NUL NE CRAINS N° 121
Décembre 2019
Les combats de Sidi-Brahim
BULLETIN DE LIAISON DE L'AMICALE NATIONALE Du 22ème B.C.A et des troupes de montagne ; SIDI-BRAHIM de CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER.
SOMMAIRE 1. LE PRESIDENT Page 1
Le mot du Président. 2. LA VIE DE L’AMICALE
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14 juillet en Vésubie.
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Sortie de cohésion au fort de la Drette.
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Cérémonie au col de Tende.
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Sortie calanques de Cassis.
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Conférence Tikjda au restaurant le Gambetta.
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Prix du soldat de montagne. 3. DEVOIR DE MEMOIRE
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Tikjda (première partie).
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Inauguration des travaux de restauration au camp des Fourches.
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Sidi-Brahim à Nice.
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Commémoration des combats de la Malmaison.
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Cérémonie Caucade.
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Activités cérémonies 11 novembre. 4. RESEAU NATIONAL
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75ème anniversaire
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Une journée au Linge.
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Commémoration Sidi-Brahim des Diables bleus d’Alsace.
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Restauration de l’oratoire au col de Tende. 5. LE CARNET
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Courrier des lecteurs. 6. NOS PEINES
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Hommage à Pascal Bois ; décès de Patrick Gaston. 7. ACTIVITES
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Distinction Georges Vergès ; Légion d’honneur André Avigdor
Le mot du Président Quoi de neuf ? Charles Péguy Dans les temps qui courent, penser par soi-même est devenu une singularité, quand ce n’est pas une incongruité. Nous sommes à l’âge du prêt-à-penser, des idées toutes faites, soigneusement distillées et imposées par nos médias, nos sachants, nos autorités morales, quand ce ne sont pas nos institutions elles-mêmes. Aussi est-il de toute nécessité, et de toute salubrité, de nous retourner vers les époques où il y avait encore des penseurs, qu’on n’appelait pas encore des intellectuels. Et parmi ceux-ci, l’un dont le message est plus actuel que jamais, et qu’il nous appartient de méditer, Charles Péguy. Car Péguy, outre le patriote, reste le modèle le plus achevé de l’intellectuel, en lequel la pensée et l’action se confondent. Un écrivain, un mystique inspiré, et pour lequel penser c’était prier, d’où le poids tout à fait considérable de chacun de ses mots. Écoutons sa grande voix, qui éclaire notre présent incertain. Que nous dit-il de l’éducation, de la culture et de la transmission, thème au cœur de notre actualité ? « Enseigner à lire, telle serait la seule et la véritable fin d'un enseignement bien entendu ; que le lecteur sache lire et tout est sauvé1. » Quand on sait que le taux d’illettrisme des adolescents de 15 ans est de 15%, probablement supérieur à celui de l’époque de Péguy, on mesure le chemin à parcourir. « Quand une société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner ; une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne2. » Que dire de notre société où tout ce qui relève du roman national, ces héros dont on nous berçait jadis, ces aventures où notre pays a manqué de s’engloutir, mais dont il s’est toujours relevé, est aujourd’hui suspecté, dénigré, et où l’on ne retient de notre histoire que les pages les plus obscures ? « Le kantisme a les mains pures ; par malheur, il n'a pas de mains3. » C’est le règne aujourd’hui de ces petits maîtres nous serinant notre devoir, bien-pensants, ONG prêtes à soutenir tous les réprouvés du monde, pour peu qu’ils ne soient pas nos compatriotes… 1
Pensées, Gallimard, 1934 Pour la rentrée, 1904 3 Victor-Marie, Comte Hugo (1910) 2
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Sur l’art contemporain : « L'art n'est rien s'il n'est point une étreinte ajustée de quelque réalité4. » Nos acteurs culturels méditeraient avec profit cette réflexion, au lieu d’encombrer nos monuments nationaux d’œuvres dites d’art, financées par l’argent du contribuable, et pour lesquelles aucun public ne se déplacerait spontanément. Sur le déni de réalité, caractéristique de notre époque. Un exemple entre mille : chacun peut constater le lien indiscutable entre populations d’origine non-européennes et délinquance, de même qu’entre islamisme et terrorisme. Or il existe en la matière un tabou absolu, dont l’enfreinte est passible de la vindicte, quand ce n’est pas des tribunaux, au nom de l’incantation pas d’amalgame. Un exemple tout récent, le déboulonnage et la profanation à Evreux de la statue du général de Gaulle par des « supporters » de l’équipe d’Algérie. Aucune réaction de la présidence, qui affiche pourtant la Croix de Lorraine sur les armes de la République ; pas non plus du ministre de l’Économie, pourtant ancien élu de la ville ; et cette réaction admirable d’un élu local : « Pour le moment, on ne sait pas ce qui s’est passé et s’il s’agit d’un acte volontaire ou non […] L’extrême droite n’a pas sa place dans notre belle ville d’Evreux5. » Incitons tous ces « responsables » à méditer ces fortes paroles de Péguy : « Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit6. » Concernant le fétichisme de la nouveauté, qui nous fait croire que l’acquisition de la dernière technologie est indispensable à notre bonheur : « Disons les mots. Le modernisme est, le modernisme consiste à ne pas croire ce que l'on croit. La liberté consiste à croire ce que l'on croit et à admettre, (au fond, à exiger), que le voisin aussi croie ce qu'il croit7. » « Homère est nouveau ce matin, et rien n'est peut-être aussi vieux que le journal d'aujourd'hui8. »« On ne saura jamais tout ce que la peur de ne pas paraître assez avancé aura fait commettre de lâchetés à nos Français9. » Sur la patrie. On sait l’ardent patriote qu’a été Péguy, qui n’a pas hésité a donner sa vie pour son pays. Mais pour lui, le patriotisme ne se résume 4
Pensées, Gallimard, 1934 La « porte-parole » du gouvernement, Sibeth Ndiaye : On met le focus sur le fait que des supporters algériens aient pu manifester leur joie… Il faut remettre les choses à plat. Est-ce qu’on a eu des débordements de la nature de ce qu’on a connu ? 6 Pensées, Gallimard, 1934 7 idem 8 idem 9 Notre Patrie, 1905 5
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pas à quelques vagues antiennes droit-de-l’hommistes. Il est fait de chair et de sang renvoyant la patrie à son étymologie, la terre des pères. Elle est construite de paysages, de vivants et de morts, de souvenirs, et se transporte à la semelle de ses souliers : « On ne peut pas s'empêcher d'aimer la terre de ses pères plus que toutes les autres terres, plus que toutes les terres du monde10! » Elle est surtout continuité, solidarité intergénérationnelle, et désir d’excellence : « J'ai vu toute mon enfance rempailler les chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales11. » Mais cette patrie est menacée, moins par le péril extérieur, que par le délitement intérieur. Qu’écrirait-il aujourd’hui ? « Nous n'avons plus de goût pour le métier des armes, Reine des grandes paix et des désarmements, Nous n'avons plus de goût pour le métier des larmes, Reine des sept douleurs et des sept sacrements12. » Le modèle le plus achevé de patriotisme restant naturellement Jeanne d’Arc, « Et ce grand général qui ramassait des villes Comme on gaule des noix avec un grand épieu N'était dans la rumeur et les guerres civiles Qu'une humble enfant perdue en son amour de Dieu13. » On pourrait continuer à l’infini cette mise en perspective, et ce que Péguy pourrait enseigner à notre temps, si celui-ci en était digne. Restons-en là, et laissons-nous bercer par la mélodie inimitable de sa parole : « Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille. Nous n'avançons jamais que d'un pas à la fois. Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois, Et toute leur séquelle et toute leur volaille Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille Ont appris ce que c'est que d'être familiers, Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers, Vers un dernier carré, le soir d'une bataille14. » 10
Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc, 1910 La République, notre royaume de France, recueil de textes politiques, parution 1946 12 La Tapisserie de Notre-Dame, 1913 13 Eve, 1913 14 La Tapisserie de Notre-Dame, 1913 11
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2. La vie de l’amicale. 14 juillet en vesubie Tradition oblige, une délégation de l'amicale du 22e BCA s’est retrouvée en Vésubie pour assister aux cérémonies du dimanche 14 juillet 2019. La journée a commencé par les cérémonies à Belvédère sur la place de la mairie, en suivant depuis Roquebillière les véhicules des pompiers, toutes sirènes hurlantes. Après le dépôt de trois gerbes par les personnalités locales, assistées par les « mini-pompiers », et le discours de Paul Burro, maire de la commune, le cortège reprit la route jusqu’au monument aux morts de Roquebillière.
Trois gerbes y furent également déposées, celle du maire et de son conseil municipal par quatre conseillers municipaux de Roquebillière, celle d’Eric Ciotti, député de la circonscription, par Gérard Manfrédi et celle de Christian Estrosi, président de la Métropole Nice-Côte-d’Azur, par Gérard Manfrédi et Paul Burro. S’en suivit le discours du maire avant la Sonnerie aux Morts et La Marseillaise. Les porte-fanions de l’amicale, Alain Barale avec celui du 22e BCA, Jacques Bonavita avec celui du 24 et Laurent Icardo avec celui de la Sidi4
Brahim, ainsi que le LCL (h) Georges Trémoulet, tous en uniforme, encadraient le monument aux morts. L’assistance remonta ensuite jusqu’à la place principale du bourg. Après un impressionnant défilé de véhicules historiques de la Seconde guerre mondiale et une démonstration des hélicoptères bombardiers d'eau, le maire Gérard Manfrédi reprit la parole pour un bref discours avant que les sapeurs-pompiers ne soient mis à l'honneur en recevant leurs décorations et nouveaux grades. Ce fut alors au tour du LCL(h) Jean-Pierre Martin, président de l'Amicale nationale du 22e BCA, de dire quelques mots avant de remettre comme cadeau aux deux maires un tee-shirt de l’amicale, en remerciement de leur accueil ainsi qu’à François Otto-Bruc. Pour terminer cette partie officielle, le LCL Georges Trémoulet, en tant que chancelier de l’amicale, se fit un plaisir de remettre la médaille de bronze de la FNAC à Georges Hérisson, président des anciens combattants de Roquebillière et membre de l’amicale. Les sapeurs-pompiers nous firent alors une démonstration magistrale de leur savoir-faire sur la place de la mairie avant que l’assistance ne soit conviée à profiter de l’apéritif offert par la municipalité dans la grande salle du 1er étage de la mairie. Pour terminer cette belle matinée, un excellent repas offert par le comité des fêtes présidée par Monique Manfrédi, épouse du maire et conseillère départementale des Alpes-Maritimes nous attendait sous le chapiteau, repas concocté par l’équipe de cette dernière. L’amicale lui offrit avec plaisir un tee-shirt en remerciement... Et nous prîmes le chemin du retour vers 16 heures, après cette belle journée, à laquelle nous répondrons toujours présents l’année prochaine. Christine TREMOULET
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SORTIE de cohésion au fort de la drette. Très vif succès pour la sortie estivale de cohésion de notre amicale organisée le samedi 20 juillet. Les inscriptions ont dépassé toutes les prévisions ! Comme l'année précédente nous avons été chaleureusement accueillis au Fort de la Drète (ou Drette, c'est selon...) par Alain Pilati et son équipe qui ont parfaitement relevé le défi de notre venue en nombre plus important que prévu. Qu'ils en soient remerciés !
