NUL NE CRAINS N° 123
Décembre 2020
Juin 1940, attaque de la casemate de Pont Saint-Louis
BULLETIN DE LIAISON DE L'AMICALE NATIONALE Du 22ème B.C.A et des troupes de montagne ; SIDI-BRAHIM de CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER.
SOMMAIRE 1. LE PRESIDENT Page 1
Le mot du Président. 2. LA VIE DE L’AMICALE
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Journée détente au fort de la Drette.
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Randonnée aux Courmettes. 3 RESEAU NATIONAL
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Commémoration à Orbey.
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11 novembre à Lunel. 4. DEVOIR DE MEMOIRE
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20 juin 1920 ; arrivée du 22e BCA à Nice.
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L’AHVAE se souvient des combats de juin 1940.
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Sidi-Brahim 2020.
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Tikjda, deuxième partie. 5. SOUVENIR
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11 novembre 1918 : le dernier poilu. 6. LE CARNET
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Remise de décoration à François Ramo.
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Nos peines
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La vie de l’amicale. 7. COURRIER DES LECTEURS
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Jacques de Lavarelle ; Bruno Jean-Faure.
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Avis de recherche.
Le mot du Président ISLAM ET ISLAMISME, RIEN À VOIR VRAIMENT ? Les odieux attentats perpétrés par des musulmans sur notre territoire ont suscité une réprobation unanime, et c’est le moins qu’on puisse en attendre. Pourtant, derrière cet unanimisme de façade, se dessine un tout autre paysage. Au nom de la bien-pensance et du « pas d’amalgame » se déroule un discours qui tend à distinguer l’islam en tant que religion de l’islam politique ou islamisme, totalitaire et porteur d’une idéologie mortifère. Le second n’étant qu’un dévoiement et une caricature du premier. Cela mérite analyse. Peut-être est-il bon de commencer par préciser ces concepts. L’islam, qui signifie « soumission » est une orthopraxie, puisqu’il suffit de se conformer aux rites édictés par la loi coranique, la charia, pour être un bon musulman. En ce sens, l’islam est la religion de la passivité, comme l’indique le précepte connu « inch Allah », qu’on pourrait traduire par « à Dieu vat ». L’homme n’est pas maître d’un destin qui repose uniquement sur la volonté divine ; à quoi bon alors s’en préoccuper ? Islamisme est un terme qui apparaît pour la première fois en 1980 dans l’ouvrage de Bruno Etienne L’islamisme radical. Il désigne un courant de l’islam faisant de la charia la source unique du droit et du fonctionnement de la société dans l’objectif d’instaurer un Etat musulman régi par les religieux. L’islam s’inscrirait donc dans une perspective purement religieuse, du domaine de l’intime, tandis que l’islamisme se revendique comme une idéologie juridico-politique qui concerne tous les aspects de la vie sociale, et même économique. Qu’en est-il réellement de ce distinguo ? Pour y voir plus clair, il convient de revenir aux sources, c’est-à-dire au Coran. Revenons d’abord sur cette singularité du livre dicté par le Prophète, qui en ferait la parole divine incréée et infaillible qui interdit toute mise en perspective, analyse critique et recul épistémologique. Le caractère sacré du Coran est tel que profaner le support, l’ouvrage édité, est passible de mort, de même que l’apostasie. Or nous savons, et notamment depuis la découverte des manuscrits de Sanaa, au Yémen, en 1972, que le texte tel que nous le connaissons, qui a été fixé au Xe siècle, a considérablement évolué par rapport à ces manuscrits dont les plus anciens sont contemporains du Prophète. Preuve que le livre saint des musulmans est une construction historique ̶ comme l’est la Bible, ce que les chrétiens admettent parfaitement ̶ et donc susceptible d’interprétation. 1
Venons-en au contenu lui-même. Sur 6300 versets des 114 sourates du Coran, selon l’islamologue allemand Reinhardt Schultze, 300 contiennent les mots « combattre » ou « tuer » dont certains sont carrément des injonctions au meurtre. Citons-en quelques-unes : « Exterminez les incrédules jusqu’aux derniers » (VIII) ; « Frappez sur leurs cous, frapper les tous aux jointures » (VIII/125) ; « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais Dieu les a tués » (VIII/17) ; « Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition » (VIII/19) ; « Les Juifs sont un peuple criminel » (VII/133) ; « Que Dieu les anéantisse » (IX/30) ; « Tuez les polythéistes partout où vous les trouverez » (XVII/58) ; justification de la torture par le carcan (XXXVI) ; par la noyade (XXXVII/82) ; par la mutilation (LXVIII/15) ; par l’égorgement (invitation à trancher l’aorte LXIX) ; par la crucifixion (V/33)… On pourrait multiplier ces citations d’appel explicite au meurtre. Le Coran est une déclaration de guerre totale contre les mécréants, dont nous sommes. Mais partant du principe que c’est la parole de Dieu, il n’y a rien à nuancer ni à contester. La loi divine l’emporte sur la loi humaine. Le Coran est intrinsèquement porteur de violence. Toutes les conquêtes musulmanes se sont faites par les armes. Tous les attentats commis en France sont le fait de musulmans. Tous les conflits qui ensanglantent le monde mettent en cause au moins un pays musulman. Et à l’exception, et encore sous réserve d’inventaire, du Maroc et de la Tunisie, la quasitotalité des pays musulmans tourne le dos à la démocratie. L’un des fossés qui sépare l’islam de l’Occident concerne la représentation du temps, avec en corollaire la notion de progrès. L’Occident fonctionne sur le mode du passé, du présent et l’avenir. Le temps est un continuum historique et le futur se conçoit comme meilleur que le présent. La conception de l’islam est fondamentalement différente. La société parfaite à laquelle il aspire a existé, aux tout débuts de l’ère musulmane. C’est l’État qu’a fondé Mahomet à Médine en 622 et qu’ont renforcé ses successeurs directs les Omeyyades. C’est vers cette religion primitive que se portent tous les regards des croyants. On parle là d’involution ̶ régression avec retour à un état antérieur, selon la définition ̶ tandis que l’Occident se conçoit en évolution. D’où la méfiance, quand ce n’est pas le rejet, vis-à-vis de la science, et la négation du darwinisme. L’Âge d’or est en arrière. Il faut regarder dans le rétroviseur pour voir les temps meilleurs. Cette vision du monde conduit systématiquement au retour à la Révélation du Prophète. Cela explique le décrochage intellectuel, scientifique, culturel, social du monde musulman par rapport au reste de la planète. Le refus de tout esprit critique, l’argument d’autorité, stérilisent l’innovation et le progrès. 2
Dès lors, à quoi bon ergoter sur les prétendues différences entre islam et islamisme ? Si différence il y a, elle n’est que de posture et de tactique. La tolérance, pour le monde musulman, ne se conçoit que sous la forme de la dhimmitude, dans le meilleur des cas. Revenons à notre distinguo initial. Autre singularité de l’islam, il est la seule religion « pour laquelle on distingue les musulmans des islamistes. Par exemple le catholicisme, il n’y a pas de catholiques et de catholicistes. Le bouddhisme, il n’y a pas de bouddhistes et de bouddhicistes », selon la pertinente formule de Jean Messiha. « L’islamiste est celui qui va appliquer l’islam de manière intégrale. A la fois dans sa dimension verticale, dans sa spiritualité, mais aussi dans sa dimension horizontale, c’est-à-dire toutes les recommandations et les règles temporelles prévues par la religion ». Un musulman qui fait des concessions à la règle n’est pas un bon musulman. La différence ne se situe finalement pas entre l’islam et l’islamisme, mais entre les musulmans dits modérés et les islamistes. Ces derniers appliquent à la lettre tous les préceptes coraniques contrairement aux modérés qui acceptent l’autre dans sa diversité et respectent les autres cultures. Pourtant, les évolutions récentes ne cessent de nous inquiéter. 75% des jeunes musulmans français considèrent que la loi républicaine doit s’effacer devant celle d’Allah. Chaque fois qu’un parti musulman l’emporte dans une élection dans les pays d’islam, c’est toujours des islamistes (Maroc, Tunisie, Egypte, Turquie…) Jamais des partis modérés. En France, le blasphème fait se rejoindre islamistes et musulmans dits modérés, au point de ne pas toujours condamner les attentats. L’islam laïc est un contresens, un oxymore au sens plein du terme. Même s’il existe des musulmans attachés à la laïcité, et qui méritent notre respect et notre soutien, ils sont en contradiction avec leurs convictions religieuses. Car l’islam est un tout : une foi et un culte, un horizon et une morale, un mode de vie et une vision du monde. L’islam a pour ambition et pour prétention de convertir l’humanité entière. Pour le musulman, il n’y a qu’une seule vraie religion : l’islam : inna-dîn ‘ind-Allah al-Islâm. C’est pourquoi évoquer l’islam de France est une rêverie. Il n’est pas compatible avec nos valeurs, et donc inassimilable. Jean-Pierre Martin.
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2. La vie de l’amicale. Journée détente au fort de la Drette Encore une belle réussite pour la sortie de cohésion de l’amicale nationale du 22e BCA le dimanche 26 juillet 2020. Elle s’est déroulée au Fort de la Drette (ou Drète), selon une habitude ancrée depuis plusieurs années, à l’invitation du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, et organisée de main de maître par son gestionnaire Alain Pilati, assisté de son équipe habituelle. Le nombre de participants était limité à 54 : nous étions 49 suite à des défections de dernière minute, attendus à partir de 11h. Après le contrôle à la barrière du Fort assuré par Alain Barale et Laurent Icardo, accueil par Christine Trémoulet (pour le pointage) et Annick et Roland Gourdet en charge du foyer, afin de fournir à ceux qui ne l’ont pas encore, La tenue du jour, à savoir le tee-shirt bleu jonquille de l’amicale. À part quelques irréductibles « récalcitrantes », tout le monde s’était mis au diapason… L’apéritif nous attendait sur le terrain en contrebas, partiellement ombragé. Après le traditionnel Santé dirigé par le président et entonné par tous les participants, apéritif pétillant et autres boissons non alcoolisées accompagnèrent pissaladières, pizzas et autres charcuteries pour le plaisir de tous. Chacun ayant regagné sa place à table, le président prit la parole pour remercier chaleureusement notre hôte Alain Pilati, ainsi que son équipe, et lui offrir un mug personnalisé de l’amicale et un livre. Après qu’Anne-Marie Cadot ait sonné le refrain du jour à la trompette, les consignes furent communiquées pour que, suivant une organisation très militaire, les convives aillent se servir au buffet où nous attendaient moultes entrées, viandes et poissons froids, à volonté, le tout accompagné de bleu cerise ou rosé bien frais. Avant de commencer à déguster tout cela, le président fit entonner en chœur la Sidi-Brahim par toute l’assemblée, les paroles ayant été distribuées pour aider ceux qui ne les connaissaient pas… Puis avant le dessert, ce fut le moment des refrains des bataillons, aidés par le CD de Serge Carpentier, dont nous avons regretté l’absence de dernière minute à cause d’une malencontreuse crise de goutte. Suivirent la Protestation, les Allobroges et la Marseillaise. Et pour finir, après le café et le Limoncello (merci à Jacques Bonavita d’avoir récidivé cette année pour nous l’offrir) la « chorale » termina avec Nissa la Bella. Et nous n’avons pas fait pleuvoir !!! 4
C Ce fut donc encore une excellente journée dont chacun se souviendra avec plaisir. Merci aussi à la météo d’avoir encore été très favorable. C’est avec plaisir que nous recommencerons l’année prochaine ! Christine Trémoulet 5
Randonnée aux courmettes Afin de développer les animations au sein de l’amicale, le bureau a décidé de réactiver les randonnées dans l’arrière-pays, coordonnées par Jean Pagès. Rendez-vous a donc été donné le mercredi 28 octobre à 10 heures au parking des Courmettes (route d’accès entre Tourrettes-sur-Loup et Pontdu-Loup).
