne me l'a jamais
deux
pardonné.
J'évacue
le
ainsi
lieutenant LAGNEAU perforé
du
à la ceinture par une balle (Je
62ème BCA étaient sous les
l'ai retrouvé plus tard, père de
ordres
10
deux du
commandant
HUOT du 62ème .
enfants,
agent
dans
des
l'Ardèche,
organisations
agricoles du SudEst. ) Le combat avait duré de 20 à
Ce travail se poursuit, difficile,
25
pendant de
minutes
au
compagnie
plus.
était
Ma
presque
sous
me
mitrailleuses
trouvais alors à la hauteur de
rasent le sol.
entièrement
détruite.
Je
mes derniers hommes, mon
fidèle
longues
les
heures,
rafales d'en
de
face
qui
A
ma
droite,
le
creux",
d'obus
où
viennent
organisé a absorbé et détruit
rejoindre
mes
quatre
agents
le
mon
fourrier
bataillon,
de
liaison,
guépier
"chemin
GIREUD d'Allos, dans un trou me
peloton
fortement
des éclaireurs du spécialement
FERRERO(décédé en février
entrainé pour les coups durs
1 950,
qui
travaillait
et
dans
une
usine
Capelette)
et
BROUILLET 1 936
et
encore de
mon
(qui
La
clairon
sauta
disparu
en
pulvérisé
son
chef,
le
lieutenant
BENDER,
vieux dur à
alsacien,
ancien
chef
la
de
auparavant
cuire
adjudant
Légion,
sous
mais
officier
de
dans une grave explosion à la
ulhans qui se plaisait à injurier
poudrerie
le
de
j'assistais comme
SaintChamas,
aux
obsèques
président
Chambre
de
la
d'Agriculture)
secteur
d'en
allemand,
de
face sa
en voix
tonitruante. Je ne m'aventure pas
dans
ce
chemin
creux
Quelques
chasseurs
nous
d'où partent encore quelques
rejoignent
dans
trous
balles allemandes.
les
Au lever du jour, je retrouve le La nuit tombée, notre groupe
commandant
commandant,
au
position atteinte tenue,
total
de
rejoint
VILLE,
mon
qui s'est porté
la
ligne
au poste de commandement
pouvant
être
HUOT. Il m'embrasse, me fait
ligne
ses excuses pour les officiers
départ,
ne
la
et toute
la
1 ère
allemande ayant été détruite
de
par nous, la 2ème se trouvant
estimés. Il rédige une citation
à
et me propose pour la croix
quelques
centaines
de
qu'il
avait
sous
de guerre. Qu'avaisje fait de
mètres. Aussitôt
réserve
que
possible,
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
les
devant
se
jette
moi,
à
genoux
les
poignets
joints par son chapelet : "Pitié françouze, pitié françouze", je détourne mon revolver qui n'a pas
quitté
de
la
nuit,
chien
armé, ma main droite. "Fous moi le
camp
là
bas" en
montrant
l'arrièr
où
disparaît,
pendant
que
lui il je
continue à examier un à un les corps étendus. La même attaque, avec pour objectif, côté
les lignes de
du
jours
ravin
après
63ème .
est
par
compagnies
l'autre
reprise nos
de
2
deux
réserve
Tous
du
ceux
qui
dépassent une certaine ligne sont frappés à la hauteur de la
taille
par
FAUCHER
les
balles
de
compagnie
de
est
plus que mon devoir ?
tué
net.
est traversé
séminariste, lui aussi.
le
Je
lendemain
une sape à l'arrière, refermé
Le
Georges
ESTRANGIN, retrouve
8ème
la
lieutenant
sur
le
le
dans
un trou
ventre,
une
blessure en entonnoir grande comme la main dans le dos. Il fut
enterré
après, côté
peu
derrière de
vicaire
la
de
les
jours
lignes,
à
l'abbé
TURGIS,
Paris,
aumônier
à
dans
division,
tué
en
accomplissant sa mission de charité. Quelques
voisins.
13
allemand
mitrailleuses. Le capitaine de
avec
ordonnance
En fin de nuit, au petit jour, un
mois
plus
tard,
revenu de convalescence, un de mes chasseurs m'apporte dans sa d'une
musette,
mitrailleuse
détruite vagues. troupier
par Que qui
la
hausse
allemande 2èmes
nos dire
de
ramène
sur
ce le
champ de bataille un souvenir à son capitaine, au péril de sa vie
et
mois
qui,
après
d'hôpital,
plusieurs
vient
le
lui
offrir?
Pag e 1 3
N ote s d u C om m a n d a n t E S TRAN G I N Inutile
de
dire
principal de VERDUN.
quel fut mon
(fi n )
Simple épisode d'une longue lutte au cours de laquelle les
témoignage devant le Conseil J'allais oublier le dévouement
effectifs sous mes ordres ont
quelques mois plus tard, pour
sans
fondu trois fois.
avoir quitté le bataillon,
ordonnance
de
Guerre
où
il
fut
traduit d'un
limites
coup de cafard, pour voir ce
qui ne
que
faisait
femme
à
dont
Marius
me
quitta
GIREUD
pas
d'une
la
Marne,
du
il
de
allemand qui me visait, celui,
Vosges,
de
Champagne,
du
sans doute, qui tomba avant
Nord,
de
Lorraine,
de
que j'ai pressé ma gachette.
Belgique et d'Italie.
ces
un
de
semelle
penser de
abattit
Batailles
sa
avait
et
mon
Marseille
regrettables nouvelles. Que
de
Soissonnais,
des crêtes des
Mines, obus de tous calibres,
troupes
animées d'un esprit de devoir
Il faudrait des pages pour tout
rafales
et
relater.
nappes de balles et de gaz,
de
faille,
sacrifice, et
cela
sans
une
pendant
trois
périodes
semblables,
autre
que
but
de
ces
dégager
Quels créé
pendant
sur la
des
Somme,
mois,
et
pourquoi,
terribles
à
face
et
mon
Dieu, suisje sorti indemne de
sans
Verdun en obligeant le Boche faire
mitrailleuses,
bombes d'avions, crapouillots Comment
successives
d'attaques
de
bagarres
devoirs
ne
m'a
cette
demi !
