Syndicats FGTB n° 15 - 2016

Page 1

N°15 • BIMENSUEL • 70ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be

16 SEPTEMBRE 2016 • Éd. LIÈGE

Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles


2

RÉGIONS

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

NAMUR

LUXEMBOURG


2

BRUXELLES

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

> ECLAIRAGE

Dans la « Jungle » de Calais Le 11 juin 2016, des membres du groupe Réagis de la FGTB se sont rendus dans la « Jungle » de Calais, un camp de réfugiés qui ressemble à un bidonville et où (sur)vivent près de 7.000 enfants, femmes et hommes ayant fui la guerre, la persécution ou la misère… Compte tenu de l’actualité et des récents événements en Belgique et à Calais, le groupe a voulu connaître la réalité quotidienne du camp et rencontrer des associations sur place; l’objectif était de partager et de renforcer des réseaux de solidarité et de lutte pour les droits des migrants et contre les politiques européennes inhumaines. Fin février 2016, l’Etat français a lancé une opération de démolition d’une partie de la zone sud du camp. La partie sud sera officiellement évacuée et détruite pour « cause humanitaire » mais sans offrir, en retour, de lieux de vie décents ni suffisants. Ses habitants ayant trouvé refuge dans la partie nord, les migrants se sont entassés, un peu plus encore, dans chaque cabane, chaque tente de fortune. Dans la partie nord, se trouve le centre Jules Ferry: il accueille une centaine de femmes et d’enfants, met à la disposition des habitants de la jungle 60 douches, 30 toilettes, ainsi que des moyens pour recharger les téléphones portables et laver le linge; il propose également un accueil infirmier, deux heures par jour, du lundi au vendredi. On peut imaginer les problèmes d’hygiène que peuvent rencontrer, chaque jour, les 7.000 occupants du camp. D’autre part, en 2015, a également été ouvert un nouveau « camp de containers » : grillagé, sous vidéosurveillance, contrôlé à l’entrée et à la sortie par un système biométrique, sans eau ni douche, ni possibilité de cuisiner. Avec 12 personnes

dans 14m2, ce camp ressemble, à s’y méprendre, à une prison et beaucoup de migrants refusent d’y aller. Les containers ne sont d’ailleurs pas remplis, beaucoup préférant demeurer dans la zone extrêmement précaire, sous tente ou dans des cabanes de fortune, redoutant, sinon, de se retrouver fichés et refoulés hors du territoire… Par ailleurs, la Jungle, c’est surtout une microsociété qui s’est créée, avec une « rue principale » (menacée de destruction ) avec des magasins, des restaurants, des barbiers ... de fortune ainsi que, dispersés dans le camp, une discothèque, des hôtels, des mosquées, des églises et même un ‘bordel’. Le tout fait de tissus, de bois, de tôles ou de plastiques de récupération. Dans ces conditions de vie, les violences et les discriminations sont permanentes: psychologiques, physiques, politiques, raciales et de genre... Dans ce microcosme, la mafia fait son lit et se partage le butin de la misère: Calais, c’est aussi le business pour certaines multinationales, comme la société Api Restauration qui a gagné le marché de la distribution des repas au centre Jules Ferry et qui y propose un repas par jour au prix de 3,5 à 4. Quand la misère des uns sert la rentabilité des autres… Les politiques menées par les divers gouvernements européens actuels expliquent en grande partie la montée de groupes et partis d’extrême droite en Europe. La ligne de démarcation politique est cependant de plus en plus floue; beaucoup se lancent dans une surenchère xénophobe et stigmatisante pour faire porter par les populations migrantes la responsabilité du désastre social qu’ils ont provoqué ou détourner notre attention de leur « impuissance » politique: un désastre social, créé par les coupes budgétaires successives et

le démantèlement des protections sociales... La répression et l’exclusion n’arrêteront jamais les migrations, tant que des millions de personnes devront fuir la guerre, la misère et l’exploitation dans leurs pays d’origine. Les politiques de «dissuasion» ne résolvent rien : en laissant se multiplier les morts aux frontières ou en provoquant la déshumanisation des populations exilées parquées dans des «camps», ce sont nos sociétés qu’on laisse partir à la dérive, une dérive de plus en plus autoritaire et nauséabonde. Dans ce cadre, nous tenons, en tant que mouvement syndical réaffirmant sa solidarité avec les populations migrantes, à dénoncer le deux poids deux mesures de nos gouvernements européens : favoriser l’exil de millions de personnes par leurs rôles dans les guerres actuelles et dans les politiques qui renforcent partout dans le monde les inégalités, et, dans le même temps, organiser la répression et le refoulement de ceux qu’ils ont poussés dans cet exil. Notre action concrète doit se faire aussi sur le terrain syndical ici en Belgique en se solidarisant avec ceux et celles qui, plongés dans la clandestinité et la précarité, sont confrontés à une surexploitation, à l’isolement et à de nombreux abus dans le monde du travail. C’est aussi de notre intérêt à toutes et tous comme travailleurs d’empêcher qu’ils nous affaiblissent par leur politique de division et de stigmatisation !

Groupe Réagis de la FGTB http://www.psmigrants.org/site/ communique-de-presse-inter-organisations-01-03-2016-expulsion-de-lazone-sud-du-bidonville-de-calais/

https://passeursdhospitalites.wordpress.comspitalites.wordpress. com/2016/08/07/quand-letat-veutdetruire-les-commerces-du-bidonville/

Réagis, un groupe de réflexion et d’action militantes, regroupe des délégués et des militants syndicaux bruxellois ayant pour objectifs de contrer la montée du racisme et de l’extrême droite dans la société belge, de sensibiliser les travailleurs aux dangers de l’extrême-droite, de dénoncer les politiques et les pratiques de déshumanisation mises en œuvre dans les entreprises (ou dans la société en général) et de promouvoir les valeurs syndicales: l’égalité et la solidarité.

La politique migratoire européenne repose aujourd’hui sur deux grandes réglementations: les accords de Schengen, pour les ressortissants européens ; les conventions de Dublin, pour les demandeurs d’asile non-européens, qui sont obligés de déposer leur demande d’asile dans le premier pays qu’ils atteignent en arrivant au sein de l’Union. Notons encore les accords du Touquet : ces accords bilatéraux (entre la France et l’Angleterre) permettent au Royaume-Uni de déplacer sa frontière à Calais et de sous-traiter le contrôle de ses frontières à la France.

DERNIERE NOUVELLE. Un mur anti-migrants de quatre mètres bientôt construit à Calais ? Selon l’agence de presse Reuters, les travaux de construction d’un mur destiné à empêcher migrants et réfugiés de s’introduire à bord de poids-lourds à destination de la Grande-Bretagne, vont commencer ce mois-ci, ont déclaré des responsables.

> INTERVIEW – CAROLINE INTRAND

Les politiques migratoires en Belgique Caroline INTRAND Co-directrice de la Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers (CIRE) «Ce qui se passe aux frontières gréco-turque et italo-libyenne nous concerne tous. Ne vivons pas dans l’illusion. Ce n’est pas une crise. Il n’y aura pas de fin. C’est la réalité des flux migratoires. Il faut la prendre en compte et mettre en place une politique d’accueil décente et respectueuse, à l’échelle Européenne, pour ces êtres humains ».

Pourquoi un nombre important de réfugiés se fixe Calais comme destination ? Il s’agit d’un phénomène qui existe depuis plus de 15 ans. Beaucoup de personnes souhaitent rejoindre le Royaume-Uni pour des raisons familiales, parce qu’elles maîtrisent la langue ou encore pour accéder au marché du travail. Ces raisons s’enchevêtrent. La France n’offre pas ces opportunités-là. Ces personnes sont donc regroupées à Calais, faute de visa pour rejoindre la Grande-Bretagne… En Belgique, quelle est la situation des migrants ? Il est important de préciser que, parmi les migrants, une série de personnes ont obtenu une régularisation, soit par le travail, soit via un regroupement familial, soit encore pour raisons de santé ou parce qu’elles ont obtenu le statut

de réfugié. La plus grande partie des migrants sont des migrants européens. Ensuite, il y a une série de personnes qui ont introduit une demande d’asile. Ces personnes sont dans des centres d’accueil dans l’attente du « verdict ». Enfin, il y a ceux qui ont été déboutés, voire qui n’ont pas fait de demande d’asile, et qui sont sans-papiers. Ces derniers vivent dans la clandestinité et dans une grande précarité. Ils peinent à faire valoir leurs droits sur notre territoire. Une situation qui concerne 100.000 à 150.000 personnes, en Belgique.

etc. et, du jour au lendemain, peuvent être exclus de notre société. Le fait de ne pas avoir de droit de «cité » est une violence terrible. Ils sont stigmatisés comme étant des illégaux. En réalité, on nie qu’ils sont des personnes. On nie leur humanité. En conséquence, on pose des actes inhumains : détention prolongée, arrestation à domicile, mise en place de fausses convocations afin de les arrêter… Ces actes témoignent de la violence institutionnelle qui a été instaurée. Une violence que certains banalisent, aujourd’hui, sous prétexte qu’il ne s’agit « que » de sans-papiers…

Quelles sont les principales difficultés auxquelles les sans-papiers sont confrontés ? Pour les sans-papiers, le plus difficile est de « vivre ». Ils ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Certains travaillent, ont des enfants à l’école,

Quelle réponse la Région bruxelloise peut-elle apporter à ces problématiques ? C’est une compétence clairement fédérale : la problématique est liée à la politique de régularisation. A ce stade, le Gouvernement fédéral

ne semble pas enclin à changer de position. Cette politique est d’ailleurs semblable aux autres politiques d’exclusion mises en place par ce Gouvernement, qui nie les intérêts des individus les plus précaires : les sanspapiers, les chercheurs d’emploi, etc.. Votre espoir ? Pour nous, ce qui fait le plus sens, ce sont les rencontres citoyennes. Un mouvement citoyen très profond est né, suite à la crise migratoire. Il reflète la volonté de beaucoup de personnes de vivre ensemble, d’aspirer à ‘autre chose’. Il convient que la solidarité avec les demandeurs d’asile, les réfugiés et les sans-papiers, soit « active », à chaque instant. C’est par la prise en compte de leur sort, notamment dans toutes les luttes que nous menons, que nous arriverons à améliorer notre société dans sa globalité !


2

RÉGIONS

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

CENTRE

CHARLEROI

3UpSHQVLRQQpV GX 6(7&D &HQWUH H H[FXUVLRQ HQ FDU &H RFWREUH

MONS

K 'pSDUW HQ FDU OH OX[H /D /RXYLqUH JDUH GX FHQWUH K :DVVHLJHV 9LVLWH GH OD SOXV JUDQGH 6DIUDQLqUH GH %HOJLTXH GpJXVWDWLRQ 9RXV DVVLVWHUH] j OD FXHLOOHWWH GHV IOHXUV GLUHFWHPHQW DX FKDPS HW DX WUDLWHPHQW GH FHOOHV FL K 5HSDV .LU 7HUULQH GH SRLVVRQ HW DVSHUJHV 6XSUrPH GH SLQWDGH VDXFH ILQH &KDPSDJQH HW SOHXURWHV /H 3DUIDLW JODFp DX[ IUXLWV URXJHV XQH ERLVVRQ FDIp K 9LVLWH GH OD &LWDGHOOH GH 'LQDQW

Vous êtes travailleurs(euses) d’un des nombreux sous-traitants ou fournisseurs de Caterpillar (contrat CDI, CDD ou Intérimaire), vous êtes victime directe ou indirecte de cette intention de fermeture et vous n’avez pas de délégué dans votre entreprise. Veuillez nous contacter : • Par téléphone au 071 641 303 • Par mail sur caterpillarsoustraitant@fgtb.be

0RQWpH HW GHVFHQWH HQ WpOpSKpULTXH FRPSULV RX HQ FDU DX FKRL[

6XUSORPEDQW OD YDOOpH PRVDQH OD &LWDGHOOH YRXV SORQJH DX F±XU GH O·KLVWRLUH $ GpFRXYULU GHV REMHWV HW GHV SDQQHDX[ GLGDFWLTXHV UHWUDoDQW OH SDVVp JORULHX[ GH 'LQDQW PXVpH G·DUPHV FDFKRWV FXLVLQHV HWF« K 5HWRXU SUpYX /D /RXYLqUH 3UL[ ½ YR\DJH UHSDV HW GpJXVWDWLRQV

Pippo BORDENGA.

5HQVHLJQHPHQWV HW LQVFULSWLRQV REOLJDWRLUHV DX RX SRXU OH VHSWHPEUH DX SOXV WDUG OH SDLHPHQW VHUD HIIHFWXp HQ PrPH WHPSV VXU OH FRPSWH %( 3RXU WRXW SDLHPHQW HQ UHWDUG O·LQVFULSWLRQ QH VHUD SDV SULVH HQ FRQVLGpUDWLRQ 1RPEUH GH SODFHV OLPLWp j SHUVRQQHV

WALLONIE PICARDE "

"

! !

& "

!

"" !

& !

! " # + ! " ,*+-

! #%

!! !

#&

#!

#$ &

#


2

RÉGIONS

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

VERVIERS

LIÈGE - HUY - WAREMME


ACTUALITE

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

3

AlimenTERRE, un festival pour dénoncer les désordres alimentaires La 8ème édition du Festival de films AlimenTERRE se tiendra de mi-octobre à mi-novembre avec le lancement à Bruxelles du 13 au 16 octobre 2016 au Cinéma Galeries puis, dans toute la Wallonie durant les mois d’octobre et novembre 2016. Organisé par SOS Faim Belgique, l’événement est devenu le rendezvous incontournable d’informations et d’échanges de tous ceux qui s’intéressent aux enjeux alimentaires et agricoles dans le monde. Au programme: la diffusion de 7 documentaires issus des 4 coins du monde, ainsi que des débats et rencontres en présence de réalisateurs, spécialistes et représentants du monde rural après chaque projection. Le festival propose également une après-midi « Forum des Alternatives » à Bruxelles le 16/10, l’occasion de découvrir des alternatives locales et des pistes d’actions concrètes vers un système agroalimentaire plus juste et plus durable.