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Le "dress code" du jour était le tee-shirt jonquille de l'amicale. A l'accueil Christine Trémoulet a pu en fournir un certain nombre à ceux qui ne l'avaient pas encore, dans la mesure où leur taille était en stock, ce qui n'a pas été possible pour tout le monde. Mais rassurez-vous, une nouvelle commande est en cours... La fanfare de Villefranche-sur-Mer, "L'écho de la chaumière", dirigée par Anne-Marie Cadot, fille du doyen de nos amicalistes, accueillait les arrivants en musique, jusqu'à ce que le président Jean-Pierre Martin prenne la parole pour nous souhaiter la bienvenue et remercier Alain Pilati et son équipe en leur offrant à chacun un tee-shirt de l'amicale. Après un moment solennel pour entonner La Marseillaise et la Sidi Brahim il donna le ton pour un vibrant "SANTE" (Là c'est trop haut, là c'est trop bas, etc..) entonné en chœur pour partager le verre de l'amitié et déguster les plateaux de l'apéritif. Ensuite chacun prit place autour de la (très) longue table avant d'aller se servir par groupes, de façon très militaire, sous les ordres de notre colonel-président, au copieux buffet froid préparé par nos hôtes. Durant le repas chacun put se remémorer et échanger les souvenirs de son séjour à la Drette. Un de nos amicalistes s'y retrouva avec beaucoup d'émotion, n'y étant pas revenu depuis 60 ans ! Après le fromage, le dessert et le café nous avons eu le plaisir de déguster un limoncello offert par Jacques Bonavita. Quelle bonne idée il a eu !!! La fanfare continua à jouer des airs entraînants, certain ont même esquissé un pas de danse. En conclusion, ce fut une excellente journée, sous un beau soleil, dont chacun se souviendra avec plaisir. A l'année prochaine ! Christine TREMOULET Lien pour accéder à l’album photo google : https://photos.app.goo.gl/agkZEJ8fM3yZr9ij8
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Cérémonie au col de Tende e
8 anniversaire du jumelage chasseurs-alpini Comme chaque année, nous nous sommes retrouvés, chasseurs et amicalistes d’un côté, alpini de l’autre, au col de Tende, sur la frontière même tracée en 1947 qui sépare nos deux nations. Sépare ? On devrait plutôt dire unit, tant la fraternité et l’estime régnent entre nous. Car entre nos deux associations, les relations sont au beau fixe, à l’image du ciel radieux qui présidait à cette manifestation. La cérémonie s’est déroulée devant l’oratoire remarquablement restauré par les équipes de Mondovi, notre amicale ayant pris à sa charge la moitié du financement de l’opération. Plus d’une soixantaine de participants étaient au rendez-vous. Après l’arrivée du défilé précédé des porte-emblèmes, nous avons procédé à la montée des couleurs, françaises, transalpines et européennes. Puis le dépôt de gerbes s’est déroulé dans un recueillement exemplaire. Enfin vinrent les prises de parole, celle de Gianpiero Gazzano, président de la section ANA/Mondovi, celle de Jean-Pierre Martin pour l’Amicale, celle de Jean-Pierre Vassalo, maire de Tende, puis celle de la première adjointe de la commune de Limone. Nous procédâmes ensuite à l’échange traditionnel des cadeaux. Une roborative polenta nous attendait enfin au restaurant Le Marmotte. Parmi les idées échangées au cours de cette rencontre, retenons celle suggérée par Martine Martin, l’épouse du président, de faire réaliser au sommet même du col une statue d’un mulet bâté, en hommage à ce noble animal qui a transporté au cours des âges des milliers de tonnes de marchandises sur ces routes escarpées entre la France et le Piémont. Monsieur Vassalo a trouvé l’idée excellente et compte la faire adopter par le prochain conseil municipal. JP Martin
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Discours prononcé par J-P Martin Nous sommes de nouveau réunis, et en nombre, devant cet oratoire que nos amis Alpini ont pris le soin de restaurer avec authenticité et rigueur. Oratoire vient du latin orare qui signifie prier. C’est un lieu consacré à la prière, et c’est bien cela que nous sommes venus faire aujourd’hui. Le Christ nous a enseigné : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux. », et je veux voir dans cette maxime l’affirmation que tous nos chers anciens disparus se retrouvent parmi nous aujourd’hui, dans ce cadre inspiré et si proche des dieux. Ayons donc notre attention tournée vers eux, et rappelons-les à notre souvenir. La cérémonie à laquelle nous participons aujourd’hui leur est dédiée. Lorsque furent crées les troupes alpines, de part et d’autre de la frontière, en 1872 pour les Alpini, en 1888 pour les chasseurs, nos deux pays étaient en confrontation, et ce dont il était question, c’était de régler par les armes ce différent. Nous étions supposés être adversaires, pour ne pas dire ennemis. Mais les temps ont changé, et à l’exception du tragique épisode de 1940, jamais l’Histoire ne nous a mis en situation de nous combattre. Dès l’origine, nos deux armes ont eu l’occasion de se connaître, de s’estimer et de se respecter. Par-delà les vicissitudes de la politique, nous avons tant de valeurs en partage, l’authenticité, le courage, l’endurance, la solidarité, la fraternité montagnarde. Cultivons pieusement ces valeurs, proclamons-les haut et fort, et restons fidèles à notre vocation, qui est d’être un modèle d’amitié entre les peuples et de compréhension réciproque. Vivent les Alpini, vivent les Alpins.
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Sortie calanques de cassis Le 12 octobre dernier, un détachement conséquent de notre amicale, quarante participants, a participé à la sortie annuelle aux calanques de Cassis. De bonne heure et de bonne humeur, nous fûmes ramassés par notre excellent chauffeur, Pedro, et conduits jusqu’à Ollioules, où nous attendait un petit déjeuner roboratif. S’en suivit une longue (trop longue ?) présentation de différents produits de la société sponsor, ce qui a permis notamment à nos amis Trémoulet de soulager conséquemment leurs économies. Nous attendait ensuite un excellent repas, arrosé d’un bleu-cerise de qualité.
Ce fut alors le déplacement jusqu’au port de Cassis. Embarquement dans un bateau spécialement affrété pour nous. La mer était un peu forte, retournant l’estomac de quelques participantes. Vue imprenable sur les reliefs décharnés des calanques, avec leurs falaises urgoniennes s’engloutissant dans la mer. Puis retour au port après une petite heure à affronter les éléments. Et récupération par notre conducteur. Organisée par la société Privilège, cette sortie n’a laissé que de bons souvenirs. À renouveler l’année prochaine !
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Conférence Tikjda au restaurant le Gambetta Afin de resserrer nos liens et de mieux nous connaître, le bureau de notre Amicale a décidé d’organiser périodiquement des rencontres culturelles autour d’un repas convivial. La première réunion de ce genre s’est tenue le jeudi 7 novembre dernier. Le thème choisi était un épisode tragique de la guerre d’Algérie, vécu par le 22e BCA, « Le convoi de Tikjda »: trois cents fellaghas avaient tendu une embuscade à quarante Français avec l’objectif de les massacrer jusqu’au dernier. Cela n’a pas été le cas grâce à la réaction énergique et au courage des chasseurs alpins qui firent jeu égal avec l’ennemi. La réunion a été animée par Jean Pagès qui, après un court rappel du contexte, a laissé s’exprimer trois chasseurs qui avaient connu cette pénible épreuve.
Le caporal-chef Pierre Dany, le chasseur Augustin Sereni, tous deux grièvement blessés lors de l’opération, et le chasseur Julien Salburgo se sont relayés pour relater leur histoire personnelle, et le drame traversé par leurs frères d’armes. Les actes de bravoure se sont multipliés dont ceux du sergent-chef Jean-Baptiste Patrone. Les participants à la réunion ont rendu un hommage mérité aux hommes du 22, particulièrement aux neuf chasseurs morts au champ d’honneur au cours de cette embuscade du 28 mai 1958. La soirée s’est terminée par un sympathique dîner pendant lequel de nombreuses questions ont été posées à nos trois « héros ». Jean Pagès 12
PRIX SPÉCIAL SOLDAT DE MONTAGNE POUR JEAN-PIERRE MARTIN La 9e édition du prix "Soldat de montagne" était organisée conjointement par la fédération des soldats de montagne, la 27e brigade d'infanterie de montagne et la ville de Grenoble au musée de Grenoble le 21 novembre dernier. Cette cérémonie vise à honorer des personnalités ou des institutions qui contribuent au rayonnement des troupes de montagne françaises. Cette année trois prix étaient décernés: - A titre militaire à la section technique équipement, rattachée au Commissariat de l'armée de Terre, et qui fournit les matériels spécifiques montagne aux unités alpines: skis, équipements, matériels divers... - A titre civil à l'écrivain Sylvain Tesson, prix Renaudot 2019, pour le reportage qu'il a réalisé en Afghanistan avec le photographe Thomas Goisque consacré aux chasseurs alpins engagés dans ce conflit. - Le prix spécial a été attribué au lieutenant-colonel Jean-Pierre Martin, historien militaire, pour ses nombreuses actions et publications auprès des éditions Sutton consacrées aux troupes de montagne. - A cette occasion, Sylvain Tesson a dédicacé son dernier ouvrage, couronné par le prix Renaudot, La panthère des neiges. L’amicale était représentée à cette cérémonie par ses deux porte-fanions, Alain Barale et Jacques Bonavita, Gérard Liebenguth, les époux Trémoulet, Jean Pagès et Francine Barale.
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Prix du soldat de montagne J’ai un triple motif de fierté à me retrouver parmi vous ce soir : J’y vois tout d’abord la reconnaissance d’une action, celle à laquelle j’ai consacré un quart de siècle pour la promotion de ces troupes alpines si chères à mon cœur. Un souvenir que je me permettrais de vous proposer : je me vois enfant, dans les rues de Nice la Belle, croisant ces chasseurs alpins fièrement enveloppés de leur cape, le visage bronzé par l’air des cimes. Ils me donnaient l’image d’une jeunesse saine, fière d’elle et de sa mission, et qui manque sans doute à nos contemporains. C’est un jour de 1995 – nous commémorions alors le cinquantenaire des combats de la libération – que j’ai été approché par le colonel Charles Dubois pour l’accompagner dans une aventure qui m’a profondément marqué, le lancement des Cahiers des troupes de montagne. Pas d’argent, pas de lectorat, peu de rédacteurs. Il fallait soulever des montagnes, et il en fut fait ainsi. Exhumer, transcrire, transmettre avec la rigueur la plus absolue l’épopée des troupes alpines, tel était le mot d’ordre.