Une dizaine de courageux se sont retrouvés pour cette randonnée « facile » allant du Domaine des Courmettes jusqu’au Cayre, en aller et retour, d’environ 7 km pour une durée de 3 à 4 heures, arrêts compris, avec un dénivelé de + ou – 50 mètres, sous la houlette de Jean Pagès. Petite pause à l’aller pour se désaltérer sur le lieu de la future pause pique-nique avant de grimper légèrement jusqu’au but de cette 6
randonnée : Le Cayre, en ayant croisé quelques autres randonneurs et des troupeaux de moutons. Le temps étant au super beau fixe, nous avons profité d’une vue plongeante extraordinaire sur toute la côte méditerranéenne, du Cap d’Antibes et au-delà de l’Estérel à l’ouest, jusqu’au Cap Ferrat et Menton à l’est. Les Marina de Villeneuve-Loubet paraissaient toutes petites… mais pas de Corse à l’horizon, au grand regret de certains. Retour par le même chemin jusqu’à l’arrêt pique-nique qui débuta par un apéritif « royal » : whisky, porto, cacahuètes et petits biscuits salés sortis du sac des uns et des autres avec le SANTÉ traditionnel. Puis chacun sortit son repas, arrosé de bleu cerise offert par le président qui se trouva bien seul pour entonner Le Pinard : nous ne connaissions que le refrain. Après cette pause fort sympathique, nous prîmes le chemin du retour pour être au parking vers 15 heures. Mais les réjouissances n’étaient pas terminées : Georges Trémoulet, dont c‘était l’anniversaire, avait apporté champagne et petits biscuits pour fêter ses 82 printemps, et nous avons donc trinqué à sa santé, avant de reprendre la route vers 15h30. Nous avons vraiment passé une excellente journée, à renouveler au retour des beaux jours, en espérant quelques participants supplémentaires. Je tiens à préciser que l’âge des participants allait de 72 à 87 ans, pour 9 d’entre eux : Jean et Marthe Pagès, Jean-Pierre Martin, Alfred Morel, Jacques Bonavita, René et Christine Ménard, Georges et Christine Trémoulet, et un gamin de 59 ans, Philippe Dunan !! Donc vous aussi pouvez le faire !!!
Encore merci à Jean pour la préparation de cette belle sortie. Christine Trémoulet 7
3. Réseau national. ORBEY : Commémoration à la Nécropole nationale du Wettstein Une fleur déposée sur chaque tombe La Nécropole nationale du Wettstein a été le cadre, ce dimanche 9 août 2020, de la traditionnelle cérémonie de commémoration des combats du Linge qui, malgré le contexte particulier lié à la crise du covid-19, a fait l’objet d’un recueillement plus succinct, néanmoins chargé d’émotions. En ces lieux mêmes débutait en juillet 1915 une longue et sanglante bataille, où l’horreur avait atteint son paroxysme. Des affrontements acharnés où ont été utilisés des obus à gaz et des jets de liquide enflammé, qui se sont soldés par la mort de 17 000 soldats allemands et français.
Plusieurs personnalités civiles et militaires et de nombreux membres d’associations patriotiques, représentées par une trentaine de portedrapeaux, étaient présents pour perpétuer le souvenir, ainsi qu’une délégation d’anciens combattants de Mörendorf en Bavière et d’autres d’outre-Rhin. Après la levée des couleurs, le père Herbert Mischler de la communauté des Trois Épis et ancien officier, a rappelé dans un moment de prière : « Il ne faut pas tomber dans l’oubli, Dieu est la source des valeurs de vie, de justice, de fraternité et de paix qu’il faut défendre ». Dans son allocution le maire d’Orbey, Guy Jacquey, en présence de la sénatrice Patricia Schillinger a souligné : « Le but de ce rendez-vous annuel, chaque 2e dimanche d’août, dans cette enceinte sacrée, à 8
l’invitation des Diables bleus d’Orbey, est que nul n’oublie l’immensité du drame qui s’est déroulé sur ces hauteurs ; nous sommes aujourd’hui rassemblés au milieu de ces tombes où tout à l’heure nous déposerons symboliquement une fleur sur chaque tombe, dans le respect de tous ces soldats morts pour la France. Sur cette partie du front, une spécificité se dégage au travers de la proximité des cimetières français et allemands : la fin de la guerre fut naturellement un énorme soulagement pour ces soldats survivants au milieu de tant de morts, qui n’avaient pas conscience du brasier dans lequel on les avait jetés. Avec leur disparition, et puisque du temps de la mémoire nous sommes passés à celui de l’histoire, il est important de faire œuvre de pédagogie ; notamment de transmettre que les valeurs inestimables de l’humain dans son individualité, doivent guider nos actions quellles que soient les circonstances. Ce sont les raisons de l’existence de ce lieu emblématique nommé le tombeau des chasseurs ». Il a conclu par : « C’est donc au cœur du théâtre des opérations du Linge que les combattants enterrés dans ces lieux, avec notre volonté commune de donner une teinte particulière cette année à ces évènements, ne seront pas oubliés ! ». Le dépôt d’une gerbe par les autorités a été suivi de la sonnerie aux Morts et de l’hymne national. Le salut aux emblèmes a mis un terme à cette émouvante cérémonie. Jean-Robert Haefélé, Délégué Alsace de l’Amicale nationale du 22e BCA.
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11 novembre à Lunel C'est sous un beau ciel bleu (heureusement) que la cérémonie du 11 novembre 2020 s'est déroulée à huis clos. Ce fut bien triste de voir un parc vide de tout public alors que celui-ci se pressait le long de ses grilles. Néanmoins, je peux vous assurer que cette cérémonie a revêtu un caractère riche en émotions. La présence à la fois de monsieur le souspréfet (en dix ans c'est la première fois que nous accueillons une telle autorité, c'est un honneur), de monsieur le maire et de quelques membres du conseil municipal. La gendarmerie, les sapeurs-pompiers et la police municipale étaient représentés. Trois allocutions ont été prononcées. Par ordre et après avoir présenté la cérémonie, j'ai fait une courte introduction sur le 11 novembre suivie de la sonnerie du "cessez-le-feu" par trois fois au clairon. Dans la foulée, monsieur le curé a fait sonner les cloches de l'église à toute volée. Ensuite, j'ai donné lecture du très beau message de l'UNC. Monsieur le maire nous a parlé du général de Gaulle ; il a regretté que la situation sanitaire nous ait interdit d'organiser une cérémonie particulière pour lui le 9 novembre. Enfin, monsieur le sous-préfet nous a donné lecture du message écrit par madame le ministre des Armées. Trois gerbes ont été déposées au monument. La première, celle des anciens combattants, déposée par moi-même (seul représentant) accompagné du directeur adjoint de la police municipale. La seconde, par monsieur le maire accompagné du major représentant la compagnie de gendarmerie. Enfin, par monsieur le sous-préfet. Une quatrième, déposée dans la chapelle du souvenir dans l'église NotreDame-du-Lac, l'a été par les membres du clergé de Lunel sous la conduite du Père Claude André Daniel Thiery- secrétaire général du C.E. Délégué régional pour l’Hérault de l’Amicale nationale du 22e BCA
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4. Devoir de mémoire. 20 juin 1920 ; l’arrivée du 22e BCa à NiCe Discours du Président Le quartier Saint-Jean d’Angély, aujourd’hui site dédié à l’université de Nice, ainsi qu’aux archives municipales, a longtemps abrité des corps de chasseurs alpins. Édifié en 1883, il fut jusqu’en 1914 la garnison du 6e BCA. Au terme des restructurations consécutives à la Grande Guerre, un nouveau bataillon s’y installe le 20 juin 1920, il y a un siècle, le 22e bataillon de chasseurs alpins qui a profondément marqué l’identité niçoise.
Cette formation avait été créée en 1855 par décret impérial et se trouvait stationnée à Grenoble. Après la guerre de 1870 et au terme de diverses péripéties, elle prend garnison à Albertville en Savoie. Alpinisé en 1887, le 22e BCA est en charge de la défense de la Tarentaise et du Beaufortin. Engagé dans tous les affrontements de la Grande Guerre, il se couvre de gloire dans les Vosges, sur la Somme, au Chemin des Dames, en Italie et en Champagne. Il a perdu au combat deux chefs de corps, 49 officiers, 109 sous-officiers, 1266 caporaux et chasseurs, soit une fois et demie son effectif d’entrée en campagne. Il a été le premier corps trois fois cité à l’ordre de l’armée, en seulement 15 mois de combats. Après une brève occupation en Allemagne, il est dirigé fin 1919 au Schleswig où il organise avec succès les référendums de partition du duché. Son arrivée à Nice, le 20 juin 1920, a marqué l’esprit des Niçois, ravis de retrouver leurs chers chasseurs. Parfaitement intégré, on le voit participer à toutes les cérémonies et manifestations populaires, sans négliger sa formation tactique et alpine. 11
Engagé dans la bataille de France en 1940, il contient sur l’Aisne la poussée allemande du 20 mai au 9 juin, avant d’être quasiment anéanti. Recréé en 1944 à partir des maquis niçois, il participe aux combats de l’Authion au printemps 1945. De septembre 1955 à 1964, le 22e BCA est engagé dans le secteur Tikjda-Bouira, dans le massif du Djurjura, où il s’affronte aux Willayas 3 et 4, auxquelles il inflige des pertes sévères. Quarante-trois cadres et chasseurs ont laissé leur vie sur cette terre d’Afrique. Rapatrié à Nice en 1964, le 22e BCA est dissous comme corps d’active en 1976 et comme formation de réserve en 1997.
L’âme du 22e BCA cher à nos souvenirs est bien là, dans ce square des chasseurs alpins, ce lieu qui les a vu vivre et parfois mourir. L’occasion nous est donnée d’évoquer ici un autre anniversaire. Il y a quatre-vingts ans, les troupes de Mussolini s’élançaient à l’assaut de notre frontière des Alpes. 600.000 hommes face à moins de 100.000 soldats français. Il s’agissait pour le Duce de s’assurer, avant les négociations de paix, de gages territoriaux, Savoie, Nice, Corse. Mais nos soldats se battirent sans concession, et défendirent pied à pied une frontière qui demeura inviolée. C’est vers ces vaillants Français, éclaireurs-skieurs, soldats des BAF, artilleurs et tous les autres, que nos pensées se tournent aujourd’hui. L’armée des Alpes, armée invaincue, trouvera dans la fierté de la mission accomplie les ressources morales pour animer la future Résistance. Jean-Pierre Martin.
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CeNTeNaire de l’arrivee du 22e BCa a NiCe LE 20 JUIN 2020 Belle cérémonie pour commémorer le 100ème anniversaire de l'arrivée du 22e BCA à Nice.
C'est sous l'impulsion du président de l'amicale nationale du 22e BCA, Jean-Pierre Martin et sur l'invitation de la ville de Nice que s'est déroulée ce samedi 20 juin 2020 au Jardin des Chasseurs, quartier Saint-Jean d'Angély, la cérémonie en souvenir de l'arrivée à Nice du 22ème bataillon de chasseurs alpins il y a 100 ans, le 20 juin 1920. Après la montée des couleurs par notre amicaliste André-Claude Bélardi, le président Martin a rappelé dans son discours (que vous retrouvez ci-avant) l'historique du bataillon avant de passer la parole au représentant de la municipalité Jean-Marc Giaume, entouré de Maurice Alberti et d'Olivier Robaut. 13
Deux gerbes ont ensuite été déposées : l’une pour les chasseurs-alpins par Jean-Pierre Martin et Georges Trémoulet, la seconde par les représentants de la municipalité précédemment cités. Après la sonnerie aux Morts et la minute de silence, la musique des Sapeurs-pompiers de Nice, dirigée par le commandant Romain Mussault, joua La Marseillaise, suivie de la Sidi-Brahim, puis les personnalités présentes remercièrent chaleureusement les musiciens, les six portedrapeaux, la bannière des Alpini et les trois porte-fanions présents. Alain Barale, Jacques Bonavita et Fabrice Gherardi étaient comme d'habitude fidèles au poste avec les fanions de l'amicale du 22e BCA, de la SidiBrahim de Villefranche-sur-Mer et celui du 8ème bataillon, (bataillon de Sidi-Brahim). Pour remercier ceux qui avaient fait l'effort de venir en cette période sanitaire un peu compliquée, l'amicale se fit un plaisir d'offrir un pot de l'amitié à une trentaine de présents, amicalistes ou amis tout court, au Caffé d'Angely, de l'autre côté de l'avenue des Diables bleus... Et seize d'entre eux restèrent sur place pour partager un sympathique déjeuner (en 2 tables afin de respecter les normes sanitaires !!!) avant de se séparer, ravis de cette matinée qui a permis de renouer avec les liens de convivialité perdus depuis quelques mois. Christine Trémoulet Lien pour accès à l'album photo : https://photos.app.goo.gl/wp4GaHdXz6HaBaT57
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l’aHvae se souvieNT des ComBaTs de juiN 1940 au Pont Saint-Louis Outre le saccage de l’économie, le confinement s’est révélé catastrophique pour les manifestations patriotiques, celles-ci étant annulées du jour au lendemain sans qu’il soit généralement possible, ou même envisageable, d’en envisager le report. Il en fallait cependant plus pour en décourager certains. Ainsi en est-il de l’Association d’Histoire Vivante et d’Archéologie Expérimentale de La Trinité (Alpes-Maritimes), dont les membres étaient bien décidés à rendre hommage aux combattants du 96e bataillon alpin de forteresse qui défendirent courageusement, et avec succès, la frontière de France il y a 80 ans, du 20 au 26 juin 1940.
