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Syndicats #3 MAI 2022
MIRANDA ULENS ET MERYAME KITIR
Regards croisés Jobs deal, inflation et pouvoir d’achat, perspectives d’avenir… En marge du premier mai, Syndicats Magazine a rencontré et croisé les propos de Meryame Kitir, ministre belge de la coopération au développement et de Miranda Ulens, Secrétaire générale de la FGTB. Deux femmes, deux syndicalistes, qui s’expriment sur l’actualité de ces derniers mois.
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ête du travail oblige, c’était l’occasion d’aborder le fameux jobs deal, qui aux yeux de nombre d’entre nous, n’apparaît pas comme une fête pour les travailleurs, bien au contraire. Ce deal pour l’emploi semble tirer un trait sur des victoires historiques du monde du travail. Miranda Ulens dénonce une flexibilité excessive. « Cette tendance est difficile à nier. Notre souhait d’en finir avec cette ‘flexibilisation’ excessive ne fait pas de nous des conservateurs qui refusent toute évolution du monde du travail. Nous refusons néanmoins d’assister à un démantèlement social sous couvert d’une prétendue ‘modernisation’. S’il doit y avoir des évolutions dans le monde du travail, celles-ci doivent se faire, sur le terrain, en concertation avec les travailleurs. » Pour Meryame Kitir, la flexibilité peut également être vue comme positive, pour autant qu’elle réponde à un souhait des travailleurs, et non de l’employeur. Et de souligner les avancées obtenues pour les travailleurs à temps partiel en horaires variables, qui pourront désormais connaître leurs horaires plus tôt. « Les travailleurs aussi sont demandeurs de plus de flexibilité, et depuis longtemps même. De façon à pouvoir mieux concilier vie professionnelle et vie privée. Je pense, par exemple, aux parents d’enfants en garde alternée. Mais aussi aux nombreuses personnes qui occupent des emplois temporaires et reçoivent souvent leur horaire la veille. Grâce à ce deal pour l’emploi, les travailleurs connaissent leur horaire au moins une semaine à l’avance et peuvent ainsi mieux organiser leur vie privée. » La FGTB défend une vraie réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires, et non pas la compression d’un temps plein sur quatre jours, non négociée collectivement. « Il ne s’agit pas d’un vœu pieux, mais bien d’une solution positive tant pour les travailleurs que pour l’économie », affirme Miranda Ulens. « Dans l’histoire, lors des précédentes
réductions collectives du temps de travail, des voix s’étaient déjà élevées pour dénoncer des mesures qui allaient supposément conduire notre société à sa perte. Lorsque, historiquement, on a aboli le travail des enfants, les propos alarmistes avaient également fusé... Car les conservateurs, ce ne sont pas les syndicats ! La RCTT est positive sur le plan individuel, mais aussi sur le plan collectif. Car qui dit embauches compensatoires dit plus de personnes dans la vie active, des personnes avec un pouvoir d’achat, qui renforcent l’économie et — ce qui n’est pas sans importance — contribuent à notre sécurité sociale ».