? pas
singulière
protection.
à
. . . Et cela dura quatre ans et
Oui, comment en sorti et pourquoi ?
suisje
dégarnir de troupes le secteur
" D a n s l a p oi g n é e d e b ra ve s "
Il
fa i t
p a rti
du
ch a sse u rs
d e rn i e r
ca rré
su rvi va n ts
de
d es
1 3
Il
l ' a tta q u e
e st
ci té
b ri g a d e
re g rou p é s a u tou r d e l e u r ca p i ta i n e :
su i va n t :
H e n ri
"A
M I C O U LE T
Ard é ch oi s 1 9
qui
se p te m b re
S om m e . 1 91 4,
a
un
se s
su i va n t
I n cop oré
il
é té
se p te m b re d eu x
e st
fê te ra
en
n om m é
1 91 5
se m a i n e s
et
an s
d an s
ch a sse u rs
de
la
a ve c
5
le
èm e
m oti f
fait preuve constamment du plus
beau
la
sangfroid en particulier à l'attaque
courage
et
du
plus
grand
du 24 août à plusieurs reprises, s'est
en
offert
pour
l'exécution
missions dangereuses,
se rg e n t
l ' a tta q u e
l ' ord re
le
d é ce m b re ca p ora l
p a sse ra
a p rè s
j eu n e
21
de
à
il a
il
de
assuré
la liaison avec le plus grand zèle. "
du
2 4 a oû t.
Le
com m a n d a n t
ch a s s e u rs d u 6 2
Pau l
èm e
H U OT
et d u 63
(1 8 7 8
èm e
1 91 6)
qui
d i ri g e a i t
l ' a tta q u e
d es
l e 2 4 a oû t, tom b e ra a u ch a m p d ' h on n e u r l e
5 n ove m b re 1 9 1 6 à S a i l l i s e l (S om m e ). O ffi ci e r
Sai n t
C yri e n ,
il
a va i t
s e rvi
au
1
er
ré g i m e n t
é tra n g e r
M a roc e t a u S a h a ra d e 1 9 0 4 à 1 9 0 9 a va n t d e re j oi n d re l e 2 2 ch a s s e u rs p u i s l e 6 2
èm e
en
èm e
Al g é ri e ,
au
b a ta i l l on d e
e n 1 9 1 4 d on t i l p re n d ra l e com m a n d e m e n t.
D e u x foi s b l e s s é a u x con fi n s a l g é rom a roca i n s e n 1 9 0 8 e t troi s foi s a u cou rs de le
la
g u e rre
23
a oû t
de
1 9 1 4 1 9 1 8 ,
1 91 6,
il
a va i t
il
é ta i t ti tu l a i re
con s e rvé
s on
de
n om b re u se s ci ta ti on s.
com m a n d e m e n t
p ou r
B l e ssé
m en er
l es
a tta q u e s d u 2 4 a oû t e t d u 3 s e p te m b re .
Pag e 1 4
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
Ab b é E d ou a rd TU RG I S (1 8 7 3 1 9 1 6 )
L'abbé Edouard TURGIS, vicaire de la Madeleine à Paris, aumônier volontaire de la 46ème Division d'infanterie, est mort le 26 août des suites d'éclats d'obus reçus le 25 à son poste d'honneur et de dévouement. C'est au poste de ème commandement du 63 chasseurs que, blessé, il est accueilli par le commandant VILLE qui lui dit son espoir de le voir revenir bientôt au bataillon, et il ajoute : "Permettez moi de vous remercier de tout ce que vous avez fait pour mes chasseurs." L'abbé fait alors un
S ai n t Lou i s
d'un
d'une bravoure et
dévouement
bornes,
a
été
sans
blessé
grièvement dans
la
très
nuit du
25 août 1 91 6, en prodiguant ses
soins
sous
bombardement. "
un
violent
(C i ta ti on
à
l ' ord re d e l a D i vi s i on )
L' a b b é
TU RG I S
d an s
le
d ' E ti n e h e m ,
p rè s
où
fu t
e n te rré
ci m e ti è re
re p osa i t
d 'u n
m i l l i er
d éj à
de
com b a tta n ts .
Le 1 3 j u i n
m orte l l e
con d u i te
1 921 ,
s a d é p ou i l l e
e xh u m é e
au
fu t
ci m e ti è re
F on te n a ya u xRose s
M. Emile DEVAUX, officier à la 4ème section d'infirmiers militaires à laquelle appartenait l'abbé, écrit : "Le brave Abbé TURGIS est mort en héros... Souffrant horriblement de sa blessure, il ne s'est pas plaint un seul instant. -" Je ne regrette qu'une chose, disait-il, c'est de ne pouvoir continuer la mission que je m'étais assignée..." Il avait quarante-trois ans.
L'abbé TURGIS avait été successivement professeur au Petit-Séminaire de Notre-Damedes-Champs, vicaire au Kremlin-Bicêtre, à Saint-Michel et enfin à Sainte-Madeleine. C'est là qu'il avait créé l’œuvre des midinettes (la dinette de midi) pour accueillir les jeunes femmes employées dans les importants magasins et ateliers de haute couture du quartier du Faubourg Saint Honoré et de la rue Royale et leur permettre de faire réchauffer leur gamelle sur des poêles à charbon. Aujourd'hui, le Foyer de la Madeleine perpétue toujours son "oeuvre du midi".
S e s d e u x d e rn i è re s l e ttre s
2 5 aoû t :
" Aumônier
effort pour se soulever et dit : " Je sens que je vais mourir ; je donne ma vie pour la France et mes chers Alpins."
où
de
sa
fa m i l l e p os s é d a i t u n ca ve a u .
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
"Aux Armées, le 24 août.
"Aux Armées, le 25 août 1916.