Il est vrai qu’à l’époque nous disposions encore de la plupart des grands témoins de cette aventure, qui ont bien voulu nous apporter leur connaissance des faits. Aujourd’hui encore, les trente-neuf numéros des Cahiers constituent le socle incontournable de l’histoire et la mémoire des troupes alpines. Et puis s’est présenté un autre défi, non moins insurmontable. La création d’un musée à la Bastille. Là aussi, avec le capitaine Domenech, et le regretté Michel Lambert, le défi a été relevé… 14
J’y vois ensuite une autre reconnaissance, celle des alpins du Sud, mis en valeur par cette attribution du prix Soldats de montagne, comme ils l’avaient déjà été en la personne du regretté Henri Béraud il y a quatre années. L’amicale du 22e BCA que j’ai l’honneur de présider se sent toute entière honorée de cette distinction. Enfin, et surtout, cette cérémonie est pour moi le moment d’approcher un écrivain selon mon cœur. Sylvain Tesson est l’un de ces auteurs qui honorent les lettres françaises. Un écrivain sans concession, qui parle avec ses tripes, qui rejette la superficialité et l’évanescence de notre époque, pour nous rappeler les valeurs éternelles qui ont fait ce que nous sommes. Vous êtes, cher Sylvain, un modèle pour nous tous ; et pour moi qui me suis essayé à l’écriture, je mesure l’abîme qui me sépare de votre plume. Nous avons peut-être ceci en commun : la distance qui nous sépare d’une époque, notre époque, qui ne sait pas garder ses cathédrales, qui prône la bêtise et la vulgarité comme valeurs collectives quand son rôle devrait être de transmettre et d’élever, et qui a la consommation pour unique horizon. Vous préférez les chemins noirs à la vie connectée et vous êtes bien inspiré ! Et passer un été avec Homère à vos côtés est plus gratifiant que de céder à notre triste actualité. À l’occasion de cette cérémonie, je voudrais avoir une pensée toute particulière pour ces grands anciens que j’ai eu l’honneur de côtoyer, et dont j’ai pu parfois même rappeler la carrière et les exploits. Le général Alain Le Ray, héros de la résistance dauphinoise, et qui a bien voulu me confier la rédaction de sa biographie ; le général Jean Vallette d’Osia, l’homme qui a échappé aux griffes de la Gestapo en se jetant d’un train, et qui a reconstruit la division alpine en 1944 ; les généraux Costa de Beauregard, Héritier, Lecuyer et bien d’autres, tous disparus aujourd’hui, et auxquels nous devons de vivre dans la dignité et la liberté. C’est aussi à eux que je dédie ce prix. J’aurais garde dans ces remerciements d’oublier mon vieux camarade Gérard Liebenguth, dont je sais avec quelle force de conviction il a plaidé ma cause. Merci cher Gérard, et merci à tous mes amis. JP Martin
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3. Devoir de mémoire. Introduction Tikjda Notre ami Jean Pagès a bien voulu, à travers sa publication Tikidja, nous faire partager son expérience combattante à la tête d’une section d’appelés du contingent engagée en Kabylie pendant le conflit algérien. Il y a beaucoup à prendre dans ce témoignage, tant par son authenticité, sa précision, et son regard à hauteur de combattant. Cette brève introduction ne vise à rien d’autre qu’à resituer ce récit dans son cadre historique, celui de l’engagement d’une grande unité de chasseurs alpins dans cette guerre le plus souvent mal comprise de nos contemporains, et qui nourrit encore bien des polémiques souvent infondées ou sans commune mesure avec les réalités du terrain. Les forces terrestres participant à la lutte contre l’insurrection en Algérie étaient regroupées en deux grandes catégories, les troupes de secteur et la réserve générale. Les premières, formées pour l’essentiel d’unités du contingent ou de troupes supplétives, étaient territorialisées et quadrillaient le terrain dans des missions plutôt statiques. Elles rassemblaient des effectifs considérables, jusqu’à atteindre 516.000 hommes en 1959. Elles étaient réparties en trois corps d’armée, treize zones opérationnelles correspondant généralement à une division, ellesmêmes divisées en secteurs sous la responsabilité d’un régiment ; on trouvait en descendant plus bas des quartiers (bataillon) et des sousquartiers (compagnies). Le tout s’organisait en 5430 postes militaires répartis sur la totalité du territoire. La mission de ces troupes de secteur, au nombre desquelles on comptait la 27e division d’infanterie alpine, ainsi que la 1ère demi-brigade de chasseurs alpins cantonnée sur la ligne Morice, consistait dans le contrôle du terrain et l’encadrement de la population, notamment grâce au travail des SAS (sections administratives spécialisées). La réserve générale, dans laquelle on trouvait pour l’essentiel une dizaine de régiments de Légion étrangère, ainsi que les 10e et 25e divisions parachutistes, est susceptible d’intervenir rapidement sur n’importe quel point du territoire pour y détruire un ennemi identifié et fixé par les troupes de secteur. De septembre 1955 à juillet 1962, et même au-delà pour certaines unités, la 27e DIA occupe le massif de Kabylie, vaste zone montagneuse (32.000 km2) aux reliefs compliqués, aux communications précaires, et marquée par l’altitude, 2.308m au Djurjura. Une autre caractéristique de la Kabylie 16
est que sa population y est pour l’essentiel d’origine berbère, les habitants de souche de l’Algérie, peuple fier et très marqué par son identité, et qui avait opposé une résistance farouche aux différents conquérants de l’Afrique du Nord, Romains, Arabes, Ottomans et Français. C’est sur ce territoire qu’agissait la Wilaya III, sous la conduite d’Amirouche jusqu’en 1959, l’une des formations les plus mordantes de l’ALN, répartie en dixneuf katibas, l’équivalent d’une compagnie. La division alpine est elle-même formée de la 4e demi-brigade de chasseurs alpins (7e et 27e BCA) dans le secteur de Fort National, la 5e demi-brigade de chasseurs alpins (6e, 15e, 22e BCA ; 159e BIA) dans les secteurs de Bordj-Menaiel, puis Dra-El-Mizan, le IIe groupe du 93e RAM à Oued-Aïssi, le 77e bataillon du génie (Tizi Ouzou, Mirabeau, Azazga), la 77e compagnie de transmissions, ainsi que 19e régiment de chasseurs sur blindés légers à Bouira. À la pointe du combat, les commandos de chasse, qui allaient traquer l’adversaire au cœur même de ses fiefs qu’il croyait inexpugnables. La conquête des cœurs est, à côté des exigences opérationnelles, l’autre préoccupation majeure de la 27e DIA. Elle dispose à cet effet, notamment, d’un bataillon d’instituteurs qui assurent l’enseignement de 38.000 jeunes enfants kabyles. Les 78 SAS réparties dans le massif ont ouvert 63 chantiers qui emploient 1.600 travailleurs. Les médecins militaires et les infirmiers de la division multiplient partout consultations gratuites et soins : 165 369 actes médicaux entre 1er juillet et le 1er février 1960. Des centaines de kilomètres de routes asphaltées ont été ouvertes, désenclavant des vallées qui n’avaient jamais connu la civilisation. Pendant les sept années de séjour de la 27e DIA en Kabylie, elle aura participé à vingt-sept opérations majeures, dont Bracelet en 1955, Djurjura et Chamois en 1956, Illoula en 1957, Couronne en 1958, Jumelles en 1959 en liaison avec la 10e division parachutiste. Particulièrement aptes à agir sur ce type de terrain, les chasseurs alpins prendront rapidement la mesure de leur adversaire par une mobilité permanente, une rusticité et une ardeur au combat qui les feront respecter par l’ennemi. Après les opérations Jumelles de 1959 et la mort d’Amirouche, la rébellion fortement implantée dans ces montagnes finira par être exsangue. Et lors du cessez-le-feu du 19 mars 1962, les fellaghas ont presque totalement été éradiqués de Kabylie. Pour prix de ce succès, les alpins auront perdu un millier d’hommes, tués ou blessés. Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin Président de l’Amicale nationale du 22e BCA et des troupes de montagne 17
Tikjda 1ère partie Jean Pagès est l’un de nos plus fidèles amicalistes. Il a quelques titres à cela. Le 22e BCA, il lui a consacré une partie de sa jeunesse, quand jeune sous-lieutenant appelé sous les drapeaux, il s’est battu en Kabylie contre les hors-la-loi. Cette expérience très forte, il a voulu la faire partager à travers ce recueil de souvenirs qu’il a rédigé plusieurs dizaines d’années après ces événements. On ne sait ce qu’il faut le plus estimer, de la mémoire sans faille du rédacteur, ou de son style léger et sans emphase, malgré la gravité des situations vécues. Ces heures si décisives dans son existence, il a voulu en faire un ouvrage qu’il compte faire éditer. Il nous a autorisés à en publier de larges extraits. Pour des raisons de discrétion, nous avons retiré les passages relatifs à son existence privée et intime. Compte tenu du volume de la publication, elle sera répartie sur plusieurs numéros de NNC. Souhaitons-lui un franc succès dans son projet. JEAN PAGÈS TIKIDJA JOURNAL DE MARCHE D’UN CHASSEUR ALPIN NICE – GRANDE KABYLIE (ALGERIE) 1957 - 1959 PREMIERE PARTIE Nice ; l’instruction, 1957 I/ L’école de Saint-Maixent En 1956, pour faire face à la grave rébellion en Algérie, le gouvernement français a décidé d’envoyer dans ces départements 400.000 appelés du contingent, en renfort de l’armée de métier, chargée du maintien de l’ordre. Pour encadrer ces appelés, il est nécessaire de former des officiers de réserve, également appelés. Dans l’armée de terre, l’infanterie a des besoins considérables. L’École Militaire de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) (« L’École d’Application de l’Infanterie ») est devenue une véritable « usine », sortant deux promotions par an de 700 à 800 sous-lieutenants ou aspirants de réserve. Je viens d’y passer cinq mois en tant qu’élève-officier. Aujourd’hui, les élèves officiers de la promotion 1956 2/B, qui ont terminé avec succès leur formation, vont choisir leur affectation. Ils sont tous réunis dans le grand amphithéâtre de l’école, qui est en pleine effervescence. C’est ce qu’on appelle « L’amphi-garnison ». Un grand 18
tableau affiche toutes les affectations possibles. L’ordre du choix est l’ordre de classement : Le major de promotion dispose de 800 possibilités Le dernier n’en a plus qu’une. J’ai la chance d’avoir un classement correct qui non seulement me donne droit au grade de sous-lieutenant, mais également à un large choix. Ma passion pour la montagne a guidé ma décision d’opter pour une unité de chasseurs alpins. Dans un grand brouhaha, les opérations se déroulent rapidement. Nous connaissons les postes disponibles et avons établi préalablement la hiérarchie de nos préférences. J’ai sélectionné trois bataillons de chasseurs alpins. Deux ont déjà été pris quand mon tour arrive. Je retiens celui qui reste : Le 22e bataillon de chasseurs alpins (BCA) Nice-Bouïra. Cela signifie : Dans un premier temps, période au Centre d’instruction du bataillon à Nice ; Ensuite, dans l’unité opérationnelle du bataillon en Algérie à Bouïra – Grande Kabylie. Sortant de l’amphi, je vais trouver le capitaine commandant ma compagnie d’instruction que j’informe de mon choix. C’est un chasseur alpin. J’avais longtemps discuté avec lui de cette arme. Lui aussi a une passion pour la montagne. Il approuve ma décision. Militaire d’active, il aurait préféré que j’aille directement en Algérie dans une unité combattante…. « Le 22e BCA, en Kabylie, fait des étincelles sur le plan militaire » déclaret-il. Finalement, avant d’aller au « casse-pipe », il ne me déplait pas de séjourner quelque temps à Nice. Il y a des endroits moins agréables !!! Je me rends au magasin d’équipements de la caserne pour faire l’acquisition de mes galons de sous-lieutenant, d’un écusson du 22e BCA et d’un béret, la fameuse « tarte », couvre-chef traditionnel des chasseurs alpins. Je suis prêt à quitter l’École. Demain, je pars pour Paris, pour une courte permission en famille, avant mon départ pour Nice. II/ L’aspirant Adli Paris gare de Lyon. Arrivé en avance, je déambule sur le quai, le long du train Paris-Nice. 19
À cette époque de l’année, (printemps 1957), il y a peu de touristes : quelques hommes d’affaires et des soldats aux tenues multicolores. Parmi ceux-ci, je repère un béret de chasseur, je m’approche, c’est un aspirant, il porte l’écusson du 22e BCA. Comme moi, il va certainement embarquer pour Nice et rejoindre le Centre d’instruction. Nous ne tardons pas à faire connaissance et nous nous installons dans un compartiment vide, ce qui nous laisse libres de parler. Nous disposons d’une dizaine d’heures. Il se présente : Il s’appelle Adli. Comme je l’avais deviné à ses cheveux bruns frisés et à sa couleur de peau, il est d’origine algérienne. Il me précise qu’il est Kabyle. À quelques mois de mon départ pour l’Algérie, je suis très intéressé par la vision d’un Kabyle sur le conflit. Adli est le petit-fils d’un modeste ouvrier agricole, mobilisé en 14-18, qui avait gagné une médaille et une bonne connaissance du français. Le père d’Adli avait été à l’école « des colons » et était devenu employé de mairie. Tirailleur algérien en 39-45, il parlait parfaitement le français. Adli avait bénéficié de « l’ascenseur social », boursier et bachelier, il était en 1956 étudiant en première année de droit à la fac d’Alger. Pourquoi avait-il abandonné le cours de ses études ? La situation à Alger était devenue intenable. En 1956, plus de 20.000 attentats avaient été commis par le FLN15. Un de ses amis avait été tué au « Milk-Bar ». Les Français de souche commençaient à rendre les « Arabes » responsables de cette situation. Ils se livraient régulièrement à des « ratonnades ». Lui-même avait été l’objet de menaces d’étudiants pieds-noirs. Il était traité de « sale Arabe musulman », alors qu’il n’était pas arabe mais berbère et ne pratiquait pas l’islam. Il avait pris la décision de mettre fin à son sursis et de faire son service militaire. Son niveau d’études, complété par une préparation militaire supérieure, lui permettaient d’intégrer une école d’officier de réserve. Je lui demande s’il pense que la situation va s’améliorer. Il pense le contraire. Il me répond « En janvier dernier a commencé une opération de « rétablissement de l’ordre » très brutale à Alger, qui se poursuit actuellement. Les paras français luttent contre les « poseurs de bombes » du FLN. L’armée française commence à utiliser les mêmes armes sanglantes que ses adversaires. Les deux communautés s’opposent de plus en plus violemment. La majorité des Français de souche nord-africaine souhaitent leur indépendance. Les Kabyles les premiers, eux qui n’ont jamais accepté d’être dominés par quiconque. 15
FLN : Front de Libération Nationale Algérien 20
Il me déclare : « Je suis officier de l’armée française, j’ai largement profité de l’action civilisatrice de la France que j’aime, mais mon peuple veut se libérer comme l’ont fait toutes les colonies autour du globe ». Sur ces considérations politiques peu séduisantes pour notre proche avenir, nous arrivons à Nice. Nous prenons immédiatement la direction du quartier Saint-Jean-d’Angély, où siège le Centre d’instruction du 22e BCA.
