L E C E R C L E J E A N Z AY D ’ O R L É A N S P R É S E N T E L A P R E M I È R E É D I T I O N D U
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Le Festival Cannes 1939 à Orléans 2019 est piloté par le Comité Jean Zay Cannes 1939, sous la responsabilité du Cercle Jean Zay d’Orléans, qui est totalement indépendant de l’Association française du Festival international du film.
co n tac t p r e s s e Anthony Gautier +33 6 87 27 40 22 a.gautier@festivalcannes1939.com
www.festivalcannes1939.com
Édito
© X. Dr
1939. L’Europe frissonne. Le fascisme s’installe et ses griffes enserrent la Mostra de Venise. La guerre commence par la communication, la Culture. Jean Zay le comprend plus vite que d’autres. Et, comme un premier acte de résistance, il lance le Festival de Cannes. La première session ne résiste pas à la drôle de guerre. 80 ans plus tard, Orléans devait relever le défi de faire vivre Cannes 39. Il s’agit en premier lieu de rendre hommage à Jean Zay, enfant du pays, alors Ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-arts. Jean Zay envisage ainsi de créer un Festival international du Film qui consacre un art vivant, créatif, ouvert aux « nations libres » de l’époque : le Cinéma. Cet événement allait devenir le plus prestigieux du cinéma mondial. Orléans se devait de lui rendre cet honneur et d’en rappeler la paternité. Nourrissant une longue tradition d’échanges culturels sur le plan national et international, Orléans se devait aussi d’être fidèle aux valeurs fondamentales d’humanisme qui ont toujours su la guider. Face à l’obscurantisme qui marque de son empreinte douloureuse notre monde d’aujourd’hui, Orléans s’attache plus que jamais à faire entendre ses voix de partage et d’universalité et faire rayonner, à travers cet événement, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité auxquelles elle est profondément attachée. Tout petit Orléanais est bercé par l’acte de délivrance. Jean Zay n’a sans doute pas échappé à la règle tant sa foi envers la liberté est forte. Pendant une semaine, c’est tout Orléans qui vivra au rythme du festival : évènements, manifestations ouverts à tous les publics, et notamment les jeunes, avec pas moins de 30 films projetés. Mais aussi tout le territoire grâce à des projections dans les salles de cinéma de nombreuses villes et villages ou grâce aux cinémobiles. Et parce qu’au-delà de ses valeurs démocratiques et citoyennes le cinéma est aussi vecteur de fête et de célébration joyeuse et populaire, Cannes 39 à Orléans aura son tapis rouge, sa montée des marches, sa cérémonie d'ouverture, son palmarès, ses critiques, son bal et ses vedettes. Merci infiniment à toutes et tous ceux qui se sont investis dans ce travail de mémoire et tout particulièrement les deux filles de Jean Zay, Catherine et Hélène, Pierre-Louis Emery, président du Cercle Jean Zay d’Orléans, à l’initiative de ce projet audacieux, Antoine de Baecque, président du Comité Jean Zay Cannes 39, qui l’a mené à terme dans l’esprit de son fondateur. Merci à toutes leurs équipes qui se sont passionnées pour cette belle aventure. Toute ma gratitude aussi, bien sûr, à Amos Gitaï, grand cinéaste israélien, qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence du jury. Nous en sommes fiers. Le combat mené par Jean Zay reste profondément d’actualité. La genèse de ce Festival, le choix des films qui allaient être projetés et qui sont aujourd’hui à l’affiche, méritent d’être rappelés notamment à la Jeunesse. Place au Septième Art !
Olivier Carré Maire d’Orléans Président d’Orléans Métropole 1
D’après Harcourt
« Nous préparions pour septembre 1939 – hélas ! – le festival de Cannes, destiné à concurrencer la fameuse Biennale de Venise. Notre festival aurait fait de la France chaque année le centre mondial du cinéma… » Jean Zay, Souvenirs et Solitude, 1942
Un projet ambitieux et fédérateur à l’initiative du Cercle Jean Zay d’Orléans
L
e Cercle Jean Zay d’Orléans est une association qui s’attache à faire mieux connaître la vie, l’œuvre et les écrits de Jean Zay. Son action est historique et mémorielle, mais vise aussi à montrer tout l’intérêt de faire reconnaître l’actualité de l’œuvre de l’élu, du dirigeant politique, de l’écrivain et du ministre. Après avoir contribué, aux côtés des institutions et collectivités locales, à l’organisation de l’adieu des Orléanais à Jean Zay lors de l’entrée de ce dernier au Panthéon en mai 2015, le Cercle Jean Zay souhaite mettre en lumière un aspect de son action et souligner le rôle joué dans le domaine du cinéma par le premier « ministre de la vie culturelle ». Dès que cette idée fut lancée, l’accueil fut enthousiaste, à commencer par celui d’Olivier Carré, Maire d’Orléans, Président d’Orléans Métropole, la ville de Jean Zay, et des ministres directement concernés par cet hommage à leur illustre prédécesseur, ministre de la Culture et ministre de l’Éducation nationale. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Depuis, nous avons noué des contacts fructueux avec le Département du Loiret, la région Centre-Val de Loire, 2
le Centre national du cinéma et de l’image animée, la Direction régionale des affaires culturelles CentreVal de Loire, le rectorat de l’académie d’Orléans-Tours et la Délégation académique à l’éducation artistique et culturelle, les inspections d’histoire et de cinéma, les cinémas Les Carmes et Pathé, l’université d’Orléans, la Ligue de l’Enseignement… et bien d’autres encore. L’ampleur de la tâche a mené à la création de structures spécialisées, le « Comité Jean Zay Cannes 1939 » présidé par Antoine de Baecque, historien et critique de cinéma, militant cinéphile et professeur à l’École normale supérieure, et à l’embauche de personnes apportant leur compétence en matière d’organisation de manifestations, de colloques, de communication, de prospection et de distribution des films, de recherches de partenariats. Le « Festival Cannes 1939 à Orléans 2019 », ce sera… la réussite d’un projet grâce à la convergence des initiatives associatives, de l’appui accordé par les institutions et collectivités, de l’engagement des partenaires professionnels, du partenariat conduit avec les entreprises et du dévouement des équipes de bénévoles. n
Pourquoi “Cannes 1939” à Orléans 2019 ?
L
e 1er septembre 1939, devait s’ouvrir le premier Festival international du film de Cannes. Le ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, Jean Zay, a œuvré pour que cette manifestation cinématographique de grande ampleur s’impose, fer de lance d’une diplomatie du cinéma réunissant les films des « nations libres » face à la Mostra de Venise fasciste, mais également vecteur d’une politique culturelle à la française. Le Festival de Cannes est fondé sur cette rencontre entre la fête dans ce qu’elle peut avoir de plus joyeux et le cinéma dans ce qu’il peut représenter de plus prestigieux, le tout conduit par une main politique ferme qui veut s’opposer aux dictatures nazie et fasciste et à leur redoutable propagande cinématographique. Après un travail d’organisation mené dans l’urgence par l’équipe de Jean Zay, les pays conviés au Festival choisissent et envoient leurs films sélectionnés, une trentaine pour les États-Unis, la France, la GrandeBretagne, l’URSS, la Tchécoslovaquie, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas ou la Pologne. Symboliquement, le 6 août 1939, l’arrivée du train en gare de Cannes a conduit l’inventeur du cinématographe en personne, Louis Lumière, président d’honneur du premier Festival, accueilli par le maire de la ville. Le pionnier vient repérer les lieux trois semaines avant le début prévu de
la manifestation. Le Grand Hôtel, le Palm Beach et le casino municipal ont été mobilisés ; bientôt, l’affiche est prête ; actrices, acteurs et producteurs américains sont annoncés au large de la Croisette à bord d’un paquebot affrété par la Metro-Goldwyn-Mayer : Hollywood a dépêché dix-sept films, pas moins, dont Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks, Mister Smith au Sénat de Frank Capra, Le Magicien d’Oz de Victor Flemming, Pacific Express de Cecil B. De Mille ou Elle et Lui de Leo McCarey. Jean Zay lui-même a fait le voyage à New York pour s’assurer de la présence américaine. Le « monde libre » tient donc son festival de cinéma… jusqu’à l’entrée des troupes allemandes en Pologne qui, le 1er septembre 1939, interrompt brutalement les ultimes préparatifs d’un festival qui finalement n’aura pas lieu. 80 ans après cette annulation, il s’agit de faire vivre aujourd’hui, à Orléans, la ville de Jean Zay, cette grande et belle idée, ce festival dont la première édition devait se tenir en septembre 1939. Jean Zay fut à l’initiative du Festival de Cannes. Il est temps de lui rendre la paternité de ce qui allait devenir un élément majeur du cinéma mondial. Voici le sens de l’action du Cercle Jean Zay d’Orléans et le but de la manifestation qui se tient à Orléans, du 12 au 17 novembre 2019, autour des films sélectionnés pour ce premier festival. n
Vive le cinéma ! Vive la mémoire de Jean Zay ! Vive le Festival Cannes 1939 à Orléans en 2019 !
L’affiche du festival de 1939 par le peintre Jean-Gabriel Domergue. Collection Festival de CannesCinémathèque française 3
Le programme du Festival
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u cœur du programme figurent les trente films que la compétition officielle du festival international du film de Cannes devait accueillir à partir du 1er septembre 1939. Les films étaient choisis, les copies pour la plupart adressées par les organismes nationaux qui avaient présidé à leur sélection. Le règlement de la compétition attribuait en effet un certain nombre de places aux pays invités, proportionnel à leur production cinématographique, et ce sont eux qui choisissaient et envoyaient leurs films à Cannes, selon une logique de diplomatie culturelle. Ainsi les États-Unis avaient huit films, la Grande-Bretagne six, l’URSS et la France quatre, les Pays-Bas et la Pologne deux, la Belgique, la Suède et la Tchécoslovaquie un seul. À titre de pays hôte, la France en ajouta un cinquième, choisi par Jean Zay lui-même, La France est un Empire, une œuvre de propagande coloniale assez typique du moment qui devait surtout montrer aux deux grands absents, l’Allemagne et l’Italie, tenus à l’écart des « pays libres », que faire la guerre à la nation française revenait à s’attaquer à un empire de cent millions d’habitants, à un territoire s’étendant sur le monde entier, à une armée coloniale prestigieuse et redoutable.
ces trente films. Ce fut un travail ardu, une longue enquête délicate entre ayant-droits et cinémathèques, diffuseurs et bobines délaissées dans de vieux greniers oubliés. In fine, malgré quelques échecs, nous voilà avec vingt-cinq films et l’espoir de quelques trouvailles toujours possibles jusqu’au dernier moment. Auxquels nous avons décidé d’adjoindre cinq œuvres « hors compétition », qui éclairent le contexte de la naissance de la manifestation cannoise. À savoir, le film ayant été présenté en prélude au festival, fin août 1939, lors d’une soirée de gala : Le Bossu de Notre-Dame de William Dieterle, de la RKO ; le film fleuron de la production socialiste, retiré au dernier moment de la sélection d’URSS pour cause de pacte germano-soviétique, Alexandre Nevski de Sergueï Eisenstein ; deux films français qu’aimait Jean Zay et qu’il aurait sûrement voulu montrer à Cannes s’il avait pu faire lui-même la sélection : Espoir de Malraux et La Bête humaine de Renoir ; enfin, le film repoussoir qui engendra par réaction la naissance du festival dans son contexte anti-fasciste, Olympia. Les Dieux du stade, de Leni Riefenstahl, qui a remporté la coupe Mussolini à la Mostra vénitienne de 1938.
Refaire le premier festival international du film de Cannes, tel un remake — ce que les artistes nomment aujourd’hui un re-enactment —, a donc d’abord consisté à retrouver
Outre ses pépites encore cachées, la sélection officielle possède quelques grandes lignes. L’importance de la délégation américaine, dont dix films sont montrés
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❱ — les producteurs hollywoodiens avaient apporté seize films à Cannes, n’ayant pas encore arrêté de choix sur les huit films finalement retenus. La création du Festival de Cannes en 1939 relève d’un accord explicite entre Jean Zay et son administration des beaux-arts, et les producteurs hollywoodiens, réunis sous la conduite de la Motion Picture Association (MPA). Une sorte de « big deal » qui vaut à Cannes, considéré comme une nouvelle porte d’entrée vers l’Europe, le meilleur de la production hollywoodienne du moment, comédie musicale en couleurs (Le Magicien d’Oz), film d’action (Seuls les anges ont des ailes), fable politique (Mr Smith au Sénat), films d’aventures historiques (Pacific Express, Stanley et Livingstone), comédies de mœurs (Mélodie de la jeunesse, Mademoiselle et son bébé), ou mélodrames (Elle et Lui, Veillée d’amour). Seconde grande tendance : la sensibilité à l’actualité d’une Europe au bord de l’embrasement, où les œuvres cherchent à alerter l’opinion (La Grande solution, fable pacifiste venue d’un pays rayé de la carte lors de l’été 1939, la Tchécoslovaquie), à combattre l’adversaire (Si demain c’est la guerre pour l’URSS, Nuages sur l’Europe pour la GrandeBretagne), à le mettre en garde (les films coloniaux français, anglais et belges, Les Tractoristes soviétique). C’est la raison d’être de Cannes 1939, sa diplomatie culturelle : devenir la vitrine du monde libre et de ses films face aux dictatures et à leurs agressions. n
Le festival Cannes 1939 à Orléans 2019 s’organise autour de trois temps forts Cérémonie d’ouverture Le 12 novembre, au Théâtre d’Orléans, dans la salle Pierre-Aimé Touchard, avec la projection en soirée d’Alexandre Nevski de Serguei Eisenstein (1939), en copie restaurée, soirée présidée par Alex Lutz.
