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G R A N D E
I M A G E R I E
STREET ART
AUX ORIGINES DU STREET ART
Dès que l’être humain prit conscience de son existence, il marqua son territoire d’une inscription à l’ocre ou au charbon de bois, en martelant la surface d’un rocher ou en gravant la paroi d’une grotte. Cette pratique est née il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, toutes les civilisations sont riches de pétroglyphes (gravures sur la pierre naturelle) ou de peintures rupestres. Lorsque les villes se sont édifiées avec leurs murs et leurs remparts, les graffitis sont apparus, et cela n’a jamais cessé.
Main droite négative rouge découverte dans la grotte du Pech-Merle. Les taches à droite pourraient être des essais de pulvérisation.
Le premier pochoir
Sur une des parois de la grotte du Pech-Merle, dans le Lot, a été réalisé l’un des premiers pochoirs au monde : une main ! Quoi de plus simple et de plus figuratif ? L’homme ou la femme qui a créé cette œuvre l’a fait sans coulure. Il ou elle a mis au point une technique parfaite : extraire un pigment, le mélanger à l’eau afin d’obtenir la consistance voulue, le mettre dans sa bouche pour ensuite le pulvériser, lèvres serrées, tout près de sa main écartée. La grotte du Pech-Merle abrite 12 mains et plus de 70 animaux (chevaux, bisons, La plus ancienne fresque aurochs, ours…) En décembre 1994, près de Vallon-Pontréalisés il y a plus d’Arc, en Ardèche, trois spéléologues sortent de 20 000 ans. bouleversés d’une grotte qu’ils viennent de découvrir. Elle renferme une ménagerie datant d’environ 30 000 ans. Plus de 300 animaux appartenant à 13 espèces animales différentes sont représentés dans Des dessins la grotte Chauvet. gravés dans la pierre
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Les Amérindiens gravaient et attaquaient l’extrême dureté de la surface des rochers (la patine) à l’aide d’une macération de jus de cactus. Les pétroglyphes du site de Newspaper Rock, aux États-Unis, dans l’Utah, sont datés de 750 à 1 450. On y reconnaît des animaux, des représentations de tribus, des symboles mythologiques et des éléments decartographie.
Des gravures en plein désert Au sud de l’Algérie, dans le massif montagneux du Tassili n’Ajjer, se trouve l’une des plus grandes concentrations de peintures et de gravures rupestres ! Éléphants et girafes côtoient mouflons et bergers au milieu de ce désert qui était autrefois une savane. Elles ont été datées d’il y a environ 10 000 ans. Girafes gravées sur un bloc de grès
Les graffitis de Pompéi En 1765, un premier graffiti est découvert à Pompéi, cité italienne ensevelie sous les cendres et la roche après l’éruption du Vésuve, en l’an 79. Depuis, les archéologues ont retrouvé plus de 12 000 graffitis, gravés sur les murs et conservés dans la pierre ponce. On a récemment découvert un graffiti comportant la date de son inscription : « XVI K NOV », ce qui signifie « le seizième jour avant les calendes de novembre », c’est-à-dire le 17 octobre. Cela voudrait dire que le Vésuve n’est pas entré en éruption le 24 août 79, comme on l’a toujours cru, mais après le 17 octobre !
La naissance du graffiti Le mot « graffiti » remonte à l’Empire romain ! À l’époque, les Romains ne se séparaient pas de leur tablette… en bois ! Une petite planche légèrement creusée et recouverte d’une fine couche de cire noircie. Avec la pointe d’un stylet appelé graphium, ils y gravaient des poésies, des lettres, leurs comptes… L’autre extrémité du graphium avait un bord plat qui permettait de lisser la cire et, ainsi, de réécrire. C’est avec ce même outil et sa pointe en métal, en ivoire ou en bois qu’ont été gravés les graffitis découverts à Pompéi !
La dalle de Newspaper Rock avec ses centaines de pétroglyphes
Au XIXe siècle, l’Antiquité est à la mode et de nombreux peintres imaginent la vie à Pompéi. Ce tableau de Stefan Bakalowicz (1857-1947) représente un jeune homme graffitant un mur avec un graphium.
