Marc Renaud & Jungle
STREET ART
50 secrets de l’art urbain
Dans ce livre, les entrées sont classées par ordre alphabétique, mais vous pouvez aussi faire une recherche thématique grâce à ce classement.
Azyle
p. 9
Atelier
Invader
p. 51
Fournisseurs de bombes p. 39
Banksy
JonOne Vhils
p. 11
p. 53
p. 101
Engagements
p. 29
Les femmes
p. 33
Reportages
p. 79
Fanzines et magazines p. 31 Hip-hop
p. 45
Festival
p. 35
Ventes aux enchères
p. 97
Procès de Versailles Vernissage
Championnet
p. 7
p. 19
Le Mausolée
p. 61
Murs tolérés
p. 71
Métro
Tour 13
Vitry-sur-Seine
p. 63 p. 87
p. 103
Bombes
p. 15
Toile
p. 85
Marqueurs
p. 59
p. 77
Artiste
p. 5
p. 99
Le flic
p. 37
Le collectionneur Le galeriste La groupie
Monsieur l’agent
p. 23 p. 41
p. 43
p. 65
Collage
p. 21
In situ
p. 47
Craie
Installations Lacération Lettrage
Monumental Mosaïque Origami Pochoir
Stickers Tricot
p. 25
p. 49 p. 55 p. 57
p. 67
p. 69 p. 73
p. 75 p. 81
p. 91
Blaze
p. 13
Crew
p. 27
Caps
p. 17
Tag, throw up & graffiti p. 83 Toyer
p. 89
Vandale
p. 95
Urbex
p. 93
À propos du street art Depuis la fin des années 1960 aux États-Unis, un cri jaillit des bombes de peinture pour revendiquer l’espace urbain. Fini la déshumanisation des villes, la standardisation de l’urbanisme et l’élitisme artistique, l’art d’aujourd’hui se pratique pour tous et dans la rue. Il suffit de se promener pour constater la diversité des techniques employées : le graffiti, le pochoir, le collage, la mosaïque. Heureusement que tout est bien emballé dans le terme « street art », une jolie étiquette fourre-tout qui sonne si bien en anglais… Dans ce livre, nous avons coupé les étiquettes et laissé tomber les cases. En redonnant la parole aux artistes, nous vous proposons d’entrer directement dans leurs univers. Des techniques de création aux lieux qu’ils traversent (ateliers, galeries) en passant par les personnages qu’ils rencontrent (bonjour monsieur l’agent), infiltrez-vous à leurs côtés. Venez découvrir 50 secrets du street art ! Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont accompagné et/ou supporté pendant la rédaction de ce livre : Claire ma conseillère, Lionel le racoune, mon éditrice Anne, Élise la coordinatrice et Jungle l’illustrateur. Également toutes les personnes qui ont répondu patiemment à mes innombrables questions : Tarek Ben Yakhlef, Karim Boukercha, El Seed, Levalet, Mademoiselle Maurice, Scred, Socrome et Sowat.
3
ARTISTE « C’est votre vrai métier ? »
Au revoir les préjugés ! Tous les street artistes ne viennent pas de banlieues glauques, ni ne portent de baggies odorants en écoutant du rap hardcore. Figurez-vous que certains ne se dissimulent même pas derrière un sweat à capuche ! Alors quel est le point commun entre ces peintres sur bâtiments ? • Ils sont tous mus par une incroyable volonté d’expression. Ils peignent leurs messages personnels, qu’ils soient anticapitalistes, égoïstes, féministes, ludiques ou simplement esthétiques. Du collégien à l’ingénieur automobile en passant par l’artiste confirmé, ils sortent le jour ou la nuit pour s’exprimer, et ce désir est plus fort que les amendes et les clôtures. • Si les jeunes s’interrogent encore sur la technique (« J’hésite entre la céramique et le photoréalisme »), les pros se demandent ce qui les rend uniques (« Oui mais moi, je fais mes contours plus gros que les autres »). Quant aux stars, elles ressemblent à ces mamies qui n’ont plus peur de rien, leurs parcours parlent pour elles. Elles font ce qui leur plaît avant tout (« Et si je peignais un téléphérique ? »). • Ils ont fait des études plutôt créatives (les beaux-arts, des écoles de peintre en décors, d’infographie) ou complètement inattendues (CAP soudeur). • On ne peut pas dire que les relations commerciales soient leur fort (voir Monsieur l’agent, p. 65) mais quelques-uns manient les réseaux sociaux avec brio (Hopare). Les artistes sont créatifs parce qu’ils sont obsédés par un sujet bien précis et souvent inédit. Si vous leur parlez, vous apprendrez des choses improbables comme l’influence du constructivisme sur le rétrofuturisme (OPERA) ou l’existence d’émissions de téléréalité sur les drag-queens (Suriani). Soyez curieux !
5
BOMBES
« La bombe a explosé dans mon sac… Il est entièrement repeint. » De la peinture, du gaz et de la pression, c’est tout ce qu’il faut pour créer l’outil de base du graffeur. « Si je prends l’insecticide en spray de l’armée américaine, et que je remplace le produit par de la peinture, que se passe-t-il ? », se demande sérieusement Edward Seymour en 1950. C’est finalement une bonne idée puisque son entreprise occupe aujourd’hui des bureaux de 220 000 m² dans l’Illinois. La peinture est vive, le séchage rapide et le transport pratique. Voilà de quoi convaincre l’industrie automobile… et les graffeurs. Qu’y a-t-il dans une bombe de peinture ? On y trouve des pigments mélangés à un gaz. Celui-ci a été mis sous pression dans la bombe, il est donc à l’état liquide. En appuyant sur la buse, vous allez le libérer. De bonheur, il reprendra sa forme gazeuse. Les pigments seront transportés avec lui et sécheront rapidement. Une petite bille de métal vous permet de mélanger la peinture lorsque vous secouez la bombe. C’est ce doux cliquetis si reconnaissable qui provoque un petit frisson pavlovien chez les street artistes et les policiers. Les premières bombes de peinture étaient vendues en trois couleurs avec le trou dans la couche d’ozone et un cancer des poumons offerts. Heureusement, depuis, de nombreuses marques (Montana, Liquitex, Amsterdam) se sont attaquées au problème. Certains modèles contiennent du gaz non nocif, des pigments naturels et un solvant aqueux. Les nuanciers comportent jusqu’à 260 couleurs, ce qui est bien suffisant pour faire un arc-en-ciel. La bombe à la craie vient également de faire son apparition. En voilà un moyen pratique de repeindre temporairement le trottoir de son voisin en rose !
15
Jordane Saget, Sans titre, Paris, 2015.
CRAIE
« On joue à la marelle ? Non, on fait de l’art ! » La peinture, ça tache, les bombes sont lourdes et coûtent cher. Alors pourquoi s’embêter ? Les craie-ateurs sont des hommes légers qui transportent des barres colorées dans leurs poches en attendant le bon spot. Qu’est-ce que la craie ? De la poudre de plâtre ou de craie teintée et collée sous la forme d’un bâton. La craie ne pèse rien, est peu chère mais elle est très fragile. Elle s’effrite sur le bitume comme un pastel et autorise une liberté de mouvements incroyable. Elle est donc tout à fait appropriée à une forme d’art fugace. La spontanéité d’un trait continu qui dessine un ange (Castelbajac), un profil (Groove), les motifs mystérieux de Philippe Baudelocque qui s’assemblent pour former des animaux majestueux, ou encore les trois lignes parallèles de Jordane Saget qui s’entremêlent.
ARTISTES À SUIVRE Philippe Baudelocque Jean-Charles de Castelbajac Groove Tracy Lee Stum Edgar Mueller Jordane Saget Manfred Stader David Zinn
La craie apporte une légèreté bienvenue et un caractère éphémère troublant (tant de travail pour si peu de durée de vie !). Elle s’accroche pourtant très bien au crépi : un ange de Castelbajac a tenu 11 ans à côté de la gare du Nord à Paris (en voilà un record !). Une autre école, celle de l’anamorphose, a une conception beaucoup plus posée. Ces maîtres de l’illusion d’optique s’installent pendant des heures pour craie-yonner les pavés. Le trottoir s’effondre pour révéler une cascade ou de la lave. Comme si l’asphalte recouvrait un monde fantastique juste sous nos pieds…
25
Ernest Pignon-Ernest, La Commune de Paris, Paris, 1971.
IN SITU
« Prends ton marteau et ton Buren, ce soir on fait de l’in situ. » Théorisé par Daniel Buren, l’art in situ consiste à réaliser des œuvres qui ne sont valables que dans un contexte (architectural) donné. Pour le dire autrement : déplacer une œuvre in situ revient à la détruire. Ceux qui pratiquent l’art in situ sont des magiciens qui ré-enchantent les villes et donnent un sens nouveau à cet immeuble trop gris et trop vu. Ils peuvent tout transformer, la preuve… • Les marches d’Ernest Pignon-Ernest : les escaliers de la butte Montmartre sont durs aux miséreux et particulièrement aux membres défunts de la Commune. En 1971, ce grand artiste, qui a réalisé ses premiers pochoirs dans la rue en 1966, colle des gisants (des corps allongés sérigraphiés sur de longues feuilles) sur les marches de Montmartre. Les passants les piétinent, renouant ainsi avec la triste histoire de la répression de la Commune.
ARTISTES À SUIVRE Ernest Pignon-Ernest Hula Levalet Lor-k Truly Design
• Les grilles d’aération du métro de Joshua Allen Harris : une grille fixée au sol régulièrement traversée par un souffle chaud et malodorant, voici le terrain de prédilection de Mr Harris. Il y installe des assemblages de sacs-poubelles qui se gonflent au passage du métro. Les rebuts deviennent alors des ours polaires ou des aliens qui se rendorment doucement une fois la rame passée. • Les fissures de Dispatchwork : plus qu’un artiste, Dispatchwork est un mouvement mondial qui se propose de réparer le monde entier avec des briques LEGO®. Une crevasse dans le sol, un éclat dans un mur ? Les petites briques colorées empilées par d’illustres inconnus (vous par exemple) colmatent tout et font sourire. Rejoignez le mouvement en ajoutant une photo de vos « réparations » ! • L’anamorphose de JR : une anamorphose est une œuvre qui ne se voit que d’un seul point de vue. C’est grâce à cet effet de perspective que l’artiste JR a réussi à faire disparaître la pyramide du Louvre en collant la photo déformée du bâtiment par-dessus. Impressionnant !