Les films : • BUGS

Vantés à la fois par les gastronomes pour leurs qualités gustatives et par les scientifiques pour leur faibles impacts écologiques, les insectes représenteraient, selon la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), le nouveau «superaliment » qui résoudrait les problèmes de sécurité alimentaire mondiale. Pendant trois années, une équipe de chefs cuisiniers et de chercheurs basés à Copenhague (Nordic Food Lab), a décidé d’explorer ce que les nombreuses cultures entomophagistes ont à nous apprendre. Le réalisateur, Andreas Johnsen, les a suivis dans leur road movie dégustatif et culinaire à travers le monde. 13-oct | Bruxelles | 19h & 20h | Cinéma Galeries 25-oct | Louvain-La-Neuve | 19h30 | Auditoire Agora 10 26-nov | Welkenraedt | 17h | Centre Culturel

• LA RUEE VERS LE CARBONE Des incinérateurs de déchets en Inde, du biogaz extrait de la

palme africaine au Honduras, des forêts d’eucalyptus réservées à la production du charbon au Brésil. Qu’ont en commun tous ses projets ? Ils reçoivent tous des crédits de carbone pour compenser la pollution générée ailleurs. Mais quels sont les effets concrets de ces projets de compensation? Contribuent-ils vraiment à réduire les émissions ? Et qu’en est-il des communautés où ces projets sont implantés ? LA RUÉE VERS LE CARBONE nous emmène autour du monde rencontrer les gens qui subissent les effets pernicieux de ces projets. Ce sont les voix qui sont étouffées dans la cacophonie entourant l’émergence de la lucrative industrie du carbone, le nouvel «or vert». 14-oct | Bruxelles | 19h | Cinéma Galeries 28-oct | Liège | 12h30 | CRIE

• 10 billion, what’s on your plate ? En 2050, nous serons 10 milliards d’êtres humains sur la planète. Petite plongée au cœur des systèmes alimentaires mondialisés, à la rencontre des alternatives qui voient le jour tout autour de la planète : viande artificielle, insectes, poissons OGM, fermes laboratoires, villes en transition et anti-gaspi sont à l’affiche de cette formidable épopée dans le monde de demain à la recherche d’une réponse aux enjeux explosifs de la sécurité alimentaire. 14-oct | Bruxelles | 21h | Cinéma Galeries 27-oct | Ottignies-LLN | 19h30 | Centre Culturel d’Ottignies

• LAND GRABBING Le monde de l’agriculture est en danger. Les terres arables sont devenues des investissements financiers à part entière. De plus en plus d’investisseurs recherchent des terres d’exploitation pour l’export, l’exploitation de biocarburants ou tout simplement pour le profit, engendrant une hausse importante des demandes fon-

cières. Ce documentaire, réalisé par Kurt Langbein, nous donne un aperçu sur le monde des investisseurs internationaux de l’agrobusiness, ainsi que sur le rôle des politiques européennes en la matière. L’accaparement des terres n’est pas un phénomène purement asiatique ou africain, cette pratique existe aussi en Roumanie, grenier de l’Europe. Land Grabbing propose un regard critique sur les pratiques des investisseurs, ainsi que leurs conséquences sur les populations locales. 15-oct | Bruxelles | 19h | Cinéma Galeries 26-oct | Liège | 20h | Cinéma Le Parc (Grignoux)

• POVERTY, INC. Le business du développement ne se s’est jamais mieux porté qu’aujourd’hui, faisant place à une réelle industrie qui brasse littéralement des milliards de dollars par an. Mais à qui profite vraiment cette lutte contre la pauvreté ? L’Occident, qui s’est imposée comme protagoniste principal en la matière, importe souvent un modèle paternaliste, dont les résultats à long terme sont parfois mitigés, voire complètement catastrophiques. Au travers d’un recueil de 200 interviews réalisées dans une vingtaine de pays, Poverty, Inc. lève le voile sur un aspect tabou de l’aide au développement qu’il devient difficile d’ignorer. 15-oct| Bruxelles | 21h |Cinéma Galeries 27-oct| Liège | 19h30 | Centre Culturel des Chiroux

• PLANT THIS MOVIE Dans cette époque où il est rare de savoir dans quelles conditions la nourriture que nous consommons quotidiennement est produite, ce documentaire part à la rencontre de celles et ceux qui ont décidé de remettre les mains dans la terre, en ville ! Il explore la diversité des communautés

d’agriculteurs urbains à travers des villes du monde entier telles que Shanghai, Calcutta, AddisAbeba, Londres, Lima, New York, Los Angeles ou Portland. Un point sur l’évolution de nos modes de productions alimentaires et un coup de projecteur sur des porteurs d’alternatives urbaines innovantes et inspirantes. 16-oct| Bruxelles | 18h | Cinéma Galeries 27-oct| Charleroi | 20h30 | Ciné Le Parc

EXTRAS

Le festival propose également des débats, spectacles, ateliers et expositions sur les différents sites, pour tous les âges. La programmation complète, des extraits des différents films, ainsi que des infos pratiques sur les lieux, horaires et éventuels tarifs d’accès sont accessible sur http://festivalalimenterre.be/.

• Quand le vent est au blé Ces dernières années sur les terres de Wallonie, on a vu réapparaître des espèces de céréales oubliées : les blés anciens. Au fil des saisons, d’un terroir à l’autre, les graines se multiplient, se répandent et se transforment. Les gens se rassemblent, le travail s’organise, un petit réseau prend forme. L’acte de produire la semence et le pain devient alors pour chacun un acte engagé, guidé avant tout par la recherche du goût et le respect de la terre. Du champ au moulin, de la cuisine à la boulangerie, le film raconte les parcours croisés d’un agriculteur, une agronome, un paysan-boulanger et deux meuniers, quatre acteurs du bon grain et du bon pain. 16-oct | Bruxelles | 20h30 | Cinéma Galeries 20-oct | Arlon | 19h30 | Maison de la Culture 21-oct | Comblain-au-Pont | 19h30 | Maison du peuple 27-oct | Namur | 20h | Caméo 27-oct | Charleroi | 13h30 |Ciné Le Parc 29-oct | Louvain-La-Neuve | 17h30 | Auditoire Croix du Sud 11

Info:

http://festivalalimenterre.be

Le festival est chaque année organisé aux alentours du 16 octobre, Journée Mondiale de l’Alimentation. L’occasion pour l’ONG belge SOS Faim de rappeler qu’aujourd’hui que près d’1 milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde, c’està-dire 1 personne sur 8, soit 75 fois la population belge ! Grand paradoxe de notre époque : 2/3 d’entre eux sont des paysans et leur famille vivant principalement dans les pays du Sud. Alors que les paysans pourraient nourrir le monde, ils sont les premiers à souffrir de la faim. S’il y a autant de victimes de la faim aujourd’hui, comment feronsnous pour nourrir 9 milliards de personnes en 2050 ? Le modèle agroalimentaire actuel dominant montre donc ses limites et c’est la raison pour laquelle SOS Faim mise sur un autre modèle basé sur une agriculture familiale et durable. Elle intervient ainsi depuis une cinquantaine d’années en soutien à des organisations paysannes en Afrique et en Amérique latine afin de relever le défi de la faim et de la pauvreté.


4

ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

LA FGTB FEDERALE ENGAGE: 1 collaborateur juridique pour le service d’études fédéral (h/f) : département social

La FGTB, aux côtés des travailleurs de Caterpillar La FGTB exprime toute sa solidarité avec les travailleurs, et leurs familles, qui doivent faire face à cette nouvelle tragédie et sera à leurs côtés dans leur combat.

aux exigences de la direction. En 2014, 1331 personnes ont été licenciées. Par ailleurs, les pouvoirs publics ont soutenu l’entreprise pendant de nombreuses années.

Pour la FGTB, cette fermeture est inacceptable et révoltante. Pour rappel, en 2013, les travailleurs ont, dans le cadre de la concertation sociale, tout mis en œuvre pour assurer la pérennité de Caterpillar. Ils ont accepté, entre autres choses, plus de flexibilité et des sacrifices salariaux pour répondre

Au regard des efforts consentis par les travailleurs, le transfert des volumes réalisés à Gosselies vers d’autres sites est incompréhensible. Hier, Ford Genk, Arcelor Mittal, Saint-Gobain, Heinz, Gate Gourmet, Axa, Ingram Micro...Désormais, Caterpillar.

Les décisions « stratégiques » économiques des multinationales laissent des milliers d’hommes et de femmes sur le carreau. Plus que jamais, la FGTB appelle à une autre politique belge et européenne. Une politique qui ne soit pas basée sur le dumping social et fiscal. Une politique qui ne dresse pas les travailleurs les uns contre les autres. Des alternatives existent. Elles nécessitent le courage politique de les mettre en œuvre.

> UNIVERSITÉ D'AUTOMNE D'ATTAC WALLONIE BRUXELLES

7-8-9 octobre 2016 Ré-enchanter la vie: La fin et les moyens Guerres, réfugiés, centrales nucléaires dont la fin de vie n’est pas du tout maitrisée, exploitations agricoles qui tuent les sols et la vie, des paradis fiscaux plus prospères que jamais, traités et accords qui détruisent progressivement toute protection sociale et environnementale, partis qui se prétendent de gauche et qui éjectent les chômeurs tout en réduisant les cotisations patronales... Triste constat. Pourtant déjà, un peu partout, des gens produisent autrement, vivent autrement et tentent d’affirmer un projet politique, en marge de la logique capitaliste. Comment relier et étendre ces ‘petits

villages gaulois’ ? Comment en faire une nouvelle société ? Durant ce week-end à l'Université de Liège, nous partirons de trois activités qui modèlent notre existence : la banque (nous y déposons notre argent), les transports en commun (avec la SNCB en particulier) et le secteur automobile (dont ses multinationales que nous soutenons quotidiennement par l'usage de nos voitures). A partir du contexte socio-historique où nous nous trouvons, nous évoquerons vers quoi nous voulons aller et comment : - Comment contrôler le pouvoir aujourd’hui exorbitant de la finance ? Quelle place pour les citoyennes et citoyens et les personnes qui les représentent ? Quelle place pour la justice ? - Quel est actuellement le mode de fonctionnement d’une multinationale et en quoi voulons-nous le modifier ? Comment penser et vivre nos activités de production et consommation ? - Comment défendre et transformer les services publics ? Quelle place pour les usagers ?

Tâches principales Vous assurez le suivi de tous les aspects juridiques des dossiers de la sécurité sociale. Vous donnez des conseils sur les procédures en justice entamées ou à entamer. Vous donnez des conseils juridiques sur différents thèmes (analyse de la jurisprudence, projets de loi, …). Vous assurez le suivi des dossiers accidents du travail et maladies professionnelles. Vous représentez la FGTB dans différents organes de concertation. Vous soutenez le service juridique de la FGTB.

Compétences requises Vous disposez d’un Master (licence) en droit . Vous avez le sens du contact et un esprit d’équipe. Vous êtes flexible par rapport à de nouveaux dossiers et êtes capable de les traiter à court terme. Vous avez des compétences rédactionnelles et pédagogiques. Vous disposez de bonnes aptitudes de communication et de négociation. Vous avez une bonne connaissance de la deuxième langue nationale. La connaissance de l’anglais est un plus.

Conditions supplémentaires Etre disposé à s’engager et à faire preuve de militantisme pour la FGTB Proactivité (capacité à travailler de façon autonome et en équipe) S’intéresser aux thèmes sociaux et économiques. Nous vous offrons Un contrat à durée indéterminée Bonnes conditions de travail et salaire avantageux Des avantages extralégaux Des possibilités de formation

Les candidatures et lettres de motivation sont à envoyer pour le 30 septembre 2016 à : engagements@fgtb.be

Une définition des métiers pénibles en bonne voie Les employeurs et les organisations syndicales se sont mis d’accord au sein du Comité national des Pensions pour que soit prise en considération prioritairement une approche collective de la pénibilité. Quatre catégories de critères ont été déterminées : les contraintes physiques liées aux charges physiques et à l’environnement de travail,

la pénibilité liée à l’organisation du travail, celle qui est due aux risques encourus par le travailleur et la charge mentale ou émotionnelle. On attend maintenant du ministre des Pensions qu’il débloque les moyens nécessaires pour finaliser ce dossier.

À travers ces exemples concrets, nous chercherons ensemble comment mettre en place une fiscalité juste, une démocratie réelle et continue et comment repenser la distribution de la richesse et la notion même de travail. Les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain. L'université d'automne d'Attac Wallonie Bruxelles s'ouvrira le vendredi soir au Théâtre National de Bruxelles avec le spectacle Money ! de Françoise Bloch, suivi d'un débat autour du spectacle. Programme complet en annexe.

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be

Personne de contact : Bxl : Elise Gilliot 0486615723 admin@attac.be Liège : Christine Pagnoulle 0495574939 info@liege.attac.be

Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11


ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

> JEUNES

5

Une formation « Detox », pour mieux comprendre l’info, et repérer l’intox A l’occasion de la sortie de leur nouveau «DETOX Antiréac ! », les Jeunes FGTB organisent cette année un cycle de formation « Discours d’extrême-droite, désinformation et complots: Comprendre et répondre à une mouvance d’aujourd’hui » à l’attention de tous les militants intéressés (travailleurs, étudiants, sans emploi…). Cette formation est prévue pour s’adapter aux niveaux de connaissances très variables des participants. Elle sera à la fois théorique, basée sur des analyses idéologiques et historiques, et pratique, pour l’utilisation quotidienne de ces savoirs. Le contenu s’intéresse autant aux discours de l’extrême droite, qu’aux acteurs et aux moyens de communications. L’objectif est de créer des réflexes individuels de critique des discours d’extrême-droite en vogue actuellement en Europe, mais aussi donner les outils pour y répondre collectivement, notamment par la rencontre d’acteurs des médias alternatifs. La formation est ouverte à tous et permettra des rencontres de différents milieux professionnels, sociaux et de différents âges. Elle s’organisera à deux endroits différents pour permettre à un maximum de personnes de pouvoir participer. Le tout se terminera par une évaluation en deux temps. Une évaluation écrite et individuelle suivie d’une évaluation orale et collective.

Jour 1 - « Détox ! Déconstruction des discours dominants » Objectifs : - Identifier les stéréotypes et les préjugés du groupe, comparer avec les discours ambiants - Donner une réponse critique à ses propres préjugés - Créer le débat - Proposer une autre réponse que la discrimination Contenu : Les stéréotypes et les préjugés influencent en permanence notre jugement et nos comportements politiques. Le racisme, le sexisme, l’homophobie… sont souvent des réponses rapides aux problèmes de société. L’analyse critique et scientifique de ces stéréotypes permet de les faire s’écrouler. Les petites phrases échangées au coin du café du commerce peuvent être décortiquées et battues en brèches, afin de lutter contre le développement d’un discours politique qui entretient des discriminations de manière systémique. L’idée de cette formation est de partir des choix individuels des participants, des identités qu’ils acceptent et qu’ils refusent. Progressivement, l’animateur amènera les participants à identifier leurs propres contradictions et les contradictions entre les stéréotypes, préjugés et les faits avérés.

Jour 2 - « L’extrême droite en Europe aujourd’hui »

Objectif : Connaître les acteurs de l’extrêmedroite européenne pour mieux la combattre. S’intéresser à ses discours édulcorés, ses nouveaux angles d’attaques, aux liens tissés entre les différents partis, sortir des clichés du « Skinhead », Contenu : Finis les croix gammées et les défilés en uniforme ? Oui et non. L’extrême-droite européenne n’est pas si simple à saisir et existe sous plusieurs formes (populiste, nazie, conspirationniste, intégriste). Cet exposé sera l’occasion de connaître l’ensemble des acteurs actuellement à l’oeuvre en Europe, leurs méthodes et leur histoire. Plan : - Les grands types d’organisations d’extrême-droite - Leur histoire brève - Leurs méthodes - Cas pratique : la Belgique - Comment leur répondre ? Discussion sur base de cas pratiques

«Complots et confusions, ces nouvelles idéologies au service du pouvoir » Objectif : Connaitre et identifier les diverses formes du « complotisme », cette théorie qui constituait notamment au début du 20ème siècle, l’un des terreaux principaux de l’antisémitisme. Connaître ses porteurs, connaître leurs liens avec l’extrême-droite et connaître ses vecteurs de transmission. Contenu : Étude des théories du complot classiques (sur les juifs, sur les francsmaçons…), sur leur modernisation, étude des nouvelles théories du complot (11 septembre, illuminati et autres extra-terrestres). Réflexion sur leur succès et leur impact politique (soutien à l’extrême-droite, défense de l’ordre établi par la paranoïa collective).

Jour 3 - « Les journalistes nous manipulent-ils ? » Objectifs : Déconstruire les préjugés sur les médias et comprendre les logiques journalistiques qui tendent à biaiser les informations diffusées. Contenu : Analyse des discours (quasi) «complotiste » sur les médias, distinguer le faux du vrai, analyse des liens entre monde politique, économique et médias pour comprendre leurs connexions. Débat sur comment utiliser les informations diffusées dans les médias.