Devant un douar suspect (MTM) III/ Le quartier Saint-Jean-d’Angély Nice fut longtemps un centre militaire important. De nombreuses troupes, en majorité composées de chasseurs alpins, étaient cantonnées dans la région. Les chasseurs étaient surnommés les Diables bleus, par les Allemands, à cause de leur bravoure et de leur tenue bleu foncé.
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Après la guerre de 1870, craignant un conflit avec nos voisins italiens, le pays avait été truffé de casernes, forts, batteries etc., formant une sorte de ligne Maginot du sud-est qui avait continué à se développer par la suite. Ces forces armées étaient dispersées dans des casernes à Nice, la principale étant le quartier Saint-Jean-d’Angély. C’était un ensemble de bâtiments dans le plus pur style d’architecture militaire de l’époque (1880). Il est à l’époque (1957) le siège du Centre d’instruction du 22e BCA. Adli et moi devons rencontrer le chef de bataillon à la tête du centre. À notre arrivée, nous sommes dirigés vers le commandant Baysang qui nous reçoit dans son bureau. Militaire de carrière, l’inclinaison particulière à droite de son béret montre qu’il a participé à la bataille de Narvick. L’écusson « Rhin et Danube » et sa brochette de décorations attestent sa glorieuse participation à l’épopée du général de Lattre qui a libéré la France. Son bureau est orné de trophées du 22ème : - Drapeaux et fanions du bataillon, - Sous-verres où sont placées les citations gagnées aux deux dernières guerres, - Portraits des chefs de bataillon qui se sont succédé, - Photos de montagne. Le commandant, la cinquantaine chaleureuse, nous souhaite la bienvenue et nous interroge sur notre cursus avec intérêt. Il nous demande quelles motivations nous ont fait choisir les alpins. Il questionne longuement Adli sur la vie d’un « Algérien colonisé ». Comme je lui dis que j’ai une bonne expérience de la montagne, acquise principalement à Chamonix, il s’enflamme : lui aussi adore la montagne. Il a fait de nombreux stages à l’École Militaire de Haute Montagne de Chamonix. Il nous conte avec passion, sa récente ascension de l’aiguille du Moine, dont il est très fier, en raison de son âge. Il nous annonce que nos sections nous attendent au Fort de la Drette. « L’adjudant de bataillon va vous guider pour prendre connaissance des lieux, vous présenter vos chambres et vous aider à rassembler votre paquetage. Trouvez-vous à 16h en tenue de campagne, devant mon bureau. Un véhicule vous conduira au fort où vous resterez quelque temps avec vos soldats. »
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IV/ Le fort de la Drette A 16h pile, la berline noire du commandant nous attend. Elle nous conduit en une demi-heure à notre destination. Le capitaine Alberti nous accueille. Il est le chef de poste, il a la charge de garder le fort avec deux sections de chasseurs, « nos » chasseurs. Construit dans les années 1880, le fort de la Drette constitue l’un des ouvrages militaires destinés à la défense de la place de Nice. Situé à dix kilomètres à l’est de la ville, il occupe une position dominante à 500 m d’altitude, à proximité du col d’Eze. Il se compose de cinq bâtiments en pierre de taille, divisés en cinquante pièces, dont certaines sont immenses, allant du logement de la troupe, aux pièces à usage militaire (casemates, pièces de remparts, jusqu’à….une paneterie, une lampisterie des locaux de punition etc.) Sa capacité de casernement est de 300 places. Les occupants actuels, au nombre de cinquante, sont au large. Désarmé aujourd’hui, il est utilisé comme dépôt de munitions et magasin à poudre. De quoi faire sauter la ville de Nice ! D’où la nécessité de le garder militairement. Les environs servent de champ de manœuvre pour les soldats -gardiens. Le capitaine rassemble les chasseurs dans la cour du casernement, nous présente et aborde le programme de la soirée. « Après le dîner, nous procèderons à un exercice de marche de nuit avec la première section. Les deux nouveaux officiers y sont conviés. Partant à pied du fort, nous irons jusqu’au champ de tir du ravin de Lare où nous devrons récupérer des caisses vides de munitions et les rapporter ici. Nous éviterons les routes, emprunterons l’itinéraire le plus direct par les sentiers, dans la forêt. Depuis le fort, nous descendrons jusqu’au vallon de Laghet et remonterons sur l’autre versant, jusqu’au plateau Tercier où se trouve le champ de tir. Il y a un beau clair de lune. Nous avons 15 kilomètres à parcourir avec 1000 m de dénivelé cumulé en terrain difficile, nous en aurons au moins pour quatre heures. Départ 21 heures. Tenue de combat avec armes et munitions ! ». Je flaire un piège. Nous savons qu’une vieille coutume dans l’armée consiste à réserver une surprise aux officiers arrivant dans une nouvelle affectation, sorte de bizutage chez les étudiants. Je pense que cette marche, le soir de notre arrivée, en est un. Adli est de mon avis. Mon impression est confirmée quand, demandant au capitaine s’il peut nous fournir une carte, il répond qu’il n’en n’a pas. « Nous connaissons l’itinéraire par cœur » dit-il. 23
Adli et moi devons redoubler d’attention et bien repérer les lieux. À l’heure dite, nous sommes prêts, nos lampes électriques dans les poches. Au départ du fort, la descente est abrupte, au milieu d’une végétation dense et sombre. Le sentier est étroit, nous contournons une falaise bien visible. Nous atteignons quelques maisons au fond d’un vallon et traversons une route. Nous la remontons sur une dizaine de mètres, nous notons une fontaine qui marque le départ d’un autre sentier qui nous conduit, après de nombreux lacets à un sommet d’où nous apercevons un pas de tir. Nous sommes arrivés. Arrêt repos pour la section. Le capitaine Alberti nous propose alors de rester sur place pendant que la section va se charger des caisses de munitions. « Nous reviendrons vous chercher dans 10 mn » nous déclare-t-il. C’est le piège ! Nous sommes abandonnés, Adli et moi, en pleine nuit dans une nature inconnue. Après un quart d’heure d’attente vaine, nous décidons de repartir seuls, au pas de course, par le même chemin qu’à l’aller. Nous avalons descente et montée en un temps record, vérifiant, grâce à nos repères, que nous sommes dans la bonne voie. Arrivés à quelques centaines de mètres du sommet, où se dresse le fort, la lune se cache entièrement. Nous sommes plongés dans une nuit totalement noire. Grâce à nos lampes de poche, nous parvenons à ne pas perdre le sentier. A minuit, nous débouchons devant le fort. La sentinelle paraît étonnée de nous voir. La patrouille n’est pas encore rentrée. Nous allons dans nos chambres respectives où un sommeil profond nous permet d’oublier les émotions de notre première journée de chasseur alpin en pays niçois. Le lendemain matin, réveil au clairon. En chemin vers le réfectoire, nous rencontrons Alberti, il est penaud, et a perdu ses trois galons de capitaine. En réalité, il est adjudant et participait à notre « accueil spécial » en service commandé. Il pensait qu’il nous avait semés. C’était sa mission. Avec les chasseurs, il avait emprunté un autre itinéraire plus long pour le retour. Pris par la nuit noire, ils avaient erré pendant une heure, dans l’impossibilité de trouver le chemin, sans lumière. Ils s’étaient arrêtés, en attente des premières lueurs de l’aube. À 4 heures, ils avaient rejoint le fort. En fin de matinée, des camions amènent la relève. Nous descendons avec nos chasseurs pour regagner le quartier Saint-Jean-d’Angély. Le commandant Baysang vient nous recevoir et nous convie à un pot de 24
bienvenue auquel assistent les officiers et sous-officiers de la garnison. Il prononce un discours très aimable et nous félicite de n’être pas tombés dans le piège qui nous était tendu. Il semble un peu déçu…
Algérie ECPA vers le Djurjura V/ Les hommes Les instructeurs : Au Centre d’instruction du 22, mes chefs sont le capitaine Fünfrock et le lieutenant Abd-El- Kader, officiers à la 1ère compagnie. Le capitaine Fünfrock dit « Rock». Militaire de carrière, c’est un Alsacien de haute taille, très mince, au visage émacié. Il est juste remis de son séjour en Indochine. Deux ans durant, il avait été à la tête d’un commando de partisans vietnamiens. Implanté dans un secteur très hostile, il occupait un poste perdu dans la jungle tonkinoise. Il s’était fait remarquer par quelques actions d’éclat 25
mémorables. Ayant contracté le paludisme, et à court de quinine, il avait utilisé comme remède de remplacement de grandes quantités de rhum et d’alcool de riz. Rentré en métropole, on lui avait prescrit une longue convalescence, agrémentée de quelques cures de désintoxication. Aujourd’hui, complètement rétabli, ses excès se limitent à ajouter un zeste de citron à son eau Perrier. Il est bien décidé à se ménager. Le lieutenant Michel Abdelkader dit « Mack». Descendant à la quatrième génération du célèbre émir, il est complètement francisé, malgré ses origines arabes. Il a épousé une Niçoise et adopté un accent niçois parfait. Officier d’active, un séjour en Indochine avait mal commencé. Privé de la moitié d’un mollet par une mine, il s’était retrouvé derrière un bureau. De retour en métropole, il est convaincu de la nécessité d’« économiser » ses forces. Mes alter-ego, chefs de section dans la compagnie « Fünfrock » sont : L’aspirant Adli, mon compagnon de la Drette ; L’aspirant Lion ; sorti de Saint-Maixent, comme nous, il a mis fin à son sursis d’incorporation après deux échecs pour intégrer la faculté de pharmacie. Grand et beau niçois, il a la réputation d’être un dragueur invétéré. Il a la ferme intention d’exercer son activité favorite avant son départ pour l’Algérie. Pour me seconder dans ma tâche d’instructeur, je dispose de deux sergents, un ancien, le sergent Jehel, sous-officier rappelé, qui arrivera bientôt au bout de son service militaire ; un jeune appelé du contingent qui est ici depuis peu de temps, le sergent Delleaux. Tous deux semblent très compétents et pleins de bonne volonté. Les chasseurs : L’effectif de ma section d’instruction est de trente chasseurs. Ils sont presque tous des « bleus » : Ils viennent d’être incorporés. La moitié de ces hommes sont originaires du sud de la France. L’autre moitié se partage entre hommes du nord (Bretons, Chtimi) et FSNA – Français de souche nord-africaine. Ces derniers sont complètement désemparés. Ils ne sont en métropole que depuis quelques jours, arrachés à leur bled natal en Algérie. Par chance, ils ont tous fréquenté « L’école des Français » et comprennent notre langue. Voilà le contexte humain dans lequel va se pratiquer mon action de formateur.