"Merci de vos bonnes prières ; oui saint Louis va nous protéger. Le canon continue sans relâche. Je confesse dans les trous, dans toutes les positions. Quelle vie ! Nous espérons bien avancer ces jours-ci, mais que cela coûte cher ! "Nos soldats sont logés dans de petits trous comme les chiens dans une niche. Ils sont accroupis et bien résignés à leur sort..."
"C'est la grande bataille grandiose et terrible ; temps splendide, 25 avions en l'air, 20 ballons captifs. Des canons en nombre infini. Un bruit d'enfer. Prisonniers nombreux. Nos hommes ont été très braves, mais il y a eu des morts et des blessés ; c'est terrible. Le Bon Dieu me protège toujours, merci de vos prières à tous. "J'ai vu un avion tomber, il était tout en flammes ; quand je suis arrivé, les deux aviateurs étaient morts. C'est une grande peine de voir ces braves mourir ainsi. "Le moral est bon, j'ai encore confessé en marchant. Nous avons pris des tranchées ennemies. Au revoir. "Oui que saint Louis nous protège. "Edouard"
Pag e 1 5
S ou ve n i rs d u C om m a n d a n t E S TRAN G I N
1 .
S on
béret
ch asseu r
al pi n ,
ad optée
par
en
et
1 891
de
(coi ffu re
l es
Al pi n s
su rn om m ée
l a "tarte").
2.
Sa
"cape"
(ad optée
en
1 892 sou s l e n om
de
"m an teau à capu ch on ").
3.
Sa
"son n ai l l e"
Vosg es,
vach e
d es
cl och e
en
fer
de
bl an c,
q u 'i l
d i sposai t à l 'en trée d e sa
cag n a.
4.
U n cai sson m étal l i q u e
à m u n i ti on s.
5.
Sa
l am pe
réal i sée
d an s
à
pétrol e
une
boi te
d e con serve
6
S on
g obel et
verseu r
à
bec
u ti l i sé
rem pl i r
la
pétrol e
pou r
l am pe
et
à
réal i sée
com m e cel l eci .
7. S a pi pe
8.
Sa
m on tre
q u 'i l
de
portai t
poi g n et
avec
d écl en ch a
g u erre
à
son
l aq u el l e
l 'attaq u e
il
de
sa com pag n i e l e 2 4 aoû t
1 91 6 à 1 7h 45.
9.
Sa
avec
croi x
d eu x
l 'ord re
1 91 6
à
g u erre
ci tati on s
de
et
de
(à
l 'Arm ée
l 'ord re
en
de
la
B ri g ad e en 1 91 5)
1 0.
le
S es croq u i s (l a rel ève d es u n i tés
20
aoû t
1 91 6
et
l 'attaq u e
du
24
S on
1 882
sabre
qui
d 'i n fan teri e
éq u i pai t
l es
M od èl e
offi ci ers
H au sse
al l em an d e
Pag e 1 6
JR
d 'u n e
M. G.
m i trai l l eu se
08
1 34
en
g arn i son
la
7
qui
èm e
par
à
l 'u n
ses
1 0.
portan t
est
d es
à
El l e
ch asseu rs
la
ran g s
le
I n fan teri e
créé en 1 881
Pl au en ).
com pag n i e
d éci m ai t
08)
(J . R. 1 34
S äch sen
Reg i m en t – N r. 1 34",
arrach ée
d 'i n fan teri e d e l a g u erre 1 41 8.
1 2.
l 'i n scri pti on
"Kön i g l i ch er
aoû t 1 91 6)
11 .
(M asch i n en g eweh r
et
1 3.
Ph oto
de la 7
èm e
d es
cad res
sou soffi ci ers
com pag n i e en tou ran t l eu r
capi tai n e
fu t
1 4.
de
com pag n i e
m i trai l l eu se
et
com m e troph ée à son capi tai n e.
S on
fan i on
du
63
de èm e
la
7
batai l l on
èm e
de
ch asseu rs
rapportée
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
C a rte d e M a u re p a s a ve c l e tra cé d e s tra n ch é e s a l l e m a n d e s e n b l e u à l a d a te d u 20 j u i n 1 91 6
Le re l i e f : u n é l é m e n tcl é
Voici le profil du terrain de l'attaque suivant la ligne pointillée rouge sur la carte. La double flèche noire situe à la fois le site de l'attaque de la 7ème compagnie le 24 août 1916 sur la carte et sur le profil Cette coupe montre les difficultés d'une attaque sur une pente cachée par le relief aux tirs directs d'appui et de couverture des amis, mais exposée aux tirs directs de l'ennemi ! .
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
F ra n ça i s
Al l e m a n d s
Pag e 1 7
La l e ttre d u S ou s l i e u te n a n t M a rce l LAG N E AU
Cette lettre est la réponse adressée par le lieutenant Marcel Lagneau à Madame Gabrielle Barral veuve Nougarède. Elle a été conservé par Madame Roselyne Dugand, petite-fille de la veuve du sergent Hippolyte Nougarède, qui a gentiment autorisé sa publication.