«Analyse critique des médias à l’heure d’internet » Objectifs : Rendre autonome les participants vis à vis de la critique des contenus d’internet, face aux innombrables quantités d’informations que l’on y trouve. Apprendre à éviter les « hoax », c’est à dire les fausses infos qui y tournent. Rendre possible l’utilisation d’internet comme un vrai vecteur d’information alternative, critique, et accessible à tous. Contenu : Analyse de « hoax » (fausses informations diffusées de manière virale sur internet), du type de déformation et de l’information véritable, analyse et présentation des sources qui les produisent et de leurs intérêts politiques, analyse de leur impact sur les opinions publiques. Réflexion sur la lutte contre ceux-ci, individuellement (quelle attitude ?) et collectivement (présentation de site d’analyses)

Jour 4 - « Médias alternatifs ou comment se réapproprier l’information. » Objectifs : Donner aux participants l’envie de produire leur propre média, présenter les intérêts, les difficultés que l’on peut rencontrer, les principales étapes de développement d’un média alternatif. Contenu : Rencontre avec un média alternatif.

La brochure « DETOX Antiréac» est disponible ici : http://jeunes-fgtb.be/? page_id=3012

« Comment construire mon action quotidienne de lutte et de résistance ? » Objectifs : Développer à partir des enseignements de la formation un projet de média alternatif sur internet sur les discours d’extrême-droite Contenu : Discussions, travail en sous-groupe, recherches et début de projet

Jour 5 – La NVA est-elle un parti d’extrême droite ? / La propagation des idées d’extrême droite dans les partis « traditionnels / Evaluation Sujet général : au-delà de l’extrême droite « classique », un double phénomène se développe depuis une dizaine d’années : d’une part, l’apparition de nouveaux partis qui véhiculent les idées d’extrême droite, tout en refusant l’étiquette et, d’autre part, une récupération de ces mêmes idées par des partis qualifiés de traditionnels. Une telle configuration n’est pas faite pour faciliter la lecture politique. Le tout sera suivi de débats, d’évaluations et de conclusions collectives.

INFOS PRATIQUES Il s’agit d’une formation de 5 jours, en deux sessions :

A Bruxelles

• Jour 1 : 21/11 • Jour 2 : 24/11 • Jour 3 : 28/11 • Jour 4 : 01/12 • Jour 5 : 08/12 A Namur (Beez)

• Jour 1 : 24/10 • Jour 2 : 27/10 • Jour 3 : 14/11 • Jour 4 : 16/11 • Jour 5 : 22/11 Vous trouverez ci-joint le programme et toutes les modalités pratiques. Nous vous invitons à vous inscrire avant le 21 octobre, auprès de valerie.renard@jeunes-fgtb.be et de gerald.renier@jeunes-fgtb.be.


6

UNION BELGE DU TRANSPORT

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

Des investissements, pas d’économies !

Le gouvernement Michel (ou faut-il dire De Wever ?) continue sa marche à droite : des cadeaux pour les employeurs, payés par les travailleurs. Malgré les bulletins de victoire diffusés sur la création d’emplois, la vérité a ses droits : 2000 travailleurs perdent leur emploi chez Caterpillar et avec eux, plus de 500 travailleurs du secteur de la logistique et du transport. Yusen, Eutraco, mais aussi de nombreuses autres entreprises (plus petites) seront touchées. La liste des fermetures et des réorganisations s’allonge : Axa, CP Bourg , SAS Automotive ... et ce n’est pas encore fini. Depuis l’installation de ce gouvernement des droites, nous réclamons une autre politique. Des investissements au lieu d’économies. Une politique économique au lieu d’une politique asociale. Voilà ce que les réclament les travailleurs. Il faut cesser de présenter chaque fois la facture aux classes laborieuses.

Il faut aussi cesser d’annoncer de beaux projets, sans les mettre en œuvre. Au mois de février de cette année, le secrétaire d’Etat de l’époque, Bart Tommelein, avait lancé son fameux « Plan pour une concurrence loyale dans le secteur du transport ». Trente mesures pour combattre le dumping social avaient été annoncées avec beaucoup de bruit. Sept mois plus tard, aucune de ces mesures n’a encore été mise en œuvre ! Son successeur, le secrétaire d’Etat De Backer, continue à inonder la presse de nouveaux projets. Une politique d’annonce, beaucoup de belles paroles. Mais pas d’actes. Entretemps, les pratiques de dumping social se poursuivent, des chauffeurs belges continuent à perdre leur emploi. Nous demandons au gouvernement de l’oxygène pour le secteur du transport, lourdement touché. Nous réclamons des mesures de soutien pour mettre fin à la concurrence déloyale. Une des mesures pourrait être de donner au secteur une injection financière importante afin de sauver des emplois. Mais il y d’autres mesures, plus simples, comme l’ont fait l’Allemagne, la France et l’Italie : toutes les opérations de transport effectuées sur leur territoire doivent être rémunérées au salaire minimum. Aux employeurs belges, cela ne pose aucun problème, ils paient déjà le salaire minimum. En revanche, cette mesure fera mal à ceux qui organisent le dumping social, et c’est effectivement le but de cette mesure. C’est le moyen idéal pour mettre fin à la concurrence déloyale et aider les chauffeurs et les entreprises belges. Voilà une mesure qui ne coûte rien aux employeurs belges et dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Qu’attend le gouvernement belge pour agir ? Frank Moreels Président de l’UBT

Yusen, Eutraco et beaucoup d’autres... victimes de la fermeture de Caterpillar Le 2 septembre, le ciel est tombé sur la tête des travailleurs occupés pour le compte de la société Caterpillar, à l’annonce de la fermeture du site de Gosselies dans la région de Charleroi, pour le printemps 2017. C’est un secret de polichinelle, il est de notoriété publique que depuis des années cette usine va mal, et ce malgré les efforts fournis par le personnel occupé. Imaginez la stupéfaction et la déception d’apprendre de cette façon que dans quelques mois, vous vous retrouverez sans emploi! Où est le respect ? Comme si ce drame social ne suffisait pas aux 2.200 travailleurs sous contrat, il inclut également la sous-traitance au service de cette multinationale. Des chiffres ont été avancés jusqu’à ce jour, mais nous sommes loin du compte. Un travailleur CATERPILLAR = au minimum trois travailleurs de la sous-traitance. Nous recensons, malheureusement, tous les jours de nouvelles entreprises, victimes de cette annonce. Mais nous savons déjà que Yusen (logistique) et Eutraco (logistique et transport routier) seront affectés. Sabrina Lossignol, propagandiste UBT : « Confrontés aux désarrois de

nos travailleurs, nous mettons tout en œuvre à trouver des solutions à ce drame social. Des groupes de travail sont mis en place afin d’échanger les quelques « confidences » en notre possession. Chose est sure l’UBT est décidée à défendre les droits des travailleurs des sous-traitants que nous représentons.» Sabrina est choquée par le comportement de la direction de Caterpillar: « Une solidarité a été installée

très vite entre les travailleurs de

la logistique. Des assemblées du personnel, des rencontres avec la direction ... malheureusement, pour l’instant, nous ne pouvons apporter beaucoup de réponses concrètes. Les informations ne circulent pas, les grands dirigeants de ce groupe industriel américain ne daignent pas communiquer. Nous avons beaucoup de peine à obtenir des renseignements concrets. Il nous est même impossible de connaître les termes des contrats conclus entre Caterpillar et les sociétés de la logistique, en l’absence d’écrit ou de signature. Aucune rupture n’a été prononcée à l’heure que nous parlons (ndlr: mercredi, 5 septembre), jusqu’à ce jour auprès desdites sociétés de la commission paritaire du transport! » Et comme un malheur ne vient jamais seul, ces travailleurs de la sous-traitance, confrontés au chômage économique depuis des mois même des années, vont se voir dans le futur obtenir à la de-

mande de leur employeur, auprès de l’ONEm du chômage pour force majeure. Ce qui résulte à dire qu’ils toucheront 70% de leur salaire . bien en-dessous du salaire minimum garanti! La centrale du transport de la FGTB, l’UBT s’investit à 100% dans ce combat. Nos priorités : - L’intérêt des travailleurs du transport et de la logistique dans une stratégie à long terme. - Obliger les employeurs à faire face à leurs responsabilités. - Faire respecter les droits des travailleurs du transport et de logistique. La liste est longue et non exhaustive…. Pour plus d’informations, contactez notre propagandiste UBT Sabrina Lossignol 0473/97 39 67 - sabrina.lossignol@ubt-fgtb.be

Action de l’UBT contre l’auto-assistance dans les ports CAMPAGNE EUROPEENNE ARRIMAGE* 5-9 septembre 2016 Dans beaucoup de ports européens, le chargement et le déchargement des navires est effectué par des travailleurs portuaires reconnus. L’arrimage des chargements à bord des navires devrait, lui aussi, être assuré par ces mêmes travailleurs. Ce travail nécessite en effet une formation spéciale et des compétences spécifiques. Un navire en pleine mer ne peut pas être comparé à un entrepôt sur la terre ferme. Pourtant, ce travail dangereux n’est pas toujours effectué par des travailleurs portuaires reconnus. Dans certains ports, les armateurs ont recours aux équipages pour faire ce travail. Ce sont plus particulièrement les armateurs avec de petits navires de mer, appelés « navires collecteurs », qui se sont spécialisés dans la collecte de conteneurs pour approvisionner les grandes lignes de conteneur. Depuis mai 2015, les syndicats européens des dockers mènent une campagne pour mettre fin à l’auto-assistance effectuée par les équipages des navires de mer. Cette campagne de solidarité se décline sous forme d’actions dans tous les ports européens. Les équipages des navires collecteurs prennent d’énormes risques de sécurité, souvent pour un salaire de misère. Mais ces pratiques mettent aussi en danger l’emploi des travailleurs portuaires. Les conventions collectives de travail des gens de mer contiennent pourtant une clause qui stipule que le travail d’arrimage doit être effectué par des travailleurs portuaires expérimentés. En menant cette campagne, les syndicats européens des dockers entendent augmenter la pression et mettre fin à l’auto-assistance qu’ils combattent depuis des années (rappelez-vous les Paquets portuaires I et II). Ils sont fermement décidés à obtenir gain de cause. C’est pourquoi, l’UBT organise pendant toute la semaine des actions sur les navires collecteurs. Les inspecteurs de l’ITF, les délégués syndicaux de l’UBT, les travailleurs portuaires et les gens de mer réclament d’une seule voix la fin de l’auto-assistance à bord !

*Arrimage : action consistant à fixer solidement le chargement d’un navire.


SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

PLAN PEETERS

7

Travailler plus, plus longtemps, pour moins Parallèlement au report de l’âge de la retraite à 67 ans et à la restriction des systèmes de départ anticipés du marché du travail (prépensions, retraite anticipée, emploi de fin de carrière) l’idée s’est imposée qu’il faut que le travail soit « faisable » jusqu’à la fin de la carrière. Malheureusement, l’idée a été détournée de son objectif pour déboucher sur son contraire. Au point que dans un sursaut d’honnêteté intellectuelle, le ministre de l’Emploi a rebaptisé une partie de son plan « travail faisable» en « travail maniable », pour signifier qu’il est destiné à faciliter la vie des employeurs plutôt que celle des travailleurs : plus de flexibilité, plus de stress, plus d’heures supplémentaires avec moins de sursalaire. Travailler plus et plus longtemps pour gagner moins ! Car au menu du gouvernement figure aussi la révision de la loi sur la formation des salaires qui vise à modérer, voire bloquer encore, les salaires. Le « plan Peeters » un peu brumeux est maintenant un « avant-projet de loi » détaillé. Temps de travail, heures supplémentaires, temps partiel, intérim, crédit-temps, horaires flottants, formation, etc. : une panoplie de dispositions met en place une flexibilité à outrance qui risque de bouleverser votre vie professionnelle et donc aussi votre vie privée. Elle revient sur des acquis sociaux aussi basiques que les 38 heures/semaine et enlève aux travailleurs la possibilité de négocier collectivement la flexibilité. Avec un tel projet, les employeurs sont comblés et se retrouvent une fois de plus dans un fauteuil, ce qui leur permet de se passer de négocier des compromis. Et pourtant ils se plaignent, estimant que ça ne va pas assez loin. Dossier pages 7, 8 & 9 Pour la défense des 38 heures, contre la flexibilité à outrance du Plan Peeters, pour un travail « réellement faisable » le front commun syndical appelle à une manifestation nationale le 29 septembre prochain à Bruxelles.

Les femmes en ligne de mire depuis 2 ans!

Le gouvernement Michel creuse les inégalités hommes/femmes: fin de la semaine de 38 heures, interruption de carrière de plus en plus impossible, chasse aux chômeurs, pension à 67 ans, démantèlement des services publics, soins de santé inaccessibles et coûteux… La FGTB exige la fin de cette politique de démantèlement défavorable aux femmes. Ce que nous voulons :

une autre politique, plus juste et équilibrée, qui tienne compte de la situation des femmes sur le marché du travail; plus de pouvoir d’achat, plus d’emplois de qualité pour tous et une meilleure conciliation entre vie privée et travail; une redistribution du travail via une réduction collective du temps de travail avec maintien de salaire et embauches compensatoires; une fiscalité juste, un renforcement des services publics et de la sécurité sociale, une pension convenable pour tous.

> RÉVISION DE LA LOI SUR LES SALAIRES

Modération salariale ad vitam aeternam

Outre son plan « travail faisable – travail maniable », le ministre de l’Emploi, Kris Peeters a aussi à son actif un projet de réforme de la loi de 1996 sur la formation des salaires. Cette loi qui porte le nom de loi de sauvegarde de la compétitivité, fixe le cadre pour la négociation des salaires qui débouche en principe tous les deux ans sur un «Accord interprofessionnel» entre patrons et syndicats réunis en Groupe des Dix. Cet accord définit la norme salariale, c’est-à-dire la marge estimée possible d’augmentation des salaires qui sera négociée en cascade dans les secteurs et les entreprises.

Qu’est-ce que la loi de 96 ?

La loi de 96 a été instaurée sous le gouvernement Dehaene II pour empêcher que les salaires belges n’évoluent plus vite que ceux des trois grands pays voisins et partenaires/ concurrents commerciaux que sont la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. Pour ce faire, le Conseil central de l’économie (CCE) examine une série de critères et estime quelle sera l’évolution des salaires chez nos voisins pour les deux ans à venir. En fonction de cela, elle estime quelle est la marge de négociation des salaires belges telle qu’elle ne dépasse pas l’évolution des salaires des trois voisins.

En général, l’accord s’arrête là. Pour les employeurs la norme est impérative. Pas question de demander plus même si certains secteurs sont prospères. Pour les syndicats, la norme est indicative : on peut accepter moins si un secteur va mal par exemple pour sauvegarder l’emploi ou contre d’autres avantages (pension complémentaire, assurance santé…), mais on peut la dépasser si le secteur est prospère.

Il se fait cependant que les prévisions du Conseil central de l’économie s’avèrent inexactes. Soit que les salaires chez les voisins n’évoluent pas comme prévu. Soit que la dynamique interne des salaires (dépassements de la norme, hausses individuelles de salaires, évolutions barémiques) faussent la donne et la norme impérative ou pas n’y change rien.