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VI/ Le général américain L’instruction des chasseurs fait l’objet d’un programme très précis, décrit dans un manuel clair, selon un calendrier impératif fixé par le commandant. Les actions sont multiples : Règlement intérieur Ordre serré Marches, parcours du combattant Education physique Utilisation des armes, tir etc. Les premiers jours sont consacrés aux informations sur la vie en caserne, la discipline, la distribution des équipements et des tenues et quelques exercices de marche au pas cadencé. Nous en sommes à ce stade pour les nouvelles recrues. Le capitaine Rock et moi sommes convoqués par le commandant Baysang. Il nous donne ses ordres : « Le général commandant la place de Nice va recevoir samedi prochain, un général américain. Il me demande de lui fournir un peloton de chasseurs, chargé de rendre les honneurs. Il insiste pour que les soldats soient d’origine nord-africaine. Je vous demande de préparer cette opération. Il faut aller vite, je sais que vos FSNA sont tous des bleus. Vous disposez de quatre jours pour tout préparer. Je viendrai assister à une démonstration vendredi à 16h. Bon courage ! » Ma mission consiste donc, en quatre jours, à transformer en chasseurs alpins « modèles », vingt jeunes Arabes qui, il y a quelques jours couraient pieds nus dans le djebel algérien, vêtus d’une djellaba. Le sergent Jehel va m’aider à atteindre l’objectif. Il participera lui-même à la prise d’armes (Il est bien bronzé !). J’ai devant moi, vingt FSNA. Je leur annonce qu’ils ont été choisis pour représenter l’Algérie, devant un général américain. C’est un grand honneur ! Je compte sur eux pour être exemplaires. Ils se redressent déjà ! J’ai conscience des difficultés : ils sont incapables de marcher au pas, confondent la droite et la gauche, ne peuvent pas coordonner leurs mouvements de bras et de jambes. Ils ont revêtu l’uniforme bleu qu’ils ont touché la veille. Un vrai désastre. Aucun n’est à la bonne taille, ce sont de vrais bouts de chiffon. Je décide d’employer les grands moyens : Je fais appel au tailleur du bataillon. Il prendra en main les mesures, les retouches et le repassage des tenues à la vapeur (vestes et pantalons 27
doivent avoir plusieurs plis bien placés). Je demande à Adli de prendre, avec ses hommes, la responsabilité des chaussures : des brodequins en cuir fauve, neufs, qu’il faut noircir et cirer. Il joue le jeu, il en va du prestige des nord-africains. Le soir, je récupère vingt paires de chaussures noires, rutilantes. Je peux ainsi me concentrer sur l’entraînement aux gestes à accomplir pour une prise d’armes. Après trois jours complets à répéter des centaines de fois, le résultat est correct. Vendredi matin, répétition en grande tenue. Les uniformes sont parfaits. Une heure est réservée pour le port du béret et la forme (et l’inclinaison) à lui donner. Reste un problème à résoudre : les cravates, je renonce à enseigner la méthode pour nouer cet accessoire. Le sergent Jehel se charge de faire tous les nœuds, ensuite interdiction de les défaire, on enfile la cravate nouée par la tête et on serre ! A 16h, le commandant passe la revue, il se montre surpris (même les plis de son uniforme sont moins bien faits). Les gestes des chasseurs sont presque sans fautes. Il se déclare satisfait. Jour J-11h Je suis avec la troupe devant la caserne Filley, où siège l’état-major de la place de Nice et le général Cluzet. Un commandant me donne les dernières consignes. J’aligne les chasseurs, redresse quelques bérets, resserre des cravates. Le général arrive, deux étoiles sur son képi. Il passe en revue les chasseurs. Il discute avec moi en souriant (c’est bon signe !). Il me dit qu’il était capitaine de tirailleurs algériens pendant la campagne d’Italie en 1944, sous les ordres des Américains. Son hôte faisait partie de l’étatmajor de la division, il était aussi capitaine et se sont connus à cette époque.
12h Un gros command-car vert arrive, orné d’une plaque portant trois étoiles. Un grand militaire en descend. Il ressemble à John Wayne. Il se précipite sur notre général, le salue et le serre dans ses bras. Mes hommes sont au garde à vous. Je commande « Présentez-armes ». Exécution réussie ! Les deux généraux passent lentement la revue des troupes. J’entends le général Cluzet dire en anglais à son invité « Ce sont les fils des tirailleurs 28
algériens qui se sont si bien comportés en Italie. » Puis, ils entrent dans le bâtiment pour en ressortir une demi-heure après. Deuxième passage devant les chasseurs qui présentent à nouveau les armes. Le général Cluzet dit à son voisin « Vous voyez, ces jeunes Algériens font leur service militaire mélangés aux Français de métropole, ils viennent d’un département français en Algérie ». Les deux généraux remontent dans le command-car, s’éloignent sous les applaudissements des badauds qui s’étaient rassemblés. Le capitaine Rock qui était parmi la foule, félicite les chasseurs pour leur brillante prestation, qui en fait, a durée deux à trois minutes. « J’espère, dit-il, que cette démonstration d’amitié renforcera encore les liens entre la France et les Etats-Unis ». VII/ La socca Il est l’heure du déjeuner. L’aspirant Lion nous propose de commencer notre initiation à la vie niçoise. Adli et moi acceptons. Le capitaine Rock et le lieutenant Mack nous accompagnent : ils veulent surveiller leurs officiers ! Nous nous dirigeons à pied vers le mess des officiers, situé en vieille ville de Nice, Caserne Rusca, à deux kilomètres de Saint-Jean-d’Angély. Arrivés à mi-chemin, place Garibaldi, Lion nous suggère de faire une halte dans un bistrot, La Cave Ricord, où l’on peut déguster une spécialité niçoise, la socca. Les gens du nord (les Savoyards) appellent le béret des chasseurs alpins « La tarte » ; pour les Niçois, c’est la socca. Il ne s’agit pas de « manger son chapeau » mais de goûter, un plat original et succulent. Nous allons au fond de la taverne. Un four à bois contient des poêles circulaires dans lesquelles grillent des socca. La socca est une sorte de crêpe constituée de farine de pois chiche et d’huile d’olive. Nous suivons les conseils de notre guide et nous nous trouvons devant une assiette pleine de morceaux de socca et un verre de Mascara rosé frais. Après avoir saupoudré de poivre noir notre socca, utilisant nos doigts, nous nous régalons. Je fais remarquer à nos deux musulmans qu’ils oublient de respecter les principes du Coran, car ils semblent apprécier le vin rosé algérien. Le petit fils de l’Emir Abdelkader s’en défend, il applique à la lettre la règle qui interdit de consommer une goutte d’alcool : c’est la dernière qu’il laisse au fond du verre ! Le Kabyle Adli est favorable à cette interprétation. Le capitaine Rock, pour d’autres raisons, est fidèle à l’eau Perrier, mais il n’y ajoute pas son zeste de citron. Il se contente des bulles qui s’accordent mieux avec la socca. 29
Nous aurons d’autres occasions de nous initier aux « délices de Nice ». Nous prendrons garde de ne pas imiter un célèbre général carthaginois, Hannibal, qui jadis, ne résista pas aux délices de Capoue, qui pourtant ne valaient pas ceux de Nice. VIII/ Le pendu La section, en tenue de campagne, marche depuis deux heures. Nous sommes, dans la forêt domaniale du Paillon, le fleuve de Nice. Le relief est accidenté, il dissimule des entrelacs de talwegs, séparés par des monticules et des petites collines. La forêt est composée essentiellement de pins dont certains atteignent de grandes dimensions. A l’ombre de leurs frondaisons, une végétation de garrigue s’oppose à notre progression : aubépines, ronces s’accrochent à nos pantalons, buissons de cystes, de lentisques, branches de jeunes pins, arbres morts, nous barrent le passage. Nous traversons parfois le lit d’un torrent à sec où sont accumulés des galets, parfois nous butons sur une falaise abrupte que nous devons contourner. Le dispositif « ratissage » a été adopté. Cet exercice est prescrit en préparation des opérations d’Algérie. Il consiste à rechercher, dans une zone donnée, tout indice de présence humaine. Il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers. Notre marche en est ralentie. Soudain, je suis alerté par un chasseur qui se trouve devant les ruines d’une masure. Cachée dans les fourrés, cette construction en pierres est très délabrée, le toit est partiellement effondré, mais les murs sont encore solides. Une porte en bois, cachée par un épais buisson, ne résiste pas longtemps à une poussée énergique. L’entrée est obstruée par des débris de tuiles et de poutres. Un pin a réussi à y prendre racine, sa dimension est telle qu’il cache une grande partie du vide créé par l’écroulement du toit. La partie encore couverte est envahie par une table, des chaises cassées et différents ustensiles. Des loques sont accrochées aux murs. Dans la pénombre, je remarque des paquets d’étoffe dans un angle de la pièce. C’est le cadavre d’un homme pendu. Il me tourne le dos, je le retourne et un crâne noir me fait face. Deux rangées de dents blanches paraissent me sourire. Le reste du visage est complètement racorni, momifié. J’arrête là mes investigations. L’habitant de la maison est là depuis au moins vingt ans, nous ne risquons pas qu’il s’échappe. Nous ne touchons à rien, refermons soigneusement la porte. J’interromps l’exercice et reprends le chemin du retour, après avoir noté les coordonnées des lieux. 30
Arrivé à la caserne, je rends compte au commandant et prends contact avec la gendarmerie localement compétente. Les gendarmes me donnent rendez-vous le lendemain à un croisement de routes, proche de notre découverte. Quatre gendarmes m’attendent, deux d’entre eux portent une civière. Je conduis les représentants de la maréchaussée jusqu’à la cabane. Le brigadier-chef donne les ordres, le brigadier prend des notes, les deux « sans grade » décrochent le corps raide, qui doit peser entre vingt et trente kilos. Je remets au brigadier-chef, mon propre procès-verbal. En remerciement, il m’autorise à emporter cinquante centimètres de la corde du pendu. Au mess des officiers, je conte mon histoire et montre mon trophée. Nous décidons tous de tester une vieille superstition selon laquelle une corde de pendu porte chance. Ce soir-là, une demi-douzaine d’officiers de chasseurs alpins ont joué à la roulette du casino du Palais de la Méditerranée et ont essayé, en vain, de faire fortune, corde du pendu à la main. J’ai misé et perdu en une minute cent francs. De dépit, j’ai jeté la corde dans la première poubelle venue. La suite dans les prochains numéros de « Nul ne crains » .
