
6 minute read
INTERVIEW MODE
from femmes 226
Camille et Tara Jarmon
Jarmon. Vous devez connaître ce nom. Eh bien derrière le célèbre patronyme, elles ne sont plus une mais deux. À Tara, ajoutez Camille, et vous obtiendrez Mirae : une marque de prêt-à-porter de luxe abordable, mais surtout une création mère-fille dont la complicité se ressent dans leur créativité. Mirae se décline en six collections tout au long de l’année, dévoilant des notes féminines ultra sensuelles, ambiance rétro, inspiration californienne et gorgée de lumière. La nouvelle griffe parisienne entend bien se faire une place sous le soleil avec une patte multivitaminée et une éthique responsable. Depuis trois ans, le duo imagine des pièces uniques pour sublimer la femme et sa confiance en elle. Rencontre avec Camille Jarmon.
TEXTE : ALISSIA LEJEUNE | PHOTOGRAPHIE : PASTREMI
Comment est née Mirae ?
Ma mère, Tara, avait une marque de prêt-à-porter pendant 30 ans, je travaillais dans l’entreprise familiale à l’époque. Lorsqu’elle l’a vendue en 2016, je venais de finir mes études en Californie et je suis revenue vivre avec elle. On est devenues un peu meilleures copines et tous les soirs on parlait de comment on aimerait créer une marque. On brainstormait autour d’une bouteille de vin et on se disait « un jour on fera ça, et puis ça… », sans penser que ça allait vraiment arriver. Deux ans plus tard, on s’est lancées avec l’idée de faire les choses différemment de ce qu’on avait connu avant. Tara s’occupe de la partie stylisme et moi de tout ce qui est commercial, digital, marketing.
Qu’est-ce que vous avez voulu changer avec Mirae pour vous démarquer ?
Avant on avait deux collections par an, avec 400 modèles. On avait l’impression qu’on devait répondre à trop de besoins et on avait l’impression de faire du gâchis aussi. Avec Mirae on cherchait un peu de liberté. On veut créer ce que nous avons envie de porter. Donc avec six collections par an, on veut proposer des pièces dans des matières responsables. On a fait le choix de ne travailler qu’avec des matières naturelles, beaucoup de soie, de lin, et ensuite on achète des stocks de tissus en Italie, comme le polyester par exemple. Ce sont des vieux stocks vendus par d’autres marques auxquels on donne une seconde vie au lieu d’en fabriquer.
Six collections par an, c’était un pari audacieux, mais pourquoi est-ce essentiel aujourd’hui ?
Pour nous c’est essentiel car aujourd’hui les réseaux sociaux se sont développés, et on se rend compte que la clientèle a soif de nouveauté en permanence. En même temps, on ne veut pas surproduire, on fabrique soit 60 soit 80 pièces pour chaque modèle de robe. Chaque capsule comporte entre 15 et 20 références, mais qui seront renouvelées plus fréquemment.
Plus de collections pour moins se lasser et en plus vous offrez une seconde vie à vos pièces, racontez-nous…
Une fois par an, on organise une boutique éphémère où on offre la possibilité aux clientes de rendre leurs vêtements contre un bon d’achat. On aimerait en organiser plus et on aimerait aussi mettre en place un système d’échanges sur le site internet qui existe déjà chez d’autres marques.
N°226
Le but est de mettre en contact les clientes de Mirae pour qu’elles puissent revendre leurs vêtements en seconde main. C’est quelque chose qui nous correspond vraiment et sur laquelle on est en train de travailler pour offrir une seconde vie à nos pièces.

Comment définiriez-vous le style d’une femme qui porte Mirae ? Qu’est-ce que ses vêtements peuvent raconter d’elle ?
Je pense que c’est une femme qui ose, qui est très féminine et qui n’a pas peur d’être au centre de l’attention. C’est aussi une femme qui connaît bien les matières, l’univers du prêt-à-porter, car nous avons l’attention du détail.
Avec des tailles allant du 34 au 44 et des prix sans excès, vous touchez un grand nombre de femmes. C’est important de proposer une mode de qualité accessible à toutes en 2021 ?
Notre modèle économique c’est du luxe abordable, tous nos tissus sont italiens et c’est nous qui définissons nos propres imprimés. On fait de toutes petites séries et on marge beaucoup moins que nos concurrents. C’est vrai que c’est rare de proposer autant de tailles et c’est dommage. Souvent on imagine qu’une robe n’irait pas à une certaine morphologie alors que c’est complétement faux. C’est essentiel de changer ces idées reçues et les normes. On travaille beaucoup sur ça…
Comme se passe le processus de création ?
Au lieu de regarder ce qu’on faisait avant ou de suivre les tendances, on suit nos envies et ce qu’on a envie de porter. Cette année, on s’est dit, personne ne peut voyager, nous on a envie d’être sur une île déserte, de porter des fleurs dans les cheveux… Quand on va designer, on va demander à toutes les filles du bureau ce qu’elles préfèrent et ce qu’elles imaginent le mieux pour leur morphologie. Quand on reçoit les prototypes aussi, on les essaie toutes. À la différence d’autres marques, on fait beaucoup d’allers-retours pour mettre au point le vêtement, corriger tous les détails et les coupes. Chez Mirae, on fait ce qu’il nous plaît et on travaille vraiment comme une maison de luxe.
Que ressentez-vous en voyant le résultat ?
Quand une cliente essaie un modèle en boutique, j’appelle ça le « sexy moment », on ressent qu’elle se sent mise en valeur. Elle se regarde dans le miroir, elle se sent belle. C’est notre plus belle récompense.
Une pièce favorite ?
La Déborah, sans hésiter ! On l’a faite en 2019 et on l’a reconduite. C’est une robe asymétrique, one shoulder et qui se noue à la taille et laisse apparaître un peu la côte. Beaucoup de femmes se sentent à l’aise dedans, elle est assez « sage ».
Votre marque est née il y a 3 ans, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru depuis ?
Un regard bienveillant. Je suis très fière de tout ce qu’on a accompli depuis trois ans. Malgré l’obstacle du covid et un arrêt de production l’hiver dernier on a pu faire beaucoup. On a ouvert des pop-up store dans plusieurs quartiers de Paris et également deux boutiques saisonnières à Saint-Tropez où on retrouve une clientèle très importante pour notre marque. Et puis travailler avec ma mère c’est génial ! Tara c’est une femme extraordinaire, elle est toujours de bonne humeur, elle me fait complètement confiance et on s’écoute.
On s’habille comment à la rentrée quand on est une femme Mirae ?
Notre prochaine collection sera très colorée, très pop, vitaminée, pas de noir pour l’hiver. N’importe quelle pièce de cette collection vous rendra fière.
Il y aura beaucoup de robes en maille, rayées multicolore, et dos nus. On veut être coquette. On veut lâcher les énergies et on n’a pas peur d’en faire trop. ●