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AUTOPORTRAITS, DOUBLES OU ALTER EGO ? Nombre de street artistes s’approprient les murs de la ville avec une silhouette, un animal, un personnage, un double, le plus souvent joyeux et qui les suit parfois aux quatre coins du monde. Certains de ces alter ego ont aujourd’hui plus de 30 ans !
Ce visage grassouillet, aux grands yeux reconnaissables entre tous, nous observe au détour des rues, du haut des cheminées ou du toit des immeubles. Son créateur est Pangol, un artiste parisien qui prend plaisir à reproduire son personnage dans les endroits les plus improbables et inaccessibles de la capitale.
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ZDEY Ce personnage masqué portant chapeau noir et moustaches est apparu en 2014, sur les murs de Paris. D’abord discret par sa taille, il s’est étoffé au fil des ans, prenant de plus en plus d’ampleur jusqu’à recouvrir les 1 200 m2 d’une fresque composée sur les murs d’une école en cours de démolition ! Depuis, le personnage de Zdey s’est manifesté au Népal, au Brésil, à Miami, à Mexico, au Maroc…
Jérôme Mesnager, le Corps blanc Le Corps blanc, alter ego de l’artiste Jérôme Mesnager, est né en 1983. Ce personnage réalise des acrobaties, virevolte, se dédouble, esquisse un pas de danse, une ronde. Ombre blanche sillonnant le monde entier et tracée d’un seul trait de peinture blanche, on a même pu l’apercevoir sur la Grande Muraille de Chine. Elle est parfois accompagnée d’un personnage singulier, portant chapeau et manteau noirs, né de l’imagination de l’artiste Nemo, qui n’utilise comme seule couleur pour ses détails que le rouge.
Mimi The Clown Ce pochoiriste de Lille, qu’on retrouve aussi à Paris, se met en scène dans des situations le plus souvent grotesques et parfois provocantes. L’artiste et ses personnages, célèbres ou non, sont toujours affublés d’une magnifique pastille rouge sur le nez ! À Lille, l’artiste s’est dessiné en bonne compagnie : les chanteurs Bob Marley, Mick Jagger et Peter Tosh.
Jace, les Gouzous David Selor, Mimil Cet être élancé, vêtu de son sempiternel polo rayé, est-il un chien, un renard ou un loup ? S’exprimant notamment à l’aide de petites pancartes ou de bulles, il croise la route des passants principalement à Bordeaux mais aussi à Paris.
Nés de l’imagination de l’artiste réunionnais Jace, en 1992, les Gouzous, petits personnages sans visage mais pourtant expressifs et facétieux, se baladent un peu partout dans le monde.
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TABLE DES MATIÈRES AUX ORIGINES DU STREET ART 6 LES PRÉCURSEURS 8 LES MURS MYTHIQUES 10 L’ART DU POCHOIR 12 DES TECHNIQUES MULTIPLES 14 AUTOPORTRAITS, DOUBLES OU ALTER EGO ? 16 LE GRAFF 18 L’ART DU DÉTOURNEMENT 20 TOUR DU MONDE DU STREET ART 22 DES FRESQUES MONUMENTALES 24 LEXIQUE 26 © 2019, FLEURUS ÉDITIONS 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19 www.fleuruseditions.com Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Emmanuelle Braine Bonnaire Conception de la collection : Janine et Daniel Boudineau Édition : Nathalie Merluzzi Réalisation de la couverture : Julien Di Giorgio Mise en page : Graph’M Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Florence Bellot Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la Loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. Dépôt légal : octobre 2019 1re édition – N° d’édition : J19319 ISBN : 978-2-2151-6912-3 MDS : 661658 Achevé d’imprimer en septembre 2019 en Italie par L.E.G.O par l’intermédiaire d’Ercom