Le monument dédié « À la défense de Menton », situé à l’entrée ouest de la ville. On aperçoit à gauche l’insigne de l’Armée des Alpes (général Olry) et du XVe Corps (général Montagne). © Stéphane Bottero Le 21 juin dernier, vêtus d’uniformes d’époque, les reconstitueurs de l’AHVAE se sont donc d’abord rendus au monument de l’Armée des Alpes, situé à l’entrée de Menton, puis à la casemate dite du Pont SaintLouis, situé à la frontière franco-italienne et théâtre alors d’un fait d’armes qui valut à sa petite garnison une citation à l’ordre de l’Armée et l’admiration des militaires italiens pour leur belle conduite. Deux reconstitueurs représentaient un sous-lieutenant et un Alpin français de forteresse, deux autres, un sous-lieutenant et un Alpino italiens. Les circonstances générales n’ont en effet pas permis la présence de reconstitueurs et/ou d’anciens combattants transalpins à cette courte cérémonie placée tant sous le signe du souvenir que sous celui de 15
l’amitié. Il n’a de même pas été possible d’effectuer un dépôt de gerbes. Gageons que l’an prochain lesdites circonstances seront plus favorables. En attendant, peut-être n’est-il pas inutile de rappeler le beau fait d’armes passé et le contexte dans lequel il s’est déroulé. Le contexte Le 10 juin 1940, alors que les armées allemandes conduisent leur guerreéclair dans le nord de notre pays depuis un mois, à Rome l’ambassadeur de France en Italie, André François-Poncet, est convoqué par Galeazzo Ciano, ministre italien des Affaires étrangères, qui lui signifie le début des hostilités entre l’Italie et la France le lendemain à minuit. L’Italie revendique en effet des territoires ayant autrefois appartenu au duché de Piémont puis au royaume de Piémont-Sardaigne et rattachés à la France en vertu des accords de Plombières-les-Bains du 21 juillet 1858, confirmés par le traité secret de Turin du 29 janvier 1859 (comté de Nice et duché de Savoie), ou anciennement sous la souveraineté de la République de Gênes (Corse). Mais elle ne pourra être satisfaite que si elle entre dans le conflit… avant qu’il ne soit trop tard.
Les reconstitueurs saluent et présentent les armes devant le monument. Une poignée de main entre les deux sous-lieutenants, symbolisant l’amitié franco-italienne, a suivi. © Stéphane Bottero L’armée italienne est pourtant tout sauf prête pour un conflit contre nous. L’état-major a depuis longtemps reconnu l’impossibilité de percer des défenses françaises puissantes et bien organisées, et largement avantagées par la nature du terrain montagneux. Benito Mussolini, le chef du gouvernement italien, en est conscient, qui défend d’abord scrupuleusement toute action offensive : les militaires ne peuvent en 16
aucun cas tirer les premiers, n’ayant la permission que de répondre aux tirs ennemis. Les batteries italiennes, organisées défensivement comme toutes les autres unités transalpines, seraient par ailleurs bien en peine d’atteindre par leurs tirs les positions françaises et ne pourraient s’opposer qu’à l’avance d’un ennemi déjà entré sur le sol national. En fait, les Italiens n’ont pas de plan contre la France, tandis que chez nous, le général Maurice Gamelin, commandant en chef les armées françaises, demande en 1938 au général Gaston Billotte la mise au point d’une offensive contre l’Italie.
Vue extérieure de la casemate du Pont Saint-Louis. À droite, la porte blindée, qu’il est possible d’ouvrir en deux fois et par laquelle le souslieutenant Gros a signifié à son interlocuteur son intention de continuer sa mission, n’étant pas au courant de la signature de l’armistice. À l’époque une tranchée y menait. On aperçoit à gauche les créneaux de tir ainsi, qu’à leur propre gauche l’antenne OTCF, en partie recouverte de végétation et révélée par son ombre. © Stéphane Bottero Le 18 juin Mussolini, qui espère en fait occuper le territoire français jusqu’au Rhône et s’emparer de la flotte de Toulon avant les Allemands, rencontre Hitler à Munich. Le chancelier allemand considère les prétentions italiennes dangereuses pour la conclusion d’un armistice et n’accorde à son allié que les territoires dont pourront s’emparer ses troupes. Alors qu’à Rome Français et Italiens discutent déjà des conditions d’une suspension d’armes, l’offensive générale est lancée le 21 sur toute l’étendue du front. 17
Le « barrage rapide » de Menton À Menton, l’ouvrage défensif destiné à barrer la route littorale est… une casemate de 12m2 (7 pour la chambre de tir et 5 pour le local de ventilation), située à 7 m de la frontière, creusée dans la roche et de construction récente (achevée en 1934), et faisant partie du sous-secteur des Corniches. Elle est armée d’un canon antichar Mle 34 de 37 mm monté sur rail, ce qui lui permet d’alterner dans sa trémie avec deux mitrailleuses MAC 31F en 7,5 mm jumelées (qui ne seront d’ailleurs pas utilisées, le canon demeurant en permanence en batterie), et de 2 fusils mitrailleurs FM 24/29 (possédant un système interne identique aux MAC31F). À droite du créneau mixte antichar, un dispositif tubulaire appelé goulotte à grenades permet en outre de lancer ces projectiles à l’extérieur de la casemate depuis l’intérieur de celle-ci sans exposer les personnels.
Nouvelle poignée de main devant la casemate et nouveau symbole d’amitié, cette fois au niveau même de la frontière italo-française. © Stéphane Bottero Le système défensif est complété, à l’extérieur, par une barrière antichar en acier longue de 7 m, fermant complètement la route, escamotable grâce à ses roues (engagées dans un rail) et renforcée, une fois déployée, par deux jambes de forces renforçant sa solidité. Au niveau du carrefour de Garavan, en face du poste de police actuel, un Dispositif de Mines Permanent (DMP, 50 pétards chargés chacun à 20 kg de mélinite) permet de détruire en aval (20 m) la route menant à Menton. Il est impossible d’effectuer cette opération en amont de l’ouvrage et de la 18
barrière car ceux-ci sont situés au débouché immédiat du Pont SaintLouis (ou Saint-Ludovic), situé en territoire italien. Pour gagner du temps en cas d’attaque-surprise les fourneaux sont déjà chargés en temps de paix. Le système de mise à feu est situé dans la casemate. Dès le 10 juin la garnison installera encore 6 piquets Ollivier (piquets métalliques d’un mètre de haut relié à un obus de fort calibre explosant sous la pression d’un engin blindé) entre la barrière et la casemate. Seuls aux avant-postes, les 9 hommes (1 adjudant-chef, 1 sergent, 1 caporal et 6 chasseurs) vont bientôt connaître des conditions de vie et de siège spartiates (2 lampes à pétrole pour éclairage, paillasses au sol ou hamacs pour dormir, WC à l’extérieur rapidement inaccessibles et remplacés par… une boîte en fer, eau rationnée) mais seront continuellement soutenus par les ouvrages du Cap-Martin, du Mont-Agel et de Sainte-Agnès dont les pièces de 75, 105, 155 et 220 mm sont servis par les artilleurs du 157e régiment d’artillerie de position. Le fait d’armes Peu avant minuit le 10 juin le Génie fait sauter le DMP. L’ennemi ne se montre néanmoins pas avant le 17… arborant de surcroît un drapeau blanc. Un colonel italien, prétextant la demande d’armistice formulée aux Allemands par le maréchal Pétain ce même jour, finit par convaincre l’adjudant-chef très réticent de le laisser se rendre à Nice, où il affirme devoir rencontrer une délégation française. Ce colonel n’en est pas moins rapidement intercepté et reconduit à la frontière, tandis que l’adjudantchef est remplacé le jour même par le sous-lieutenant Charles Gros. Le 20 juin à 8h l’infanterie italienne (division Cosseria) attaque, soutenue par de l’artillerie. Deux cent fantassins tentent de s’infiltrer par une carrière située tout près du pont, et certains parviennent sous la casemate au moment où l’un des FM s’enraye – heureusement pour peu de temps. Il faut les grenades jetées par la goulotte pour les déloger, tandis que la 11e batterie du 157e RAP effectue à quatre reprises un tir d’arrêt depuis le Cap-Martin. Les assaillants sont définitivement repoussés, mais un soldat italien parvient jusqu’à la barrière et a le temps d’épauler son arme avant d’être abattu par un coup de 37. Ces tentatives se renouvellent le lendemain, sans plus de succès. Les Alpins, qui se savaient quasiment coupés de leurs arrières depuis l’explosion du DMP, ont confirmation que les Italiens s’infiltrent déjà dans Menton (environ 2 km derrière eux), lorsqu’ils repoussent 1 officier et 10 hommes venant de Garavan (1,3 km environ).
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Le 22 la situation est calme à la frontière alors que les combats font rage à Menton et jusqu’à Castellar. On s’attend cependant à une attaque blindée, qui n’aura pas lieu. La tension nerveuse n’en tombe pour autant pas car la crainte d’une attaque latérale ou par en haut reste prégnante, alors que le poste radio OTCF (Ondes Très Courtes de Forteresse) tombe définitivement en panne, isolant un peu plus la garnison. Le 23, grenades et fusils mitrailleurs repoussent une fois encore les assaillants avec des pertes pour eux. Une fois encore ils bénéficient d’une trêve pour relever leurs blessés. Le 24 au soir ce sont les mortiers lourds italiens qui entrent en scène. Réglé au coup par coup, le tir des 220 mm est précis, faisant trembler la casemate pendant une heure et blessant légèrement deux chasseurs. En représailles, la gare de Vintimille reçoit des obus français. Mais tout tir cesse vers 23h : l’armistice doit entrer en vigueur à 00h35, ce qu’ignore la garnison de la casemate puisqu’elle n’a plus de moyen radio. Aussi continue-t-elle le 25 de prendre à partie tout soldat italien entrant dans son champ de tir pourtant réduit (10 m de long et 6 m de large, dans l’axe de la route). C’est un colonel italien qui, avec 150 hommes et brandissant un drapeau blanc, vient annoncer au sous-lieutenant Gros que la garnison doit cesser de tirer en vertu des accords signés à la villa Incisa d’Olgiata, près de Rome. Gros, qui ignore tout et n’a pas d’ordres, signifie son refus et son intention de reprendre le feu lorsque surviennent deux officiers de liaison français, porteurs d’ordres écrits qui dissipent le malentendu. Aux Italiens Gros conditionne l’ouverture partielle de la barrière en leur faveur (il s’agit d’y faire transiter des blessés) à la possibilité d’être relevé par une troupe équivalente à la sienne en effectifs et armement. À 18 h les Italiens accompagnent les 9 hommes jusqu’à la ligne de démarcation. Le lendemain, le général Olry, qui commande l’Armée des Alpes, les félicite au Cap-Martin sur le front des troupes. Leur citation à l’ordre de l’Armée est homologuée le 2 septembre 1940, qui stipule que la garnison « n’a pas faibli bien que pouvant se croire sacrifiée. Après l’armistice, a continué encore à inspirer le respect de sa mission à l’ennemi, qui ne pouvait ni ouvrir la barrière coupant la route ni relever le champ de mines antichars, si bien que l’adversaire a admis sa relève par une troupe en armes de même effectif ». De fait, le sous-lieutenant Gros et ses hommes (sergent Bourgouin, caporal Robert, alpins Chazarin, Cordier, Gapon, Guzzi, Lieutaud, Pétrillo) ont fait honneur à la devise des troupes de forteresse : « On ne passe pas ».
Stéphane Bottero 20
À voir et à savoir : - Les 9 hommes de la garnison font partie des 185 000 soldats français (dont 85 000 combattants) positionnés face à l’Italie au moment où ses troupes passent à l’offensive contre nous. - Des images de la redoute sont visibles à la fin d’un court film (9mn) de l’Istituto Luce sur le site du sénat italien. Taper : « Occupazione di Mentone ». - Le frein de recul du canon de 37 mm, insuffisamment graissé, est lubrifié à l’huile d’olive. - Un périscope de fortune est bricolé avec un bâton au bout duquel est fixé un miroir de poche provenant d’un poudrier féminin. - Du 14 au 25 juin l’ouvrage du Cap-Martin tire 893 obus de 75 mm et 1 095 de 81 mm. Lui-même en reçoit 1 500 entre le 20 et le 25. - Alberto Sordi, le célèbre acteur italien, est mobilisé en 1940 en tant que musicien (cymbalier) au sein de la clique régimentaire du 82e Régiment « Torino », qui accompagne les soldats en partance pour le front français.
Le 2 novembre a caucade En raison des mesures de sécurité sanitaire, la cérémonie au carré militaire du cimetière de Caucade a été annulée. En comité restreint, une délégation du Souvenir Français, avec à sa tête la présidente, Madame Dupré accompagnée de M. Jacques Bisch et du porte-drapeau de l’association, s’est rendue ce 2 novembre au cimetière afin de fleurir les monuments. Grand merci au Souvenir Français pour cette action.
