Skateboard, de la rue à la rampe

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AU FIL DE PLUS DE SOIXANTE-DIX ANS D’ANECDOTES,

DE LA RUE À LA RAMPE

PAR L’AUTEUR BEN MARCUS ET LUCIA DANIELLA GRIGGI, DÉCOUVREZ L’ODYSSÉE D’UNE DISCIPLINE À MI-CHEMIN E NTR E D IVERTISS EM E NT P O UR E N FA NTS, SP O RT

BEN MARCUS

B E N MARCUS

DE LA RUE À LA RAMPE

EXTRÊME ET ARME DE DESTRUCTION URBAINE.

SKATEBOARD

DE TÉMOIGNAGES ET DE PHOTOGRAPHIES RECUEILLIS

PRIX 34,95 € ISBN 978-2-36602-540-8

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INTRODUCTION

LA RÉP

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CHAPITRE 1

ROUND, ROUND, GET AROUND La préhistoire du skateboard

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CHAPITRE 2

DES ROUES D’ACIER Les premiers skateurs fabriquent leurs planches : 1947-1959

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CHAPITRE 3

ÉVOLUTION COMPLIQUÉE L’essor et le rapide déclin du skateboard : 1959 à 1965

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CHAPITRE 4

À NOUVEAU UNDERGROUND Le skateboard disparaît entre 1965 et 1972

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CHAPITRE 5

PLASTIQUE L’uréthane fait passer le skateboard du bois au pétrole et tout explose ! : 1973-1980

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CHAPITRE 6

VERS L’INFINI ET AU-DELÀ Le skateboard envahit les airs : 1981-1991

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CHAPITRE 7

LOISIRS DANGEREUX Une loi change la donne en street et les X Games font décoller le vertical : 1992-1999

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CHAPITRE 8

LE SKATE VOIT GRAND Tout roule durant la première décennie du XXIe siècle

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REMERCIEMENTS

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L’AUTEUR ET LA PHOTOGRAPHE

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INDEX

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CHAPITRE 1

LA PRÉHISTOIRE DU SKATEBOARD

L

Une petite canaille ayant belle allure en pull rayé et muni des ancêtres des rollers en ligne, vers 1905. Bibliothèque du Congrès

*L ZRH[LIVHYK Y\KPTLU[HPYL LZ[ WS\Z LѝJHJL qu’une trottinette : McFly fait un kickturn, le tout premier (car nous n’en sommes pas encore au ollie), s’accroche à une camionnette et s’éloigne, entrant ainsi dans l’Histoire. Les gamins qui râlaient tout à l’heure ? Ils sont instantanément convertis et deviennent la première génération de skateurs. Trop bien ! Ou pas. *L ÄST Retour vers le futur, n’est pas très loin de la vérité, même si je doute que le voyage dans le temps soit entré en ligne de compte. Si le skateboard KtJV\SL LќLJ[P]LTLU[ KL SH [YV[[PUL[[L L[ KLZ WH[PUZ à roulettes, son évolution remonte à bien plus loin, jusqu’au XIXe siècle.

Voilà comment on patinait, en 1910. Bibliothèque du Congrès

ROUND, ROUND, GET AROUND

e skateboard est inventé en 1955 par Marty McFly suite à un incident. Après que des terroristes assassinent son ami Doc en 1985, McFly monte dans une DeLorean DMC-12 qui se trouve être une machine à voyager dans le temps fonctionnant grâce à un convecteur temporel. À Hill Valley en 1955, McFly a encore des ennuis et est pourchassé par une bande de brutes menée WHY )Pќ ;HUULU +\YHU[ SH WV\YZ\P[L 4J-S` ]VSL \UL trottinette brune à un gamin mécontent. Mais puisqu’il ne va pas assez vite et que les méchants gagnent du terrain, il se débarrasse du guidon qui le gênait et tada ! Le skateboard est né : c’est une vieille planche de bois avec des supports de rollers et des roues en métal.

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NOS anCÊTRES À ROLLERs eux questions reviennent sans cesse lorsque l’on traite de l’évolution du skateboard : Qui de la trottinette ou du skateboard a été inventé en premier ? Existe-t-il une forme de skateboard antérieure aux années 1940, époque à laquelle les surfeurs ont commencé à clouer des roues de roller sous des planches de bois de 5 x 10 cm et à se balader sur leurs engins sans pioche ou caisse à fruits en guise de guidon ? Commençons par le début : toutes les trottinettes sont constituées d’une sorte de skate. Tous les parents et enfants qui, avant 1955, ont fixé des roues à une petite planche de bois ou de métal pour fabriquer une patinette ont donc ouvert la voie au skateboard. On peut estimer que la trottinette en est un ancêtre, puisque l’utilisateur se propulse en poussant de son pied arrière tandis que le pied avant reste en permanence sur la planche. Cela dit, le conducteur se dirige grâce à un guidon fixé à l’avant, au-dessus des roues.

