14 minute read

La galerie de l’Apocalypse

LES CHÂTEAUX DE LA LOIRE

TEXTES SABINE BOCCADOR

LA VALLÉE DE LA LOIRE

L’origine des châteaux situés dans la vallée de la Loire remonte au Moyen Âge. Ce sont d’abord des châteaux forts édifiés Ce sont d’abord des châteaux forts édifiés sur des hauteurs, d’où l’on peut surveiller les alentours à plusieurs kilomètres et se protéger de l'ennemi. À la fin du Moyen Âge, de Charles VII à Henri III, neuf rois de France installent leur Cour dans la vallée de la Loire. Ils détruisent en partie les forteresses existantes pour les transformer en châteaux-palais. Certains en bâtissent de nouveaux, véritables joyaux de la Renaissance.

Les plus anciens des châteaux de la Loire surplombent le fl euve, comme à Saumur, et ont contrôlé pendant plusieurs siècles les rares passages qui permettaient de se rendre d’une rive à l’autre.

La vallée des rois

La vallée de la Loire est traversée par le fleuve du même nom, qui est le plus long de France (1 013 km). Réputée pour la douceur de son climat, le charme de ses paysages et sa pierre calcaire claire (le tuffeau), la région est également connue depuis l’Antiquité pour ses vignes et son vin. C’est surtout entre Angers et Orléans que s’élèvent les plus célèbres châteaux, construits par les rois mais aussi par des princes et des nobles qui s’adonnent à la chasse dans les forêts du Val de Loire, riches en gibier.

Une région stratégique

Ce sont surtout des raisons politiques et stratégiques qui attirent les rois dans la vallée de la Loire. À la fin de la guerre de Cent Ans, pendant laquelle la France et l’Angleterre s’affrontent dans de nombreux conflits, le futur Charles VII bat en retraite devant les Bourguignons, alliés des Anglais. Il quitte Paris pour se réfugier dans ses terres de Touraine, dans les châteaux de Chinon, Loches et Amboise. Et si, parmi ses terres, il choisit cette région, c’est que la Loire est difficilement franchissable par ses ennemis. À l’époque, il n’existe en effet que neuf passages sur le fleuve entre Gien et l'océan Atlantique.

Quelques rois de la dynastie des Valois : Charles VII, Louis XI, Charles VIII et Louis XII

Des forteresses médiévales...

Au Moyen Âge et jusqu’au XV e siècle, les seigneurs de la vallée de la Loire se défendent contre les envahisseurs ou se battent les uns contre les autres. Ils s’abritent alors dans des forteresses de pierre constituées d’une tour rectangulaire ou cylindrique doublée d’une enceinte. Des remparts et des tours encadrent le donjon intérieur, le logis seigneurial et la chapelle. Les mâchicoulis, meurtrières, créneaux et chemins de ronde permettent de défendre le château fort.

De père en fi ls

La tradition veut que l’héritier royal reste toujours à proximité du roi. C'est ainsi que le fils de Charles VII, futur Louis XI (1423 -1483), est élevé aux châteaux de Loches puis d’Amboise. Il en sera ainsi des héritiers successifs de la couronne de France, qui grandiront et vivront dans la vallée de la Loire jusqu’à Henri III (1551-1589). Les magnifiques châteaux qu'ils font édifier ou transformer leur permettent d'éblouir les monarques des pays voisins. Toutefois, même s'ils fixent leur résidence dans la région, les rois de France restent itinérants et se déplacent souvent avec leur Cour à travers les provinces du royaume.

Azay-le-Rideau est considéré comme l’un des plus beaux exemples de château transformé à la Renaissance.

... aux châteaux de la Renaissance

Avec la Renaissance et l’arrivée en France d’artistes et d’architectes italiens, les rois s’attachent désormais à l’esthétique, et non plus au rôle défensif de leurs demeures. Entre le XIV e et le XVI e siècle, les châteaux forts sont en partie détruits. On perce sur les façades de plus amples fenêtres, on construit des galeries, on ajoute des colonnes et des frontons. La symétrie est de rigueur. L'influence italienne se remarque dans les motifs inspirés de l’Antiquité. Sous les fenêtres s’étendent des plans d'eau et de magnifiques jardins géométriques.

Chinon

Dominant la vallée de la Vienne, la forteresse royale de Chinon étend ses remparts sur près de 500 m de longueur. Ce site stratégique est occupée dès l'Antiquité. Le château fortifié se divise en trois parties construites entre le XI e et le XV e siècle et séparées par de profonds fossés. Le fort Saint-Georges, à l’est, par lequel on pénètre dans le site, renfermait un palais au XII e siècle. Au centre, le château dit « du milieu » abrite le logis royal réaménagé par Charles VII, qui y établit sa résidence principale au XV e siècle. On y accède par la tour de l’Horloge. À l’ouest, sur le fort du Coudray, se dresse le donjon de Philippe Auguste, du XIII e siècle, haut de 25 m.

Au premier étage du logis royal se trouvent les vestiges de la grande salle où Jeanne d’Arc rencontra, en février 1429, le futur Charles VII. Dans le logis, trois salles sont d’ailleurs consacrées à la vie de la jeune femme.