Rencontres avec les professionnels du cinéma Du 13 au 15 novembre, au Théâtre d’Orléans en présence de nombreux actrices et acteurs, réalisatrices et réalisateurs, compositeurs de musiques de films, critiques, personnalités de la culture d’aujourd’hui, qui retrouvent celles et ceux d’il y a 80 ans.
Cérémonie de clôture et de remise des prix Le 16 novembre, au Théâtre d’Orléans, dans la salle Pierre-Aimé Touchard, avec le Grand Prix Jean Zay, le Prix du Jury, le Prix de la mise en scène, les Prix d’interprétation féminine et masculine, remis par le jury et le Prix Jeune public, remis par le jury lycéen, suivi du bal costumé 1939 dans le grand hall du Théâtre. En effet, qui pourrait imaginer le Festival international du film sans ses films, mais également sans ses vedettes, ses paillettes et sa fête ? Orléans se mobilise pour accueillir de nombreux acteurs et personnalités du cinéma, qui défileront sur les tapis rouges des cinémas de la ville, reprenant littéralement les rôles prévus à Cannes en 1939, ceux de Cary Grant, Spencer Tracy, Charles Laughton, Victor Francen, Tyrone Power, Michèle Morgan, Irene Dunne, Harry Baur, Louis Jouvet, Pierre Fresnay, Charles Boyer, Marie Bell, Micheline Francey, Annabella, Mila Parély, George Raft, James Cagney, David Niven, Barbara Stanwick… Que l’on montre les films programmés en 1939, qu’un jury décerne ses récompenses, que les critiques soient écrites et que le bal se tienne enfin ! n
Alex Lutz, maître de cérémonie !
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ésar du meilleur acteur en 2019 pour son rôle dans Guy — son deuxième film en tant que réalisateur — metteur en scène et auteur de pièces de théâtre, Alex Lutz, Orléanais de cœur, a mis à disposition du festival Cannes 1939 à Orléans sa gentillesse, sa disponibilité et son immense talent. Après avoir animé en 2016, la soirée de remise des Molières sur France 2, Alex Lutz a ainsi accepté d’endosser le rôle de maître de cérémonie des soirées d’ouverture et de clôture du remake de Cannes 1939 au Théâtre d’Orléans. n 5
Le Jury À l’issue du festival Cannes 1939 à Orléans 2019, lors de la cérémonie de clôture, le Jury remettra les prix suivants : Grand Prix Jean Zay, Prix du Jury, Prix de la mise en scène, Prix d’interprétation féminine et masculine.
Amos Gitaï, président du jury
«
C’est pour moi un grand honneur et une mission importante de présider ce jury et de décerner le Grand Prix Jean Zay Cannes 1939. J’en suis très heureux. D’abord, car le Festival de Cannes a pris une place dans ma vie. Pour moi, comme pour de nombreux cinéastes autour du monde, cette manifestation a contribué à nous faire connaître, nous permettant de continuer à travailler. Ensuite, remonter aux sources du Festival de Cannes, jusqu’en 1939, c’est donner du sens à l’histoire : comprendre que cette manifestation de cinéma est née comme un acte politique, un geste de refus des fascismes, un appel à la diversité et à la liberté dans le contexte de la montée des périls au sein d’une Europe qui va vers la guerre. Cette histoire m’a paru essentielle, car le cinéma, dans mon esprit, mêle des formes et un récit dans la création d’un acte civique, et le meilleur hommage qu’un cinéaste ou un artiste puisse rendre à sa patrie consiste à exercer ce type d’engagement critique, à entrer ainsi en rébellion contre toute pensée autoritaire. C’est pour cela que j’ai accepté de présider ce jury, pour être fidèle à l’action d’un homme politique de culture et d’engagement comme Jean Zay. »
L’œuvre du cinéaste Amos Gitaï compte près d’une centaine de titres, réalisés sur quarante ans, auxquels il convient d’ajouter des installations vidéo, des mises en scène de théâtre et la conception ou l’édition de livres. Ses films regardent vers le documentaire (une trentaine, depuis House en 1980, jusqu’aux plus récents Wadi, News from Home, Architecture en Israël) ou vers la fiction (une vingtaine, depuis Esther en 1985 jusqu’aux plus récents Carmel, Ana Arabia, Tsili, en passant par des œuvres phares comme Devarim, Kadosh, Kippour, Kedma, Alila, Free Zone ou Désengagement). Les derniers travaux documentaires n’hésitent pas à convoquer le récit et la fiction (Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin, À L’Ouest du Jourdain, Un Tramway à Jérusalem, Lettre à un ami de Gaza), avec des réalisations pour la télévision (Plus tard tu comprendras, Roses à crédit). L’œuvre d’Amos Gitaï a été récompensée par de nombreux prix, parmi lesquels un Léopard d’honneur à Locarno pour l’ensemble de son œuvre (2008), le prix Roberto Rossellini (2005), le prix Robert-Bresson (2013), le prix Paradjanov (2014). Des rétrospectives intégrales de son œuvre ont été présentées dans plusieurs institutions à travers le monde : Centre Pompidou, Cinémathèque française, Cinémathèque de Jérusalem, Museum of Modern Art (MoMA) de New York, Lincoln Center New York, British Film Institute (Londres), musée Reina Sofía (Madrid), Mostra de São Paulo, Musée national du cinéma (Moscou), Japan Film Institute (Tokyo). Amos Gitaï est officier des Arts et des Lettres et chevalier de la Légion d’honneur. n 6
Julie Bertucelli La cinéaste a réalisé une quinzaine de documentaires dont La Cour de Babel (2014), nommé aux Césars, sélectionné dans plusieurs festivals (dont New York, Rome, Rio et Montréal) et sacré Meilleur documentaire des Trophées francophones du cinéma. Son deuxième long-métrage de fiction l’Arbre (2010), tourné en Australie avec Charlotte Gainsbourg, a été trois fois nommé aux Césars et en sélection officielle du Festival de Cannes. Son premier long-métrage de fiction Depuis qu’Otar est parti… a été couronné par une vingtaine de prix en France et à l’étranger dont le Grand Prix de la semaine de la Critique au Festival de Cannes 2003, le César de la meilleure première œuvre 2004, le Prix Marguerite-Duras 2003 et le Prix Michel-d’Ornano 2003 à Deauville. Son dernier longmétrage de fiction, La Dernière folie de Claire Darling, est sorti en salles en février 2019.
Pascale Ferran La cinéaste a réalisé son premier long métrage en 1994, Petits arrangements avec les morts (Caméra d’or au Festival de Cannes) puis L’Âge des possibles (1996), récompensé par de nombreux prix. En 2006, elle connaît la consécration et le succès en salles avec son troisième long métrage, Lady Chatterley, couronné par cinq Césars et le prix Louis-Delluc.
Entre 2008 et 2009, elle fonde et participe au groupe de réflexion « Le Club des 13 » qui remet un rapport à la ministre de la Culture sur une réforme nécessaire du cinéma français. En 2014, son film Bird People est présenté au festival de Cannes. Elle a contribué à créer, et dirige LaCinetek, première plateforme de VOD consacrée au cinéma de patrimoine. Artiste et femme engagée, Pascale Ferran a pris fait et cause pour les sanspapiers en 1997, puis pour les migrants en lançant l’Appel de Calais en décembre 2015.
elle est l’auteur d’une vingtaine de documentaires politiques, historiques et sociologiques, et parmi eux Vichy et les Juifs (1997), Les Collabos : 1940-1944 (1997), De Gaulle, le retour, 13 mai 1958 (2005), 68, mes parents et moi (2008), Juin 1940 : le piège du Massilia (2010), Jeanne Moreau l’affranchie (2017) ou encore Brigitte Macron, un roman français (2018).
principalement centrée sur l’histoire, honorée en 2014 par le Prix du documentaire décerné par l’Association française des critiques de cinéma et de télévision. Ses films explorent l’histoire ancienne ou récente, mais aussi la littérature et les arts, allant de l’Antiquité à l’Occupation et à la Seconde Guerre mondiale en passant par la préhistoire du cinéma ou la peinture romane. Jérôme Prieur a également collaboré au scénario et aux dialogues de quelques longs métrages, dont Le Pont du Nord de Jacques Rivette.
László Nemes
Yannick Haenel Romancier et essayiste, Yannick Haenel a publié une quinzaine d’ouvrages dont Les Petits soldats (1996, Prix Roger-Nimier), Jan Karski (2009, Prix Interallié) ou encore Tiens ferme ta couronne (2017, Prix Médicis). En 2011, Arthur Nauzyciel, alors directeur du Centre national dramatique d’Orléans, créé Jan Karski, d’après son roman. Yannick Haenel est Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres et l’un des écrivains français les plus reconnus aujourd’hui.
Virginie Linhart Après une formation universitaire en sociologie politique, Virginie Linhart écrit plusieurs ouvrages remarqués dont Génération beur : la France en couleurs (1989). Réalisatrice,
Hongrois, formé à Paris lors d’études à Sciences-Po, puis à New York, à la Tisch School of the Arts, et au contact de Béla Tarr dont il est l’un des assistants sur L’Homme de Londres, László Nemes réalise plusieurs courts-métrages remarqués et honorés. Son deuxième court, The Counterpart (2008) est présenté à de nombreux festivals, et obtient de nombreux prix. Le Fils de Saul, son premier long-métrage, est primé au Festival de Cannes 2015 (Grand Prix) puis à Hollywood (Oscar du meilleur film étranger en 2016). En 2016, il est membre du jury du Festival de Cannes présidé par George Miller. En 2018, son film Sunset est sélectionné à la Mostra de Venise.