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SIDI-BRAHIM 2020 Discours du Président Dans quelques instants seront retracés pour nous les combats de SidiBrahim, dont nous commémorons aujourd’hui le 175e anniversaire. Sans relativiser l’héroïsme des chasseurs du 8e bataillon, il n’est pas sans intérêt de le comparer à d’autres faits militaires du XIX e siècle, qui sont devenus autant de fêtes d’armes. Il y a cent cinquante ans, les 31 août et 1er septembre 1870, la « Division bleue », formée exclusivement de marsouins, lutte pendant deux jours, à un contre dix, dans le village de Bazeilles, combattant jusqu’à la dernière cartouche. Le chef d’État-major des armées François Lecointre a pu déclarer « Bazeilles offre l’illustration tragique de ce déséquilibre contre lequel on ne peut rien ! D’un côté, ce sacrifice souligne l’abnégation de celui qui a le culte de la mission. De l’autre, il résonne comme une exigence pour que jamais plus le soldat de France ne rende les armes faute d’avoir pu disposer des moyens nécessaires à leur usage. » À Reichshoffen, quelques jours plus tôt, la brigade Michel forte des 8 e, 9e régiments de cuirassiers et du 6e lanciers, se sacrifie jusqu’au dernier cavalier pour permettre la retraite de l’armée Mac Mahon. Avant de s’élancer dans cette charge désespérée, le général Michel proclame : « Camarades, on a besoin de nous, nous allons charger l’ennemi ; montrons qui nous sommes et ce que nous savons faire, vive la France ! » Et le roi de Prusse, Guillaume Ier, spectateur de la tragédie, aura cette oraison : « Ah ! Les braves gens ! » En 1863, à Camerone, soixante-trois légionnaires français, sous les ordres du capitaine Danjou, résistent à une armée mexicaine de plus de deux mille hommes un jour durant. Là, ce n’était pas même pour défendre le sol national que les légionnaires se sont sacrifiés. On pourrait également évoquer le sacrifice des pontonniers du général Eblé à la Bérézina, qui permit de sauver une partie de l’armée impériale. Quoi de commun à ces différents faits d’armes ? Des défaites, certes. Mais des défaites dont la France n’a pas à rougir. Elles mettent toutes en évidence une certitude : le soldat français, quand il est commandé et équipé, ne faillit jamais. Et il faut des forces considérables pour en venir à bout. 22
Aujourd’hui encore, le soldat reste une exception dans la veulerie ambiante. L’armée n’est pas un simple service public. On y accepte de mourir. Ce qui fait toute la différence. Et pour reprendre la belle formule d’Alexandre Sanguinetti : « Le guerrier ne fait que porter l’épée pour le compte des autres. Son métier reste un métier de seigneur, parce que le guerrier accepte encore de mourir pour des fautes qui ne sont pas les siennes, en portant le poids des péchés des autres. Et il n’en reçoit pas toujours la récompense. » En ce jour de fête des chasseurs, recueillons-nous sous le dais des immenses sacrifices qu’ils ont consentis pour la France depuis leur création. Et quand notre pays en exigera de nouveaux, ils répondront présents, dans les traces de leurs anciens.
Sidi-Brahim à Nice le mercredi 23 septembre 2020 Après avoir craint l’annulation de la manifestation en raison de la situation sanitaire, l’Amicale nationale du 22e BCA a pu célébrer la Sidi-Brahim sous l’égide de la municipalité de Nice et avec l’accord des services préfectoraux, sous réserve d’un nombre restreint de participants. Nous en remercions chaleureusement MM Bernard Gonzalez, préfet des AlpesMaritimes et Christian Estrosi, maire de Nice. C’est ainsi que le mercredi 23 septembre 2020 à 11h, notre communauté a pu se réunir au Jardin des chasseurs, avenue des Diables bleus, pour commémorer le 175e anniversaire des combats de Sidi-Brahim qui se déroulèrent en Algérie, près de la frontière marocaine, du 23 au 26 septembre 1845. La musique des Sapeurs-pompiers de Nice, représentée par son chef le commandant Romain Mussault et son épouse Karrinne, a ponctué les divers temps de cette cérémonie. Le lieutenant-colonel Jean-Pierre Martin, président de l’amicale, absent à son grand regret pour raisons familiales, a confié les rênes de la manifestation à son 2e vice-président, le lieutenant-colonel Georges Trémoulet.
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Après le lever des couleurs par Christian Martinez, délégué régional de la FNAC (Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs) pour la région PACA, Georges Trémoulet prit la parole pour remercier chaleureusement tous les participants, à savoir sept porte-drapeaux et cinq porte-fanions qui rehaussaient le prestige de cette cérémonie, plusieurs présidents d’associations ainsi qu’un certain nombre d’amicalistes qui avaient tenu à manifester leur soutien à notre amicale et aux valeurs qu’elle s’efforce de faire perdurer et de transmettre. Le maire de Nice et président de la Métropole, M. Christian Estrosi, était représenté par la colonelle Marie-Christine Fix, déléguée au Monde combattant et au lien Armée-Nation, accompagnée de M. Bernard Chaix, subdélégué à l’agriculture urbaine. Etaient également présents le lieutenant-colonel Philippe Bocquet, Délégué militaire des Alpes-Maritimes et l’adjudant Cédric Latouille du CIRFA Terre à la caserne Filley. Après ces remerciements, Georges Trémoulet a lu le message du président Jean-Pierre Martin avant de laisser la parole au capitaine Guy Pujalté, membre de l’amicale, qui fit le récit (en version courte) de la bataille de Sidi-Brahim, qui dura trois jours et trois nuits. La colonelle Marie-Christine Fix termina les prises de parole avant le dépôt de deux gerbes, celle des chasseurs par Georges Trémoulet accompagné du général Alfred Morel, ancien président de notre amicale et président du Souvenir Français du département, puis celle de la municipalité par la colonelle Fix et Bernard Chaix, avant la Sonnerie aux morts et La Marseillaise. Les autorités félicitèrent ensuite les porte-fanions et les porte-drapeaux, qui clôturèrent la cérémonie par le salut au monument. L’amicale se fit ensuite un plaisir d’offrir le verre de l’amitié à une trentaine de présents au Caffé d’Angély (il suffisait de traverser la rue…) avant que seize d’entre eux ne restèrent pour déjeuner sur place. Il faut espérer que la situation sera redevenue normale l’an prochain afin de pouvoir célébrer en toute convivialité cette fête des chasseurs. Souhaitons-le fortement ! Texte et photos : Christine & Georges Trémoulet Lien pour voir l’album photos : https://photos.app.goo.gl/SLTBspzkikyKh3uL7 25
TIKJDA, 2eme partie Emmitouflé dans ma cape de chasseur alpin, les oreilles cachées par le large béret, je descends de la Jeep et secoue la neige qui me couvre. Il fait nuit, il est 17 heures et nous sommes en janvier, en l’an de grâce 1958. Enfin, nous sommes arrivés à destination : le poste militaire de Tikjda, au milieu des montagnes enneigées du massif du Djurdjura, en pleine Grande Kabylie, département de Tizi-Ouzou, Algérie (France). L’armée nous avait transportés de Nice à Tikjda. Nous étions cinquante soldats, appelés du contingent, formés au Centre d’instruction du 22ème bataillon de chasseurs alpins à Nice. J’avais été l’un des instructeurs, en tant que sous-lieutenant, appelé également. Nous avions fait étape à Bouïra, en Algérie où était cantonné le PC du bataillon opérationnel. Le chef de corps, le commandant Vuillemey, était venu nous saluer. Puis les nouveaux venus avaient été répartis entre les cinq compagnies qui composaient le bataillon. Avec dix de mes « anciens élèves » j’avais été affecté à la 2ème compagnie, la « compagnie de montagne », en fonction du critère « compétences à ski ». C’est ainsi que je me retrouvais les pieds dans la neige, à 1500 mètres d’altitude, dans une région où la France avait à faire face à une grave rébellion de la population kabyle. Mal à l’aise dans leur tenue en drap bleu, les nouveaux venus étaient entourés d’anciens, des baroudeurs en tenue de combat, qui les observaient avec un air goguenard. Ayant laissé « mes troupes » aux bons soins d’un adjudant chargé de les guider, je me dirige vers le bureau du commandant de compagnie, le lieutenant Gaston. Je me présente. Il me dit : « Bonjour, je suis heureux de vous voir. J’attendais du sang neuf. Ma compagnie a été amputée de dix chasseurs expérimentés, arrivés au bout de leur service militaire. Je vous confie la 3ème section. Votre prédécesseur a été rapatrié lui aussi. Il a fait un bon boulot. C’était un bon skieur. D’après votre fiche, je vois que c’est aussi votre cas. A la 3ème section, vous récupérerez cinq de vos « anciens élèves », dont le sergent Delleaux. Vous pourrez donc, sur le terrain, vérifier les effets de votre instruction. Des questions ? Allez-vous installer et vous équiper. Rendez-vous ce soir au mess à dix-neuf heures, en tenue bleue ! » 26
Le lieutenant Gaston J’en avais entendu parler par des anciens qui avaient effectué un premier séjour en Algérie. Agé d’environ 40 ans, c’était un grand soldat. Il n’était « que » lieutenant car il ne sortait pas de Saint-Cyr. Militaire depuis 1938, il avait participé à toutes les campagnes de l’armée française et avait rejoint le général de Gaulle très tôt. Il était couvert de médailles et de cicatrices. Un physique impressionnant, une grande gueule, l’air sévère, son pistolet 11.43 et son poignard de commando ne le quittaient pas, même au bureau. Il était réputé pour son courage, son idéalisme, son intransigeance et son engagement à garder l’Algérie à la France « quitte à liquider tous les rebelles hors-la-loi ». Sa devise : « mort aux cons » (« vaste programme » aurait dit de Gaulle, qu’il admirait alors). Sortant de chez le lieutenant, je me fais désigner ma chambre, vais prendre possession de mon équipement « montagne » et de mon armement personnel. Je m’offre une petite visite des lieux. Le bâtiment où loge la 2ème compagnie est un véritable vaisseau de pierre au milieu des rochers et d’une forêt de cèdres. C’est une ancienne auberge de jeunesse construite dans les années trente. Les installations intérieures sont dignes d’un hôtel. Elles ont été fonctionnellement transformées pour accueillir près de 200 militaires. Je passe à l’extérieur ; la visibilité est presque nulle. Les flocons forment un brouillard qui masque l’éclairage des réseaux de barbelés cernant le poste. Je fais un tour des bâtiments, accompagné du sergent de garde. Je salue les quatre sentinelles qui se gèlent malgré leur cape. De retour à l’intérieur, je vais visiter mes chasseurs dans leur chambrée, ils semblent satisfaits. Le sergent Delleaux est avec eux et me présente le sergent Guthmann, l’autre sergent de la section. C’est un engagé et il est à Tikjda depuis plusieurs mois. L’heure du rendez-vous au mess approche. Après avoir « retapé », tant bien que mal, ma tenue bleue, je me rends sur les lieux. Je suis en avance. Un serveur dispose sur une grande table, une vingtaine de couverts. Dans un angle, se trouve un salon, un feu de bois flambe dans une cheminée très Art déco. Sur les murs, des photos… de montagne. Je suis attiré par l’une d’entre elles qui représente l’Aiguille Verte à Chamonix. Entre alors un homme portant des galons d’adjudant-chef. Il se présente : 27
Sailley. Voyant que j’étais planté devant une photo, il me demande si je connaissais cette montagne. Je lui explique que depuis mon enfance, je passe mes vacances à Chamonix et que ces dernières années j’avais eu l’occasion de faire l’ascension de quelques 4000 mètres de la région, dont cette aiguille. Lui-même avait effectué plusieurs stages à l’école militaire de haute montagne à Chamonix et il connaissait bien le coin. Nous avions une passion commune et un sujet de conversation inépuisable…
Algérie 56 ECPA la piste sans fin L’adjudant-chef Sailley Une « figure » chez les chasseurs alpins. Il avait inspiré une légende qui courait à Nice. Il s’était illustré sur le plan militaire. Sa réputation était également assise sur ses performances sportives. Il avait été champion de France de ski militaire, à plusieurs reprises. Montagnard chevronné, il avait été victime d’un grave accident au cours d’une escalade : un bloc de rocher s’était détaché au-dessus de sa cordée, avait pulvérisé son casque, endommagé sérieusement son visage 28
et une épaule. Il en gardait une cicatrice qui sinuait entre la tempe et le menton, ce qui lui donnait, disait-il, une « sale gueule ». Je l’avais devant moi, je ne lui trouvais pas « une sale gueule », simplement, il montrait un sourire ironique, un peu asymétrique. Le mess se remplit. Je fais la connaissance des officiers et sous-officiers de la compagnie. J’ai du mal à retenir tous les noms. Le lieutenant souhaite la bienvenue aux deux nouveaux, une coupe de champagne à la main. Dîner et soirée très agréables où nous parlons… montagne. La poursuite « Mon lieutenant, réveillez-vous ! » J’ouvre un œil et je vois le sergent de garde me secouer l’épaule. « Le lieutenant Gaston vous demande d’urgence dans la salle des cartes. » J’ouvre l’autre œil, regarde ma montre. Il est cinq heures du matin. Dehors : ciel étoilé et montagne blanche. Mon séjour en Grande Kabylie commence sur les chapeaux de roues. Le temps de passer un survêtement et je me rends à la salle des cartes. Le lieutenant, en tenue impeccable, est penché sur une carte. A côté de lui se tient l’adjudant-chef Sailley. « Bonjour, j’ai une mission pour vous. Il s’agit d’une opération dans la neige. Je viens de recevoir un message du PC Bataillon. Il y a un quart d’heure, un Piper d’observation a remarqué un feu dans les ruines du village de Tifires. C’est chez nous, dans notre secteur, en pleine zone interdite à toute personne. Ça ne peut donc être que des hors-la-loi (HLL). Le pilote a bien vu, au clair de lune, deux ou trois ombres arrêtées près d’un feu. Une piste visible, grâce aux traces laissées dans la neige, monte de la vallée et se dirige vers les crêtes du Djurdjura. Le chef de corps m’a donné l’ordre d’aller voir immédiatement ce qui se passe et si possible d’arrêter ces gens. Il est cinq heures. Vous disposez de quelques heures avant le jour pour atteindre Tifires et les traces. Cinq centimètres de neige fraîche sont tombés en début de nuit, la couche totale est de cinquante à soixante centimètres. La progression à pied est très lente. Formez une patrouille de cinq skieurs avec les anciens. Tenue blanche ! Partez tout de suite et attrapez-moi ces mecs ! Prenez cette carte, ne vous souciez pas pour l’itinéraire ; Sailley vous guidera, il connait parfaitement la région. Faites le plus rapidement possible. 29
Il est clair que c’est vous le chef du commando. Bonne chance et fissa (vite) ! » Je fixe rendez-vous à l’adjudant-chef dans la salle des skis, dans vingt minutes et vais donner mes ordres au sergent Guthmann. Il réagit immédiatement, c’est un pro. J’entends quelques grognements dans la chambrée, vite réprimés. Je vais me préparer, tout en mangeant quelques biscuits. Quinze minutes plus tard, je retrouve Sailley, il me tend mes skis (neufs), pas de problème de taille : ils sont tous identiques. Les chasseurs arrivent en ordre dispersé, Guthmann les contrôle au fur et à mesure. Pendant qu’ils finissent de s’ajuster, j’explique la mission. Nous sortons et chaussons les skis. Les peluches1 sont inutiles au début sur terrain plat. Je demande à l’adjudant-chef de prendre la tête. Il part et immédiatement, impose au groupe un rythme « commando ». Nous ne tardons pas à atteindre une neige plus profonde et une pente plus raide. Nous nous arrêtons pour mettre les peluches, puis repartons de plus belle. Un clair de lune légèrement voilé éclaire la montagne splendide qui nous entoure. D’un côté, la plaine, à l’horizon, où l’on peut distinguer quelques lumières, de l’autre, les cimes précédées de quelques falaises noirâtres. Nous traversons une succession de collines, séparées par quelques vallées. Nous suivons un sentier bien marqué. Les arbres se font de plus en plus rares. Le silence est à peine troublé par le bruit de glissement des skis et le léger cliquetis des fixations. Soudain, j’ai l’impression d’être en vacances et de faire une randonnée. Je suis en bonne forme. J’ai retrouvé mes automatismes, mis au point par une longue pratique. La colonne de fantômes blancs progresse à vive allure. En une heure, nous atteignons Tifires, village abandonné. Les maisons ont été détruites à la création de la zone interdite. Il nous faut peu de temps pour retrouver les traces de pas qui nous mènent à un emplacement où la neige a été piétinée et des restes de bois brûlé indiquent qu’un feu a été récemment éteint. Fouillant les cendres, nous en retirons 2 boîtes de conserve « made in Tunisia » encore dégoulinantes d’huile.