Le logis royal a ouvert de nouvelles salles aux visiteurs.

Fort de Coudray

Logis royal

Tour de l’Horloge

Loches

Dressée sur un promontoire rocheux, la cité royale de Loches surplombe la vallée de l’Indre. Le site est très certainement occupé depuis la Préhistoire, mais c’est au Moyen Âge qu’un château fort y est édifié, remodelé par le comte d’Anjou Foulques Nerra. Il fait élever au XI e siècle un imposant donjon, l’un des plus grands encore visibles de cette époque. Théâtre de nombreuses batailles, la forteresse ne compte pas moins de deux remparts ! Le logis royal, situé côté nord et dont l'élégance tranche avec le site fortifié, est construit entre le XIV e et le XVI e siècle. Il accueille plusieurs rois et reines, ainsi que Jeanne d’Arc, venue rencontrer Charles VII en juin 1429.

Haut de 36 m et comprenant 160 marches, le donjon est transformé en prison sous Louis XI. Aujourd’hui, on peut y voir une reconstitution de l’une des cages utilisées par Louis XI pour enfermer ses prisonniers ! À côté du donjon, la tour Louis XI, du XV e siècle, n’est guère plus accueillante : dans sa salle des tortures, les accusés subissaient de véritables supplices.

Ci-dessous, le logis royal, avec sa partie plus ancienne (à gauche), à l’allure de château défensif, et l’autre partie plus récente (à droite), aux motifs annonçant la Renaissance

Angers

L’impressionnante forteresse médiévale d’Angers, avec ses 17 tours de 40 à 60 m de hauteur, est l’une des mieux conservées de France. Quand on contemple cette imposante citadelle et sa muraille de schiste gris édifiée par Saint Louis à partir de 1232, on comprend sa réputation de château « imprenable ». Aux XIV e et XV e siècles, les ducs d’Anjou, issus de la famille royale, y font construire des bâtiments au milieu des jardins. À la fin du XVI e siècle, les toits des tours sont détruits et les murs sont renforcés. Le château est ainsi adapté à l’utilisation d’une nouvelle arme : le canon.

Chaumont

Édifié au X e siècle, le premier château de Chaumont est détruit en 1465 sur ordre de Louis XI. La famille d’Amboise le fait reconstruire entre 1469 et 1511 en introduisant des éléments de style Renaissance inspirés des campagnes militaires en Italie. Chaumont-sur- Loire est donc un bel exemple de la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance. Chaque année, entre avril et novembre, dans l’enceinte du parc, le Festival des jardins permet au public d’admirer une trentaine de jardins réalisés autour d’un thème par des artistes, paysagistes, horticulteurs et architectes.

Dans la pénombre d’une des galeries du château, on peut découvrir la tapisserie de l’Apocalypse réalisée au Moyen Âge et qui illustre les récits de la fin du monde racontés dans la Bible. Un véritable chef d’œuvre de 104 m de longueur sur 6 m de hauteur !

1 - Le logis royal 2 - L'enceinte 3 - Les tours 4 - Les fossés secs 5 - La galerie de l’Apocalypse

2

4 3

1 5

En 1875, le prince et la princesse de Broglie achètent le château et font aménager des écuries ultramodernes pour l’époque. Éclairées à l’électricité dès 1906, elles reçoivent aussi l’eau courante qu’on fait venir de la Loire ! On peut visiter aujourd’hui les stalles qui accueillaient autrefois 40 chevaux dans un aménagement luxueux.

TABLE DES MATIÈRES

LA VALLÉE DE LA LOIRE 2 AMBOISE 4 BLOIS 8 CHAMBORD 12 CHENONCEAU 16 CHINON, LOCHES, ANGERS, CHAUMONT 20 VILLANDRY, CHEVERNY, AZAY-LE-RIDEAU, USSÉ 22

© 2020, FLEURUS ÉDITIONS 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19 www.fl euruseditions.com Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Emmanuelle Braine Bonnaire Conception de la collection : Émilie Beaumont et Jack Delaroche Édition : Amandine Doubre Conception graphique : Éric Laurin sous la direction de création de Élisabeth Hébert Direction artistique : Bleuenn Auff ret, assistée de Julien Di Giorgio Mise en page : Graph’M Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sabine Marioni

Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifi ée par la Loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. Dépôt légal : juillet 2020 2 e édition – N° d’édition : J20119 ISBN : Dépôt légal : mai 2020 2 e édition – N° d’édition : J20119 ISBN : 978-2-2151-5917-9 • MDS : 660633N1 Achevé d’imprimer en juin 2020 en Italie Par LEGO S.p.A par l’intermédiaire d’Ercom