Catherine et Hélène Zay Catherine Martin-Zay, fille aînée de Jean Zay et de Madeleine Zay, a ouvert, en 1964, la librairie « Les temps modernes », adresse bien connue des Orléanais. Viceprésidente du Cercle Jean Zay d’Orléans, à l’instar de sa sœur Hélène, elle a su faire vivre la mémoire de son père et l’inscrire durablement dans l’histoire de la nation française. Hélène MouchardZay, fondatrice du Cercil-Musée mémorial des enfants du Vel d’Hiv, à Orléans, est la fille cadette de Jean Zay, née après l’arrestation de son père par le régime de Vichy. Enseignante en lycée puis à l’UFR de Lettres de l’Université d’Orléans, Hélène Mouchard-Zay a contribué à la publication des Écrits de prison 1940-1944 (2014). Elle est officier de la Légion d’Honneur. n
Jérôme Prieur Écrivain, essayiste, documentariste, Jérôme Prieur est l’auteur d’une vingtaine d’essais, d’un roman et d’une œuvre documentaire 7
Un festival sur tous les fronts
E
n plongeant vers les racines du Festival de Cannes, ce qui représente un engagement à la fois historique, civique, cinéphile et culturel, nous souhaitons mobiliser Orléans et sa région, qui fêtera Jean Zay et son action cinématographique, le milieu du cinéma français, qui peut ainsi rendre hommage aux origines d’une politique culturelle, les classes et les enseignants de l’Académie d’Orléans-Tours, qui trouvent ici un accès vivant à l’histoire, et le monde de la recherche en études cinématographiques, qui met en valeur un sujet d’histoire et un patrimoine passionnants mais encore peu connus. Les manifestations liées au festival de Cannes 1939 à Orléans 2019 illustrent cette richesse et cette diversité d’approche, en proposant autour de la programmation des trente films sélectionnés en 1939 : • • • •
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un forum cinématographique une action pédagogique un colloque international une exposition itinérante
Forum cinématographique Sous forme de projections, de présentations, de ciné-clubs, de rencontres professionnelles, de master-class, de table-rondes, de conférences de presse, voici de multiples occasions de dialogues, débats, avant-premières avec les gens des métiers du cinéma, qu’ils travaillent dans la réalisation de films, l’écriture, la critique, la fabrication technique, la production, la diffusion et distribution, ou qu’elles et ils soient actrices et acteurs. Chaque film projeté dans la compétition officielle ou hors compétition sera ainsi présenté ou suivi d’une discussion, et trois journées seront rythmées par des projections d’autres films et des rencontres entre le public et les professionnels. Il s’agit, une semaine durant, de placer Orléans au cœur du cinéma français et international. n
Action pédagogique Écoles, collèges, lycées de l’Académie se mobilisent depuis quelques mois autour du festival Cannes 1939 à Orléans 2019. Durant la manifestation, dont les trois premières journées (12, 13 et 14 novembre) seront aménagées en conséquence avec de nombreuses séances scolaires et des animations et rencontres spécifiques, quinze classes de l’Académie seront présentes au festival, accompagnées de leurs enseignants. La majorité de ces classes est à option cinéma, ou située dans des établissements inscrits dans les dispositifs lycéens, apprentis et collégiens au cinéma, et des établissements engagés dans un projet « aux arts lycéens » travaillant en lien avec une salle de programmation professionnelle dans la région Centre-Val de Loire. Ces classes travaillent également tout au long de l’année scolaire 2019-2020 sur le festival de Cannes 1939 avec des instruments pédagogiques adaptés (livret, films et documents numérisés). • Un Prix Jeune public sera décerné pendant le festival par un jury lycéen. • Un Journal web sera quotidiennement alimenté pendant le festival par un atelier issu des quinze classes présentes de l’académie d’Orléans-Tours. • Un concours d’affiches et de nouvelles sera organisé dans les classes, sur le thème du Festival de Cannes et à partir des titres de films de la compétition. • L’association des Amis de Jean Zay, présidée par Pascal Ory, organise un concours, ouvert aux classes des collèges et des lycées au niveau national, récompensant par le Prix Jean Zay un travail de création audiovisuelle évoquant Jean Zay. n
Colloque international Le festival Cannes 1939 à Orléans 2019 est suivi d’un colloque international, « Rêver un festival : Cannes 1939 », proposant l’accès à un savoir fondé sur la recherche historique et cinématographique. Pendant trois jours, les 28, 29 et 30 novembre 2019, au Centre Universitaire pour la Recherche (Hôtel Dupanloup), le Comité Jean Zay Cannes 1939 réunira une trentaine de chercheurs internationaux, chercheurs confirmés et jeunes chercheurs, historiens du cinéma, spécialistes en études cinématographiques, historiens de la période et des relations internationales, professionnels de la conservation et de la diffusion du patrimoine cinématographique. Pour beaucoup, ils ont travaillé dans et sur les riches archives du Festival de Cannes 1939 déposées à la Cinémathèque française. Parmi les thématiques d’ores et déjà explorées, citons : la « Fabrique d’un Festival », les « Enjeux et tensions diplomatiques » autour du Festival, les « Raisons de la sélection des films », « Cannes 39 après 1939 : reprises et continuités », « Occultation et retour de la mémoire de Jean Zay dans l’histoire du Festival de Cannes ». n
Exposition itinérante L’exposition Jean Zay et le Festival de Cannes 1939 conçue par Alain Braun et Francis Gendron, coauteurs avec Alain Tyr du film documentaire Jean Zay, ministre du cinéma (2015), a été réalisée sur une vingtaine de panneaux amovibles, à partir de nombreux documents d’archives, de multiples reproductions de photos d’époque, de photogrammes de films et d’affiches. Cette exposition a vocation à circuler aisément et sur les courts ou longs termes. Elle peut être installée dans les cinémas, les bâtiments à vocation culturelle, les établissements scolaires. n
Les lieux du festival
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es projections des 30 films de la sélection auront lieu tous les jours, du 12 au 17 novembre, au Théâtre d’Orléans, et aux cinémas Les Carmes et Pathé Place de Loire. •
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Le Théâtre d’Orléans propose au festival son hall et ses bureaux, qui accueilleront les espaces d’administration, d’organisation, d’accréditation, de presse, de rencontres du public, et ses trois salles (salle Pierre-Aimé Touchard, 900 places, salle Jean-Louis Barrault, 600 places, salle Vitez, 200 places) où se tiendront des projections. Le cinéma Les Carmes, labellisé « Art et Essai », dirigé par Michel Ferry et Myriam Djebour Roumier. Le cinéma Pathé Place de Loire, complexe situé en centre ville, sur les quai du fleuve et dirigé par Roger Georges et Sebastien Lieury. n 9
Les 30 films HORS COMPÉTITION
EN COMPÉTITION
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Alexandre Nevski Sergueï Eisenstein Union soviétique
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Au revoir, Mr Chips Sam Woods Grande-Bretagne
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Mr Smith au Sénat Frank Capra USA
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La Bête humaine Jean Renoir France
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La Charrette Fantôme Julien Duvivier France
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Nuages sur l’Europe Tim Whelan Grande-Bretagne
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Le Bossu de Notre-Dame William Dieterle USA
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Elle et Lui Leo McCarey USA
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Pacific Express Cecil B. DeMille USA
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Espoir, Sierra de Teruel André Malraux France
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L’Enfer des anges Christian-Jaque France
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Petit Gamin Detlef Sierck (Douglas Sirk) Pays-Bas
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Olympia. Les Dieux du Stade Leni Riefenstahl Allemagne
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La France est un empire Jean d’Agraives France
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La Grande Solution Hugo Haas Tchécoslovaquie
4 films d’animation (La Grande Parade) Walt Disney USA
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L’Homme du Niger Jacques de Baroncelli France
Les Quatre Plumes Blanches Zoltan Korda Grande-Bretagne
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Lénine en 1918 Mikhaïl Romm Union soviétique
Seuls les anges ont des ailes Howard Hawks USA
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La Loi du Nord Jacques Feyder France
Si demain c’est la guerre Efim Dzigan Union soviétique
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Mademoiselle et son bébé Garson Kanin USA
Stanley et Livingstone Henry King USA
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Le Magicien d’Oz Victor Fleming USA
La Taverne de la Jamaïque Alfred Hitchcock Grande-Bretagne
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Magie africaine Armand Denis et Leila Roosevelt Belgique
Les Tractoristes Ivan Pyriev Union soviétique
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Veillée d’amour John Stahl USA
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Mélodie de la jeunesse Archie Mayo USA
5 FILMS HORS COMPÉTITION Alexandre Nevski
La Bête humaine
Alexandre Nevski est une fresque historique qui relate la bataille livrée au XIIIe siècle par l’armée russe, menée par le prince Alexandre Nevski, contre les chevaliers teutoniques. Le film retrace la vie légendaire de ce chef de guerre et prince de Novgorod (1220-1263), afin d’en faire une ode à l’unité du peuple russe face à l’envahisseur allemand. La bataille du lac de Tchoudsk, aussi nommée « La Bataille des Glaces », scelle l’union des principautés russes et met fin à l’expansion allemande. Pour Eisenstein, en réponse à une commande directe de Staline, l’enjeu est de reforger l’unité nationale autour du chef, nécessaire pour mener le pays à la victoire contre tout envahisseur. Présenté au théâtre Bolchoï, à Moscou, le 23 novembre 1938, Alexandre Nevski apparaît début août 1939 dans une liste provisoire proposée par le ministère du Cinéma, qui établit la sélection soviétique présentée au Festival international du film de Cannes. Puis le film est retiré la semaine suivante, et n’apparaît donc plus dans la liste finale pour Cannes approuvée le 12 août 1939. Il est remplacé par Si demain c’est la guerre. Le 22 juin 1941, avec l’offensive allemande, Alexandre Nevski est remis en circulation afin de galvaniser l’élan patriotique contre l’ennemi germanique. Il s’agit de l’avant-dernier film du cinéaste et son premier parlant. Suivant le principe du « contrepoint orchestral », théorisé dans un manifeste en 1928, le son obéit aux réalités du montage, de sorte qu’il y ait un dialogue entre la ligne visuelle et la ligne sonore. La musique d’Alexandre Nevski est composée par Sergueï Prokofiev. Loin d’accompagner l’image, elle joue constamment avec elle, donnant son rythme au déploiement des éléments visuels.
La Bête Humaine, film adapté du roman d’Émile Zola de 1890, déplace le récit dans la période contemporaine. Le projet de film vient du producteur Raymond Hakim : il proposa le rôle de Jacques Lantier, mécanicien sur la locomotive « la Lison », à Jean Gabin, qui demanda à être dirigé par Jean Renoir. C’est le cinéaste qui choisit Simone Simon pour interpréter Séverine Roubaud, déclarant que « les femmes avec une figure innocente sont les plus dangereuses ». Renoir parvient à recréer en extérieur, et en mouvement, l’éclairage propre aux tournages en studio, refusant d’avoir recours aux transparents, tournant toutes les scènes à bord du train, une Pacific 231 réellement lancée à plus de 100 km/h. Le cinéaste pousse également ses acteurs à se plonger dans la condition de leur personnage, si bien que Gabin et Carette ont été formés par des mécaniciens à conduire la locomotive. Le film se concentre sur l’histoire d’amour, qui, comme le dit Renoir lui-même, est en réalité un triangle amoureux entre Lantier, Séverine, et « la Lison ». On y retrouve aussi le thème cher à Zola de l’hérédité dégénérescente qui anime tout le cycle des Rougon-Macquart. Le déplacement du roman de Zola dans la période contemporaine du tournage, la fin des années 1930, est l’occasion de porter le propos social sur un autre terrain : en 1938, le Front Populaire a subi un cuisant échec, et les promesses d’égalité sociale semblent oubliées. Dans La Bête Humaine, les victimes sont bien les pauvres : ce sont toujours eux qui payent l’addition. Le film est montré à la Mostra de Venise de 1939, quelques jours avant la première édition prévue du Festival de Cannes 1939.
Alexandre Nevski est une imagerie remarquablement orchestrée. Indépendamment d’une exaltation évidente des sentiments patriotiques, le souci principal du réalisateur a été d’ordre plastique. Il a voulu un effet décoratif et a mobilisé, pour y atteindre, autant les paysages, toujours composés visuellement, les nuages, les costumes, les accessoires, que les personnages humains et leur comportement extérieur. » Jacques Krier, L’écran français, n° 261, 3 juillet 1950.
Voici le plus beau film que j’ai vu depuis dix ans ! Rarement on a connu spectacle cinématographique aussi net, aussi sûr, aussi complet. Une perfection qui n’est pas de la virtuosité mais l’épanouissement de la personnalité puissante et éclairée d’un grand bonhomme : Jean Renoir. ». Maurice Bessy, Cinémonde, n° 532, 28 décembre 1938.
Sergueï Eisenstein (Union soviétique)
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Réalisation : Sergueï M. Eisenstein. Scénario : Sergueï M. Eisenstein et Piotr Pavlenko. Production : Mosfilm. Photographie : Édouard Tissé. Musique originale : Sergueï Prokofiev. Montage : Sergueï M. Eisenstein, Esfir Tobak. Distribution : Nikolaï Tcherkassov, Nikolaï Okhlopkov, Andreï Abrikossov, Aleksandra Danilova, Valentina Ivacheva. Durée : 112 min. Date de sortie en France : 21 juin 1950.
Jean Renoir (France)
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Réalisation : Jean Renoir. Scénario et dialogues : Jean Renoir et Denis Leblond-Zola (d’après le roman d’Émile Zola). Production : Robert et Raymond Hakim. Décors : Eugène Lourié. Musique : Joseph Kosma. Photographie : Curt Courant. Cadrage : Claude Renoir Jr. Montage : Marguerite Houlet Renoir. Photographe de plateau : Sam Lévin. Distribution : Jean Gabin, Simone Simon, Fernand Ledoux, Julien Carette… Durée : 100 minutes. Date de sortie en France : 23 décembre 1938. 11
Le Bossu de Notre-Dame
Espoir, Sierra de Teruel
À Paris, sous le règne de Louis XI, le peuple célèbre le carnaval. Le Bossu de Notre-Dame poursuit le travail d’adaptation au cinéma du roman de Victor Hugo, initié en 1923 par Notre-Dame de Paris de Wallace Worsley. La version de William Dieterle se permet de nombreux écarts vis-à-vis du roman initial, dont le plus frappant est le happy end célébrant les retrouvailles de Esméralda et Gringoire. La dimension tragique du roman est laissée de côté, Dieterle s’attachant à rendre l’atmosphère historique de Notre-Dame de Paris. Le personnage du roi Louis XI incarne ainsi l’humanisme et la foi dans le progrès, face à l’obscurantisme du peuple et au conservatisme forcené de Frollo et de ses pairs. Il approuve ainsi la presse imprimée, et soutient les pamphlets du poète Gringoire. Louis XI prononce ces paroles, qui ouvrent le film : « Les cathédrales ont écrit le passé ; la presse écrit notre temps. Je ne m’y opposerai pas ». Dans les rôles de Quasimodo et d’Esméralda, Charles Laughton et Maureen O’Hara triomphent. Un soin tout particulier fut accordé au maquillage de Charles Laughton. On raconte que sa confection mettait chaque jour trois heures, et que les abords du studio étaient méticuleusement surveillés pour garder secret le visage de Quasimodo jusqu’à la sortie du film. Le Bossu de Notre-Dame devait ouvrir le Festival de Cannes de 1939, sans faire partie de la compétition officielle. Il fut sans doute le seul film effectivement projeté avant que le festival ne soit annulé.
Il s’agit de l’adaptation par Malraux lui-même d’une partie de son roman L’Espoir (1937), qui puise dans l’expérience de l’écrivain au sein des brigades internationales pendant la Guerre d’Espagne. Le film se concentre en particulier sur la troisième partie du roman, rapportant la mission héroïque des aviateurs dans la Sierra de Teruel et le soutien que leur accorde la population. Cependant, Malraux conçoit moins le film comme une adaptation du livre que comme un outil cinématographique inspiré de l’esthétique soviétique, d’Eisenstein et de Poudovkine, soit un développement parallèle au roman qui utiliserait un langage différent, plus à même de s’adresser au peuple. Ainsi, Malraux souhaitait que son film, tourné en studio à Barcelone ainsi que sur un terrain d’aviation de la région, puisse atteindre le grand public. Les principaux protagonistes sont interprétés par des acteurs dégottés dans les petits théâtres de Barcelone. Cependant, la guerre représentée à l’écran trouve son pendant dans la situation réelle de production du film : il est réalisé par fragments, le tournage étant constamment interrompu par des coupures d’électricité, des alertes et des bombardements. La musique est composée en France par Darius Milhaud. Malraux réalise originellement un montage sur le modèle soviétique du contrepoint orchestral. Interdit en Espagne par Franco, le film est censuré en France par Daladier, chef du gouvernement, dès 1939. Jean Zay, qui l’a vu et aimé, ne peut donc pas le présenter « hors compétition » au Festival de Cannes en septembre 1939 comme il en a eu un temps l’intention.