Ce 8 Décembre 1916 Madame, Veuillez m'excuser de n'avoir pas répondu plus tôt à votre lettre. Elle m'arrive aujourd'hui seulement dans ma famille où je suis en convalescence. Le sergent Nougarède était en effet à mes côtés quand il est tombé pour la France. Il a été sur le champ de bataille comme je l'avais connu partout, aux tranchées comme à l'exercice, aux jours mauvais comme au repos, un soldat exemplaire. L'assaut avait été donné à 5h40 du soir ; ma section était en troisième vague. Nous avions fait trois ou quatre bonds sans encombres sérieux et nous soufflions un moment dans un trou d'obus quand, au moment de repartir nous aperçumes en face et à côté de nous un parti de boches qui nous avait cernés en nous prenant de flanc. Nous déchargeons nos armes et nous terrons à nouveau. Mais les boches nous attaquent alors à coup de grenades. Nous continuons de tirer, et c'est en visant un boche que votre mari reçoit une balle au menton. Il eut à peine le temps de dire trois mots : "Ah ! que j'ai mal" et il tomba. Il venait de verser son sang pour la France. Une minute après je tombais à mon tour. Excusez-moi, madame, de vous donner tous ces détails qui aviveront peut-être votre douleur, mais vous-même m'avez demandé de ne rien vous cacher. Vous le voyez, madame, votre mari est mort en brave. Courageux soldat, il était de plus un vaillant chrétien et avait plus d'une fois à ce sujet excité mon admiration. Ce doit être un autre sujet d'apaisement pour vous, madame, puisqu'il a la récompense des martyrs du devoir. C'est une perte pour le bataillon et pour moi plus particulièrement. Je l'estimais beaucoup et ses hommes l'aimaient. Permettez-moi donc, madame, de vous exprimer la grande part que je prends à votre deuil, et veuillez croire à l'assurance de mes sentiments douloureusement dévoués signé : Marcel LAGNEAU En convalescence à Frayol par le Teil (Ardèche)
Pag e 1 8
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
P a rm i l e s ci ta ti on s
TH I B AU
(J os e p h
m od è l e
de
Lou i s),
s a n g froi d ,
b ra vou re ré fl é ch i e ; de
la
au
ca m p a g n e
m a i n te s
foi s
l ’ a tta q u e
du
par 24
l ’ a ss a u t
d’une
e n l e vé
d eu x
e n tra în e r a va n t » .
sou sl i e u te n a n t
a oû t
de
fron t d e p u i s l e d é b u t
s’ é ta i t sa
fa i t
re m a rq u e r
b ri l l a n te 1 91 6,
bal l e
à
la
h om m e s
q u el q u es
con d u i te .
b l e ssé tê te
tra n ch é e s,
ses Tu é
d ’ é n e rg i e ,
:
a
en
A
pen d an t
a p rè s
i n sta n ts
63
èm e
b a ta i l l on
e xce l l e n t Trè s un
:
à
«
a p rè s
En
d’une
d e u xi è m e b a l l e d a n s l a tê te .
e n tra i n ,
se rg e n t
BEN DER 63
èm e
d 'u n e
bel l e
é n e rg i e
et
:
d 'u n e
P e n d a n t l ' a ssa u t d u
la
d roi te
b rû l é e ,
5
bal l e
q u 'i l
m u s e tte
;
m a l g ré
ce tte
à
e n tra i n e r
m an i an t
s on
sa
,
m om e n t où
une
m ai n
bal l e
g a u ch e
le
d é sa rm a .
p ou r
d é ta ch é
offi ci e r
b ra vou re
vol on ta i re et
l es
D ési g n é
de
et
l es
d e ve n u
s on
a u d a ce
m i s s i on s
cou p s p ou r
g re n a d i e rs à
ses
d ’ é n e rg i e
tê te
un
l es
m ai n
l es
org a n i se r
de
un
d ’ é l i te ,
a va i t
su
ch a s s e u rs
ses
ra re s
d ’ a u d a ce .
Atta q u a n t
cre u x
à
forte m e n t
et
a rrê té
d ès
s on
d é b ou ch é
par
g a u ch e
d an s
B l e ssé
et
ch e m i n
en
fe u
vi ol e n t
de
m i tra i l l e u s e s ,
s’ y
e st
j e té
l ' a va n t a ve c q u e l q u e s
b ra s
sa
:
a
un j u sq u ' a u
ch a s s e u rs
au
a va i t d a n s
b l e ssu re
la
de
l i e u te n a n t
a ya n t
d e m i se cti on
de
F é l i x),
b ri g a d e
par
h a rd i s .
org a n i s é fu si l
a ve c l e 24
a eu
l eu r con ti n u é
p orta n t vi l l a g e ,
p é ri l l e u s e s
q u a l i té s sa
cou ra g e u x.
se
èm e
com m u n i q u e r e n fl a m m é d e s p ots Ru g g i e ri
:
g ra n d e
2 4 a oû t,
une
en
al pi n s
à l ’ a tta q u e d ’ u n
b a ta i l l on
g rou p e m ai n
bl essé
et
au
sou s
pl u s b ra vou re .
ch a s s e u rs d é vou é
(Rob e rt
é cl a i re u r
pl u s offi ci e r
de
ch a s se u r
a oû t 1 9 1 6 .
l é g i on n a i re
(Lou i sM a rce l l i n ),
E rn e s t),
ch a s s e u r,
g ri è ve m e n t
bel
tou j ou rs P E D O YA
(Ros i n
a voi r
con ti n u é
cri a n t
M AS S E G LI A
au
s u rvi va n ts
de
s on
g rou p e
et
d ébu t e s t tom b é g l ori e u s e m e n t fra p p é e n s ’ é cri a n t
d e l a ca m p a g n e e t d é j à ci té . : « E n a va n t q u a n d m ê m e » . AU S S E N AC
(Am é d é e ),
se rg e n t
offi ci e r d ’ u n cou ra g e sa n s p a re i l . à
l ’ assau t
a ve c
un
cou ra g e
G l ori e u s e m e n t
tom b é
e n l e va n t
m i tra i l l e u se
une
p rog re s s i on
de
la
en
:
S ou s
S ’ e st p orté
re m a rq u a b l e .
a tta q u a n t qui
com p a g n i e ,
et
en
g ên ai t
la
le
24
a oû t
1 9 1 6 . A é té ci té
ARTI LLAN (Lou i s), ch a sse u r : b on ch a ss e u r cou ra g e u x
et
re m a rq u e r
par
M ort a oû t
d é vou é , sa
g l ori e u s e m e n t 1 91 6,
à
bel l e p ou r
M a u re p a s
qui
s’ e st
con d u i te la
au
F ra n ce ,
(S om m e ).
fa i t fe u .
le
25
C roi x
de
g u e rre a ve c é toi l e d e b ron ze .