D

Chapitre 1

Une salle publique dédiée au patin à roulettes, à la fin des années 1800, préfigurant les skateparks d’aujourd’hui. Bibliothèque du Congrès

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GEORGE TRAFTON SE SOUVIENT DES TRANSITIONS

Ce cliché est certes de mauvaise qualité, mais il immortalise un instant historique : Steve Hilton skatant dans une piscine avec des roues en argile, dans les années 1960. Avec l’autoriation de George Trafton

G

eorge Trafton est un nom célèbre parmi les surfeurs renvoyant à une époque où ces derniers tentaient d’éviter d’être trop connus. Dans

les années 1970, la folie du surf s’évanouit et les vrais pratiquants sont consternés par la musique et les films nés de leur passion jusqu’alors tenue à l’abri du grand public. Cette période est une ère de ténèbres pour la Californie du surf, et de nombreux surfeurs émérites se réfugient alors dans l’anonymat. Le père de George Trafton était connu dans le milieu du football américain. Il avait entraîné les Green Bay Packers puis les Cleveland Rams et avait suivi l’équipe à L.A. Avant ça, il avait travaillé avec son

L’auteur : C’est toi, là, qui es pile au bord ?

ami d’enfance et voisin, Al Capone.

GT : Oui.

George est maintenant reconnu à Malibu pour ses aptitudes au surf et au skate. Il est l’un des chaînons vivants entre le crissement de l’acier sur l’asphalte dans les années 1950 et l’envolée des années 1960.

L’auteur : Mais vous aviez déjà vu ou entendu parler d’autres gars faire du skate dans une piscine ? GT : Non, je crois pas. L’auteur : Donc vous avez vu cette piscine et vous vous êtes dit : « Hmm, ça peut le faire. »

George Trafton [GT] : C’est comme ça qu’on faisait [dit-il en nous gratifiant d’une démonstration]. L’auteur : En laissant dépasser tes talons de la planche ? Tu sais laisser dépasser tes doigts de pieds à l’avant, aussi (hang ten) ?

les vieux magazines de skate. Et on délirait bien dedans. J’ai commencé à surfer en 1961 et j’ai eu ma première planche l’année

GT : Ouais, mais pas tous. J’en ai que neuf.

d’après. Je voulais faire que ça. J’ai commencé par le skate, en faisant des

L’auteur : Ah, ouais ? Qu’est-ce qui t’es arrivé ?

handstands sur le trottoir ou des hang heels. Mais je voulais vraiment surfer

GT : Une baignoire est tombée sur mon pied et a pris mon petit doigt.

alors, je faisais semblant et m’entraînais à faire des figures sur mon skate.

Et voilà… L’auteur : Tu peux me dire qui sont ces gamins, sur la photo ? L’équipe Hobie ? GT : Au milieu, c’est moi. On avait tous des bagues aux dents, à l’époque. L’auteur : Vos planches sont presque aussi grandes que vous. GT : Je sais. Bon sang, on dirait les premières planches Hobie. Sur

L’auteur : Ok, donc tu es passé par le skate en premier. GT : J’ai même skaté avant d’avoir entendu parler du surf. Mon premier skate était un de ces modèles rouges avec les roues en acier. J’étais dans une école militaire et je voulais quelque chose de différent. J’avais un Red Rider, la seule planche qu’on trouvait en magasin, avec ses roues en métal et tout. Au premier caillou, on était cuit. Puis, j’ai vu les Aaberg avec leurs roues de patins, alors j’ai commencé

la droite, c’est Stevie et Dave Hilton [les petits-enfants du magnat de

à fabriquer mes propres skates. J’avais placé les roues un peu trop à l’arrière

l’hôtellerie Conrad Hilton, NdT], moi, Danny Bearer et Danny Schaefer.

sans le faire exprès et ça me faisait faire des wheelies [figure où on soulève

L’auteur : Là, on voit quelqu’un faire du skate dans une piscine vide. C’est toi ? GT : C’est Stevie Hilton. L’auteur : C’était où ? GT : À San Vicente, on l’appelait Foxtail Park. On est tombés dessus une fois, en allant à la plage. Il y avait un lotissement et une des maisons était vacante. On y est allés pour tâter le terrain. C’était dingue ! Chapitre 3

GT : Ouais, on avait l’habitude d’aller dans ces vieux parkings. Tu sais ceux de quinze étages aux rampes bien raides, comme ceux qu’on voit dans

l’avant de la planche tout en continuant à rouler sur les roues arrière]. À force, l’arrière s’arrondissait, comme sur un surf. J’ai ensuite inventé quelques figures. J’ai traversé toutes les tendances du skateboard, sans jamais m’arrêter. Au début des années 1960, le skate est devenu populaire, mais j’avais de l’avance parce que je déchirais déjà sur les vieilles roues en argile. Les planches vendues dans le commerce ont facilité l’accès à cette

L’auteur : Des piscines, des roues en argile.

discipline. Perso, j’en fabriquais en atelier menuiserie avec une jolie bande

GT : Ouais, les roues en argile, c’était chaud. Mais quand la force

au milieu. Puis, on a ajouté des roues en argile et là, on s’est vraiment éclaté.

centrifuge s’y mettait, ça allait. C’était tout nouveau et on adorait ça.