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Peluche : « Peau de phoque » : bandes qui se fixent sous les skis pour les empêcher de reculer. 30
Puis nous voyons des traces très récentes qui se dirigent vers le nord. Sailley pense que nos adversaires ont l’intention de franchir les crêtes pour passer sur le versant nord de la montagne et retrouver le gros des troupes de la willaya trois. Le point de passage le plus proche est le col de Tizi Boussouil à l’altitude de 2000 m. Tifires est à 1200 m. Les 800 m de dénivelé à pied dans la neige, dans un relief accidenté, nécessitent trois heures de marche. Nous avons donc de fortes chances de rattraper les fuyards avant le franchissement du col. L’examen attentif des traces montre qu’ils sont deux individus, assez lourdement chargés. Nous reprenons la progression, encouragés par cette observation. Nous avons quitté la zone forestière et avançons maintenant dans un chaos de rochers et d’éboulis enneigés. Crêtes et dépressions se succèdent. Chaque fois que nous parvenons à un sommet, nous espérons voir nos deux hommes. Espoir plusieurs fois déçu. Enfin, nous arrivons à un col dominant un vaste plateau où nous voyons les HLL. Nous accélérons. La neige « fume » sous nos spatules. Nous gagnons du terrain. Arrivés à 200 m de notre objectif, je fais lâcher une rafale. Les deux hommes ont compris : ils s’arrêtent. L’un deux jette son arme dans la neige, l’autre semble ne pas en avoir. Ils lèvent les bras. Nous approchons et procédons à la fouille. Ils paraissent très fatigués. Le plus âgé doit avoir un peu plus de vingt ans, c’est lui qui s’est délesté de son arme, un fusil de chasse. Vêtu d’un uniforme vert de l’ALN il est chaussé de Pataugas, coiffé d’un passe montagne, une djellaba couvre l’ensemble. Il ne répond pas à nos questions posées en arabe et en kabyle. C’est un vrai moudjahid (fellagha). Le plus jeune doit avoir 15/16 ans, il n’arrête pas de parler en kabyle mais notre interprète ne comprend rien à son discours. Il tremble, peut-être de peur, mais sûrement de froid. Il porte une simple chemise ouverte sous un malheureux gilet en peau de mouton, les bras nus, coiffé d’une chéchia, il est chaussé de sandales légères, en peau de chèvre… et il marche depuis plus de quatre heures dans cinquante centimètres de neige par une température de -5°C. Les deux hommes portent chacun une musette, le plus jeune a eu droit à la plus lourde : vingt kilos. La sangle d’épaule est cassée et a été remplacée par une ficelle (son épaule est en sang). Il transporte des cartouches de tous calibres en vrac.
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Le sac du fellagha est plus léger. Elle contient des papiers en arabe et un paquet soigneusement ficelé. Nous l’ouvrons et découvrons des billets de banque français, neufs. Un inventaire précis est joint. Il s’agit probablement d’un « cadeau » venant de France. J’entends un murmure : « Merci au parti communiste, il y a de quoi tuer quelques bons soldats français ». Les chasseurs se sont groupés autour du plus jeune prisonnier, lui ont donné des chaussettes et quelques vêtements chauds. Ils lui proposent quelque chose à manger. Je laisse faire. Le soldat de l’ALN garde son air renfrogné et refuse même la tranche de pain que je lui offre. J’ai informé le lieutenant du résultat, par radio. Le retour au poste ressemble à une excursion touristique. Félicitations du lieutenant : « Allez rédiger un compte rendu écrit de votre mission. Ne parlez pas du jeune prisonnier, c’est un Kabyle, le chef de notre harka le connaît et se porte garant pour lui. Je veux en faire un harki ! » Le soir au mess, le lieutenant nous fait part de la satisfaction du chef de bataillon qui attend le prisonnier et espère en tirer des informations intéressantes. Il autorise le lieutenant Gaston à garder la « cagnotte » et à l’utiliser au mieux. L’intention de notre chef est d’affecter une part importante de la somme à l’amélioration des conditions de vie au « village » et à l’achat d’un appareil de projection de cinéma pour occuper les soirées de la compagnie. Le village Aujourd’hui, pas d’opération militaire ni de travaux spéciaux ; c’est jour de repos: Nettoyage des locaux et des abords, Entretien des armes, Douche, lessive, Rangement des paquetages…etc Ce soir, il y aura probablement une revue de détail. Le lieutenant Raymond me propose de visiter le « village ». Il est l’adjoint du lieutenant Gaston. Il est chargé particulièrement de l’organisation et de la gestion du village.
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Lieutenant Raymond C’est un soldat de métier, sorti de Saint-Cyr, il y a trois ans. Il en est à son deuxième séjour en Algérie. D’une élégance remarquée, pas un pli ne manque à son treillis. Il ne quitte pas sa tarte de chasseur, parfaitement inclinée, qui cache à peine sa moustache impeccable.
Algérie 59 ECPA ouverture de route Une route déneigée nous conduit à pied au village, distant de 500 mètres. Nous arrivons à une plateforme dominant le paysage. La vue est superbe. Vers le sud, nous apercevons la plaine dont nous sommes séparés par un relief tourmenté, découpé d’abruptes vallées, séparées par des monticules rocheux couverts de végétation. Au loin, une lumière jaunâtre cache l’horizon, ce sont les sommets du Hodna, précise Raymond, au-delà, à 300 kilomètres, commence le Sahara. Vers le nord, les murailles de la chaîne du Djurdjura nous dominent avec leur 2200 m d’altitude (Ras Timedouine – Akouker) et quelques réjouissances en perspective. Au-delà de ces sommets c’est le versant nord du Massif et plus loin, la Méditerranée. Plein est : une belle pyramide de neige attire mon attention ; c’est le Lalla Kredidja, le point culminant est à 2308 m. 33
Nous sommes à l’orée d’une forêt de cèdres de l’Atlas, au pied d’un petit sommet surplombant le village. Une ligne de pylônes escalade la montagne. C’est une ancienne piste de ski. Tikjda, est l’une des deux stations de ski d’Algérie. Au premier plan, un hôtel et quelques belles villas, du genre chalet suisse, font oublier que nous sommes en Algérie. D’autres maisons plus simples, complètent l’ensemble. Ces maisons accueillent les familles kabyles : les « enfants de Gaston ». En 1956, l’armée française, constatant que les villages kabyles étaient devenus d’innombrables nids de rebelles, décida la création de « zones interdites », vides de toute population. Il s’agissait de regrouper tous les habitants dans des centres, contrôlés par l’armée. Ces opérations étaient particulièrement pénibles et inhumaines. Ce n’était pas le meilleur moyen de nous faire aimer des gens. Gaston reçut donc l’ordre de rassembler tous les indigènes du « Douar Tigherempt » dans un camp situé dans la plaine. Après avoir visité ces camps (sorte de camps de concentration), il refusa d’exécuter l’ordre, mais obtint l’autorisation de créer un village près du poste de Tikjda, en utilisant l’hôtel, les villas de la station de ski et en construisant suffisamment de nouvelles maisons pour accueillir les 200 Kabyles du douar. Cela fut réalisé en un temps record, grâce à l’activité des cinquante chasseurs qui dans le civil, travaillaient dans le bâtiment. Des crédits avaient été obtenus pour acheter les fournitures nécessaires. De nombreux cèdres furent abattus pour servir de charpente. Les maisons offraient un confort supérieur à celui que l’on trouvait dans les mechtas et gourbis des kabyles (toitures neuves, portes et fenêtres, eau courante, WC « à la turc », sol en dur, cheminée…). En quelques mois, les kabyles se trouvèrent donc déménagés et relogés. Les anciens repaires de fellaghas furent détruits. Aujourd’hui, je peux observer le résultat plus d’un an après ce déplacement : les kabyles se sont parfaitement appropriés le village. A notre arrivée, ils sortent pour nous accueillir. Les visages sont souriants. Le chef du village et son conseil viennent nous saluer. Ce sont d’anciens militaires qui portent leurs décorations. Dans le village, il y a beaucoup de personnes âgées, peu de jeunes de seize à trente ans. Raymond m’explique : « Nos sept harkis sont en patrouille. Beaucoup d’hommes travaillent en métropole et c’est en partie leur argent qui fait vivre le village. Les autres sont « dans l’oued », c’est-à-dire sont passés à l’ennemi. En effet, le FLN nous avait précédés en 1956 et avait laissé le choix aux hommes et 34
femmes mobilisables entre l’engagement et l’égorgement. Quatre hommes étaient devenus soldats de l’ALN. Les femmes « volontaires » avaient trois fonctions : Porter les charges les plus lourdes, préparer les repas et participer « au repos des guerriers ». Il restait cependant au village quelques jeunes filles assez belles, trop jeunes pour l’ALN, qui souriaient au lieutenant à la moustache irrésistible. Raymond, ensuite me conduit à l’école dont il est assez fier. C’est un bâtiment équipé de pupitres et de sièges (style 1930) où cinquante jeunes entre six et quinze ans apprennent le français sous la férule d’un chasseur, appelé du contingent, un instituteur pied noir, qui parle kabyle. De retour au poste, nous passons devant la maison forestière au style caractéristique. Je fais la connaissance de Tachet, le garde forestier, il n’a pas voulu quitter son poste en dépit des injonctions de son administration. Il continue imperturbablement à surveiller ses cèdres. Chaque fois qu’il constate la disparition d’un de ses arbres, il en plante un nouveau ; il a du travail ! Il n’a pas quitté Tikjda depuis le début du conflit. Il s’est « kabylisé » et parle parfaitement la langue (apprise au contact étroit et amical avec la population). La nuit, craignant les incursions hostiles des fellaghas, il se barricade dans son gîte transformé en « maison forte ». Les hommes Je fais la connaissance des hommes avec lesquels je vais probablement passer plus d’un an. D’abord mes homologues, chefs de section comme moi, officiers de réserve : - Le sous-lieutenant Tignon : séminariste, se prépare à la prêtrise, haute valeur morale, aussi carré de corps que d’esprit. Je le compare à un « moine-soldat ». Il est adoré de ses hommes qui l’appellent « Monseigneur ». - Le sous-lieutenant Blanc : il est permissionnaire, nous partageons la même chambre et j’attends avec impatience de le connaître. - L’adjudant Andreux : assure l’intérim d’un officier de réserve. Son prédécesseur, aspirant, n’a pas résisté physiquement à ses deux premières opérations. Gaston l’a renvoyé au PC, avec une recommandation pour un poste de bureau. Andreux est sous-officier de carrière, il s’est comporté courageusement en Indochine à plusieurs reprises. Il a été grièvement blessé à la tête et en souvenir, il garde une plaque en métal qui obstrue un trou dans le crâne. 35
Lorsque, sous l’effet du soleil, la plaque se dilate, il entre dans des colères folles (les mauvaises langues affirment que parfois « le bleu cerise 2» produit le même effet). Parmi les sous-officiers, une personnalité se distingue : il s’agit du sergent-chef Patrone. D’un courage exceptionnel, il ignore totalement le danger et a déjà gagné deux citations. Il est temps que je rencontre mes chasseurs : les hommes de ma section. Ils sont 40. Il n’y a parmi eux qu’un seul engagé : le sergent Guthmann. Il m’a accompagné lors de la dernière poursuite à ski. C’est un solide alsacien dont les grands parents se sont exilés en Algérie en 1870. Ses parents sont revenus en France en 1920. Il voulait connaître le pays de ses ancêtres. Le sergent Delleaux, que j’ai connu à Nice, tient avec sa famille un commerce dans le Nord de la France. Les autres chasseurs sont tous des appelés du contingent. Certains terminent leur service militaire et n’ont qu’une obsession : « la quille3 » D’autres viennent d’arriver en Algérie. Pour combien de temps ? Nul ne le sait. Je les reçois individuellement et me fais exposer leur curriculum vitae. Première constatation : il n’y a parmi eux aucun FSNA (Français de Souche Nord-Africaine). Certains de ces derniers avaient posé de graves problèmes dans d’autres unités. On raconte des histoires de désertion avec leur arme ou pire : le massacre de soldats français pendant leur sommeil avant leur fuite. C’est pour moi un souci de moins. (Mais où en est l’intégration ?) Je me livre ensuite à une mini étude sociologique. Leur origine : Cinq pieds noirs Vingt-cinq proviennent du sud de la France Dix sont des gens du nord (et sont surpris de se trouver « alpins ») Leur niveau d’études : Deux : niveau Bac (les deux sergents) Vingt et un CEP (Certificat d’Etudes Primaires) Quinze se déclarent SLE (Sait Lire et Ecrire) mais beaucoup ont « oublié » 2
Bleu cerise : Vin rouge en langage chasseur.