G I RE U D a ssu ré
(M a ri u s
la
l i a i s on
com p a g n i e son
et
ca p i ta i n e
M od è l e
de
a
H ya ci n th e ), e n tre
l es
p roté g é
pen d an t
ch a sse u r
se cti on s
sa n s
l ' a cti on
d é vou e m e n t
et
du
24
à
a sa lui
a oû t.
d ' a b n é g a ti on .
C roi x d e g u e rre a ve c é toi l e d e b ron ze
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
de
p e n se r
:
le Lieutenant Robert Félix BENDER (Gérardmer - février 1916) Pag e 1 9
e fu r Ils tra
2 1 9 nt
nc
hé
o à s
le es
rti r
de
ao 24
s
ût
Le s p e rte s d e l a 7
èm e
com p a g n i e
Tu és à l ' en n em i :
S ou s l i e u te n a n t J ose p h TH I B AU , 2 5 a n s , M a rs e i l l e (1 3 ), e m p l oyé d e b u re a u S e rg e n t F ra n çoi s LAC RO I X, 2 5 a n s, La C h a rm é e (7 1 ), cu l ti va te u r, re n g a g é S e rg e n t M a ri u s S AVO YE , 3 6 a n s, G a p (0 5 ), cu l ti va te u r S e rg e n t Am é d é e AU S S E N AC , 3 0 a n s, M a rs e i l l e (1 3 ), com m i s d ' é con om a t. . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 5 1 8 C a p ora l F l ore n ti n F O RTO U L, 3 5 a n s, M é a i l l e s (0 4 ), cu l ti va te u r C h a s se u r M a xi m i n M E I LLAN , 2 9 a n s, M on tcl a r (0 4 ), b ou l a n g e r à M a rs e i l l e C h a s se u r Lé on B LAYAS S I , 2 9 a n s, M i l l a u (1 2 ), cu l ti va te u r C h a s se u r F i rm i n VI RE N QU E , 2 8 a n s, Arq u e s (1 2 ), cu l ti va te u r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 6 2 8
D i s paru s :
S e rg e n t H i p p ol yte N O U G ARE D E , 3 8 a n s , B l a n d a s (3 0 ), l i q u ori s te à Le Vi g a n (3 0 ). . . . . . † n ° 8 2 7 C a p ora l An d ré B RU N , 3 6 a n s, F on tvi e i l l e (1 3 ), ca rri e r C a p ora l Al b e rt G U I TO N , 2 9 a n s, Ai xe n P rove n ce (1 3 ), cu l ti va te u r C a p ora l B e rtra n d B O U F FARTI G U E , 2 3 a n s , B a ch a s (3 1 ), cu l ti va te u r à Te rre b a s s e C a p ora l Lé on TE RRAS , 3 2 a n s, S a i n t Vi n ce n td e D u rfort (0 7 ), cu l ti va te u r à O l l i è re s C a p ora l Th é op h i l e H E B RARD , 2 2 a n s, F i a c (8 1 ). cu l ti va te u r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 5 6 3 C a p ora l P a u l B O U D I E RE , 3 7 a n s, La B ou rg on ce (8 8 ), cu l ti va te u r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 6 2 9 C h a s se u r M a ri u s U N AL, 2 7 a n s, Ag u e ss a c (1 2 ), cu l ti va te u r C h a s se u r Vi ctori n H E N RY, 3 9 a n s, F orca l q u i e r (0 4 ), cu l ti va te u r C h a s se u r G e rm a i n M ATH O N , 2 4 a n s, S a i n tM on ta n t (0 7 ), cu l ti va te u r C h a s se u r F ra n çoi s G E RM AI N , 3 2 a n s, Vi e u g y (7 4 ), cord on n i e r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 3 0 6 C h a s se u r C yp ri e n B O G I RAU D , 4 0 a n s, S a i n t S yl ve s tre (0 7 ), cu l ti va te u r C h a s se u r An d ré RI B AU D O , 2 1
a n s, N i ce (0 6 ), cu l ti va te u r
C h a s se u r Lou i s ARTI LLAN , 3 8 a n s, S a i n t Rom a i n e n Vi e n n oi s (8 4 ), ca n ton n i e r à Va i s on C h a s se u r Ab e l VI N C E N T, 3 1
a n s, P e yrou s s e (0 5 ), ve rn i s s e u r à M a rs e i l l e
C h a s se u r Ai m é VI LLAU M E , 3 7 a n s, Ta i n tru x (8 8 ), cu l ti va te u r C h a s se u r Ad ri e n VI LLARE T, 2 2 a n s, S a i n t J e a n d e Ve d a s (3 4 ), cu l ti va te u r C h a s se u r P i e rre C ARRI E RE , 2 1
a n s, P i e rre fi ch e (1 2 ), cu l ti va te u r
C h a s se u r Lou i s C AM B O U LI VE S , 2 1
a n s , Arvi e u (1 2 ), cu l ti va te u r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 3 0 7
C h a s se u r J e a n B a p ti ste C O LLO M P, 3 0 a n s , Vi l l a rs B ra n d i s (0 4 ), cu l ti va te u r C h a s se u r D e n i s P E LI S S I E R, 3 0 a n s, Rob i on (0 4 ), cu l ti va te u r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 7 2 5 C h a s se u r E d ou a rd B O U RJ AC , 2 9 a n s, Au p s (8 3 ), cu l ti va te u r à S a l e rn e s C h a s se u r Lu ci e n LAC RO I X, 2 8 a n s, M on tl u çon (0 3 ), b ou l a n g e r à M a rs e i l l e C h a s se u r J os e p h M ALLE T, 3 5 a n s, I sol a (0 6 ), fe rb l a n ti e r à G ra s s e C h a s se u r F ré d é ri c B O U TO N N E T, 2 1
a n s , F l a vi n (1 2 ), cu l ti va te u r
C h a s se u r P i e rre TU AL, 3 7 a n s, P a ri s (1 4 e ), d om e s ti q u e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 3 0 8 C h a s se u r M a rce a u RI C H AU D , 3 2 a n s, Va l e n s ol e (0 4 ), cu l ti va te u r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . † n ° 1 7 5 0 C h a s se u r E l i e G ALLU Y, 3 0 a n s, M on tp e za t (0 4 ), b e rg e r à S a i n tJ u l i e n l e M on ta g n i e r C h a s se u r P a u l C RO U ZE T C h a s se u r J os e p h C AZE N AVE C h a s se u r G u s ta ve (n om i l l i si b l e )
† : i n h u m é d a n s l a n é crop ol e d e M a u re p a s s u i vi d u n u m é ro d e l a tom b e
Pag e 20
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
a u cou rs d e l ' a tta q u e d u 2 4 a oû t 1 9 1 6
D écéd és d es s u i tes d e l eu rs b l es s u res :
S e rg e n t Lu ci e n D U C RO S , 3 6 a n s, M a rs e i l l e (1 3 ), p orte fa i x, † l e 2 4 a oû t p a r j u g e m e n t C a p ora l H e n ri C AS TE LAS , 3 1
a n s, P é l i s s a n n e (1 3 ), com m i s a u x é cri tu re s , † l e 2 9 a oû t
