Bien Dans Ma Ville

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Bien dans ma ville!


Women in Cities International Femmes et villes international Mujeres y ciudades international

Auteur : Femmes et villes international Développement et rédaction : Emmanuelle Paris-Cohen,

Simone Lucas et Marisa Canuto 6465, avenue Durocher, suite 309 Montréal, Québec ; Canada H2V 3Z1 Téléphone/Télécopieur : (+1) 514.861.6123 www.femmesetvilles.org © Bien dans ma ville ! Document protégé par la loi sur le droit d’auteurs

Avec la contribution de : Caroline Andrew, les filles de F.A.C.E

(Rebecca, Anaïs G. et Anaïs L., Olga, Alexandra, Virginie et Dania), Marie-Hélène Cigna et Marie-Marthe Cousineau, Anne-Marie Nolet, Kathryn Travers, Margaret Shaw et Fran Klodawsky Résumés des activités en annexe développés par Marie-Hélène Cigna Révision de l’édition française : Marie-Hélène Harvey,

© Women in Cities International Femmes et villes international Mujeres y ciudades international, Montréal, 2013 Tous droits réservés Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2013 Dépôt légal – Bibliothèques et Archives Canada, 2013 ISBN 978-0-9919581-0-8 English copy available upon request Cette publication est accessible en ligne sur le site :

www.femmesetvilles.org

Sabrina Ouellet et Florence Rochery Photos : Fanie St-Michel de Conscience Urbaine et Femmes et villes international Illustrations : Alexandra, Virginie, Dania et Rébecca Graphisme et impression : Valna Inc. (www.valna.ca)

Ce projet a été réalisé avec l’appui financier de Condition Féminine Canada. Les opinions exprimées dans ce document ne correspondent pas nécessairement à la politique officielle de Condition Féminine Canada Et bien sûr, un immense MERCI aux participantes du projet, incluant celles ayant été interviewées et dont les citations se trouvent dans cette publication.

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Remerciements C’est avec grand plaisir que Femmes et villes international vous présente sa dernière publication sur le projet Bien dans ma ville !, développé auprès de jeunes Montréalaises et Montréalais entre 2011 et 2013. Ce projet qui a été mené par ces jeunes participantes n’aurait pas été possible autrement ! Un gros merci, donc, aux 33 jeunes ayant participé, pour votre enthousiasme, votre créativité et votre engagement. Le projet n’aurait pas non plus pu être réalisé sans le soutien généreux de notre bailleur de fonds, Condition Féminine Canada – Merci pour votre support et engagement continu envers notre organisation. Nous aimerions aussi remercier tous les membres du Conseil consultatif qui ont contribué par leur savoir, leur expérience et leur soutien au développement du projet : Portia Larlee (Radio CKUT), Katherine Hébert-Metthé, Brigitte Chrétien, Yasmina El Barbati Jimenez (Table de concertation jeunesse Côte-des-Neiges et Tandem NDG), Jade Goldfarb (YWCA de Montréal), Karine Chayer (Association des femmes handicapées de Montréal), Dr. Steven Edwards (Student Leadership – iLead 21), Sara Ortiz Escalante (Propia Consultores), Maya Rolbin-Ghanie et Bianca Mugyenyi (2110 Centre for Gender Advocacy), Linda Laushway (Salt Spring Women Opposed to Violence and Abuse), Arwen Flemming (projet Digital Literacy), Liz Miller (Cartographie des souvenirs), Ashanti Rosado (Centre Inter-bande des Jeunes), Jessica Blair (Sexual Assault Centre of the McGill Students' Society), Jenn Gorham (Fredericton Sexual Assault Crisis Centre), Dana LeonGuerrero (Sexualization Protest: Action, Resistance, Knowledge), et Gavin Sheppard (projet Remix). Merci aux écoles F.A.C.E (Formation Artistique au Cœur de l'Éducation), Saint-LaurentEdifice Cardinal, et Saint-Luc. Merci aux personnes et organismes qui nous ont généreusement donné de leur temps et de leur expertise pour le développement de ce projet : les animateurs du YMCA du Parc, du YMCA Hochelaga-Maisonneuve et de la Maison des jeunes Côte-des Neiges et Jeunesse 2000 NDG, Nantali Ndongo, Olivier Tsai, Jonathan Lesage-Cotnoir, Emily Koehler-Lemaire, Michael O'Shea, Anuradha Dugal, Trisha Taneja, Nicholas Bautista Beauchesne et Karine Projean. Un

gros merci à nos admirables consultantes ayant contribué au développement et à l’animation d’activités sur l’urbanisme et les projets citoyens, sur l’utilisation des outils médiatiques, la photographie, les films, la poésie, le slam et les arts de la scène : Olivier Lapierre, Fanie St-Michel (de l’organisme Conscience urbaine), Simone Lucas, Berekhya Yergeau, Farah Fancy et Daniela Pinna (du groupe Herencias). Merci à Vanessa Mercier pour son enthousiasme et pour nous avoir donné si généreusement de son temps et de la place pour animer un atelier dans le cadre du programme d’intégration des jeunes du YMCA Hochelaga-Maisonneuve. Merci à Charlotte Thibault (de l’École nationale d’administration publique) pour son support quant à la réalisation de l’analyse comparative entre les sexes. Merci à Marie-Marthe Cousineau, Anne-Marie Nolet, MarieHélène Cigna et Sarah Cissé pour la réalisation de l’évaluation de Bien dans ma ville ! Merci aux nombreux organismes et leurs représentants qui nous ont aidés en partageant leurs outils et leur expérience, en nous offrant des formations et de l’espace pour que les jeunes puissent présenter leurs oeuvres à la communauté montréalais : Merci à la Fondation filles d’action et Karine-Myrgianie Jean-François, à la Société des commerçants du Village et Bernard Plante, à Équitas – Centre international d’éducation aux droits humains, Ruth Morrisson et Élise Voyer, à la Maison Benoît Labre, à Action Femmes Handicapées (Montréal), Karine Chayer, Laure Pérès et Selma Kouidri, le Conseil Jeunesse de Montréal, LOVE Québec (Leave Out Violence), Olivier Tsai et Léa Kabiljo, le YWCA de Montréal, Aimee Louw, et le Comité QPIRG de l’Université Concordia. Un très gros merci à Jacques Archambault, animateur, et Louise Blanchette, professeur d’éthique de l’école secondaire F.A.C.E, Christine Noël, éducatrice spécialisée à l’école Saint-LaurentEdifice Cardinal et Sylvie Tardif, professeur d’éthique à l’école secondaire Saint-Luc pour nous avoir aidés à rencontrer leurs élèves et à faire du projet une réalité. Et bien entendu, un gros merci aux filles de F.A.C.E pour leur contribution à cette publication, Anaïs G. et Anaïs L., Dania, Olga, Alexandra, Rebecca et Virgine !

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INTRODUCTION ..................................................................................................................................7 Les projets modèles : Impliquer les jeunes dans la prévention de la violence faite aux filles et aux femmes ...................7 Les ateliers ........................................................................................................................................8 Les marches exploratoires pour la sécurité des femmes ...................................................................................9 Utilisation d’outils médiatiques et engagement des jeunes .............................................................................12 La formation en animation et leadership ...................................................................................................13 Chronologie du projet ..........................................................................................................................14 BIEN DANS MA VILLE ! À L’ÉCOLE SECONDAIRE F.A.C.E ............................................................................16 La boite nomade ................................................................................................................................20 D’une jeune à l’autre: Mettre ses aptitudes de leadership en pratique ................................................................23

BIEN DANS MA VILLE ! À L’ÉCOLE SAINT-LAURENT – EDIFICE CARDINAL .....................................................25 Le magazine .....................................................................................................................................27 Faire passer le message en reprenant sa place ............................................................................................29

BIEN DANS MA VILLE ! À L’ÉCOLE SECONDAIRE SAINT-LUC .......................................................................31 BIEN DANS MA VILLE ! ET LE PROGRAMME D’INTÉGRATION JEUNESSE ........................................................35 PARTENARIATS ET PARTICIPATION : OBSTACLES, RÉUSSITES ET LEÇONS APPRISES ........................................37 CONCLUSION ET PISTES POUR LE FUTUR................................................................................................41 ANNEXE : DESCRIPTION DES ATELIERS ..................................................................................................43

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Introduction Les projets modèles : la prévention ns da es un je s le r ue iq pl Im lles et aux femmes fi x au e it fa ce en ol vi de la En 2011, Femmes et villes international (FVI) a obtenu des fonds de Condition Féminine Canada (CFC) pour la mise en œuvre d’un projet pilote sur le thème « Impliquer les jeunes dans la prévention de la violence faite aux filles et aux femmes ». Cette publication rend compte du développement du projet Bien dans ma ville !. Entre 2011 et 2013, ce projet a été implanté dans trois écoles montréalaises, les écoles secondaires F.A.C.E et Saint-Luc ainsi que l’école Saint-Laurent-Edifice Cardinal, auprès de filles et de garçons âgés de 13 à 17 ans. Le projet a été évalué en continue par une équipe de consultantes externes de l’Université de Montréal, en utilisant une technique d’évaluation participative. Cette publication se veut un récit détaillé du projet, afin de partager les connaissances et l’expérience acquises lors de son développement avec tout individu, organisation, ou institution qui souhaiterait enrichir ou amorcer leur propre projet jeunesse. L’objectif de ce projet était de soutenir les jeunes dans l’identification des problématiques liées au sentiment de sécurité et d’inclusion des jeunes filles dans leur communauté, de les soutenir dans la création de leur propre projet destiné à engager et sensibiliser d’autres jeunes, tout en acquérant confiance en elles et en développant leurs aptitudes de leadership. Ce projet a permis aux participantes1 de faire entendre leur voix et de valider leurs expertises en tant qu’utilisatrices de l’espace public, de partager leurs idées et leurs opinions, afin de planifier des villes plus sûres et inclusives pour les filles et les jeunes en général. La première phase du projet était composée d’une série d’ateliers, incluant des marches exploratoires pour la sécurité des femmes, des discussions de groupe thématiques, la formation des jeunes en animation et en leadership et l’utilisation d’outils médiatiques. À partir du savoir et des aptitudes acquis, les participantes ont pu développer plusieurs interventions de sensibilisations afin d’engager d’autres jeunes et partager leurs connaissances. À la toute fin du projet, FVI a aussi pu compter sur l’expérience et le développement d’outils auprès des trois groupes principaux pour organiser un dernier atelier intensif en partenariat avec le Programme d’intégration jeunesse du YMCA Hochelaga-Maisonneuve. Cette publication se conclut sur les leçons apprises et l’impact du projet, incluant les principaux obstacles, réussites, leçons apprises, et pistes pour le futur. 1

Le féminin est utilisé afin d’alléger le texte.

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Les ateliers L’objectif de la première phase d’ateliers réalisés dans le cadre de Bien dans ma ville ! était de présenter différents concepts, outils et méthodes aux participantes. Ces ateliers ont été adaptés aux besoins identifiés, à la réalité et aux différentes thématiques importantes pour chacun des groupes. Par exemple, en fonction des thèmes identifiés et des intérêts des jeunes, FVI a développé des activités servant à fournir plus d’informations sur ces sujets, que ce soit l’urbanisme, le profilage racial ou encore l’itinérance. À travers les discussions de groupe thématiques, un espace sécuritaire a été créé afin de permettre aux participantes de dialoguer et de s’exprimer librement à propos de ce qui leur tient à cœur. Des exercices plus créatifs ont également été développés afin de permettre aux jeunes d’imaginer et de donner leur point de vue sur le développement de villes idéales, en s’inspirant des besoins identifiés dans leurs communautés. Le projet a permis à chaque groupe de développer sa propre approche, afin d’arriver à une vision qui leur corresponde. Par exemple, des activités d’arts plastiques ont permis à certains groupes d’imaginer à quoi ressemblerait leur ville parfaite, alors que d’autres ont inventé et présenté des sketchs illustrant l’intimidation entre jeunes ou encore l’homophobie. Malgré l’adaptation des activités en fonction des groupes, trois catégories principales ont servi de fil conducteur à l’ensemble du projet Bien dans ma ville ! et ont été réalisées auprès de chaque école. Ces trois catégories d’activités, les marches exploratoires pour la sécurité des femmes, l’engagement des jeunes grâce à l’utilisation d’outils médiatiques et la formation en animation et en leadership, seront détaillées dans la section suivante.