Crédits photographiques Couverture : photo principale/petite fille traçant un cœur © EZK, photo © Dominique Decobecq ; vignettes de gauche à droite : Street art à Hong Kong © Shutterstock ; œuvre de Mimi The Clown à Lille © mimitheclown.com ; jeune femme peignant une fresque © Shutterstock ; mur John Lennon à Prague © Shutterstock ; pochoir réalisé par Raf Urban © Raf Urban. Pages 6-7 : fond © Pixabay. com ;Panneau des chevaux, salle Hillaire, grotte Chauvet-Pont d’Arc, détail des chevaux et des rhinocéros affrontés © J. Clottes / MC ; Grotte de Pech Merle (Lot) / Main négative et ponctuations rouges © Patrick Cabrol / Centre de Préhistoire du Pech Merle / akg-images ; girafes gravées sur un bloc de grès, Tassili n’Ajjer © Photo12 / imageBROKER / Egmont Strigl ; illustration de Pompéi © Florilegius / Leemage ; dalle de Newspaper Rock © Ariane Pasco ; peinture de Stefan Bakalowicz © FineArtImages / Leemage. Pages 8-9 : Cornbread has retired © Cornbread ; photo réalisée par Brassaï © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka ; œuvre de Blek le Rat réalisée au pochoir © Adagp, Paris, 2019, photo © Ariane Pasco ; éphémère de Gérard Zlotykamien © Adagp, Paris, 2019, photo © Dominique Decobecq ; Keith Haring dans le métro à New York, photo utilisée avec l’autorisation de la fondation Keith Haring © Laura Levine / Corbis via Getty Images ; Ernest Pignon-Ernest, La Commune de Paris, Paris, 1971. Affiches sérigraphiées © Adagp, Paris, 2019. Pages 10-11 : performances de Reka et d’Asu sur le panneau de la rue Oberkampf, géré par l’association le M.U.R (www.lemur.fr), photos © Dominique Decobecq ; maison de Serge Gainsbourg, artistes multiples, photo © Dominique Decobecq ; Hymne à la vie de Fulvio Pinna, East Side Gallery, photo © Éric Maréchal ; port de Horta, photo © Dominique Decobecq ; mur John Lennon à Prague © Shutterstock ; mur de la paix Free the Pows, New Lodge Road à Belfast, photo © Eric Maréchal. Pages 12-13 : fond © Pixabay.com ; Buster Keaton par le collectif Nice Art (www.nice-art.net), photo © Dominique Decobecq ; visage réalisé au pochoir, œuvre et photo © Daniel Eime ; la Joconde au pochoir © Ozi, photo © Eric Maréchal ; Logan Hicks à l’œuvre sur le panneau de la rue Oberkampf, géré par l’association le M.U.R (www.lemur.fr), photos © Dominique Decobecq ; Love In The Bin de Banksy à Sotheby’s, Londres © Banksy, photo © Amer Ghazzal / Barcroft Media via Getty Images ; Love Is In The Air de Banksy à Bethléem (Cisjordanie) © Banksy, photo © Shutterstock ; chimpanzé © Docteur Bergman, photo © Dominique Decobecq ; gentleman de Nick Walker © Nick Walker, photo © Dominique Decobecq ; Alice au pays des Merveilles par Adey © Adey, photo © Dominique Decobecq. Pages 14-15 : panneau oiseau/Clet Abraham © Adagp, Paris, 2019, photo © Shutterstock ; panneau serrure/Clet Abraham © Adagp, Paris, 2019, photo © Dominique Decobecq ; Matt_tieu à l’œuvre © Matt-tieu, photo © Dominique Decobecq ; Sr. Edinho de Vhils, à Rio de Janeiro (Brésil) © Vhils, photo © JP Moreira ; reverse graffiti par Nice Art (www.nice-art.net), photo © Ariane Pasco ; Mouse Lemur de Bordalo II © Bordalo II, photo © Miguel Portelinha ; Daffy Duck par Invader, PA_1189, Paris, 2016 © Adagp, Paris, 2019, photo © Invader ; Invader orange à Paris © Adagp, Paris, 2019, photo © Edward Berthelot/Getty Images ; œuvre collective de tricot-graffiti, théâtre du Garde-Chasse, aux Lilas, sous la direction artistique de Karen Fingerhut, droits réservés, photo © Dominique Decobecq. Pages 16-17 : visage réalisé par Pangol à Paris en 2015 © Pangol, photo © Dominique Decobecq ; le Corps blanc de Jérôme Mesnager, rue Broca à Paris © Adagp, Paris, 2019, photo © Dominique Decobecq ; le personnage masqué de ZDEY en collaboration avec Harshvardhan aka InkBrushMe © ZDEY, photo © Dominique Decobecq ; œuvre de Mimi The Clown à Lille © mimitheclown.com ; Mimil © David Selor, photos © Dominique Decobecq ; Gouzou de Jace © Jace, photo © Dominique Decobecq. Pages 18-19 : lettrage du crew V13 © V13, photo © Ariane Pasco ; Jef Graffik peignant sur le mur de l’ancienne usine Garnier, à Redon © Adagp, Paris, 2019, photo © Ariane Pasco ; œuvre du graffeur Ador, butte Sainte-Anne à Nantes, photo © Ariane Pasco ; tags et photo © Sun7 ; portrait par Espion sur le mur du Samu social à Paris © Espion, photos © Ariane Pasco ; hommage à Edith Piaf © Toux Oner, photo © Ariane Pasco ; œuvre de Nosbé, rue Parmentier à Paris, photo © Dominique Decobecq ; œuvre de Seth dans un village détruit par une nuée ardente du volcan Merapi (Indonésie) © Seth, photo © Pierre Quiqueré ; œuvre Un rêve à Paris, dans le XXe arrondissement de Paris © Hopare, photo © Ariane Pasco. Pages 20-21 :fond © Pixabay.com ; bouche à incendie à Los Angeles, artiste anonyme, photo © Ariane Pasco ; ancienne pompe à essence transformée par le collectif Nice Art (www.nice-art. net), photo © Dominique Decobecq ; collage de Levalet © Adagp, Paris, 2019, photo © Dominique Decobecq ; poisson volant par le collectif Nice Art (www.nice-art.net), photo © Dominique Decobecq ; acrobatie murale © Oak Oak, photo © Dominique Decobecq ; petite fille © Murmure street, photo © Dominique Decobecq ; Walter White, personnage de la série Breaking Bad, artiste anonyme, butte Sainte-Anne à Nantes, photo © Ariane Pasco ; gargouille emprisonnée par Ender, photo © Ariane Pasco ; molosse végétarien © KAFé KORSé featuring ARNEM, photo © Ariane Pasco ; évasion urbaine © Gaspard Lieb, photo © Dominique Decobecq. Pages 22-23 : fresque Chuuuttt !!! de Jef Aérosol, place Igor-Stravinsky à Paris © Adagp, Paris, 2019 ; route de La Havane, artistes anonymes, photo © Éric Maréchal ; portrait de Strother Martin à Los Angeles © Kent Twitchell, photo © Ariane Pasco ; wagon de funiculaire à Valparaíso, photo © Shutterstock ; quartier de Beco do Batman à São Paulo © Shutterstock ; Osaka, artistes anonymes, photo © Éric Maréchal ; couple de géants peints à Puerto del Rosario (Fuerteventura), œuvre et photo © Sabotaje AL Montaje ; quartier d’East End, à Londres : héron © Roa et acrobate © Martin Ron, photo © Shutterstock. Pages 24-25 : fresque de Zoo Project, rue de Charonne à Paris, photo © Dominique Decobecq ; Macromural de Pachuca par Germen Crew © Mittchel Alcántara / Getty Images ; Quel temps fera-t-il demain ? (photo prise par un drone) © Ella & Pitr ; eL Seed, Projet Perception, Le Caire (Égypte), 2016 © Adagp, Paris, 2019 ; locomotive de Brusk, gare Montparnasse à Paris, photo © Dominique Decobecq ; fresques de Blu à Berlin © travelstock44.de / Juergen Held / Alamy. Pages 26-27 : fond © Pixabay.com ; aérosol / Eduardo Kobra à São Paulo © Adagp, Paris, 2019, photo © Shutterstock ; cellograff / œuvre et photo © Kanos ; drippers / portraits de Jane Russell et de Robert Mitchum, œuvres et photos © Yarps ; grille / pochoir et photos © Raf Urban ; outline / œuvre et photo © Keny ; handstyle © Nosbé, photo © Dominique Decobecq ; wildstyle © OPC, photo © Dominique Decobecq. Posters : œuvre au pochoir / petite fille traçant un cœur © EZK, photo © Dominique Decobecq ; œuvre aux pochoirs réalisée par le collectif Nice Art à Pussigny (Indre-et-Loire) dans le cadre du festival Les Pussifolies (www.lespussifolies.com), photo © Dominique Decobecq. Malgré toutes nos recherches, les détenteurs des droits de certaines images n’ont pas été retrouvés. À cet effet, un compte en nos écritures leur est ouvert.
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