Quand les modèles du commerce en ont eu, les gamins n’avaient plus besoin

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de fabriquer leurs planches et de voler des patins, et quand les Makaha sont sorties, là, ça a vraiment été la folie. L’auteur : Comment s’est passée la transition entre l’époque de l’anonymat à l’équipe Makaha ? GT : Danny Bearer, mon ami Paul Normanden et moi, on skatait à l’école élémentaire de Palisades, à Paul Revere, Bellagio et Marquez. D’ailleurs, Paul était super fort. C’était mon partenaire et il aurait dû

En 1964, Rochlen a quitté Makaha pour rejoindre l’équipe Hobie/VitaPakt et on l’a suivi. Il y avait déjà les frères Hilton. Là, on a atteint un autre niveau. Ils nous emmenaient partout : au Texas, à New York… On avait des costumes avec un blason doré Vita-Pakt. Seul Scott Archer qui était le plus jeune d’entre nous est resté chez Makaha. Il avait dix ans et était super fort, et ils en ont fait leur chef d’équipe. Il y avait deux ou trois mille spectateurs à ces démonstrations. On a

entrer dans l’équipe, mais j’ignore pourquoi, ça n’a pas été le cas. On

même fait un numéro à la mi-temps d’un match des Chargers. Une autre

a rencontré Torger Johnson et d’autres types. On a entendu dire qu’il

fois, quand j’étais encore chez Makaha, on a fait une démonstration au

y aurait des essais au parc de Santa Monica pour intégrer une équipe

Santa Monica Civic Center. J’avais la pression parce que je devais faire

ou participer à un tournoi. En fait, c’étaient les sélections pour l’équipe

des handstands devant un auditorium bondé et ce, malgré les rails utilisés

Makaha. La plupart des participants avaient encore des roues en acier,

pour déplacer les équipements. Je n’aimais pas cette figure car je ne la

mais il y en avait aussi comme Danny, Paul Normanden et d’autres qui

trouvais pas pratique. Mais bon, elle plaisait aux foules.

savaient skater. On a été pris. Ça devait être en 1963. Dave Rochlen était l’entraîneur. Ce type était génial. C’était le Roi du

J’étais épuisé avant même le tournoi d’Anaheim, en 1965. J’avais alors seize ans. Avant Anaheim, ils testaient des roues en caoutchouc.

Surf et en plus il était gentil. On s’est bien amusés, mais on était un peu

C’était comme des pneus. Elles accrochaient bien, mais n’étaient pas

surexcités. Normal, on avait entre treize et quinze ans.

aussi rapides que celles en argile. J’étais dégoûté.

L’auteur : Que vous ont-ils demandé de faire durant la sélection ? GT : Ils nous ont demandé de skater en rond, faire un slalom, et si on connaissait quelques tricks, comme des kickturn [rotation à 180° effectuée sur les roues arrière], on les sortait. On a ensuite rencontré Larry Stevenson, le fondateur de Makaha, et voilà : on était dans l’équipe. Les premiers membres étaient Danny Bearer, Torger Johnson, Danny Schaefer, John Freis, Scott Archer, Brad « Squeak » Blank, Woody Woodward, Jimmy Fitzpatrick, Danny Escalante et moi. Après, ils ont ouvert le coffre d’une voiture et nous ont dit de nous servir en skates et en fringues. C’était Noël avant l’heure. J’avais treize ans et on ignorait dans quoi on s’embarquait. Tous

L’auteur : J’ai vu une vidéo de Steve et Dave Hilton à Anaheim, ils étaient vraiment bons. Davey y fait un headstand [figure semblable au handstand mais avec la tête] en portant un casque. GT : Oui, ils étaient bons, bien qu’à cette époque, d’autres skateurs commençaient à les rattraper. Mais je suis sûr qu’on était encore meilleurs. Woody Woodward remportait alors chaque division, chaque tournoi. L’auteur : Tu as arrêté de skater en 1965. La même année, le syndicat des médecins de Californie a déclaré que le skateboard était responsable d’autant de blessures chez les enfants que le vélo. GT : Davey Hilton s’est cassé les deux bras en même temps à cause

les week-ends, on se déplaçait en voiture dans toute la Californie pour

d’un des prototypes de Hobie/Vita-Pakt. Il descendait Paul Revere quand

faire des démonstrations dans les centres commerciaux et même au

l’essieu avant s’est brisé. C’était un super surfeur et même avec deux bras

Cow Palace à San Francisco. On avait des fan-clubs partout. C’était

dans le plâtre, il a continué à surfer. C’était le début des expérimentations

génial et Rochlen chauffait bien la foule. Quand on n’avait pas de

et cet incident n’a rien arrêté. Hobie/Vita-Pakt a revu les alliages et

démonstration, il nous emmenait surfer pour nous récompenser. On

amélioré l’équipement. C’est juste dommage que Davey ait été le pilote

s’occupait bien de nous. On ne faisait pas de bêtises (ou presque) et

d’essai cette fois-là.