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s Les marches exploratoire es pour la sécurité des femm L’OUTIL ORIGINAL ET SON ADAPTATION Origines Les marches exploratoires sur la sécurité des femmes ont été développées par le Metropolitan Action Committee on Public Violence Against Women and Children (METRAC) à Toronto au Canada, en 1989. À Montréal en 1993, le programme Femmes et ville de la Ville de Montréal a publié un guide d’enquête sur la sécurité des femmes. Celui-ci utilise une liste de principes d’aménagement urbain sécuritaire du point de vue des femmes, ce qui sert aux participantes d’outil pour évaluer leur environnement pendant les marches. L’outil des marches exploratoires est polyvalent. Celui-ci peut servir en premier lieu à évaluer le sentiment de sécurité des citadines et citadins par l’identification des éléments insécurisants et sécurisants dans un quartier afin d’établir un diagnostic de ce dernier. Les observations réalisées à partir du diagnostic peuvent servir à des fins de lobbying auprès des gouvernements, pour former des partenariats et pour obtenir des changements à l’espace urbain. Dans le cadre du projet Bien dans ma ville !, les marches ont servi à la fois à sensibiliser les participantes à leur environnement et à l’impact que peuvent avoir certains aspects de l’espace urbain sur leurs expériences quotidiennes. Elles ont aussi servi à développer leurs aptitudes en leadership, en les encourageant à imaginer des solutions aux problèmes identifiés, à s’organiser, en espérant pouvoir un jour mener leurs propres marches exploratoires.

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Première étape : La cartographie comme outil d’identification du parcours de la marche Des ateliers de cartographie subjective ont permis aux jeunes d’entamer une réflexion sur leur environnement, de colliger des données importantes sur le sentiment de sécurité et d’inclusion des jeunes dans leurs quartiers et d’identifier le lieu insécurisant à explorer lors des marches exploratoires. La cartographie subjective est un outil participatif permettant aux participantes de représenter leur quartier de manière visuelle en utilisant des matériaux ou techniques artistiques. Dans le cadre de Bien dans ma ville !, Les jeunes ont dessiné leurs routes quotidiennes, les lieux fréquentés ou évités, leurs expériences urbaines marquantes, leurs activités préférées, etc. À partir du résultat, le lieu le plus souvent évité était choisi pour la marche, après validation par l’ensemble des étudiantes. L’utilisation de la cartographie subjective comme approche pour délimiter la marche exploratoire et les thématiques importantes aux yeux des jeunes dans leurs quartiers est une première pour FVI. Cette innovation représente l’une des contributions les plus notables de l’initiative Bien dans ma ville ! au développement d’une méthodologie pour l’utilisation des marches exploratoires avec un public adolescent.

Pendant les marches Selon la méthode originale des marches exploratoires pour la sécurité des femmes, les participantes prennent des notes à l’aide d’une grille et d’un aide-mémoire sur les principes d’aménagement sécuritaire, elles photographient les problèmes et les bons coups observés et mènent la marche à l’aide d’une carte. Dans le contexte de Bien dans ma ville !, étant donné que les marches étaient avant tout utilisées comme un outil de sensibilisation et d’augmentation des capacités, les animatrices de FVI ont réalisé que la prise de notes n’était pas toujours nécessaire. Au cours des premières marches, certaines participantes appréciaient cette tâche et les résultats ont servi à alimenter les discussions suivantes. Par la suite, certains groupes se sont plutôt concentrés sur la prise de photos pour s’en servir comme points de repère. Il importait surtout d’être à l’écoute de son groupe et d’encourager toutes les étudiantes à adapter leurs méthodes et processus.

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Après la marche Immédiatement après la marche, une liste de problèmes observés et de solutions imaginées ou envisagées par les participantes a été dressée, en prenant soin de localiser géographiquement le problème (adresse, rue, etc.) et en identifiant vers qui se diriger pour une éventuelle solution. Selon la méthode originale, d’autres rencontres ont ensuite été programmées pour faire le point sur la marche exploratoire, formuler des recommandations et élaborer un plan d’action afin d’établir divers partenariats. Les partenariats peuvent être créés avec la municipalité, la société de transport, les commerçants, les résidents du quartier, etc. Habituellement, des partenariats sont mis en place avant la marche exploratoire et ces personnes sont invitées à participer au projet pour observer l’analyse et la démarche des participantes. Par la suite, les recommandations sont envoyées aux instances concernées et les femmes assurent le suivi, organisent des rencontres et diffusent l’information sur leurs démarches2 . Afin d’adapter l’outil aux besoins du projet, la formation de partenariats et le suivi de la mise en place de solutions se sont concentrés sur la sensibilisation, l’engagement communautaire et le développement des compétences. Selon l’approche traditionnelle des marches exploratoires, la formation de partenariats vise à changer l’infrastructure qui cause l’insécurité urbaine du point de vue des femmes, d’où l’importance des contacts réalisés avec les autorités municipales, par exemple. Dans le cas de Bien dans ma ville !, l’objectif était de sensibiliser d’autres jeunes ainsi que la communauté montréalaise aux enjeux identifiés par les participantes et à l’impact du manque de sécurité, de la violence, ou encore du manque d’inclusion auxquels les jeunes font F.A.C.E dans l’espace public. Les partenariats étaient donc formés principalement avec d’autres organismes communautaires et acteurs du milieu. La formation de partenariats a également été poursuivie lorsque les participantes exprimaient un intérêt particulier pour une rencontre. Par exemple, un partenariat avec la Maison Benoit Labre a été réalisé afin de permettre aux jeunes femmes de F.A.C.E de participer à un déjeunercauserie avec des personnes ayant été sans-abris. Quant aux solutions imaginées par les jeunes à la suite des marches exploratoires, elles ont permis d’alimenter le développement de leurs interventions de sensibilisation auprès de leurs pairs et de leur communauté, que ce soit sous la forme d’une boite nomade arborant un montage photo sur diverses problématiques urbaines, un magazine ou encore une performance dans leur école. Les partenariats communautaires formés ont ensuite permis aux participantes de joindre d’autres jeunes plus facilement et de diffuser leur message le plus largement possible. 2

Voir Ensemble pour la sécurité des femmes, FVI, 2010, pour plus d’information sur les marches exploratoires pour la sécurité des femmes.

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Dans un monde où tout se passe si vite et où il y a tant de choses à faire, s’engager dans un nouveau projet surtout lorsqu’on doit le mener nous-mêmes, ce n’est pas toujours évident ! C’est pour cela que l’utilisation des arts médiatiques était un des aspects importants de Bien dans ma ville ! Peu importe le choix du médium, que ce soit la photo, le théâtre, la vidéo ou encore le slam, en autant que ce choix venait des jeunes elles-mêmes. L’utilisation créative de ces outils est un excellent moyen d’inciter les jeunes à s’impliquer dans un projet et dans leur communauté : c’est l'occasion pour elles de s’exprimer avec des moyens différents de ceux mis à leur disposition dans le système scolaire traditionnel. Par exemple, l’utilisation de la photographie lors des marches exploratoires pouvait servir comme moyen alternatif d’expression pour permettre aux filles de s’exprimer à propos de leur environnement. C’est aussi un très bon moyen de diffuser leur message dans leur milieu et auprès d’autres jeunes ! Les prochaines sections de ce document mettront en lumière les outils complémentaires utilisés pour permettre de développer les capacités des filles et les soutenir dans leurs rôles de leadership.

« Des fois c’était dur, rester à l’école tard, même si c’était toujours amusant et original, mais aussi, on savait pas toujours à quoi s’attendre... il y avait une sorte de mystère autour des activités qui fait qu’on avait envie d’aller voir ce que ce serait... » Participante, 15 ans.

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n et leadership La formation en animatio

Intégration du leadership dans les activités Parmi les objectifs de Bien dans ma ville !, les participantes devaient être en mesure d’engager d’autres jeunes à la fois directement dans le cadre d’activités et d’animations et, indirectement, à travers leur projet de sensibilisation. Pour atteindre cet objectif, tous les ateliers développés par FVI ont mis l’accent sur l’intégration des connaissances avec l’action, afin de promouvoir l’esprit d’initiative et de leadership des jeunes. Ces derniers ont pu mettre en pratique leurs apprentissages au fur et à mesure de la progression du projet, que ce soit par le biais de l’organisation de marches exploratoires, la conception d’interventions utilisant un outil médiatique ou encore via l’animation d’activités auprès d’autres jeunes.

Formation ciblée Un partenariat avec l’organisme Leave Out Violence (LOVE) Québec a été conclu afin d’offrir une formation aux participantes pendant le projet. Le but de cette formation était d’outiller concrètement les jeunes afin qu’elles soient à leur tour en mesure d’animer des activités et de mener leurs propres initiatives. Répartie sur une journée, cette formation a tout d’abord permis aux jeunes de s’exprimer de façon créative via la photographie ainsi qu’à travers des mises en situation. À la fin de la journée, les filles et garçons ayant

« J’ai beaucoup aimé la formation avec LOVE, ça m’a appris comment parler devant un public, animer des ateliers, utiliser des techniques pour briser les silences et faire face aux malaises... Maintenant, je reconnais quand mes profs utilisent cette astuce ! » Participante, 16 ans.

participé ont animé leurs propres activités, tout en pratiquant plusieurs techniques de médiation pour captiver l’attention et engager d’autres jeunes en usant de leur leadership Ces aptitudes ont été sollicitées tout au long du projet, que ce soit à travers les marches exploratoires dans leur communauté ou leur choix de projets médiatiques, et elles serviront aux jeunes tout au long de leur vie. Une chronologie complète du projet Bien dans ma ville ! sera présentée dans la section suivante, et une description détaillée des activités réalisées lors des ateliers figurent en annexe. Plus loin dans cette publication, les activités entreprises par chaque groupe seront décrites, et l’impact que le projet a pu avoir sur les participantes et les communautés impliquées sera mis en lumière.

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ChROnOLOgIE Du PROJEt Présentation du projet à F.A.C.E

Première marche exploratoire avec les filles de F.A.C.E

Conception du projet des filles de F.A.C.E

Finalisation des montages photos

Formation en animation et leadership Production d’une vidéo pour la journée nationale d’action de la Fondation filles d’action

Animation d’un atelier au camp de jour Splash d’Été pour les filles du YWCA

Boite terminée !

Déjeuner-causerie avec des anciens sans-abris sur la sécurité et l’inclusion

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Le tout premier atelier !

Évaluation des besoins, analyses comparatives entre les sexes et identification des priorités des filles Et... Action !


Journées de la culture

2012-2013 Murale de F.A.C.E terminée

Marches exploratoires avec les écoles SaintLaurent-Edifice Cardinal et Saint-Luc

Premiers ateliers avec Saint-LaurentEdifice Cardinal – et Saint-Luc

Production du magazine « Pourquoi les femmes ? »

Intervention slam à Saint-Luc

Lancement du magazine « Pourquoi les femmes ? »

Fête de clôture !