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La quille : Fin du service militaire : nom donné au bateau qui ramenait les forçats de Cayenne. 36
Deux illettrés (Deux pieds noirs) Leur profession : Vingt cultivateurs Quinze manœuvres ou ouvriers Cinq divers Au-dessus du lot, après ce premier contact, j’ai remarqué deux personnalités : - Le chasseur de première classe Elissalde : c’est un basque compensant sa petite taille par une large carrure. Dans sa jeunesse, il avait été berger et avait chassé l’isard dans les montagnes des Pyrénées avec son père. Il a arpenté, comme moi, les pentes du Balaïtous. - Le chasseur Sereni, Corse, étudiant cultivé, plein d’humour, poète à ses heures, amateur de folk song américain et guitariste. J’apprécie personnellement cet avantage du service militaire. Ayant eu la chance de faire des études supérieures, je n’ai pas connu cette « France profonde ». Je suis agréablement surpris par ces hommes, par leur grand bon sens, par leur bonne volonté, leur désir d’agir pour le mieux et leur excellente humeur. Ils regrettent tous leur manque de formation. Leur idée sur leur rôle en Algérie : ils ont compris qu’ils sont ici pour rétablir l’ordre. Ils l’admettent. Mais ils n’ont pas bien saisi pourquoi on en est arrivé là et ne voient pas comment la France va se sortir de ce « guêpier ». (Ils ne sont pas les seuls…). Ils acceptent, sans rechigner, de faire un long service militaire mais voudraient en connaître la durée. Ils ne trouvent aucune contrepartie à leur long engagement. Ils ne demanderaient pas mieux que le service militaire leur serve à quelque chose. Cela constitue pour moi un sujet de réflexion. Ils ont un seul objectif : retrouver leur famille et leur travail. Peu après, le lieutenant Gaston me demande ce que je pense de mes chasseurs. Je lui fais part de ma très bonne impression et de mon étonnement concernant leur faible niveau de formation. Ne pourrait-on pas organiser quelques cours de lecture, d’écriture et de calcul pour ceux qui le désireraient pendant les périodes d’inactivité de la compagnie ? Je vois une grimace se dessiner sur le visage du lieutenant. - « Lieutenant, me dit-il d’un ton sec, nous sommes ici pour faire la guerre et non pour suppléer aux lacunes de l’Education Nationale. Vous verrez, quand le temps sera plus clément, nous devrons nous consacrer presque entièrement aux opérations militaires. Lors des courts séjours au poste, j’ai l’intention de mobiliser la totalité de nos moyens à consolider la protection de ce dernier. L’ALN se renforce, la ligne Morice, qui nous 37
sépare de la Tunisie, n’est pas étanche. Si Amirouche4 décide, un jour, de quitter sa forêt d’Akfadou avec sa willaya, pour nous faire des misères, je veux pouvoir résister. …Enfin, votre idée est bonne… si les chasseurs acceptent d’écourter leur sieste… Je vais y réfléchir. »
Algérie 59 ECPA les 105 du 93e RAM Le guet Nous sommes partis à l’aube, pour une opération de « guet », la section blanche au complet. Nous marchons à pied car la neige se transforme sous l’effet de la chaleur et ne « porte » plus les skis. Notre objectif est le « Mzeref », une crête à 1900 m d’altitude. C’est un magnifique belvédère qui domine la plaine. Nous devons y prendre position et y rester, immobiles et invisibles, pour détecter tout signe de vie dans cette « zone interdite »
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Amirouche : Chef fellagha redoutable. 38
Aussitôt arrivés, j’aligne les chasseurs tout au long de la ligne de crête. Je partage le secteur à observer, en tranches que j’affecte à chaque groupe. J’ai récupéré une quinzaine de paires de jumelles au poste. L’ordre est de « se dissimuler et surveiller les environs à la jumelle avec grande attention ». - « Relayez-vous en permanence aux jumelles, le secteur ne doit pas être perdu de vue une seconde. Dissimulez-vous sous la toile de tente blanche. Attendez-vous à rester plusieurs heures. Silence et patience. Me rendre compte à la moindre alerte ». Avec le sergent Guthmann, qui connaît la région, je procède à un tour d’horizon précis, en positionnant sur une carte les points caractéristiques. Devant nous se développe un paysage somptueux. La neige a commencé à fondre. Les arbres ont perdu leur parure blanche, les conifères laissent voir leurs aiguilles vert foncé, les fonds de vallée montrent leurs broussailles impénétrables, au milieu des rochers et pierrailles. Deux talwegs5 s’étendent à mes pieds sur dix kilomètres : les Oueds Berd et Adjiba, avec leur multitude de torrents affluents, séparés par les croupes du Ras Tiguerguert. Au loin, ils se perdent dans la forêt des Azerou. Nous avons tout le sud de l’Algérie sous les yeux !! Après plus d’une heure à scruter le terrain, mes pensées s’orientent vers l’Algérie. Quelle est la situation en ce début 1958 ? Je me suis toujours intéressé au sort de ces « départements français ». Je suis convaincu que le bilan des 120 premières années de colonisation est positif. C’est maintenant reconnu par les historiens objectifs. Non, il n’est pas choquant que les Algériens d’origine, que nous avons formés, aspirent à l’indépendance. D’autant plus qu’ils représentent 90% de la population du pays. La Tunisie et le Maroc ont bien obtenu leur indépendance. Depuis 1950, l’Algérie est en profonde crise qui traverse la Méditerranée et oppose brutalement les tenants de l’indépendance et ceux qui prônent le statu quo. Des drames épouvantables se sont multipliés, avec leur cohorte de crimes : La Toussaint Rouge en 1954. Le massacre de Philippeville en 1955. Les attentats d’Alger en 1956. La « Bataille d’Alger » en 1957
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Talweg : ligne de la plus grande pente d’une vallée. 39
La France répond coup par coup aux atrocités du FLN qui sont horribles. C’est l’affreux engrenage de la violence. L’opinion mondiale se retourne contre nous (la torture est montée en épingle). L’armée française est omni présente. 400 000 appelés du contingent sont venus à la rescousse des militaires de carrière pour effectuer les tâches de maintien de l’ordre et de pacification. Nos hommes politiques se déchirent et montrent leur division et leur incompétence pour résoudre ce problème. C’est dans ce contexte que j’arrive en Algérie. Quel modeste rôle puis-je jouer ? Agir autour de moi pour : calmer le jeu, éviter les excès, garder raison. Mes réflexions sont interrompues par le chasseur Elissalde qui a remarqué un mouvement dans son secteur (coup d’œil du chasseur d’isards!). Il s’agit de trois hommes avec un mulet qui progressent sur une piste située à trois kilomètres. Or, cette piste est connue de mes chasseurs qui ont « évacué » un hameau il y a quelques mois à Aine Ilmatene. J’informe immédiatement le lieutenant par radio et lui donne les coordonnées géographiques du lieu. Dix minutes s’écoulent puis apparait un Piper qui effectue quelques cercles au-dessus de nous. J’essaye en vain de l’appeler par radio sur le « Channel 166 ». Il s’éloigne nonchalamment en survolant la zone suspecte. Dix autres minutes et un T6 déclenche l’enfer à proximité de l’endroit que nous avons indiqué (rafales de mitrailleuse lourde, tir d’obus). Radio du lieutenant : - « Ok, vous pouvez décrocher » Le lendemain nous « allons aux résultats » : - Cadavre d’un mulet - Débris de caisses de munitions (vides) - Morceaux de tissus vert maculés de sang. Un fellagha a dû avoir peur. Les bâtisseurs Quand la compagnie n’est pas en opération, le poste de Tikjda bourdonne comme l’intérieur d’une ruche. Réveil au clairon Lever des couleurs : . Troupe au grand complet, . parfaitement alignée, 6
Channel 16 : ligne radio réservée aux liaisons Air-Terre. 40
. en présence des « autorités locales » (chef de village et son conseil). . Le lieutenant prononce un bon discours, très motivant où les HLL en prennent pour leur grade. Puis les hommes se séparent en deux groupes de travail, indépendamment des sections de combat : Un groupe « Fortifications » et un groupe « Village ». Groupe « Fortifications » Le lieutenant veut renforcer la défense du poste. Il y a fort à faire car l’ancienne auberge de jeunesse n’est protégée que par un léger réseau de barbelés. Le programme est de bâtir un haut mur périphérique où seront aménagés des postes de combat, d’élever des blockhaus aux quatre coins du poste, de blinder les ouvertures. Sans doute à cause de ma formation économique et financière, je suis « nommé » responsable de ce groupe. J’ai réuni tout ce que la compagnie compte de manœuvres, carriers, tailleurs de pierre et autres gros bras. Le travail consiste à extraire les pierres d’une carrière située au bas d’une falaise à 300 mètres de là, à transporter ces pierres à pied d’œuvre, à les tailler pour les réduire à une dimension convenable, à positionner ces pierres pour fabriquer des gabions7 et à empiler ou aligner ces gabions. Parallèlement, en maçonnerie classique, nous bâtissons quatre blockhaus. Les cinquante membres de l’équipe travaillent vite, bien que nous ne disposions que de moyens très rustiques (pelles, pioches, pics, brouettes). Groupe « Village » Il s’agit de construire une nouvelle école et d’édifier des maisons destinées à accueillir les villageois fuyant les centres de regroupement de la plaine. Le sous-lieutenant Tignon, probablement grâce à son expertise en théologie, a hérité de ce groupe. Il a rameuté les nombreux hommes du bâtiment, plus ou moins spécialisés : maçons, électriciens, plombiers, charpentiers, bûcherons, couvreurs…etc. Les nouvelles équipes s’affairent avec célérité et bonne humeur sous le contrôle de chefs de chantier improvisés et la haute direction du lieutenant Raymond.