47
Mademoiselle Maurice, Bourg-en-Bresse, 2016.
ORIGAMI
« Vous avez vos papiers, s’il vous plaît ? » L’héritage du Japon ne se limite pas aux sushis à volonté et autres statuettes kitsch de chats souriants. Mademoiselle Maurice y a fait un voyage inspirant en 2011, où on lui a raconté l’histoire de Sadako Sasaki, une fillette atteinte de leucémie suite au bombardement atomique à Hiroshima, et qui, suivant une tradition japonaise, tenta de plier mille grues de papier afin de guérir. L’histoire bouleverse Mademoiselle Maurice qui voit dans l’origami un prétexte pour lancer un combat contre le nucléaire. En 2012, elle orne la rue de grands « NO » en origami blanche. Aujourd’hui, elle nous surprend sans cesse en mélangeant projets gigantesques (les marches de la cathédrale d’Angers en 2013) et apparitions dans des petits festivals (Bas les masques ! à Bourgen-Bresse en 2016). Mais où trouve-t-elle autant d’origamis ? Il n’y a pas de miracles, Mademoiselle Maurice plie constamment, en méditant, en regardant Arte, lors d’ateliers avec les habitants ou ses amis. Elle stocke ensuite ces formes évoquant des oiseaux et des fleurs en papier recyclé de six couleurs vives. Elle peut alors déployer des figures géométriques et des ondes légères. Comme si la nature les avait posées là, insouciante et généreuse. Son dernier tour de force s’appelle « Cycles lunaires » : un mur de 2 000 m² dans le 13e arrondissement de Paris sur lequel elle a disposé 15 000 origamis. En représentant les phases de la lune, elle fait écho à la mue de l’immeuble promis à la destruction puis à la reconstruction. Réduire Mademoiselle Maurice à l’origami serait un affront à sa puissance positive qui traverse tous les médiums. Preuve en sont ses extraordinaires expositions « Rainbow Mutant Nation » à la galerie Mathgoth (Paris 13e) et « Colors are the New Black ! » à la Backside Gallery, à Marseille.
73
TRICOT
« J’ai pris ma petite laine pour embellir la rue. » Le yarn bombing consiste à recouvrir un élément de l’espace urbain de laine – une intervention non agressive et étonnamment rétro. Le street art a vraiment un don pour révolutionner les pratiques les plus surannées et inattendues. Après la mosaïque, voici le tricot ! Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, un vieux chat qui bâille, une mamie enfoncée dans son fauteuil crapaud à fleurs. Voilà ce qui nous vient à l’esprit lorsque l’on parle de tricot.
ARTISTES À SUIVRE Collectif France Tricot Knit the City Magda Sayeg Souter Stormers
Magda Sayeg, elle, y a vu un moyen très pratique de redonner des couleurs à sa ville. Sa mère étant peu portée sur les travaux manuels, l’artisanat a pris une dimension quasi magique chez Magda. Elle commence en recouvrant la poignée de la porte de sa boutique à Houston en 2005. Rapidement, elle déborde dans toute la ville avec son collectif Knitta (ou Knitta please) : ils habillent les palmiers et les potelets de cols roulés lumineux, et des bus sont entièrement recouverts de pulls aux motifs psychédéliques ! La pelote se déroule jusqu’à Londres où trois tricoteuses lancent Knit the City, un crew qui se propose de détourner l’art public ennuyeux… et de régler la faim dans le monde avec leurs aiguilles. Une mamie de 104 ans s’engage dans Souter Stormers, un groupe de guerilla knitters qui cartonne l’Écosse. En France, nous avons le Collectif France Tricot qui organise des « apéros tricot ». Le yarn bombing, c’est transformer une technique ringarde en quelque chose de militant et fun. On ne peut que se demander quel va être le prochain artisanat ainsi dépoussiéré… Le macramé peut-être ? Les paris sont ouverts !
91
QUI SONT LES ST
REET ARTISTES ?
QUELLES TECH N IQUE
S UTILISENT-ILS ?
QU’EST-CE QU’UN BLAZE, UN CAP
OU UN TOY ?
Bombe de peinture, marqueur, origami… Les street artistes utilisent des techniques très variées pour créer les œuvres qui fleurissent sur les murs de nos villes. Peu importe qu’ils se déplacent en groupe ou en solitaire, qu’ils soient représentés par des agents ou encore incognito, ces artistes créent toujours des
œuvres originales incroyables ! Infiltrez cet univers mystérieux grâce à 50 mots-clefs décryptés et illustrés par deux passionnés. Découvrez ainsi les techniques utilisées par les street artistes, les lieux qu’ils fréquentent et les personnes qui les entourent !
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