William Dieterle (USA)
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Du “monument” de Victor Hugo : Notre-Dame de Paris, les Américains ont fait un film, tâche ardue entre toutes. En effet, pour réaliser une œuvre aussi spécifiquement française que celle-ci, il faut disposer de moyens dont seul Hollywood peut disposer. La cathédrale, la cour des Miracles, le parvis et tout un quartier du Paris médiéval furent reconstruits à Hollywood, sans lésiner sur les onze cents statues et les innombrables gargouilles. » Tom Tattle, Cinémonde, n° 600, 1er mai 1940. Réalisation : William Dieterle. Production : RKO. Scénario : Sonya Levien, Bruno Frank (d’après le roman de Victor Hugo, Notre Dame de Paris). Musique : Alfred Newman. Photographie : Joseph H. August. Décors : Van Nest Polglase, Al Herman, Darrell Silvera. Costumes : Walter Plunkett. Montage : William Hamilton, Robert Wise. Distribution : Charles Laughton, Maureen O’Hara, Cedric Hardwicke, Thomas Mitchell, Edmond O’Brien, Alan Marshal, Harry Davenport… Durée : 116 minutes.
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André Malraux (France)
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Ce que nous ne pouvons restituer à nos lecteurs, c’est la bouleversante vérité de ce film fait avec les seuls moyens de la pauvreté et du courage. Le simple récit de ces quelques hommes réunis en escadrille, accomplissant leur mission et allant mourir au sommet d’une montagne, atteint à la grandeur sans qu’on y sente un moment l’effort ou la contorsion. Il a suffi pour cela du ton de la vérité et de ces visages espagnols dont la présence, le naturel et la fierté ont de quoi serrer le cœur quand on pense au destin qui leur était réservé. » Albert Camus, Combat, 11 octobre 1944. Réalisation : André Malraux. Assistants à la réalisation : Boris Peskine, Max Aub. Scénario : André Malraux assisté de Denis Marion et Boris Peskine (d’après la troisième partie de L’Espoir, 1937). Production : Édouard Corniglion-Molinier. Photographie : Louis Page. Cadre : André Thomas. Musique : Darius Milhaud. Montage : André Malraux, Georges Grace. Distribution : Andrès Mejuto, Nicolas Rodriguez, José Sempere, José Maria Lado, Pedro Codina, Miguel del Castillo… Durée : 90 mn. Date de sortie en France : 13 juin 1945.
Olympia, Les Dieux du stade Leni Riefenstahl (Allemagne)
Les Dieux du stade (de son titre allemand Olympia) est un hymne documentaire au sport et à la beauté du corps, tourné à l’occasion des Jeux Olympiques de Berlin, du 1er au 16 août 1936, exaltant une grandeur allemande manifestée par les proportions titanesques du stade, la présence des dignitaires nazis, dont Hitler inaugurant les compétitions, et par la ferveur de la foule patriote. Le film est la deuxième collaboration de Leni Riefenstahl avec le régime nazi, après Le Triomphe de la volonté (1934), portant sur le congrès national-socialiste de Nuremberg, film dans lequel elle avait démontré l’efficacité idéologique de ses images. En 1936, quand Hitler demande à Riefenstahl de prendre en charge la réalisation d’un film documentaire sur les Jeux Olympiques, il attend qu’elle poursuive le travail initié avec le premier film : il s’agit de mettre son inventivité technique au service de la démonstration de la supériorité de la nation allemande. Le régime nazi met à sa disposition des moyens considérables pour la réalisation du film, aussi bien humains que financiers, permettant de développer des techniques de prise de vues absolument inédites. Ces techniques serviront d’étalon à nombre de films sportifs ultérieurs. Le film remporte la coupe Mussolini à la Mostra de Venise de 1938, à la demande de Goebbels. Cette intrusion marque la porosité désormais assumée par l’Italie fasciste entre jugement esthétique et jugement politique. C’est précisément pour cette raison que Jean Zay, encouragé par les protestations des délégations américaine, britannique et française, décide de créer un Festival International du film en France, d’emblée « antifasciste » et vitrine cinématographique des « nations libres ».
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Les Dieux du Stade ne sont pas seulement un documentaire sur les Jeux Olympiques. C’est une fresque grandiose, émouvante, à la gloire de la Beauté, de la Force, du Courage et de la Valeur. Rarement un film ne m’avait autant secoué d’enthousiasme. Il faudrait un aède pour en exprimer la poésie, pour en célébrer l’harmonie, pour en dégager les solides vertus et les féconds bienfaits. Égérie du IIIe Reich, Mme Leni von Riefenstahl a bien mérité de toutes les patries, en supprimant pour deux heures toute haine de races, de nations, de castes ou de partis. » Serge Veber, Pour Vous, n° 503, 6 juillet 1938. Réalisation, scénario, montage : Leni Riefenstahl. Musique : Herbert Windt. Son : Herman Storr. Durée : 201 minutes. Date de sortie en France : 22 juin 1938.
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25 FILMS EN COMPÉTITION Au revoir, Mr. Chips
La Charrette fantôme
Sam Woods (Grande-Bretagne)
Julien Duvivier (France)
Pour la première fois en cinquante-huit ans, Mr. Chipping, professeur de latin à l’école de Brookfield, manque la rentrée des classes à cause d’un rhume. L’après-midi même, assoupi, il rêve à ses cinquante-huit années de carrière à Brookfield. Production de la MétroGoldwyn-Mayer britannique, réalisée par un américain, Sam Wood, il s’agit de l’adaptation d’une nouvelle de James Hilton sur la vie d’un professeur qu’il a lui-même connu. Par souci d’authenticité, les scènes se déroulant dans l’école sont tournées à la Repton School, un établissement fondé en 1557. Les élèves de l’école y passèrent l’été pour participer au tournage et y jouer leur propre rôle. La performance de Robert Donat, traversant plusieurs âges de la vie pour interpréter Mr. Chips, fut saluée par l’Oscar du meilleur acteur, passant ainsi devant Clark Gable, nominé pour Autant en emporte le vent. Le film, réalisé en 1939, s’affirme comme une apologie de la paix : dans un contexte de guerre imminente, il nous rappelle le coût humain de celle-ci et les blessures qu’elle engendre. La volonté pacifique se marque avec plus de poids encore à travers le personnage de Max Staefel, un autrichien qui fait découvrir à Mr. Chips, et au spectateur de 1939, son pays natal. À la fin du film, Mr. Chips pleure la disparition de son ami alors qu’il est mort en combattant au sein de l’armée ennemie, ce qui provoque l’étonnement de ses élèves. Au revoir, Mr. Chips témoigne d’un pacifisme réaliste, soucieux d’éviter la guerre mais pas à n’importe quel prix.
Dans une ville nordique imaginaire, l’Armée du Salut ouvre un refuge pour les vagabonds et les mendiants. Une pauvre femme se plaint du bruit d’une charrette qui se traîne, sans pouvoir la voir, la charrette des morts, que l’on entend seulement lorsqu’on est sur le point de mourir. Chaque 31 décembre, celui qui meurt au douzième coup de minuit devient pour une année entière le nouveau conducteur de la charrette. Adaptation du roman Le Charretier de la mort de Selma Lagerlöf (1912), le film est aussi une reprise du chefd’œuvre muet de Victor Sjöström (1921). L’œuvre de Duvivier annonce la vague fantastique du cinéma français des années 1940, avec Les Visiteurs du soir, de Marcel Carné (1942), ou encore Obsessions, de Julien Duvivier luimême (1943). Mais il s’inscrit aussi dans le réalisme poétique des années 1930, peinture du petit peuple ici obscurcie par l’ombre menaçante du conflit mondial. L’argument fantastique est l’occasion de trouvailles esthétiques de Duvivier, servi par la photographie de Jules Krüger et les décors de Jacques Krauss. Le récit oscille entre les bas-fonds miséreux de la ville, lieu fangeux parcouru par un Pierre Fresnay alcoolique et violent, et l’espace plus paisible de l’Armée du Salut, dans lequel l’espoir est encore permis, personnifié par le personnage bienveillant d’Édith. La Charrette fantôme est cependant empli d’un pessimisme qui témoigne des espoirs déçus du Front Populaire, et de la crainte de voir le fantôme mortifère du fascisme recouvrir l’Europe.
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Le film capture l’atmosphère du livre avec une fidélité étonnante. Il faut remercier Robert Donat pour cela, qui interprète brillamment l’aimable professeur. Sa tâche lui est rendue plus aisée par la finesse du scénario et l’intelligence de la mise en scène. Il n’y a pas une seule fausse note parmi toutes les scènes d’école, qui nous rappellent encore et encore, avec fierté et honte, les indigestions de latin et de maths. » Alan Page, Sight and Sound, vol. 8 n°30, été 1939. Réalisation : Sam Wood. Scénario : R.C. Sherriff, Claudine West et Eric Maschwitz (d’après le roman de James Hilton). Production : Metro-Goldwyn Mayer British Studios Ltd. Photographie : Freddie A. Young. Musique : Richard Addinsell et Louis Levy. Distribution : Robert Donat, Greer Garson, Paul Henreid… Durée : 114 minutes.
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Un film vertigineux, qui vous prend à la gorge et qui, s’il vous fait pleurer, n’utilise ni cadavres de gangsters, ni morale de Bibliothèque Rose. Je dirai même qu’au travers de cette histoire assez triste et propre à exciter la pitié, passe comme un grand souffle d’air pur, de rédemption. Jouvet et Fresnay se partagent le film ; l’un entièrement renouvelé, cynique et frivole, soudain translucide et immatériel ; l’autre étonnant de révolte misérable, obstiné à s’emprisonner luimême dans une prison de malheur. » Maurice Bessy, Cinémonde, n° 590, 21 février 1940.
Réalisation : Julien Duvivier. Scénario : Julien Duvivier (d’après le roman de Selma Lagerlöf, Le Charretier de la mort). Production : Paul Graetz, Jean Lévy-Strauss. Photographie : Jules Krüger. Musique originale : Jacques Ibert. Décors : Jacques Krauss, André Trébuchet. Maquillage : Vladimir Tourjansky. Coordination des effets spéciaux : Jean Epstein. Photographie de plateau : Henri Pecqueux. Distribution : Pierre Fresnay, Louis Jouvet, Micheline Francey, Marie Bell, Valentine Tessier, Mila Parely, Robert Le Vigan… Durée : 93 min. Date de sortie en France : 16 février 1940.
Elle et lui (Love Affair)
L’Enfer des anges
Leo McCarey (USA)
Christian-Jaque (France)
Michel Marnet, un « bourreau des cœurs » français, se trouve à bord d’un paquebot pour aller rejoindre sa fiancée, une riche américaine, fille d’industriel, qui l’attend à New York. Il y fait la connaissance de Terry McKay, une chanteuse de cabaret, qui repousse ses avances : elle aussi est sur le point de se marier avec son patron, et de connaître un sort meilleur. Elle et lui, qui sera refait en 1957 par le même cinéaste, mène le genre du mélodrame à son apogée en le mêlant de façon très subtile à la comédie romantique. L’amour n’y est pas peint comme un coup de foudre ou comme un idéal auquel les protagonistes aspirent : il apparaît au contraire comme une construction progressive, une étape de la vie qui permet le passage de la jeunesse à l’âge adulte. McCarey, dans la continuité des screwball comedy des années 1930, nous montre que le véritable amour se compose d’une multitude d’expériences vécues à deux et individuellement, et qu’il conduit ainsi à une révélation de soi même. Il y a une dimension mystique dans l’engagement amoureux car les personnages se mettent à l’épreuve avant de se retrouver : rompant leurs fiançailles et ainsi leur source de revenus, ils font en quelque sorte vœu de piété et de chasteté, avant de se donner rendez-vous au « point le plus proche du paradis ». Les protagonistes entament un véritable chemin de croix, qui leur permet de se découvrir, étape sans laquelle leur amour demeurerait impossible.
Deux enfants au sort tragique, Lucien et Lucette, se rencontrent dans le Paris misérable de la fin des années 1930. Battu par son père, Lucien est laissé pour mort par ce dernier dans un terrain vague : il se réveille quelques temps après mais a perdu la mémoire. Lucette, orpheline, s’est évadée d’une maison de redressement et fuit la police. Tous deux échouent dans un bidonville de l’est parisien, la cité Henri IV, occupée par une bande d’adolescents abandonnés. Après Les disparus de Saint-Agil, Christian-Jaque revient sur le thème de l’enfance malheureuse et haute en couleurs avec les interprètes des « Chiches Capons », Serge Grave, Jean Claudio et Marcel Mouloudji. Le récit adopte le ton du mélodrame, opposant symétriquement des figures vicieuses, cherchant à profiter de l’innocence parfaite des deux jeunes protagonistes, Lucien et Lucette, et des figures vertueuses, prodiguant l’amour parental que le sort leur a dénié. Non-crédité au générique, Jacques Prévert, qui travaille bénévolement et anonymement sur le scénario du film, a démontré son engagement contre l’enfance maltraitée. Il donne donc au film une impulsion militante, s’élevant pour défendre une jeunesse délinquante par nécessité et non par choix. Mais le film va être détourné de son propos initial par le régime de Vichy : sorti en salles en 1941, il sera utilisé pour illustrer la misère sociale et la « disparition des valeurs familiales » dans la France du Front Populaire.