Semaine du civisme à Saint-Luc

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! E L L I V A M S n A D n BIE E . C . A . F E R I A D n O C E S E L À L’ÉCO « On n’a pas assez de pouvoir pour vraiment changer le monde, mais quand on voit quelque chose d’injuste dans la rue, on aimerait bien être la fille du président pour faire quelque chose... C’est dur, vraiment dur. Mais à plusieurs, là ça change ! »

Les projets de développement urbain, à Montréal et ailleurs, abondent. Hélas, il est bien rare que les jeunes, particulièrement les filles, soient consultées. Pourtant, les adolescentes de divers milieux ont une expérience unique de l’espace public urbain. En effet, il leur faut jongler entre l’envie de découvrir la ville, d'en profiter, d’assurer leur sécurité sans la surveillance d’adultes et de négocier leur présence dans leur quartier face aux autres habitants qui, souvent, continuent de penser que « les ados, c’est synonyme de trouble ! »

C’est dans ce contexte que nous avons fait la connaissance de nos douze premières recrues, les filles de l’école F.A.C.E, qui ont participé aux deux années du projet Bien dans ma ville ! Au fil des mois, les filles ont participé à un grand nombre d’activités, incluant des exercices de cartographie subjective, le développement d’un questionnaire distribué à leurs camarades pour évaluer leurs besoins de sécurité et d’inclusion à Montréal et, aussi, plusieurs marches exploratoires dans les quartiers qu’elles fréquentent quotidiennement. Participante, 16 ans

À travers la conduite des marches pour la sécurité des femmes, les filles ont identifié plusieurs problématiques affectant leur sentiment de sécurité ou leur manque d’inclusion à différents endroits du centre-ville, notamment le manque d’entretien et la fréquentation des lieux. Que ce soit l’absence totale de poubelles aux alentours de leur école ou, encore, l’état précaire des trottoirs pouvant transformer la marche à Montréal en sport extrême, les filles ont acquis une plus grande sensibilité face à l’environnement urbain dans lequel elles évoluent. Elles ont alors amorcé leur réflexion sur les différentes façons dont une ville peut devenir plus accueillante afin de mieux répondre à leurs besoins. Cette réflexion a mené à une série d’interventions à partir desquelles les filles ont eu à choisir certaines thématiques prioritaires, dont l’itinérance, la protection de l’environnement et le droit à la ville.

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Une vidéo-témoignage sur la participation des filles est également disponible au lien suivant : www.youtube.com/femmesetvilles


Les premières interventions Leurs premières interventions ont été planifiées et menées dans le contexte de la Journée nationale de la Fondation canadienne Filles d’action. Tous les 14 février, au lieu de célébrer la Saint-Valentin, la Fondation célèbre les jeunes femmes à travers le pays qui s’engagent dans des initiatives pour changer le monde. Pour l’occasion, une lettre d’amour collective aux filles canadiennes est compilée et une série d’actions communautaires, menées par des groupes de jeunes filles et de femmes, se déroulent à travers le pays. En 2012, les filles de F.A.C.E ont proposé une journée remplie d’activités qui a été soutenue par la Fondation.

Le Vox Pop En l’honneur de nos jeunes activistes canadiennes, les filles de F.A.C.E ont participé à la lettre d’amour collective avec leur premier projet de sensibilisation médiatique : une vidéo Vox Pop engagée et engageante, réalisée grâce au soutien de l’artiste Fanie St-Michel, directrice de l’organisme montréalais Conscience urbaine. La vidéo est disponible sur le lien suivant : www.youtube.com/femmesetvilles. Ce Vox Pop, où l’on voit les jeunes femmes montrer à la caméra un mot représentant

la raison de leur engagement, constituait le premier lien entre leurs nouvelles connaissances et le développement d’une intervention de sensibilisation réalisée grâce aux outils médiatiques.

Démystifier l’itinérance Grâce aux marches exploratoires, les filles de F.A.C.E avaient identifié l’itinérance comme un facteur d’insécurité dans leurs déplacements au centre-ville de Montréal. Une rencontre a alors été planifiée avec des personnes ayant déjà vécu dans la rue, à qui les filles pouvaient poser toutes leurs questions et, ainsi, en apprendre plus sur la réalité et le vécu de l’itinérance. Grâce au partenariat existant entre FVI et l’organisme Action femmes handicapées (Montréal)3, un nouveau partenariat a pu être formé avec la Maison Benoit Labre. Cet organisme à but non lucratif fournit un toit et des services essentiels aux sans-abris du centre-ville et organise des déjeuners-causeries pour sensibiliser la population aux questions de l’itinérance et de la pauvreté à Montréal. À la suite de cette rencontre, les jeunes femmes de F.A.C.E ont appris notamment que les sans-abris sont également victimes d’insécurité, de discrimination et de harcèlement, tout comme les adolescentes. 3

Voir sur le site internet de Femmes et villes international le projet Ensemble pour la sécurité des femmes, Créer des communautés plus sécuritaires pour les femmes marginalisées et pour toute la communauté.

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Une nouvelle marche exploratoire La participation des filles à la Journée nationale d’action Édition 2012 s’est terminée par une marche exploratoire le long du boulevard de Maisonneuve, du parc Émilie-Gamelin et de la rue Sainte Catherine, jusqu’à la station de métro Beaudry, un autre quartier que les filles avaient identifié comme étant insécurisant pour elles : des recoins sombres pouvant servir de cachette, en passant par un parc rempli d’animations éphémères mais rendues inaccessibles en hiver, jusqu’aux citations inspirantes accrochées aux lampadaires, rien ne leur a échappé! Notre première cohorte de participantes s’est servie de ses observations lors des premières marches exploratoires, des ateliers thématiques précédents et de cette journée nationale d’action chargée, pour élaborer son projet médiatique final... La boite nomade !

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La boite nomade De la théorie vers l’action ! Dans le but de faire le pont entre la théorie et l’action, le jeune et dynamique Olivier Lapierre, designer urbain montréalais, est venu partager son expérience avec les participantes. Par le passé, Olivier avait lui-même organisé plusieurs projets pour se réapproprier l’espace public, toujours de façon amusante et de manière concertée. Cet atelier a été le premier à faire le pas entre les problématiques identifiées par les filles lors des marches exploratoires et la conception de solutions. Dans le cas de Bien dans ma ville !, la solution passait par la sensibilisation et, donc, par le biais de projets créatifs réalisés par les jeunes grâce aux outils médiatiques à notre disposition. Les filles ont commencé leur processus de création en imaginant une idée pour Montréal, les outils nécessaires, les acteurs concernés et en dessinant leur plan. En passant par des murales, jusqu’à un système lumineux de points cardinaux pour se repérer et envoyer des faisceaux lumineux, les filles ont finalement décidé de créer une installation mobile avec montage photographique qui permettrait à tout visiteur de « rentrer dans leur univers ». Elles ont voulu parler d’écologie, d’inclusion, de craintes et d’éclairage. Sur ce, elles sont parties en production, accompagnées, encore une fois, de Fanie St-Michel de Conscience urbaine. Les filles se sont réapproprié l’espace public, ont réclamé leur droit de flâner, d’être elles-mêmes et de s’amuser en sécurité à Montréal, en jouant de la musique, en utilisant des chaises pliantes ou en faisant un pique-nique. Elles ont tourné et photographié des scènes pour illustrer leur vision d’une ville plus juste et sécuritaire, où se mêleraient justice sociale, respect de l’environnement, espaces de jeux, mixité d’utilisateurs et mobilier urbain accessible. Les montages de photos réalisés à partir de ces activités ont ensuite été utilisés pour illustrer leur projet de sensibilisation communautaire, la « boite nomade ».

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Sensibilisation communautaire La boite nomade, fidèle à son nom, s’est ensuite beaucoup promenée, malgré sa forme hexagonale de 6×6 pieds en coroplast, (pas super léger le coroplast !). Son premier stop a été à l’école F.A.C.E, où les filles l’ont présentée à leurs camarades dans le cadre de leur cours d’éthique. Elle a fait son chemin jusqu’à la bibliothèque interculturelle Côte-des-Neiges pour un après-midi vernissage qui a accueilli les artistes et leurs familles et elle a ensuite fait quelques apparitions lors de la foire commerciale du Village dans le cadre de l’évènement Aires Libres en juillet et août 2012. Plusieurs photos proviennent justement de la marche exploratoire pour la sécurité des filles réalisée sur cette partie de la rue Sainte-Catherine Est, ce qui a permis aux filles de « boucler la boucle » et d’exposer leurs idées à l’endroit qui les avait inspirées. Nous avons aimé l’attention suscitée, mais nous avons aussi déduit que la boite ne résistait pas aux coups de vent… La boite nomade a fait une autre sortie pour la Journée des bons voisins organisée par Ruepublique dans le quartier du Mile-End : pour célébrer la Semaine sans auto, un espace de stationnement a été transformé en mini-parc où la boite fut exposée, attirant l’attention de parents et de leurs enfants. Le 11 octobre 2012 a été marqué par la Première journée internationale des filles. En cette occasion, le Y des femmes à Montréal a organisé une exposition sur la réalité des filles à travers le monde et les nombreuses initiatives que ces jeunes mettent en place dans leur communauté pour les rendre plus accueillantes, égalitaires et sécuritaires. La boite itinérante des filles de F.A.C.E y a donc fait bonne figure ! Finalement, le 11 novembre 2012, les filles de F.A.C.E et leur boite itinérante ont aussi été aperçues au vernissage de l’expo Art en Action ! organisée par GRIP Concordia à l’université, une exposition d’œuvres d’art utilisant différents médiums et portant sur la justice sociale et environnementale.

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*Miland = Mile End


Animation dans un camp d’été

D’une jeune a l’autre: mettre ses aptitudes de leadership en pratique

Notre petit groupe de jeunes filles est passé de spectatrice à conceptrice, puis animatrice ! Suite à leur formation, les participantes ont pu mettre en pratique leurs apprentissages en animant une journée entière d’activités dans le cadre du camp de jour Splash d’Été pour filles, organisé par le Y des femmes de Montréal. Le camp, conçu pour les filles de 10 à 14 ans, comportait un programme d’activités axées sur le développement de leur leadership et leur confiance en soi. De plus, l’objectif était de prévenir toutes formes de violence affectant la vie des filles, à travers l’offre d’activités artistiques, de danse et de sports, ainsi que des ateliers de production de courtes vidéos, de documentaires et de musique.

« Ce que j’ai préféré? Les marches avec les gens pendant les Journées de la culture. Parler à des gens du quartier pour leur demander leur avis, des gens que ça touche personnellement (la situation d’accès sécuritaire à la voix ferrée et les obstacles créés dans les quartiers de Rosemont et du Plateau, en particulier pour les femmes) ça, j’ai aimé ça. C’est bien de voir qu’il y a des gens engagés dans le quartier, c’est encourageant ! » Participante, 16 ans

Un des thèmes abordés lors des activités portait sur la sécurité des filles. C’est dans ce cadre que les jeunes mentors de F.A.C.E ont préparé deux journées, en juillet et en août 2012, pour initier les campeuses à différents enjeux de sécurité urbaine par le biais d’activités de dessins, de marches et de photo. Par exemple, les dessins résultant d’observations réalisées lors d’une marche exploratoire du quartier auraient eu de quoi faire pâlir d’envie Alice au Pays des merveilles ! Les filles ont aussi mené une activité d’embellissement de l’espace public, toute simple mais efficace ! Tout ce qu’il fallait : de la craie multicolore, du goudron gris et maussade et 15 filles adeptes du dessin. L’art éphémère et le jeu sont des manières pour les jeunes de faire leur marque dans la ville, de signaler que l’espace en question est accueillant pour tout le monde. Quiconque les aurait vues, aurait pu constater que les jeunes occupent le lieu par leur présence, que des enfants jouent ici et que les familles sont les bienvenues. Pour les jeunes femmes de F.A.C.E, cela peut contribuer de manière importante à leur sentiment de sécurité.

