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N° 4 • Avril 2021
Entretien
Il faut inverser
Si vous deviez résumer l’année qui vient de s’écouler sur le plan syndical et politique en 3 mots. Quels seraient-il ? Rapport – capital – travail. En effet, la crise a montré par A + B que le travail crée la richesse. Ce sont les travailleuses et travailleurs qui ont fait tourner l’économie, continué à donner un sens à la société, à donner une plusvalue à la production. Pas les actionnaires, ni leur capital. Le rapport capital-travail doit donc être inversé en faveur des travailleurs. Pas de rassemblement, pas de discours en public, pas de manifestations, … Ce premier mai sera une fête des travailleurs confinée, la deuxième du genre. Pensezvous que les mesures sanitaires en cours depuis un an vont marquer durablement la manière de militer, de protester ? Pourrait-elle faire émerger d’autres formes de mobilisation ? Les mesures sanitaires ont fortement modifié les organisations du travail, peut-être durablement. Le télétravail a pris une certaine ampleur, et il faudra impérativement l’encadrer par la concertation sociale. Le confinement nous a obligés à repenser nos modes d’actions, à davantage s’appuyer sur les médias classiques, à développer la communication par les réseaux sociaux. À l’avenir, nous devrons sans doute viser des actions symboliques, qui mobilisent certes moins de monde, mais qui sont plus percutantes. Mais j’insiste, ces nouveaux modes d’actions sont complémentaires. Ils ne remplaceront pas la manifestation et surtout pas la grève. La grève, qui est aujourd’hui menacée par des actions en justice, est le seul moyen d’arrêter l’activité économique. Et d’inverser ce rapport capital-travail. Si vous deviez pointer quelques éléments positifs sur l’évolution du monde ou de la société, quels seraient-ils ? En Belgique et dans le monde ? En Belgique et en Europe, il y a eu une prise de conscience collective que les services publics et la sécurité sociale jouent un rôle essentiel dans la société. Sur le plan économique, la reprise du second semestre 2021 pourrait être très vigoureuse (4,1 % pour la fin de l’année et 6 % au niveau mondial). Cela n’aurait pas été possible sans la sécurité sociale, qui a protégé la population et maintenu un certain pouvoir d’achat pour celles et ceux qui subissaient une perte de revenus. Pas possible non plus sans les