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Comme les autres films de McCarey, celui-ci a l’apparence d’une comédie mais l’intensité profonde d’une romance dont la tristesse nous hante. Irene Dunne et Charles Boyer se sont emparés des différentes humeurs du scénario avec brio, jouant un coup avec légèreté, un coup avec sobriété, mais quoi qu’il en soit toujours très crédibles, toujours proches de leur personnage, et avec une utilisation superbe du matériau qu’ils ont en main. […] McCarey a bien pesé tous ses ingrédients et les a mélangés dans un film lumineux et mémorable. » Frank S. Nurgent, New York Times, 17 mars 1939. Réalisation : Leo McCarey. Scénario : Delmer Daves et Donald Ogden Stewart. Production : RKO. Musique : Roy Webb. Photographie : Rudolph Maté. Montage : Eward Dmytryk et George Hively. Décors : Van Nest Polglase, Darrel Silvera. Costumes : Howard Greer et Edward Stevenson. Distribution : Charles Boyer, Irene Dunne, Maria Ouspenskaya, Lee Bowman, Astrid Allwyn…
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Ce n’est pas du roman, ce n’est pas du mélo, ce n’est pas, non plus, ce qu’aucuns se complaisent à dénommer pompeusement “une tranche de vie”, c’est beaucoup mieux que cela : une succession de faits qui révèlent la tragédie de l’enfance abandonnée, de cette enfance privée de tendresse, qui pousse, seule, au bord du ruisseau, livrée à elle-même, à la grâce de Dieu. L’enfer des anges […] est un film qui bouleverse, qui étreint, qui amuse aussi, car l’enfant n’est pas toujours triste, même dans certaines circonstances pénibles de la vie. » Jean Voiron, Cinémonde, n° 567, août 1939.
Réalisation : Christian-Jaque. Scénario : Pierre Véry et Jacques Prévert (non-crédité). Dialogues : Pierre Laroche et Jacques Prévert (non-crédité). Décors : Paul-Louis Boutié. Musique : Henri Verdun. Photographe de plateau : Léo Mirkine. Production : Émile Darbon. Distribution : Louise Carletti, Jean Claudio, Lucien Gallas, Jean Tissier, Dorville, Bernard Blier, Marcel Mouloudji, Serge Grave, Sylvia Bataille, Fréhel. Durée : 95 minutes. Sortie en France : 13 février 1941.
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La France est un Empire
La Grande Solution
En 1939, dans un contexte de guerre latente, l’Agence générale des colonies commande un documentaire démontrant la puissance de l’Empire français, tout en rappelant ses étapes historiques. Du Maroc à la Cochinchine, en passant par l’Afrique de l’Ouest, Madagascar et les Antilles, cinq opérateurs, sous la houlette du journaliste Jean d’Agraives, sont envoyés à la rencontre des « indigènes » et de leurs « bienfaiteurs ». On y trouve la traditionnelle exaltation des figures coloniales (le médecin, le militaire, le missionnaire et le maître d’école) et des infrastructures de liaison installées par la métropole (avion, TSF, automobile). La présentation de quelques cérémonies rituelles doit démontrer le caractère primitif de ces populations avant l’arrivée des colonisateurs. Y est aussi souligné l’attachement des colonisés à la patrie française. La France est un Empire est un documentaire de propagande à destination de la population de la métropole mais aussi des nations étrangères : les images, qui possèdent cependant un véritable intérêt historique, témoignent d’une volonté de mettre en avant la puissance de l’Empire à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Conscient du rôle stratégique de ce document, sa sélection fut exigée par Jean Zay lui-même. L’Empire y apparaît comme espace stratégique et un réservoir de vies dévouées pour défendre la « civilisation » et la « nation » dans une Europe en train de plonger dans la guerre. La fin du film, qui s’adresse plus spécifiquement à l’Allemagne et à l’Italie, représente un véritable défilé de la puissante armée coloniale.
Le film se passe dans un pays hypothétique sur lequel règne un dictateur à grandes bottes, qui convainc son peuple d’entrer en guerre en lui promettant la gloire. L’enthousiasme belliqueux est à son comble et le pays s’arme : le baron Krog, marchand de canons, a pu constituer des stocks importants. Mais un mal mystérieux commence à se développer et ne s’attaque qu’aux hommes de plus de quarante-cinq ans. Surnommé « la peste blanche », il semble incurable. Mais un jour, apparaît un pauvre médecin des quartiers populaires, le docteur Galén, qui possède le remède contre ce fléau. Il annonce qu’il ne le donnera qu’à ses clients les plus pauvres tant que le pays n’aura pas renoncé à la guerre. Il s’agit du dernier film produit par la Tchécoslovaquie, démantelée en mars 1939 par Hitler. Il constitue une adaptation fidèle d’une pièce de Karel Capek et dépeint le combat d’un humaniste idéaliste et pacifiste contre un système de violence et de propagande d’État. Le personnage du dictateur-maréchal, inspiré d’Adolf Hitler, diffuse un message similaire : la guerre doit permettre au pays de conquérir un espace vital qui lui est dû. Le film fut interdit dans tous les pays fascistes. Brièvement visible en France en mai 1939, il a été par la suite censuré et ne sortit véritablement qu’en 1945. D’origine juive, Hugo Haas, qui incarne lui-même le médecin Galén, a dû quitter la Tchécoslovaquie à l’arrivée des nazis pour la France, puis les États-Unis, où il tournera avec des grands metteurs en scène hollywoodiens pour beaucoup émigrés, comme lui : Jacques Tourneur, Douglas Sirk, Albert Lewin, John M. Stahl.
Jean d’Agraives (France)
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Voilà un film qui vient à son heure. Il doit être diffusé partout à travers le monde car il montrera à tous, aux neutres principalement, que nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts. » Georges Fronval, Cinémonde, n° 591, 28 février 1940.
Scénario : Jean d’Agraives. Commentaire : Emmanuel Bourcier. Opérateurs : Gaston Chelle (Afrique du Nord), Hervé Missir (Asie), Georges Barrois (Madagascar, Somalie), Raymond Méjat (Guyane, Antilles), André Persin (Afrique). Montage : Jean Loubignac, assisté de Marie-Louise Simon. Musique : Van Hoorebëke. Production : Ciné-Reportages. Durée : 86 minutes.
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Hugo Haas (Tchécoslovaquie)
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Si la valeur historique de ce film est importante, son caractère artistique est un peu faible ; et parler de son contenu idéologique serait superflu. Ce qui ne l’empêche pas de nous toucher par sa chaleur et sa générosité, aussi bien que par l’adresse dramatique de l’auteur et du metteur en scène, qui — en parfaits idéalistes — ont réservé à leur “vilain” dictateur un rôle finalement touchant. » Nino Frank, Pour Vous, n° 546, 3 mai 1939.
Réalisation : Hugo Haas. Scénario : Hugo Haas (d’après l’ouvrage de Karel Capek, La Peste blanche, 1937). Photographie : Otto Heller. Musique : Jan Branberger. Décors : Stepan Kopecky. Montage : Antonin Zelenka, Fannie Hurst. Distribution : Hugo Haas, Bedrich Karen, Zdenek Stepánek, Vaclav Vydra… Durée : 106 minutes. Date de sortie en France : décembre 1945.
L’Homme du Niger
Lénine en 1918
Au Soudan, trois officiers, le commandant Bréval, le médecin major Bourdais et le lieutenant Parent, travaillent fraternellement à « civiliser » le pays. Bréval rêve d’un barrage tandis que Bourdais s’acharne à soigner la lèpre et la maladie du sommeil tout en luttant contre la magie noire. Déroulant une trame mélodramatique servie par de grands comédiens de l’époque (Harry Baur, Victor Francen), sur fond d’exotisme et d’Empire, ce film colonial s’inscrit dans les codes du genre. Dans le contexte politique et face à la montée des fascismes, la sélection de ce film au Festival de Cannes de 1939 a pour vocation de révéler les mérites de l’Empire français, sur un plan social et militaire, voulant démontrer les bienfaits de la colonisation comme vecteur de progrès sous la houlette des missionnaires blancs, faisant de l’Empire l’espace par excellence de la civilisation.
En 1918, en pleine guerre civile et face à la menace d’intervention étrangère, le pays est exsangue : le pain et le carburant viennent à manquer. Lénine, entouré de Staline, Dzerjinsky, Sverdlov, Kroupskaïa, et Gorki, organise la défense et signe le décret sur la suppression de la propriété privée. Lénine en 1918, comme son prédécesseur Lénine en octobre, réalisé par Mikhaïl Romm en 1937, est un film biographique sur un moment clé de la vie de Lénine. Le film obtient le prix Staline en 1943. En 1956, en pleine déstalinisation, Khrouchtchev décide de faire ressortir les deux films, en supprimant les passages avec Staline. Dans ses films, Romm a fait de Lénine l’incarnation de la justice idéale ; Khrouchtchev souhaite ainsi exploiter le mythe Lénine contre celui de son successeur.
L’imaginaire a besoin de légendes. Les pionniers coloniaux sont les derniers fils des bâtisseurs de la Cité. Ils sont un prétexte de première grandeur. Mais toute qualité a son défaut. Ne traduisons pas altruisme par grandiloquence et amphigourisme. Tout héroïsme est entaché de chair. Qu’est-ce qu’un héros ? Un homme qui lutte contre soi-même pour un grand rêve. Jacques de Baroncelli a très bien su mettre cela en valeur. Et son film s’en ressent qualitativement. Il y a des scènes admirables et toute la partie documentaire est de premier ordre. Harry Baur, quel acteur ! » Jacques Berland, Cinémonde n° 567, 30 août 1939.
Grâce à ce film, l’histoire vit devant nous. Elle est pleine des menaces révolutionnaires qui la font vibrer. Elle cloue les spectateurs sur leurs chaises, les emporte et les bouleverse. Oui, elle les bouleverse ! Bien sûr nous savions déjà tout cela grâce aux manuels et aux témoignages. Nous connaissions l’amitié profonde entre Lénine et Staline et le combat mené par Staline et son compagnon d’armes, Vorochilov, contre les instructions perfides de Trotski. Mais maintenant ce sont des millions de gens qui vont pouvoir devenir les témoins de cette épopée passée. Ils vont pouvoir vivre celle-ci en direct et la ressentir pleinement… Chtchoukine est très inspiré dans son incarnation de Lénine, dont il offre une image vivante. L’art soviétique vient à nouveau de s’enrichir d’une arme puissante pour l’éducation communiste des masses. » S. Tregoub, Smena, n° 316, avril 1939.
Jacques de Baroncelli (France)
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Générique. Réalisation : Jacques de Baroncelli. Scénario : Albert Dieudonné (d’après le roman de Jean Paillard : Gahna, ville perdue). Dialogues : Joseph Kessel. Décors : Robert Gys, Guy de Gastyne et James Allan. Musique originale : Henri Tomasi. Montage : Jean Sacha. Distribution : Harry Baur, Victor Francen, Jacques Dumesnil, Annie Ducaux, Georges Mauloy. Durée : 102 minutes. Sortie en France : 1940.
Mikhaïl Romm (Union soviétique)
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Réalisation : Mikhaïl Romm. Scénario : Alexeï Kapler, Taïssia Zlatogorova. Photographie : Boris Voltchek. Musique : Nikolaï Krioukov. Production : Mosfilm. Distribution : Boris Chtchoukine, Nikolai Okhlopkov, Aleksandr Chatov, Leonid Lioubachevski, Vassili Markov, Nikolaï Tcherkassov, Mikhaïl Gelovani, Natalia Efron. Durée : 130 minutes.
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La Loi du Nord
Mademoiselle et son bébé
Jacques Feyder (France)
Garson Kanin (USA)
Robert Shaw, un riche milliardaire new-yorkais, assassine l’amant de sa femme. Grâce à ses amis bien placés, il est déclaré fou et envoyé à l’hôpital psychiatrique. Il parvient à s’enfuir grâce à l’aide de sa secrétaire et maîtresse, Jacqueline, et gagne avec elle le Canada. Pour fuir la police qui est sur leurs traces, ils s’éloignent vers les étendues désertiques du Grand Nord, et reçoivent l’aide d’un trappeur, Dumontier, en se faisant passer pour une équipe de tournage. Le film fut le résultat d’une longue et coûteuse production : d’abord prévu à Villard-de-Lans, dans le massif alpin du Vercors, les conditions se montrèrent trop clémentes, et le tournage dut être déplacé en Laponie, à Kiruma. Làbas, l’équipe dut véritablement affronter les rigueurs du froid. Après Orage, de Marc Allégret (1938), avec Charles Boyer, et Le Quai des Brumes de Marcel Carné (1938), avec Jean Gabin, Michèle Morgan poursuit une carrière prestigieuse, avant de quitter la France pour les États-Unis en juillet 1940, où sa carrière ne décollera pas. Quant à Jacques Terrane, qui fait des débuts prometteurs dans le rôle de Dumontier, il s’engage dès juin 1940 dans les Forces françaises libres et trouve la mort lors d’une opération de la Brigade française d’Orient, près de Damas en Syrie, en 1942. Le film ne sortit en France qu’en 1942, et fut alors renommé La Piste du Nord.