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Passer le flambeau : la murale de F.A.C.E De leur propre initiative, les filles ont décidé de clore leur participation à Bien dans ma ville ! avec une dernière oeuvre. Lors de leur initiation aux principes d’urbanisme, de projets citoyens et d’art public pour rendre les villes plus conviviales et sécuritaires, le concept de murale avait retenu leur attention. Une belle murale a le don de rendre un endroit banal et laid plus invitant, ce qui attirera plus de gens et donc rendra ce lieu plus sécuritaire.

Les Journées de la culture de Montréal En partenariat avec Conscience urbaine, les filles ont animé deux ateliers lors des Journées de la culture 2012. Elles ont mené une marche exploratoire autour de problématiques qu’elles avaient identifiées : la sécurité et l’accessibilité, dans la zone autour de la voie ferrée qui rend les déplacements entre l’arrondissent PlateauMont-Royal et Rosemont bien compliqués, en particulier pour les femmes et les filles. Cette activité a attiré un public très hétéroclite, incluant des urbanistes, paysagistes, étudiantes, une maman et sa poussette, une ainée et un représentant de l’organisme Tandem, le programme montréalais de soutien à l'action citoyenne pour la prévention du crime dans les arrondissements.

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Lors des marches, les filles ont pu partager leurs connaissances et expériences sur l’influence de l’environnement urbain sur leurs déplacements, les obstacles potentiels à leur participation à la vie urbaine, leur sentiment de sécurité et d’inclusion. Ce fut en même temps l’occasion d’échanger avec les participants étant donné les expertises variées existant au sein du groupe. Nos jeunes leaders ont aussi pris des photos pour illustrer les recommandations des participantes et participants. Leurs photos ont été récupérées par l’organisme Conscience urbaine pour créer un dossier à présenter aux élus concernés et faire de notre voie ferrée montréalaise une partie du mobilier urbain agréable et non contraignante.

C’est ainsi qu’elles ont identifié un endroit dans leur école qu’elles évitaient (le Bistrot étudiant). Les filles ont organisé de nombreuses réunions de planification, de conception et d’organisation du Comité Murale, ont persuadé l’administration de leur céder un mur. Les filles ont réfléchi à l’héritage qu’elles voulaient laisser de leur passage et transmettre aux prochaines générations à F.A.C.E. Finalement, elles ont décidé de peindre des citations pour inspirer d’autres jeunes à s’épanouir et à devenir elles-mêmes des leaders. Elles ont baptisé leur murale « la fontaine des mots ».

De Françoise Sagan en passant par Maya Angelou et Janis Joplin, les filles ont aussi illustré les propos de grandes dames (et grands hommes !) qui les font vibrer. C’est la fin du projet, mais le début de leur engagement communautaire, nous en sommes certaines ! Leur projet de murale a été retenu comme action communautaire et donc soutenue par la Fondation filles d’action pour l’édition 2013 de la Journée nationale d’action.


BIEn DAnS MA VILLE ! – t n E R u A L t n I A S E L O À L’ÉC EDIFICE CARDInAL

« tout le projet qu’on a fait y’avait toujours quelque chose de spécial. À un moment donné, on devait dessiner notre ville, comme ce qu’on n'aimait pas, les points qu’on aimait, les points qu’on aimerait améliorer pis à moment donné on a créé notre ville, village parfait, à nous. C’était vraiment quelque chose de fun. Après l’autre jour, on est parti dans une université, on prenait des photos. Comme, on devait prendre des photos de ce qu’on aimerait changer, par exemple, la violence, le racisme, les batailles contre la femme, comme les enfants qui se font battre, etc. C’était vraiment super, c’était des expériences supers. On faisait différents jeux pis j’ai vraiment aimé. » Participante, 15 ans

À Outremont, à l’école Saint-Laurent - Edifice Cardinal

s’impliquer dans un projet intéress ant qui

, se trouvaient six jeunes filles dés ireuses de pourrait remplir les conditions de leur programme de stage.

C’est comme cela que notre rencon tre a eu lieu, orchestrée par leur édu catrice spécialisée, Christine. FVI a développé et organisé plusieurs acti vités auprès de ces jeunes femmes sur une durée de six mois, à commencer par un exercice de cartographie sub jective afin de mieux comprendre ce qui leur plait ou pas dans leur communauté, qui est pour la plupar t d’entre elles, la banlieue proche de Ville Saint-Laurent.

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À partir de ces discussions initiales, les filles ont identifié le lieu pour leur marche exploratoire à ville Saint-Laurent, aux alentours du métro Côte-Vertu et du McDonald, deux des endroits que les filles fréquentent toutes souvent. Ce sont leurs points de rencontre et, aussi, le point de départ pour leur trajet quotidien jusqu’à Outremont, le quartier de Montréal où se trouve le bâtiment Cardinal. Outremont, un quartier du centre à moitié résidentiel et commercial, est bien différent de Ville SaintLaurent, donnant lieu à un affrontement quotidien de deux réalités bien différentes pour les filles... L’exercice de cartographie subjective et la marche exploratoire ont également permis d’identifier plusieurs enjeux qu’elles voulaient explorer dans les ateliers suivants et dont elles allaient s’inspirer pour leur projet médiatique. Notamment, en l’absence d’espaces où les jeunes peuvent flâner en paix, les filles se retrouvent souvent dans des espaces publics où il leur arrive de faire face à des instances de profilage racial et de profilage des jeunes, que ce soit de la part de la police du quartier ou d’autres résidents. Ces problématiques sont exacerbées par l’incidence de harcèlement sexuel.

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Le magazine

« Ça m’a vraiment permis de m’exprimer et certaines choses que j’avais pas eu la chance de faire passer le message par moi-même avant. J’ai pu le faire dans cette revue-là. » Participante, 15 ans

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« Pourquoi le mot “Pourquoi les femmes ?” parce qu’y a tellement de mot dits sur les femmes qui ne sont vraiment pas appropriés, ça donne une sale image d’une femme. Quand tu vois une femme, traite-la bien. Pas comme une sale chienne. Quand les gars, (...), les seules choses qu’ils font, c’est regarder ton corps, mais c’est pas ça qu’il faut regarder. Il faut regarder ce que la personne a à l’intérieur, mais eux, ils ne voient pas ça. » Participante, 15 ans

Parmi les ateliers réalisés, il y a eu des exercices de visualisation de la ville idéale, où les filles se sont imaginées libres d’aller où elles voulaient, sans avoir à se soucier du prix, du regard méfiant des adultes ou sans se faire embêter par la police. Elles ont rêvé d’une ville où la liberté d’expression régnait et où elles pouvaient se déplacer sans soucis, habillées comme elles le souhaitaient sans se faire juger ou harceler. Cette recherche d’une plus grande liberté d’expression, de mouvement et d’accessibilité sont revenus souvent et ont constitué la base de la réflexion des filles sur leur réalité montréalaise.

Les filles ont aussi identifié l’écriture et la poésie, entre autres, comme moyens d’expression pour leur projet médiatique. Nous avons alors formé un partenariat avec une artiste montréalaise engagée, Berekhya Yergeau, spécialiste slam, improvisatrice, animatrice, artiste de la scène et poète à ses heures perdues. Après avoir exploré différentes options et participé à plusieurs activités de remueméninges, les filles ont décidé de réaliser un magazine célébrant leurs personnalités, leurs talents d’artistes et leur vision d’un monde sans violence envers les femmes et les filles, où celles-ci pourraient s’exprimer et s’habiller sans crainte ni représailles. De semaines en semaines, les filles se sont attelées à leur travail d’illustration, de photographie et d’écriture de textes sur la violence faite aux femmes, sur la liberté d’expression et sur les relations amoureuses. Puis, le magazine a eu un nom : « Pourquoi les femmes ? ». Les filles avaient rassemblé leur dossier contenant un montage de textes et de photos sur le « swag » des jeunes pour dénoncer le profilage et le recours aux stéréotypes (avis à ceux qui ne le sauraient pas, le mot « swag » désigne une attitude ou un accoutrement à la mode), des citations et poèmes (incluant un rap en créole inédit !), ainsi que des illustrations.

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Les discussions qui ont émergé de ce processus créatif ont été tout aussi importantes et cathartiques, autant pour FVI que pour les filles. Au fur et à mesure de nos rencontres, le besoin de s’exprimer ouvertement et librement devenait encore plus grand, et les ateliers de création ont également permis de créer un espace sécuritaire où les filles pouvaient parler librement et se sentir exempte de tout jugement.


reprenant sa place en e ag ss me le er ss pa e Fair « Quand moi j’ai distribué au métro, y’avait un monsieur qui est venu, qui était très impressionné. Moi j’étais touchée parce qu’il a dit « Moi j’ai une femme et je respecte bien ma femme. Vous êtes des bonnes élèves que vous avez fait ça ». « Je suis un Canadien et je suis fier que dans mon pays y a des jeunes comme vous qui font des projets comme ça ». Moi ça m’a touchée. J’ai dit : « Merci, monsieur » pis il a dit : « non, non, non. Regarde, merci à toi et merci à tes amies qui ont fait le livre » pis moi je me suis dit « Wow ». C’est quelque chose de super. Il a pris le livre, il a dit : « Est-ce que je peux avoir un autre ? Je vais le passer à mes amis », j’ai dit « Ouais, ouais, ouais! Vas-y, vas-y ! » Participante, 17 ans

Distribution et diffusion du magazine Le magazine « Pourquoi les femmes ? » est le fruit du travail et du cheminement des filles de Saint-Laurent- Edifice Cardinal, au fil de l’année scolaire, au gré de leurs expériences de vie et de leurs réflexions dans le cadre des ateliers de Bien dans ma ville ! Non seulement il s’agit de leur magazine, « fait par les filles de Saint-Laurent, pour les filles », mais il s’est avéré un excellent outil de sensibilisation. Les filles ont pu présenter leur projet et le distribuer aux autres élèves de leur école. Le magazine a également été présenté lors de l’exposition Art en Action ! 2013, à l’Université de Concordia. Le magazine intégral est disponible en version électronique sur le site web de FVI, www.femmesetvilles.org.

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Manifestation Le lancement du magazine a été réalisé le 28 février 2013, aux abords du métro Côte-Vertu, à Ville Saint-Laurent- Edifice Cardinal, pour célébrer la réappropriation par les jeunes de ces lieux qui ponctuent leur quotidien. Elles étaient une quinzaine de jeunes à scander : « Ta mère, c’est un femme ! », un slogan que les filles avaient imaginé pour transformer l’insulte, en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Que feriez vous sans femmes ? ». Sans aucun doute, le personnel confus de la STM ne les oubliera pas de si tôt… Leurs amis de Saint-Laurent- Edifice Cardinal se sont joints à elles pour manifester pacifiquement aux abords du métro et réclamer le respect des femmes et des filles, la fin du harcèlement et du profilage racial et des jeunes dans le quartier et la liberté d’expression, tout en distribuant des copies du magazine aux passants. Elles ont eu l’occasion de mettre en pratique leur leadership, non seulement en menant la marche, mais en s’exprimant auprès des membres curieux de leur communauté.