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INAUGURATION DES TRAVAUX DE RESTAURATION DU CAMP DES FOURCHES ; 14 SEPTEMBRE Texte de présentation du président À la fin du XIXe siècle, la France à son tour se dote de troupes alpines, essentiellement pour répondre à la menace italienne, cette jeune nation venant d’adhérer à la Triple Alliance et ayant créé le corps des Alpini. Douze bataillons alpins de chasseurs à pied sont alors affectés à la défense des Alpes, dont cinq pour le seul comté de Nice. Les chasseurs alpins sont des troupes d’intervalle, dont la vocation est la défense de la zone des hauts, que les canons des nouvelles fortifications installées à la frontière ne peuvent atteindre. Les garnisons de ces bataillons sont pour l’essentiel en plaine, Nice, Antibes, Menton, Grasse, Villefranche, Embrun, Grenoble, Chambéry, Albertville, Annecy. Les chasseurs, comme les hirondelles, partent tout l’été pour les manœuvres estivales dans les vallées qui leur sont dédiées, avant de regagner leurs garnisons à l’automne. Afin de satisfaire à leurs besoins de casernement pendant ces manœuvres d’été, on construit à leur intention des postes de montagne situés en altitude, Lantosque, Granges de la Brasque, Plan-Caval, Cabanes-Vieilles, et le camp des Fourches où nous nous trouvons. Le général Berge, commandant l’armée des Alpes, à l’extrême fin du XIX e siècle, estime qu’on ne peut plus faire l’impasse sur la menace des Alpini pendant la période hivernale, et décide que ces postes de montagne seront gardés toute l’année par des détachements. Naît alors l’alpinisme hivernal pour les chasseurs, et notamment l’initiation au ski, outil le mieux adapté à ces déplacements dans la neige. Le camp des Fourches est attribué à trois bataillons des Alpes du Nord, le 11e BCA d’Albertville, le 14e BCA d’Embrun, et le 28e BCA de Grenoble. En effet la haute Tinée était rattachée au plan militaire au XIVe corps de Lyon et non au XVe corps de Marseille. Il a été construit entre 1896 et 1910, et était toujours occupé jusqu’à la seconde guerre mondiale. Il avait la capacité d’accueillir un bataillon à 800 hommes dans des conditions tout à fait acceptables. On y trouvait, outre les logements, des cuisines, des magasins, des sanitaires, un four à pain, un mess et un foyer. Il a même été équipé, dans les années trente, d’un téléphérique qui reliait le hameau du Pra, permettant d’assurer le ravitaillement ou l’évacuation des blessés. La circulation entre les chalets se faisait sous la neige dans des galeries en planche. 32
Le camp n’a jamais connu l’épreuve du feu, même si l’avant-poste du col des Fourches a directement combattu en juin 1940 et en 1944. En tant que président de l’amicale des troupes alpines du département, je ne peux que me réjouir à l’idée que ce lieu de mémoire et d’histoire échappe à l’inexorable anéantissement qui le guettait, et j’en remercie très vivement tous les responsables institutionnels qui ont accepté de relever ce défi de préservation d’un patrimoine de grande valeur et chargé d’émotion.
Le camp des Fourches à 2260 mètres d’altitude
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SIDI-BRAHIM à NICE le jeudi 26 SEPTEMBRE 2019 Le 26 septembre dernier, notre amicale commémorait le 174e anniversaire des combats de Sidi-Brahim, première page de gloire des chasseurs. Profitons de l’occasion pour évoquer à ce propos une figure emblématique de cet épisode, celle du clairon Guillaume Rolland, né le 18 septembre 1821 à Lacalm (Aveyron) et mort en septembre 1915 dans ce même lieu. Il s’était vu remettre, le 31 août 1913, à l’âge de quatre-vingt-douze ans, la croix d’officier de la Légion d’honneur dans son village natal, où il avait exercé les professions de facteur, garde-forestier et brigadier. Ce fut le général de Castelnau, sous-chef d’état-major général de l’armée et Aveyronnais comme Rolland, qui avait été délégué par la grande chancellerie de la Légion d’honneur pour accrocher sur la poitrine de ce vieux paysan son nouvel insigne, et le ministre de la Guerre avait eu la délicate pensée d’envoyer dans ce village perdu le drapeau, l’unique drapeau des chasseurs à pied, avec sa garde. Était également présent à la cérémonie le commandant Driant, Danrit son pseudonyme littéraire, futur héros de Verdun, et qui exprima ainsi son émotion : « Et alors, rapporta ce dernier, une pensée lui vint, profondément touchante, parce qu’il ne l’avait puisée dans aucune lecture. Il ignorait que, dans des circonstances officielles, des présidents de la République avaient embrassé le drapeau ; il demanda au lieutenant-colonel Valentin, un ancien commandant du 8e bataillon, que le ministre avait délégué à cette fête du souvenir, la permission d’approcher, prit timidement l’extrémité de la soie, s’inclina en la baisant pieusement et ce geste, d’une noblesse incomparable dans sa sincérité, arracha des larmes aux plus sceptiques. » Un moment de nostalgie pour cette époque où des notions comme le drapeau et la patrie avaient encore un sens… Pour la 4ème année, la ville de Nice a organisé cette cérémonie au Jardin des Chasseurs, avenue des Diables bleus, devant la quartier Régnault de Saint-Jean-d’Angély, si cher aux Niçois et à tous les milliers de chasseurs qui eurent l’occasion d’y faire leur service militaire, et pour certains même d’y effectuer une partie de leur carrière… Pour célébrer ce 174ème anniversaire des combats de Sidi-Brahim, qui se déroulèrent en Algérie, près de la frontière marocaine, du 23 au 26 septembre 1845, la musique des sapeurs-pompiers de Nice, sous la baguette du commandant Romain Mussault, a ponctuée les divers temps de cette cérémonie qui se déroula sous un ciel clément.
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Les polices nationale et municipale étaient présentes, cette dernière assurant notamment la sécurité de la manifestation. Nos quatre portefanions, Alain Barale, Jacques Bonavita, Laurent Icardo et Fabrice Ghérardi entouraient fièrement le monument dédié aux chasseurs alpins, et six porte-drapeaux rehaussaient le prestige de cette manifestation.
Après la lecture (en version courte) de la bataille de Sidi-Brahim, qui dura 3 jours et 3 nuits, par le LCL(h) Georges Trémoulet, notre président le LCL(h) Jean-Pierre Martin prit la parole avant le dépôt de gerbes suivi de la Sonnerie aux morts puis de La Marseillaise. Les autorités félicitèrent ensuite les porte-fanions et les porte-drapeaux, qui clôturèrent la cérémonie par le salut au monument avant de partir en 35
défilé, les porte-drapeaux d’abord, nos porte-fanions ensuite, terminant le dispositif. On notait la présence d’Olivier Robaut, représentant la municipalité, du général Alfred Morel, président du Souvenir Français des A-M, de Gérard Matelot, président des Médaillés militaires, du capitaine Nicolas Barthe directeur du bureau de recrutement de l’Armée de Terre à la caserne Filley et de 2 chasseurs du 27e BCA présents à Nice pour une autre manifestation et qui ont tenu à se joindre à notre cérémonie. On pouvait fort heureusement voir également un certain nombre de nos amicalistes locaux. L’assistance, malgré tout bien clairsemée, se dispersa après avoir pris quelques photos souvenir autour du monument. Georges et Christine TREMOULET Lien pour voir l’album photo : https://photos.app.goo.gl/ZUd64s4o2visRB7i8
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COMMÉMORATION DES COMBATS DE LA MALMAISON Accueillie comme à l'accoutumée par la ville de Villefranche, l'amicale nationale du 22e BCA a commémoré ce dimanche 20 octobre 2019 le 102ème anniversaire des combats de la Malmaison qui eurent lieu du 23 au 25 octobre1917 et au cours desquels se sont particulièrement illustrés nos deux bataillons villefranchois le 24e et le 64e BCA. Après un déplacement en cortège de l'esplanade de la Citadelle jusqu'à l'église Saint-Michel, les participants ont assisté à l’Office religieux célébré par le père Irek Brach avec son franc-parler et beaucoup d’humour !
A l’issue, retour en cortège avec la présence des porte-drapeaux des associations patriotiques et des élus jusqu'au jardin des Chasseurs où se trouve le monument du 24e BCA pour les dépôts de gerbes, et où les attendait la fanfare. Par précaution, c’est à l'auditorium de la citadelle que le lieutenant-colonel Georges Trémoulet, en charge de la manifestation, notre président le lieutenant-colonel Jean-Pierre Martin, dans l'impossibilité d'être parmi nous ce jour, lui ayant délégué ses pouvoirs, a fait le récit des combats de la Malmaison (sur un texte du colonel Béraud) et a remis des médailles et diplômes de porte-drapeau pour plus de 22 ans de "service actif" à Fabrice Ghérardi et Laurent Icardo. Enfin, les personnalités présentes ont prononcé quelques mots et se sont vus remettre des cadeaux avant de prendre le verre de l’amitié offert par la municipalité sur le parvis de la mairie, 37
Pour terminer, quelques amicalistes présents se sont retrouvés au restaurant "Côté Jardin" pour partager un déjeuner convivial. Christine TREMOULET Lien pour voir l’album photo google https://photos.app.goo.gl/cv6mrzvCnK6VMe6j6
La MaLMaISON TEXTE pOur L’OffIcE rELIgIEuX Il y a cent deux ans, des centaines de soldats azuréens tombaient sur les pentes du Chemin des Dames, où le sang de la meurtrière offensive du printemps venait à peine de sécher. L’objectif était le fort de la Malmaison, base de départ indispensable pour une offensive vers la Champagne. Victoire sans lendemain, puisque l’année suivante les Allemands reprenaient la totalité des positions si chèrement acquises. Pendant la Grande Guerre, nos soldats combattaient contre un ennemi bien identifié, dont les valeurs n’étaient pas si éloignées des nôtres, et dont l’objectif n’était pas de remettre en cause notre existence et notre identité. Aujourd’hui, des soldats français tombent toujours, aux quatre coins du monde. Mais leur ennemi, beaucoup plus insidieux, aux moyens militaires certes réduits, menace notre manière de vivre, notre dignité et notre culture. Nos soldats sont en première ligne dans le combat pour la civilisation. Qu’ils en soient honorés par le corps social comme ils le méritent. C’est à eux que cet office est aujourd’hui dédié.
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Cérémonie Caucade Cérémonie au monument national des chasseurs morts pour le France, situé au cimetière de Caucade, à Nice.