La loi prévoit la possibilité de correctifs a postériori mais c’est difficile de revenir en arrière d’autant qu’un certain article 14 prévoit que si on touche aux salaires, les autres revenus sont supposés devoir aussi contribuer. Ça n’est jamais arrivé… Faute d’accord entre interlocuteurs sociaux, les gouvernements successifs se sont emparé du problème en imposant une modération salariale Se pose à chaque fois le problème (norme limitée et impérative) ou en du comment estimer les coûts sala- bloquant carrément les salaires. riaux et de ce que l’on retient comme coûts pour estimer la compétitivité Pourquoi revoir la loi de 96 ? des entreprises. Parce que les employeurs le veulent Les employeurs ne voient que les sa- et parce que (hasard ?) c’est dans le laires mais rechignent à tenir compte programme du gouvernement. des subsides qu’ils reçoivent et qui La loi garantit l’indexation des salaires réduisent leurs coûts réels. et les augmentations barémiques. Le Ils refusent aussi de faire entrer en calcul de la marge salariale concerne ligne de compte les coûts de l’éner- l’évolution des salaires en plus de gie (plus chers chez nous parce que ces deux systèmes. Les employeurs des entreprises en profitent) ou les aimeraient faire l’économie de ces efforts de formation et de recherche & deux mécanismes ou du moins de développement parce que ces critères leur automaticité ou même que la mettraient en lumière les lacunes marge inclue l’inflation. de notre tissu industriel, donc des Parce qu’ils veulent qu’en cas de « entreprises en la matière, et le fait dérapage salarial » on rectifie – cette qu’elles préfèrent brider les salaires fois automatiquement – le tir en bloquant les salaires sans que le polique d’investir dans l’innovation… tique qui n’est pas toujours à leur Quoi qu’il en soit le CCE - où siègent solde n’intervienne d’autorité… ou les interlocuteurs sociaux - finit par pas du tout. déterminer une marge d’évolution sa- Parce qu’ils estiment que le système lariale. Cette marge fait l’objet d’une actuel ne permet pas de réduire l’écart nouvelle négociation entre patrons et salarial historique qu’ils font remonsyndicats qui débouche – ou pas – sur ter à loin avant 1996 et qu’ils estiment une norme salariale, c’est-à-dire un à 10% alors qu’avec la loi actuelle – accord sur un pourcentage d’augmen- et le saut d’index et le blocage des tation possible des salaires pour les salaires-, il s’avère que l’écart est devenu négatif... deux ans à venir.

Le projet Peeters

Le ministre Peeters a transmis au Groupe des Dix (patrons-syndicats) un avant-projet de modification de la loi. Il va largement dans le sens des employeurs : • la marge au-delà de l’index serait corrigée en tenant compte des dérapages qui pourraient se produire dans l’avenir, annulant ainsi presque toute possibilité de négociation pour les interlocuteurs sociaux. • Un écart salarial positif (c-à-d que la Belgique est meilleur marché que ses voisins) ne permettrait pas d’obtenir une marge plus élevée. • La marge serait impérative, ce qui signifie donc que tous les négociateurs sectoriels auront les pieds et poings liés et qu’ils ne disposeront plus de la moindre autonomie de négociation. • les réductions de cotisations patronales (et de nombreuses réductions sont prévues dans les années à venir) ne seraient plus prises en compte pleinement pour le calcul de l’écart salarial avec les pays voisins. Cela donnerait une image complètement faussée de la situation belge par rapport à celle des pays voisins. La Fédération des entreprises de Belgique estime pourtant que le texte ne va pas assez loin. Mode de calcul de la norme trop optimiste, pas de mesure pour résorber l’écart historique, sanctions pour les employeurs en cas de non-respect de la norme que la FEB veut pourtant impérative. La FGTB ne peut pas non plus l’accepter mais pour les raisons inverses: • la proposition de loi telle que mise sur la table par le ministre Peeters implique une modération salariale de plusieurs années; • cette proposition est diamétralement opposée à la de liberté de négociation garantie au niveau international par l’OIT et par différentes sources juridiques de l’UE; • elle met tous les efforts unilatéralement sur le dos des travailleurs; • aucune contrainte n’est imposée aux employeurs, ni en termes de création d’emplois, ni en termes d’investissements dans la formation, ni en termes d’efforts en matière d’innovation. Jamais, dit la FGTB, nous n’avons assisté à une telle approche unilatérale de la compétitivité. La FGTB exige par conséquent un changement fondamental de ce projet de loi.


8

DOSSIER

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

PLAN PEETERS

Travailler plus, plus longtemps, pour moi Le « plan Peeters » un peu brumeux est maintenant un « avant-projet de loi » détaillé. Temps de travail, heures supplémentaires, temps partiel, intérim, crédit-temps, horaires flottants, formation, etc. : une panoplie de dispositions met en place une flexibilité à outrance qui risque de bouleverser votre vie professionnelle et donc aussi votre vie privée. Elle revient sur des acquis sociaux aussi basiques que les 38 heures/semaine et enlève aux travailleurs la possibilité de négocier collectivement la flexibilité.

La fin des 38 heures ? « Non, non, non ! » : le ministre Peeters jure ses grands dieux que le temps de travail moyen reste de 38 heures semaines. Tout ce qui change c’est qu’on le calcul sur base annuelle au lieu d’une base trimestrielle. Et il ajoute qu’il y a déjà un bon million et demi de travailleurs qui sont déjà à ce régime. Ce n’est pas faux… mais avec l’annualisation du temps de travail et le relèvement à 143 heures des limites actuelles des heures supplémentaires, ça change tout. La possibilité ouverte, d’imposer 100 heures supplémentaires (en plus des 143 heures) en dehors de la moyenne vide de facto de sa substance la limite des 38 heures. Actuellement • La durée d’une semaine de travail normale est aujourd’hui de 38 heures avec un maximum de 8 heures/jour. Elle est calculée sur une période de trois mois. • La semaine de travail peut être de 40 heures à condition que les 38h/ semaine soient respectées sur le trimestre (sous forme de jours de récupérations dans la période de référence, donc avant la fin du trimestre). • La «petite flexibilité » permet de réduire ou d’augmenter temporairement le temps de travail de 2 heures/jour ou de 5 heures par semaine sans dépasser les 9h/jour ou les 45h/semaine (toujours dans la limite des 38h/ semaine sur base trimestrielle). • Il existe de nombreuses exceptions : une série d’entreprises connaissent des régimes plus flexibles que la semaine classique de 38 heures, mais ces régimes de travail font l’objet de Conventions Collectives de Travail (CCT) ou de règlements de travail approuvés par les syndicats avec des contreparties. Les travailleurs ont donc leur mot à dire et les mesures en matière de repos compensatoires ou de primes sont réglementées.

Ce qui change avec la loi Peeters

L’annualisation La durée maximale journalière de travail passe de 8 à 9 heures. Le temps de travail « maximal » passe d’office de 40 à 45 heures/semaine pour tous pour autant que la durée moyenne de travail soit de 38 heures mais la moyenne sera calculée sur un an (sauf pour le travail de nuit qui reste calculé par trimestre). Conséquence: si actuellement vous faites 40h/semaine, on doit vous accorder des jours de récupération dans le trimestre, c’est-à-dire au maximum après 11 semaines. Avec la loi Peeters, l’employeur pourra vous obliger à travailler 45 heures/ semaine pendant par exemple 30 semaines avant de vous accorder des jours de récupération ou un horaire allégé sur les semaines de l’année qui restent pour rester dans la moyenne des 38 heures/semaine. Mais c’est sans compter les heures supplémentaires… Une marge de négociation est laissée aux secteurs jusqu’à la fin de l’année mais aux termes de la loi, les conventions conclues après ne pourraient pas modifier la loi. Les syndicats ne pourront plus négocier des aménagements ou des contreparties à la flexibilité.

Pino, ouvrier dans l’industrie chimique L’annualisation du temps de travail va mettre une pression supplémentaire sur les travailleurs, notamment les travailleurs âgés, qui n’auront plus la force de suivre des cadences équivalentes à 45 heures/ semaine. Si l’on combine à cela, la retraite à 67 ans et la réduction des possibilités de partir en prépension, les travailleurs âgés vont devenir la bête noire des employeurs.

Des heures sup’ à gogo Actuellement Le nombre d’heures supplémentaire possibles est limité par périodes de 3 mois ou un an selon les secteurs. Ces limites sont de : • 78 heures par trimestre • 91 heures si la période de référence est d’un an • 130 heures via une CCT d’entreprise ou une modification du règlement de travail. • 143 heures via une CCT sectorielle.

Avec des régimes particuliers : • Dans la construction : 180 heures, • Dans l’horeca: 300 à 360 heures. Ces limites dites «limites internes » impliquent que lorsque le quota d’heures supplémentaires par période de référence est atteint, le travailleur doit récupérer ses heures sup’ en jours de repos. Ces limites internes constituent donc une garantie pour le travailleur de se voir accorder des repos réguliers pour éviter des surcharges de travail. Qu’est-ce qu’une « heure supplémentaire » ? Il y a le temps de travail «normal» et il y a les «heures supplémentaires». Sachant que la semaine de 38 heures peut être exécutée en jours de 9 heures ou en semaines de 40 heures moyennant récupération, l’heure ne devient supplémentaire qu’après la 9e heure/jour ou la 40e heure de travail par semaine (sauf si une convention a fixé le temps de travail à 38 heures ou moins). Quid du sursalaire ? Actuellement • Un dépassement de la durée «normale de travail » donne droit à un sursalaire mais le sursalaire n’est dû qu’au-delà de 9e heure/jour ou de la 40e heure/semaine, sauf si la durée hebdomadaire de travail plus basse a été fixée par convention collective, auquel cas toute heure «en plus» est considérée comme supplémentaire. La loi Peeters

• Cette règle ne serait pas modifiée, même si on passe à 45 heures : le sursalaire serait dû dès la 10e heure/jour ou la 41e heure/semaine.

Ce qui change avec la loi Peeters

1°) Les limites internes de 78, 91, 130 heures disparaissent et sont remplacées par la limite générale unique de 143 heures pour tous dans une période de référence standard d’un an. Les dérogations vers le haut restent d’application. Conséquences: • Avec le relèvement de la limite interne du nombre maximum d’heures sup’ possibles à 143h les récup’ ne seront obligatoires que lorsque le quota sera dépassé, c’est-à-dire après des mois, voire si ça se présente, à la fin de l’année. 2°) Aux 143 heures supplémentaires de base peuvent s’ajouter 100 heures sur base « volontaire ». Travailleur et employeur peuvent conclure un accord individuel sur ce crédit de 100 heures. Une convention sectorielle peut étendre ces 100 heures jusqu’à 360 heures. Mais… • ces heures ne comptent pas dans la moyenne annuelle pour le calcul des 38 heures ! • ces heures entrent ligne de compte pour la limite interne de 143 heures à partir desquelles le repos est obligatoire mais aucun repos compensatoire n’est prévu pour ces 100 heures. Elles seront juste payées Conséquences : • Il sera difficile à un travailleur de refuser ces heures sup’ si le patron les lui demande face à face. • S’il accepte ou se les voit imposer, le temps de travail moyen passe ainsi à 40 heures (100 heures/46 semaines de travail = +- 2h/j.). Voire 48 heures dans le cas d’une CCT sectorielle fixant le crédit à 360 heures. •Vu que ces 100 heures «volontaires » ne peuvent être récupérées, on n’est pas vraiment dans le cadre du «travail faisable»… ou «maniable » mais plutôt dans le registre du «corvéable à merci ». • Le sursalaire n’étant dû qu’après la 9e heure/jour ou la 40e heure/semaine, aucun sursalaire ne sera dû pour les 100 heures supplémentaires si elles sont prestées dans ces limites. 3°) La journée de travail pourra être portée à 11 heures par jour ou 50 heures semaines dans certains secteurs (pour autant que pendant une durée de 4 mois le temps de travail moyen ne dépasse pas 48 heures par semaine ) moyennant une convention sectorielle.. Conséquence : • Le sursalaire ne sera dû que pour les heures supplémentaires, c’est-à-dire celles prestées après la 11e heure/jour ou la 50e heure/semaine.

Les temps parti plus flexibles

Les temps partiels plus flexibles Un volet du plan Peeters porte sur « la du temps partiel. A côté du travail à temps partiel avec h à raison de 3 h/jour pendant 5 jours) variable (15h/semaine mais 3 x 3 h e horaire variable. Dans ce dernier cas le à l’autre et le temps de travail aussi d’

Actuellement Une entreprise qui travaille avec des t variable doit reprendre dans le règlem de travail à temps partiel d’applicat journée de travail, la période et la d régulier du travail.

Ce qui ne change pas Le texte déposé fait marche arrière travailleurs : ils devront être préalab au moins cinq jours à l’avance (sauf seul jour. Il a aussi renoncé à la suppression du pour les travailleurs à temps partiel de toucher un sursalaire pour les he plafond.

Ce qui change avec la loi Peeters Le règlement de travail ne comportera mentionnera des plages horaires : • La plage journalière dans laquelle d tations peuvent être prévues. • Les jours de la semaine pendant lesqu prestations peuvent être prévues. • La durée du travail journalière mini maximale et la durée du travail hebdom minimale et maximale.

Conséquence : Le système sera plus simple pour ployeurs, mais ce sera plus simple aus eux de chipoter avec l’enregistrem temps de travail et rendra plus diffici pection mais aussi par les travailleurs

Jacques, ouvrier dans l’industrie d « L’augmentation du nombre d’heu

engagements dans l’entreprise. Ave de travailler un tel nombre d’heure ressentir et nous craignons même de les entreprises »


DOSSIER

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

9

ins

Rejoignez-nous à la manifestation du 29 septembre à Bruxelles !

iels simplification » (pour les employeurs)

horaire fixe (par exemple 15h/semaine ), il y a le temps partiel fixe à horaire et 1 x 6h), le temps partiel variable à es horaires peuvent changer d’un jour ’une semaine à l’autre.

temps partiels avec horaire de travail ment de travail, pour chaque régime tion, l’heure de début et de fin de la durée des pauses et les jours d’arrêt

pour ce qui est de l’information des blement informés de leurs horaires f dérogation sectorielle) au lieu d’un

u plafond d’heures complémentaires l qui aurait empêché ces travailleurs eures complémentaires dépassant ce

a plus le détail des horaires précis mais

des pres-

uels des

imale et madaire

les emssi pour ment du ile son contrôle par les services d’inss.

du verre

ures supplémentaires va réduire les ec des travailleurs qui seront forcés es supplémentaires, l’emploi va s’en es réductions d’emploi à terme dans

Le compte-épargne carrière

Le travailleur qui n’aura pas voulu ou pas pu prendre ses jours de congé conventionnels pourra - sans obligation - les verser sur un compte épargne et les prendre plus tard. On pourrait ainsi « épargner »: • le solde des 100 heures supplémentaires « volontaires » non récupérables des jours de congé conventionnels accordés dans une CCT sectorielle ou d’entreprise • le solde positif d’heures prestées en plus à la fin de la période de référence dans le cadre des horaires flottants. Il est clair que le but final est d’étendre le système de manière à réduire le recours aux systèmes d’aménagement du temps de travail et à faire payer par les travailleurs eux-mêmes leurs interruptions de carrière.

Don de congés Aux vertus de l’épargne, vous pourrez ajouter celles de la charité. Les projets Peeters prévoient la possibilité de faire don de ses congés à un collègue qui aurait à sa charge un enfant de moins de 21 ans touché par une maladie ou un handicap ou qui est victime d’un accident grave rendant indispensables une présence soutenue et des soins contraignants. • Le travailleur dans le besoin fait une demande, en indiquant le nombre de jours nécessaires. L’employeur informe ses travailleurs. • Le don se fait de manière volontaire, anonyme et sans aucune contrepartie. Un travailleur peut même faire savoir à l’employeur qu’il renonce au paiement de ces jours de congé. • Le travailleur qui bénéficie des jours qui ont été donnés, garde son salaire et son contrat de travail est suspendu.