Parlons Droits ! Grâce à un partenariat formé avec Équitas, un organisme spécialisé dans l’enseignement des droits humains aux enfants et aux adolescents, les jeunes femmes de Saint-Laurent ont pu bâtir sur leurs acquis et continuer leur engagement auprès de leur communauté en réalisant des ateliers supplémentaires dans le cadre du programme Parlons droits. Ce programme vise à inciter les jeunes de 13 à 18 ans à examiner des problématiques dans leur communauté liées aux droits humains et à identifier des stratégies pour lutter contre la discrimination et l’exclusion tout en promouvant le respect de la diversité. Comme le projet de magazine des filles remplissait les objectifs du programme (la participation active des jeunes et le développement de leur habileté à parler des questions qui leur tiennent à cœur), Équitas a décidé de soutenir de nouvelles interventions avec les filles de Saint-Laurent-Edifice Cardinal. Cette pérennisation du projet Bien dans ma ville ! par le biais de nouveaux partenariats a permis aux jeunes femmes de Saint-Laurent- Edifice Cardinal de réaliser des interventions supplémentaires dans leur école et auprès de leur communauté.

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BIEn DAnS MA VILLE ! C u L t n I A S E R I A D n O C À L’ÉCOLE SE L’école

secondaire

Saint-Luc

comporte un programme encourageant les élèves à devenir des médiateurs du civisme. Madame Sylvie Tardif, professeur d’éthique et coordinatrice de ce programme, a invité FVI à rencontrer ce groupe de 15 filles et garçons en octobre 2012. Le programme des médiateurs vise à promouvoir le respect du civisme et à faire la promotion de comportements conviviaux à l’école sur l’heure du dîner et lors des récréations. Dans le cadre de leur rôle de médiateurs, ces derniers devaient réaliser un projet en lien avec le civisme afin de sensibiliser le reste de l’école à des problématiques importantes à leurs yeux en relation avec la sécurité et l’inclusion de toutes et tous dans l’école et le quartier. Leur projet devait également toucher aux problématiques identifiées dans leur communauté, et au respect de celle-ci au sens large du terme.

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C’est ainsi que ces élèves ont été invités à participer à Bien dans ma ville ! Le programme des médiateurs correspondait parfaitement aux objectifs du projet de FVI. C’était également une très bonne opportunité pour impliquer à la fois des garçons et des filles dans cette initiative pour promouvoir la création d’espaces urbains sécuritaires pour les femmes, les filles, et pour tout le monde. Pendant une période de six mois, les médiateurs ont eux aussi participé à des ateliers de cartographie sociale individuelle et en groupe, à une marche exploratoire de leur quartier et ils ont exploré différents modes d’interventions auprès de leurs camarades, avec l’aide de Farah Fancy, une artiste chorégraphe de scène spécialiste en thérapie du mouvement. Les médiateurs ont ensuite identifié les thématiques importantes à leurs yeux pour la réalisation d’interventions de sensibilisation auprès d’autres jeunes et de leur communauté : - La sécurité et l’entretien dans l’école ; - La cyber-intimidation ; - La sécurité et l’entretien dans sa communauté ; - L’homophobie ; - Le profilage des jeunes et le profilage racial. Pour les aider à explorer les différentes manières d’illustrer ces thèmes en utilisant les arts de la scène, une série d’ateliers ayant pour objectif d’encourager les jeunes à s’exprimer de manière créative et libre a été préparée.

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Les élèves ont pris part à des activités d’improvisation pour explorer des sentiments tels que la gêne ou encore l’agressivité. À travers le jeu, les jeunes ont aussi illustré des situations telles que l’intimidation ou l’homophobie. De cette manière, les médiateurs ont pu examiner différents obstacles auxquels font face les adolescents dans l’espace urbain. Ils ont tantôt joué « l’agresseur et l’agressé », tantôt la foule qui encourage ou qui essaie d’intervenir sans utiliser de paroles, juste leurs corps dans l’espace. Ces exercices ont aussi donné lieu à des discussions sur la réalité de l’intimidation, lorsque les mots prennent le dessus sur les poings, ou encore lorsque la victime est blâmée, en particulier lorsqu’il s’agit d’une fille. En permettant aux jeunes de jouer le rôle d’acteur ou le rôle de directeur, nous cherchions à explorer la réalité objective d’un tel conflit en l’opposant à la perception des personnes impliquées dedans. Grâce à ces jeux de rôle, nous avons tous été confrontés à nos perceptions et nous avons constaté à quel point il est facile de déformer la réalité en fonction de notre version idéalisée des faits. Par exemple, à la suite d’un de ces exercices, les élèves étaient tous d’accord pour dire que dans la vraie vie, lorsqu’un conflit éclate en public, il n’y a pas grand monde dans le camp de la « victime » ou il y a peu de chance que quelqu’un intervienne… Ceci n’est pas une vérité absolue, c’est plutôt leur réalité.

Le Slam – Une performance dénonçant la cyber-intimidation Une des interventions réalisées dans l’école par les participantes et les participants avait commencé par un simple exercice d’écriture : - choisir cinq mots reliés à une ville idéale, une ville sans violence ; - cinq mots pour décrire la violence ; - quinze mots reliés à un des quatre thèmes choisis : cinq mots qui caractérisent ce thème, cinq mots pour décrire les sensations ressenties par quelqu’un qui vivrait cette situation et cinq mots pour décrire comment y trouver une solution. Une fois les mots transcris, recombinés et répétés, les jeunes les ont lus sur le fond d’un rythme créé par un des médiateurs lors d’un précédent atelier. Sans même s’en rendre compte, les élèves avaient composé un slam ! Grâce aux exercices utilisant différentes techniques d’improvisation et de jeux, les jeunes étaient prêts à accomplir une performance slam devant leurs amis et les autres élèves de l’école qui ne se doutaient de rien. Un médiateur du civisme battait le tempo au tam-tam à l’arrivée de ses camarades dans la cafétéria achalandée, préparant ainsi leur entrée pour un slam sur la cyberintimidation qui serait très apprécié. Le slam a ensuite été répété dans les couloirs de l’école. Cette performance a marqué le début de leur campagne d’activités pour combattre toutes formes d’intimidation et de manque de civisme dans leur école et leur communauté. Cette campagne s’achèvera en avril 2013 avec la semaine du civisme.

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« nous, on a fait tout ce bruit pour qu'ils nous écoutent (les élèves de Saint-Luc), pour avoir leur attention et pour qu'ils comprennent le message qu'on voulait faire passer à propos de la cyberintimidation. Ils doivent essayer de comprendre ça aussi, pas juste relier tout à notre poste de médiateur/trice du civisme ! » Participante

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De fil en aiguille et de rencontres en rencontres, l’équipe de Bien dans ma ville ! a été invitée au YMCA de Hochelaga-Maisonneuve. Vanessa, intervenante jeunesse dans le cadre du Programme d’intégration jeunesse (Youth integration programme, ou YIP), avait remarqué que la clientèle principale du YIP était composée de garçons et avait pris l’initiative de mettre en place un groupe uniquement composé de filles. Sur l’heure du dîner, elle allait offrir différentes activités aux adolescentes de l’école secondaire Chomedey de Maisonneuve. C’est dans ce contexte que FVI a organisé un atelier d’une journée autour de la découverte de son quartier. Lors de ses interventions auprès des jeunes filles du quartier, Vanessa a constaté que plusieurs d’entre elles ne se sentaient pas en sécurité ou faisaient face à différentes formes d’exclusion de l’espace public. Ceci a inspiré le développement d’un atelier d’une journée pour permettre aux filles de redécouvrir et de se réapproprier leur quartier. Avant même d’avoir terminé l’introduction de l’atelier, trois jeunes filles habitant ou fréquentant régulièrement le quartier Hochelaga-Maisonneuve ont commencé à relater leurs expériences quotidiennes « hochelagaises » à propos de leur voisinage et des transports en commun, ce qu'elles aiment y faire et ce qu'elles aiment moins.

BIEn DAnS MA VILLE ! Et LE PROgRAMME E S S E n u E J n O I t A R g É t n I D’

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Un premier exercice de cartographie subjective a permis d’identifier l’offre de ressources pour les jeunes dans le quartier, mais aussi les lieux plus problématiques, notamment la piste cyclable et certains parcs que les filles tendent à éviter. Les filles ont ensuite guidé les animatrices dans une marche exploratoire de leur quartier pendant laquelle chaque participante prenait des photos des mauvais points, mais aussi des bons coups, identifiés sur les photos à l’aide de cadres verts et rouges. Les jeunes femmes ont ensuite utilisé ces photos pour créer une présentation à l’attention des autres jeunes participants du YIP.

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Malgré la nature temporelle plus courte de l’intervention de FVI avec le YIP, les participantes ont affirmé avoir profité de l’activité, avoir apprécié de pouvoir exprimer leurs opinions et qu’on leur demande de partager leurs expériences. Pour FVI, c’était l’occasion d’adapter les outils pour réaliser des interventions plus ciblées permettant aux participantes de livrer leur création le plus rapidement possible.


: n O I t A P I C I t R A P t E S t A I PARtEnAR S n O Ç E L t E S E t I S S u É R , OBStACLES APPRISES nfiance en moi. » « Ça m’a donné co tellement forte. ns se me je , là Aujourd’hui ans Participante, 17

Cette section vise à souligner l’importance des partenariats pour faciliter l’engagement des jeunes filles et garçons dans des initiatives pour promouvoir leur sécurité et leur inclusion dans l’espace urbain. Des obstacles importants sont survenus quand il a fallu s’assurer que le projet demeure mené par les jeunes. Par contre, l’impact qu’ont eu la participation pleine et entière et la prise d’initiatives par les participantes a été une des principales réussites de ce projet.

Le recrutement Le recrutement de participantes a été un des obstacles les plus importants rencontrés lors de la mise en place de Bien dans ma ville ! Cela a donné lieu à un des apprentissages les plus importants : il est indispensable d’établir le contact avec certains membres clés du personnel des écoles visées pour l’implantation d’un tel projet. Pendant la phase de planification du projet, plusieurs maisons des jeunes et centres jeunesses avaient été abordés pour la mise en place d’activités, mais la nature aléatoire de la fréquentation de ces lieux a rendu toute collaboration trop difficile. C’est uniquement après avoir développé les outils et l’expérience auprès d’élèves pendant la première année du projet et en intégrant des programmes déjà mis en place (YIP, Camp d’été Splash pour les filles du YWCA) que FVI a pu réaliser des interventions en milieu communautaire. Le développement des activités en milieu scolaire a permis d’autres apprentissages, notamment la nécessité de concilier les objectifs du projet et les objectifs scolaires correspondant. Lorsque les participantes

recevaient des crédits d’études, cette conciliation était d’autant plus importante. De plus, les impératifs scolaires et parascolaires des jeunes rendaient l’organisation d’activités plus difficile, et il était rare d’obtenir un taux de participation de 100% à chacun des ateliers.

L’importance des partenariats Pour FVI, le développement du projet Bien dans ma ville ! a permis, en premier lieu, de développer son réseau de partenariats à Montréal. Pour les besoins du projet, il était indispensable de tisser des liens et de former des alliances avec des écoles secondaires, mais aussi avec différents acteurs du milieu jeunesse dans la ville. Le recrutement de participantes, l’adaptation des outils de FVI et le partage de bonnes pratiques et d’expériences sur l’animation d’ateliers auprès de jeunes n’auraient pas été possible autrement. La formation de partenariats permet également d’assurer la pérennité des effets du projet. Le développement des ateliers de leadership et d’animation avec l’organisme LOVE ont permis d’étendre la portée du projet pour inclure un partenariat avec le YIP, et le soutien de la Fondation filles d’action nous a donné l'occasion de développer nos capacités et d’organiser deux journées nationales d’action consécutives. La formation reçue par les animatrices de FVI auprès de l’organisme des droits humains Équitas a permis d’adapter les activités aux besoins des différents groupes et de faire participer les jeunes femmes de SaintLaurent- Edifice Cardinal au programme Parlons Droits qui leur permettra d’entreprendre d’autres projets stimulants.