C'est sous la pluie que le cortège des personnalités, mené par un grand nombre de porte-drapeaux et porte-fanions, s'est arrêté vers 15h devant le monument national des chasseurs pour y déposer une gerbe. Il s'est ensuite recueilli devant plusieurs tombes et monuments de soldats des différents corps d'armée morts au service de la France au cours des précédents conflits, hélas nombreux, des décennies antérieures. La musique des sapeurs-pompiers de la ville de Nice, dirigée par le commandant Romain Mussault, accompagnait le cortège. Nos porte-fanions habituels Alain Barale, Jacques Bonavita, Fabrice Ghérardi et Laurent Icardo encadraient le président Jean-Pierre Martin entouré de trop peu nombreux membres de l'amicale, à savoir Georges Trémoulet, Jean Pagès, Georges Vergès et Gérard Matelot, entre autres, sans oublier le général Alfred Morel, président départemental du Souvenir français, le colonel Marie-Christine Fix, représentant le DMD 06 et Olivier Robaut, conseiller municipal délégué aux Anciens combattants et associations militaires, représentant le maire de Nice, tous trois faisant également partie de notre amicale nationale du 22e BCA. La cérémonie se termina vers 16h. 39
Activités cérémonies 11 novembre Briançon : Roger Carle, Daniel Rocher, JL Touzeau
Touêt de l’Escarene : Christian Rinaldi, Yves Blouet Antibes : AC Belardi, André Avigdor, Frédéric Trémoulet Nice : Alain Barale Villefranche sur Mer : Fabrice Ghérardi Lunel : Daniel Thiery, Maurice Cothonay
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4. Réseau national. 75e ANNIVERSAIRE DE LA LIBÉRATION DE LUNEL Une cérémonie officielle suivie du verre de l'amitié offert par la Municipalité devait clore le grand week-end dévolu à cette commémoration. Alors que les commerçants avaient décoré leurs vitrines pour la circonstance, une trentaine de véhicules militaires traversaient la ville au son des sirènes et klaxons en tous genres. Samedi après-midi et dimanche matin (24 et 25 août), les engins exposés recevaient la visite d'un grand nombre de Lunellois curieux. Les plus anciens se remémoraient les terribles moments de l'occupation nazie. D'autres revoyaient l'entrée des libérateurs de Lunel à la tête desquels se trouvait le lieutenant-colonel Jean Simon. Hommage leur était rendu au Pont de Vesse devant la plaque rappelant leur passage. Enfin, les plus jeunes découvraient des véhicules inconnus pour eux. Certains faisant même une petite promenade en side-car à travers le parc Jean Hugo. L'association « les Tireurs de Lunel » nous invitait à visiter le camp militaire dressé pour la circonstance au stade de Dassargues, mais aussi à partager la soirée dansante au son de chansons et musiques de l'époque. À minuit, extinction des feux. Il fallait penser au lendemain matin : mise en place pour tous à 8h30, tant pour les organisateurs que pour les jeunes en tenue de maquisards qui, la veille, avaient répété le maniement d'armes et la marche au pas. Un grand repas réunissait tous les participants et clôturait cette belle matinée. Daniel Thiery
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UNE JOURNEE AU LINGE Une idée bizarre ne vous a-t-elle jamais traversé l’esprit? Cette année, brusquement, j'ai eu envie de retrouver l'Alsace, où vit une amie (depuis cinquante-trois ans)... Un coup de fil et voici deux gîtes loués, un sur Strasbourg, l'autre vers Mulhouse. Je voulais revoir les ors des vignes et des forêts. Le Haut-Rhin ne m'a pas déçue mais! Je n'ai pu refuser à mon chauffeur unique et préféré une visite au mémorial du Linge. Lui et moi en sommes partis vers midi bien perturbés. Un ferme-auberge me permit fort à propos de reprendre un peu mes esprits mais hélas, et je m'y attendais, il me fut demandé, entre un sublime kougelhof glacé et un expresso, de remonter voir la projection de vingt minutes occultée le matin faute de temps. Re-bombardements, des cris, des flammes partout, des témoignages poignants. Et surtout des “tartes”. Beaucoup, beaucoup trop pour moi. Mon grand-père a fait Verdun où j'ai visité les champs de bataille… en 1967. Mon père, chasseur au 24e BCA à Villefranche-sur-Mer, est parti en 1940 dans les bataillons alpins de forteresse, au-dessus de Nice où nous vivions. Toute ma vie, j'aurai “mangé” du bleu-jonquille. Pépé et Papa sont bien sûr partis mais mon séjour dans la Meuse n'a en rien été comparable à cette journée au Linge : j'en suis sortie épuisée physiquement mais moralement dévastée, en vrac. Il m'a fallu, pour me remettre à peu près, toute la journée du lendemain que j'ai “traversée” comme un zombie. Personnellement, je ne retournerai plus au Linge, je le sais. Mais jamais je ne regretterai d'y être allée. Josette Thiery Il est à mon avis impossible à tout être normalement constitué de ne pas se souvenir des évènements qui ont marqué son histoire. Chasseur un jour … Nous nous trouvions dans le département du HautRhin et il me semble impensable de ne pas fouler cette terre où tant de braves Français et Allemands (17.000) ont disparu. Mais disparu... officiellement déclarés comme tels. Les chasseurs alpins présents sur le site du Linge se sont battus avec acharnement pendant trois mois, de juillet à octobre 1915, sur les hauteurs dominant les vallées d'Orbey et Munster. 42
Parmi les bataillons repérés dans le mémorial figurent notamment le 22e BCA (un clairon avec sa flamme portant le numéro du bataillon l’atteste), ainsi que son premier bataillon de réserve, le 62e BCA, repéré sur la photo ornant la plaque funéraire d'un chasseur. On peut aborder ce lieu dans n'importe quel état d'esprit : difficile, en le quittant, de n'en pas avoir changé. Daniel Thiery
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Commémoration des combats de Sidi-Brahim. LES DIabLES bLEuS D’aLSacE à MuLhOuSE. Un épisode glorieux de l’histoire des chasseurs : Les Diables bleus d’Alsace se sont retrouvés ce dimanche 10 septembre 2019 place du Général de Gaulle à Mulhouse, à l’occasion du 15e Rassemblement régional annuel, ainsi que pour commémorer le 174e anniversaire des combats de Sidi-Brahim. Le choix cette année s’est porté sur la ville de Mulhouse particulièrement chère aux chasseurs, en tant qu’ancienne ville de garnison du 31e BCP de 1924 à 1939, et de ce même 31e BCP reconstitué dans la réserve de 1973 à 1986. Un autre bataillon, le 2e BCP avait pris ses quartiers de 1925 à 1939 au quartier Barbanègre.
Le fait d’armes de la Sidi-Brahim est évocateur de la combativité et de l’héroïsme des chasseurs du 8e bataillon qui les fit entrer dans l’histoire en septembre 1845 en Algérie. Une des premières pages de gloire des chasseurs à pied inscrite dans les plis de leur unique drapeau. Plusieurs personnalités civiles et militaires ont assisté à cette cérémonie présidée par le président régional des Diables bleus le colonel Gilbert Dollé , et organisée par l’amicale des DB de Mulhouse présidée par le lieutenantcolonel Jean-Marie Rieth. Parmi les nombreux invités, l’adjoint au maire Paul Quin, le président de l’OMSPAC Pierre Walter, et le chancelier fédéral le lieutenant-colonel Daniel Favard. La cérémonie était rehaussée par la présence de 27 drapeaux et 10 fanions et par les sonneries réglementaires de la fanfare du 8e régiment de hussards. Le déroulement de la cérémonie a été présenté par le 44
responsable du protocole, le commandant Yves Adloff. Après le refrain du jour, la lecture des combats de Sidi-Brahim par le colonel Michel Siboulet a précédé l’appel des bataillons et la Sidi-Brahim, l’hymne sacré des chasseurs. Le dépôt de quatre gerbes au monument aux morts par les autorités a été suivi de la sonnerie aux morts, de la Marseillaise et du salut aux emblèmes.
Un défilé haut en couleurs rue du 17 novembre a mis un terme à la commémoration. Un vin d’honneur a été offert aux participants par la municipalité à l’auberge du Zoo suivi d’un repas de cohésion. Prenant la parole, le président des DB de Mulhouse a rappelé qu’à travers cette commémoration, nous nous efforçons de transmettre l’héritage de ces actes de bravoure qui ont pris valeur d’exemple, afin qu’ils servent de leçon pour préserver la paix au regard du contexte actuel ». Dans son allocution, le président régional a conclu : « la Sidi-Brahim n’est pas une victoire, mais alors pourquoi commémorer une défaite 174 ans après l’évènement ? Il nous incombe d’honorer la mémoire de la victoire du courage et de la ténacité de ceux qui ont accompli, devant un ennemi supérieur en nombre, leur mission jusqu’au sacrifice suprême ; si le devoir de mémoire et le culte du souvenir peuvent paraître dérisoires à certains, ils restent cependant nécessaires en ces temps de crises ; les associations patriotiques n’ont pas le monopole du souvenir, mais leurs membres sont des passeurs de mémoire auprès des jeunes générations ». JR. Haefélé Délégué régional Alsace de l’Amicale nationale du 22e BCA 45
rESTauraTION DE L’OraTOIrE au cOL DE TENDE Au pied de la stèle commémorative du jumelage de l’ANA Mondovi avec l’Amicale du 22e BCA se trouve un oratoire qui, suite sûrement à un tassement de terrain, a pris une position quelque peu inclinée. Lors de notre cérémonie en 2018, M. Gazzano, président de l’ANA Mondovi, nous fit part de son intention de contacter le maire de Tende, M. Vassalo, pour lui demander son accord ainsi qu’une petite aide matérielle, afin de pouvoir entreprendre les travaux de redressement de cet oratoire. M. Vassalo, très heureux de cette initiative, mettra à disposition de M. Gazzano le matériel de terrassement et de maçonnerie. Entre les mois de juin et juillet, M. Gazzano et une équipe d’Alpini se sont chargés de redresser l’oratoire et d’embellir son entourage avec un joli mur de pierres. Grand merci à M. Gazzano et son équipe pour ce remarquable travail, ainsi qu’à M. Vassalo pour sa précieuse collaboration. Alain Barale
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5. Le carnet. Courrier des lecteurs Cher président, mon cher Jean-Pierre, […] Reste que je ne peux plus attendre plus longtemps pour vous griffonner ces trois lignes, de préférence à l’emploi du téléphone. Car je voulais vous dire combien j’ai apprécié dans le Nul Ne Crains de juin dernier votre contribution au « Grand débat national ». J’y adhère totalement, tant au plan du langage adopté, qui reflète toutes vos qualités d’écrivain, qu’à celui de la position défendue en tant que président d’une amicale attachée aux valeurs fondamentales du « vivre ensemble » pour reprendre vos propres termes. Le général Morel, sous sa présidence, s’était attaché à réunir de façon totalement solidaire au sein de notre association les anciens de la mouvance « chasseur » et ceux de la mouvance « montagne », ce qui a marqué durant des années mon engagement conjoint au sein de la FNAC et de l’UTM. C’était déjà à l’époque une sorte d’appel citoyen dans une sphère modeste. Vous le poursuivez cette fois à un niveau plus important, celui de notre pays tout entier qui, oublieux de la grandeur de son passé, se disloque complètement dans ses luttes intestines. Vous citez à juste titre des passages tantôt glorieux, tantôt désastreux de notre histoire qu’il convient, aujourd’hui plus que jamais, de réhabiliter sérieusement. Oui, nous nous trouvons à une époque qui requiert de gros efforts de notre part dans un esprit constructif et une grande ouverture sur les autres. À cet effet il serait bon que les regards abandonnent un temps l’exclusivité des portables, smartphones et autres écrans, pour se porter sur la société et le monde qui nous entoure ! La France a besoin d’être redécouverte dans tout ce qu’elle réclame de la part de chacun. Merci, Jean-Pierre, de l’avoir rappelé dans votre message et de l’illustrer dans votre propre engagement aux commandes de notre belle amicale. Général Vouillemin
Cher président et cher ami, Je ne pouvais laisser passer le « mot du président » du dernier NNC sans vous dire combien j’ai été ému et intéressé par les lignes que vous nous adressez ; avoir saisi le sens profond du texte de Saint-Exupéry et avoir fait le lien avec ce que nous éprouvons, sans désespoir, avec élan 47
prophétique, est une bonne action. Et j’espère que chacun de nos camarades aura pris le temps de lire et méditer ce « mot ». Par ailleurs, je suis très content de cette désignation qui vous honore pour le prix spécial « Soldat de montagne » qui confirme la place que vous confèrent votre travail précis et votre culture jamais « arrêtée ». J’espère être avec ceux qui seront à Grenoble. En attendant recevez, cher ami, l’expression de mon fidèle attachement. Général (2S) Pierre Avon Montpellier
Bonjour Christine, Comme demandé je joins la mise à jour de ma fiche pour l'Amicale. Pour mes obligations militaires, je fus simplement infirmier du rang, compte-tenu des études entreprises ; après les classes au CISS de Nantes, au service des militaires et des civils admis aux H.I.A. Desgenettes et du Val de Grâce. Je profite de la présente pour vous remercier ainsi que tous ceux qui œuvrent pour la bonne marche et la bonne ambiance de l'Amicale, notamment par l'envoi de photos et du bulletin au format très agréable et riche d'illustrations. Je vous prie de bien vouloir remercier notre Président pour ses éditoriaux bien sentis et le remarquable article sur le Traité de Versailles : une synthèse exemplaire et une source de réflexions pour nos temps. C'est mon goût pour l'histoire de France et l'histoire familiale en particulier qui, du temps inoubliable évoqué par mon père, quand tout jeune officier il entraînait la SES du 22, m'a conduit il y a déjà près de 20 ans à la rencontre du regretté chef de Bataillon Serge Fantinel dans la Somme et puis du lieutenant-colonel Liebenguth au Mont Jalla, pour y rendre hommage à nos soldats, de montage ou autres, morts pour la France. J'ai immédiatement apprécié l’extraordinaire "esprit chasseur" toujours vivace et comme le dit la devise la rencontre de personnalités très estimables. Je vous prie d'agréer, Chère Christine, mes bien amicales salutations de "sympathisant chasseur". Bernard Lions
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6. Nos peines. Hommage à Pascal Bois Vendredi 8 novembre 2019 - Crématorium de Nice. Hommage au CNE (h) Pascal Bois décédé le 4/11/2019 (à 59 ans) J’avais un camarade ! Enfant, Pascal venait régulièrement chez ses grands-parents à Villefranche-sur-Mer qui l’amenaient s’ébattre dans les jardins et les fossés de la citadelle où planait l’ombre tutélaire du 24e BCA. Jeune homme, il fit le parcours classique au sein de nos familles issues du monde combattant: PMT et PMS. Il choisit l’artillerie pour effectuer son apprentissage en qualité d’EOR, et fut à l’issue affecté comme instructeur à l’école d’application de Draguignan.