mon père trouvait ça génial. Il nous accompagnait même aux écoles

Quant à moi, j’en avais juste marre. Je voulais juste surfer.

où les gardiens nous refusaient l’accès pour les convaincre de nous

laisser skater. On allait donc à Paul Revere et à Bellagio, dans les collines de Los Angeles. Bellagio était situé plus haut et sur une belle pente. Quand on regardait en bas, on avait un peu les jetons. Dans la descente, on trouvait une grille longeant un bungalow sur environ sept mètres. On s’amusait à descendre à toute vitesse en empruntant ce passage. On était givrés. Fallait que nos roues soient bien vissées sinon, on risquait de se manger le mur. Mais on réussissait toujours. ÉVOLUTION COMPLIQUÉE

C’était incroyable et on pouvait s’y exercer pour faire des figures de surf. Puis, Miki Dora a commencé à skater avec nous sur le parking de State Beach et on s’est alors mis à côtoyer toutes les stars du surf. Rochlen nous a emmenés sur tous les bons spots. Dans les années 1960, on surfait même à Hollywood by the Sea alors que cette plage n’était même pas encore connue.

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Suite de la page 52

Le skateboard atteint l’apogée de sa popularité en 1965. À cette époque, nombre de ceux qui ont jusquelà contribué à sa réputation finissent par s’en éloigner : ceux-ci sont désormais en âge de conduire et d’aller surfer. Ils sont enrôlés dans l’armée, vont à la fac pour éviter la conscription ou partent à l’étranger pour surfer et ainsi y échapper. Ainsi, l’âge est peut-être à l’origine de ce changement de tendance, ou est-ce peut-être dû à une cause plus évidente encore : c’est marrant jusqu’à ce qu’on se blesse vraiment.

Chapitre 3

Les skateboards Nite Rider en Plexiglas étaient une invention des années 1960 qui n’a jamais fonctionné tant commercialement que du point de vue de leur durée de vie. Mais il fallait bien essayer. Avec l’autorisation de Surfer Publishing Group

Le modèle Deluxe n°20 de Roller Derby. Avec l’autorisation de Billabong

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MAUVAISE presse, 1962 L

e Los Angeles Times était en avance sur son temps lorsqu’il critiquait le skateboard. Le 29 avril 1962, le journaliste sportif

écrivait, sous couvert d’un article, un pamphlet intitulé : « L’Interdiction contre les skateboards s’étend. »

Une fois ceci fait, en route mauvaise troupe. Estimez-vous heureux si vous n’avez pas de petit jardin au bout de votre pelouse ou si vous ne vous promenez jamais le soir, sur les trottoirs de votre quartier. Les chutes sont évidemment la règle, pas l’exception. Vous demeurez un novice tant que vous n’avez pas arraché une

La campagne contre les skateboards dans la Vallée s’intensifie et une interdiction portant sur tout le comté, comme le voudraient

quarantaine de roses ou que vous ne vous êtes rien fracturé. Ce sport est devenu une telle gêne que Glendora High et

certains, serait acceptée par d’innombrables habitants, y compris un

d’autres écoles élémentaires l’ont interdit. Sachez d’ailleurs que ces

nombre toujours plus grand de skateboardeurs.

établissements ont reçu la bénédiction de la police.

Le skateboard, pour les non-initiés, est la dernière mode chez

Cette situation a dégénéré lorsque Dick Oliver, l’entraîneur de

nos adolescents. La plupart de ses pratiquants sont des passionnés

l’équipe de tennis de l’école, a vu ses joueurs se faire décimer en

de patins à roulettes en mal d’aventure ou des surfeurs débutants

quelques semaines. Trois d’entre eux en ont été victimes. L’un s’est

pensant s’aguerrir ainsi hors de l’eau. D’autres, encore, sont

cassé le bras, l’autre s’est fracturé la jambe et le troisième a eu une

simplement des rebelles.

sévère entorse du pied.

S’équiper ne coûte rien. Inutile d’acheter une planche onéreuse. Il suffit à un garçon de trouver une planche de bois, de démonter les

Cette tendance est telle que d’autres écoles du district en ont également interdit la pratique dans leur enceinte.

rollers de sa sœur et d’en clouer les roues à la planche.

Le modèle Deluxe n°50 de Roller Derby.

ÉVOLUTION COMPLIQUÉE

Le modèle Deluxe n°20 de Roller Derby.