Le travail de nuit 2 h + tard Par travail de nuit, on entend le travail effectué entre 20 heures et 6 heures. Le travail de nuit… nuit à la santé. C’est pourquoi il est strictement réglementé : il est interdit aux travailleurs de moins de 18 ans et aux femmes les 4 semaines maximum suivant le repos d’accouchement. Ce qui change avec la loi Peeters Sur base d’un accord sectoriel, le travail de nuit pourra n’être considéré « de nuit » qu’à partir de 22 heures au lieu de 20 heures. Conséquences : • Le travail de nuit donne droit à une prime fixée dans une Convention Collective de Travail. En reculant la limite de 2 heures l’employeur fait l’économie de la prime pour travail de nuit pour ces deux heures. • Pire : la protection spéciale dont bénéficient les jeunes et les travailleuses enceintes pour préserver leur santé recule de 2 heures pour ne commencer qu’à 22 heures !

L’intérim sous contrat CDI ?

Qui dit « intérim » dit provisoire. Qui « CDI » dit contrat à durée indéterminée. Kris Peeters est parvenu à rassembler une chose et son contraire en créant le contrat d’intérim à durée indéterminée… Ce qui change avec la loi Peeters Les intérimaires pourront conclure un contrat à durée indéterminée avec une agence intérimaire pour l’exécution de missions successives.

Le «plus minus conto» pour tous?

Sur ce sujet, il y a à boire et à manger :

Le plus minus conto a été créé en 2007 sur mesure pour l’industrie automobile à un moment où elle allait très mal et exigeait un maximum de flexibilité sans que cela ne coûte trop cher du point de vue salarial. Ce système de flexibilité permet à l’employeur d’exploser toutes les limites légales en matière de temps de travail :

Côté face : - l’intérimaire bénéficie d’un contrat à durée indéterminée, - les périodes d’interruption comptent pour le calcul des vacances annuelles et pour l’ancienneté dans l’entreprise, - entre deux missions l’intérimaire ne se retrouverait pas au chômage – même économique - mais resterait sous contrat avec un salaire garanti à déterminer, - l’intérimaire pourrait donner son préavis sans délai s’il est embauché par une entreprise.

• dépassement des limites : 10h/jour et 48h/semaine ; • suppression du sursalaire ; • allongement de la période de référence à maximum 6 ans ; • limite interne : 240 heures avant récupération. Cela n’a pas empêché Ford et Opel de fermer boutique…

La loi Peeters permet d’étendre le champ d’application de ce système à tous les secteurs. Cela reviendrait à annuler toutes les limites indiquées ci-dessus. Mais la mesure est assez théorique étant donné que la mise en œuvre de ce système suppose l’accord unanime du Conseil national du Travail et la signature d’une convention sectorielle (donc l’accord des syndicats) mais aussi le respect des conditions qui ont prévalu lors de sa création, c’est-à-dire comparables à la situation de crise du secteur automobile en 2007 : concurrence mondiale, variations importantes de la demande, etc. Mais c’est une porte ouverte…

Côté pile : - une entreprise engagera-t-elle encore des travailleurs avec un contrat à durée indéterminée si elle peut faire appel à des intérims à durée indéterminée ? - un intérimaire pourra-t-il refuser une mission si il est tenu par un CDI ? - un intérimaire CDI pourra-t-il quitter l’intérim sans être sanctionné par l’ONEM s’il n’a pas trouvé un autre travail ? - l’intérimaire ne risque-t-il pas alors de rester intérimaire toute sa vie, c’est-à-dire avec un salaire peut-être garanti mais sans stabilité, sans avancement, sans lieu de travail fixe, sans relations de travail stables, etc. ?


10

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

> FONDS DÉMOGRAPHIE DANS LA CHIMIE

Une étape concrète vers le travail soutenable Le travail soutenable est une priorité pour la Centrale Générale-FGTB. Notre centrale a récemment concrétisé un accord en ce sens dans le secteur de la chimie en contribuant activement à la création d’un Fonds démographie. Chaque année, quelque 18 millions d’euros viendront l’alimenter. Dans chaque entreprise de la chimie, travailleurs et employeurs peuvent recourir à ce Fonds pour mettre en place des projets concrets pour rendre le travail soutenable. Nous vous accompagnons dans cette démarche via notre site www.accg.be. Le gouvernement veut nous faire travailler jusque 67 ans. D’autre part, il a décidé de réduire la possibilité pour les travailleurs de recourir au système de RCC (exprépensions). C’est aussi le cas pour ceux qui exercent un travail pénible ou en équipe. Et n’oublions pas de mentionner l’hyperflexibilité à laquelle veut nous soumettre le Plan Peeters. La FGTB s’oppose fermement à ces mesures : le travail doit être soutenable. Les travailleurs du secteur de la chimie peuvent heureusement

compter sur la nouvelle CCT sectorielle qui prévoit un plan concret concernant le travail soutenable. Via le « Fonds démographie », les entreprises du secteur vont pouvoir mettre en place des projets concrets qui ciblent quatre objectifs: travail, santé, amélioration des compétences, optimisation de la carrière.

Elaborer un plan

L’heure est venue pour les travailleurs de chaque entreprise de se mettre à table avec leur employeur afin d’élaborer un plan vers le tra-

vail soutenable. La FGTB plaide pour que le travail soit au centre des préoccupations comme par exemple la possibilité pour les travailleurs de négocier une réduction du temps de travail avec maintien de salaire ou le paiement d’un supplément en compensation de la perte salariale engendrée lors d’un crédit-temps ou d’un emploi de fin de carrière. L’introduction de jours de congés supplémentaires pour tous les travailleurs ou pour des groupes cibles peuvent parfaitement s’insérer dans ce cadre. On peut aussi prévoir une prime en cas de passage d’un travail lourd vers un travail léger ou encore d’un régime de travail en équipes ou de nuit vers un régime de travail de jour.

Le Fonds démographie dont le secteur de la chimie s’est doté est un outil efficace pour rendre le travail plus soutenable pour tous les travailleurs du secteur.

Fonds de solidarité

Au travail

Tous les salaires sont pris en considération pour alimenter le budget du Fonds démographie et donc chacun – ouvrier, employés cadre – peut en bénéficier. Et ce, qu’il soit occupé par un géant de la chimie ou par une PME : c’est un fonds de solidarité.

Dès maintenant, travailleurs et délégués peuvent s’attaquer à l’élaboration d’un plan vers le travail soutenable dans leur entreprise. Sur le site internet www. accg.be vous trouverez une série d’informations et d’outils concrets pour vous accompagner dans cette

démarche. D’autre part, la FGTB dispose d’un expert en la matière qui se tient à la disposition des délégués. N’hésitez pas à le contacter : dany.vancauwenbergh@accg. be - téléphone: 02.549.05.52 - GSM: 0476.75.76.75

> SECTEUR DU NETTOYAGE

Honoré Kerschaver Un plan pour lutter nous a quittés contre le dumping social Dans le secteur du nettoyage aussi, la fraude et le dumping social posent de gros problèmes. Ce sont principalement les travailleurs mais aussi les entreprises honnêtes qui sont les victimes de ces pratiques déloyales. Pour trouver des solutions contre ce fléau, le secrétaire d’état De Backer a réuni les syndicats et les employeurs pour une table ronde. Un grand pas en avant selon Eric Neuprez, secrétaire fédéral en charge du secteur du nettoyage pour la Centrale Générale-FGTB. La concurrence dans le secteur est particulièrement impitoyable. Les clients sont sans cesse à la recherche du prix le plus bas, ce qui met les entreprises du nettoyage sous pression. De plus en plus d’entreprises malhonnêtes ont recours au dumping social, à la fraude et au travail au noir pour casser encore plus les prix. Au final, ce sont les travailleurs qui en pâtissent.

15 mesures concrètes

Il était donc grand temps de passer à l’action de manière coordonnée. C’est ce qui est fait grâce à la table ronde qui rassemble syndicats, employeurs et le secrétaire d’état De Backer. Le but étant d’élaborer une stratégie pour endiguer la concurrence déloyale dans le secteur. Le plan comporte 15 mesures concrètes. Une de ces mesures consiste en un nouveau système d’enregistrement des travailleurs sur le chantier : le système Flippo. Ce système obligera tous les travailleurs présents sur un chantier à s’enregistrer. Le système sera géré par les services d’inspection. Ils pourront ainsi mener des contrôles ciblés et démasquer les fraudeurs.

Parmi les autres mesures, citons l’augmentation du nombre de contrôles, une législation plus efficace sur les faux indépendants, le suivi minutieux du nombre croissant de travailleurs détachés. En outre, des mesures seront également prises en ce qui concerne les marchés publics. De nombreuses administrations publiques ont recours au secteur du nettoyage et il est absolument inconcevable que le choix de l’entreprise se fasse uniquement sur base du prix le plus bas. Les éléments sociaux doivent eux aussi être pris en compte.

Un pas en avant

Pour Eric Neuprez, ce plan constitue un grand pas en avant: “C’est cette concurrence déloyale qui casse le secteur et surtout les travailleurs du secteur. La FGTB demande depuis longtemps de s’attaquer au problème, nous sommes donc contents que des mesures concrètes puissent enfin être prises grâce à la concertation sociale.”

La table ronde dans le secteur du nettoyage a pour ambition de lutter efficacement contre le dumping social et la fraude qui pénalisent lourdement les travailleurs et les entreprises honnêtes.

Cet été, une icône de la lutte syndicale nous a quittés : Honoré Kerschaver est décédé à l’âge de 88 ans. Honoré a consacré toute sa vie au mouvement ouvrier. Dès le plus jeune âge, il a été sur les barricades lors des grandes grèves des dockers du port d’Anvers. Plus tard, il est entré dans les livres d’histoire syndicale en tant que délégué du secteur pétrolier. Même à la retraite, il est resté politiquement et syndicalement actif.

11 mois de lutte syndicale

En 1978, le propriétaire américain de la raffinerie de pétrole RBP décide de fermer l’usine. Mais Honoré, alors délégué principal de la FGTB, et les 250 travailleurs de l’entreprise, refusent de baisser les bras. Ils croient dur comme fer dans l’avenir de la raffinerie et revendiquent la sécurité d’emploi. Ils finiront par occuper l’entreprise pour empêcher son démantèlement par le propriétaire. Lors de cette occupation, ils entretiendront les machines afin que l’usine puisse redémarrer rapidement. Leur action a été soutenue par le secteur tout entier, qui s’est mis en grève trois semaines durant, par solidarité avec les travailleurs de RBP. Les médias nationaux et internationaux se sont intéressés jour après jour à l’action et la politique s’en est même mêlée. Il faudra malgré tout attendre 6 mois pour voir apparaître un repreneur, Coastal State Gasoil. Celui-ci ne voulait cependant pas répondre aux revendications des ouvriers. Les grévistes ont tenu bon. Cinq mois plus tard, un accord de reprise a finalement été conclu avec Coastal State Gasoil. Au terme de onze mois passés à travailler, dormir, vivre dans l’entreprise, tout le monde a enfin pu rentrer satisfait à la maison. Une victoire éclatante pour le syndicat et les travailleurs. La détermination et la persévérance d’Honoré continuent d’inspirer des générations de syndicalistes. Nous partageons la douleur de sa famille, camarades et connaissances.

Honoré (2e à gauche) et ses camarades quittent l’usine après 11 mois d’occupation.

> SECTEUR

DU TEXTILE

Du changement pour le paiement de la prime syndicale Dès cette année, une nouvelle règlementation concernant la prime syndicale entre en vigueur pour le secteur du textile, la commission paritaire 120. Dorénavant, les travailleurs syndiqués ne reçoivent plus leur attestation via leur employeur mais directement à la maison. En tant que travailleur du secteur, vous recevrez durant le mois de septembre votre attestation chez vous. Une fois ce document en main, vous pouvez vous rendre auprès de votre bureau FGTB afin de toucher votre prime. Le montant de la prime syndicale s’élève à 135€. En même temps que cette prime, vous touchez également l’allocation sociale supplémentaire pour chômage temporaire. Cette allocation s’élève à 3,29€ par jour de chômage temporaire. Un doute ou une question ? N’hésitez pas à vous rendre dans votre section locale de la FGTB.


SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

11

Comment ?

Deux ans de régressions. A quand les progrès ? L’anniversaire du gouvernement Michel nous laisse un goût amer dans la bouche. En deux ans de pouvoir, nous ne pouvons que déplorer son obstination et son mépris envers les citoyens ordinaires et les travailleurs en particulier.

Nous n’arrêterons pas de le répéter. Nous avons une alternative à cette politique destructrice et contre-productive. Elle passe par des impôts justes, qui permettraient de créer des emplois de qualité. Ces emplois assureraient aux travailleurs un pouvoir d’achat digne, ce qui relancerait notre économie et préserverait notre sécurité sociale. Si vous voulez en savoir plus sur nos alternatives, rendez-vous sur notre site www.accg.be.

Pourquoi ne fêterez-vous pas les deux ans du gouvernement Michel ? FIEN, SECTEUR DES SOINS DE SANTÉ

En deux ans, il s’est empressé de s’attaquer à tout ce qu’il pouvait : sécurité sociale, pensions, services publics, indexation, libertés syndicales et la liste est loin d’être exhaustive. Du côté de monsieur tout-lemonde, personne n’est épargné. Par contre, du côté des grosses fortunes et des grandes multinationales, c’est le calme plat. Ces mêmes multinationales qui au premier coup de vent, ferment boutique, délocalisent et laissent les travailleurs sur le carreau sans vergogne ni état d’âme. Et c’est ça que nous devrions applaudir ? D’autant plus que nous savons très bien que ce gouvernement ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le plan Peeters illustre très bien ce qui nous attend si nous ne nous battons pas : une flexibilité à outrance, sans véritable concertation avec les syndicats et une fois de plus, les travailleurs qui trinquent. Autrement et mieux, c’est possible. C’est ce que nous répétons depuis des mois sans être entendus. Nous avons une alternative qui sort les gens en difficulté de la pauvreté et donne des perspectives d’avenir pour tous. Mais deux ans que le gouvernement fait la sourde oreille, deux ans qu’il nous ignore, qu’il VOUS ignore. Nous ne capitulerons pas pour autant. Il faut le répéter plus fort ? D’accord, c’est ce que nous ferons le 29 septembre prochain, en manifestant en masse notre colère et notre mécontentement. Comme Fien, Christophe ou Sven, vous aussi, vous avez des raisons de venir manifester avec nous à Bruxelles le 29 septembre prochain.

Je vois peu de raisons de me réjouir. Année après année, le nombre de personnes âgées qui ont besoin de soins ne cesse d’augmenter mais le nombre de’ travailleurs n’augmente pas dans notre secteur. Donc, nous devons courir d’un patient à l’autre et nous n’avons pas assez de temps pour leur accorder l’attention qu’ils méritent. Et que fait le gouvernement? Des économies, des économies et encore des économies. Même sur les soins aux plus anciens. C’est scandaleux. CHRISTOPHE, SECTEUR DE LA CONSTRUCTION Moi, j’aurai espéré que le gouvernement profite de la transposition de la directive européenne sur le dumping social pour changer les règles, mais il n’en est rien alors que 40% des chantiers sont des chantiers publics…c’est une occasion manquée. Alors que le dumping social, c’est purement de l’esclavagisme moderne. Prenons l’exemple des coffreurs. Pour les travailleurs belges, on fait attention aux charges, mais pour les travailleurs détachés, des Slovaques le plus souvent, c’est le contraire. On les paie à la tonne. SVEN, SECTEUR DU NON-MARCHAND Un travailleur d’une entreprise de travail adapté occupé à temps plein gagne environ 1200 euros nets. Avec un tel salaire, il est vraiment difficile de s’en sortir. D’autant plus que tout ne cesse d’augmenter: les courses, la facture d’électricité, l’accueil des enfants. En principe, ces hausses auraient dû être en partie compensées par l’index. C’est grâce à lui que le pouvoir d’achat est maintenu, même si c’est dans une moindre mesure. Mais vu le saut d’index, ce n’est pas le cas. On nous pousse donc dans la pauvreté. Je serai donc certainement présent le 29 à Bruxelles, mais pas pour la fête évidemment. PEPIN, SECTEUR DE L’INDUSTRIE

Nous comptons sur vous !

Robert Vertenueil Secrétaire général

Werner Van Heetvelde Président

A l’usine, le travail est très physique: tirer, soulever, pousser, … Bon nombre de mes collègues arrivaient au bout de leur carrière quand tout à coup, ils ont décidé, rue de la Loi, d’augmenter l’âge de la pension. Du jour au lendemain, ces collègues ont appris qu’ils devraient encore travailler plusieurs années. Alors qu’ils sont déjà au bout du rouleau et que dans le même temps, de nombreux jeunes sont sans travail. C’est quand même inconcevable, non?


12

MÉTAL

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

> POINT DE VUE

Ali Baba et les « Caterpillards » Indignons-nous ! Sans retenue. Avec Force. Chaque fois que c’est nécessaire. Indignons-nous parce que notre capacité de nous dresser face aux violences faites aux travailleurs de Gosselies ou d’Axa, de Truck Technic ou de Makro, d’ici ou d’ailleurs, exprime d’abord une part d’humanité qui résiste à la barbarie capitaliste. Indignons-nous, certes, mais avec lucidité. Il n’y a pas de qualificatif assez fort pour exprimer notre dégoût et pour décrire la manière dont s’est faite l’annonce de la fermeture de l’usine belge de Caterpillar. Cinq minutes, top chrono, pour tirer un trait sur des milliers de vies actives. Acceptons pourtant de voir que cette décision s’inscrit dans la logique d’un système qui n’est pas moins barbare que ses méthodes et sa communication. La mécanique du capitalisme se résume à faire des travailleurs, de leurs

salaires et de leurs conditions de travail, la variable d’ajustement d’une économie au service de la rente des propriétaires d’entreprise. La candeur et l’indignation de quelques responsables politiques découvrant la nature réelle du régime qu’ils entretiennent ne doivent pas faire illusion. Les travailleurs de Caterpillar paient la facture des erreurs stratégiques de la transnationale. Ses prévisions sur le développement de la demande en machines d’extraction ne se sont pas réalisées et dès 2013, elle a choisi d’imposer une première restructuration très lourde à son siège carolo. Les sacrifices consentis en échange de 150 millions d’investissement et d’une promesse d’avenir pour la région ont été énormes. Ils ont été payés en réduction du volume de l’emploi, en flexibilité, en charge de travail accrue et… en détérioration de la santé des ouvriers. L’augmentation de la productivité sur les lignes de montage a fait apparaître des troubles musculosquelettiques chez certains mais le « différentiel de compétitivité » avec la Chine, le Japon, les pays de l’Est et la Belgique a été ramené de 20 à… 0% ! Les ouvriers ont rempli

leur part du contrat et plus encore. Les patrons non ! Dans le même temps, une prédation actionnariale était organisée sur l’entreprise : elle s’est traduite par une augmentation du dividende par action de 1,82 dollar en 2011 à 3,05 dollars en 2015 alors que le chiffre d’affaires se comprimait tout comme les bénéfices…

Source : Afin-A (taux de distribution = rapport entre dividendes distribués et bénéfices nets générés sur l’année)

Un effet «ciseau» qui ne coupe que les salaires Cet effet « ciseau » constaté entre l’évolution de ces données caractérise aussi l’ensemble de l’économie belge. Entre 2011 et 2014, le chiffre d’affaires des entreprises non financières qui déposent leurs comptes

à la BNB est passé de quelque 800 milliards à 790 (données Afin-A). Sur la même période, les bénéfices ont approché un niveau de 57 milliards alors que les dividendes passaient de 45… à 53 milliards ! Le gouvernement fédéral nous assomme d’un discours culpabilisateur et purement idéologique sur la compétitivité des entreprises, sur la nécessité de les séduire pour les attirer chez nous. Il n’y a pour elles de cadeaux trop coûteux. Cette rhétorique péripatéticienne est articulée sur des politiques sauvages qui visent à accroître la flexibilité, à réduire les salaires et leurs « charges »… La société toute entière est appelée à contribuer aux efforts budgétaires imposés par les effets de la crise bancaire de 2008. Pas les entreprises qu’il faut choyer… Elles sont exonérées d’une austérité réservée aux travailleurs et aux citoyens. Entre 2007 et 2014, le prélèvement actionnarial sur les bénéfices des entreprises est passé chez nous de 59 à… 93%. Il n’y a pas ici de dérapage salarial. Il est ici question d’un dérapage des coûts du capital. Michel 1er s’attaque aux salaires mais protège le dividende. Il prépare les prochains Caterpillar.

Ali Baba entend aujourd’hui que justice soit rendue aux victimes des « Caterpillards ». Bonne nouvelle. S’il cessait de les entretenir, ses indignations seraient plus crédibles ! sEn outre, personne ne conditionne la satisfaction des revendications fiscales des entreprises au développement de l’emploi ! La FEB précise déjà son crédo : « Il

n’est pas question de toucher aux notionnels ». Elle veut le beurre et l’argent du beurre. Déjà, la crémière gouvernementale semble lui sourire…

Nico Cué Secrétaire général de la MWB

BTN: un peu de chaleur pour l’économie régionale C’est finalement une success story comme on aimerait en raconter plus souvent dans nos régions. C’est l’histoire de BTN, installée dans le zoning des Plénesses à Dison. BTN existe depuis 1985 en tant que telle, mais ses racines remontent beaucoup plus loin, en l’an de grâce 1872 lorsque se crée la société Toussaint-Nyssenne qui, d’abord active dans le textile, se spécialise ensuite dans la conception, la fabrication et la vente de centrales de traitement d’air essentiellement pour le bâtiment. Une autre division se spécialisera dans les batteries industrielles et s’appellera, à partir de 1985, BTN (Batteries ToussaintNyssenne). De batteries, il n’est plus question aujourd’hui. De ToussaintNyssenne non plus d’ailleurs. En 2008, la société est cédée au groupe norvégien Munters qui, par choix industriel, décide de ne pas reprendre la filiale BTN. Celle-ci reste, dans un premier temps, dans les mains de l’ancien actionnariat (donc les Toussaint-Nyssenne)

avant de faire, en 2011, l’objet d’un management buy-out (rachat par des cadres) initié par l’actuel directeur général Helmut Heyen. BTN s’est spécialisée dans la production d’échangeurs de chaleur industriels. Il s’agit de grosses boîtes (très grosses parfois) mêlant structures en aluminium et tubulures en cuivre. On injecte de l’eau chaude dans les tubes qui restituent une partie de la chaleur et contribuent ainsi à maintenir une température constante dans l’unité de production concernée. C’est bien à usage industriel : inutile de rêver à maintenir la température de cette manière dans votre living ! Les applications industrielles sont évidemment innombrables. En gros, partout où il faut maintenir constante la température. Un des plus gros clients de BTN est par exemple l’industrie automobile, singulièrement les fabricants allemands, sur les lignes de peinture desquels les échangeurs thermiques BTN contribuent largement à contrôler un processus délicat. Mais d’autres applications sont possibles : par exemple, BTN s’intéresse très fort aux applications liées à l’agro-alimentaire, comme les locaux de séchage d’aliments. Citons aussi la chimie, le secteur pharmaceutique, la banque ou la micro-électronique. Evidemment,

BTN fournit aussi régulièrement la maison d’en face, Munters et ses systèmes de contrôle de l’air. Enfin, l’entreprise des Plénesses est particulièrement fière d’avoir produit des équipements permettant le contrôle des températures dans des bâtiments aussi prestigieux que le Berlaymont à Bruxelles ou le siège de la Banque Centrale Européenne à Francfort. Les technologies mises en œuvre sont relativement simples : et donc, les risques de concurrence par des pays à bas coût de main-d’œuvre sont réels. Les réponses de BTN sont efficaces, outre une qualité qui reste constante: BTN peut fournir,

sur mesure, des échangeurs tout à fait spécifiques dans un délai de maximum 15 jours. Ce respect des délais, sacré dans l’entreprise, est le cheval de bataille. Il faut aussi y ajouter la profonde connaissance du marché allemand dans le chef de son actuel directeur/actionnaire. Une grosse partie du volume (plus de 80 %) s’écoule à l’exportation, majoritairement en Europe. Toutefois, les produits BTN sont régulièrement intégrés à des ensembles réexportés ailleurs : directement ou indirectement, la firme est ainsi pratiquement présente partout dans le monde.

Lors de la visite de la FGTB Métal Liège-Luxembourg: de g. à dr. Thierry Grignard, 1er secrétaire FGTB Métal; Francis Gomez, Président; Nadir Massafi, FGTB-BTN; Stéphane Breda, secrétaire régional de Verviers; Raphaël Buscicchio, FGTB-BTN

Le chiffre d’affaires a été, en 2015, de 12 millions d’euros, avec une production qui tourne autour des 15.000 échangeurs thermiques. Et ça cartonne : à preuve, la récente décision du conseil d’administration de développer encore l’entreprise, en investissant dans de nouveaux équipements et dans un nouveau hall de production industrielle qui accueillera une nouvelle presse plus productive et plus économique. Le montant total de l’investissement est d’un million d’euros. BTN emploie grosso modo 80 travailleurs, représentés très majoritairement par la FGTB Métal Liège-Luxembourg. Si la vigilance est de mise, comme dans toute entreprise, le climat social peut être qualifié de bon et la concertation sociale fonctionne très bien. Un bon exemple: l’entreprise s’interdit de recourir à l’intérim en cas de fluctuations de production, mais préfère utiliser de manière maximale les mécanismes de chômage économique. «Les dossiers

que nous mettons sur la table sont discutés de manière sérieuse et ouverte, dit-on à la délégation syndicale, et nous pouvons être fiers des résultats obtenus ».

Le développement attendu de l’entreprise rendra à coup sûr ce bon climat encore plus indispensable.


ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

L’assurance autonomie en Wallonie: kesako ? Dans sa déclaration de politique générale de mai 2014, le futur Gouvernement wallon jetait les bases d’une assurance autonomie en Wallonie. L’objectif est d’accompagner la dépendance qu’elle soit due à l’âge, au handicap ou à la maladie. Ce dispositif prendra la forme d’une assurance obligatoire et solidaire via la perception d’une cotisation obligatoire. Cette logique assurantielle garantit une couverture pour tous les Wallons. Cette assurance autonomie wallonne devrait entrer en vigueur à l’été 2017. La cotisation s’élèvera à 50 euros par an (25 euros pour les bénéficiaires de l’intervention majorée) et sera obligatoire pour toutes personnes âgées de plus de 26 ans. Ce sont les mutuelles qui deviendront l’acteur principal de ce dispositif par la collecte des cotisations. L’état de dépendance qui donnera droit à l’assurance autonomie sera contrôlé par l’AViQ (Agence pour une Vie de Qualité - Agence wallonne de la Santé, de la Protection Sociale, du Handicap et des Familles).

Quid en Flandre ?

Depuis 2001, il existe un système similaire d’assurance dépendance en Flandre (la « zorgverzekering »). La cotisation est obligatoire pour tous les Flamands et se monte actuellement à 50 euros par an. En retour de cette cotisation, ceux qui perdent leur indépendance peuvent bénéficier d’une aide financière de 130 euros par mois afin d’alléger leur facture de maison de repos, de garde-malade ou d’aide à domicile. Effet pervers en Flandre: l’utilisation de l’argent octroyé n’est pas contrôlé et peut donc servir à tout autre chose (ainsi, le bénéficiaire peut l’utiliser pour remplir son caddy au super marché par exemple).

Des approches différentes

percevront l’équivalent de 300 euros par mois. De plus, le montant de l’assurance est répercuté sur moins de personnes en Wallonie et permet donc une plus grande générosité. On parle bien de l’ « équivalent de 300 euros » car les Wallons ne recevront pas d’argent mais bénéficieront d’heures de prestations de garde-malade, d’aide familiale ou d’aide ménagère sociale à domicile. Ils pourront aussi réduire leur facture s’ils séjournent en maison de repos. Le Cabinet du Ministre Prévot en charge de l’Action sociale a évalué que cela correspondait à une aide de 15 heures par mois.

En chiffres

La Wallonie devait se doter de ce type de mécanisme car elle est confrontée à un défi de taille : celui du vieillissement de la population. Si l’on se focalise uniquement sur la partie « dépendance due à l’âge » de l’assurance autonomie, on s’aperçoit très vite en analysant des données chiffrées objectives calculées par l’IWEPS (Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique) que les enjeux sont extrêmement importants : en 2060, on comptera 405.000 wallons de plus de 80 ans. 2 millions de Wallons seront amenés à cotiser à cette assurance autonomie et 107.000 personnes devraient pouvoir prétendre à une aide. Le budget annuel de l’assurance autonomie sera de 381 millions d’euros par an. Cette somme regroupe les cotisations annuelles, la part du budget wallon déjà consacré aux services d’aide à domicile et le budget fédéral de l’aide aux personnes âgées qui a été régionalisé lors de la 6ème et dernière réforme de l’état.

Alors qu’en Flandre, le monde politique a opté pour Un tournant déterminant pour le secteur de l’aide à l’attribution d’une intervention financière à usage libre, domicile en Wallonie le Gouvernement wallon conditionne l’octroi de cette La Wallonie en attribuant l’aide sous forme de services assurance à l’utilisation de services d’aide existants. soutiendra financièrement et développera le secteur de L’assurance autonomie à l’aide à domicile. la sauce wallonne donL’assurance autonera droit à des services nomie pourrait La FGTB-HORVAL suit le dossier de l’assurance autonomie de à domicile agréés tels que donc entraîner très près depuis longtemps déjà. Elle sera donc vigilante sur des services d’aides et de la création de tous les aspects de sa mise en œuvre : maintien à domicile, des plusieurs milgardes à domicile ainsi liers d’emplois - l’évolution de la qualité de l’emploi et de la formation aux que des aménagements supplémentaires métiers de l’aide à domicile devront être contrôlés ; de l’habitation. dans le secteur. - la perception d’une cotisation obligatoire ne doit pas déboucher Par ailleurs, comme la posur une diminution des moyens publics affectés aux politiques pulation wallonne est plus d’aides aux familles et aux personnes âgées ; jeune, l’assurance autonole système wallon d’assurance autonomie devra être simple mais mie sera plus généreuse au surtout efficace tant pour les bénéficiaires que les prestataires. sud du pays qu’au nord. Les personnes dépendantes

13

La FGTB Horval Anvers obtient gain de cause en justice contre Haribo pour la liberté d’expression

Tout le monde connaît Haribo par ses bonbons qui font la joie des enfants. Dans la pratique, il y a cependant de nombreux problèmes liés à la charge du travail et à la sous-occupation, un tsunami de lettres recommandées et de bonus importants octroyés au directeur et aux dirigeants tandis que les ouvriers doivent se contenter de cacahuètes. Produire avec le moins de travailleurs possible et atteindre des bénéfices aussi élevés que possible, voilà le but de l’employeur. Quand un travailleur tombe malade, il est rapidement soumis à un contrôle et à un soi-disant entretien feed-back pour augmenter la pression afin de travailler en étant malade. Dans cette entreprise, celui qui veut participer à une manifestation et faire grève reçoit un courrier recommandé. L’entreprise exerce ainsi la pression sur le personnel pour venir travailler lors de la prochaine grève. De cette manière, l’employeur ne doit plus produire de manière «non optimale ». Nos délégués se battent jour après jour contre ces injustices, à la manière préférée de l’employeur, à savoir par un dialogue constructif. Pourtant, notre délégué s’est fait rabrouer et d’autres tâches lui ont été imparties. De cette façon, on a essayé de casser « l’élément gênant ». Suite à cela, un dossier pour harcèlement a été introduit. Le 27 juin, ce fut le point culminant. Notre mandataire au sein de l’entreprise a été accusé de vol. Selon l’employeur, il aurait voulu prendre une boisson au soja du réfrigérateur en présence de collègues. Une fausse accusation de vol. Plus de deux mois de lutte juridique plus tard, le juge nous donne gain de cause sur toute la ligne. Notre délégué n’est pas un voleur et il n’aurait jamais eu la moindre intention de voler quoi que ce soit. Nous constatons que cet employeur ne s’inquiète pas du tout des dégâts émotionnels qui résultent de ces accusations. Nous constatons qu’il veut uniquement faire taire les gens qui tentent d’apporter des améliorations justifiées et de rétablir la justice. Nous constatons que les employeurs lancent ce genre de procédures afin d’être en mesure de licencier « les travailleurs protégés » à un coût moins élevé. Pourtant, ils n’y parviennent pas. Nous en étions convaincus et maintenant nous sommes ravis que le juge nous donne gain de cause. Pour nous, c’est une question de liberté d’expression. La FGTB Horval et son équipe de militants loyaux et courageux n’accepteront jamais qu’ils nous renvoient au 19ème ou au 20ème siècle. La FGTB plus que jamais. Grâce à nos militants, nous savons pourquoi nous nous battons : contre ces pratiques et pour la solidarité. Cela ne changera jamais. Voilà pourquoi nous répétons : vive notre fraternité et vive l’idéalisme qui nous pousse dans notre lutte contre les injustices !

Filip Feusels Secrétaire FGTB Horval Anvers

La délégation ARDO se prépare à l’instauration de son Conseil d’Entreprise Européen Au siège fédéral de la centrale, un intersiège a eu lieu réunissant les différents sièges de la société ARDO. Ceux-ci se trouvent tant dans la région de la Flandre occidentale que de la région Liège. Ces deux régions ont estimé nécessaire d’organiser cette réunion afin de renforcer la coordination du groupe en vue des

prochains conseils d’entreprise européens. Le groupe ARDO est un groupe agro-alimentaire spécialisé dans la transformation des légumes. Le groupe très connu en Belgique par ses entreprises ARDO, DUJARDIN, HESBAYE FROST est aussi une entreprise internationale présente dans 15

pays. Il s’agit donc d’un groupe de taille européenne qui compte près de 3.000 travailleurs. Se préparer à un travail syndical européen est un travail tout neuf pour les délégués. L’actualité sociale montre l’importance pour les travailleurs de maitriser autant que faire se peut les stratégies commerciales

et industrielles de nos entreprises. La Centrale fédérale s’est engagée à soutenir les délégués dans leur travail pour renforcer leurs actions et leur cohésion.

Hesbaye Frost, une équipe HORVAL qui gagne Lors de cette réunion, le secrétariat fédéral félicité la section de LIEGE. Il s’est avéré que la délégation du site Hesbaye Frost à Geer a obtenu des résultats excellents lors des dernières élections sociales en gagnant l’ensemble des mandats ; Aujourd’hui, la FGTB est seule présente dans l’entreprise, tant pour les ouvriers que pour les employés.

très importante. Sans ce transfert d’informations, les nouveaux militants auraient été incapables de continuer le fonctionnement des militants précédents. Heureusement, cela s’est réalisé sans aucun problème.

Les délégués insistent sur le volet FORMATION ; Une bonne formation des militants est Cette réussite est le résultat du travail effectué ces quatre dernières années. Les militants indispensable ! Tant les militants antérieurement élus que les nouveaux élus reçoivent soulignent que pendant quatre années, ils ont consacré des efforts à la réalisation de cette un soutien en terme de formation. Dans ce contexte, une attention particulière est prêtée victoire. En effet, la construction d’un groupe de militants solide prend plus d’un jour. aux règles valables au sein d’un CE et d’un CPPT. De plus, on se penche sur la FGTB et sa Le groupe de militants s’est engagé dans la voie de la transparence. La délégation FGTB- structure. La formation comprend également un volet relatif à la communication. Selon HORVAL HESBAYE FROST, une équipe, un collectif ; chacun est au même niveau d’informa- les militants, c’est la partie la plus importante et indispensable.

tion, les décisions sont prises en commun en un mot, un travail d’équipe au service des Il est clair qu’ils pourront profiter de cette formation lorsqu’ils défendront notre centrale, affiliés ; l’équipe plutôt que l’individu, voilà la recette du succès selon la délégation HORVAL. la FGTB HORVAL, au sein du conseil d’entreprise européen. Le transfert d’informations entre « l’ancienne » équipe de militants et la nouvelle a été


14

EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

> POINT DE VUE

Rentrée syndicale et sociale: plus d’un combat à mener!

Ce 9 septembre, le collège des permanents du SETCa a fait le point sur les dossiers politico-syndicaux de la rentrée. L’occasion pour les 150 secrétaires SETCa présents de se préparer à cet automne social. Soutien aux travailleurs menacés par une fermeture ou une restructuration

La réunion a été ouverte par un témoignage de solidarité et de soutien aux travailleurs qui se battront dans les jours et les semaines à venir contre une fermeture ou une restructuration annoncée. La fermeture de Caterpillar (voir article ci-contre) et le licenciement collectif chez AXA (voir interview de nos secrétaires fédéraux cicontre) sont naturellement les cas les plus évidents, mais n’oublions pas non plus les nombreuses autres centaines de travailleurs dans des entreprises moins grandes, qui connaissent actuellement la même insécurité. Et ce ne sont pas les mesures envisagées par le gouvernement pour flexibiliser encore davantage le marché du travail qui vont aider à améliorer cette situation. Au contraire ! Caterpillar en est l’exemple même… Après avoir concédé à faire de nombreux sacrifices lors de la précédente restructuration afin d’assurer la pérennité de l’entreprise, ceux-ci ont aujourd’hui le sentiment d’avoir été dupés. Au bout du compte, seul le dividende compte et ce sont les travailleurs qui en pâtissent. Le SETCa appelle ses militants à participer en masse à la manifestation de soutien aux travailleurs de Charleroi, le vendredi 16 septembre.

Le contexte socio-économique n’est pas rose, au contraire

Bien que ce gouvernement tente de donner l’impression que tout va pour le mieux sur le plan socio-économique, les décisions des multinationales susmentionnées prouvent à elles seules le contraire. Le Gouvernement jongle aussi passablement avec les chiffres en matière d’emploi et de chômage. La lecture que nous en faisons démontre que la situation n’est pas bonne du tout. Le taux d’emploi en Belgique figure, avec 66,9%, parmi les plus bas d’Europe (la moyenne étant de 69,1%) et a baissé de 0,5% l’an passé, tandis que la moyenne européenne a augmenté d’1%. La croissance économique fait partie des plus faibles de la zone euro. Le chômage diminue bien légèrement, mais les pays de la zone euro connaissent une baisse plus importante. La baisse du chômage peut également être mise sur le compte de suspensions et d’exclusions et est donc en grande partie statistique. Que les choses soient claires, ce gouvernement ne fait pas du bon travail.

Budget : le gouvernement fera-t-il à nouveau les mauvais choix ici aussi ?

Les paragraphes qui précèdent démontrent clairement que notre économie n’a pas besoin de plus d’austérité. Au contraire, davantage d’investissements importants sont nécessaires, aussi pour les autorités, à savoir dans les transports publics, l’infrastructure, l’énergie verte, etc. Ces investissements peuvent et doivent booster l’économie et donc, l’emploi. Tout le monde en est convaincu, et même la Commission européenne est tout doucement en train de rectifier le tir. Finissons-en définitivement avec la propension aveugle à l’austérité, contreproductive pour l’économie, l’emploi et le bien-être social. Il convient à cet effet de financer les réformes fiscales en taxant le(s) (revenus du) capital. Sur ce point non plus, nous ne sommes pas les seuls à plaider pour cette solution.

Concertation sociale autonome

Au G10 (où se concertent les représentants nationaux des syndicats et des organisations patronales), les projets de textes du ministre Peeters sont actuellement sur la table. Le projet de flexibilité tout comme le texte réformant la loi sur la norme salariale de 1996 doivent être adaptés, de sorte que les interlocuteurs sociaux puissent se concerter de manière autonome dans les secteurs et les entreprises sur les conditions de travail et de rémunération des travailleurs. Tel est l’enjeu de la concertation au G10 actuellement en cours.

Plan d’action : prêts au combat

Tous ces dossiers sont au centre du plan d’action des jours et des semaines à venir : soutien aux travailleurs vivant dans l’incertitude, investissement dans notre avenir, fin des économies dans la sécurité sociale et les services publics et préservation de notre concertation sociale dans l’intérêt des travailleurs. Les dates à retenir : le 16 septembre à Charleroi, le 29 septembre pour la manifestation nationale en front commun syndical et les actions du 7 octobre. Par la suite, nous poursuivrons encore notre résistance si le Gouvernement, soutenu par les employeurs, n’adapte pas sa politique. Myriam Delmée, Vice-présidente du SETCa Erwin De Deyn, Président du SETCa

Caterpillar : les travailleurs paient l’addition d’un système cynique Le constructeur américain de bulldozers Caterpillar a annoncé son intention de fermer son usine de Gosselies. 2200 emplois menacés directement, et des milliers d’autres indirectement, dans une région déjà touchée par un taux de chômage élevé. La première phase de la procédure Renault est en cours pour les travailleurs de l’entreprise mais pour les salariés des soustraitants, la situation est encore plus floue. Entre colère, désillusion et incertitudes, la lutte syndicale s’organise. Une véritable onde de choc

Mariet Vanderstukken, secrétaire permanente du SETCa Charleroi, déplore la lâcheté de la direction locale, qui, dans les premiers jours, était absente et n’a pas pris ses responsabilités. « Les syndicats ont

dû insister pour avoir une première rencontre mardi soir. La direction dit ne pas comprendre pourquoi, ouvriers, employés, cadres, sont sous le choc de l’annonce. Comment peuvent-ils exiger que la production continue, comme si de rien n’était ?». La colère monte

chez certains. En effet, les travailleurs de Caterpillar ont suffisamment prouvé, par le passé, être en mesure de penser en fonction de l’entreprise, eux qui ont accepté, après une pénible restructuration

Un prime syndicale de € 35 en CP 341 |

La nouvelle commission paritaire 341, compétente pour les activités d’intermédiation en services bancaires et en services d’investissement, prévoit un prime syndicale de 35 pour ses travailleurs. La période de paiement s’étale du 15/09 au 15/11. Quelles sont les conditions pour recevoir cette prime ? Quelles sont les modalités ? Pour tout savoir, prenez sans attendre contact avec votre section régionale SETCa ! Pour rappel, les travailleurs de la CP 341 relevaient, jusqu’en octobre 2014, de l’ancienne CP 218 (l’actuelle CP 200).

IBM |

(Secteur Services, Bruxelles) Mimars, la direction annonçait la suppression de 233 postes sur les 1400 que compte l’entreprise. Après une négociation longue et difficile qui s’est prolongée durant tout l’été, un protocole d’accord cadrant le licenciement collectif vient d’être approuvé par le personnel à une

en 2014, des mesures soi-disant destinées à assurer l’avenir de l’entreprise. Il apparaît maintenant qu’ils ont été trompés. Cette duperie est significative du discours sur la « flexibilisation et la modération salariale» : en bout de course, seul le dividende compte pour ce type de capitalisme débridé. A côté des emplois directs menacés sur le site de Caterpillar, les soustraitants ne seront pas épargnés. Rudy Pirquet, Secrétaire Général du SETCa Charleroi, s’inquiète « A

terme, ce sont aussi les commerces, les services, l’Horeca, la culture,… qui risquent d’en pâtir. L’impact de la fermeture s’étendra bien audelà des frontières du bassin de Charleroi. Notre priorité doit être l’intérêt de tous ces travailleurs et de leurs familles».

Le SETCa estime que tous les travailleurs, en ce compris ceux occupés par les sous-traitants, doivent avoir des conditions de négociation similaires. Mariet Vanderstukken appelle tous les travailleurs occupés chez les sous-traitants de Caterpillar à se faire connaître auprès de la FGTB. « On découvre que

tous les sous-traitants n’ont pas été informés par Caterpillar de la situation. Une PME d’une dizaine de personnes a déjà mis ses salariés en préavis. Ces travailleurs doivent savoir que nous avons besoin de les connaitre pour tenter de faire valoir leurs droits. Nous devons rassembler nos forces afin de leur redonner espoir. En les soutenant moralement mais, surtout, par des actes concrets ! »

Des perspectives noircies par le Gouvernement

Les mesures prises par le gouvernement depuis le début de son mandat vont également avoir de très lourdes conséquences sur les travailleurs touchés. Les fins de carrière décentes, qui pourtant attéquasi-unanimité. Il est prévu que 228 personnes seront licenciées, dont au moins la moitié sur base volontaire, soit via un licenciement, soit au travers d’un plan de prépension interne à l’entreprise. L’avenir des travailleurs qui restent n’a pas été oublié. Tout d’abord, il est prévu que le contenu de l’accord coure jusqu’en 2019, ce qui garantit une certaine stabilité à moyen terme. De plus, les CCT qui étaient en suspens depuis plusieurs mois (p. ex. ergonomie) seront finalisées. Enfin, un plan de formation avec droit de regard du Conseil d’Entreprise sera mis en place. Une opportunité pour les travailleurs de se former aux nouvelles technologies dans ce secteur en perpétuelle transformation.

CP Bourg |

(Secteur Industrie, Brabant Wallon) Un peu éclipsée par Caterpillar, CP Bourg a annoncé son intention de licencier 88 travailleurs, dont 40 employés, sur les 225 occupés actuellement. Spécialisée dans la production de machines de finitions après impression, l’entreprise subit la crise du secteur de l’imprimerie et du papier et la concurrence low-cost. Un plan d’investissement dans la recherche et développe-

nuent les drames sociaux (Caterpillar a d’ailleurs recouru au RCC il y a à peine plus de 2 ans), ne sont même pas évoquées par Michel et consort. Pire : les conditions de départs en RCC se sont durcies ! Et de nouvelles mesures de flexibilité sont aussi en préparation, pensons à la loi Peeters, qui permettront encore plus aux entreprises de presser leurs travailleurs comme des citrons, en dépit de tout contrôle syndical, et sans pour autant sauver l’emploi !