Polly Parish, jeune vendeuse dans un magasin de New York, est licenciée par son patron alors que la période de Noël prend fin. Dépitée, elle marche dans la ville, et trouve un bébé abandonné devant l’Assistance publique. Elle entre pour le remettre aux mains des employés, mais ceux-ci sont persuadés qu’elle est la mère de l’enfant. Mademoiselle et son bébé (Bachelor Mother) est une comédie qui traite avec légèreté du thème sérieux des enfants abandonnés. Le film connait un grand succès auprès du public et fut nommé aux Oscars. Car si le film commence comme un drame social, avec un personnage de vendeuse précaire licenciée, il se transforme rapidement en une comédie amoureuse qui permet de nouer le destin de la jeune femme de classe populaire à celui de son patron et propriétaire du magasin. Dans les années 1930, Ginger Rogers devient une grande vedette de comédies musicales, reconnue pour ses talents de danseuse. Ses capacités d’actrice sont révélées en 1939 dans Mademoiselle et son bébé, ce qui lui vaudra par la suite de pouvoir étendre son jeu au-delà du genre de la comédie musicale. Elle remporte ainsi l’Oscar de la meilleure actrice en 1941, pour son rôle dans Kitty Foyle (Sam Wood, 1940), une production de la RKO dans laquelle elle interprète de nouveau une femme de classe populaire. Garson Kanin, d’abord acteur burlesque et saxophoniste, devient metteur en scène à Broadway, puis scénariste, enfin réalisateur. Sa spécialité demeure les comédies portant sur les rôles sociaux des femmes, co-écrivant par exemple avec Ruth Gordon le scénario de Madame porte la culotte (Adam’s Rib), réalisé par George Cukor (1949).
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Avec La Loi du Nord, le cinéma français, et plus spécialement le metteur en scène Jacques Feyder, viennent de s’attaquer à un sujet qui semblait être jusqu’à présent l’apanage exclusif du cinéma et des réalisateurs hollywoodiens. Jacques Feyder s’égale aux maîtres américains, il les dépasse, parce qu’il ajoute à sa maîtrise technique la “touche” si humaine et si personnelle de son talent. D’excellentes prises de vues de Roger Hubert mettent en valeur chacune des images de ce film. Seul un homme comme Jacques Feyder pouvait l’entreprendre et le réussir, car il était hasardeux d’empiéter, en France, sur un terrain qui semblait appartenir exclusivement aux Américains ». Odile Cambier, Cinémonde, n° 567, 30 août 1939.
Réalisation : Jacques Feyder. Scénario : Alexandre Arnoux et Jacques Feyder (d’après Telle qu’elle était de son vivant de Maurice Constantin-Weyer). Production : Roland Tual. Photographie : Roger Hubert, Jean Charpentier, Paul Fabian. Décors : Jean d’Eaubonne. Musique : Louis Beydts. Distribution : Michèle Morgan, Pierre Richard-Willm, Charles Vanel, Jacques Terrane, Jean Wall… Durée : 110 minutes. Date de sortie : 7 mars 1942.
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Le ravissant petit ouvrage que celui-ci ! Le plus alerte, le mieux bâti, le moins laborieux que les Américains nous aient présenté depuis le début de la guerre. Décidément, les scénaristes de Hollywood ont la main – ou plutôt la plume – heureuse quand ils inventent des sujets pour Ginger Rogers. Danseuse et chanteuse de qualité, cette comédienne nous prouve, derechef, qu’elle peut enchanter le plus renfrogné des spectateurs, même sans le secours de ses jambes et de ses cordes vocales. » Nino Frank, Pour Vous, n° 580, 27 décembre 1939. Réalisation : Garson Kanin. Scénario : Norman Krasna. Production : RKO. Photographie : Robert de Grasse. Ingénieur du son : Richard Van Hessen. Direction artistique : Van Nest Polglase et Carroll Clark. Décors : Darrell Silvera. Montage : Henry Berman et Robert Wise. Musique : Roy Webb. Distribution : Ginger Rogers, David Niven, Charles Coburn, Frank Albertson. Durée : 82 min. Date de sortie en France : 20 décembre 1939.
Le Magicien d’Oz
Magie africaine
Victor Fleming (USA)
Armand Denis et Leila Roosevelt (Belgique)
Dorothy, une jeune fille vivant avec son oncle et sa tante dans une petite ferme du Kansas, a des ennuis : Mlle Gulch, la femme la plus riche de la région, persécute son chien adoré, Toto. Rêvant d’un « endroit sans histoires », Dorothy décide de prendre la fuite avec Toto. Elle renonce finalement à son plan, mais une tornade s’abat au même moment sur la région, et emporte Dorothy et Toto « au-delà de l’arc-en-ciel », à Oz, un pays enchanté tout en couleurs. Le Magicien d’Oz est adapté du roman à succès de Lyman Frank Baum, publié en 1900 aux États-Unis, et en 1931 en France. Dès 1924, la MGM essaye d’obtenir les droits d’adaptation du roman, qui seront finalement obtenus par Samuel Goldwyn en 1934. L’univers féérique du Magicien d’Oz est propice à la mise en valeur de la nouvelle technologie du Technicolor. L’idée du film est la correspondance entre monde réel de l’Amérique rurale et univers onirique d’Oz. En cela, le personnage de Dorothy peut être apparenté au spectateur de cinéma : emporté par une tornade, qui pourrait-être celle de la crise sociale, elle se rend « au-delà de l’arcen-ciel », sublimé, coloré, où chacun apprend à faire la connaissance de lui-même. Grâce à ce détour par le merveilleux, Dorothy apprend à désirer ce qu’elle a déjà : sa petite vie tranquille dans une ferme du Kansas. Le film a propulsé Judy Garland, alors âgée de 16 ans, au rang de star. La jeune actrice et chanteuse, inséparable de la chanson Somewhere Over The Rainbow, qui remporte l’Oscar de la meilleure chanson originale, est devenue la figure principale des comédies musicales de la MGM.
Magie africaine est un film documentaire belge retraçant l’expédition menée en 19341935 par Armand Denis et Leila Roosevelt de la Belgique au Congo. Spécialisé dans le film d’aventure, le couple reçoit un financement du gouvernement belge pour partir en compagnie du chef opérateur Leroy G. Phelps, dans le but de procéder à des prises de vue africaines. Ils enregistrèrent une grande variété d’images et de sons, parmi lesquels le premier document sur les musiques et les danses Tutsi du Rwanda. Bien que financé par la Belgique, le film de montage ne sera finalement distribué qu’aux États-Unis. On y retrouve l’intérêt pour l’Afrique, qui passe par l’éloge des bienfaits de la colonisation.
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Depuis le Blanche-Neige de Disney, rien d’à peu près aussi fantastique n’avait eu à moitié autant de succès. Un conte enchanté raconté dans un style enchanté, avec des sorcières, des nains, des lutins, et d’autres choses merveilleuses dessinées avec les couleurs les plus vives, gambadant joyeusement dans le décor vers leur petit objectif. Tout cela est d’une intention si pure, est si génial et si gai, que tout critique qui le mépriserait et s’en moquerait devrait recevoir une fessée et être envoyé au lit sans souper. » Frank S. Nurgent, The New York Times, 18 août 1939.
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Après avoir vu Magie africaine, on peut comprendre à quel point la plupart de ses prédécesseurs étaient ténus, artificiels et mal réalisés. Car ici, nous sommes face à un exposé anthropologique plus excitant et merveilleux que la plupart des fictions auxquelles nous avons préalablement été exposés ; ici, se trouve le véritable cœur des ténèbres, immense, inconnaissable et sauvage à un point indicible. Cela rend le Continent Noir aussi accessible que le Bryce Canyon ou que le Zion National Park. Mais que l’on ne se trompe pas : l’Afrique est toujours l’Afrique, peut-être géographiquement rapprochée par la caravane, mais toujours des milliers d’années en arrière. […] On félicite M. Denis de s’être retenu d’ajouter des fioritures à son histoire : l’Afrique est tellement plus dramatique quand elle n’est pas dramatisée ». B. R. C., The New York Times, 10 octobre 1938. Réalisation : Armand Denis, Leila Roosevelt. Photographie : Leroy G. Phelps. Société de distribution : Universal Pictures. Durée : 75 minutes.
Réalisation : Victor Fleming. Scénario : Noel Langley, Florence Ryerson et Edgar Allan Woolf (d’après le livre de L. Frank Baum). Production : Mervyn LeRoy, Arthur Freed, pour la MGM. Photographie : Harold Rosson. Ingénieur du son : Douglas Shearer. Musique originale : Harold Arlen. Chansons originales : Edgar « Yip » Harburg. Direction artistique : Cedric Gibbons. Décors : Edwin B. Willis. Costumes : Adrian. Maquillage : Jack Dawn. Distribution : Judy Garland, Ray Bolger, Bert Lahr, Jack Haley, Billi Burke, Frank Morgan. Durée : 100 min. Date de sortie en France : 26 juin 1946.
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Mélodie de la jeunesse
Mr. Smith au Sénat
Une école de musique pour enfants pauvres se trouve dans une situation financière délicate. Jascha Heifetz, le célèbre violoniste, est convaincu par l’un des élèves, Frankie, de donner un concert de soutien, et l’école est ainsi sauvée. L’intérêt principal du film, déroulant par ailleurs une trame mélodramatique sur l’enfance malheureuse à New York, réside dans la performance du violoniste Jascha Heifetz, qui interprète notamment dans le film, où il joue son propre rôle, l’introduction du Rondo Capriccioso de Camille Saint-Saëns. La biographie de Heifetz fait écho à l’histoire de Frankie, relatée dans le film, celle d’un enfant modeste de Vilnius passionné par la musique et prêt à tout pour elle.
Le sénateur Sam Foley vient de mourir : il faut lui trouver un remplaçant qui ne contrevienne pas aux plans de Jim Taylor, riche industriel dont le pouvoir s’étend à la presse et aux politiciens de son État. Le gouverneur décide de nommer à la place de Sam Foley une célébrité locale, Jefferson Smith, un jeune homme naïf et plein d’idéaux qui dirige les Boys Rangers de la région, et que les politiciens pensent facile à manipuler. La décision est reçue avec liesse par la population. Smith fait donc ses premiers pas à Washington. Bien que le film produise une critique acerbe des institutions américaines, il faut le comprendre avant tout comme une ode à la liberté d’expression et à la démocratie, dont Mr. Smith tâche de sauver la pureté face aux manigances de sénateurs crapuleux. L’attachement du personnage aux Pères fondateurs et à la Constitution, en fait un film qui cherche à souligner la nécessité de lutter pour le bon fonctionnement du système démocratique américain. Seule cette Amérique-là peut se dresser face aux régimes fascistes qui prolifèrent en Europe. Malgré cela, le film fut très mal reçu aux États-Unis lors de sa sortie : près de la moitié des spectateurs, se disant « offusqués », quittèrent la salle, et notamment des personnalités du monde politique, choquées que Frank Capra eût osé montrer le spectacle de la corruption au sein de « l’auguste Sénat ». Le film fut même accusé d’anti-américanisme et de « pro-communisme ». Il s’agit de la deuxième collaboration de Capra avec James Stewart, après Vous ne l’emporterez pas avec vous (1938), et avant son rôle mythique dans La vie est belle (1946).
Archie Mayo (USA)
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Dernier venu parmi les arts, le cinéma est vraiment un benjamin vorace. Le théâtre, la poésie, la danse, la musique ont été tour à tour victimes de ses incursions. Mais un film comme celui-ci sert la musique autant que la musique le sert. Jamais nous n’avions aussi bien réalisé la perfection à laquelle est parvenu l’enregistrement du son sur pellicule. Jascha Heifetz n’est pas un acteur. Il ne joue que de son violon, mais cela suffit. Jamais concert ne fut écouté plus religieusement que celui qui se donnait l’autre soir sur l’écran. Quand ce fut fini, les applaudissement éclatèrent, non seulement sur l’écran, mais aussi dans la salle. Pendant un instant, le cinéma avait réussi, à force de perfection, à se faire oublier lui-même. » Odile D. Cambier, Cinémonde, n° 601, 8 mai 1940.
Réalisation : Archie Mayo. Scénario : Irma von Cube, John Howard Lawson. Production : Samuel Goldwyn pour United Artists. Photographie : Gregg Toland. Direction artistique : James Basevi. Décors : Julia Heron. Distribution : Jascha Heifetz, Gene Reynolds, Walter Brennan, Andrea Leeds, Joel McCrea, Terry Kilburn, Porter Hall. Durée : 105 minutes. Date de sortie en France : 8 mai 1940.
Frank Capra (USA)
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Une fois de plus, Frank Capra a choisi des personnages qui défendent des idées et illustrent des thèses philosophiques ou sociales. Son Jefferson Smith est une magnifique nature, probe et loyale, un avocat passionné des nobles causes désespérées. Parfois son héros devient le symbole même de la Liberté et de l’Honneur national, mais ne cesse guère, grâce à l’art incomparable de Capra, d’être un homme. Les idées que défend M. Smith nous sont chères au plus haut point et nous touchent en ce moment plus qu’en tout autre instant. » Roger Regent, Pour Vous, n° 585, 31 janvier 1940.