C a p ora l Al b e rt RO U G E O N , 3 3 a n s, S a i n t E ti e n n e l a C i g og n e (7 9 ), cu l ti va te u r, † l e 2 6 a oû t C h a s s e u r Re m y S E G ALA, 3 9 a n s, S t G e rm a i n d u Te i l (4 8 ), cu l ti va te u r, † l e 2 5 a oû t C h a s s e u r Ros i n M AS S E G LI A, 2 9 a n s, C l a n s (0 6 ), cu l ti va te u r, † l e 2 octob re 1 9 1 6 C h a s s e u r An toi n e D E N ARY, 2 9 a n s, Vi l l e n e u ve Lou b e t (0 6 ), cu l ti va te u r, † l e 2 8 a oû t
B l es s és :
C h a s s e u r E m i l e B O U ZAU QU E T
S ou s l i e u te n a n t M a rce l LAG N E AU
C h a s s e u r M a rce l J O U QU E T
S e rg e n t M a rti n P H I LI P
C h a s s e u r Lou i s LAU C O N
S e rg e n t P i e rre C AP P I N
C h a s s e u r H e n ri RO LLAN D
S e rg e n t Lou i s QU E I RO LO
C h a s s e u r B a p ti s te B O U RRE T
S e rg e n t M a ri u s B ARRAL
C h a s s e u r E rn e s t G AU TH I E R
S e rg e n t Lou i s P E D O YA
C h a s s e u r P i e rre B RU C H O N
S e rg e n t M a ri u s RAP O N
C h a s s e u r F ré d é ri c C H AB AU D
S e rg e n t Arth u r H E U LH ARD
C h a s s e u r P i e rre AVI T
C a p ora l J os e p h PAU LE AU
C h a s s e u r J os e p h RE M Y
C a p ora l F ortu n é B ARG E T
C h a s s e u r Au g u s te J O U VE
C a p ora l F é l i x O TTAVI AN I
C h a s s e u r Au g u s te AZAM
C a p ora l J os e p h G AS S E U D
C h a s s e u r M a ri u s E S C ALI E R
C a p ora l J e a n B a p ti ste N O VARE S E
C h a s s e u r J os e p h S ATTI
C h a s s e u r Lé on D E LO RD
C h a s s e u r J e a n S AP PA
C h a s s e u r M a rc B O U S QU E T
C h a s s e u r F ra n çoi s LI AU TAU D
C h a s s e u r Lou i s B O N N E TO
C h a s s e u r E d ou a rd G O G U E Y
C h a s s e u r Al p h on se ARN AL
C h a s s e u r P a u l B RO U I LLE T
C h a s s e u r Lu ci e n F LE U RY
C h a s s e u r C h a rl e s B LAN C
C h a s s e u r E rn e st FAB RE
C h a s s e u r Lé on RE B O U L
C h a s s e u r Au g u ste VE RN H E T
C h a s s e u r J é ré m i e P O U LE N ARD
C h a s s e u r Al fre d RE YN I E R
C h a s s e u r B a rth é l é m y RO U X,
C h a s s e u r E m i l e TI C H E T
C h a s s e u rs M a rc LE G RAL
C h a s s e u r J e a n n i n B O YE R
C h a s s e u r F ra n çoi s G AM B ARE LLI
C h a s s e u r H e n ri RO C H E
C h a s s e u r Ad ol p h e M I S TRE
C h a s s e u r D a n i e l AN TE RI O N
C h a s s e u r G u s ta ve D O LE RI S
C h a s s e u r Lou i s M ARTE LLE T
C h a s s e u r J u l e s D U P RE
C h a s s e u r M i ch e l M AN S O U RA
C h a s s e u r J os e p h TH I VI N
C h a s s e u r P a u l G U E RI N
C h a s s e u r J e a n B O U ZO M
C h a s s e u r F é l i ci e n M AU RE L
C h a s s e u r An toi n e O LI VA
Ch asseu r Pau l B ON
C h a s s e u r P i e rre C H AI X
C h a s s e u r F ortu n é M AU S O N
4 4 m orts e t d i sp a ru s 6 3 b l e ssé s
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
Pag e 21
Le " C h e m i n cre u x"
Le ch a m p d e b a ta i l l e
D e va n t M a u re p a s
La tra n ch é e a l l e m a n d e " M ossou l "
Vi s i te d e C l é m e n ce a u à M a u re p a s Vi l l a g e d e M a u re p a s (1 0 octob re 1 9 1 6 )
Pag e 22
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
M a u re p a s L'église
Le village
u n " vi l l a g e e ffon d ré "
"Je dépliais ma carte et fis le point : je me trouvais au sudouest de Maurepas, dans le ravin du Tortillard. J'étais fixé ; je pouvais analyser le paysage. Il était effrayant. La dévastation, dont j'avais noté quelques détails autour de moi, s'étendait sur tout le terrain à perte de vue, et répandait sur ce coin de France une désolation intense qui étreignait le cœur. Partout le chaos ; partout le sol fouillé, retourné, constellé d'innombrables cratères. Ce sol qui autrefois, à pareille époque, était revêtu d'une belle verdure, était couvert d'un manteau blanc, d'un blanc douloureux, lugubre, désolant. Çà et là des débris informes gisaient, qui relevaient encore cette tristesse poignante : des rails fracassés se tordaient vers le ciel ; là-bas, à quelque 400 mètres, à l'emplacement de la halte, deux wagons en détresse, bousculés, éventrés ; de la halte elle-même, plus rien, pas même un monceau de briques ; plus près, des caissons boches démolis, des abris effondrés d'où M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
surgissaient des poutres fracassées et qui exhalaient l'odeur répugnante de cadavres. Et lorsque je levai les yeux du fond du ravin pour porter le regard au loin, la même désolation s'appesantit, encore plus lourde. En face, le Bois Neuf, ou plutôt ses débris : des troncs ébranchés qui se dressaient nus comme des cierges, des arbres fracassés, dont la partie supérieure pendait vers le sol, en lanière de fouet ; sur le sol, un amas inextricable de menus branchages ; et, sur cette destruction, pas une feuille! A gauche, dans le lointain, sur le flanc d'un mamelon, étaient accumulées les ruines du village d'Hardecourt : plus un toit, plus un pan de mur. Seul, un bouquet de « cierges » désolés attestait qu'autrefois un village riant avait égayé cette morne solitude. Vers l'est, coupée à mi-côte par des tranchées où mon bataillon se tenait en réserve, une hauteur puissante barrait l'horizon : c'était le plateau de Maurepas, de tragique mémoire! Pour le moment, j'ignorais encore la terrible réalité et je cherchais des silhouettes de maisons.