De retour à la vie civile, l’esprit de défense animant le sous-lieutenant Bois, il rejoignit ses meilleurs amis qui servaient comme instructeurs au sein de la PMT Rhin et Danube. 49
Enseigner à de jeunes garçons les rudiments de l’art militaire et en faire en un mois de jeunes soldats capables d’intégrer le peloton d’élèves gradés fut passionnant, mais pas suffisant pour l’épanouissement du chef qu’était Pascal Bois. C’est donc tout naturellement qu’il demanda à être affecté au 22e BCA qui venait d’être recréé comme unité de réserve dans son quartier historique à Saint-Jean-d’Angély. Chef de section, puis, jeune capitaine adjoint au commandant de compagnie, il connut l’évolution de nos unités de réserve en servant deux chefs de corps issus de la réserve, puis en servant sous les ordres du colonel commandant le 11e BCA de Barcelonnette. À la dissolution du bataillon il décida de quitter la réserve et de s’investir dans le monde associatif et notamment au sein de notre amicale. La maladie n’a jamais empêché Pascal de continuer à prêcher l’esprit de défense et de soutenir nos camarades engagés dans les OPEX. Quelques jours avant le dernier parcours, il rappelait à ses proches combien l’esprit de corps en général et l’esprit chasseur en particulier avaient uni notre génération en citant une anecdote, la création de la salle d’arme du bataillon à Saint-Jean-d’Angély, une aventure où tous les cadres, colonels en tête, s’étaient transformés en maçons, menuisiers, peintres, etc. « Envers et contre tous » aurait pu être notre devise. Pascal Bois a rejoint son père Alain, lui-même ancien du 22, au paradis des fils du duc d’Orléans. Il fut un de ceux que Winston Churchill qualifiait de « deux fois citoyens », un officier de réserve exemplaire. « J’avais un camarade, de meilleur il n’en est pas, dans la paix et dans la guerre nous allions comme des frères, marchant d’un même pas! » Adieu mon Pascal ! Sébastien, ton fils, et tes petits-fils peuvent être fiers de toi. CDE (H) Jean-Pierre Mangiapan
décès de Patrick Gaston Nous faisons part du décès de Patrick Gaston, fils du capitaine Gaston (2eme compagnie, commando Partisan 4 en Algérie). Son décès est survenu le 19 mars à l’âge de 70 ans. Aux familles, aux proches, nous présentons nos très sincères condoléances. 50
7. Activités. Distinctions REMISE DE LA CROIX DU COMBATTANT A GEORGES VERGES Le 11 novembre 2019, à La Colle-sur Loup (06), Georges Vergès a été mis à l’honneur dans son fief. En ce lundi matin, le temps était maussade mais la pluie a eu la gentillesse d’épargner la cérémonie patriotique qui se déroulait devant le monument aux Morts. Parfaitement organisée par Philippe Lemessier, conseiller municipal délégué aux sports, à la défense et aux anciens combattants, elle débuta devant un public nombreux par la remise de la Croix du Combattant AFN à Georges Vergès par le LCL(h) Georges Trémoulet, vice-président de l’amicale et lui-même ancien combattant d’Algérie. Le récipiendaire, domicilié de longue date à La Colle-sur-Loup, a vécu un grand moment d’émotion, entouré de son épouse Pierrette et de ses enfants William, avec sa compagne Dominique, et Valérie, tous très fiers de l’honneur qui lui est rendu.
Après avoir résumé la vie personnelle, professionnelle et militaire de Georges Vergès, le LCL Trémoulet l’a invité à le rejoindre devant le monument aux Morts. Et c’est encadré de Jacques Bonavita, portant le 51
fanion du 22e BCA et du président de l’amicale le LCL(h) Jean-Pierre Martin, qu’il a été décoré de la Croix du Combattant AFN. La cérémonie continua par la lecture de lettres de Poilus à leur famille par les enfants du conseil municipal des jeunes puis par l’énumération des noms et prénoms des collois disparus lors des différents conflits, ponctuée d’un émouvant « mort pour la France » à chaque nom...suivi des discours de Laurence Trastour-Isnart, député de la circonscription et de Jean-Bernard Mion, maire de La Colle-sur-Loup, avant le dépôt des gerbes. Les enfants des écoles, très nombreux (plus de soixante-dix), entonnèrent alors La Marseillaise et l’Hymne Européen avant que l’assistance ne soit invitée à l’apéritif offert par la municipalité. Et c’est entouré d’une quinzaine d’amis et famille que Georges Vergès prolongea « sa » journée au restaurant Pizzaroc. Gageons qu’il en gardera un souvenir inoubliable ! Georges TREMOULET
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ANDRE AVIGDOR , CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR C’est lors de la Journée des ordres nationaux organisée par la ville d’Antibes-Juan-les-Pins aux espaces du Fort-Carré le samedi 23 novembre 2019 que le colonel André Avigdor s’est vu remettre, à titre militaire, la décoration de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur par le général Alfred Morel, lui-même officier de cet ordre national. (JO du 1er novembre 2019).
Après avoir rappelé les différentes étapes de sa vie professionnelle complétée par un engagement sans faille dans le milieu militaire et associatif auprès d’associations trop nombreuses pour les citer toutes, le Général Morel épingla la médaille de chevalier de la Légion d’honneur sur la poitrine du colonel Avigdor, très ému, encadré par les deux portefanions de l’Amicale, Alain Barale avec le fanion du 22e BCA et Jacques Bonavita avec celui du 24e BCA, ainsi que par André-Claude Bélardi, président départemental de la Fédération Maginot, avec son drapeau, et par le porte-drapeau de la SMLH. Plusieurs centaines de personnes assistaient à cette cérémonie en présence de Jean Léonetti, maire d’Antibes-Juan-les-Pins, Gérald Lacoste, conseiller municipal délégué aux anciens combattants, Pierre Oliviéro, vice-président départemental de la SMLH, représentant le Général Michel-Georges Choux, François Jacquot, président départemental de l’ONM, Georges Roux, président de la SMLH d’Antibes, qui a ouvert la cérémonie avec un discours sur les origines historiques de la LH, Sylviane Léré-Saris, présidente du comité antibois de l’ONM, Roger Reix, président des Médaillés militaires d’Antibes, ainsi que de Monique Apréa, présidente départementale de l’Ordre des Palmes académiques, venue remettre lors de cette même cérémonie la médaille de chevalier à Pascal Fournier, principal du collège Fersen. 53
La présence de onze porte-drapeaux encadrant nos deux fanions rehaussait le prestige de cette cérémonie unique dans le département, et l’Orchestre d’Harmonie d’Antibes-Juan-les-pins, sous la direction de Daniel Jeangeorges en ponctua les différentes étapes.
Après le départ en cortège des drapeaux et fanions, place aux photos dans une bousculade de bon aloi avant de se retrouver autour de l’excellent buffet offert par la municipalité. Encore toutes nos félicitations au récipiendaire ! Christine TREMOULET
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FÉLICITATIONS - à Laurent Icardo: le samedi 27 avril 2019, au 27e BCA d’Annecy, où il est réserviste, le caporal-chef Laurent Icardo a été décoré de la Médaille d’or des Services Militaires Volontaires (SMV Or). C’est d’autant plus exceptionnel qu’il a été le seul en France à recevoir cette décoration au titre de l’Armée de Terre ! Toutes nos félicitations au récipiendaire, membre de notre amicale et fidèle porte-fanion. Il a aussi été promu Caporal-chef de 1ère classe (JO du 1/5/2019)
- à Fabrice Ghérardi et Laurent Icardo: deux de nos quatre porte-fanions ont été mis à l’honneur lors de la célébration des combats de la Malmaison le dimanche 20 octobre 2019 dans la citadelle de Villefranchesur-Mer. Ils ont été décorés de la Médaille d’Honneur de Porte-drapeau (avec Etoile dorée) décernée par l’ONAC des Alpes-Maritimes pour 22 ans de bons et loyaux services. A noter que le samedi 2/3/2019, lors de l’AG 2018, Alain Barale, notre 1er VP et rédacteur en chef de NNC, a également été récompensé par l’ONAC pour ses activités de porte-fanion. Félicitations à tous les trois, ainsi qu’à Jacques Bonavita qui a pu « reprendre du service » après une période très difficile pour lui suite au décès de son épouse Nicoletta le 24 janvier 2019. 55
ERRATUM Notre camarade Michel-André Place, de Chasselay dans le Rhône, nous signale une omission dans le numéro de juin de NNC, page 38. Le texte qu’il nous a adressé, nous remerciant de l’attribution de la médaille de bronze de la FNAC, n’était pas signé. C’est bien volontiers que nous apportons cette rectification en le priant de bien vouloir nous excuser.
Liste des 47 donateurs au 30 Novembre 2019 Barale A, Mme Barale F, Barre, Bastien, Bauyssonnade, Bernard Y-P, Mme Bonaldi, Bonavita J, Bonsignori, Borra, Bulcourt, Carle, Chassery, Ciceri, Corallo, Dany, de Lavareille, Duplan, Espet, Ferroud-Platet, Filaire, Florence, Guitart, Hérisson, Journaux, Lacoste, Lions, Maldamé, Matelot, Mathieu J-C, Maurizi, Metz, Morel, Mouriès, Murguet, Nigretti, Mme Péli, Pintos, Place, Rinaldi, Russo, Schuck, Mme Trémoulet C, Trémoulet G, Troupel, Veyrat-Parisien et Vouillemin, avec un complément de 205 €, ce qui donne un total de 1063 €. A ce jour il reste 16 cotisations en retard (dont 12 sur 2 ans) pour 188 cotisants.
Nouveaux amicalistes 2019 (2ème semestre) - 1908 – RODA Valérie - 1909 – MENARD René - 1910 – COTHONAY Maurice - 1911 – HAJNIK Joseph
- 1912 – SCHIELE Marc - 1913 – ROCHER Roland - 1914 – MARTY Robert
DÉMISSIONS 2019 - 1601 – BONAVITA Michel - -203 – TORITI André. Au 31/12 donc pour 2020
DÉCÈS 2019 (2ème semestre) - _924 – BOIS Pascal le 4/11 - __98 – GASTON Patrick le 19/03 (Appris seulement le 26/11)
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En cette fin d’année 2019, le Président et les membres du Conseil d’Administration vous souhaitent un joyeux Noël et une heureuse année 2020.
NUL NE CRAINS ______________________________________
Association n° W062000495 du 25/02/1958 Régie par la loi du 01/07/1901 N° Siren 522821651 Affiliée à la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs sous le n° 1905 et à la Fédération des Soldats de Montagne. Reconnue d’utilité publique et affiliée à la Fédération Nationale André Maginot sous le n° 30 Directeur de la publication : Jean-Pierre MARTIN Rédacteur en chef : Alain BARALE Réalisation technique : Jean-Paul GIABBANELLI Impression : FAC COPIES – OFFICE DOCUMENTS – Tél : 04 93 55 20 20 BULLETIN DE LIAISON DE L’AMICALE NATIONALE DU 22ème BCA ET DES TROUPES DE MONTAGNE, SIDI-BRAHIM DE CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER Siège social : Maison du Combattant 36 bis boulevard Risso 06300 NICE