Réalisation : Frank Capra. Réalisation seconde équipe : Charles Vidor. Scénario : Sidney Buchman (d’après une histoire de Lewis R. Foster). Dialogues : Harold Winston. Production : Columbia Pictures. Photographie : Joseph Walker. Musique originale : Dimitri Tiomkin. Direction artistique : Lionel Banks. Décors : Walter Holscher et George Montgomery. Distribution : James Stewart, Jean Arthur, Claude Rains, Harry Carey… Durée : 126 minutes. Date de sortie en France : 19 janvier 1940. 20
Nuages sur l’Europe (Armes Secrètes)
Pacific Express
Tim Whelan (Grande-Bretagne)
Cecil B. DeMille (USA)
En septembre 1938, des prototypes d’avion transportant des équipements expérimentaux secrets, issus de divers pays d’Europe, disparaissent avec leur équipage lors de leur vol d’essai. En Angleterre, le Major Hammond, un agent secret, est mandaté par Scotland Yard pour résoudre cette affaire, accompagné de sa sœur Kay, une journaliste fine mouche. Nuages sur l’Europe (Clouds Over Europe est le titre anglais du film) est une comédie d’espionnage britannique réalisée par l’américain Tim Whelan, installé en Angleterre, et produit par le célèbre producteur britannique Alexandre Korda. Malgré son propos sérieux, le film se fait tout à fait léger, porté par un personnage d’agent secret dont le style connaîtra une certaine postérité, notamment celle de « John Steed » dans Chapeau melon et Bottes de cuir. Nuages sur l’Europe est le dernier film britannique de Laurence Olivier, qui va ensuite faire carrière à Hollywood, grâce à son interprétation remarquée des Hauts de Hurlevent. Interprétant dans Nuages sur l’Europe un pilote engagé dans la défense de son pays face à l’ennemi allemand, ce rôle lui sera réellement dévolu, puisqu’il s’engage volontairement dans l’Air Force lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate.
Pacific Express illustre la grande épopée américaine du XIXe siècle : l’édification de la voie ferrée reliant la côte Atlantique des États-Unis à la côte Pacifique dans les années 1860, en pleine Guerre de Sécession. Deux compagnies sont en concurrence pour réaliser ce projet colossal. Par décision du gouvernement américain, elles se voient chacune attribuer la construction de la moitié du réseau. Alors que la « Pacific Express » se concentre sur sa mission, la compagnie concurrente, la « Central Pacific », semble bien décidée à empêcher par tous les moyens sa rivale d’arriver à ses fins. Le film possède tous les codes du western, comme dans sa principale inspiration, Le Cheval de fer de John Ford (1924) : on y retrouve la figure de Lincoln, qui inspire la conquête de l’Ouest, et celle des Indiens comme obstacle au progrès, idée qui anime le mythe de la Frontière. Mais, ici, le code légitime le genre : avec La Chevauchée fantastique (Ford, 1939), Pacific Express est le film qui a permis au western de sortir de la série B, obtenant ainsi des budgets considérablement plus élevés. En outre, Pacific Express utilise le western pour interroger, par échos, l’histoire contemporaine des USA : en l’occurrence, il s’agit d’une célébration de l’unité nationale, aussi bien en réponse à la Grande dépression que face à la menace de la Seconde Guerre mondiale imminente.
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Voici une recette qui fait le succès d’un livre : l’introduction, dans une action hautement dramatique, d’un couple gai, distrait, charmant, touche-à-tout, qui sème le désordre et finit par récolter le succès, a été encore une fois exploitée avec bonheur dans ce film d’espionnage et d’anticipation. Il s’agit du major Hammond et de sa sœur, journaliste, qui gêne considérablement le travail de son détective de frère. » Claude Méjean, Cinémonde, n° 565, 16 août 1939.
Réalisation : Tim Whelan. Scénario : Ian Darlymple. Production : Irving Asher, Alexander Korda. Direction artistique : Vincent Korda. Photographie : Harry Stradling. Distribution : Ralph Richardson, Laurence Olivier, Valerie Hobson, George Merritt, David Tree, Sandra Storme. Durée : 82 mn. Date de sortie en France : 4 août 1939
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Accordons cela au film : c’est une véritable encyclopédie des aventures de la Frontière, où chaque péril imaginable est rencontré au détour d’un chemin, où chaque péripétie se réalise gentiment. Tous les ingrédients de base d’une épopée sur le cheval de fer y sont ; et quand M. DeMille insiste sur le fait qu’il a l’histoire de son côté – le démontrant par la précision documentaire de chaque colt, pelle, costume, numéro de machine et couvre-chef –, on sait qu’il pense, lui aussi, à l’histoire du cinéma. Car c’est un de nos traditionalistes favoris, et il n’existerait pas sans cela. » Frank S. Nugent, The New York Times, 11 mai 1939. Réalisation : Cecil B. DeMille. Production : Paramount. Scénario : Walter Deleon, C. Gardner Sullivan et Jesse Lasky Jr. (d’après la nouvelle de Ernest Haycox, Trouble Shooter). Photographie : Victor Milner. Directeurs artistiques : Hans Dreier et Roland Anderson. Costumes : Natalie Visart. Montage : Anne Bauchens. Musique : Sigmund Krumgold et John Leipold. Distribution : Joel McCrea, Barbara Stanwyck, Robert Preston, Akim Tamiroff, Brian Donlevy. Durée : 115 minutes.
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Petit Gamin
4 films d’animation (La Grande Parade)
Le film se passe au tournant du XXe siècle, dans la zone portuaire de Rotterdam où habite Jan Grovers, un garçon de seize ans, plus connu sous le nom de « Boefje » (« Petit Gamin »). Avec son meilleur ami Pietje Puk, il erre dans ce quartier pauvre et crasseux, vivant de menus larcins. Ils sont animés par le désir de monter un jour sur l’un des bateaux du port, à destination de l’Amérique. À partir de 1934, Detlef Sierck est un réalisateur influent de la UFA à Berlin. Malgré les tentatives de celle-ci pour le retenir, il fuit l’Allemagne en 1937 avec sa femme d’origine juive. Après quelques temps en Suisse et en France, Sierck se rend en Hollande pour tourner son nouveau film, Petit Gamin, sur une proposition de producteurs, adapté d’un roman très populaire de Marie-Joseph Brusse, publié en 1902. Sierck et sa femme quitteront la Hollande le dernier jour de tournage, par le dernier bateau à destination des États-Unis, le Staatendam. Sierck ne verra jamais la version finale. Petit Gamin est plein de ce désir d’évasion américaine que Sierck partage avec son personnage. Une fois aux États-Unis, Detlef Sierck deviendra un célèbre réalisateur de mélodrames sous le nom de Douglas Sirk.
Ce programme Disney, réunissant quatre des six court-métrages à succès de La Grande Parade de Walt Disney, produits aux États-Unis entre 1938 et 1939, devait être projeté au festival de Cannes de 1939. Le Brave Petit Tailleur est une adaptation du conte de Grimm construite autour du personnage de Mickey. Dans Scouts marins, Donald Duck emmène ses neveux, Riri, Fifi et Loulou (Huey, Dewey and Louie) pour une balade en mer. Symphonie d’une cour de ferme montre l’éveil d’une bassecour en musiques (Beethoven, Rossini, Chopin, Verdi, Offenbach, Liszt, Wagner…). Le Vilain Petit Canard reprend un conte de Hans Christian Andersen. Ce programme veut prolonger l’accueil, en 1937, du long-métrage d’animation Blanche Neige et les Sept Nains, qui a remporté un succès mondial. C’est une étape dans l’histoire de l’animation en raison de l’importance de l’équipe ayant travaillé sur le film, sa virtuosité, ainsi que des moyens engagés pour sa production. Cependant, la première version en français, qui sort en 1938, recueille de vives critiques, en raison de la mauvaise qualité du doublage. Pour le programme de court-métrages de 1939, un soin particulier a donc été apporté à cette dimension.
Pour ce que je me rappelle, le seul intérêt de ce film était le personnage du garçon qui est joué par une fille, Annie van Ees, qui avait joué le rôle sur scène. Mais c’était un film au budget ridiculement petit. » Sirk on Sirk, recueilli par Jon Halliday, 1977.
Par sa variété, son mouvement, sa musique, la fraîcheur de ses gouaches et de ses lavis, son texte étincelant, La Grande Parade de Walt Disney vous donnera une heure de détente, de plaisir et d’oubli, ce qui n’est pas à dédaigner par les temps difficiles que nous vivons aujourd’hui. » Tom Tattle, Cinémonde, n° 555, 7 juin 1939. Le Brave Petit Tailleur Réalisation : Bill Roberts. Animation : Jack Campbell, Les Clark. Voix : Walt Disney (Mickey), Marcelline Garner (Minnie). Durée : 9 minutes. Date de sortie : 23 septembre 1938.
Detlef Sierck (Douglas Sirk) (Pays-Bas)
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Réalisation : Detlef Sierck. Scénario : Detlef Sierck et Carl Zuckmayer (d’après le roman Boefje de M.-J. Brusse). Photographie : Akos Farkas. Montage : Rita Roland. Musique : Cor Lemaire et Cor Steyn. Distribution : Annie van Ees, Guus Brox, Albert von Dalsum, Enny Snijders, Piet Bron… Durée : 95 min.
Walt Disney (USA)
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Scouts marins Réalisation : Dick Lundy. Scénario : Carl Barks. Animation : Jack Hannah, Ed Love. Musique : Olivier Wallace. Durée : 8 minutes Date de sortie : 30 juin 1939. Symphonie d’une cour de ferme Réalisation : Jack Cutting. Scénario : George Stallings. Animation : Eric Larson, Fred Madison. Durée : 8 minutes Date de sortie : 14 octobre 1938. Le Vilain Petit Canard Réalisation : Jack Cutting. Animation : Milt Kahl, Eric Larson. Durée : 9 minutes Date de sortie : 7 avril 1939. Production : Walt Disney/RKO.
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Les Quatre Plumes Blanches
Seuls les anges ont des ailes
Prenant place à l’époque victorienne, pendant les guerres coloniales britanniques, Les Quatre Plumes Blanches raconte l’histoire d’un homme accusé de couardise, Harry Faversham. Le film des frères Korda est la quatrième adaptation cinématographique de l’ouvrage de A. E. Mason, et sûrement la plus fameuse de toutes. Le film est réputé pour son usage de la couleur, qui, en Angleterre, se trouve encore à un stade expérimental, et n’est pas utilisée en dehors de l’environnement fiable des studios. C’est donc le premier film anglais en couleur tourné en décors extérieurs, au Soudan. Le film résonne également avec l’actualité : sorti quelques mois avant le début de la guerre, il montre la nécessité de placer le devoir envers sa nation au-dessus de tout le reste, une situation dans laquelle beaucoup de jeunes hommes allaient bientôt se retrouver. De tous les films anglais qui firent, en 1940, sur nos écrans, une brève carrière qu’interrompit l’armistice, celui-ci est un des plus importants, ne fut-ce que par son métrage. Déjà l’œuvre de A. E. Mason avait fourni le thème d’un film qu’interprétait Richard Arien et qui fut l’un des premiers de cette série d’ouvrages, prétextes à vaste mise en scène, retraçant l’épopée coloniale britannique, dont Les Trois Lanciers du Bangale et Gungu Din furent les réalisations les plus réussies. Cette nouvelle version a, elle aussi, son originalité, puisque c’est un des premiers films réalisés en couleurs en Grande-Bretagne. Les images dues à notre compatriote Périnal, l’un des premiers opérateurs du monde, sont très souvent belles, mais n’échappent pas toujours aux défauts habituels d’une technique pas encore parfaitement au point : visages trop rubiconds, paysages-chromos, etc. […] » L’écran français, n° 17, 24 octobre 1945.
Bonnie Lee, jeune artiste newyorkaise de retour de tournée, fait escale dans la petite ville portuaire de Barranca, quelque part en Amérique du Sud. Elle y rencontre un groupe de pilotes d’avion. Seuls les anges ont des ailes est le second film à gros budget de l’année 1939 pour la Columbia, avec Mr. Smith au Sénat, dont la vedette féminine est aussi Jean Arthur. Les deux films recueillent un véritable succès commercial et une pluie de nominations pour les Oscars. Il s’agit de la seconde collaboration entre Howard Hawks et Cary Grant, après L’impossible monsieur Bébé (1938). Seuls les anges ont des ailes est aussi le film qui révèle Rita Hayworth. Passionné d’aviation, Howard Hawks fut lui-même pilote pendant la Première Guerre mondiale. Il a déjà réalisé un film sur le sujet, La patrouille de l’aube (1930), qui prend pour cadre la Grande Guerre. Seuls les anges ont des ailes est un hommage à l’époque héroïque des pionniers de l’Aéropostale. Hawks filme les scènes de vol en conditions réelles, insistant sur la fragilité et la grâce de cet « homme mécanique » capable de prouesses impressionnantes. Mais l’essentiel du film se passe à l’intérieur de l’un des baraquements qui abrite à la fois le lieu commun et le bureau du héros, joué avec toute sa classe par Cary Grant. La tension des scènes de vol rend encore plus intenses les contacts humains du huis-clos. Les genres s’y mêlent allégrement : film d’aventures, comédie romantique, film noir, guerre des sexes. Le spectateur n’échappe pas à l’impression d’un monde sur le point d’exploser, à la veille du second conflit mondial. En dépit du happy end, Seuls les anges ont des ailes parle de la fin d’un monde.
Zoltan Korda (Grande-Bretagne)
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Réalisation : Zoltan Korda. Scénario : R.C. Sherriff (d’après le roman de A. E. Mason). Production : Alexander Korda et Irving Asher. Photographie (Technicolor) : Georges Périnal, Osmond Borradaile et Jack Cardiff. Direction artistique : Vincent Korda. Musique : Miklós Rózsa. Montage : Henry Cornelius et William Hornbeck. Costumes : Godfrey Brennan et René Hubert. Distribution : John Clements, June Duprez, Ralph Richardson, Charles Aubrey Smith, Jack Allen, Allan Jeayes, Donald Gray… Durée : 129 minutes. Date de sortie (Londres) : 20 avril 1939.