Hélas, du village, comme de celui d'Hardecourt, il ne restait plus que des bouquets de "cierges", dressés sur un désert. Le long de la lisière, courait un énorme talus, coupé aux deux bouts par un plan incliné. "Une redoute boche !" murmurai-je, l'esprit assailli par le souvenir de la résistance désespérée de l'ennemi. "Mais non, regardez bien", me dit un camarade mieux renseigné. J'inspectai à la jumelle et demeurai interdit : le talus n'était qu'un immense amas de décombres ; c'était le village effondré." Témoignage extrait de l'article "Mon régiment
dans
la
bataille
de
la
Somme" paru dans la revue Etudes (1 91 7/01 1 91 7/03)
Maurepas Photographie allemande prise en 1 91 5
Pag e 23
La re con stru cti on
E n 1 9 1 9 , l e s h a b i ta n ts d e M a u re p a s d é cou vre n t l e u rs h a b i ta ti on s ra m e n é e s a u n i ve a u du
s ol .
Le u r vi l l a g e fa i t p a rti e d e s 1 0 4 vi l l a g e s ra s é s p a rm i l e s 3 8 1
l a S om m e . re fa i re , par
La
375
ou vra g e s
l 'en n em i
n a ti on a l e ou
vi l l a g e s d é tru i ts d e
zon e rou g e d e s com b a t e s t te l l e m e n t d é va s té e (8 2 8 8 km
d an s un
d ' a rt à
son
re con s tru i re ,
re p l i ,
...)
sa n ctu a i re d u
que
50
ce rta i n s
sou ve n i r.
000
a rb re s
fru i ti e rs
e n vi s a g e n t
L' e ffi ca ce l oi
du
m êm e
1 7 a vri l
s ci é s d 'en
d e rou te s à
ou
fa i re
d yn a m i té s une
forê t
1 9 1 9 fi n i ra p a r rè g l e r
l ' é n orm e m a sse d e s d ossi e rs d e s d om m a g e s d e g u e rre . Au d é p a rt i l y a u ra u n e é n orm e va g u e d e s ol i d a ri té m a i s e l l e s ' e s s ou ffl e ra ra p i d e m e n t. Fi n al em en t i l et
re m e ttre
fa u d ra en
pl u s
cu l tu re ,
de 1 0
1 0
an s
an s
p ou r d é s ob u s e r,
de
vi e
en
d é b l a ye r,
p rovi s oi re
et
te rra s s e r,
s ou ve n t
en
re con s tru i re l u tte
con tre
l ' Ad m i n i s tra ti on !
Pag e 24
M a u re p a s 2 4 a oû t 1 9 1 6
Le s p é l e ri n a g e s a u x ré g i on s d é va sté e s À
l ’ i ssu e
du
con fl i t,
p è l e ri n a g e s d é va s té e s
au x se
d e vi e n n e n t
m u l ti p l i e n t de
re m è d e s
d es
ré g i on s et
vé ri ta b l e s
con tre
tra u m a ti s m e
col l e cti f
p roch e s
s ol d a ts
d es
ce p ou r
l es
d é cé d é s,
ce l l e s d e l ’ E s t e t d u N ord .
é tra n g e rs
A
ra va g e s
p a rti r
un «
B a ta i l l e
de
l es
m a rd i s,
a l l e rre tou r
a u ss i d es
d es
h om m e s
fe m m e s
" tou ri s te s ci rcu i ts son t à
de
et
voya g e s
et
ch e m i n
d eu x
g u e rre " .
Des
pl u s
d es
en
d es d es de
s é j ou rs
F ra n ce
l ’ é tra n g e r,
a ssoci a ti on s ,
de
d es
m êm e
de
com m e
cu ri e u x,
org a n i s é s ,
p a rti r
m ai s
par
et
d es
a g e n ce s
de
com p a g n i e s fe r,
d on t
con ce rn é e s
l es son t
bi l l et
1 91 9, i n ti tu l é
S om m e
Ils
et
p a rti r
pl u s
coû te
l 'am pl eu r la
d es
F ra n ce
a
su bi s.
» l es du
que
l es
M on td i d i e r,
P é ron n e , en
de que
p a rcou re n t
P a ri s ,
Ch au l n es, M a u re p a s
à
1 91 9
d i m a n ch e s .