Crédits photographiques

Fonds des pages : pixabay.com. Fond des pages 2-3 : La Loire © Bruno Barbier / Photononstop. Page 2 : Saumur © Travel Library/Sunset. Page 3 : Dynastie des Valois © Akgimages – Azay-le-Rideau © Shutterstock – Siège de Chinon © Bridgeman Art Library. Page 4 : Portrait de Charles VIII © RG Ojéda/RMN – Plan Androuet du Cerceau © Getty images. Page 5 : Salle du Conseil © E. Sander – Salle des Tambourineurs © Christophe Lehenaff / Photononstop – Élévation tour cavalière © Château d’Amboise, dessin J. Dayan. Page 6 : Jeu de paume © Photo Josse / Leemage – Spectacle © DR – Souterrains © L. de Serres. Page 7 : Conjuration d’Amboise © M. Bellot/RMN – Photos du manoir © Shutterstock – Parc du Clos Lucé © Danièle Schneider / Photononstop – Portrait Léonard de Vinci © Rue des Archives / RDA – Pont tournant et bateau : © Isabelle Boitet / Photononstop – Premier vélo et première voiture : © Danièle Schneider / Photononstop. Pages 8-9 : Cour intérieure du château de Blois © Photo12 / Alamy. Page 8 : Statue de Louis XII © Shutterstock. Page 9 : Photo aérienne © John Kellerman / Alamy – © Photo12 / Alamy. Page 10 : Portrait de François I er © Rue des Archives / RDA – Salamandre, dessus de cheminée au château royal de Blois et Studiolo © Danièle Schneider / Photononstop – Façade des Loges © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz. Page 11 : Escalier de l’aile François 1 er © Danièle Schneider / Photononstop – Gaston d’Orléans © Photo Josse / Leemage – Assassinat du duc de Guise © Photo Josse / Leemage – Spectacle son et lumière © Pashrash. Pages 12-13 : Château de Chambord © Insights / Universal Images Group via Getty Images Page 12 : François Ier au chevet de Léonard de Vinci © RMN-Grand Palais / image RMN-GP – Portrait de François I er © Photo Josse / Leemage. Page 13 : Appartements royaux © Hermes Images/AGF Foto. Pages 14-15 : Spectacle nocturne au château de Chambord © Nicolas Thibaut / Photononstop Page 14 : François I er partant à la chasse devant son palais de Chambord © Lee / Leemage – Tour lanterne © Danièle Schneider / Photononstop. Page 15 : Biches dans le domaine de Chambord © Stéphane Maréchal/Iconotec / Photononstop – Grand escalier © DeAgostini / Getty Images – Illustration en coupe du grand escalier © Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / PierreMarie Auzas. Pages 16-17 : Château de Chenonceau © Gérard Labriet / Photononstop. Page16 : Ecu représentant Thomas Bohier © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d’Ecouen) / Philippe Fuzeau – « S’il vient à point me souviendra » © Dominique Couineau Page17 : Estampe château © Château de Chenonceau – Chambre de François I er © Dominique Couineau Pages 18-19 : Jardin du château de Chenonceau © Shutterstock. Page 18 : Portrait Diane de Poitiers et portrait Catherine de Médicis © Photo Josse /Leemage – Vue aérienne des jardins © Marc Jauneaud – Portrait de Louise Dupin © Aurimages_P12 / Manuel Cohen Château de Chenonceau – Galerie des Dames © Photo12 / Alamy. Page 19 : Portrait Louise de Lorraine © Deagostini / leemage – Chambre de Louise de Lorraine © Dominique Couineau - Portrait de Louise Dupin © Aurimages_P12 / Manuel Cohen – Musée de cire du château de Chenonceau © De Agostini / Getty Images. Page 20 : Jeanne d’Arc à Chinon © Bianchetti / Leemage – Logis royal de Chinon restauré © Danièle Schneider / Photononstop – Forteresse de Chinon © Nathalie Cuvelier / Robertharding / Photononstop – Donjon © Photo12 / Alamy – Logis royal de Loches © A. J. Cassaigne / Photononstop. Page 21 : Tapisserie de l’Apocalypse © Emilie Chaix / Photononstop – Château d’Angers © Hermes Images / AGF / Universal Images Group via Getty Images – Écuries du château de Chaumont © DeAgostini / Getty Images – Château de Chaumont © Photo12 / Alamy. Page 22 : Jardin du château de Villandry © Danièle Schneider/ Photononstop – Château de Villandry © A. J. Cassaigne / Photononstop – Grand salon du château de Cheverny © A. J. Cassaigne / Photononstop – Château de Cheverny © Radius Images / Photononstop – Tintin à Moulinsart © Hergé/Moulinsart – 2020 Page23 : Loggias du château d’Azay-le-Rideau © Shutterstock – Intérieur du château d’Azay-le-Rideau © Shutterstock– Château d’Azay-le-Rideau © Shutterstock – Mise en scène du conte de La Belle au bois dormant au château d’Ussé © Shutterstock – Château d’Ussé © Photo12 / Alamy.

Couverture : Château de Chambord © Shutterstock. Vignettes (de gauche à droite) : Château de Chenonceau © Gérard LABRIET / Photononstop - Château de Cheverny © Radius Images / Photononstop - Emblême de François 1 er © Ville de Blois - Château de Azay-le-Rideau © Shutterstock - Château d’Amboise © Shutterstock.

Les images à découper sont des reprises d’images des pages intérieures.

This article is from: