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N° 6 • Juin 2021
Opinions FGTB
Leur profit, nos vies
Pour une réduction collective et radicale du temps de travail Dans l’émission radio Opinions FGTB sur la Première le 3 juin dernier, Yannick Bovy interviewait l’économiste Denis Horman, à l’occasion de la sortie de son nouveau livre publié aux Éditions « Couleurs livres » : « Leur profit, nos vies – Pour une réduction collective et radicale du temps de travail ».
L
a journée des 8h a 100 ans (loi du 14 juin 1921). 8h de travail, 8h de loisirs, 8h de sommeil. C’était une victoire majeure de la lutte syndicale qui a littéralement changé la vie des travailleurs et travailleuses. Aujourd’hui, la réduction du temps de travail est surtout individuelle et involontaire. C’est le marché qui émiette les contrats de travail (temps partiels, contrats atypiques, flexi-jobs…). La réduction collective du temps de travail, elle, stagne. C’est pourtant elle qui correspond à un projet de société solidaire où l’on répartit le travail en fonction des besoins de la société, et non en fonction du de ceux du marché. J.M. Keynes, dans son livre « Lettre à nos petits enfants » en 1930, préconisait la semaine des 15 heures en 2030, afin d’éviter le chômage technologique dans une société de progrès et d’abondance créée par le capitalisme. La semaine de 15h, nous en sommes loin… et le chômage technologique gagne du terrain.
Nous parlons régulièrement de la réduction du temps de travail comme une des pistes permettant de répondre à l’urgence sociale et écologique que nous connaissons. Est-ce cela aussi qui vous a inspiré votre livre ? Le titre de mon livre « Leur profit, nos vies », ou en d’autres termes « Nos vies valent plus que leur profit », explique bien la démarche qui m’a motivée. Nos vies, notre santé, notre bonheur, la satisfaction des besoins essentiels sont des droits mentionnés dans la Déclaration universelle des droits humains votée à l’assemblée des Nations Unies en 1948. Ce qui fait obstacle, aujourd’hui comme hier, à la concrétisation de ces droits fondamentaux pour de larges couches de la population, c’est le fonctionnement du monde de production capitaliste. C’est pour cela que j’ai tenu, dans la première partie du livre, à replacer la revendication de la réduction du temps de travail au cœur de l’exploitation capitaliste.