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(À propos d’un échange avec une patrouille policière lors d’une marche exploratoire) « Je leur ai expliqué le projet Bien dans ma ville !. J’ai dit : « nous, on est des jeunes, mais on n'est pas nécessairement du monde qui fait du mal aux personnes ou qui fait des trucs illégaux ». Des fois, on est juste ici pis la police passe pis commence, y passent pas pour regarder les adultes avec leurs enfants, y passent pour nous regarder nous, qu’est-ce qu’on fait. J’leur ai expliqué ça pis y disaient : « Ah, on comprend ». Ouais, y comprenaient aussi notre version, nos points de vue fait que c’était vraiment l’fun. Au moins y comprenaient nos points de vue, qu’est-ce qu’on voulait dire. » Participante, 15 ans

Le partage d’expertise avec les consultants engagés et avec nos partenaires institutionnels a également permis à FVI d’adapter ses outils et de développer son expertise de travail avec une clientèle adolescente. Des ateliers d’échanges organisés par nos partenaires Équitas ou encore la Fondation filles d’action ont été une grande richesse en termes de partage d’expérience, afin de pouvoir parler avec d’autres intervenants des obstacles rencontrés que ce soit au niveau du recrutement ou du taux de participation des jeunes dans des projets tels que Bien dans ma ville ! Ces discussions ont aussi permis de s’informer sur les derniers outils disponibles et de les adapter aux objectifs, c’est-à-dire l’engagement des jeunes dans le développement de villes plus sûres, inclusives et sans violence envers les femmes et les filles.

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Parmi les autres partenariats formés ayant permis l’échange d’outils, de bonnes pratiques et d’informations précieuses figure le chapitre québécois des Guides du Canada, la Maison Benoit Labre, Action Femmes Handicapées Montréal, Radio CKUT et le Centre 2110, l’organisme montréalais Tandem et son projet sur l’hyper-sexualisation, la Fondation des femmes canadiennes, le YWCA de Montréal, la Société des commerçants du Village et Rue publique.

L’adaptation des outils Au cours des deux ans qu’a duré Bien dans ma ville !, une quarantaine d’activités et d’ateliers ont été réalisés avec différents groupes de jeunes. Ceux-ci ont également été adaptés aux besoins identifiés ainsi qu’en fonction de l’évaluation participative et progressive du projet par les participants. La bonification d’une série d’ateliers et d’outils est facilité par la répétition d’une même activité avec un seul groupe ou entre plusieurs groupes différents. Le modèle utilisé pour la réalisation des marches exploratoires pour la sécurité des jeunes a beaucoup évolué depuis le premier essai, pour inclure une plus grande liberté créative selon les intérêts du groupe (privilégier la photographie au lieu de noter les observations sur une liste de contrôle par exemple).

Assurer le leadership des jeunes Un autre défi que FVI a dû relever pour développer ce projet a été de s’assurer que celui-ci demeure mené par les jeunes. Pour remplir cet objectif, il fallait passer assez rapidement de modèles d’activités plus structurés à une approche plus flexible afin que les participantes prennent les devants sur la planification d’interventions et de produits médiatiques qui répondraient aux besoins qu’elles auraient identifiés dans leur communauté. Obligatoirement, les interventions choisies devaient venir des jeunes et refléter les intérêts du groupe pour un médium en particulier. À l’intérieur d’une période limitée de deux ans, cet objectif était d’autant plus délicat à accomplir. Pour que les jeunes femmes et les jeunes hommes impliqués puissent réellement mener Bien dans ma ville !, il fallait du temps pour transmettre un certain nombre d’informations et de concepts liés à la relation entre l’urbanisme, l’utilisation de l’espace public et les normes sociales en place qui font que les femmes et les filles peuvent souffrir d’un manque de sécurité et d’inclusion en ville. Développer et entretenir un lien de confiance avec les participantes était aussi une condition importante pour pouvoir les soutenir dans leurs démarches.


Il fallait aussi assurer le développement des aptitudes des jeunes en leadership et en animation afin que ces dernières se sentent suffisamment à l’aise pour prendre les rennes du projet. Finalement, FVI et ses collaborateurs devaient constamment jongler entre la nécessité de proposer des activités stimulantes et enrichissantes aux jeunes afin de stimuler leur intérêt et d'assurer leur participation à l’ensemble du projet, tout en gardant une approche suffisamment flexible et ouverte pour accueillir de nouvelles idées et s’adapter aux besoins et aux intérêts des jeunes.

L’apprentissage qui en découle est que tout projet ayant la vocation d’être mené par les jeunes eux-mêmes a plus de chances de remplir cette condition s’il se développe dans la durée. Autrement, une bonne préparation à travers la consultation de ses partenaires, la recherche et l’adaptation d’outils, ainsi que le suivi et évaluation du projet sont des éléments absolument nécessaires. Il était important d’être en tout temps à l’écoute des participantes et de les encourager à exprimer leurs idées et intérêts dans un espace ouvert, sans jugement et sécuritaire. La consultation des jeunes à travers leur participation active à l’évaluation du projet a aussi garanti que ces dernières voient leur apport valorisé et qu’elles s’approprient de plus en plus le contenu du projet.

Évaluation participative du projet L’évaluation du projet a été réalisée en continu et de manière participative en impliquant les jeunes le plus possible. La collecte de données sur leurs expériences et opinions s’est faite par le biais de questionnaires d’évaluations distribués à la fin de chaque activité. Grâce à quelques questions à choix multiples et à réponses ouvertes, les jeunes ont pu nous faire part de leurs activités préférées ou,

encore, des améliorations à apporter au programme. Les membres du personnel de FVI ont également compilé des comptes rendus détaillés à la suite de chaque atelier. Une équipe externe de l’Université de Montréal a analysé et synthétisé les données recueillies pendant tout le projet, et ont organisé des discussions confidentielles avec tous les groupes de jeunes, ainsi qu’avec les membres de FVI. Ces discussions ont permis aux l’évaluatrices de poser des questions ciblées pour évaluer les activités, l’atteinte des objectifs et l’impact de Bien dans ma ville ! sur les jeunes. Par-dessus tout, l’évaluation participative du projet a été un outil supplémentaire pour valider l’expertise des jeunes et renforcer leur confiance en soi.

Créer un espace sécuritaire permettant aux jeunes de s’exprimer Pour les jeunes femmes de Saint-Laurent- Edifice Cardinal la présence des animatrices de FVI dans une école où les filles sont minoritaires, a contribué à créer un espace privilégié de discussion. Ceci n’est qu’un exemple de comment le projet a permis de créer des espaces sécuritaires pour que des jeunes femmes puissent s’exprimer. La prévention et l’élimination de la violence envers les femmes et les filles ne peuvent se faire sans la participation des hommes et des garçons. Mais, parfois, avoir un espace sécuritaire pour pouvoir parler entre filles, réfléchir et partager ses expériences sur ce qui les rends heureuses ou plus confiante était très important. Elles ont pu partagé leurs peines d’amour, leurs questions et leur ambivalence à propos des relations amoureuses. Ces discussions ont permis de valider leurs sentiments de peine et de colère envers les injustices autour d’elles, pour pouvoir ensemble parvenir à une vision d’un monde meilleure.

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Réflexions et apprentissages Parmi les apprentissages réalisés, plusieurs participantes ont dit avoir entamé une réflexion sur la question de l’image de la femme, de la perception de la société, des hommes en particulier, à leur égard. Les thèmes de conscientisation par rapport à la discrimination exercée envers les femmes, mais aussi plus largement, par rapport à d’autres critères : les jeunes, les personnes de minorités, les personnes âgées. Plusieurs participantes ont dit avoir pris conscience de la violence physique et verbale auxquelles les femmes font face, au fait qu’on leur manque de respect, entre autres dans les stéréotypes véhiculés à travers la musique. Il semble aussi que le projet les ait aidé à réfléchir à propos de la stigmatisation/discrimination qu’elles vivent en tant que jeunes, en tant que femmes, ou les deux. Certaines participantes ont dit ne pas se sentir à leur place : elles ont toujours l’impression de déranger, de faire quelque chose de mal. Que ce soit à cause de leur habillement, de leur sexe, de leur âge ou autre, l’accès à l’espace public urbain leur est limité et les attitudes d’autres personnes exprimées à leur égard souvent négatives. Plusieurs d’entre elles ont beaucoup parlé de la « suspicion » qu’elles ressentent de la part de la police et du profilage dont elles sont victimes. Un thème récurrent était aussi le manque d’espaces sécuritaires, accessibles et peu coûteux où les jeunes peuvent flâner, et juste être elles-mêmes. Certaines participantes ont parlé de l’impact plus personnel qu’a eu le projet sur elles, principalement quant à leur confiance en soi, à leur assurance, à leur capacité à exprimer leurs idées et opinions. Il y avait aussi quelque chose de très valorisant, stimulant, à réaliser ce projet : les thèmes de l’indépendance, d’avoir le sentiment de vouloir avant tout s’exprimer et être elles-mêmes au lieu de devoir plaire à

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tout le monde ont notamment été relatés. Ce sont les constats principaux qui ressortent de l’ensemble des groupes de discussion réalisés. Il y a aussi le fait que le projet a permis de créer dans une certaine mesure un « réseau de soutien » pour certaines des participantes. Les ateliers étaient des moments privilégiés où elles se retrouvaient entre filles (dans le cas des groupes de F.A.C.E et de l’école Saint-Laurent- Edifice Cardinal) et avaient l’occasion de partager et de se confier dans un espace sécuritaire.

Impact des interventions À travers les différentes interventions réalisées, les groupes de participantes ont eu l’occasion d’interagir avec et de sensibiliser non seulement d’autres jeunes, mais aussi d’autres membres de leur communauté, à propos des obstacles auxquels elles font face dans leur sphère sociale. Le lancement du magazine des jeunes femmes de SaintLaurent- Edifice Cardinal au métro a permis de démontrer à la communauté locale que les jeunes peuvent initier des activités positives, et leur a rappelé que les jeunes font face à de la discrimination, que la violence envers les femmes existe toujours et doit être dénoncée. La promenade de la boite nomade a également permis à un grand nombre d’habitants de différents quartiers où les filles ont réalisé leurs montages photos de prendre conscience des enjeux qui affectent leur expérience urbaine et les différents obstacles qu’elles ont identifiés liés à leur sentiment de sécurité.