Gabions : caisses en mailles de gros fils d’acier que l’on remplit de pierres pour construire un mur. 7
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Ce n’est pas le bagne. De nombreuses pauses sont prévues. Il ne faut pas épuiser les guerriers mais « ils ne doivent pas rester oisifs ». A la pause de dix heures, quelques officiers et sous-officiers se retrouvent aux cuisines où le chef cuistot leur concocte une omelette aux oignons, accompagnée d’une fricassée de « bœuf assassiné8 », privilège du galon. Nous y retrouvons le sergent major Barbadillo, responsable de l’intendance, donc des cuisines, au sein de la section d’appui et des services que dirige l’adjudant-chef Sailley. Le major Barbadillo C’est le plus ancien militaire de la compagnie. Engagé en 1936, dans la guerre d’Espagne, dans les rangs des républicains, il avait fait ses classes au contact des brigades internationales. Après 1939 et quelques mois passés dans les prisons françaises, il s’était engagé dans la Légion étrangère jusqu’à son affectation récente chez les chasseurs alpins. Il parlait peu. Parfois, en compensation d’un long silence, il se lançait dans une logorrhée intarissable sur la guerre d’Espagne (une guerre civile). Je ne comprenais pas trois mots sur quatre de son sabir franco-hispano– catalan…, mais c’était suffisant pour saisir que par rapport à la guerre d’Espagne, « notre guerre » ressemblait à une promenade de santé pour jeunes filles. A midi, au temps du repas, s’ajoute une période de sieste. Gaston a finalement accepté que nous proposions des cours de français aux chasseurs qui le désireraient. Au début, il y eut quatre volontaires qui sont rapidement passés à quinze. Tignon et moi, nous nous partageons le travail, lui pour la lecture, moi pour l’écriture et l’orthographe. Aux plus avancés, je propose des dictées. J’ai choisi des textes dans un roman de Victor Hugo « 93 ». Encore une histoire de guerre civile. Les chasseurs sacrifiaient leur sieste pour apprendre.
La suite dans les prochains numéros de « Nul ne crains ».
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Bœuf assassiné » : boîte de pâté de bœuf assaisonné, en langage militaire. 42
5. Souvenir. 11 novembre 1918 : le dernier poilu SP 98542 Ce lundi 11 novembre 1918 Ma bien chérie, J’ai reçu ton télégramme. Que je suis content et inquiet ! Comment vas-tu, chérie, comment va notre fillette? As-tu bien souffert ? As-tu pu avoir un médecin ? Avais-tu trouvé une nourrice ? Le télégramme est bien bref… Comment l’appelles-tu ? Fais-moi vite savoir son nom. Qu’il me tarde de la voir, que je suis impatient de revenir ! On nous dit que cette saleté de guerre, c’est bientôt fini. Les Boches auraient mis les pouces… Cause-moi longuement d’elle dès que tu pourras le faire. Dis-moi tout. J’espère la voir. Je veux la voir. Que je regrette qu’elle ne soit pas née un peu plus tard ! Fais-moi envoyer beaucoup de papier à lettres pour que je puisse t’écrire longuement. Hier j’ai reçu deux lettres de toi, une carte, une lettre d’Yvonne et une carte de Jean. J’ai tout brouillé et ne m’y reconnais plus. Il me sera une distraction de les relire demain; elles me sembleront encore fraîches. Dis-moi que notre enfant vivra, il me tarde de savoir. C’est si frêle, ces pauvres petits. Il faut si peu. De quelle couleur sont ses yeux ? Comment sont ses menottes ? Sera-t-elle jolie ? Que je voudrais qu’elle te ressemble. Hélas, je ne pourrai pas la voir toute petite. Je l’aime, vois-tu, je l’aime autant que je t’aime. Dis-moi, fais-moi dire beaucoup de choses d’elle. Pleure-t-elle beaucoup ? Toi, tu souffres, chérie ? As-tu pu rédiger le télégramme toimême; non, sans doute, on l’a signé de toi pour me rassurer. Mais pourquoi cela irait-il ? N’avons-nous pas assez d’épreuves sans cela ? Tu me donneras de bonnes nouvelles. Dès que tu pourras m’écrire, tu le feras longuement. Pensif, le cavalier Paul Adam, du 4e escadron du 6e cuirassiers, plie la lettre dans l’enveloppe et la glisse dans la boîte en carton qui sert pour le courrier. Distraitement, il regarde sa montre. Il est 10 heures. La pluie incessante a transformé le sol de la Flandre en un immense cloaque, où chaque pas est une épreuve. Et les chevaux eux-mêmes ont le plus grand mal à s’y déplacer. Il ferme frileusement le col de sa capote, saisit son mousqueton, et sort sur le seuil de la masure délabrée, au toit défoncé, qui sert de PC de 43
fortune à l’escadron. Le ciel est bas et noir, et d’inépuisables troupeaux de nuages glissent sur l’horizon. Où sommes-nous seulement ? Il n’en sait trop rien. En Belgique, c’est sûr. Quelque part à l’ouest de Bruxelles. Hier on avait bivouaqué à Lessines en Wallonie. On coursait les Boches pour les empêcher de se rétablir. Les chevaux étaient fourbus, les hommes aussi. Mais ça sentait bon la fin de la guerre, ce coup-ci. On avait plus marché depuis un mois que depuis le début de la guerre. On venait de s’assurer un passage sur la Dender, une petite rivière aux eaux gonflées par les pluies incessantes. C’était les copains qui gardaient le pont. Les Fritz se rendent par grappes entières, tout heureux de manger du pain frais et du singe. Il les regardait dans les yeux, le cavalier Paul Adam, ces Allemands prisonniers. Des gamins ou des vieillards. Enfin, d’au moins quarante ans. Où étaient-ils passés, ces guerriers pleins de morgue qui paraissaient voler vers la victoire, et auxquels rien ne semblait pouvoir résister ? On l’appelle à l’intérieur. C’est le commandant d’escadron, le lieutenant de Saint-Venant. Il l’aime bien, son lieutenant, Paul Adam. Instituteur dans le civil, il a fait ses classes au feu, un peu comme tout le monde. C’est un officier bon, préoccupé de ses hommes, n’hésitant pas à intervenir quand la mission lui semble inexécutable, mais habile manœuvrier quand il faut y aller. Il arbore une mine immensément réjouie. - Mes félicitations, cuirassier ! On me dit que vous êtes papa ? - C’est vrai, mon lieutenant, une petite fille… Mais je ne connais pas son prénom… Il est vrai que ça a été difficile pour ma femme, je veux dire l’accouchement. Enfin, il me tarde de les voir tous les deux ! - Eh bien, si vous m’en croyez, c’est peut-être pour dans pas longtemps ! L’armistice vient d’être signé ! J’ai reçu le message. Paul Adam resta sans voix, le souffle coupé, croyant rêver. Il l’attendait depuis si longtemps, cette nouvelle. Il avait fini par se persuader que la guerre ne finirait jamais, que c’était devenu un mode normal de relation entre les hommes. Après tout, il y en avait bien qui y trouvaient leur compte, dans la guerre. Et puis, comme ça, il évitait les déceptions. Quand on lui parlait de la fin des combats, il maugréait et s’enfermait dans son mutisme. Depuis qu’on lui racontait des bobards. Mais là, c’était son commandant… - Dites-voir, mon lieutenant, vous ne me chambrez pas, au moins ? - Croyez-vous que j’aurais le cœur à plaisanter de cela ? Non, regardez plutôt. Le petit bleu du régiment était sans équivoque. L’armistice était signé. Il entrait en vigueur le même jour, 11 novembre, à 11 heures. Paul Adam se 44
sent soulevé d’une joie si immense qu’il est prêt à jeter son fusil et tout son barda, pour se jeter dans les bras de l’officier. Un reste de discipline le retient pourtant. - C’est là où j’ai besoin de vous. Nous avons un élément avancé à MontPassage, c’est le pont sur la Dender. Vous y trouverez le lieutenant Bouchelet avec quatre hommes. Portez-lui ce message. Il ferait beau que l’on tirât encore alors que la guerre est finie. Mais soyez prudent, et bonne chance. Jamais un ordre ne lui parut si léger à exécuter. Il enfourche sa rossinante avec une joie sans partage et, sifflotant, s’avance sur la route d’Everbeek. Dans un quart d’heure, à peine, il sera avec les copains pour leur annoncer l’immense nouvelle. Il regarde sa montre. Une dernière fois. Une balle claque. Paul s’effondre au sol. Sa montre se brise sous le choc. Il est 10 heures 55. Le cuirassier Paul Adam est le dernier mort français du 11 novembre. Il est tombé à cinq minutes de l’armistice, en étant le messager de la paix. Sur le journal de marche du régiment, le décès est antidaté du 10 novembre, car il était trop malséant de mourir le jour même de la paix. Comme le dit un témoin, le commandant Charles de Menditte, « mourir le dernier jour de la guerre, c’est mourir deux fois ».
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6. Le carnet. Remise de décoration FNAC à François Ramo. C’est le 14 août 2020, lors d’une visite privée en comité restreint au musée de la Résistance de Castellane (département 04), que François Ramo s’est vu remettre la médaille d’argent une palme porte-fanion chasseur de la FNAC (Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs). Ce dernier n’ayant pu assister à l’AG de l’amicale nationale du 22e BCA le 29 février (pour raisons professionnelles), le lieutenant-colonel (h) Georges Trémoulet, chancelier de l’amicale, s’est fait un plaisir de le décorer en présence d’Alain Barale, 1er vice-président de l’amicale et de Jean Fighiéra, propriétaire et fondateur du musée de la Résistance.
François Ramo a servi aux 7e, 27e et 22e BCA pour terminer caporal-chef. Membre de l’amicale depuis 2015 seulement, il a fait partie auparavant d’autres amicales chasseur. Il est porte-drapeau et porte-fanion depuis plus de 30 ans mais a été lourdement pénalisé faute de propositions depuis 20 ans. Il mériterait donc la médaille d’argent avec rosette de la FNAC ! Il l’aura un jour…
NAISSANCES Bienvenue à Ava, née le 19 mai, 1ère arrière-petite-fille de notre jeune (il n’a que 72 ans) et sympathique vice-président Alain Barale et de son épouse Francine, au foyer de leur petit-fils Stephen. Toutes nos félicitations aux parents, grands-parents et arrière-grandsparents ! 46
FÉLICITATIONS - à Marc Schiele, devenu 1er adjoint au maire en charge du « cadre de vie » dans sa commune d’Ammerschwihr après les élections municipales du printemps. - au Colonel Marie-Christine Fix, membre d’honneur de l’amicale du 22e BCA, devenue conseillère municipale auprès de Christian Estrosi, maire de Nice, déléguée au Monde combattant et Lien Armée-Nation,.
DÉCÈS DE ROGER CADOT C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Roger Cadot le lundi 15 juin 2020 à son domicile de Villefranche-sur-Mer, à l’âge de 97 ans Le doyen de notre amicale s'en est allé après une vie bien remplie. Né le 13 février 1923 à Saint-Amour dans le Jura, sa carrière militaire débute en Août 1942 lorsqu’il refuse le Service du Travail Obligatoire en Allemagne et rejoint les rangs de la résistance à 19 ans dans le groupe d’Henri Clerc. De février à octobre 1944, il combat avec les FFI dans l’Ain et le Jura, puis le 1er octobre 1944, avec le grade de caporal, s’engage pour la durée de la guerre au 1er bataillon du Jura qui devient le 159e RIA et participe aux combats dans les Alpes du Sud, Strasbourg ….puis retour dans les Alpes. A la fin 1945 il part avec le grade de sergent en occupation en Autriche (Vienne) puis en Allemagne (Berlin) et, courant 1947, le 159e RIA quitte la zone d’occupation et les 1er et 2e bataillons partent pour Nice, Roquebrune et Villefranche. Lui sera muté à la Citadelle de Villefranche. En 1950 il épouse Lilie, une villefranchoise. Le jour de leurs noces il apprend qu’il doit partir en Indochine. Il y restera 30 mois et de retour en 1953, il sera muté dans différentes garnisons du Sud de la France (11e BCA à Barcelonnette… etc) Puis départ pour un 1er séjour en Algérie avec le 1er RIM. Le 22 juin 1960 il est affecté à l’Ecole Militaire Préparatoire d’Aix-en-Provence avec le grade d’adjudant-chef, jusqu’en 1963. Il retournera en Algérie et en 1964 il 47
repartira de Mers-el-Khebir et débarquera à Marseille où son épouse l’attend sur les quais. Il est affecté au 22e BCA à Nice le 1er juin 1964, et est devenu un fidèle adhérent à son amicale depuis 1987. Il reçoit la médaille d'argent de la FNAC (Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs) en juillet 2018. Il fait valoir ses droits à la retraite le 5 mai 1968 après avoir eu la Médaille Militaire, 2 citations à la Croix de Guerre et une nomination au grade de Chevalier du Mérite civil Laotien. Il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire par décret du 23 avril 2015.