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CHAPITRE 4

LE SKATEBOARD DISPARAÎT ENTRE 1965 ET 1972

près 1967, le skate n’a plus mauvaise presse. Cependant, ce n’est pas une bonne nouvelle car cela veut dire qu’il n’y a plus d’activité autour. +PѝJPSL K»PTHNPULY \UL WtYPVKL WS\Z WYVWPJL H\ changement qu’entre 1959 et 1969. En termes de Z\YM SL NYHUK KtIH[ JVUJLYUL SL ÄST Gidget et le fait que le Great Kahoona n’a pas de boulot. Dix ans WS\Z [HYK LU KtJLTIYL .YLN 5VSS TL[ ÄU n une ère du surf (celle des grands hommes sur de grandes planches) en entrant dans la légende en surfant la plus grande vague du siècle à Makaha. La même semaine, dans le monde civil, la police de Los Angeles appréhende Charles Manson, et son LќYH`HU[ ]PZHNL KL OPWWPL Ä_L S»(TtYPX\L LU[PuYL

A

Les Hells Angels battent un spectateur à mort lors d’un concert des Rolling Stones, à Altamont. Par ailleurs, l’Oncle Sam invente la première conscription par loterie, faisant regretter à des centaines de milliers de jeunes Américains le jour où ils sont nés. Passer d’une innocente Sandra Dee à couettes au regard démoniaque de Charles Manson, c’est un sacré changement, pour dix ans. 3»(TtYPX\L WLYK ZVU PUUVJLUJL L[ ZH ÄLY[t durant ces années et, dans le chaos culturel, le skateboard s’éteint. Les jeunes quittant le lycée durant la seconde moitié des années 1960 ont autre chose à penser que d’empêcher leurs roulements à billes de tomber. Ils doivent prendre

À NOUVEAU UNDERGROUND

Suite en page 99

Le Makaha LX 10, avec son kicktail. Peut-être l’innovation la plus importante produite entre le déclin du skateboard en 1965 et la révolution uréthane du début des années 1970. Planche fournie avec l’autorisation de Ray Flores

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BLUES ADOLESCENT MICHAEL MEL DANS SKATErDATER

P

eter Mel est un surfeur de grosses vagues originaire de Santa Cruz. Son père, John, est le propriétaire du magasin Freeline Design Surf

Shop. Je connais les Mel depuis les années 1970, quand j’ai emménagé à Santa Cruz. J’allais acheter des tendeurs et de la cire Sex Wax chez Freeline. À l’époque, j’étais inscrit au collège Del Mar. On était à l’aube de la révolution uréthane et on faisait tous du skateboard. Enchaîner trois

360° était considéré comme génial. Je me souviens avoir été malade le jour où ils ont montré le film Skaterdater à l’école. Par la suite, les gens n’ont pas arrêté d’en parler pendant des semaines : « T’as vu comme ce gars montait sur le trottoir ? Trop fort ! » Mais je l’avais raté et je ne l’ai vu que des années plus tard, ce qui est dommage car c’est un bon petit film. Sorti en 1965, Skaterdater a été tourné à la fin de la première période faste du skateboard. Il y est certes beaucoup question de skate, mais c’est surtout un film sur l’innocence de l’adolescence et c’est cet aspect, ainsi que l’absence de dialogue, qui lui ont valu autant de récompenses. Au Festival de Cannes en 1966, son réalisateur, Noel Black, a remporté la Palme d’Or dans la catégorie courts-métrages ainsi que le Prix de la Commission Supérieure Technique, pour la façon dont ont été tournées les séquences de skate : au niveau du sol. Marshall Backlar,

L’auteur : Quelle planche utilisez-vous dans Skaterdater ?

Black et le film lui-même ont aussi été nommés pour un Academy

Michael Mel [MM] : Une Hobie 76 cm. On avait de nouvelles

La bande originale de Skaterdater.

Award dans la catégorie meilleur court-métrage. Le créateur des

planches parce que Dave Rochlen nous donnait constamment du

Muppets, Jim Henson, avait aussi été nommé, mais cette catégorie a

nouveau matériel. À l’époque, on était trop jeunes pour conduire. On

finalement été remportée par Le Poulet de Claude Berri.

habitait tous vers Redondo Beach alors que Hobie était à Santa Monica.

Après avoir filmé plusieurs projets à Santa Cruz, je suis passé par Corralitos pour interviewer Michael Mel. Michael, l’oncle de mon ami Peter, jouait le rôle principal dans Skaterdater. Il m’a reçu en compagnie

Mais Rochlen était plus âgé et c’était un surfeur connu de Malibu. M. Head Dip ? Vous vous souvenez de ce surnom ? Il venait assez régulièrement nous donner de nouvelles planches

de sa charmante fiancée Jocelyn et nous avons pu faire une agréable

et de nouvelles roues. Quand on a commencé à tourner le film, on avait

interview. Pour commencer, Michael a commenté le film.

tous la planche Hobie en plastique flexible. On voulait s’en servir, mais ils nous ont poussés à utiliser nos vieux équipements. L’auteur : Quand vous dites « nous », de qui parlez-vous ? MM : On était une équipe, un club. On s’appelait les Imperials. Gary Hill, qui était un peu notre chef, a dit : « On devrait créer un club. Comment on l’appellerait ? » On peignait nos planches avec des bombes de

Chapitre 4

l’Imperial Paint Company, donc on est devenu l’Imperials Skateboard Club.