R u t u F E L R u O P S E t S I P COnCLuSIOn Et La diversité des trois groupes principaux auprès desquels FVI a développé et mis en place les ateliers ont rendu le projet Bien dans ma ville ! encore plus riche d’apprentissages. Ces différences ont permis à FVI d’adapter les outils et les activités, et ainsi d’acquérir de nouvelles compétences et donc de mieux répondre aux besoins et intérêts des participantes. Les filles habitant dans à Ville SaintLaurent, une banlieue multiculturelle proche de Montréal, fait en sorte que la réalité et les problématiques urbaines identifiées par les filles de l’école Saint-Laurent-Edifice Cardinal étaient bien différentes de celles des filles de F.A.C.E qui fréquentaient plutôt le centre-ville. Les expériences collectives de chaque groupe ont mené à tout un éventail de thématiques reflétant leurs intérêts et à une variété de solutions suggérées. La diversité géographique, sociale et culturelle de chaque quartier où se trouvaient les écoles et les opportunités de nouvelles visites ont également permis aux jeunes de rejoindre et toucher une plus grande proportion de la communauté montréalaise grâce à leurs interventions. Dans chacun des cas, les groupes ont pu atteindre l’objectif du projet qui était de promouvoir des villes plus sécuritaires, inclusives et sans violence sexiste, pour toute la diversité des femmes et des filles. Le niveau d’engagement parascolaire variait également entre les groupes. Malgré cela, toutes les participantes ont bénéficié de l’expérience à différents niveaux. Dans tous les cas, les solutions développées pour répondre aux obstacles identifiés ont fait preuve de beaucoup de créativité, et les participantes ont pu gagner en confiance et en leadership en organisant et en menant des initiatives dans leurs communautés. Pour les filles de F.A.C.E, ce fut l’occasion d’user de leur créativité plus librement et à propos de sujets qui étaient nouveaux à leurs yeux, tels que l’itinérance et l’inclusion, ou encore l’accessibilité à l’espace public. Pour les filles de l’école Saint-Laurent- Edifice Cardinal, ce fut avant tout un moment favorable pour créer des liens de confiance entre elles et pour s’exprimer librement dans leurs mots à propos de sujets qui leur tenaient à coeur, et d’élargir cette réflexion vers des questions de discrimination, d’exclusion et de violence envers les filles et les femmes dans la communauté. Pour les élèves de Saint-Luc, les ateliers leur ont permis d’obtenir de nouveaux outils et de nouvelles connaissances pour traduire leur engagement de manière créative dans leurs performances pour sensibiliser leurs pairs à l’intimidation, l’exclusion, et les autres responsabilités liées au civisme.

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Le projet-modèle Bien dans ma ville ! a donné lieu à l’engagement actif de groupes de filles – et quelques garçons- vivant dans un environnement urbain diversifié, à l’adaptation d’outils participatifs existants, et à la création de nouveaux partenariats créatifs avec des artistes, des spécialistes en urbanisme, et des ONGs locales. L’adaptation de la méthode des marches exploratoires à un jeune public, par exemple, a inclus l’utilisation de la cartographie subjective et d’autres méthodes ludiques pour obtenir de l’information sur l’expérience urbaine des adolescentes, tout en les encourageant à partager leur expertise, en les sensibilisant à leur environnement. Cette approche s’est avérée un grand succès et a, par la suite, été utilisée par FVI dans d’autres projets internationaux avec de jeunes participantes. Les marches exploratoires continuent d’être une méthode de collecte de données importante sur l’expérience des groupes en matière de sécurité et d’inclusion dans l’espace urbain et dans l’augmentation des capacités des participantes à identifier et répondre aux obstacles liés au manque de sécurité et d’inclusion tout en validant leur expérience. Des partenariats avec des animateurs jeunesse spécialisés dans les arts ont aussi permis à FVI d’élargir l’offre d’activités auprès des participantes, et d’enrichir le projet grâce à leur expertise créative et à l’étendue de leur expérience. La durée limitée du projet sur deux ans a fourni juste assez de temps pour développer et entretenir ces liens, et pour adapter et améliorer les outils de FVI pour un public adolescent. Dans un contexte où l’attention et le temps des jeunes sont de plus en plus sollicités, le projet a donné lieu à des leçons importantes sur les obstacles rencontré dans le travail avec les étudiantes et les écoles, et sur comment les surmonter. Ce sont des leçons et résultats de grande valeur, pour FVI, et pour tous ceux concernés par la sécurité des femmes, des filles et de la création de villes inclusives du genre au Canada et ailleurs.


DESCRIPtIOn DES AtELIERS4

Activités brise-glace

AnnEXE

Voici ma ville ! Discussion à propos des éléments de l’espace urbain en demandant aux participantes où elles étaient allées la journée précédente et comment elles s’y étaient rendues. Le but était de les faire réfléchir aux endroits qu’elles aiment fréquenter et aux raisons pour lesquelles elles aiment y être (activité adaptée par Simone Lucas et Emmanuelle Paris-Cohen pour Femmes et villes international) Un, deux, trois Il s’agit de se mettre en paires, et de conter à tour de rôle de un à trois, et en remplacement progressivement un, deux, et trois par des sons et gestes. C’est une activité plus physique, qui permet de réactiver des participantes fatiguées (activité adaptée de la trousse Parlons droits du Centre international d’éducation aux droits humains, Equitas) Bingo d’intro L’objectif de cette activité est d’apprendre à mieux se connaître et de faire réaliser aux participantes que même lorsque l’on pense connaître quelqu’un, on ne le connaît jamais totalement. Elle consiste à remplir l’une des lignes d’une grille en inscrivant des affirmations dans chaque case. Il s’agit ensuite de demander à ses camarades si l’affirmation dans une case s’applique à eux (activité adaptée de la trousse Parlons droits du Centre international d’éducation aux droits humains, Equitas) Jeu de la balle Le but est que chaque participante dise son nom, se présenter et répondre à la question qui tombe sous son pouce lorsqu’il attrape la balle. C’est une bonne activité pour débuter une rencontre avec un nouveau groupe (activité adaptée de l’atelier en leadership et animation de LOVE Québec) Exercice du journaliste Les participants doivent se mettre en équipe avec un autre élève qu’elles ne connaissent pas et lui poser des questions afin de le présenter au reste du groupe à l’aide des informations récoltées (activité adaptée par LOVE Québec lors des ateliers de formation en animation et leadership)

Activités de réflexion et discussions thématiques

Exercice de raisonnement L’exercice consiste à relier six points à l’aide de quatre lignes sans soulever le crayon de la feuille, le tout en trois minutes. L’exercice vise à montrer aux participantes qu’elles peuvent penser par elles-mêmes, être créatifs et dépasser leurs limites (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Exercice de nœud humain Divisés en deux équipes, les participantes doivent se prendre par la main et s’emmêler. Ensuite, elles doivent se démêler le plus rapidement possible. Le but de cet exercice est de permettre aux participantes de réaliser que l’accomplissement de la tâche requiert l’utilisation de stratégies d’équipe (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Exercice de marche attaché En équipe de deux, les participantes doivent s’attacher ensemble, aux chevilles, et marcher jusqu’à un point déterminé. À partir de là, les jeunes doivent s’aligner et s’attacher ensemble. Puis, ainsi liées, elles doivent aller dans différentes directions. Cet exercice vise à développer diverses stratégies d’entraide (activité adaptée Farah Fancy, du groupe Herencias) 4

Les résumés des descriptions des ateliers inclus dans cette annexe ont été reproduits à partir du rapport de l’évaluatrice du projet.

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Exercice de visualisation de la ville idéale À l’aide de la lecture d’un texte de visualisation, les participantes doivent imaginer une ville idéale qui représente leurs besoins et leurs rêves. Cette activité vise à identifier les idées spécifiques pour faire des villes qui correspondent mieux aux jeunes (activité adaptée du guide Creative tools : civic engagement of young people, du International Institute for Child Rights and Development) Parlons de Droits ! Les participantes doivent identifier cinq sujets (parmi une liste de thèmes prédéfinis) qu’elles aimeraient aborder. Ceux-ci sont ensuite collés sur les pancartes des quatre catégories suivantes, correspondant à la personne avec qui elles aimeraient en discuter : « avec mes parents », « avec mes amis », « avec les gens de mon école ou de ma communauté », ou « avec ma psychoéducatrice ». Cet exercice vise à identifier les thèmes les plus importants aux yeux des participantes et qui pourront être incorporés au produit médiatique (activité adaptée de la trousse Parlons droits du Centre international d’éducation aux droits humains, Equitas) Sur une corde raide Les participantes effectuent un exercice dans lequel chacune partage son opinion sur différentes affirmations. Avant d’échanger, chaque participante doit placer un post-it sur le mur où sont accrochées les feuilles avec les énoncés, la distance du collant étant représentative du degré d’accord de la participante (activité adaptée de la trousse Parlons droits du Centre international d’éducation aux droits humains, Equitas) Activité photo Chaque participante doit prendre une photo d’elle-même et décrire sur papier une expérience marquante de sa vie. L’exercice consiste à associer l’expérience racontée à la bonne personne en identifiant la photographie correspondante. Il s’agit à partir de cette expérience d’explorer la difficulté de se mettre dans la peau d’autrui et de comprendre le vécu propre à chacun (activité adaptée par Olivier Tsai, de LOVE Québec) Exercice de visualisation Les participantes doivent imaginer quelque chose qu’elles aimeraient partager avec le monde entier. Elles doivent ensuite prendre une photo qui les représente ou qui symbolise ce qu’elles aimeraient partager et écrire ce qu’elles aimeraient partager sur cette photo (activité adaptée par LOVE Québec lors des ateliers de formation en animation et leadership)

Activités de préparation aux marches exploratoires

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Dessine-moi un principe de sécurité Cet exercice vise à introduire les différents principes qui caractérisent un aménagement urbain sécuritaire et inclusif pour les femmes, les filles et toute la communauté. Le groupe a été séparé en deux équipes et chaque jeune devait, l’une après l’autre, dessiner un principe de sécurité afin de le faire deviner au reste de son équipe (activité adaptée de l’activité « Dessine-moi un droit », de la trousse Parlons droits du Centre international d’éducation aux droits humains, Equitas) Dessin de la fleur Le dessin fait l’inventaire des endroits, évènements et activités de Montréal que les participantes identifient comme étant positifs de leur point de vue. Plus concrètement, la deuxième partie de l’atelier consiste à dessiner une fleur où chaque pétale représente une participante. Chaque fille doit ensuite remplir le pétale en y inscrivant les endroits, événements et activités de Montréal qu’elle aime. On compare ensuite les différents pétales afin d’identifier quels sont les éléments partagés par plusieurs. Ceux-ci sont inscrits au centre de la fleur (activité adaptée par Melanie Lambrick) Activité de devinettes sur les endroits préférés/détestés Demander aux participantes d’écrire sur un morceau de papier soit leur endroit et pourquoi, ou bien l’endroit qu’elles aiment le moins à Montréal et pourquoi. Placer le papier plié dans un bol. Les participantes pigent ensuite à tour de rôle un papier et deviner à qui il appartient (activité adaptée par les participantes de F.A.C.E).