Il s’ensuit alors une seconde carrière dans la vie associative de Villefranche avec le Souvenir Français dont il est l’un des refondateurs dans les Alpes-Maritimes, les Médaillés Militaires dont il tint la trésorerie pendant des années…mais aussi dans le sport : il a débuté en accompagnant les Basketteurs de l’USV dans leurs déplacements, puis un peu coach et parfois joueur afin de ne pas déclarer forfait. Surnommé par tous « Bison Futé ». Il participera pendant 30 ans à la vie de la Paroisse (trésorier de l’association paroissiale, cheville ouvrière des différents prêtres) … Entouré de sa famille : 3 enfants, 7 petits-enfants, 6 arrière-petits-enfants, amis et alliés, les intervenants du CCAS, ses infirmières, son kiné, tous ont permis qu’il se soit éteint dans la tranquillité de sa maison. Ses obsèques ont été célébrées le vendredi 19 juin 2020 à 11h en l'église Saint-Michel de Villefranche-sur-Mer.
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DECES DU COLONEL MICHEL BULCOURT Nous venons d'apprendre par son fils Olivier la disparition du colonel Michel Bulcourt à l'âge de 88 ans. Né à Fontainebleau le 30 janvier 1932, il a été champion de natation d'Ilede-France dans les années 50. Après avoir intégré l'école militaire de Cherchell, il a participé à la guerre d'Algérie au sein du 22e BCA. Il a été affecté au 22e BCA à Nice du 1er avril 1969 au 31 juillet 1974. Après avoir quitté Nice, il a poursuivi sa carrière militaire à Châteauroux, puis Baden-Baden avant de la terminer au 505e Régiment du Train, quartier SaintGermain à Vienne (Isère), en 1982. Il était officier de la Légion d'Honneur (décret du 3 mai 1993), chevalier de l'ONM et titulaire de la CVM. Adhérent à l'Amicale nationale du 22e BCA depuis 1994, on a eu le plaisir de sa présence à l'AG de 2011. Il habitait Lyon à cette époque. Après avoir longtemps vécu à Lyon, il était parti depuis quelques années en Touraine, près de ses fils. (Il en avait 4). Affaibli depuis plusieurs mois, il est décédé le mercredi 2 septembre 2020. Ses obsèques ont été célébrées à Tours le lundi 7 septembre. L'Amicale présente ses plus sincères condoléances à ses proches. Qu'il repose en paix ! Les messages sont à adresser à : Olivier Bulcourt 155 Route de Paris 69260 CHARBONNIERES-LES-BAINS Mail : obulcourt@yahoo.fr 49
OBSÈQUES de François MARTINEZ Exceptionnellement présent à Nice ce 21 juillet, j'ai pu assister aux obsèques de François Martinez à l'église Saint-Roch ce matin et présenter nos condoléances à son épouse et ses deux filles.... Outre la présence de notre ami Jacques Bonavita, j'ai apprécié celle du Major Jean Calderon, en tenue du Commando Cobra et avec l'emblème de son association...
J'ai également eu le plaisir de revoir à cette occasion le Sergent Isaïa et le Sergent-chef Fornos (grades de l'époque!) qui avaient contribué à ma formation montagne lors de mes premières années au 22ème GCA dans les années 1965-66, à Beuil et Auron... et étaient venus accompagner notre ami François.... GDI Philippe Chatenoud
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Deces de Robert Piguet Nous sommes encore au regret de vous annoncer la disparition d'un membre de notre amicale : Robert Piguet, né le 5 août 1931 est décédé à son domicile niçois le mardi 27 octobre 2020 à l'âge de 89 ans, suite à une intervention chirurgicale relativement bégnine dont il ne s'est pas remis. Affecté au 22ème BCA du 1er mai 1954 jusqu'en avril 1956, il a fait ses classes à Menton puis est parti en Algérie, en Grande Kabylie, au sein de la 2ème Compagnie du Lieutenant Gaston. Il en est reparti en avril 1956, avec le grade de sergent. Il faisait partie de l'amicale du 22ème BCA depuis 2009. Ancien élève du Lycée du Parc Impérial à Nice, il est ensuite devenu professeur de mathématiques au Lycée Audiberti d'Antibes où il a enseigné durant de très nombreuses années, faisant la navette quotidienne entre les deux villes. Niçois dans l'âme, il y a ensuite passé sa retraite. L'amicale présente ses plus sincères condoléances à son fils Alain ainsi qu'aux membres de sa famille. Qu'il repose en paix !
Deces de valéry GisCard d’esTaiNG Au moment d’éditer ce bulletin, nous apprenons le décès de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing. En regard de l’unanimisme dithyrambique qui accompagne chaque disparition d’homme politique, nous voudrions apporter une touche plus restrictive, en rappelant que c’est ce président qui a décidé en 1976 du regroupement familial, qui a entraîné les bouleversements démographiques, culturels et religieux qui menacent les fondements mêmes de notre identité nationale. L’histoire retiendra que cette décision capitale a été prise par décret, sans même consulter le parlement. C’est également ce président qui a imposé en 1974 la réforme du Conseil constitutionnel, qui permet à cette instance non-élue de réécrire les lois adoptées par la représentation nationale. C’est sans doute ce qu’on appelle le modernisme et la démocratie. 51
DÉCÈS 2020 (1er semestre) - 909 – MALDAME Régis ; le 9/02 - 118 – HERAUDET Marcel ; le 7/03 - 155 – ORSINI Pierre ; le 7/04 - 1024 – BEVILLARD Maurice ; le 8/04 - 77 –
CADOT Roger ; le 15/06
- 66 –
BULCOURT Michel ; le 2/09
- 904 - PIGUET Robert ; le 27/10
NOUVEAUX AMICALISTES 2020 (1er semestre) - 2001 – PAGES Marthe - 2002 – PEREZ Jean-Claude - 2003 – PATRONE Jean-Baptiste - 2004 – PLUMEAU Frédéric - 2005 – SOCQUET Jean-Marc - 2006 – PELLEGRIN Claude
DÉMISSIONS 2020 - 203 – TORITI André - 1207 – HOLZKNECHT Gunther - 1718 – LEROY Jacques - 1020 – GIROD Robert 52
ENCOURAGEMENTS William Amision, Pierre Azam, Jean-Claude Banz, Claude Bélardi, Serge Carpentier, Bernard Charlier, Fernand Delaygue, Fabrice Ghérardi, Florent Meyer, Christian Nardini-Roux, Henri Pommier, Frédéric Russo, Michel Vaugarny, Josette Fantola, Christiane Péli, Josette Thiéry, Michel Laugier, Armand Poliméni, François Patino, Claude Powilewicz , André Avigdor.
Liste des donateurs au 30 novembre 2020 Mme Amision M, Amision W, Avigdor A, Barale A, Mme Barale F, Barre, Bastien, Bauyssonnade, Bernard Y-P, Bonavita, Bonsignori, Borra, Butet, Carpentier S, Carle, Chassery, Chatenoud, de Lavareille, Duplan, Espet, Ferroud-Platet, Florence, Gasco, Grison, Guitart, Icardo, Hérisson, Journaux, Lions, Mangiapan, Matelot, Mathieu J-C, Maurizi, Metz, Morel, Mouriès, Murguet, Nigretti, Patino, Patrone, Pintos, Place, Powilewicz, Rinaldi, Russo, Stalla, Mme Trémoulet Ch, Trémoulet G, Troupel, VeyratParisien, Vouillemin, et le don spécial de Mme Thiéry J pour le fanion de la Sidi-Brahim de Villefranche-sur-Mer. soit un total de 1248 € pour 52 donateurs. A ce jour il reste 14 cotisations en retard (dont 4 sur 3 ans) pour 182 cotisants.
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OPÉRATION CARTES DE NOËL Cette année encore, madame Fanny Lazaro (école Jean Macé), maintenant en poste à l’école de Saint-Étienne-de-Tinée, a participé largement à cette opération et nous a fait parvenir 70 cartes dessinées par les jeunes écoliers des classes CP, CE1 et CE2, CM1 et CM2. A été aussi associée à cette opération, l’école primaire d’Auron, en la personne de madame Marina Mouton avec l’envoi d’une douzaine de cartes.
Encore grand merci à mesdames Lazaro et Mouton, au personnel enseignant ainsi qu’aux jeunes écoliers qui ont eu une pensée pour nos soldats.
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7. Courrier des lecteurs. Sortie fort de la Drette Bonjour Christine, Grand merci pour l'envoi (bien arrivé au-delà des mers par la grâce de l’informatique) du compte rendu et les photos de cette belle sortie au fort …. le plus amusant est que je portais moi-même mon T Shirt du 22 quand j’ ai ouvert votre mail. Je crois qu’à force de porter les 2 que vous m’aviez envoyés il faudra que je vous en recommande. Ils sont agréables à porter et parfait quand je fais du vélo (par cette chaleur incroyable ici cette année) et il est probable que certains québécois pensent que j’étais au Royal 22eme (de Québec). Ça va faire un demi-siècle en février prochain que j’ai connu le fort de la Drette en arrivant (jeune sous-lieutenant un peu impressionné) au 22. Après une réception par le colonel (en fait l’adjudant-chef de la fanfare) et m’être vu affecté au parc auto (où j'ai graissé des Simcas toute la matinée) nous nous sommes retrouvés, avec mes 3 autres camarades arrivés avec moi, pour un repas à midi au fort (dont nous ne sommes pas sortis indemnes) et consternés par la « salade des galons » qui a clôturé le repas. Bien vite le Lieutenant-colonel Gaillard nous a très agréablement accueillis et donnés nos véritables affectations. J'étais soulagé de me voir confier la section de reco à la CRA (où m'attendait une nouvelle embuscade éthylique des cadres). Que de super souvenirs que le temps non seulement n’a pas effacés mais gravés. Mon regret bien sûr est de ne pas pouvoir, sous la double punition de la distance et du Covid, participer à vos agapes et cérémonies. Bon été à tous, mes respects à notre président. Jacques de Lavareille
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Mes amis, Vous ne me voyez pas souvent, car bien des manifestations, ou sortent les anciens alpins, se font à des heures, ou des jours, où je suis indisponible du fait de mon travail ; Vous ne me lisez pas souvent car mon clavier m’accapare pour des tâches moins plaisantes que les relations amicales. Vous ne m’entendez pas souvent car mon téléphone, qui me poursuit partout (même dans les endroits où nul ne peut aller à ma place…), est dédié au labeur et pas à l’amitié, à la camaraderie, à la vie sociale. Mais sachez-le : pour être ultra discrète ma fidélité aux troupes de montagne n’en est pas moins intense (Chasseur un jour, chasseur toujours, même si cela peut passer pour une antienne). Et si vous saviez combien est intense ma fierté d’avoir servi, plutôt bien je crois, sous la tarte. Recevoir FRESM est un des rares moments que je consacre pleinement à autre chose que mon travail. Ce journal est remarquable, et je n’ai eu à en connaitre aucun, d’autres armes ou spécialités, qui lui arrive à la cheville. Il y a tout, page après page : mémoire des soldats tombés, histoire de l’héroïsme des chasseurs, vie des unités… C’est un bonheur renouvelé à chaque parution. Un grand merci à toi Christine pour ton travail de secrétariat et de porteur de bonheur. Merci aux rédacteurs. Merci à tous de la fidélité à nos anciens, à nos jeunes années, à notre Tarte. Je vous embrasse Bruno Jean-Faure
AVIS DE RECHERCHE Concernant Monsieur Claude Lorho, a servi au 22e BCA comme sergent en 1964, 2e compagnie, 24e section. Si quelqu’un a connu cette personne et possède des renseignements sur elle, nous les communiquer, nous transmettrons. Merci par avance
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En cette fin d’année 2020, le Président et les membres du Conseil d’Administration vous souhaitent un joyeux Noël et une heureuse année 2021.
NUL NE CRAINS ______________________________________
Association n° W062000495 du 25/02/1958 Régie par la loi du 01/07/1901 N° Siren 522821651 Affiliée à la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs sous le n° 1905 et à la Fédération des Soldats de Montagne. Reconnue d’utilité publique et affiliée à la Fédération Nationale André Maginot sous le n° 30 Directeur de la publication : Jean-Pierre MARTIN Rédacteur en chef : Alain BARALE Réalisation technique : Jean-Paul GIABBANELLI Impression : FAC COPIES – OFFICE DOCUMENTS – Tél : 04 93 55 20 20 BULLETIN DE LIAISON DE L’AMICALE NATIONALE DU 22 ème BCA ET DES TROUPES DE MONTAGNE, SIDI-BRAHIM DE CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER Siège social : Maison du Combattant 36 bis boulevard Risso 06300 NICE