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Chapitre 5

Farrah Fawcett, la star de Charlie et ses drĂ´les de dames sur une autre star des annĂŠes 1970, une planche Logan Earth Ski.

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Les roues de skateboard Cadillac de Nasworthy font sensation. Elles sont les premières à être produites en masse et la production actuelle dans notre milieu découle de cet éclair de génie. Les premières roues Cadillac comportent huit roulements à billes lâches de chaque côté. Au milieu des années 1970, Tony Roderick, lui aussi originaire de la côte Est, présente à Rich Novak et Jay Shuirman la nouvelle évolution des roues de skate : les roulements à billes scellés de précision. Les roues en uréthane permettent aux skateurs d’aller plus haut, plus vite et de conquérir de nouveaux terrains. En effet, tenant mieux la route, les rues, les allées et les écoles en pente ou les piscines dans lesquelles ils glissent sont enfin à leur portée. En Californie se développent de nouvelles surfaces causées par une longue sécheresse qui, dans les années 1970, rend accessibles des fossés d’évacuation, des piscines et des réservoirs vides. Les roues en uréthane permettent d’aller si vite qu’en des endroits comme La Costa, dans le comté de San Diego, où les rues et les trottoirs sont nouveaux et parfaits, des skateurs aux roues, aux planches et aux trucks tout neufs et aux protections plus efficaces se rassemblent nuit et jour pour dévaler les collines afin de repousser les limites de vitesse. Les innovations responsables de ce nouvel essor du marché viennent certes de la côte Est avec Creative Urethanes en Virginie et, plus tard, Urethane Casters en Nouvelle-Angleterre, mais la technologie du skateboard est originaire de la côte Ouest, de San Diego au sud à la région de la Baie au nord. Suite en page 118

Gregg Weaver étrenne une planche Hobie avec ses nouvelles roues Cadillac, dans les collines de La Costa. Scan fourni par Barry Haun de la Surfing Heritage Foundation

Plastique

Gregg Weaver à quatorze ans, s’amusant dans une piscine vide de San Marcos. Selon une interview parue dans Juice : « Cette piscine était parfaite ! Warren Bolster était minutieux. J’avais fait des figures plus impressionnantes, mais c’était cette photo qu’il voulait. Plus tard, je suis entré dans une supérette et, quand j’ai vu le magazine, j’ai dit : “Eh, c’est moi !” Là, je ne suis pas allé jusqu’en haut. C’est l’histoire de ma vie. » Avec l’autorisation de Surfer Publishing Group

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les planches de Dogtown

Un skate Dogtown modèle Bob « Bullet » Biniak de 1978. Planche fournie par G&S

Un skate Dogtown modèle Wes Humpston de 1978 environ, agrémenté d’autocollants Independent Trucks. Planche fournie par G&S

Chapitre 5

Un skate Dogtown modèle Shogo Kubo Airbeam de 1979. Wes Humpston l’a décoré à la main. Planche fournie par G&S

Une publicité pour les skates Dogtown montrant les modèles Bob Biniak, Wes Humpston et Jim Muir. Publicité fournie par Wes Humpston et Jim Muir

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Un skate Dogtown modèle Wes Humpston de 1978. Selon www.artofskateboarding.com, une planche comme celle-ci se vend, état neuf, entre 390 $ et 999 $. Planche fournie par G&S

Planche d’un skate Dogtown Jim Muir Triplane de 1980 : cette planche a fait le lien entre les années 1970 et le début des années 1980 et a été l’une des premières à être concave. Planche fournie par G&S

Plastique

Un skate Dogtown modèle Paul Constantineau de 1978. Planche fournie par G&S

Un skate Dogtown modèle Jim Muir de 1978. Planche fournie par G&S

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À gauche : Le street plant peut s’effectuer sur des surfaces horizontales ou verticales. Ici, Rodney Mullen le fait sur le sol, en 1987. Mick Vallely en décrit la technique dans Tony Hawk’s Trick Tips n°7 (disponible sur Youtube) : « Les fondamentaux du street plant sont assez simples à maîtriser. Il faut avoir un peu de force dans la partie supérieure du corps, mais c’est surtout une question d’équilibre. Vous vous baissez et attrapez votre planche de votre main, avec laquelle vous êtes le plus à l’aise, en fait. Ça n’a pas vraiment d’importance. Attrapez votre planche et faites une sorte de roue, avant de vous arrêter quand vous êtes tête à l’envers et en appui sur une main. Puis, vous vous remettez à l’endroit. C’est assez simple, mais ça demande de l’entraînement. » On voit ensuite Vallely effectuer facilement des street plants par terre et sur une rampe. J. Grant Brittain

Ci-contre : Comment s’appelle-t-il ? Prononcé normalement, c’est « Nao-tuss cop-us ». Mais lu à l’envers, ça donne Satan. Non, Natas Kaupas n’est pas un message satanique qu’on entend en écoutant à l’envers un disque des Beatles. Même si certains l’ont cru quand, dans les années 1980, Natas devenait l’un des dieux du street. Natas est un nom lithuanien, mais, à cause de cette rumeur, certaines écoles ont interdit à leurs élèves de porter des vêtements de sa marque ou de faire du skate avec ses planches. C’était complètement stupide et heureusement, ça a fini par se tasser. Ici, Natas effectue d’ailleurs un melon grab off the hip au lycée de Venice, en 1987. J. Grant Brittain

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« UNE ACTIVITÉ DE LOISIR DANGEREUSE » JIM FITZPATRICK ET SON RESSENTI SUR CETTE OBSCURE LOI CALIFORNIENNE

J

im Fitzpatrick a grandement contribué à faire voter une loi déclarant

conçue pour le Bones Brigade World Tour. Près de 4 000 jeunes sont

la pratique du skateboard comme une activité de loisir dangereuse.

venus. On a fait un sondage et distribué un questionnaire. Les officiels

Il revient sur cette époque et son contexte :

ne s’attendaient pas à ce qu’il y ait tant d’attente. Deux ans plus tard, le gestionnaire du risque de la ville me

Je suppose que j’ai un autre point de vue concernant la

dit : « C’est impossible. La ville fait partie d’une mutualisation des

transformation du marché. Rocco a été un facteur important de

moyens en matière de risque et nous n’avons pas d’assurance

changement, mais il ne cherchait pas à bénéficier au skateboard

responsabilité civile. On partage un fonds avec d’autres villes et si

en général. Ce n’était qu’une question de business, pour lui. Il était

on est poursuivis, on prend de l’argent dans ce fonds. » J’ai trouvé

doué en affaires et il a bien réussi. Il a aussi donné de très bonnes

ça aberrant, mais j’ai aussi appris qu’il existait une association des

leçons à tout le monde. Je sais que j’ai beaucoup appris de lui, mais

avocats à la cour de Californie et qu’ils conservaient un registre des

je ne suis pas un businessman.

poursuites en termes de responsabilité. J’ai dépensé 150 $ pour

Là d’où je viens, on ne s’intéresse pas vraiment aux profits.

obtenir un rapport établissant qu’en Californie du Sud, entre 1970 et

Changer l’industrie, faire plus de ventes et augmenter les marges

1990, aucune entité publique n’avait été poursuivie par un skateur

ne m’intéressaient donc pas. Je voulais que tous les gosses du pays

suite à un accident. Dans les dix-huit comtés de Californie du Sud, il

aient un endroit où skater en toute sécurité. Je me disais que si le

n’y a eu aucun procès de ce type.

skate était plus accessible, tout le monde en profiterait. À l’époque,

C’est comme ça que j’ai découvert la liste des activités de loisir

« Faire du skateboard n’est pas un crime » était un slogan populaire.

dangereuses. On y trouve l’escalade d’arbres, la spéléologie, etc.

J’ai donc discuté avec les élus de la ville de Santa Barbara. Après

Dès qu’une activité y est inscrite, aucune entité gouvernementale ne

tout, s’ils voulaient interdire les skateboards dans les rues, il me

peut être poursuivie suite à un accident subi lors de sa pratique.

semblait normal qu’ils mettent un endroit à disposition des skateurs.

J’ai ensuite pris contact avec notre membre local de

Ça me paraissait une requête raisonnable. C’est ainsi que mon

l’Assemblée de l’État de Californie, Jack O’Connell (qui est

mouvement pour faire changer la loi est né.

maintenant le secrétaire à l’éducation), que je connaissais depuis des années car son neveu et moi fréquentions la même école. Il

la Californie et ensuite à tout le pays. J’ai commencé, en 1988, par

m’a dit : « Ça ne passera jamais car ça impliquerait une réforme

participer aux réunions du conseil sur les loisirs. Ils n’y connaissaient

de la responsabilité délictuelle. Tu auras affaire à l’association

absolument rien, mais une des mères qui y siégeaient avait un fils qui

des avocats à la cour et ils ne laisseront jamais passer ça. Tu les

faisait du skateboard. Elle a été d’accord avec moi. Il leur fallait des

priverais de leur gagne-pain puisqu’ils ne pourraient plus attaquer

preuves de la popularité du skateboard et, en 1989, Powell-Peralta

personne. » Ça m’a motivé. J’ai bien préparé mon message, recruté

a sponsorisé une démonstration dans un des parcs locaux. Tony

des skateurs pour qu’ils convainquent les législateurs qu’on voulait

Hawk, Christian Hosoi, Caballero, Lance Mountain et quelques invités

un endroit pour skater en paix et l’une des dernières choses que j’ai

du coin, dont Rob Washburn, ont skaté sur la mini-rampe portable

faites en tant qu’employé de Powell-Peralta a été de faire accepter

Chapitre 7

Ce que j’ai accompli à Santa Barbara s’est étendu au reste de

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aux autres sociétés de créer une corporation : l’International