Dessine-moi un érable Cet exercice vise à faire comprendre aux jeunes la signification d’un dessin subjectif en leur faisant dessiner un érable puis en comparant les résultats de chacun. À travers cette activité, il s’agit de réfléchir au fait que, bien que tous les dessins soient différents, ils demeurent tous pertinents. Cette activité a servi à expliquer le concept de dessin subjectif, en préparation à l’activité de cartographie subjective (activité adaptée par Simone Lucas pour Femmes et villes international) Une cartographie subjective La cartographie subjective consiste à ce que les participantes dessinent sur une carte vierge représentant un district donné les repères importants à leurs yeux, que ce soit des éléments construits, des routes empruntées, ou des endroits où elles ont vécu des expériences marquantes en illustrant le positif et le négatif de l’espace urbain indiqué, de leur point de vue. Suivi d’une discussion à propos des cartes réalisées par les participantes et, à l’aide des endroits identifiés, procéder à l’identification de l’endroit pour la marche exploratoire (activité adaptée par Emmanuelle Paris-Cohen pour Femmes et villes international) Une marche exploratoire pour la sécurité des femmes et des filles La marche exploratoire est un outil participatif qui permet de rassembler et d’analyser de l’information sur l’expérience des participant(e)s et leur perception de la sécurité urbaine dans l’espace public. (activité adaptée par METRAC) Marche exploratoire pour la sécurité version « chasse au trésor » Identifier des arrêts sur un parcours au préalable. Pendant la marche, à chaque arrêt, deux équipes doivent trouver le plus possible de facteurs insécurisants ou sécurisants, comme une chasse au trésor. Terminer l’activité dans un parc ou terrain de jeux, comparer les réponses des équipes. Terminer avec un exercice ludique de « réappropriation de l’espace » par l’art de rue éphémère en dessinant un grand dessin à la craie par terre (activité adaptée par les participantes de F.A.C.E) Prise de photos en binôme lors de la marche exploratoire Chaque binôme aura un appareil photo et un cadre vert/rouge, et sera libre de photographier ce qu’elles jugent pertinent, en encadrant chaque élément en rouge ou en vert, pour illustrer si l’élément est positif ou négatif. Les photos seront ensuite utilisées pour créer un montage par la suite (activité adaptée du guide « Creating Better Cities with Children and Youth, A Manual for Participation », de D. Driskell) Jeu des identités À la fin du parcours, soit à un endroit déterminé du parcours de la marche exploratoire, les participantes jouent au « jeu des identités » dans lequel chaque participante reçoit une carte représentant une identité particulière (une vieille dame, un immigrant qui ne parle pas français, une lesbienne de 15 ans, etc.) et doit se mettre dans la peau du personnage en question afin de comprendre l’expérience urbaine qui lui est propre (activité adaptée par Simone Lucas pour Femmes et villes international) Cartographie de groupe La cartographie de groupe permet aux participantes de capturer de manière créative leur expérience urbaine, de partager leur vision et de faire pression pour développer des villes qui prennent en compte leur expérience en matière de sécurité et d’inclusion. Par la cartographie de groupe, il est possible de partager les expériences individuelles pour en faire ressortir une expérience collective. Deux options ont été proposées au groupe : 1) se baser sur les photographies prises durant la marche exploratoire et redessiner ces espaces en imaginant ce qu’ils pourraient être si elles avaient une baguette magique ou 2) faire une carte géante du quartier où s’est déroulée la marche et y coller des photos, des messages, des impressions, etc. (activité adaptée par Emmanuelle Paris-Cohen pour Femmes et villes international)

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Activités de préparation et de création médiatiques

Production « Vox-Pop » Les participantes doivent réaliser une vidéo d’une durée d’une à trois minutes. Le médium utilisé dans l’atelier avait été préalablement choisi par les participantes. Dans le cadre d’une vidéo, filmée dans un couloir de classe, chacune des filles a choisi un mot clé exprimant une raison de participer à Bien dans ma ville!, l’a écrit sur une feuille et devait le lire devant la caméra. Le contenu de la vidéo repose sur des réponses à certaines questions qui leur étaient posées - pourquoi participez-vous au projet Bien dans ma ville ! ? - est-ce que vous prenez plus conscience de l’environnement qui vous entoure ? - quel impact ce projet a-t-il sur vous ? - quel impact espérez-vous avoir ? - pensez-vous qu’il y a une différence entre les gars et les filles dans leur expérience de l’espace urbain? (activité adaptée par Fanie St-Michel de Conscience urbaine) Activité de remue-méninge Chaque participante reçoit trois post-it pour y écrire trois mots reliés au profilage. Chacune doit coller ses post-it sur des affiches vierges en créant des catégories avec ceux de ses camarades. Les participantes se placent ensuite en équipe de deux ou trois et discutent à propos du contenu des affiches qu’elles veulent réaliser pour illustrer le profilage (activité adaptée par Simone Lucas et Emmanuelle Paris-Cohen pour Femmes et villes international) L’identification du concept de design L’identification du concept de design se fait à partir d’un « Remue-méninge » dans lequel les participantes doivent écrire à l’aide de post-it un maximum de mots, concepts, endroits, outils, événements qu’elles voient comme des idées à mettre en œuvre pour améliorer la qualité de la ville. Il peut s’agir d’éléments problématiques qu’on juge devoir être modifiés ou d’endroits propices pour accueillir des projets de réappropriation de l’espace. Chacune choisit ensuite plusieurs post-its et sur une feuille de projet, imagine une idée, les outils nécessaires pour la réaliser, les acteurs concernés. Elle réalise en somme un plan de réalisation de son idée (activité adaptée par Olivier Lapierre) Planification de la création médiatique Il s’agit pour les participantes de se concentrer sur le contenu de leur création médiatique, et plus spécialement sur le message à transmettre à travers le produit médiatique. Les participantes complètent un « Guide de réalisation » en groupe de deux ou trois dans lequel elles doivent répondre aux questions Quoi? (thème), Comment? (mise en scène et matériel), Où? (lieu) et Quand? (moment). • Elles doivent spécifier le contenu du message, soit : - décrire les éléments caractérisant de manière positive et négative un lieu choisi; - décrire une situation dans laquelle elles se sentent bien ou mal à l’aise dans l’espace public. • Elles doivent spécifier la mise en œuvre de la création, c'est-à-dire décrire de quelle manière illustrer un lieu ou une situation. De manière à faire ressortir leurs spécificités que celles-ci soient positives ou négatives (activité adaptée par Fanie St-Michel de Conscience urbaine) Exercice d’appel en langue jibberish Les participantes doivent répéter divers sons en les modulant selon les intonations de l’intervenante. Le but de l’exercice est d’introduire les participantes à l’utilisation de leur voix (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Danse des champs Les participantes doivent exécuter une série de mouvements symbolisant des tâches répétitives réalisées par les travailleurs des champs. Ensuite, elles doivent ajouter l’appel en langue jibberish. Le but de l’exercice est d’introduire les participantes à l’utilisation de leur corps (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias)

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Activité de stepping En équipe de deux, les participantes doivent inventer un rythme à réaliser avec leur corps, puis l’enseigner au reste du groupe. Au fur et à mesure que les rythmes sont enseignés, elles s’ajoutent aux précédents : il en résulte un enchaînement combinant les rythmes de toutes les équipes. Cette activité propose aux participantes d’utiliser leur corps afin de produire à la fois un rythme et un mouvement (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Exercice de rythme en groupe Exercice afin d’encourager le sentiment d’appartenance au groupe et l’esprit d’équipe, de s’amuser, et de montrer comment le jeu peut avoir un sens. Cet exercice consiste à ce que toutes se mettent debout, en cercle, se prennent par la main et, en pressant la paume de leur voisin, fasse passer un rythme débuté par l’intervenante (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Exercice d’écriture du slam partie 1: décrire un monde avec et sans violence Cet exercice consiste à séparer une feuille en deux colonnes et à écrire dans celle de gauche dix verbes qui décrivent la violence, par exemple « haïr », « voler » ou « battre » ainsi que cinq verbes qui pourraient représenter un monde sans violence, par exemple « rire » ou « réfléchir » partie 2: mots-clefs et sentiments Parmi les quatre thèmes choisis, les participantes doivent en prendre un et l’écrire dans le haut de la colonne de droite de leur feuille. Ensuite, écrire cinq mots qu’elles considèrent liés au thème choisi. Par exemple, pour le thème « cyber-intimidation », les mots « virtuel » ou « abus de pouvoir » peuvent être écrits. Un peu plus bas dans la colonne de droite, elles écrivent cinq mots qui décrivent le sentiment d’une personne qui se retrouve dans cette situation. Toujours quant au thème de la cyber-intimidation, ces mots peuvent être « isolement » ou « tristesse » partie 3: solutions Au bas de la colonne de droite, les participantes doivent écrire cinq verbes qui représentent des solutions à la problématique qu’elles ont choisie à la seconde partie de l’exercice d’écriture partie 4: mots évocateurs Les participants doivent maintenant choisir, à l’intérieur des regroupements de cinq mots écrits dans la colonne de droite, le mot qui leur semble le plus évocateur. Elles le réécrivent à la fin de chaque regroupement. L’enchaînement de mots ainsi créé constituera le refrain pour le slam partie 5 : le slam Alors que l’ensemble des participants reproduit un rythme créé auparavant, une volontaire lit ses quinze mots, entrecoupés par le mot le plus évocateur. Cette lecture est faite en mode slam, une forme de poésie orale et la consigne qui lui est donnée est de prendre le ton d’un prêcheur (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Exercice théâtral sur la gêne et l’agressivité Les participantes doivent jouer deux sentiments, la gêne et l’agressivité, d’abord de manière normale, puis subtile et finalement, de manière exagérée (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Théâtre sans paroles Alors que deux participantes jouent le jeune intimidé et l’agresseur, le reste du groupe doit se ranger du côté de l’une ou de l’autre et, selon leur choix, engager la bataille ou défendre la victime. Deux personnes jouent le rôle de « directeur », donnant des conseilles aux acteurs afin que la scène soit plus réaliste (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias)

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L’élaboration d’un sketch • Choix de personnage • Chaque participante décrit, à l’écrit, le personnage qu’elle souhaite jouer dans le sketch. Les participantes n’ont pas à partager leurs écrits avec les autres. • Pratique du sketch muet • À partir des personnages qu’elles ont élaborés, les participantes améliorent la mise en scène de l’activité de théâtre sans paroles. • Discussion et élaboration du sketch • Les participantes se questionnent à savoir quel est le message qu’elles désirent transmettre via l’intervention qui aura lieu quelques jours plus tard. À partir du message choisi, le contenu du sketch est élaboré (activité adaptée par Farah Fancy, du groupe Herencias) Remue-méninge pour l’acronyme « FEMMES » Pour chacune des lettres du mot « femmes », les participantes proposent des mots qui correspondent à leur vision de la femme. Cet exercice a servi d’inspiration à la création du magazine « Pourquoi les femmes ? » (activité adaptée par Berekhya Yeargeau)

Activités de formation, leadership et animation

Code d’honneur Les participantes doivent tous identifier une valeur, une règle ou un principe qu’elles jugent important lors de la réalisation d’activités en groupe afin de créer un « code d’honneur » (activité adaptée par LOVE Québec lors des ateliers de formation en animation et leadership) Formation sur l’animation d’ateliers Les animateurs de l’organisme LOVE présentent les qualités d’un bon animateur et la manière de bien mener un atelier à l’aide de différentes mises en situation (activité adaptée par LOVE Québec lors des ateliers de formation en animation et leadership) Animation d’ateliers Les participantes sont regroupées en équipes de quatre personnes et disposent de vingt minutes pour préparer une activité sur le thème qui leur a été attribué. Chaque groupe anime une activité avec les autres participantes et reçoivent par après leurs commentaires. Les activités animées par les jeunes ont été tirées de la trousse Parlons droits du Centre international d’éducation aux droits humains, Equitas.

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• Formation d’un cercle : Les participantes devaient se fermer les yeux et, à l’aide des directions données par les animateurs, se rejoindre pour former un grand cercle • « Dessine moi un droit » : Dans cet exercice, chaque participante devait dessiner un droit et le faire deviner à son équipe • « One step forward » : Cette activité portait sur le thème de l’accessibilité en ville. Chaque élève recevait une identité secrète et devait faire un pas en avant ou non selon que l’énoncé lu par l’animateur s’appliquait ou non à son identité • Utilisation de son imagination : Lorsqu’elles attrapaient la balle, les participantes devaient continuer l’histoire de cendrillon, débutée par les animateurs • Classement d’affirmations : Les participants devaient discuter et classer différentes affirmations dans les catégories « dure », « pacifique », « violente » et « très violente » (activité adaptée par LOVE Québec lors des ateliers de formation en animation et leadership)


! e l l i v a m s n a d Bien


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