Howard Hawks (USA)
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Dans la vie moderne, l’aviateur est une des plus poignantes figures de héros. Déçu par l’amour, Geoff empêche la femme qui l’a fait souffrir de causer le malheur d’un pilote qui, après une regrettable lâcheté, doit s’exposer aux plus effroyables dangers pour reconquérir l’estime de ses camarades. Puis il se laisse toucher par la tendresse fervente d’une petite compatriote qui a manqué son bateau pour rester avec lui. Mais l’amour ne tient qu’une place secondaire dans l’existence constamment pleine de risques des fondateurs de la ligne. Et Cary Grant est, comme toujours, parfait. » Jean-George Auriol, Pour Vous, n° 554, 28 juin 1939.
Réalisation : Howard Hawks. Scénario : Jules Furthman, William Rankin, Eleanore Griffin et John Taintor Foote. Production : Columbia Pictures. Photographie : Joseph Walker. Musique originale : Dimitri Tiomkin. Décors : Lionel Banks. Montage : Viola Lawrence. Distribution : Cary Grant, Jean Arthur, Rita Hayworth, Richard Barthelmess, Thomas Mitchell, Sig Ruman, Allyn Joslyn, Victor Kilian, John Carroll, Donal Barry. Durée : 121 minutes. Sortie en France : 21 juin 1939. 23
Si demain c’est la guerre
Stanley et Livingstone
Si demain c’est la guerre situe son action dans un avenir proche. La première séquence a lieu à Moscou, et dépeint la vie idéale que l’on mène en URSS : une grande fête nocturne, des feux d’artifice et des réjouissances collectives prennent place sur les bords de la Moskova, au milieu d’une foule heureuse et pacifique. Soudain, un haut-parleur annonce que l’URSS est attaquée sur sa frontière occidentale par les « trois puissances fascistes » : c’est la mobilisation générale. Si les attaques de l’ennemi redoublent d’intensité, l’Armée rouge parvient à prendre l’avantage en pénétrant sur le territoire ennemi. Les Allemands – clairement identifiables – sont contraints de battre en retraite. À la fin du film, les prolétaires des « régions industrielles » des pays ennemis se révoltent contre leur gouvernement : la victoire contre le fascisme apparaît ainsi, portée par l’internationalisme prolétarien, comme une victoire contre l’impérialisme. Si demain c’est la guerre est un film de propagande patriotique résultant d’une commande passée pour célébrer le vingtième anniversaire de l’Armée rouge. Réalisé par un collectif de jeunes cinéastes sous la direction d’Efim Dzigan, connu pour Les Marins de Kronstadt (1936), le film sort en URSS en février 1938. C’est aussi un documentaire militaire et un film de mobilisation. Pour cette raison, il emprunte à différentes sources : il est composé d’images d’actualités, d’images de manœuvres de l’Armée rouge et d’images de fiction, qui prennent généralement la forme de gros plans sur des personnages anonymes, allemands ou soviétiques. Si demain c’est la guerre est donc un film hybride, à la fois film de montage et « docu-fiction » avant l’heure, dans lequel la bande son, et notamment les chansons, joue un rôle central. Il montre comment les Soviétiques ont su, dès 1938, produire avec des images du passé une représentation cinématographique de la guerre à venir.
En 1870, Henry Stanley, un journaliste du New York Herald, part à la recherche du célèbre explorateur David Livingstone, porté disparu depuis 1866 vers la source du Nil, et déclaré mort lors de cette exploration en Afrique australe. Stanley et son assistant Slocum s’enfoncent alors dans la jungle. Le film s’inspire de cette rencontre réelle, qui eut lieu en novembre 1871, ponctuée par la célèbre réplique : « Dr Livingstone, I presume ? », symbole de la permanence des manières occidentales en toute circonstance, y compris au cœur de la « sauvagerie ». Réputé pour sa plume alerte et son goût du risque, Henry Stanley publia ensuite le récit de cette aventure, sous le titre Comment j’ai retrouvé Livingstone (1876). Véritable icône de l’impérialisme victorien, Livingstone est mort en Tanzanie le 1er mai 1873. Une fois rapatrié, son corps a été inhumé dans la nef centrale de Westminster. Le tournage de Stanley et Livingstone se déroula en partie en studio aux États-Unis et en partie en extérieur dans les conditions réelles d’un safari au cœur de la jungle d’Afrique australe. Pour réaliser cet exploit technique, la Fox engagea Osa Johnson, veuve de Martin Johnson, couple célèbre d’explorateurs qui avaient réalisé depuis les années 1920 de nombreux documentaires animaliers dans les territoires les plus sauvages de la planète. C’est elle qui mena l’équipe de tournage dans la jungle du Kenya, de Tanzanie et d’Ouganda, et qui dirigea les prises de vues montrant ce monde indompté.
Efim Dzigan (Union soviétique)
Réalisation : Efim Dzigan, Lazare Antsi-Polovski, Nikolaï Karmazinski. Scénario : Efim Dzigan, Gueorgui Berezko, Mikhaïl Svetlov. Production : Mosfilm. Images : Evgueni Efimov. Musique : Dimitri et Daniil Pokrass. Paroles des chansons : Vassili Lebedev-Koumatch. Distribution : Inna Fiodorova, Vsevolod Sanaev, Séraphin Kozminski. Durée : 66 min.
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Henry King (USA)
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Les enfants de France apprennent à l’école les noms de Stanley et de Livingstone en abordant l’étude du continent africain. Vingt ans plus tard, 99 % d’entre eux n’ont pas enrichi d’un trait leur documentation à l’égard de ces deux grands hommes du siècle dernier. Les pionniers des empires coloniaux sont, il faut le dire, assez négligés au profit des récits d’aventures construits de toutes pièces. C’est ce que j’ai surtout aimé dans ce film : comment un explorateur anglais part au cœur de l’Afrique – et devient un “missionnaire humain” aimant les Noirs d’une immense tendresse. » Cinémonde, n° 584, 10 janvier 1940.
Réalisation : Henry King et Otto Brower (épisodes de safari). Scénario : Philip Dunne et Julien Josephson. Production : Twentieth Century Fox. Musique : Louis Silvers. Photographie : George Barnes et Sidney Wagner (épisodes de safari). Direction technique des safaris : Osa Martin Johnson. Montage : Barbara McLean. Direction artistique : William S. Darling et George Dudley. Décors : Thomas Little. Distribution : Spencer Tracy, Nancy Kelly, Richard Greene, Cedric Hardwick, Walter Brennan, Charles Coburn, Henry Travers. Durée : 101 min. Date de sortie en France : 27 décembre 1939.
La Taverne de la Jamaïque
Les Tractoristes
À la mort de sa mère, Mary Yellan décide de quitter l’Irlande pour rejoindre sa tante, Prudence, et son mari, Joss Merlyn, en Cornouailles. Ceuxci tiennent La Taverne de la Jamaïque, un endroit mal famé où se retrouve un groupe de naufrageurs. Les soirs de tempête, ils allument un feu sur les falaises escarpées de la côte, afin de faire échouer les navires de commerce, tuant tous les naufragés et récupérant leurs richesses. Hitchcock n’aimait pas beaucoup La Taverne de la Jamaïque, le dernier film de sa période anglaise. Dans ses entretiens avec Truffaut (1966), il dénonce un casting arrangé où l’acteur principal, Charles Laughton, ne cesse de lui gâcher le plaisir de diriger la mise en scène. Avec ce film « gothique », Hitchcock sort par ailleurs de son registre habituel pour se tourner, non sans ironie et légèreté, vers le film d’aventures en costumes. Cela lui donnera l’occasion d’accomplir quelques prouesses techniques, comme l’un des derniers plans où la caméra accompagne la chute d’un personnage qui s’écrase sur le pont du bateau.
Dans les années 1930, le tankiste de réserve Klim Jarko rentre de son service militaire en Extrême Orient : sans famille, il ne sait où aller. Ayant vu dans le journal une photo de la belle Mariana Bajan, qui dirige une brigade de tractoristes dans un kolkhoze en Ukraine, il décide de s’y rendre. La brigade de Mariana, composée uniquement de femmes, est la meilleure, dépassant en rendement les brigades masculines. Les Tractoristes conjugue habilement comédie musicale et propagande. Le film est parcouru de propos d’avertissement à des envahisseurs potentiels de la patrie. On y trouve, interprétée pour la première fois, la chanson populaire Les Trois Tankistes. La vie idéale du peuple travailleur de l’URSS y est fêtée. Ivan Pyriev a fondé un genre, illustré dès 1938 par La Riche Fiancée : la comédie musicale kolkhozienne. Il reçoit en 1941 le premier prix Staline de sa carrière ; par la suite, il l’obtiendra six fois. L’autre héros du film est Boris Andreev, jeune acteur au physique impressionnant, qui joua ensuite dans plus de cinquante films, incarnant principalement des personnages issus des classes populaires. Il reçut de nombreuses décorations de la part du régime soviétique. Enfin, Marina Ladynina, la femme du réalisateur, qui joue Mariana, devint également célèbre : elle est la première star des comédies musicales russes, remportant plusieurs prix Staline pour ses rôles. Icône de la période stalinienne du cinéma soviétique, elle sera quelque peu oubliée par la suite.
Alfred Hitchcock (Grande-Bretagne)
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Laughton et Hitchcock combinés nous offre un divertissement aussi excitant que spectaculaire. Laughton se pavane dans son maquillage à la John Bull* et Hitchcock le laisse faire, se limitant au strict minimum que représentent ses trucs de mise en scène. Les scènes de contrebande et de naufrage sur la côte de Cornouailles ont été réalisées avec brio. » * Le stéréotype de l’Anglais un peu borné. Alan Page, Sight and Sound, vol. 8 n°30, été 1939.
Réalisation : Alfred Hitchcock. Scénario : Sidney Gilliat (d’après le roman de Daphne du Maurier). Dialogues : Sidney Gilliat et J.B. Priestley. Production : Mayflower Pictures. Photographie : Harry Stradling et Bernard Knowles. Décors : Tom Morahan et John Hoesli. Costumes : Molly McArthur et Yvonne Caffin. Ingénieur du son : Jack Rogerson. Cadreur : Gustave Drisse. Musique originale : Eric Fenby. Montage : Robert Hamer. Distribution : Charles Laughton, Maureen O’Hara, Robert Newton, Leslie Banks, Marie Ney… Durée : 108 minutes. Sortie en France : 20 juillet 1939.
Ivan Pyriev (Union soviétique)
Réalisation : Ivan Pyriev. Scénario : Evgueni Pomechtchikov. Photographie : Boris Aretski, Alexandre Galperine. Musique : Dmitri Pokrass. Textes de chansons : Boris Laskine. Décors : Vladimir Kaplounovski. Ingénieur du son : Viatcheslav Lechtchev. Montage : Anna Koulganek. Distribution : Nikolaï Krioutchkov, Marina Ladynina, Boris Andreev, Stepan Kaioukov. Durée : 84 minutes.
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Veillée d’amour
John M. Stahl (USA)
Un célèbre pianiste français, Philippe Chagal, en tournée aux États-Unis, fait la rencontre à New York d’une jeune serveuse pauvre, Helen. Le film est réalisé dans la continuité de Elle et Lui, de Leo McCarey, sorti quelques mois plus tôt, dont il cherche à reprendre les ingrédients pour rencontrer un succès similaire. L’écrivain James M. Cain est engagé pour produire un récit similaire au film de McCarey. On y retrouve aussi le couple d’acteurs de Elle et Lui : Charles Boyer, le transfuge français, et Irène Dunne. Douglas Sirk en fera un remake en 1957, dans un film intitulé Les amants de Salzbourg (Interlude). À noter que le remake de Elle et lui est également réalisé en 1957, par Leo McCarey lui-même ! Veillée d’amour joue sur le mélange des registres, abordant des sujets de société dramatiques tout en passant par certaines scènes pleines d’humour. Cette histoire d’amour impossible se tisse sur un fond de questionnement social : le personnage féminin provient d’un milieu social inférieur. De ce point de vue, Veillée d’amour va plus loin que Elle et lui, proposant un regard très lucide sur l’Amérique en crise : le capitalisme s’y trouve ouvertement critiqué, et le syndicalisme recommandé pour lutter contre l’oppression des patrons.
«
Le début est de la bonne comédie, vive, occasion d’une peinture amusante d’un milieu de jeunes serveuses de restaurant décidées à se mettre en fête, mais l’anecdote sentimentale ne touche pas au cœur, peut-être parce qu’un ouragan remarquablement machiné vient nous en distraire au moment le plus pathétique. » Hélène Amsler, Cinémonde, n° 587, 31 janvier 1940. Réalisation : John M. Stahl. Scénario : Dwight Taylor (d’après une histoire originale de James M. Cain). Production : Universal Pictures. Photographie : John J. Mescal. Musique : Charles Pervin. Direction artistiques : Jack Otterson, Martin Obzina. Décors : Russell A. Gausman. Montage : Milton Carruth. Distribution : Charles Boyer, Irène Dunne, Nydia Westman, Onslow Stevens, Fritz Feld. Durée : 90 min. Date de sortie en France : 25 janvier 1940.
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Les équipes Le Festival Cannes 1939 à Orléans 2019 est piloté par le Comité Jean Zay Cannes 1939, sous la responsabilité du Cercle Jean Zay d’Orléans, qui est totalement indépendant de l’Association française du Festival international du film.
Administration et communication du festival François Caspar, designer, directeur général Pascal Mandin, administrateur général Anthony Gautier, attaché de presse et médiateur culturel Svetlana Furman, relations publiques internationales Liliane Sloimovits, chargée de programmation Adèle Yon, recherche et rédaction des fiches sur les films Affiche : © 2019 photographie et design graphique
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