C’était ça ou rien. L’un des législateurs du comité avait fait passer

Association of Skateboard Companies, l’IASC.

des lois imposant le port du casque à vélo et moto et, en gros, il

J’ai organisé le premier conseil d’administration et rédigé notre

m’a dit : « Je ne permettrai pas qu’un jeune meure dans un accident

mission ainsi que nos statuts. J’en ai été élu président et c’était

de skate. » J’étais d’accord avec lui : « Si cette limite d’âge peut

parti. Mais personne, dans le monde du skate, ne nous prêtait

permettre la construction de skateparks publics en Californie,

vraiment attention. Certaines sociétés se demandaient à quoi on

allons-y. »

servait et n’ont même pas rejoint l’IASC. Puis, quelque chose d’assez amusant s’est produit. Pendant une session de l’Assemblée, à Sacramento, l’un des politicards a sorti

En 1990, il y avait trois skateparks publics aux États-Unis. Paul Schmitt et moi avons assisté à plusieurs conventions nationales des directeurs des départements des parcs et loisirs. J’y ai distribué les

un numéro de Thrasher et l’a ouvert pour montrer une photo d’un

plans de Skate Zone de Powell-Peralta avec les pyramides et les fun

skateur grindant une rampe. Sur la page opposée, il y avait une pub

boxes, etc. Toutes ces informations ont ensuite été publiées dans

pour Hubba où on voit une fille à moitié nue. Tous les législateurs

le magazine national des directeurs des départements des parcs et

ont voulu jeter un œil au magazine. Lui ne riait pas et a été direct :

loisirs, donnant tous les détails pour que chaque ville des États-Unis

« Vous avez vu ce que nos enfants font dans nos villes ? Nous

puissent bâtir son propre skatepark.

devons régler ce problème avant que quelqu’un ne se blesse et que nous en soyons tenus pour responsables. » Kevin Thatcher, le rédacteur de Thrasher, m’a appelé pour me

Une fois la loi passée, la Californie a engagé des concepteurs et développeurs pour construire ses skateparks et le reste du pays lui a emboîté le pas. Il a fallu quatorze ans pour que le parc de Santa

prévenir que des législateurs pourraient me contacter car il leur

Barbara soit construit. Quand le lieu a enfin été choisi, il s’agissait

avait donné le numéro de l’IASC.

surtout de montrer que la ville pouvait être « cool ». Le parc a

Je retournais à Sacramento un mois plus tard, puis le mois suivant et celui d’encore après. Ma belle-mère, Alice, y vivait et me laissait dormir sur son canapé. Il a fallu deux mois de débats

remporté plusieurs récompenses de l’État, mais demeure un endroit assez bizarre pour faire du skate. En 2010, il y avait plus de 2 000 skateparks publics dans tous les

et de conneries politiciennes pour enfin régler le problème qui les

États-Unis et la Fondation Tony Hawk (THF) est devenue la principale

préoccupait : l’éventuelle poursuite en justice en cas d’accident. Bill

source d’informations et de conseils en la matière et a versé plusieurs

Morrow, le conseiller d’Oceanside, a rédigé la première motion pour

millions pour la construction de lieux dédiés au skate. Dirigée par

inclure le skateboard à la liste des activités de loisir dangereuses.

Miki Vuckovich, la THF perpétue mon combat : aider le skateboard

Mais O’Connell avait raison, elle n’aurait jamais été acceptée. On

en aidant les skateurs. Évidemment, il y aura toujours des gens pour

a donc changé de tactique quand on a découvert qu’il existait déjà

s’extasier à la vue de ces parcs ou pour les détester parce que, pour

des lois des années 1970 stipulant que « les skateurs roulant dans

eux, un parc public « ne devrait pas être réservé aux skateurs », mais

n’importe quel skatepark doivent être équipés de protections. »

quand je m’y balade et discute avec des parents ou des grands-parents,

L’aspect généraliste de la loi nous aidait, mais je savais que des

je suis heureux de ce qu’on a accompli.

skateurs « adultes » y seraient réfractaires. Lors de la discussion

Je pense qu’il n’a jamais été aussi facile de pratiquer le

finale, on a fini par trouver un compromis juste avant que cette

skateboard en toute sécurité que maintenant, et ÇA, c’est bon pour

bataille de quatre ans ne soit vaine. « Est-ce que les skateurs de

le sport.

moins de quatorze ans seraient d’accord pour porter des casques ? Est-ce que ça passerait ? » Après d’autres discussions, il semblait

LOISIRS DANGEREUX

que le comité législatif était d’accord sur cette limite d’âge.

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