1 921 ,
la
pu i s
octob re
d é cl a ré
en
juin
d i m a n ch e s
p ou r q u i u n voya g e p a r a n e st g ra tu i t
1 5
p è l e ri n a g e
ci rcu l e
9
du
dix
C l é ry,
h e u re s .
e n tre
1 8
Le et
3 5 F ra n cs . Ces
ci rcu i ts
tou ri s ti q u e s
l e s ré g i on s d é va s té e s e n et
p rol on g é s
von t
en
e xe rce r
i n fl u e n ce
su r
F ra n ça i s
m ai s
d an s tra i n
a u tom ob i l e
une
g ra n d e
l ’ op i n i on au ssi
d es d es
U n té m oi g n a g e d e l a b a ta i l l e : l e re l i e f
a va n t 1 9 1 4
Maurepas en 1 911
Le terrain a été "raboté" par endroit de 6 mètres (à l'image de ce calvaire passé de 99 m à 93 m d'altitude !) a p rè s 1 9 1 8
Maurepas en 201 6
M a u re p a s 2 4 a oû t 2 0 1 6
Pag e 25
SOM M E (. . . )
La re con n a i s s a n ce d ' u n ch e f Lors
du
ra p p ort
As s e m b l é e
p ré s e n té
g é n é ra l e
à
s on
du
28
d é ce m b re
1 91 9,
E ti e n n e
E s tra n g i n ,
d e ve n u
s e cré ta i re
g é n é ra l
de
syn d i ca ts de
l ' U n i on
a g ri col e s
P rove n ce ,
l ' i n te n ti on
pen sai t
d e s Al p e s
d é cl a ra i t
de
a ffi rm a i e n t
d es
à
ce u x
que
le
q u 'à
qui
p a ys a n
s on
et
ne
i n té rê t
Vieux territoriaux, réservistes, jeunes
classes,
toutes
les
régions
confondus
dans
sentiment ;
non
enthousiasme récits
de
remplis,
dans
cet
factice
dont
les
journaux bien
étaient dans
Vous
connaissez
les
statistiques des mobilisés. Elles
France
Ces
admirables
armées.
belles
un
soit figures
de
si simples,
dans
leur
et je ne puis accepter que l'on
singulière.
désespère
Parmi
ceux
qui
de
montré
elle ? On trouvait 70, 80, 90 %
les plus tragiques,
de
sens,
terriens,
dans
les
unités
dans
ceux
"tenaient les lignes", quelle est
Quand il fallait remuer le
sol
morale
d'instinct
lourdement
général.
chargé,
faire
tant
qui
pour se fortifier, quand il fallait, d'interminables relèves dans la
les
Le s b a tte ri e s a b oi e n t. Le s p roj e cti l e s sci e n t l ' a i r, M i a u l e n t, p a sse n t e n si ffl a n t.
qui
fait
E xp l ose n t e n l on g , e n l a rg e . C ou ch é s d a n s l e ch e m i n
ont
cre u x, d e s sol d a ts b l a sé s,
circonstances
é re i n té s.
tant de bon
d'intelligence,
d'initiative,
combattantes.
tre m b l e . D e p u i s d e s b oi s
accomplissement silencieux du
proportion s'accroît d'une façon
l'Avant,
Tou t b ou i l l on n e e t tou t
si
devoir, je les salue avec respect
vers
à g a u ch e .
pas
la
poussez
e xp l osi on s, i n n om b ra b l e s. S u r d e s ki l om è tre s, à d roi te ,
p i l on n é s, ch a u ve s.
paysanssoldats,
vous
fu m é e , sa l e té . Ç à e t l à d e rou g e oya n te s
écrasée.
parlent de 55 % de ruraux aux Mais si, parmi ces mobilisés,
ne
La te rre j a i l l i t. Tou t n ' e st q u e
On se
battait parce qu'il fallait tenir et la
re g a rd ,
même
pas
mais
Au ssi l oi n q u e p orte l e
de
étaient
un
esprit de devoir foncier.
que (. . . )
paysans
parce qu'il fallait se battre, pour
p e rs on n e l :
La p l a i n e s' e n rou l e .
de le
profond
d'esprit l'autorité chef, du
C ou ve rts d e cra sse . B l e u i s, d é com p osé s,
tant bien
Te n a n t d a n s l e u rs m a i n s a m a i g ri e s, j a u n i e s,
(. . . )"
Le s a rm e s rou i l l é e s, sou s l e
boue, dans les gaz, sous les tirs de
barrages,
le
paysan,
plus
p ot g ri s, l e ca sq u e d ' a ci e r, Ag on i sa n ts, re g a rd e n t e n
que tout autre était là ; quand il fallait
tenir
des
semaines,
jours
et
sous
des les
a rri è re , d ' où i l s vi e n n e n t. (. . . ) Wi l h e l m KLE M M
bombardements, quand il fallait
(G e sa m m e l te Ve rse )
briser les attaques allemandes ; quand
il
fallait
surtout,
la
baïonnette haute ou la grenade à
la
main,
"sortir" grande
...
sauter c'était
majorité,
le
parapet,
encore, des
en
paysans
qui étaient là pour attaquer. Tenacité, simplicité hardiesse, froid ;
des
travail
dans coup
le
acharné, courage,
d'oeil,
milliers
sang
d'exemples
de ces belles qualités militaires pourraient être cités.
Ce document a été réalisé grâce à Bernard et Marc ESTRANGIN (fi l s
d ' E ti e n n e
et
Père Bruno HORAIST La
M ad el ei n e
à
Roselyne DUGAND de
p e ti tfi l s
E S TRAN G I N ),
G a b ri e l l e
de
P a ri s),
à
(p e ti te fi l l e
B ARRAL
ve u ve
d ' H i p p ol yte
N O U G ARE D E )
Nicolas
GRAFF
d ' H e n ri M I C O U LE T)
au
(cu ré
et
à
(p e ti tfi l s