Une motion de solidarité du Comité exécutif du SETCa

Il était important pour les représentants du SETCa d’exprimer leur soutien à l’ensemble des travailleurs touchés. Car la fermeture de Caterpillar est un symbole, celui d’une faillite morale. Une entreprise qui, par le passé, a largement profité de privilèges fiscaux tels que la déduction des intérêts notionnels, les systèmes financés collectivement comme le chômage temporaire et le régime de prépension, privilégie ici brutalement le bénéfice au détriment de l’humanité. Le but de la manœuvre n’est pas de garder la grande multinationale « viable », mais de booster purement et simplement le dividende des actionnaires. Caterpillar : une entreprise qui, comme Axa, comme IBM (voir ci-contre) continue à faire du profit, verse des dividendes - en hausse depuis 22 ans chez Caterpillar !- à ses actionnaires…. Et qui paie cette addition ? Les travailleurs ! Le SETCa soutiendra la lutte contre cette logique, d’abord et avant tout au sein de l’entreprise, mais aussi dans la société.

ment et une réduction des coûts de production devrait accompagner la restructuration.

Mediahuis - Printing Partners Brussels |

(Secteur Industrie, Bruxelles) L’imprimeur des journaux De Standaard, Het Nieuwsblad, Metro, L’Equipe,… vient d’annoncer son intention de fermer son implantation de Grand-Bigard d’ici 2021. 158 emplois sont concernés. Les activités devraient être reprises par une autre imprimerie du groupe située à Paal-Beringen dans le Limbourg. Un cinquantaine de travailleurs pourrait bénéficier du RCC, et une quarantaine envisage de déménager vers l’autre implantation. Fonds démographie secteur chimie – CP 207 – dans le secteur chimie, un fonds démographie est actif afin de compenser les conséquences du vieillissement pour les travailleurs du secteur, tant pour les jeunes que pour les plus âgés. Vous retrouverez plus d’informations sur les pages 10 et 11 de la Centrale Générale.


EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

15

«Les travailleurs des finances doivent donner un signal clair» La semaine dernière était une semaine de demi-vérités et de mensonges à part entière pour les travailleurs du secteur financier. Cela a commencé par l’annonce d’une restructuration chez AXA Assurance, en passant par l’étude de la BNB à propos d’une reprise d’Ethias par Belfius, pour se terminer par des rumeurs de passages massifs à la franchise chez ING. Plus récemment, une autre mauvaise nouvelle: la suppression de 300 emplois chez P&V assurances d’ici 2020. Faut-il s’attendre à d’autres annonces ? Entretien avec les responsables sectoriels du SETCa Finances. Jean-Michel Cappoen : « Avant

toute chose : pas besoin de céder à la panique, même si ne rien faire n’est pas une option non plus. Selon nous, un dangereux amalgame est occupé à voir le jour entre le hasard, la situation économique générale et d’anciens dossiers historiques d’entreprises. » Pia Desmet : « Deuxième erreur à ne pas commettre : les banques ne sont pas des assureurs, et inversement. Ici aussi donc, prenons comme point de départ la réalité sur le terrain pour développer une stratégie syndicale. » Est-il dès lors erroné d’affirmer qu’un problème menace dans le secteur de l’assurance ? JMC : « Il n’est malheureusement

pas nécessaire d’avoir un problème pour en créer un. C’est précisément ici que le bât blesse. Nous maintenons que chez AXA par exemple, il y avait essentiellement un problème de mauvais choix informatiques, d’héritages non résolus issus de multiples fusions et reprises et d’introduction de ‘nouveaux’ modes de travail abandonnés sans tambour ni trompette… Hélas, d’aucuns en font à présent un récit, accueilli avec avidité par la presse, de la numérisation et des faibles taux d’intérêt. Voilà une analyse que nous n’acceptons pas, car elle ouvre la porte à la possibilité d’affirmer cela pour tout le secteur. » PD : « Le fait que les entreprises du secteur de l’assurance continuent toutes de réaliser des bénéfices et versent toutes des dividendes aux actionnaires n’est tout de même pas un détail. Ce ne sont pas des bateaux à la dérive, il n’y a donc pas d’arguments pour procéder à des coupes sombres. Cela sera aussi le message aux directions d’AXA et de P&V : priorité au maintien de l’emploi ! Concernant ces dossiers spécifiques, nous allons bien évidemment demander des informations supplémentaires aux dirigeants. » Ce faible intérêt-il peut malgré tout jouer des tours aux entreprises d’assurance ? PD : « Le taux de la Banque centrale

européenne est très bas depuis 2009, et il est apparu clairement dès 2013 qu’il pourrait encore le rester un moment. Les entreprises d’assurance ne doivent donc pas

commencer subitement à paniquer, il s’agit là d’une mauvaise pièce de théâtre. Le faible taux d’intérêt est une excuse pour couper dans les effectifs en personnel des assureurs. » JMC : « Je tiens aussi à ajouter que les assureurs ont pu compter sur des interlocuteurs sociaux très compréhensifs dans des dossiers comme la loi sur les pensions complémentaires. Les partenaires sociaux ont ici fait leur travail – certes sous pression de ce gouvernement et sans perdre de vue les intérêts des travailleurs – pour faire en sorte que les engagements de pension, devenus selon eux « intenables » dans la nouvelle réalité des faibles taux, soient adaptés. »

Des rumeurs circulent aussi dans les banques, qui ont déjà accusé de sérieuses pertes d’emplois ces dernières années ? PD : « Vous renvoyez aux bruits

qui courent chez ING ? Nous avons questionné la direction à ce sujet, un conseil d’entreprise aura lieu début octobre. Nous devons attendre ce qu’il en adviendra mais toutes les banques, y compris ING, ont déjà très fortement dégraissé ces dernières années. Or, celles-ci font du bénéfice. Ici aussi, la limite des licenciements est à nos yeux atteinte. » JMC : « La situation dans les banques est très différente de celle des assurances, mais notre message est le même : ne pas toucher au personnel, c.-à-d. ni au nombre de travailleurs, ni aux conditions de travail et de rémunération.» Les journaux débordent d’analyses sur la numérisation qui coûtera des emplois. Qu’en est-il ? JMC : « Cela s’est, hélas, déjà pro-

duit dans les banques. La direction d’AXA avance d’ores et déjà le même argument. Le progrès technologique est incontestablement présent et il serait idiot d’aller à son encontre. Nous constatons seulement que la charge de travail et les burn-outs augmentent dans les banques, malgré cette fameuse numérisation. » PD : « Le secteur de l’assurance est par excellence une affaire de contact humain très direct, dans laquelle des collaborateurs dévoués investissent énormément d’énergie. S’il y a éventuellement un gain

de productivité à enregistrer grâce à la numérisation, tant mieux, mais pourquoi directement jeter un pont vers le licenciement de personnes ? Pourquoi ne pas parler plutôt d’un meilleur service, ou utiliser ce gain au profit des travailleurs de l’entreprise ? Le SETCa refuse de s’inscrire dans cette logique : les travailleurs ont droit eux aussi à leur part dans les gains de productivité. Le secteur de l’assurance a d’ailleurs encore donné le ton dans la lutte pour la réduction du temps de travail. » Quel est votre message aux travailleurs du secteur ? JMC : « Qu’ils ne peuvent pas être

fatalistes, mais pas passifs non plus. Il y a bel et bien des problèmes, et aussi de possibles menaces. Il ne s’agit pas que de pertes d’emplois, mais aussi de passages à la franchise, de pertes salariales, etc. Mais … il y a des arguments à opposer. Le bénéfice est présent, les entreprises tournent. Certains aspects peuvent et doivent être améliorés sur le terrain. Il s’agit de faire bouger les choses. » PD : « Le public des finances est traditionnellement réticent lorsqu’il est question de passer à l’action. Pourtant, l’action paie ! Mais pour cela, il faut la mener, aussi modestement soit-il. Nous sommes convaincus que les directions du secteur financier seraient très sensibles à d’éventuelles actions du personnel. Cela pourrait prévenir de nombreux désastres éventuels. Il s’agit donc de faire passer un message clair, et ce message doit venir du personnel : ensemble, on est plus forts ! » (Retrouvez la version complète de cette interview sur www.setca.org)

AXA Assurances: le personnel fait les frais des mauvais choix de la direction Le personnel d’AXA Assurances a été surpris par l’annonce de la direction quant à son intention de licencier 650 travailleurs. Le plan prévoit que l’ensemble du personnel serait soumis à une vaste cure d’austérité, qui pourrait éventuellement avoir un impact sur le personnel d’AXA Bank. Lors du conseil d’entreprise extraordinaire de lundi, la direction de l’assureur pointait du doigt les « problèmes de coûts », qui devraient être d’après eux solutionnés par la suppression de 650 emplois (sur 4200) et les coupes salariales et dans les conditions de travail du personnel. L’annonce déclenche la procédure Renault. Pour le SETCa, la responsabilité de cette situation incombe très clairement à la direction. Depuis des années, nous crions haut et fort qu’AXA doit redévelopper sa politique commerciale et prendre à bras le corps ses problèmes informatiques spécifiques… En vain. Début 2016, le SETCa a encore négocié avec le précédent CEO, entretemps remercié, l’introduction d’un nouveau modèle salarial début 2016. Il faut croire que la direction ne semble pas vouloir attendre de voir quels seront les effets du « Reward Model ». Cela contraste avec les vœux pieux de dialogue social évoqués dans la présentation du plan de restructuration. Un conseil d’entreprise extraordinaire de trois jours, où les différentes directions des services ont exposé les problèmes rencontrés, a permis de visualiser l’ampleur de la restructuration. Ces informations ont été relayées par nos délégués SETCa et le front commun auprès des travailleurs lors de réunions du personnel. Tout au long de la procédure Renault, le SETCa gardera à l’esprit l’intérêt de tous les travailleurs du groupe AXA.


16

ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°15 • 16 SEPTEMBRE 2016

> ÉDITO

Jobs, jobs, jobs ? « Jobs, jobs, jobs… » : c’est, paraît-il, l’alpha et l’oméga du programme gouvernemental. Entre Caterpillar, ses sous-traitants directs et indirects, Axa, IBM, et bien d’autres, ce sont quelques 8.000 emplois qui risquent de partir en fumée. Si c’est le signe d’une faillite, c’est bien celle de la politique du gouvernement Michel. Il s’avère en effet qu’il a tout faux.

Plus de cadeaux plus d’emplois ? En temps « normal », les entreprises bénéfi-

cient déjà d’aides importantes : 11 milliards par an sous formes de réductions d’impôts et de cotisations sociales. Avec Michel, elles ont vu en plus leur taux de cotisation réduit à la faveur du tax shift. Caterpillar, comme les autres en a bénéficié malgré un premier dégraissage de 1.400 emplois en 2013. Jobs-jobs-jobs ? : moins 2.200! Moins 6 à 7.000 avec les sous-traitants. Pour « aider » un peu plus les entreprises, le gouvernement a décrété un saut d’index et un blocage des salaires. Non seulement Caterpillar en a profité, mais les travailleurs ont consenti depuis 2013 des réductions de salaires pour réduire le fossé avec les salaires asiatiques et garder la production chez nous. Malgré cela, la production de Gosselies ira en France et au Brésil. Jobs, jobs, jobs ? Malgré un trou de 2,4 milliards dans le budget et toujours pour stimuler l’emploi et favoriser l’investissement, le gouvernement envisage de réduire l’impôt des sociétés. Le seul débat qui l’anime est de savoir si ce sera 20 ou 25 % au lieu de 34 % et si la réforme

doit être budgétairement neutre ou pas. Et dans les deux cas, où prendre l’argent. En jeu, principalement les intérêts notionnels qui coûtent bon an, mal an 3 milliards à l’Etat. Caterpillar en a largement profité. Alors qu’une PME est taxée jusqu’à 34%, que le taux moyen d’imposition aux personnes physiques tourne aussi autour des 35%, la filiale financière de Caterpillar a été imposée à un taux de 3,4%. Arcelor-Mittal, avant CAT, a fait de même en coulant toute la sidérurgie wallonne après avoir empoché des milliards de déductions fiscales et de quotas de carbone. Où sont les jobs ?

âge qui galèrent pour retrouver un emploi, le gouvernement a tout fait pour les enfoncer : recul de l’âge de la pension anticipée, suppression des complément d’ancienneté pour les chômeurs âgés, liquidation des prépensions en général et renforcement des conditions d’accès à la prépension même en cas de restructuration ou de licenciement collectifs pour des entreprises dites « en difficulté », ce que Caterpillar n’est pas. Et passé le moment « d’émotion », certains partis de la majorité annoncent déjà qu’il ne peut être question d’assouplir les conditions d’accès à la prépension pour les travailleurs licenciés.

Après les efforts, la récompense ?

Plus de flexibilité = plus d’emplois ?

Comment peut-on encore signer des chèques en blanc à des sociétés multinationales qui s’installent ici juste pour pomper le fric et s’enfuir comme des voleurs une fois repues sans créer plus d’emplois que ce qu’il en faut pour relever une boîte-aux-lettres ? Et on apprend maintenant que CaterpillarGosselies ne s’appartient même pas, mais que les bénéfices filent dans les caisse d’une société propriétaire en Suisse où le fisc est encore plus clément… Après avoir consenti des efforts considérables pour sauver leur emploi les travailleurs de Caterpillar sont bien mal récompensés ! L’Etat et le contribuable ne sont pas mieux lotis. En retour des aides publiques on leur adresse maintenant la note du chômage. Au lieu d’alléger la facture pour les travailleurs licenciés, surtout ceux d’un certain

DANS LE MONDE DE BERNARD normal on ne trouve pas m que la prime omniu re itu d’une vo and ne diminue pas qu e. inu m sa valeur di V Voilà pourquoi P& ce an ur lance l’ass sive. omnium dégres

P&V AUTO La nouvelle omnium pour les voitures de plus de 2 ans dont la prime diminue d’année en année. Plus d’infos dans votre agence ou sur www.pv.be

Autre cheval de bataille du gouvernement Michel et de son ministre Kris Peeters «inspirés » par les employeurs : la flexibilité. Le plan Peeters, contre lequel nous mobilisons le 29 septembre, renforce la flexibilité du travail à tous les étages via les heures supplémentaires, l’intérim, le temps partiel, etc. Cette flexibilité est supposée favoriser l’emploi. Les travailleurs de Caterpillar en ont fait l’expérience : travail en équipes, travail de nuit, travail le samedi, CDD, intérim, externalisation. Toute la panoplie. Où sont les jobs?

forcer parallèlement l’austérité budgétaire. Dans une lettre ouverte, le patronat flamand (VOKA), estime que l’on n’a pas encore fait assez d’économies budgétaires, que le saut d’index et le blocage salarial « ne sont qu’un début ». Prévoyant les récriminations des travailleurs, il demande accessoirement qu’on limite le droit de grève. Mais pour les employeurs, pas question de toucher à l’impôt de 0% sur les plus-values, ni de supprimer les intérêts notionnels. La seul grève qui leur plaît est celle de l’impôt… L’austérité, pourtant, on en revient. Tant le FMI que l’OCDE et une partie de la Commission européenne pensent qu’il faut relâcher le carcan parce que l’austérité tue l’activité sans permettre de réduire l’endettement. Il faut disent-ils permettre aux Etats d’investir dans l’économie. Ce n’est pas la voie choisie par les partis de la majorité qui continuent à appliquer le crédo auquel l’Europe ellemême ne croit plus.

L’austérité d’aujourd’hui, l’emploi de demain ?

Non contentes de se servir dans les caisses de l’Etat, les entreprises organisées en syndicat ont le culot de demander au gouvernement de réduire encore leur impôt et de ren-

Rudy De Leeuw Président

Marc Goblet Secrétaire général


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.